Ténèbres et lumière
Jusepe de Ribera, Saint Jérôme et l’ange du Jugement dernier, 1626.
Huile sur toile, 262×164 cm.
Museo e Real Bosco di Capodimonte, Naples.
Su concessione del MiC – Museo e Real
Bosco di Capodimonte
© Archivio dell’arte/Luciano et Marco Pedicini
Le Petit Palais présente la première rétrospective française jamais consacrée à Jusepe de Ribera (1591-1652), jusqu'au 23 février 2025
Annick Lemoine, conservatrice générale, directrice du Petit Palais.
Maïté Metz, conservatrice des peintures et arts graphiques anciens du Petit Palais
Le Petit Palais présente la première rétrospective française consacrée à Jusepe de Ribera (1591-1652), l’héritier terrible du Caravage, celui que ses contemporains considéraient comme
« plus sombre et plus féroce » encore que le grand maître italien. D’origine espagnole, il fit toute sa carrière en Italie, à Rome puis à Naples. Naples étant sous domination espagnole.
Pour Ribera, toute peinture – qu’il s’agisse d’un mendiant, d’un philosophe ou d’une Pietà – procède de la réalité, qu’il transpose dans son propre langage. La gestuelle est théâtrale, les coloris noirs ou flamboyants, le réalisme cru et le clair-obscur dramatique.
Avec une même acuité, il traduit la dignité du quotidien aussi bien que des scènes de torture bouleversantes. Ce ténébrisme extrême lui valut au XIXe siècle une immense notoriété, de Baudelaire à Manet.
Avec plus d’une centaine de peintures, dessins et estampes venus du monde entier, l’exposition retrace pour la première fois l’ensemble de la carrière de Ribera : les intenses années romaines, redécouvertes depuis peu, et l’ambitieuse période napolitaine, à l’origine d’une ascension fulgurante. Il
en ressort une évidence :
Ribera s’impose comme l’un des interprètes les plus précoces et les plus audacieux de la révolution caravagesque, et au-delà comme l’un des principaux artistes de l’âge baroque.
La première partie de l’exposition aborde les débuts de Ribera à Rome. Le peintre, surnommé « lo Spagnoletto [le petit Espagnol] », arrive dans la cité papale vers 1605-1606, la même année que le départ du Caravage pour Naples. Les deux artistes se sont-ils rencontrés ? Personne ne peut l’affirmer mais l’influence du Caravage sur Ribera, ainsi que sur toute une génération de peintres présents à Rome à ce moment-là est décisive. Pendant ce séjour romain, Ribera élabore les fondements de sa peinture : l’usage du modèle vivant, un clair-obscur dramatique, une gestuelle théâtrale, un réalisme cru et la représentation de figures à mi-corps qui imposent au spectateur une frontalité saisissante.
Ce nouveau vocabulaire, radical, se retrouve dans sa série des cinq sens, représentée dans l’exposition par l’Allégorie du goût (Wadsworth Atheneum, Hartford)
et l’Allégorie de l’odorat (Collection Abello, Madrid), mais également dans les Apostolados, série d’apôtres devenue l’un des sujets de prédilection du peintre. L’exposition revient également sur l’histoire de la réattribution du tableau du Jugement de Salomon (Galerie Borghèse) par l’historien de l’art Gianni Papi en 2002. Cette enquête a bouleversé la compréhension de la production romaine de Ribera, en l’enrichissant d’une soixantaine d’oeuvres magistrales, dont Le Christ parmi les docteurs (musées de Langres) ou encore Le Reniement de Saint Pierre (Galerie Corsini). À la fin de son séjour romain, Ribera s’impose comme l’un des caravagesques les plus recherchés par l’élite du monde de l’art.
En 1616, l’artiste quitte Rome pour s’installer à Naples, alors territoire espagnol. Sa carrière est fulgurante. Marié à la fille de l’un des peintres les plus importants de la ville, soutenu par le pouvoir en place, Ribera règne pendant près de quarante ans sur la scène artistique napolitaine et multiplie les commandes prestigieuses. Les séries qu’il conçoit pour la Collégiale d’Osuna près de Séville ou pour l’église de la Trinità delle Monache à Naples sont à l’origine de véritables chefs-d’oeuvre comme Le Saint Jérôme et l’Ange du Jugement dernier
(Museo di Capodimonte). Artiste hors pair par sa capacité à retranscrire une réalité presque tactile des individus, des chairs ou des objets, Ribera restitue la splendeur des humbles avec une acuité bouleversante. Un Mendiant en haillons (Galerie Borghèse)
, une Vieille usurière (Musée du Prado) ou un enfant Pied-bot (Louvre) gagnent leurs lettres de noblesse. Son intérêt pour les personnes en marge de la société se mêle à son goût pour l’étrange et donne naissance à des images puissantes, comme Le Portrait de Magadalena
Venturi, la célèbre Femme à la barbe (Musée du Prado).
Au coeur du parcours napolitain, le visiteur peut également découvrir ses talents de dessinateur et de graveur – une singularité au sein de la galaxie caravagesque – avec un cabinet d’arts graphiques réunissant des prêts exceptionnels du Metropolitan Museum of Art, du British Museum ou de la Collection Colomer. Son oeuvre gravé, d’une grande virtuosité, est quant à lui présenté grâce au fonds Dutuit du Petit Palais.
Son goût pour un réalisme radical se traduit également dans sa volonté de peindre le pathos de manière naturelle et sans artifice. Il insiste sur la vérité des corps et des chairs,même lorsqu’il représente le Christ mourant dans trois Pietà réunies ici pour la première fois : les deux Lamentation sur le corps du Christ de la National Gallery de Londres et du Musée Thyssen et
La Mise au tombeau du musée du Louvre.
Au côté de ses compositions religieuses, Ribera réinvente les mythes antiques, où s’illustre son attrait pour le grotesque et la provocation. Sa palette s’éclaircit à la fin de sa carrière et laisse apparaître des ciels bleu turquoise, des couleurs flamboyantes et des drapés irisés, dignes de Titien, comme dans l’Apollon et Marsyas (Museo di Capodimonte) et Vénus et Adonis (Palais Corsini).
L’exposition se termine sur une dernière salle spectaculaire consacrée à des scènes de martyres et d’écorchés, qui firent aussi la réputation de Ribera. Véritable théâtre des passions, ses compositions extrêmes, aux noirs profonds, prennent à témoin le spectateur. L’héritier terrible du Caravage, « plus sombre et plus féroce » que le maître, démontre qu’il n’est pas un simple interprète mais l’un des plus grands artistes de l’âge baroque, aux inventions fulgurantes, audacieux et virtuose.
Auditorium
Informations sur la programmation à l’accueil ou sur petitpalais.paris.fr
Café-restaurant Le 1902
Ouvert de 10h à 17h15 (dernière commande)
Fermeture de la terrasse à 17h40.
Nocturnes : voir sur le site petitpalais.paris.fr
Librairie-boutique
Ouverte de 10h à 17h45.
Les vendredis et samedis jusqu’à 20h
Jusepe de Ribera, Apollon et Marsyas, 1637.
Huile sur toile, 182×232 cm.
Museo e Real Bosco di Capodimonte, Naples.
Su concessione del MiC – Museo e Real Bosco di
Capodimonte /

Jusepe de Ribera, Vénus et Adonis, 1637.
Huile sur toile, 179×262 cm.
Galerie Corsini, Gallerie Nazionali
di Arte Antica, Rome.
© Gallerie Nazionali di Arte Antica, Barberini /Corsini
Ministero della Cultura.
INFORMAT IONS PRATIQUES
PETIT PALAIS – MUSÉE DES
BEAUX-ARTS DE LA VILLE DE PARIS
Avenue Winston-Churchill,
75008 Paris
Tel : 01 53 43 40 00
petitpalais.paris.fr
Du mardi au dimanche de 10h à 18h.
Nocturnes les vendredis et samedis jusqu’à 20h.
Tarifs
Plein tarif : 15 €
Tarif réduit : 13 €
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Accessible aux visiteurs en situation de handicap.
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Bruno Liljefors, Lièvre variable, 1905. Huile sur toile, 86×115 cm. The Thiel Galery, Stockholm. © Courtesy Thielska Galleriet, Stockholm / Photo Tord Lund
En le présentant pour la première fois au public français, le Petit Palais souhaite révéler la virtuosité picturale et l’apport original de Liljefors dans la construction de l’imaginaire de la nature suédoise. Cette exposition inédite présente un ensemble d’une centaine d’oeuvres, peintures, dessins et photographies issus des collections des musées suédois tels que le Nationalmuseum de Stockholm, partenaire de l’exposition, de la Thiel Gallery, du musée de Göteborg, mais aussi de nombreuses collections privées.
Le parcours, à la fois chronologique et thématique, aborde les différents aspects de l’art de Liljefors, de ses inspirations et influences jusqu’à sa technique de travail très singulière.
Observateur d’une grande finesse, Liljefors saisit sur le vif des familles de renards tapis dans les bois ou des lièvres filant dans la neige mais aussi des balbuzards pêcheurs aux sommets de pins maritimes, des eiders évoluant sur les eaux froides des archipels, des tétras paradant dans les forêts. Il travaille en immersion dans la nature et se sert de ses qualités d’acrobate et de gymnaste
Bruno Liljefors, Renards, 1886. Huile sur toile, 71,5×91,8 cm. Gothenburg Museum of Art, Gothenburg. © Gothenburg Museum of Art.
Même s’il s’en défend, ses recherches esthétiques sont largement influencées par le japonisme et l’art extrême-oriental. Liljefors aime agencer certaines de ses peintures au sein de grands cadres dorés formant des compositions inspirées des harimaze, estampes japonaises présentant plusieurs images indépendantes les unes des autres. Ces ensembles décoratifs, créés de manière subjective par l’artiste et associant des scénettes sans lien évident entre elles, laissent au spectateur la possibilité de construire sa propre narration.
Son art doit également se comprendre à l’aune des découvertes darwiniennes qui infusent la culture européenne au XIXe siècle. Dans le monde de Liljefors, les animaux, les plantes, les insectes et les oiseaux participent d’un grand tout où chacun a un rôle à jouer. À l’heure où la sauvegarde de la biodiversité est devenue un enjeu majeur, Liljefors, au-delà de son rôle de chantre de la nature suédoise, nous invite à mieux donner à voir l’ensemble du monde vivant dont nous faisons partie.


ont été captivés par les jeux de fils au sens propre du terme. Dans les archives cinématographiques de Göttingen, ils ont découvert
Cependant, de tels supports ne permettent pas de comprendre l’élaboration de ces figures, aussi on élabora des systèmes de notation complexes. Les ethnologues ont également réalisé des films de joueur.euse.s de ficelle afin de rendre justice au caractère processuel, performatif et matériel du jeu de ficelle. Certains de ces films se trouvent dans l’Encyclopaedia Cinematographica, dont l’objectif consistait à collecter le monde sur celluloïd et à le préserver au sens d’une ethnologie de sauvetage pour la postérité.



la Fondation Cartier retrace l’ensemble de la carrière d’Olga de Amaral et célèbre celle qui marqua une véritable révolution dans l’art du textile.


L’exposition Territoires Mouvants met en lumière les oeuvres des six lauréats de la 12e édition du concours Talents Contemporains : Manon Lanjouère, Bilal Hamdad, Ugo Schiavi, Noemi Sjöberg, Ulysse Bordarias et Aurélien Mauplot.
par le biais des enjeux liés à l’immigration, à l’identité géopolitique, ainsi qu’aux crises environnementales et sociales.
La dotation annuelle est de 140 000 euros. Les quatre lauréats reçoivent chacun 15 000 euros pour l’acquisition de leur oeuvre. Une enveloppe de 80 000 euros d’aide à la production est parfois consacrée à la réalisation de projet de sculpture ou d’installation.



Elle montre fièrement sa nature artificielle, faite d’objets abandonnés, de branchages, de reproductions de statues anciennes, de bouteilles en plastique, de câbles… tout en révélant sa genèse tourmentée : une accumulation de

Sa série, Puddles, montre plusieurs flaques d’eau dessinées au sol par un système hydrophobe, certaines étant perturbées par la chute d’une goutte d’eau. D’autres oeuvres prennent forme grâce à la technique du photogramme, où l’eau, illuminée, fige des instants éphémères pour laisser leur empreinte sur du papier photosensible. Grâce à un ingénieux système, l’artiste capture les mouvements fluides de l’eau et les ondulations à sa surface, saisissent les états provisoires et les flux fugaces. Une loupe est également placée à distance










Débordant le cadre d’une simple rétrospective, « Pop Forever, Tom Wesselmann &… contextualise l’oeuvre de Tom Wesselmann dans l’histoire de l’art et offre des perspectives passionnantes sur le Pop Art, au passé, au présent et même au futur », selon les commissaires invités de l’exposition.
Il poursuit volontairement les genres classiques de la peinture (la nature morte, le nu, le paysage) tout en élargissant l’horizon de son art, tant par ses sujets que par ses techniques. À mi-chemin entre peintures et sculptures, ses oeuvres incorporent aussi des
Des premiers collages de Wesselmann en 1959 à ses vastes natures mortes en relief, ses paysages à la lisière de l’abstraction et ses Sunset Nudes de 2004, l’exposition se déploie sur les quatre étages du bâtiment de la Fondation.





Paul Guillaume vient d’ouvrir à Paris, en 1914, sa première galerie, rue de Miromesnil. Jeune marchand autodidacte, issu d’un milieu modeste, rien ne le prédisposait au commerce de l’art. Avant-guerre, à Montmartre, il s’était lié aux artistes et aux écrivains réunis autour du Bateau-Lavoir. Se passionnant pour « l’art nègre » dont il devint l’un des spécialistes et l’un des rares marchands à Paris, il fut parmi les premiers à reconnaître le caractère artistique des objets africains, aux côtés de Vlaminck, Derain, Matisse, Picasso et Apollinaire.
En quelque vingt ans, Paul Guillaume constitue un ensemble de plusieurs centaines d’oeuvres de l’impressionnisme à l’art contemporain.












« Il n’y a pas de plus bel endroit au monde pour accueillir une foire d’art. »
Installées sur deux niveaux, les 194 galeries bénéficient de la lumière zénithale de la nef et des galeries hautes du Grand Palais. La concentration de marchands américains et allemands est impressionnante. De Matthew Marks à Nahmad Contemporary, tous ont apporté une marchandise d’excellent niveau mais avec un contenu sage, sans provocation ni outrance. Toutes les grandes enseignes internationales ayant créé une antenne à Paris (Michael Werner, Gagosian, Marian Goodman, Skarstedt, Pace, White Cube, Hauser und Wirth, David Zwirner…) sont présentes au cœur de la foire. Les prix sont à la hauteur du niveau.
Les premières galeries face à l’entrée proposent les valeurs sûres d’aujourd’hui. Au premier rang, Gerhard Richter, Tomas Saraceno et Marlene Dumas. On retrouve également les artistes mis en avant dans des expositions muséales, des surréalistes comme André Masson, Yves Tanguy et Salvador Dali (également au Centre Pompidou) à Tom Wesselmann (Fondation Louis Vuitton) et Hans Josephson (musée d’Art moderne de Paris).
Les ateliers d’art GrandPalaisRmn sont présents sur le stand K30 et dévoilent en avant-première L’Ami (d’après Titien), une estampe contemporaine du Louvre réalisée par l’artiste américaine 









