Robert Cahen Passaggi

Je ne peux que reprendre le texte de Norbert Corsino, rédigé en mars 1993, tant il est représentatif du personnage :
Boucles blanches, yeux bleus, Robert Cahen ne touche pas le sol : il a quelque chose d’un ange. Parfois il faut se retourner sur son passage pour voir s’il a des ailes ou non. Des ailes du type « omoplates » ou « chevilles »  on n’en voit point. Et pourtant il vole. Plus exactement il flotte dans l’air : à la fois suspendu au gré du temps et migrateur comme certains oiseaux, sachant où il va, sachant quand il revient. Les traces de ses envolées sont visibles. Son œuvre vidéo est là pour nous montrer ses voyages dans l’imaginaire. La vidéo-ailée de Robert C. ralentit le passage du temps. Sa pâte originelle de musicien renvoie à une mémoire sonore dans la manière d’entretenir les images.
n705852017_2220488_6149137.1256936068.jpgLa rétrospective qui lui est consacrée à Lucca en Toscane, à la Fondazione Ragghianti (23 octobre 2009 – 10 jan 2010) nous présente les installations et vidéos acquises par le Frac Alsace en 1997.
Dans le cadre de sa mission de formation et de sensibilisation à l’art contemporain, le Frac Alsace propose des prêts d’œuvres issues de sa collection auprès de collèges ou lycées, institutions ou entreprises, maisons des arts ou musées….
C’est la plus grande exposition d’installations vidéo de l’auteur en Italie. Il présente 13 oeuvres de 1979 à 2008: 11 installations et 2 vidéos (ces 2 œuvres  sont spécialement «installées» pour l’occasion).
Ce lieu avec son cloître est absolument magique, proche du jardin botanique et des remparts, la façade ne laisse pas deviner les trésors qu’elle abrite.
En avançant plus en avant dans l’exposition, vous pénétrer dans l’univers onirique du magicien qu’est Robert Cahen.
Le voyage, la contemplation du paysage, la métamorphose du regard, mais aussi un temps lent et méditatif, la pensée sur l’idée de paysage, le temps de la vie, la mémoire, la rencontre avec l’autre.
C’est ainsi que de salles en salles vous pouvez rêver et contempler :
Tombe (avec les objets) , expliqué par RC lui-même dans mon montage vidéo (mais oui j’ai osé …)
Intimiste, Robert Cahen, est intéressé par  la vérité des êtres, cette passion des hommes qui le faisait déjà s’intéresser aux passants rencontrés en Chine. Dans les films qu’il compose minutieusement, Robert Cahen travaille sur le temps, sa marche inexorable, par exemple ces Paysages-passage. fondation-ragghianti.1256936184.jpg
7 visions (qui étaient à la Chapelle St Jean de Mulhouse), Robert Cahen dispose des caissons où le regard est mis en conduite forcée pour recueillir des images saisies au vol pendant son voyage en Chine. Vus de loin, ces caissons de bois écru ressemblent fort à des cercueils.
Suaire,
C’est encore le thème de la mort, une mort si douce qu’elle n’est plus que la trace quasi-immatérielle de ce tissu flottant, qui s’expose, ralentie, dans une image fragile et comme transparente sur le Suaire. Le visage surgit imperceptiblement, fixe, puis s’anime par un lent mouvement de paupière, jusqu’à sa disparition, image en suspension, passage de la vie à la mort, qui subsiste dans la mémoire
Paysages-passages
Robert Cahen invite le passager en partance à entrer dans la couleur des sons, le bruit des vagues, le sifflet d’un train. Il colore les quais de la gare du Montenvers de couleurs extrêmement vives et crues, révélant délicatement le kitsch du tourisme familial de la Vallée blanche.
il y a Attention ça tourne, Tombe avec les mots (italiens)
accrochés dans une pièce sombre, des objets de toute sorte -jouets, ustensiles, vêtement- tombent inexorablement dans une installation intitulée…Tombe !robert-cahen-videos-7.1256937131.JPG
Françoise en mémoire
Les mots semblent prolonger le portrait, ils passent au travers de l’écran, viennent de ce visage pour se fondre dans l’espace environnant. Les mots qui flottent devant le visage de Françoise sont comme une clé. Ce visage si proche, qui nous fait face, nous le regardons avec ces mots. Cette femme, nous la comprenons avec ses mots, nous partageons les mêmes mots.
Presque une photographie. À la limite entre image fixe et image animée. La pose est simple, le sujet est assis, le cadrage rapproché. Presque un portrait photographique.
Dans cette installation, pas de paysages, pas de pays lointains, pas d’effets sur l’image, pas de son, et pas de mouvement de caméra, un long plan fixe. Presque rien ne bouge. En tout cas dans la partie filmée. Car il y aussi ces mots, ces mots qui passent, lentement et miroitent au sol, comme provenant de l’autre écran, celui qui représente Françoise. Avec un flottement proche d’installations comme Tombe de 1997 ou Tombe (avec les mots) de 2001.
Ce ne sont pas seulement deux projections simultanées que l’on voit ici, c’est évidemment la relation qui se tisse entre les deux parties de l’œuvre, entre les deux écrans qui importe. Pour Robert Cahen « on ne peut pas regarder deux choses à la fois », il précise là que notre regard doit faire un choix, une suite de choix. On regarde un écran, sachant que l’on perd en partie ce qui se déroule sur l’autre. On pourrait dire : quand on regarde l’un, on voit l’autre ; et voir n’est pas regarder… Robert Cahen choisit régulièrement, dans d’autres œuvres, de présenter plusieurs images en même temps, L’île mystérieuse (1991), ou Paysages-passage (2000).
Une image comme flottante, un visage comme suspendu dans l’espace d’une part, des mots en mouvement de l’autre. Les deux projections passent en boucle, elles sont proches sans être pour autant synchronisées. Ainsi, ce n’est pas un lien de cause à effet que Robert Cahen a voulu tisser entre ces deux projections qui composent l’installation. Ce sont deux boucles parallèles, tout à fait autonomes, mais intimement reliées, articulées. Comme deux mondes parallèles interconnectés. D’une part le visage silencieux, dans le temps dilaté cher à Robert Cahen, légèrement ralenti, aux mouvements parfois imperceptibles mais bien présents. D’autre part le monde des mots, ces mots qui glissent au sol, qui flottent lentement comme dans de l’eau, ou comme sous l’eau, donc aussi assourdis, filtrés, vus au travers de quelque chose qui fait jouer la lumière.
robert-cahen-catalogue.1257036991.jpg Comme des mots oubliés qui ressurgissent, à la manière des « vieux rêves » dans le roman, La fin des temps d’Haruki Murakami (1985, Japon). Dans cette installation de Cahen les mots sont des bribes, comme des fragments de mondes épars, sans phrases ni histoires précises : mon enfant, silence, métamorphose, disparition, le vent, l’autre… Dans le livre de Murakami, le narrateur arrive dans une ville murée, qui n’est autre qu’un espace construit dans son propre cerveau. Dans ce monde très organisé, il a pour tâche la lecture des « vieux rêves ». Il travaille à la mémoire d’un monde, le sien en fait ; il scrute et sonde sa propre histoire, qui lui échappe…
Dans l’installation de Cahen, les mots concernent la mémoire de Françoise, mais peut-être aussi celle de nous tous.
Chez Murakami, la seule issue à ce monde fermé sur lui-même est la rivière qui traverse la ville : y plonger pour passer sous l’enceinte et découvrir l’inconnu, au-delà.
Les reflets et le mouvement fluide des mots silencieux qui glissent devant Françoise me font penser à cette rivière de la Fin des temps : ils sont l’accès à une connaissance, ils semblent signifier le passage entre la mémoire et le monde, entre un monde intérieur et notre espace de spectateur-lecteur.
Un des premiers films de Robert Cahen, Karine (1976), est un portrait qui se construit dans le temps (l’artiste photographie l’enfant du jour de sa naissance jusqu’à l’âge de six ans et le film se construit de ces photographies). De la naissance à l’enfance. Avec Françoise en mémoire, c’est une femme âgée qui nous fait face, cette fois dans un temps suspendu, presque arrêté, ralenti. Ce temps dilaté, qui nous rend sensible au moindre changement d’expression, au moindre battement de paupières, au moindre souffle. Alors ces deux œuvres, Karine et Françoise… se répondent, enfance et vieillesse, temps concentré et temps suspendu, apprentissage de la parole et mémoire questionnée par les mots, nous rappelle Stéphane Mroczkowski
Enseignant-chercheur en arts visuels à l’Université de Strasbourg, artiste
et
Sanaa Passage en noir, capitale du Yemen,
Horizontales couleurs,
Voici ce que RC dit pour les cartes postales :robert-cahen-videos-31.1256937009.JPG
Les cartes postales, c’est un rêve d’enfant qui se réalise: tenir en main une photographie et la voir tout à coup prendre vie. Voir ce qui s’est passé après l’instant fixé sur la pellicule. Pour faire les Cartes Postales, on choisit de se rendre dans des endroits dont on rêve, des endroits connus, typiques, révélateurs d’une ville ou d’un pays. On filme en plan fixe en guettant ce qui peut se passer d’intéressant, en essayant de capter l’esprit de l’endroit. De retour de tournage, on choisit les moments où quelque chose d’inattendu, de drôle s’est produit. Au besoin, on l’accentue par des effets spéciaux ou par le travail du son. Le but est de faire « feuilleter » au spectateur une collection d’images devant laquelle il va se demander: Que va-t-il se passer cette fois-ci ?
Les cartes postales ont été réalisées par Robert CAHEN, Stéphane HUTER et Alain LONGUET en totale collaboration à tous les stades du travail, entre 1984 et 1986. La collection regroupée sur trois bandes de 13.30 minutes chacune comporte 450 Cartes Postales: Rome, Alger, Lisbonne, Paris, New York, Londres, l’Egypte, l’Islande, le Canada, la Côte d’Azur, la Normandie…
Certaines  de ses vidéos, ne m’étaient pas inconnues, elles avaient donné lieu à des expositions, dans divers endroits de la région, (Alsace – Suisse) mais le fait de les voir rassembler dans ce lieu prestigieux, propice à la méditation et à la contemplation, non seulement permet d’avoir une approche d’ensemble, de l’oeuvre abondante, de la démarche poétique et fantastique de l’artiste, mais font ressortir toute sa puissance émotionnelle. Un moment fort, puissant et très émouvant.
Comment ne pas citer ce commentaire de J.-P. Fargier dans Le Monde du 23 avril 1996 : C’est un frémissement intérieur, le rythme des couleurs vidéos, le mouvement arrêté du temps Tous ces effets auraient pu le conduire à l’abstraction. Il n’en n’est rien. La cinquantaine d’œuvres réalisées par l’auteur depuis 1971 procède en fait d’une technique mixte : fidélité au sujet autant qu’à la matière, réalisme intimiste, lyrisme et narration… Robert Cahen n’hésite pas à assembler des  » micro-histoires  » jouant de tous ces éléments avec beaucoup d’humour. Minutieusement et sans concession, le vidéaste a construit une œuvre qui s’est donnée à voir et à entendre, avec quel plaisir, plaisir partagé.

grande ringraziamento a Elena Fiori e il suo interprete, per avermi accolto e guidato attraverso questa bella mostra

photos extraites du catalogue de l’exposition, sauf la photo 3, montage vidéo de l’auteur

Sommaire d'octobre 2009

01 octobre 2009 : Adieu Christine, Adieu Frédéric
02 octobre 2009 : Venise les nouveaux mécènes
04 octobre 2009 : La Punta della Dogana et le Palazzo Grassi
09 octobre 2009 : L’ombre des Mots
12 octobre 2009 : Le jardin des sentiers qui bifurquent
16 octobre 2009 : Robert Cahen – Le voyage en Italie
19 octobre 2009 : Le Moma
21 octobre 2009 : Anne-Sophie Tschiegg
23 octobre 2009 : Le Guggenheim de New York
25 octobre 2009 : Toscane
30 octobre 2009 : Cinque Terre et Via dell’Amore

Cinque Terre et Via dell'Amore

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Les Cinque Terre est le nom donné à une partie de la côte de la Riviera ligure du Levant, dans la province de La Spezia entre Punta Mesco et Punta di Montenero dans laquelle se trouvent cinq villages avec les communes de Monterosso, Vernazza, et Riomaggiore et les deux hameaux de Corniglia et de Manarola
Le paysage des Cinque Terre se caractérise par la présence spectaculaire de milliers de kilomètres linéaires de restanco, soutenus par leurs séculaires murs en pierre sèche, où sont cultivés principalement des vignes, oliviers, agrumes basilic et plantes médicinales. Ces murs alignés les uns après les autres sont d’une longueur de 6729 kilomètres, et à peu près égale à celle de la Grande Muraille de Chine !
Ce monumental ouvrage de terrassement, à pic sur la mer, a été construit, à partir de l’ An mil, par des générations d’hommes avec seulement des pierres et de la terre trouvées sur place.cinqua-terra-terrasse.1256859296.JPG
L’émission récente de Thalassa a permis de voir notamment le dur labeur de la vigne de cet endroit.
La zone aménagée en terrasse, au cours des siècles, atteint la superficie maximale d’environ 1400 hectares, et occupe une face côtière jusqu’à une hauteur de 450-500 mètres au dessus du niveau de la mer et en partant quelques fois du ras du rivage. via-dell-amore-liguria.1256858838.JPG
Pour rejoindre le territoire des Cinque Terre, nous nous sommes rendu à La Spezia, important port marchand, qui comprend l’Arsenal de la Marine Militaire dans une importante base de la marine italienne, un musée naval et de nombreux chantiers navals.
Le golfe de la Spezia (le Golfe des Poètes) et la zone littorale proche sont d’un grand attrait touristique avec les Cinque Terre, cinq villages déclarés à l’UNESCO patrimoine de l’humanité et paysage culturel, en 1997. La côte au sud est sableuse propice au développement du tourisme de masse.
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Nous avons emprunté un sentier pédestre entre Manarola et Riomaggiore, cheminant sur la  » Via dell’ Amore  » sous un soleil radieux, avec une vue imprenable sur la côte, certains endroits, y compris des plantations, portent les traces des amoureux, qui sillonnent cette voie depuis qu’un journaliste, s’y trouvant en charmante compagnie, l’a baptisée ainsi.
Le sentier longe la côte, la marche est aisée et la vue magnifique.cinqua-terra-ligurie.1256859049.JPG Nous avons repris un train régional pour rejoindre Monterosso, où un délicieux déjeuner de friture nous attendait. Puis nous avons navigué, cheveux caressés par la brise et le soleil, le long de la côte pour rejoindre à nouveau la Spezia.
A chaque village montaient ou descendaient des passagers, une vraie bouffée de vacances.
photos de l’auteur

Toscane

Si vous me cherchez je suis quelque part par là :

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Maison natale de Giacomo Puccini

Le Guggenheim de New York

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La plus belle oeuvre est le musée lui-même, construit par Frank Lloyd Wright, pendant 10 ans. Le propriétaire, Salomon Guggenheim, qui avait commandé cette construction, pour abriter sa collection, ne la vit jamais terminée.
Cette grosse machine à laver déroule dans son intérieur une gigantesque
spirale qui part du 6 ième étage, dominée par une coupole qui amène la lumière dans la rotonde. Vous descendez le long des rampes, en déambulant devant les œuvres exposées. L’inconvénient, c’est que cet immense espace est occupé par les expositions temporaires, qui ne sont pas forcément plus attrayantes qu’ailleurs.

 

 

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Nous avons manqué de chance, il n’y qu’une infime partie de la collection qui était exposée dans la Thannhauser gallery. J’en ai vu une meilleure part à l’expo Kandinsky à Beaubourg en 2009. Il vaut mieux être renseigné à l’avance sur l’exposition temporaire.

Anne-Sophie Tschiegg

Toute petite, Anne Sophie Tschiegg est tombée dans la marmite de l’art, avec un père créateur de bijoux fabuleux et une mère peintre, accessoirement prof d’arts plastiques, sa voie ne pouvait être que celle de l’art.
Après une période de mue périlleuse, à peindre toutes les nuits, et à recouvrir la toile en blanc chaque matin, et un « second métier » les affiches pour les théâtres, et avant une expo aux US, 
c’est à

 Paris à l’Espace Beaurepaire dans le Xe,

que l’on peut voir son exposition actuelle. Elle dit :

 n’avoir ni Dieu ni Maître,  je passe ma vie à adouber des Maîtres et des Dieux, chaque jour un nouveau, ça va de Kirkeby à Sebald et Louis René des Forets rien que pour le mois de juillet… Et j’ai le culte très,  très exalté.. et pourtant ….

Dieu est un fumeur de havane, Anne Sophie une fumeuse de gitanes, aussi s’est-elle lancé un défi «  365 jours pour arrêter de fumer » Pour atteindre ce paradis, elle a peint, 365 ciels au gré des jours qui passaient, tantôt gais, tristes, ombrageux, ensoleillés, gris, neigeux, flamboyants, incandescents, ciel du matin, ciel de fin de journée, ciel à la tombée de la nuit, ciels sur paquet de cigarette, un format aux contours accidentés, comme le chemin de croix de celui qui veut s’arrêter de fumer. Puis avant de prendre la décision finale, elle a rassemblé, en un ordre dispersé, les 365 ciels, sur une immense plaque en  bois, peinte en gris qui donne le titre à

« https://www.facebook.com/100001609816158/videos/1977466122410480365 ciels sur paquets de gitanes »

L’effet est prodigieux, les passants de la rue Beaurepaire à Paris, pénètrent spontanément dans la belle galerie du même nom, aux vitrines lumineuses. J’ai entendu : mais ce n’est pas de la photo, c’est de la « vraie peinture » c’est formidable, quelle merveilleuse idée, c’est magnifique, magique,  est-ce de l’acrylique ? Pourquoi, comment ? je reviendrai avec mon mari, mes enfants, les cousins, la voisine, etc ….. Puis ils passent plus en avant dans la grande galerie, admirent et s’amusent des collages dadaïstes joliment encadrés, prodigieux disent-ils
.Mais aussi les peintures sur petites toiles, des cœurs chargés d’émotion, des têtes aux idées fourmillantes ? C’est selon que l’on est romantique ou intello. Il faut laisser lentement les toiles monter vers vous, les couleurs vous embrasent, vous emmènent dans leur musique, on sent comme un changement dans sa vie personnelle, une sérénité, un épanouissement, Puis, c’est l’exubérance des fleurs, des fruits, le lyrisme dans ses coups de pinceaux, si élégants,  emprunts de volupté, au fur et à mesure, on accède à l’espace du fond de la galerie, plus intime, où s’exhalent les couleurs, l’endroit que j’appelle : la chambre d’amour, (comme chez Chagall, l’hommage à Vava, musée biblique de Nice), autre point d’orgue de l’exposition. Ici tout n’est que beauté, chaleur des rouges, des camaïeux, un accrochage intelligent.
.
Je m’interroge sur la toile la plus récente, dyptique, aux grandes courbes phalliques, qui a servi pour l’affiche de l’exposition, sur un chevalet, surmonté d’une croix,  croix que l’on retrouve sur son pull. Courbes rouges, vertes, jaunes, blanches, entrelacées de liens, tout cela est très voluptueux, tendrement érotique et m’interpelle est-ce un autoportrait ?


Ce qui a été formidable pour moi, c’est d’assister dans les coulisses au montage d’une exposition, de voir l’artiste, artisan, chauffeur, livreur,  assistée par sa commissaire, l’autre Sophie (sophie.gaury@wanadoo.fr), monter ses œuvres sur les cimaises et vivre l’arrivée des premiers visiteurs.
A ne manquer sous aucun prétexte.

Vernissage les 21/10 et 23/10 à 18 h 30,

 ouverture de 13 h à 21 h,

 le samedi de 11 h à 21,

 le dimanche de 11 h à 16 h.

photos et vidéos de l’auteur
n’oubliez pas les clics

Le Moma

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Le Museum of Modern Art, plus familièrement appelé le MOMA, gros cube d’acier et de fer, joue la carte de la sobriété et de la discrétion. Le gros lego a choisi de s’effacer au profit de la fantastique collection d’art moderne qu’il contient.
Il a été entièrement renouvelé, pour mettre tous ses joyaux en valeur, par l’architecte japonais, Yoshio Taniguchi, de 2002 à 2004. Cubisme, fauvisme, surréalisme, Pop Art, la collection donne le tournis.
150 000 œuvres, la collection est ouverte aussi à la photographie, au cinéma, à l’architecture et au design.
Pour les grands chefs d’oeuvre : la nuit étoilée de van Gogh était partie vers Amsterdam, mais les oliviers de Vincent van Gogh, exposés plus tard au Kunsmuseum de Bâle, étaient encore présents.diego-rivera.1255886002.JPG
L’œuvre phare, les Demoiselles d’Avignon, de Picasso, très photographiée, au détriment du jeune garçon à cheval du même auteur, voisine avec d’autres toiles cubistes, de Braque, Gris, Malévitch Popova, mais aussi Diego Rivera (une surprise) Léger.
Une découverte, les sculptures de  Boccioni, bocciolini.1255886160.JPGpuis le Grand Intérieur Rouge de Matisse, une salle entière lui est consacrée. Puis il y a les 3 musiciens avec Picasso en Arlequin, jouant de la guitare, Max Jacob et Guillaume Appolinaire. Puis une préfiguration des Nymphéas de Monet, telles que présentées à l’Orangerie à Paris. Grâce aux très nombreuses baies vitrées dans les salles d’exposition, la lumière naturelle joue sur les oeuvres.
Une encyclopédie complète de l’histoire de l’art de 1880 à nos jours, Picasso, Cézanne, Magritte, Matisse, Rousseau, Giacometti (le palace), Brancusi, Arp, Miro, Klee, Kandinsky, Tanguy, Mondrian,  De Chirico, Duchamp, Bonnard, Vuillard,, Kupka, Chagall, Lautrec, Lewit, Rothko, etc …. aucun ne manque à l’appel, pour faire connaissance avec tous les mouvements artistiques, présentés chronologiquement et groupés  par styles.

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 Des expositions temporaires y trouvent leur place, comme Martin Kippenberger, lors de notre visite, dans cette prestigieuse institution culturelle américaine.
Pour Dominique et les autres, j’essaie de rattraper mon retard 😉
photos de l’auteur

Robert Cahen – le voyage en Italie

Non je ne vais pas vous commenter le chef d’oeuvre de  Roberto Rosselini,
Mais vous parler d’un autre Roberto, alsacien d’adoption :
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photo Georges Senga à Kipuchi (Congo)
Son actualité italienne est très dense en cet automne.
Cela démarre par une rétrospective de ses films au
Festival FishEye  de Rome, organisé par Bruno di Marino spécialiste de l’Art video et enseignant  cette matière à Rome.
Du 15-20 octobre 2009 au Nuovo Cinema Aquila – Roma
sabato 17 ottobre
– Sanaa, passage en noir di Robert Cahen, Francia, 2007, video,
– L’étreinte di Robert Cahen, Francia, 2003, video,
(I video sono introdotti dall’autore)
– Blind Song di Robert Cahen, Francia, 2007, video,
Cela continue avec une rétrospective de ses vidéos :
Robert Cahen, pionnier et personnalité phare de l’art vidéo international, est l’artiste invité de l’exposition :
«Robert Cahen. Passaggi», installations vidéo 1979-2008,
du 23 octobre 2009 au 10 janvier 2010, à Lucca en Toscane.

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L’exposition est organisée par la Fondazione Centro di Studi sull’arte
«Licia e Carlo Ludovico Ragghianti», Lucca, direction artistique Sandra Lischi, professeur à l’Université de Pise et spécialiste des arts électroniques.
Elle est réalisée en collaboration avec le «Lucca Film Festival 2009», qui va consacrer à cet artiste, parallèlement à l’ouverture de l’exposition, une rétrospective de ses films 16 et 35 mm.
Le Frac Alsace (Fonds Régional d’Art Contemporain) et
l’Institut Français de Florence apportent leur soutien.
Cet auteur français, un des artistes des plus importants de l’art vidéo international, a realisé  depuis 1971 un important corpus de films, de vidéo monobandes  et d’installations  vidéo, présentés, exposés et primés dans de nombreuses biennales, festivals vidéo nationaux et internationaux, tels que la Biennale de Paris, le MoMA de New York, le Musée des Beaux Arts de Fukuoka au Japon,  la Documenta 8 à Kassel en Allemagne, le FestRio au Brésil, le Tokyo Festival, le Festival de Locarno…
L’exposition  présente onze installations vidéo, et deux vidéos des années 80 installées spécialement pour cet événement. Les oeuvres exposées, particulièrement intenses, permettent  de découvrir les grands thèmes abordés par cet artiste: le paysage, le voyage, le temps des images et l’image du temps. L’approche étant, entre autres, picturale et musicale.
Un catalogue comprenant des textes critiques, des photos et des informations sur les oeuvres exposées est publié par la Fondazione.
L’exposition a lieu dans l’espace  de la
Fondazione Ragghianti, au sein du beau
complexe monumental de
San Micheletto.
Le vernissage aura lieu vendredi 23 octobre à 17h30, en présence de l’artiste,  et l’exposition restera ouverte jusqu’au 10 janvier 2010. Horaire : 10h00-13h00 ; 15h00-19h00. Fermeture hebdomadaire: lundi.
L’entrée sera gratuite et offerte par la
Fondazione  Cassa di Risparmio di Lucca. comme pour toute  manifestation consacrée à l’art et à la culture visuelle contemporaine mise en place par la Fondation Ragghianti.
Bureau de presse :  Elena Fiori
Tél. 0583/467205 – téléfax  +39 0583/490325
e-mail: elena.fiori@fondazioneragghianti.it
Marcello Petrozziello
Tél. 0583.472.627 – Port. 340.6550425
e-mail: comunicazione@fondazionecarilucca.it
Et cerise sur le gâteau :
Le livre de Sandra Lischi, citée ci-dessus co-directrice du Festival International « Invideo « de Milan ,
« Il respiro del tempo » (Le souffle du temps) (clic)
avec la promesse d’une future édition en langue française.

Le jardin aux sentiers

Après la Notte, c’est encore Lorenzo Benedetti, qui  est aux commandes pour la seconde fois à la « Kunsthalle » Fonderie.
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Le jardin aux sentiers qui bifurquent, la nouvelle de Jorge Luis Borges, le mène à interroger les possibles d’une oeuvre
et le rapport au temps dans un processus de création puis d’exposition.
Il choisit de présenter des artistes qui puisent des formes et des matières dans l’objet existant, le paysage contemporain et qui, par leurs regards et leurs interventions, les mènent à l’état d’oeuvres. chambaud-la-danse.1255380733.jpeg
Par ailleurs, Lorenzo Benedetti questionne le principe de l’exposition en se penchant sur la combinaison oeuvre-espace,
sur la tension qui émane de certains rapprochements et qui induit une métamorphose sans cesse renouvelée des lieux investis.
Sept artistes sont invités à participer à cette exposition. Issus de la jeune scène internationale, ils représentent une nouvelle génération de plasticiens qui à travers leurs oeuvres soulèvent des questions formelles dans un contexte à la fois physique, social ou historique.
La relation entre l’espace et la forme est fondée sur une dialectique systématique dans laquelle les éléments ont pour
fondement la transformation. L’exposition tente de définir les éléments du changement qui naissent par tension entre les
espaces et les formes qui y sont contenues. Dans l’exposition « Le jardin aux sentiers qui bifurquent » le sujet est lié à l’espace en tant que forme et à sa dynamique de métamorphose.
La multiplicité des combinaisons et transformations questionne perpétuellement l’espace d’exposition, tentant de le définir, tout en visant à dépasser ses limites, de définir son abstraction ou de redécouvrir les formes toutes faites qui s’accordent avec les conditions sociales ou historiques.chambaud-atlas.1255381748.jpg
C’est ainsi que l’on peut voyager et annuler les distances avec les cartes des années 40, aplaties, mais trouées, « Atlas »  du mulhousien Etienne Chambaud, pour remplir éventuellement la marqueterie  de son roman les « pages blanches » absence et potentiel devant une œuvre litteraire  dans la lumière d’une fenêtre où intervient par moment la rature, Il nous fait  rêver devant le collage de la « danse » (Irma Duncan à Grünewald, Anonyme, vers 1910)
Raphaël Zarka avec ses sculptures, les 2 cônes en aluminium, et 3 sculptures en bois.  Nous explique qu’on peut les travailler aujourd’hui, comme on travaille la photographie documentaire. C’est la relation qu’il tient à avoir avec la sculpture abstraite.
Il s’est ingénié à la  reconstruction d’objets qui ont existés, décrits par un scientifique anglais Abraham Sharp au 18 e siècle,  qui avait découvert une méthode pour découper des polyèdres. Ce dernier a écrit un livre, La géométrie Improv’d, publié en 1718, riche en polyèdres, en particulier ceux avec des visages tétragonaux. Le livre montre comment couper ces nouveaux solides à partir de cubes de bois .zarka-bille-sharp.1255381340.jpg
Il s’est inspiré de 2 planches de gravure que Sharp n’a jamais réalisées, et  il a ainsi réalisé ses polyèdres, semi-réguliers,
Généalogie formelle, qui viennent d’un autre rayon du musée d’histoire de la science et qui le fascinent.
Pour Benoît Maire, c’est une tête de méduse en bronze qui regarde une autre tête de méduse, une peinture, qui pose la question de la dialectique entre 2 méduses, elles sont là pour pétrifier ceux qui la regardent. (Méduse dont la tête, pourtant, changeait en pierre ceux qui la regardaient).
Benoît Maire pose la question de savoir ce qui se passerait  si les 2 se regardaient, mais aussi est évoqué,  la position de la sculpture par rapport à la peinture. (la solution de Volterra ?)maire-meduse2.1255382196.jpg
Protélèmene – images  pliées, sont des  Sérigraphie sur 3 plaques de zinc qui se regardent et se replient sur elles-mêmes, une origine de la représentation idéale.
C’est une exposition austère, conceptuelle qui demande de la réflexion. A cet usage sont organisées tous les 1er jeudi du mois, des visites guidées.
Jusqu’au 15.11 2009
photos courtoisie Kunsthalle sauf la photo 1 de l’auteur

L’ombre des mots

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Rencontre de deux prix Nobel de Littérature, au musée Würth, non pas par la plume, mais par les pinceaux. Ils dialoguent avec bonheur avec les peintures à l’encre de Chine de Gao Xingjian et les aquarelles de Günter Grass.
Ils peuvent cependant être qualifiés, l’un comme l’autre, d’artiste total, mêlant dans leur pratique, l’écriture, la peinture, la réalisation cinématographique (Gao Xingjian) et la scultpture (Günter Grass).
Le Musée Würth France Erstein reprend un choix de tableaux de Gao Xingjin, déjà exposé au Musée Würth La Rioja en
2008, mais élargit le concept de l’exposition en opposant l’oeuvre délicate et minimaliste de Gao à une sélection des grands cycles d’aquarelles et de dessins à l’encre de Günter Grass appartenant à la Collection Würth – déjà vues au musée Würth d’Arlesheim , en 2008, sont magnifiées sur les cimaises d’Erstein – fait qui a bien entendu largement contribué à l’idée de cette mise en parallèle.
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L’exposition « L’ombre des mots » propose donc un dialogue entre deux artistes d’abord connus pour leurs travaux littéraires mais qui revendiquent chacun une pratique picturale. Cette peinture a toujours été intimement liée à leur plume ; pour Gao Xingjian, elle prend le relais sur les mots lorsque ceux-ci s’essoufflent. Son travail est une quête intérieure, un langage pictural, un rêve éveillé, qui fait défiler lorsque l’on ferme les yeux, des personnages qui traversent leur vie, malgré les difficultés, avec espoir, reflets d’ombre et de lumière, lumière partout et toujours présente, exprimant la pensée positive qui anime l’artiste.
Tandis que pour Günter Grass, elle naît du même geste graphique. En s’affranchissant de l’écriture pour accéder à la forme peinte, le premier sépare rigoureusement les deux moyens d’expression, tandis que le second noue les deux disciplines l’une à l’autre, aussi bien dans le processus de création que sur la feuille de papier.
Cette rencontre au Musée Würth France Erstein se propose de faire découvrir sous un angle inhabituel le travail plastique de deux auteurs, à la fois poètes, romanciers, peintres et hommes de théâtre.
En août 2006, Günter Grass a révélé son enrôlement en octobre 1944 dans les Waffen-SS après avoir prétendu auparavant avoir servi dans la Flak. Cette divulgation tardive, faite quelques jours avant le lancement de son dernier livre autobiographique: Pelures d’oignon (Beim Häuten der Zwiebel), a suscité malaise et incompréhension en Europe. Elle a été à l’origine d’une controverse entre intellectuels européens, certains d’entre eux considérant que cet aveu lui ôtait son statut de caution morale, d’autres au contraire pensant que cette sincérité, même tardive, ne faisait que renforcer sa légitimité.la-fin-du-monde.1255051164.JPG
Pendant la Révolution culturelle (1966 à 1976),Gao Xingjian est envoyé en rééducation dans les campagnes des provinces de Jangxi et Anhui, et il est obligé de brûler les manuscrits qu’il a déjà écrits (environ trente kilos de papier). C’est à la campagne qu’il s’imprègne de la tradition de transmission orale. Cet environnement lui paraît plus permissif et plus créatif que le Nord, trop marqué par le confucianisme. En 1975, il repart à Beijing pour reprendre ses activités professionnelles. Le Parti a toujours besoin de gens qui maîtrisent une langue étrangère, mais Gao se sent surveillé et décide de brûler les pages qu’il vient de réécrire, c’est-à-dire à peu près un million de signes.
 Lors de la rencontre avec l’artiste, ni moi, ni personne n’a osé soulevé cette antinomie.  Gao a simplement évoqué une courte rencontre informelle avec Günter Grass.
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