Le Caravage était-il un « bad boy »?

Caravage à Rome, amis et ennemis au musée
Jacquemart-André à Paris
jusqu’au 28 janvier 2019

Quelques podcasts sur le bad boy
L’art est la matière
La grande galerie connaissance des arts

LE PARCOURS DE L’EXPOSITION

SECTION 1 – LE THÉÂTRE DES TÊTES COUPÉES
Le thème de Judith décapitant Holopherne eut un
grand succès dans la Rome de la fin du XVIe siècle et le
début du XVIIe,  Chef-d’oeuvre incontestable de la peinture,
il révèle le talent de Caravage sur la scène romaine de la fin du
Cinquecento. Reprenant un sujet biblique abordé par le théâtre,
le peintre met en scène un drame observé de près, en gros plan.
La jeune et courageuse veuve qui lui coupe la tête semble à
peine perturbée par le spectacle du sang et de son trépas.
À ses côtés, une vieille servante pose un regard impitoyable
sur la scène. Caravage oppose la jeune et la vielle femme,
la beauté de la jeunesse et les signes du temps, dans un
contraste destiné à perdurer dans des contextes différents.
SECTION 2 – MUSIQUE ET NATURE MORTE
Le Joueur de Luth de Caravage

Malgré la sophistication des effets associés à la
représentation des éléments naturels, la musique est le
thème principal de l’oeuvre : le jeune homme, avec son
regard languide et sa chemise entrouverte, joue du
luth et entonne un madrigal amoureux. C’est un hommage
aussi à la musique du luth, un instrument plus
raffiné que le théorbe, mais abandonné, justement à
cause de « la grande difficulté rencontrée pour savoir
bien jouer du luth ».
Ce tableau est à l’origine d’une tradition de peintures
représentant de jeunes chanteurs à l’attitude plus ou
moins mélancolique, occupés à chanter comme les
bergers de la poésie antique.

SECTION 3 – PEINDRE D’APRÈS UN MODÈLE VIVANT
Le Jeune Saint Jean-Baptiste au bélier
Dès le début du XVIIe siècle, la nouveauté d’une telle image a
entraîné des identifications avec des sujets anciens et des interprétations
allégoriques. Le tableau eut beaucoup de succès et fut imité à maintes
reprises car l’image de saint Jean dans le désert offrait aux peintres
de l’époque l’opportunité d’appliquer l’étude du nu masculin à un sujet
sacré.

SECTION 4 – LES CONTEMPORAINS
Durant le procès intenté par Giovanni Baglione contre
Caravage en 1603, on demande à ce dernier de citer les peintres
contemporains qu’il apprécie et qu’il considère comme des
« hommes de valeur ». Cette liste précieuse est l’un des rares témoignages
directs de ce qu’un peintre aussi controversé, qualifié de
« naturaliste » à la moitié du siècle, pense de la peinture de son époque,
même si Caravage ici mélange sans aucun doute ses idées sur l’art à
une exigence plus pressante : se défendre contre les accusations.
Il ne s’agit pas d’un extrait d’un traité artistique, mais d’une déposition
devant le juge.
Caravage cite les peintres les plus influents de la scène romaine,
le Cavalier d’Arpin, Federico Zuccari, Roncalli,  Annibal Carrache,
la confrontation directe se produit au début du siècle dans la chapelle
Cerasi.
Si les oeuvres des peintres cités par Caravage sont présentes tout au
long du parcours de l’exposition, on peut voir deux exemples significatifs
de ce débat. L’Adoration des Bergers d’Annibal Carrache appartient à sa
période romaine et montre sa relation avec la tradition de la Renaissance,
que le grand peintre de Bologne a maintenue tout au long de sa vie ;

la Résurrection du Christ de Baglione est une esquisse de l’oeuvre de
l’église du Gesù de Rome, qui lui aura valu les libelles sarcastiques de
Caravage et de ses amis pour lesquels il leur intente le célèbre procès.
SECTION 5 – IMAGES DE LA MÉDITATION
Les disciples de Caravage étaient Bartolomeo Manfredi, Jusepe de Ribera,
Francesco (dit Cecco) del Caravaggio, et en moindre mesure le
Spadarino et Saraceni, auxquels on peut ajouter Orazio Borgianni,
Orazio Gentileschi, Antiveduto Gramatica et Giovanni Baglione.
Tous ces peintres sont présents dans l’exposition et certains dans
cette section, avec des oeuvres significative,  ils témoignent d’une
expérimentation commune sur le thème de la figure isolée, la capacité de
bien représenter un personnage unique, l’une des spécialités de
Caravage et des peintres qui l’admiraient.

La figure de saint Jérôme permet à Caravage d’associer le thème
de la méditation à une réflexion sur la vieillesse.
Le chef-d’oeuvre conservé aujourd’hui à la Galleria Borghese
est généralement daté de 1605, mais on
ignore encore les circonstances de sa commande.
Il fait partie des tableaux essentiels pour comprendre
le style de la maturité de Caravage, dont l’influence a été déterminante
pour le caravagisme, notamment dans les premières oeuvres de Ribera

Le Saint François en méditation est représenté à genoux,
un crâne posé à ses pieds.
SECTION 6 – QUELQUES VISAGES À ROME AU DÉBUT
DU SIÈCLE
En 1624, les images d’artistes réunies auprès de l’Académie étaient
déjà au nombre de 53. Une liste de portraits d’« académiciens décédés »
dressée en 1617 compte, en plus des portraits de Carlo Saraceni et
d’Orazio Borgianni, celui de Caravage.
Son portrait, reprend les traits du peintre tel que nous les connaissons
d’après les descriptions littéraires, les autoportraits présents dans
ses peintures (du Martyre de saint Matthieu de la chapelle Contarelli
à l’Arrestation du Christ réalisée pour Ciriaco Mattei et aujourd’hui
conservée à Dublin) et, surtout, le dessin d’Ottavio Leoni.
Au cours de sa longue carrière de portraitiste, ce dernier a immortalisé
les visages de Rome au XVIIe siècle, des artistes aux amis en passant
par les grands protagonistes de la vie de la cité.

Giovanni Baglione Autoportrait – 1635-1640

SECTION 7 – LA PASSION DU CHRIST, UN THÈME
CARAVAGESQUE
L’évocation de la période romaine de Caravage serait
incomplète sans le thème des rivalités artistiques,
récemment abordées par des études approfondies et
documentées. L’un des événements les plus importants
est sans nul doute ce « concours » qui, vers 1605, aurait
opposé Caravage aux peintres Cigoli et Passignano
dans la réalisation d’un Ecce Homo pour
« monseigneur Massimi », qui aurait été gagné par Cigoli.
Le thème du « concours » illustre le contexte artistique romain
des toutes premières années du XVIIe siècle, tout en
proposant une observation attentive des deux oeuvres
qui en étaient au coeur.
SECTION 8 – LE TEMPS DE LA FUITE
A
l’occasion de cette exposition, nous avons la chance de pouvoir
comparer, pour la première fois, la Madeleine dite « Klain »,
attribuée de longue date à Caravage, avec une autre version,
également de la main du maître. Cette version, découverte en 2015,
n’a encore jamais été exposée en Europe. Le tableau
n’a été exposé qu’une seule fois auparavant, à Tokyo, en 2016.
C’est  une occasion unique pour le public de les admirer ensemble

le musée Jacquemart a supprimé son vestiaire et fermé ses casiers,
aussi l’exposition se visite en manteau, sacs, sacs à dos, avec
la promiscuité des lieux, je vous laisse imaginer l’agrément
de la visite.

Michael Jackson : On the Wall

Jusqu’au 14 février 2019 au Grand Palais de Paris
Galerie sud-est

Mark Ryden, the King of Pop 1991

Non je n’y suis pas allée à reculons ;-), ne connaissant
rien de cet artiste, j’y suis allée par simple curiosité.
Bien sûr, je ne vis pas sur la banquise et j’ai vu des extraits télévisés
sur le sujet. Contrairement aux critiques « autorisés(e) » j’étais ravie
de voir les toiles, clips,  installations et photos que lui ont consacré
de grands artistes.
voir des extraits sur la 5 entrée libre et sur Arte Métropolis
France culture la Dispute
Michael Jackson – Kehinde Wiley 2010

Cette exposition explore l’impact culturel de la personnalité
et de l’oeuvre de Michael Jackson dans le champ de l’art
contemporain des années 1980 à aujourd’hui.
Michael Jackson est l’une des personnalités culturelles les plus
influentes du XXe siècle, et son héritage se poursuit au XXIe siècle.
S’il a toujours été considéré comme une référence dans l’univers
de la musique, des clips vidéo, de la danse et de la mode, son impact
sur l’art contemporain n’a jamais été abordé et n’a jamais fait l’objet
d’une exposition internationale comme celle-ci.
Mark Flood, Michael & ET

🙄
Près de dix ans après sa mort, l’héritage de Michael Jackson est
plus vivant que jamais : ses ventes de disques, qui dépassent
désormais le milliard d’exemplaires, continuent à augmenter,
ses vidéos sont toujours aussi visionnées, et ses nombreux fans
lui restent fidèles. Son influence et sa célébrité ne faiblissent pas,
et les questions qu’il a soulevées en tant que phénomène social,
en particulier du point de vue de l’identité, de la question raciale
et de la célébrité, sont toujours d’actualité.
Tod Gray- Michael Jackson Hands 2014

En plus d’avoir battu tous les records de vente de disques,
remporté de nombreux prix, participé à une multitude d’actions
philanthropiques et fait tomber de nombreuses barrières
culturelles,
Michael Jackson est également une des personnalités les
plus représentées dans les arts visuels.
Andy Warhol – Michael Jackson 1984

Depuis qu’Andy Warhol a utilisé son image en 1982, une
large palette d’artistes contemporains, de différentes générations
et travaillant dans différents pays, ont fait de même.
Pour la toute première fois, l’exposition Michael Jackson :
On the Wall réunit les oeuvres de plus de 40 de ces
artistes
, des oeuvres issues de collections publiques et privées
du monde entier, et inclut également de nouvelles
oeuvres créées spécialement pour l’occasion.
Yan Pei Ming – Michael Jackson 2017

Parmi les artistes présentés figurent
Rita Ackerman, Dara Birnbaum, Candice Breitz, Marvin Gaye
Chetwynd, Mark Flood, Isa Genzken, Maggi Hambling,
David Hammons, Lyle Ashton Harris, Jonathan Horowitz,
Gary Hume, Rashid Johnson, Isaac Julien, David LaChapelle,
Louise Lawler, Klara Liden, Glenn Ligon, Paul McCarthy,
Rodney McMillian, Dawn Mellor, Lorraine O’Grady,
Catherine Opie,

David Lachapelle Michael Jackson

Yan Pei Ming, Grayson Perry, Paul Pfeiffer, Faith Ringgold,
Donald Urquhart, Kehinde Wiley, Hank Willis Thomas,
Andy Warhol, Jordan Wolfson.
Les oeuvres présentées dans l’exposition ont été réalisées
dans des médiums très variés tels que la peinture, le dessin,
la sculpture, la photographie, la vidéo ou la performance.
Ces oeuvres sont intégrées dans le contexte de la vie et de l’oeuvre
de Michael Jackson avec le souci de faire émerger
les enjeux culturels, sociaux et politiques qui ont marqué la
trajectoire singulière de cet artiste afroaméricain
hors norme en écho aux événements de son époque.
Candice Breitz

Ainsi, l’exposition est organisée de façon chronologique pour
permettre au public de suivre sa transformation, d’un jeune garçon
surdoué à une légende mondiale. Elle est néanmoins ponctuée
de salles proposant des thématiques transversales, prenant en
charge les aspects esthétique, social ou politique auxquels les
artistes se sont intéressés dans l’oeuvre de Michael Jackson.
L’exposition tente de questionner l’ampleur et les
raisons de l’impact de son oeuvre dans la culture actuelle,
pourquoi et comment l’artiste continue d’avoir une influence
sur de nouvelles générations d’artistes et de fans dans différents
lieux du monde.
Raphael Delaunay

Cette exposition présentée à la National Portrait Gallery
à Londres du 28 juin au 21 octobre 2018, le
sera au Bundeskunsthalle de Bonn (de mars à juillet 2019)
et à l’Espoo Museum of Modern Art en Finlande (d’août à janvier 2020).
* Michael Jackson : Sur le mur
commissaire général : Nicholas Cullinan, directeur de la National
Portrait Gallery, Londres
commissaire associée pour l’exposition au Grand Palais :
Vanessa Desclaux
scénographie : Agence Clémence Farrell
 

Sommaire du mois de novembre 2018

Paris – 24 novembre 2018 16 h 50vue depuis le centre Pompidou

02 novembre 2018 : Fondation Fernet Branca carte blanche à François-Marie Deyrolle
10 novembre 2018 : Baie des Trépassés – Isola Rossa au Séchoir
13 novembre 2018 : À l’épreuve de l’eau à la Fondation François Schneider
19 novembre 2018 : ST-ART 2018, la plus européenne des foires d’art en région
22 novembre 2018 : DIE BRÜCKE 1905-1914 au musée Frieder Burda

DIE BRÜCKE 1905-1914 au musée Frieder Burda

Jusqu’au 24 mars 2019 au musée Frieder Burda de
Baden Baden
Le Musée Frieder Burda
présente l’une des expositions
les plus complètes jamais consacrées au groupe
« Die Brücke »
au cours des dix dernières années.

De nombreuses oeuvres phares du Brücke-Museum de Berlin
y côtoient des prêts prestigieux provenant du monde entier.
Les œuvres très colorées de l’expressionnisme allemand
sont un élément primordial de la Collection Frieder Burda.
Il importait donc, après l’exposition consacrée au
Blauer Reiter en 2009, de montrer à Baden-Baden le
deuxième groupe influent de ce courant artistique également,
Die Brücke.
L’exposition réunissant quelque 120 œuvres, dont 50 tableaux
prestigieux
, permet de donner un aperçu de l’œuvre de
Ernst Ludwig Kirchner, Erich Heckel,
Karl Schmidt-Rottluff, 
Max Pechstein et Emil Nolde.
Fondé en 1905 à Dresde, Die Brücke marque le passage à
l’art moderne en Allemagne. L’orientation stylistique, en rupture
avec la peinture traditionnelle et avec tout critère académique, fut
rapidement appelée « expressionnisme ». Outre ses solutions
artistiques innovantes, l’expressionnisme incarnait aussi une
nouvelle attitude face à la vie.

Karl Schmidt-Rottluff

Forme et couleur furent subordonnées à l’expression pure.
La nature visible est certes présente dans les tableaux du Brücke,
mais elle y sert de vecteur à des sensations intérieures et fait
apparaître des forces émanant de l’âme et de l’esprit.
Max Pechstein

Ce n’est pas une reproduction des choses qui voit le jour, mais
le signe d’une représentation intérieure. La réalité visible est
déformée et transformée pour être réduite à l’essentiel.
La couleur elle-aussi est soumise à un processus d’abstraction.
Appliquée largement et sans retenue, elle s’affranchit de la teinte
naturelle de l’objet peint et devient autonome.
Emil Nolde

L’expressionnisme du Brücke ne se limita cependant pas à la
peinture, et le dessin, l’aquarelle et la gravure furent tout aussi
décisifs pour développer ce nouveau style.
L’exposition met l’accent sur les années situées entre la création
du groupe en 1905 et 1914, l’année ayant suivi la dissolution
du groupe et la fin de la période classique de l’expressionisme
liée à la Première guerre mondiale. Dix ans après, elle constitue
maintenant la première présentation de grande ampleur
consacrée au Brücke.
Erich Heckel

Le Musée Frieder Burda-Baden montre, aux côtés de nombreux
prêts du Brücke-Museum de Berlin, des travaux faisant partie
de sa propre collection ou provenant de plusieurs autres musées
allemands et internationaux
. Il convient de souligner également
la présence d’œuvres issues de collections privées dont certaines
n’ont pas été montrées en public depuis de nombreuses années.
Ernst Ludwig Kirchner, Marcella

Le commissariat de l’exposition est assuré par Magdalena M. Moeller,
pendant de longues années directrice du Brücke-Museum Berlin,
et spécialiste des débuts de l’art moderne, en particulier de
l’expressionnisme allemand.
Ernst Ludwig Kirchner

Museum Frieder Burda
• Lichtentaler Allee 8b • 76530 Baden-Baden
Telefon +49 (0)7221 39898-0
• www.museum-frieder-burda.de
Depuis la gare de Baden Baden ;
Bus n° 201 et 216 arrêt Musées ou Augustaplazt

Les cartels sont aussi en français

ST-ART 2018, la plus européenne des foires d’art en région

Avec environ 20 000 visiteurs accueillis pendant les 4 jours de la
foire (contre 5 jours l’an dernier), ST-ART affiche une progression
de sa fréquentation. Celle ci a été jugée de haut niveau par
bon nombre d’exposants qui ont eu le plaisir de rencontrer les
institutionnels, collectionneurs et amateurs d’art strasbourgeois
attendus.

Henri-François Debailleux, Emmanuel Guigon, Jean-Eudes Rabut

La participation exceptionnelle du Musée Picasso
Pour cette 23e édition, ST-ART accueillait en invité d’honneur,
le prestigieux Museu Picasso de Barcelone et exposait une trentaine
d’œuvres dans une présentation digne d’un musée et imaginée avec
Emmanuel Guigon, directeur du Museu Picasso. (site)
Une prouesse technique pour les équipes de Strasbourg Evénements
qui ont dû répondre à un cahier des charges imposant des conditions
de présentations muséales.

Une « boîte » d’une surface de 180 m² a ainsi été réalisée par les
services techniques de Strasbourg Événements.
Tel un « Schatzkammer » répartie en 4 salles, la température,
l’humidité, le flux des visiteurs y sont contrôlés.
Arrivé dans le Saint des saints, l’univers de Picasso y règne.
Les magnifiques photographies de David Douglas Duncan,
surprennent Picasso dans l’intimité de son atelier.
L’accrochage ne dévoile qu’une infime partie de la production
de l’artiste (de quoi inciter à la visite du Museo Picasso)
Dessins de jeunesse, scènes de tauromachie sur céramique,
natures mortes sur linogravure, et le clou : Las Meninas, 1957

La Carte blanche d’Henri-François Debailleux
Henri-François Debailleux, critique d’art invité, propose pendant
la foire sa Carte Blanche :
Il a choisi d’inviter 4 galeries qui exposent leurs artistes.
Galerie Anne-Sarah Bénichou, Galerie Thomas Bernar
Galerie Bertrand Grimont, Galerie RX.
Lee Bae galerie REX

L’artiste Joris Tissot distingué.
Le « Prix Art de la Ville de Strasbourg »

a été décerné, pour cette 3e édition, à l’artiste Joris Tissot, représenté
par la Galerie Christophe Tailleur.
Parmi la dizaine de nominés, présélectionnés par la direction
artistique de la foire, le jury, composé
de Estelle Pietrzyk, conservatrice au Musée d’Art moderne et
contemporain de Strasbourg, et David Cascaro, directeur de la HEAR,
Haute École des Arts du Rhin, a distingué le jeune artiste Joris Tissot,
né en 1991 pour son oeuvre de dessin. Fasciné par le trait, il a beaucoup travaillé la
gravure mais la technique qui s’est révélé être son médium premier,
est le dessin au stylo bille. C’est dans une réappropriation de l’art classique
que l’artiste nous livre ici une vision simple, basique, de ce que le dessin est à l’art.

La caution du comité scientifique.
Depuis trois ans, en plus de son Comité de Sélection, ST-ART s’est doté
d’un Comité Scientifique composé de personnalités du monde de l’art,
qui par leurs expertises contribuent à l’évolution de la foire.
Il est composé pour cette édition de Monsieur Olivier Kaeppelin,
ancien directeur des Arts Plastiques du Ministère de la Culture et
de la Communication, ancien Directeur de la Fondation Maeght et
commissaire d’expositions, de Monsieur Jean-Luc Monterosso,
Fondateur de la Maison Européenne de la Photographie et commissaire
d’expositions, de Monsieur Michel Nuridsany, Critique d’art et
commissaire d’expositions et de Monsieur Pierre-Jean Sugier,
Directeur de la Fondation Fernet-Branca.
Visite détaillée sur son blog  par la Fleur du Dimanche
Rendez vous en novembre 2019 pour la 24e édition.

À l’épreuve de l’eau à la Fondation François Schneider

Jusqu’au 13 janvier 2019
La Fondation François Schneider a invité
L’Ososphère à inventer une conversation chorale et fluide
entre le numérique et l’eau.
Thierry Danet, commissaire de l’exposition

Urbrain

Immergé dans ce lieu d’art niché en terre d’eau, au pied des Vosges,
le parcours multiplie les correspondances entre matière numérique
et aqueuse mais aussi les causes communes engagées par un
rapport poétique au monde. Les oeuvres épousent la figure de la
fontaine ou celle du bassin, pour les déjouer l’instant
d’après et inventer d’autres objets d’eau signés par l’époque.[…
Liste des artistes : Herman Kolgen, Stéphane Kozik, Pe Lang,
Joanie Lemercier, Tristan Ménez, Jacques Perconte,
Laurent Pernot, Etienne Rey, Gaëtan Robillard, Urbrain,
Pierce Warnecke.

C’est une féérie aquatique, hypnotique,
on a du mal à se détacher de certaines oeuvres.
Il faut y passer de longs moments pour essayer d’en
percer le mécanisme. Certaines installations
sont impossible à photographier, aussi je vous
encourage à vous déplacer pour en savourer
toute la magie. Tout est poésie.
Si comme pour moi, le principe de mécanique
des fluides est de l’hébreu, cela n’a aucune
importance, c’est une exposition pour le plaisir
des yeux et des sens.

Déclencheur de cette exposition, l’oeuvre
Turbulences d’Étienne Rey a été créée pour la
Fondation François Schneider dans le cadre d’un projet
au long cours, soutenu par la Région Grand Est, la Fondation et porté
par L’Ososphère dont cet artiste est un sociétaire.
Cette oeuvre intègre « la turbulence et l’écoulement comme
« moteurs » 
du dispositif plastique, générant au sein de l’installation
une activité qui repose sur
des principes de mécanique des fluides
et joue de leur caractère imprédictible ».


Dans Turbulences, Étienne Rey engage le récit dans son
geste plastique.
Comme dans une anticipation de moins en moins improbable,
il convoque l’écriture numérique et la machinerie pour recréer
une expérience poétique universelle, autant qu’intime et située,
celle de l’abandon à la contemplation du jeu de la lumière sur l’eau.
Geste doux et désespéré d’un artiste pour sauvegarder une émotion
qui pourrait disparaître avec l’évaporation des conditions naturelles
qui nous l’offrent.
Création originale pour la Fondation François Schneider.
 

Une oeuvre hypnotique de Joanie Lemercier Fuji, 2014.
Il définit un motif qu’il met en relation avec un espace.
Le design est celui de structures physiques, géométriques,
organiques, naturelles ou paysagères.
Créé au Japon en août 2014, à Takamatsu, Fuji est inspiré par
Le conte de la princesse Kaguya (Kaguyahime no monogatari)
et fait partie d’une série sur les volcans.
Le paysage du Mont Fujiyama y est dessiné dans un très grand
format sur lequel une projection de lumière va guider notre
perception de la réalité, jouant de l’intensité dramatique par
un jeu des verticalités et des fluidités passant notamment par
d’orageux climax.
Conception et visuels : Joanie Lemercier
Musique originale : Paul Jebanasam
Production : Juliette Bibasse
Joanie Lemercier site

Laurent Pernot, Tenir La Mer, 2015.
Sa poétique explore la mémoire à travers l’expérience du
flux du temps, de l’impermanence des choses, du visible et de
l’invisible rendus perceptibles par une certaine utilisation
des matériaux, de la lumière, de l’image et du mouvement.
À la fois familières et déjouant les apparences, ses oeuvres se
manifestent souvent dans un temps suspendu au-delà des actualités
et des chronologies, convoquant des récits et représentations du monde
qui traversent l’espace et les siècles, regardent les interactions
entre l’homme et la nature. Empreinte d’une douceur mélancolique
qui révèle le potentiel de la perte ou la disparition, son oeuvre induit
ainsi la sensation d’un monde flottant dont la fragilité nous menace.
Site de l’artiste : laurentpernot.net/fr
 
Herman Kolgen, Mémoire liquide.
Véritable sculpteur audiocinétique,
il tire son matériau premier de la relation intime entre le son
et l’image.
Kolgen travaille à créer des objets qui prennent la forme
d’installations, d’oeuvres vidéos et filmiques, de performances et
de sculptures sonores.
En exploration constante, il travaille à la croisée de différents
médias, élaborant ainsi un nouveau langage technique et une
esthétique singulière.
Les oeuvres de Herman Kolgen ont été présentées entre autres
à la Biennale de Venise [….
Site de l’artiste : kolgen.net

Stéphane Kozik, Water from Comets, 2014.
Dans cette installation pluridisciplinaire, l’eau, troublée d’un nuage
de peinture blanche, devient écran sur lequel est projetée une vidéo
de liquides en mouvement. Au fond du bassin, moteurs et pompes
« actionnent » l’eau afin de retrouver ses comportements vivants
en interaction avec la composition sonore diffusée par
six hauts-parleurs.
Les éléments du dispositif sont synchronisés afin de créer à partir
de cette eau, une nouvelle matière à la fois vivante et irréelle,
sorte de placenta qui bouillonne, gronde et fume.
La figure du bassin percute donc à la fois celle de l’écran et celle
de l’aquarium, dans un geste artistique « à partir de l’eau » qui
cherche à saisir quelque chose de la métaphysique de celle-ci
pour produire un récit ouvert.
Site de l’artiste : stephanekozik.be
 

Jacques Perconte, Fécamp-Fagnet (Haute-Normandie), 2017.

Son travail concentré sur le paysage, déclinant film linéaire
pour le cinéma et film génératif pour l’exposition,
performance audiovisuelle, photographie et installation,
consiste à ressaisir la nature, notamment dans le rapport
culturel et technique que nous construisons avec elle.

Gaëtan Robillard, En recherchant la vague, 2013.
L’installation transpose le rivage d’une île au coeur de l’exposition
et c’est le récit de la vague, son scénario, que Gaëtan Robillard
tente de retranscrire ici par le dispositif numérique. Au centre est
projeté un océan mathématique qui affronte le rocher.
Le domaine est constitué de millions de particules, dont le mouvement
est calculé image après image, par un processus logiciel.
La caméra parcourt la géométrie de l’île. Plus tard
une voix émane et étudie le paysage. Elle questionne le transport et la
forme de la vague. Les objets résiduels et les équations sont remis au
mur. Si la scénarisation de la nature et le calcul numérique
composent la séquence, d’autres modes de relation au motif
succèdent au film. Le travail de Gaëtan Robillard confronte ici,
par ses modèles, la mathématisation du monde et le désir de
l’affranchi qu’incarne la singulière situation insulaire.
Production : Le Fresnoy
Partenaires : Laboratoire en mathématique Paul Painlevé,
Université Lille 1, et EPI SIMPAF Inria Lille Nord Europe

Fondation François Schneider
27 rue de la Première Armée
68700 Wattwiller – France
Contact
info@fondationfrancoisschneider.org
+33 (0)3.89.82.10.10
Entrée et tarifs
Le centre d’art contemporain est ouvert
du mercredi au dimanche de 11h à 17h
Visites guidées pour les groupes sur demande
un petit guide vous est donné à l’entrée qui vous
permettra de vous situer et comprend la totalité
des artistes et oeuvres.
(je n’ai pas cité tout le monde)

extraits des textes de l’Osophère

Baie des Trépassés – Isola Rossa au Séchoir

Jusqu’au 16 décembre au Séchoir
« Delphine
Gutron et Sandrine Stahl, toutes deux artistes
résidentes
du Séchoir, présentent un ensemble de travaux sur
papier,
réalisés à 4 mains. Cet exercice assez rare leur permet
de nouvelles
conjugaisons entre formes et matières, une autre
façon de
travailler les harmonies.


Le médium utilisé, l’encre, est celui de l’immédiateté car son
séchage rapide nécessite un geste sûr. De ce mélange de maturité
technique et d’instinct libre naissent des formes – familières ou
oniriques, intrigantes et légèrement mouvantes, qui se confrontent
et s’emmêlent.
Bien sûr, ces étonnantes créations ont une tonalité aquatique.
Méduses, bulles, organismes des profondeurs, filaments, flore
ondoyant par les courants, sensations et émotions de bord de mer.
Un voyage pictural où chacun pourra projeter sa propre
représentation
du biotope marin.

Mais cette première lecture se double d’une autre impression,
celle d’assister à une mise en forme de nos plus intimes
déambulations
mentales, rêveries indistinctes, ruminations
vagues mais essentielles.


Les très belles qualités esthétiques de ce travail à double auteur
reposent sur les contrastes. Filets colorés bleu / vert, scintillant
ça et là de complémentaires jaune / orange qui agissent comme
des rehauts sur les formes grises travaillées en lavis.
Matières qui s’entrechoquent lorsque les dilutions se rencontrent
et se superposent ou lorsqu’une touche de sel vient oxyder ces tracés.
Contours, lueurs et épaisseurs campent une composition,
aussi précise
et pourtant aérienne que le ballet lent et gracieux
de spécimens marins
évoluant entre deux eaux. »

Patrick Vandecasteele

Après ce beau texte de présentation je m’interroge :

Du vient ce titre ambigu ? Un monde érotique, des paysages,
des lieux, des souvenirs ?
De retour de voyage, Sandrine Stahl remontant du Sud,
Delphine Gutron
revenant de Bretagne, elles ont l’habitude
de confronter leur croquis de vacances.
Bien qu’ayant été dans des endroits très différents, il s’est avéré
que beaucoup de points communs, étaient dans les croquis des
2 artistes. Des montagnes, des roches, des cailloux, des algues, sans
avoir utilisé les même couleurs, elles sont interloquées par la
spontanéité du motif.

Delphine était partie à la Baie des Trépassés et
Sandrine à Isola Rossa. Cela a été l’occasion de
confronter leur pratique, bien que leur technique
ne soit pas la même, Sandrine pratiquant la peinture
et Delphine la gravure. Ce fut un heureux échange technique,
un travail à quatre mains, en aller/retour, sur le même support.
Neuf grandes encre, deux petites, un diptyque, seize
estampes, trois grands monotypes.

Elles ont croisées leurs techniques et leurs univers, côte à côte,
au point où elles n’arrivent presque plus à définir qui à fait quoi.
En dehors des gros traits propres à chacune, les dessins s’entremêlent.
Le choix s’est porté sur une unité dans les couleurs et les formes
les plus simples, à la composition légère, la spontanéité,
privilégiant les blancs.

Sandrine Stahl

Elles proposent dans les couloirs de leurs ateliers et dans la vitrine
des oeuvres personnelles plus fortes.
Cela leur a permis d’ajuster leur technique, Delphine ayant une
préférence pour les petits formats, alors que Sandrine s’aventure
dans les grandes pièces.

Leurs goûts pour l’organique pour l’une, le végétal pour l’autre
ont permis de rapprocher leurs univers, leurs interrogations,
leurs idées et de mettre en image leurs émotions, leur amitié
solide et leur collaboration artistique.
L’exposition donnera lieu à un catalogue.

Cet échange entre tout à fait dans le projet du Séchoir
conçu comme un outil de travail, pour permettre aux artistes
d’échanger, d’expérimenter, de s’exercer à d’autres
medium, comme la présentation, l’accrochage, de faire
un travail sur le fond.
Actuellement 18 artistes résident au Séchoir, l’atelier
de la céramique reste disponible.

L’exposition s’achève le 16 décembre par une lecture
par EURGEN, Conteuse et photographe, qui dira des textes érotiques
en regard (ou pas) aux oeuvres exposées. Réservé aux adultes.
Eurgen se présente ainsi :
“J’ai commencé par la photographie, il y a un siècle environ,
c’était ma manière de regarder le monde, d’en comprendre les angles,
de le déshabiller. A l’époque, j’aimais plutôt le silence. Mais un jour
cela ne m’a plus suffit, j’avais envie d’en dire plus et surtout d’en rire.
Un heureux hasard de la vie m’a permis d’entrer dans une école de
clown puis de rencontrer une autre clowne puis de monter un duo
de clownes. (…) Un jour, je me suis trouvée à raconter en public.
J’ai vécu une révélation presque mystique. J’ai vu dans les yeux
des gens qu’ils étaient avec moi. Alors j’ai décidé de continuer.
Alors qui suis-je ? Une photographe ? Une clowne ? Une conteuse ?
Peu importe, seule compte l’histoire que vous entendrez,
j’espère qu’elle vous plaira.”
Le Séchoir
25 Rue Josué Hofer
68200 Mulhouse
03 89 46 06 37
contact@lesechoir.fr
Horaires d’ouverture au public
Fermé au mois de janvier jusqu’au 17 février.
Tous les samedis de 14h à 18h
Tous les dimanches de 14h à 18h.
BUS: Ligne 10 ou 11 arrêts SEINE
http://www.solea.info/plan-reseau.html
Les ateliers d’artistes sont ouverts sur rdv hors ouverture public.

Fondation Fernet Branca carte blanche à François-Marie Deyrolle

Il faut vous dépêcher, l’exposition se termine le 4 novembre
Une exposition « éclair » à la Fondation Fernet Branca
avec des artistes d’une incontestable qualité.

Ann Loubert
Marronniers 2016

la parole à :
François-Marie Deyrolle / éditions L’Atelier contemporain
auquel la Fondation Fernet Branca a donné carte blanche
[Six peintres, tous vivant à Strasbourg.
Le plus âgé est né en 1960 ; la plus jeune en 1987.
Les cinq plus jeunes ont été élèves du premier. Le style de
chacun est unique.
Ils sont peintres, pleinement peintres, ils aiment la peinture,
et la pratiquent avec joie, jubilation, quelques
inquiétudes aussi, cela se voit. Qu’ils peignent sur le motif,
avec modèle(s), de mémoire, guidés par leur
imagination, ou encore avec l’appui de documents
photographiques, tous sont des peintres que l’on peut qualifier
de «figuratifs ». […..

Ce qui ressort de l’exposition, c’est qu’il est question de corps,
de fragments, de couleurs, d’irrél.
Contrairement à Baselitz qui se désole des corps
vieillissant,
ici ce sont des jambes, des bras, des yeux, des mains jeunes,
adultes,
mystiques.

CAMILLE BRÈS
http://camillebres.blogspot.fr/
Née en 1987
Elle peint à la gouache d’après des photos prises en studio.
Elle se met en scène avec des amis, avec son fils, avec le père
de son fils, une sorte de concepts psychanalytiques.
Les séries de tableaux comme « Les miroirs » ou
« Les plateaux » proposent des variations d’une même composition.
C’est un univers insolite  qui fait penser à Edward Hopper,
mais aussi à Balthus.


AURÉLIE DE HEINZELIN
aureliedeheinzelin.ultra-book.com/
Née en 1980
« Dans mes tableaux, je vis une « autre » vie, libre de toute
morale et affranchie de la réalité. Si je suis bien élevée dans
la vraie vie, je suis une peintre « dé-polie », « dé-policée ».
Mon père spirituel est Otto Dix. Ma mère spirituelle, Paula
Rego. Peindre, pour moi, c’est pouvoir être à la fois une
bonne soeur et une mère maquerelle sans que cela ne pose
problème. C’est créer des êtres hybrides, un homme qui a
des seins, une femme qui a 3 jambes. C’est faire cohabiter
dans le même espace-temps mon amie Célie et Gargantua »,

ANN LOUBERT
www.annloubert.com
Née en 1978

Plaidoyer pour une peinture intranquille
Je peins et dessine ce que je vois ou ce que j’ai vu. Je traduis le réel
à ma façon.
Le petit format explore un autre espace, plus discret ;
sa densité n’a rien à envier aux grands tableaux.
La « composition » dans la feuille de papier n’échappe pas
aux tensions : fractures, déséquilibres, trous, béances, lacunes…

Le choix du papier, de la toile souple, de matériaux fluides –
acryliques très diluées, pigments à la colle…-, permet de garder un
rapport direct, presque nerveux, à ce qui est « représenté ».
Le dessin et les mots écrits, effacés, repris, creusent un peu plus
loin le rapport à ce que j’appelle mon réel imaginaire.

Les éléments – jambes, bras, fleurs, paysages – se rencontrent,
comme dans un flux de pensée. La conscience qui nous habite se
coule dans le langage, dans des images neuves ou déjà vues, des
émotions…
Ni moi ni ma peinture n’échappons à l’air du temps, ce temps qui
n’invite guère à la tranquillité d’esprit.
CLÉMENTINE MARGHERITI
Née en 1981
Parce qu’au commencement c’est un gouffre à franchir :
de moi à la peinture, au geste de peindre. Ma peinture commence
en écartant tous les autres chemins possibles…..
Où est l’image ? Où est la peinture ? Je peins et dis « surface ».
Je me colle à la paroi, comme une pulsion avec le désir de la franchir.
Je suis Narcisse et je repeins Adam et Ève.

La peinture me lie à ma langue, elle est ma matière à penser,
ma présence au monde.
« Les peintures racontent des histoires. Mais le réalisme semble
toujours tronqué, dévié de son objet préalable par un détail qui
nous fait glisser dans un monde inconnu, entre la familiarité du
déjà-vu, qui est aussi celle des histoires personnelles de l’artiste,
et la surprise de l’imprévisible, des sujets inattendus. Souvent,
la première impression comique laisse place à une inquiétude
inconnue, audacieuse. » (David Collin)

« Dans toutes les peintures de C. Margheriti perce en filigrane
une question essentielle, existentielle, qui se rapproche du genre
pictural qu’est la Vanité. Cette question est celle de la fugacité
des choses, ou de leur permanence, question de la durée face à
tout ce qui nous échappe, et de la brièveté de certains moments
que seule une attention accrue sait capter et retenir. Tel est le
pari du peintre. » (Ann Loubert)
Marius Pons de Vincent
mariusponsdevincent.com/
Né en 1986
Ma pratique est très éclatée. Il m’arrive de compter jusqu’à
neuf tableaux en court. C’est une parade aux temps de séchage
et surtout à l’ennui. Je peins sur du bois apprêté à la colle de
peau et à la craie, sur mes chiffons souillés que je tends sur
châssis et que j’encolle, sur le verre, sous le verre, souvent celui
de mes palettes. Je conçois mon atelier comme une machine
autonome. […[Je provoque des accidents,
que je m’efforce de réinjecter et d’organiser dans mes tableaux.
Cette dispersion dans le travail me permet de penser à la
fois à la raideur d’un portrait de Memling, à la couleur chez
Martial Raysse, à Robocop, à la déconstruction des images chez
Malcolm Morley, à des erreurs d’impressions, à Mondrian, au
romantisme de Christian Schad, à Franck Stella. Je trouve du
plaisir à travailler à la grisaille d’un drapé tout en réfléchissant à
un moyen de peindre comme une imprimante. Naturellement
des « séries » de tableaux naissent de ce protocole. ….

J’ai, par exemple, régulièrement recours au trompel’oeil.
Je cherche à faire passer la peinture pour ce qu’elle n’est
pas, du papier, du scotch…, etc. En confrontant le simulacre
du tableau et la mise en scène de sa fabrique, on hésite à savoir
si le sujet est l’image ou la peinture elle-même. Dans le huis clos
de l’atelier, je travaille à parvenir au moment où je ne saurai
plus comment j’en suis arrivé là.
DANIEL SCHLIER
Né en 1960

Avec pragmatisme et littéralité, Daniel Schlier assemble des images
aux registres variés. Une grande part est faite de peintures sous
verre, qui renvoient à un art populaire et traditionnel ou à cette
autre imagerie sous verre qu’est la télévision. Avec la même logique
de simplicité et de références accessibles, il combine les expériences
personnelles et des objets ordinaires en collages rendus possibles
par la peinture. Sur toile il mêle d’autres matériaux, perles de
verre, mouchoirs, directement.
Cela donne à ces objets communs
une fonction figurative tout à fait surprenante et déconcertante.
Ces peintures rendent le visible bien plus trouble qu’il ne l’est
déjà, révélent sa face étrange et inquiétante. Il construit un monde
fait de têtes expressives à la recherche d’une pensée et qui portent
la marque hilare du désastre.

Attentif à la présence de l’imaginaire dans la perception du
réel, Schlier semble curieux de voir comment notre relation aux
apparences se contracte et se relâche.
Texte François-Marie Deyrolle / éditions L’Atelier contemporain

Sommaire du mois de septembre 2018

l’Oiseau de Brancusi à la Fondation Beyeler

02 octobre 2018 : Miro au Grand Palais de Paris
05 octobre 2018 :  Mon Nord est Ton Sud
19 octobre 2018 : Füssli, Drame et Théâtre
23 octobre 2018 : « Joana Vasconcelos, I Want to Break Free », au MAMCS
26 octobre 2018 : Namibie l’art d’une jeune génération au musée Würth
29 octobre 2018 : Radiophonic Spaces au Musée Tinguely
30 octobre 2018 : Mathieu Pernot à la Filature de Mulhouse

Mathieu Pernot à la Filature de Mulhouse

« les Gorgan », 1995-2015 jusqu’au 14 novembre à la Filature
de Mulhouse
podcast sur France culture

Les Gorgan relate l’expérience du photographe Mathieu Pernot
avec une famille rom. Croisant ses photographies avec celles réalisées
par la famille, l’auteur établit la singularité du destin de chaque
individu au-delà de l’appartenance communautaire.
À La Filature, Mathieu Pernot présente, sur 7 murs distincts,
les images de Johny et Ninaï (les parents) mais aussi de Rocky,
Giovanni, Priscilla, Ana et Doston (5 de leurs 8 enfants).
Il doit certes avoir plus que de l’empathie pour eux, au point
d’être le parrain d’Ana et d’assister, lui le gadjo,  discrètement
à l’accouchement d’un enfant de Ninaï et de veiller Johny mort.
Créer un récit familial et individuel

photo Filature de Mulhouse

« J’ai rencontré la famille Gorgan en 1995, lorsque je faisais mes
études à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles.
Les parents, Johny et Ninaï, vivaient alors en caravane avec leurs
sept enfants, sur un terrain situé entre la gare de fret et le Rhône.
Je ne savais rien de cette communauté et ignorais alors que
cette famille rom était installée en France depuis plus d’un siècle.
J’ai réalisé mes premières images en noir et blanc, m’inscrivant
dans une tradition documentaire face à ceux qui m’étaient encore
étrangers. Je maintenais une distance et essayais de comprendre
ce que ce médium pouvait encore nous apprendre d’eux.

La découverte des quelques archives qu’ils possédaient puis
les prises de vue réalisées dans le Photomaton de la gare
avec les enfants m’ont rapidement fait comprendre que la
diversité des formes et des points de vue était nécessaire
pour rendre compte de la densité de la vie qui s’offrait à mon regard.
Mon déménagement à Paris en 2001 m’a éloigné des Gorgan
pendant plusieurs années. C’est en 2013, plus de dix ans après
avoir réalisé ces photographies, que nous nous sommes retrouvés,
comme si l’on s’était quitté la veille. L’évidence que cette histoire
devait continuer le plus longtemps possible m’est immédiatement
apparue. Ils m’ont alors confié leurs images de ces années
passées sans se voir.

Vingt ans après cette rencontre fondatrice, le temps a fait son
oeuvre sur les corps et les visages des Gorgan.
Un temps différent de celui de notre monde gadjé.
Johny et Ninaï sont désormais grands-parents et les caravanes
ont quelquefois été délaissées pour des appartements jugés
plus confortables.
J’ai vécu en leur compagnie une expérience qui dépasse
celle de la photographie. À leur côté, j’ai assisté, pour la première
fois, à la naissance d’un enfant ; j’ai aussi veillé le corps de
celui que j’avais vu grandir : Rocky, mort brutalement à l’âge de
30 ans.
L’exposition reconstitue les destins individuels des membres
de cette famille. Elle retrace l’histoire que nous avons construite
ensemble. Face à face. Et désormais, côte à côte. »
MATHIEU PERNOT

Johny est né en 1964. Passionné par les voitures, il ne s’est jamais
séparé de sa BMW, malgré le retrait de son permis.
Il m’est souvent arrivé de le conduire avec sa famille dans ma
Ford Fiesta, pour les emmener au foyer dans lequel leur fille Ana
a été placée quelques temps ou au cimetière, dans lequel est
enterrée une partie de leurs proches. En 2001, il est incarcéré
quelques mois dans la maison d’arrêt d’Avignon.
À son retour au foyer, il est chaleureusement fêté.
Aujourd’hui fragilisé par des problèmes de santé, il ne s’éloigne
plus guère du terrain.

Ninaï s’est mariée avec Johny en 1982, à l’âge de 17 ans.
Elle accouche de son premier fils Rocky, l’année suivante.
Sept autres enfants naissent après lui, dont Ana, qui voit le
jour à l’hôpital d’Avignon le 1er octobre 1996.
Son quotidien ressemble à celui des femmes de sa
communauté : lignes de la main, courses et préparation des repas.
Elle a aujourd’hui vingt-deux petits-enfants et continue d’aller,
aussi souvent qu’elle le peut, au cimetière des neuf Collines
pour se recueillir sur la tombe de Rocky.

Rocky est l’ainé de la fratrie. Il avait 12 ans lorsque nous avons
fait connaissance. Deux ans après cette rencontre, je l’accompagne
à l’hôpital d’Avignon pour une courte hospitalisation.
Quelques années plus tard, il se marie avec Claire Vidale,
une gadjie qui a grandi dans le sud de la France.
Ensemble, ils ont quatre enfants, élevés dans un logement
social du quartier du Trébon, à Arles.
Après le décès de son mari, Claire est repartie à Sète avec ses enfants.

Giovanni vit avec Cathy Reyes, membre de la communauté
gitane d’origine espagnole. Ils vivent dans le lotissement des
platanes de Barriol construit pour reloger les familles qui
vivaient en bidonville. Il a avec elle cinq enfants, dont il s’est
fait tatouer les prénoms sur l’épaule. Lorsqu’il avait une dizaine
d’années, il allait souvent jouer dans la gare de transports
de marchandises, située juste à côté du terrain occupé par
la caravane.
Priscilla est l’ainée des trois soeurs. Elle est aussi la plus timide
d’entre elles et enfant, elle se cachait souvent le visage quand
je voulais la photographier. Elle vit avec Hervé et a fait le choix
de revenir à la caravane après avoir logé pendant quelques
années dans un appartement. C’est enceinte de son cinquième
enfant que je la photographie au cours de l’été 2016.

Ana est ma filleule. Je l’ai surtout photographiée bébé en train
de dormir et faisant ses premiers pas. Elle est venue me voir à
deux reprises à Paris au cours des dix années où je me suis
éloigné d’Arles. Sa personnalité n’a d’égal que sa force physique.
Elle vit maintenant avec un Rom bosniaque, dans une caravane
située sur le terrain de la famille. Avec son compagnon, elle voyage
de temps à autre en Europe et rêve de vivre à l’étranger.
Doston est le cadet de la famille. Il est né en 2007 et vit encore
avec Johny et Ninaï dans la caravane. Son enfance ressemble
trait pour trait à celle de ses aînés, tout comme son énergie,
dont je tente de capter la source depuis plus de vingt ans.
« LES GORGAN » Éditions Xavier Barral, 2017
relié, 24 x 31 cm, 232 pages, environ 300 photographies et documents
textes de Mathieu Pernot, Clément Chéroux, Johanne Lindskog
Dans l’esprit d’un album photographique, cette monographie
marque l’aboutissement de ce travail retraçant 20 ans
d’histoire de cette famille et témoigne ainsi de la complexité
de la culture tsigane à travers ce récit à plusieurs voix.
Au fil des pages, se mêlent différents types de photographies
du polaroïd au cliché N&B pris au Rolleiflex, des instantanés aux
portraits posés, de joyeuses réunions aux moments plus
douloureux liés à l’incarcération, à la mort qui sont livrés à nous
sans filtre, tels qu’ils sont vécus.
Prises par Mathieu Pernot ou les Gorgan eux-mêmes, ces
photographies forment un ensemble sans hiérarchie aucune,
ni distinction entre leurs auteurs, comme le souhaitait le
photographe. Les Gorgan ne sont plus seulement sujets d’étude
mais de véritables acteurs impliqués à la fois dans la réalisation
des images et le choix du contenu.
L’essai de Clément Chéroux recontextualise cet ensemble dans
l’histoire de la photographie et des albums de famille.
Celui de Johanne Lindskog examine quant à lui la démarche
à la fois artistique et ethnographique du photographe.
plus d’infos sur le site des Éditions Xavier Barral
« Photomatons », 1995-19970

Ces photomatons proviennent de l’archive familiale de
Bietschika Gorgan, père de Johny et ancien patriarche de la
famille. Réalisées entre 1950 et 1995, ces images montrent
la transformation de l’esthétique de la photographie d’identité
(noir et blanc, présence du rideau, fond coloré) dans le temps
et la réappropriation que pouvaient en faire les membres
d’une famille pour constituer une archive d’identité familiale.

« Les hurleurs », 2001-2004
Des individus à la pose théâtrale, tous cadrés à mi-corps, sont
photographiés alors qu’ils hurlent dans des décors urbains.
Les images ont pour hors champ des prisons du Sud de la
France et de Barcelone. Leurs protagonistes sont des proches
des détenus avec lesquels ils tentent de communiquer par-delà
les murs d’enceinte. La tension des corps manifeste la contrainte
invisible de la détention et la difficulté à communiquer qu’elle
implique. Nouvelle variation à partir du genre traditionnel
du portrait, la série forme un contrepoint aux espaces vides
photographiés par Mathieu Pernot à l’intérieur des prisons.

« Le feu », 2013
Les membres de la famille Gorgan sont photographiés à la
tombée de la nuit, éclairés par la lumière d’un feu autour
duquel ils se tiennent. Absorbés dans leurs pensées, silencieux,
ils ont les yeux baissés, comme s’ils ne voulaient pas voir ce
qui se trouve devant eux. En contrechamp de ces photographies,
une caravane leur ayant appartenu se consume dans les flammes
d’un incendie. Comme des photogrammes extraits d’un film,
les images laissent le spectateur tenter seul de comprendre
le sens de ce qui lui est montré.
MATHIEU PERNOT
Né en 1970 à Fréjus, Mathieu Pernot vit et travaille à Paris.
www.mathieupernot.com
Après des études d’histoire de l’art à la faculté de Grenoble,
Mathieu Pernot entre à l’École nationale de la photographie
d’Arles, d’où il sort diplômé en 1996.
Son travail s’inscrit dans la tradition d’un art politique
nourri d’histoire et de sociologie. L’artiste procède par séries
qui sont autant de points de vue analytiques et successifs sur
les grandes questions politiques et sociales de l’identité et de la
mémoire, de l’aliénation et du progrès. Au cours des années 2000,
il développe différents projets consacrés à l’enfermement,
à l’urbanisme et à la question migratoire. Son travail réalisé
avec Philippe Artières sur les archives de l’hôpital psychiatrique
du Bon Sauveur a été récompensé par le prix Nadar en 2013.
Il a obtenu le prix Niépce en 2014, l’année où le Jeu de Paume lui
a consacré une exposition, La traversée, retraçant vingt ans de
photographies.
L’exposition Les Gorgan, qui a fait l’objet d’une publication
avec Xavier Barral, est présentée en 2017 aux
Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles,
puis du 13 mars au 26 août 2018 au
Musée national de l’histoire de l’immigration.
Mathieu Pernot est représenté par la galerie Éric Dupont, à Paris.
Rencontres
rencontre « apéro photo »
mercredi 7 nov. 19h15 (entrée libre, réservation conseillée
T 03 89 36 28 28)
Observation et réflexion autour d’une photographie le temps
d’un apéritif, avant un spectacle.
conférence par Ilsen About* et Mathieu Pernot
« Une traversée photographique, regards sur les
mondes romani »

mercredi 14 nov. 18h30 (entrée libre)
La fabrique des stéréotypes montre le rôle central de la
photographie dans la construction d’une identité tsigane
présentée depuis toujours comme différente et étrangère.
Mais au-delà de l’exposé des clichés, le fil des images compose
des récits inédits qui imposent et révèlent, à travers la
photographie, une autre présence sociale et historique.
* historien, chargé de recherche au CNRS / Centre Georg Simmel,
École des Hautes Études en Sciences Sociales
LA GALERIE DE LA FILATURE, SCÈNE NATIONALE – MULHOUSE