Robert Cahen en Patagonie

Le voyage est un mode de vie typiquement contemporain. Mais il plonge aussi ses racines dans les profondeurs de l’histoire humaine. C’est au travers du voyage – déplacement, migration et vie nomade, exil même – que les êtres humains ont écrit leur histoire et créé leur identité – l’humanité. La vie est un éternel voyage, entre le point de départ et la destination finale, entre le passé et l’avenir, entre la mémoire et la réalité, entre l’émotion et l’imagination… Certains voyagent sur leur ordinateurs, d’autres dans leur imagination.

 Robert Cahen de par son œuvre est l’expression vivante de ce processus, résolument contemporaine par l’appel aux techniques les plus modernes (appareils électroniques pour produire sons et images), elle explore et expose aussi les aspects essentiels de notre vie d’aujourd’hui. C’est un mouvement permanent ou « passage », pour reprendre l’expression de l’artiste, entre stabilité, enracinement, voisinage et changement, déplacement, globalisation… et le fait même d’être créé au travers des échanges.
Robert Cahen, le monde entier connaît sa haute silhouette vêtue de noir, (ou de bleu) boucles devenues blanches, yeux bleus au regard soutenu, à la démarche virevoltante, voire flottante. RKN est à l’image de certains oiseaux migrateurs qui voguent d’un continent, l’autre, à la rencontre de la beauté et de la poésie du monde, qui sont au cœur de son travail . Mais qu’est-ce qui fait courir RKN ? Il n’est jamais à court d’idées, un projet à Macao juxtapose un autre aux Philippines. Proustien et baudelairien, dans sa recherche du temps, qu’il ne perd jamais, en tentant de l’arrêter, par des effets qui lui sont si personnels, reconnaissables, flous, poétiques.

 
La vidéo est dans une certaine mesure comparable à une lanterne magique, objet proustien grâce auquel l’enfant qui est en l’homme peut projeter des images sur les murs de sa chambre, se raconter des histoires pour échapper au temps ; mais l’artiste, lui, connaît le secret du monde, et les vidéos de Robert Cahen le révèlent comme les derniers mots de : À la recherche du temps perdu.
Stephan Audeguy
Voyager/Rencontrer, titre d’une exposition en Asie, caractérise l’artiste. Les vidéos et installations sont inspirées de ses voyages dans différentes parties du monde. Le spectateur est entraîné dans un véritable monde flottant, voguant entre la réalité et la fiction, dans une expérience quasi physique du voyage.
Cette fois ce voyageur infatigable s’aventure en Patagonie, avant de nous réserver de multiples surprises en Europe et notamment en France pour 2013 et plus.
Robert Cahen participe au Festival International de documentation Expérimentale de Patagonie  « PAFID » avec les oeuvres suivantes :

 

clic sur les images

Robert Cahen & Marie Freudenreich

Exposition au forum de l’Hôtel de Ville de St Louis, jusqu’au 1 juillet 2012
Vernissage le 8 juin à 18 h 30, suivi d’une rencontre-discussion avec les artistes.
Avant première depuis le 1 juin 2012

(é)mouvantes couleurs

Un « dialogue sans cesse renouvelé entre visible et invisible, narration et poésie. »
(Sandra Lischi)

Robert Cahen & Marie Freudenreich

Marie Freudenreich photo DNA Kristin Jurack

Deux artistes, de générations différentes, réunis par une perception de l’espace  et du mouvement semblable. L’un artiste affirmé, Robert Cahen (voir ici 2e partie) exposant régulièrement un peu partout dans le monde, l’autre Marie Freudenreich, timide, effacée, talentueuse, connaissant bien sa partie, mais ne se livrant pas d’emblée. Son travail est tout en finesse, en délicatesse, des dessins, à l’encre de Chine et à la tempera. (peinture à l’œuf) La tempera est un procédé de peinture, qui consiste à délayer des pigments en poudre dans de l’eau additionnée d’un agent liant tel le jaune d’œuf.

Cela permet des couleurs vives et translucides. Peinture utilisée à la fin du Moyen Age et au début de la Renaissance, Marie l’a remise au goût du jour, en l’adaptant à sa manière.

Elle ne peint pas sur bois, mais sur un papier très fin, qu’elle a rapporté lors d’un voyage en Chine, d’où résultent raffinement et élégance. Ses dessins, sont très géométriques, parfois des bâtons qui semblent danser au gré de leur fantaisie, projetant des ombres, un œil aveugle, tout en mouvement et en couleurs. Les mouvances de sa tempera envoient tout naturellement aux nuages et aux mouvements des vidéos de Robert Cahen.

Est-ce le vide de l’absence autour de cette table-installation,  au milieu des fragiles dessins sur papier chinois suspendus en cercle, au centre du forum ? Attend-elle des convives ?

La grande toile spécialement conçue pour l’exposition ‘Fade to black’ (fondu de noir) n’est ni du Soulages, ni du Rothko, ni du Pollock, c’est du Marie Freudenreich
.

Après 3 ans d’études à l’école des Beaux  Arts de Nancy, Marie a tenté l’expérience d’une école d’art américaine, pendant 5 ans, pour étudier la sculpture et la peinture à la tempera puis elle revient à Mulhouse, pour exercer son art.

La jeune femme fort timide ajoute
« On peint pour dire ce qu’on ne sait pas dire ».

Ce jeu de couleurs en mouvement, se retrouve dans l’installation vidéo de Robert CahenPaysages / Passages, dans les moniteurs de télévision, qui montrent le moteur de la télé  visible sous leurs  caches en plexiglass.
« Il y a trois sources d’images, extraites du film ”juste le temps”
(projeté au Jeu de Paume en 2010)
  de 1983, une fiction expérimentale dans laquelle deux personnages se rencontrent dans un train
», explique Robert Cahen.
Il a travaillé en postproduction le défilement du paysage vu d’un train en jouant sur des effets vidéo comme la vitesse, les couleurs et l’évocation du passage, le passager est hors champ, c’est à dire nous.

« C’est une notion permanente de mon travail, parce qu’on peut y retrouver la valeur du temps et les transformations de l’existence ».

Art  où l’artiste conjugue poésie avec virtuosité,  Art vidéo dont il est  pionnier.

Cette œuvre est prêtée par le fond régional d’art contemporain (Frac) d’ Alsace à Sélestat, elle était exposée au ZKM de Karlsruhe.

Robert Cahen & Marie Freudenreich

Robert Cahen et Thierry Maury -photo DNA Kristin Jurack

Les œuvres de Robert Cahen de la période 1973-2007 ont été éditées sous forme de coffret, en DVD, que l’on peut acquérir auprès d’Ecart Productions, au FRAC, au jeu de Paume, à la galerie Stampa de Bâle (Art Basel) Centre Pompidou, et auprès de la Vitrine,  53 Avenue Kennedy à Mulhouse.

 

La Fondation Paul Sacher de Bâle

La visite de la Fondation Paul Sacher,  initiée  par  Stéphane Valdenaire, historien de l’art a  permis de découvrir un lieu qui fait vivre sa mémoire et conserve des témoignages émouvants.

¨Paul Sacher

Aboutissement de l’engagement de Paul Sacher envers les compositeurs du 20e siècle, la Fondation est un lieu d’ordinaire réservé aux musicologues du monde entier.
Elle abrite des collections artistiques précieuses et les archives de noms qui ont marqué la musique du 20e siècle : manuscrits de Stravinski, Webern, Varèse, Bartók, Boulez …
Feldman, Grisey, Maderna, Kagel...
Robert Piencikowski

C’est Robert Piencikowski, musicologue, ancien chercheur de l’Ircam, qui développa avec verve, humour et générosité, l’œuvre de Paul Sacher. Il nous présenta quelques trésors, extraits pour l’occasion des coffres-forts de la Fondation, située place de la cathédrale, dont les baies vitrées permettent une vue unique sur le Rhin. Cette place pourrait être appelée place ou carrefour des grands hommes, avec la tombe d’Erasme dans la cathédrale, l’immeuble où enseigna Nietzsche et la présence émouvante de Holbein.
Sa présentation était ponctuée d’anecdotes croustillantes, qui ont affluées dans la vie de Paul Sacher.
Si son nom ne disait rien au grand public, les compositeurs et
interprètes de ce siècle le considéraient depuis longtemps comme un véritable prophète.
A 20 ans, il crée son premier orchestre de chambre  d’amateurs  à Bâle et, à 35 ans, le Collegium Musicum à Zurich. Depuis, il a dirigé plus de 200 oeuvres modernes, généralement des premières de compositeurs dont il a souvent été le mécène inespéré.  Dans sa résidence de Schönenberg, sur les hauteurs de Bâle, Paul Sacher recevait des amis répondant aux patronymes de Dürrenmatt, Tinguely, Niki de Saint-Phalle, mais également de Bartok, Boulez et Penderecki. Sur les grands murs blancs, des toiles de Braque, Miro, Picasso, Klee et Chagall, avec lesquels Maja Hoffmann-Strehlin, qu’il avait épousée en 1934, s’était liée d’amitié lorsqu’elle travaillait dans l’atelier parisien de Bourdelle.

A l’intérieur des coffres-forts, s’accumulait la plupart des partitions autographes (une centaine) qu’il avait commandées à Bartok, Stravinski, Honegger, Britten, Henze, Dutilleux ou Boulez.
Igor Stravinsky

Son ambition: défendre les contemporains menacés par l’incompréhension du public  Stravinski hué lors de la création du Sacre du printemps, Berg vomi par Vienne  et donner le répertoire baroque et classique jusqu’au XVIIIe siècle, alors totalement méconnu. Pour parachever sa mission, il créait de nouveaux outils: la Schola Cantorum Basiliensis et la Basel Academy of Music, réunissant compositeurs, musicologues et étudiants. En 1941, à la tête du Collegium Musicum de Zurich, dernier orchestre de chambre de sa création, il défendait dans le monde entier des oeuvres qu’il avait commandées et créées. Sa collection constituée au départ par son intuition, fut consolidée par son mariage avec la veuve et héritière d’Emmanuel Hoffman,  fils du fondateur des Laboratoires pharmaceutiques Hoffmann-Laroche, le plus gros chiffre d’affaires helvétique , la fortune de Paul Sacher allait être investie dans la constitution d’un répertoire extraordinaire.
C’est pour son Orchestre de chambre de Bâle que Bartok écrivit en 1936 la fameuse Musique pour cordes, percussions et célesta, puis le Divertimento pour orchestre à cordes. Des années plus tard, Boulez composera Dérive 2 & 1 à partir des lettres du nom du compositeur, et Dutilleux, Trois strophes sur le nom de Paul Sacher, pour violoncelle.


Son intuition peut être qualifiée de géniale: de Hindemith à Takemitsu, il pressent quels noms vont rester. Quant à son austère noblesse, elle est légendaire: il préférait le néoclacissisme de Stravinski (à qui il avait commandé Capriccio) au post-romantisme de Strauss. Mais, apprenant que ce dernier était à la fin de sa vie dans le besoin, il lui avait commandé Métamorphoses, sans même évoquer le refuge trouvé chez lui par un Rostropovitch déchu de sa nationalité soviétique. Son soutien à Boulez et à Berio lui valait les commentaires acerbes de son compatriote, le chef Ernest Ansermet. Il lui répondait qu’il était triste de le voir perdre sa curiosité et son enthousiasme avec l’âge.
Collectionneur, Paul Sacher avait arraché le lot Stravinski (partitions, lettres, passeports, piano) à la Morgan Library et à la New York Public Library, en 1983, pour 12 millions de dollars. Sa fondation, sise dans une cathédrale, avec étages et quelques sou-sols, voisine de celle de Bâle, gère aujourd’hui une soixantaine de fonds  de Webern à Maderna  accessibles aux chercheurs. Venu en 1986 léguer l’intégralité de ses manuscrits, Boulez avait écrit sur le livre d’or: «Visite à mon futur tombeau.»
Fac similé

 
Pour ses 90 ans, le fondateur de l’Ensemble intercontemporain avait dirigé un concert hommage à la Cité de la musique. Né le 28 février 1906 à Bâle, il s’y est éteint.
extraits de divers articles de presse
Eclat de Pierre Boulez Festival de Lucerne
la Maitre du temps Robert Cahen Pierre Boulez dirige Mémoriales

"C'est vous dont la mère est folle" Marguerite Mutterer

Après « Le récit de Margh », Marguerite Mutterer

Marguerite Mutterer. Archives Dom Poirier

plonge dans ses souvenirs d’enfance, avec le deuxième tome de sa biographie :
« C’est vous dont la mère est folle »
, qui se déroule à Mulhouse entre 1920 et 1940.

Derrière le récit, l’histoire, les anecdotes, ces deux ouvrages révèlent les
faces secrètes d’une personnalité hors du commun, mais également un talent d’écrivain, d’ores et déjà couronné par le
prix de Littérature et de philosophie 2011 de l’Académie française.

Après ces deux premiers récits, Marguerite Mutterer travaille actuellement au tome 3,
qui retracera :
l’histoire du Centre de Réadaptation de Mulhouse, dont elle fut la créatrice et la directrice pendant 40 ans.

Entre histoires et Histoire, voici des pages qui vont incontestablement enrichir
la bibliographie mulhousienne contemporaine.
Bonne lecture !
André Heckendorn

Un autre regard sur le handicap
Film de Robert CAHEN réalisé pour le Centre de Réadaptation de Mulhouse
Connue pour avoir fondé le Centre de réadaptation de Mulhouse, Marguerite Mutterer s’est passionnée pour l’écriture il y a quelques années et a publié Le récit de Margh, tranche de vie d’une adolescente de 19 ans entre 1938 et 1945. Réédité pour les fêtes chez Jérôme Do Bentzinger Editeur, le livre a été distingué par la médaille d’argent du prix de littérature générale Louis Barthou 2011 de l’Académie française.
Le récit de Margh n’est pas un roman, encore moins une histoire d’amour sur fond de guerre ou un document historique. C’est une tranche de vie, celle de Marguerite Filbert, jeune Alsacienne de 19 ans, où s’entremêlent la guerre et ses peurs, la Résistance et ses combats, l’amour et ses tourments.
La Résistance au féminin
Au fil des 147 pages de ce récit, l’auteur évoque l’humiliation de devenir allemande, la fuite vers le Territoire de Belfort, le premier hiver sous l’Occupation, le rationnement, le sentiment de solitude, l’horreur des postures nazies, la peur de la délation, la naissance de sa vocation dans le social, ses premiers émois amoureux et surtout, son désir d’agir. Contre la dictature du « Sois belle et tais-toi », Marguerite Mutterer raconte la guerre autrement. Pas forcément d’un point de vue féministe, mais féminin. La Résistance, pour elle, était une envie. Des passages de ligne et des exploits militaires qui ont duré trois mois.
À 90 ans, Marguerite Mutterer a encore beaucoup à partager. Son prochain récit, à paraître début 2012, sera consacré à son enfance ainsi qu’à son retour à Mulhouse en 1945.
Le récit de Margh, par Marguerite Mutterer, Ed. Jérôme Do Bentzinger. 19 €. En vente à la librairie Bisey et au Relais de la gare à Mulhouse.
L’Alsace du 18/12/2011signé CB
 

Sommaire de décembre 2011

01 décembre 2011 :  JR au cube
05 décembre 2011 :  Christian Geiger
06 décembre 2011 :  En vadrouille
10 décembre 2011 : Le Venin du Mort et l’Histoire des Rues de Mulhouse
17 décembre 2011 :  Zahra Poonawala
19 décembre 2011 :  Zoom sur Mulhouse
20 décembre 2011 :  Robert Cahen « Voyager / Rencontrer » : exposition en Chine
21 décembre 2011 :  Silvi Simon à la Chambre
25 décembre 2011 :  Joyeux Noël
26 décembre 2011 :  Fra Angelico et les Maîtres de la lumière
31 décembre 2011 :  Mon bilan de Venise 2011

 
 
 

Robert Cahen « Voyager / Rencontrer » : exposition en Chine

Robert Cahen Shanghai
 Shanghai du 19 décembre 2011 au 29 janvier 2012
 
Le voyage est un mode de vie typiquement contemporain. Mais il plonge aussi ses racines dans les profondeurs de l’histoire humaine. C’est au travers du voyage – déplacement, migration et vie nomade, exil même – que les êtres humains ont écrit leur histoire et créé leur identité – l’humanité.
La vie est un éternel voyage, entre le point de départ et la destination finale, entre le passé et l’avenir, entre la mémoire et la réalité, entre l’émotion et l’imagination… L’œuvre de Robert Cahen est l’expression vivante de ce processus – elle est en même temps résolument contemporaine : non seulement elle fait appel aux techniques les plus modernes (appareils électroniques pour produire sons et images), mais elle explore et expose aussi les aspects essentiels de notre vie d’aujourd’hui – c’est un movement permanent ou《passage》, pour reprendre l’expression de l’artiste, entre stabilité, enracinement, voisinage et changement, déplacement, globalisation… et le fait même d’être créé au travers des échanges.
Voyager/Rencontrer, l’exposition d’installation vidéo présente des créations de Robert Cahen depuis 1980, dont la plupart se sont inspirées de ses voyages dans différentes parties du monde. Le spectateur est entrainé dans un véritable monde flottant, voguant entre la réalité et la fiction, dans une expérience quasi physique du voyage.
partagé avec :

Laurence Demaison – Patrick Bailly Maître Grand – Robert Cahen

Patrick Bailly Maître Grand – LesTrophées-Tatoos (2011)

L’art une drogue légale, s’interroge Fabrice Bousteau (BA magazine) ? L’art rend-il heureux ? (Anne Cantin – Arts magazine) La réponse paraît évidente. Les artistes non reconnus, les marchands d’art ruinés, les collectionneurs obsédés, les musées déserts, vus des coulisses ne semblent pas refléter cette béatitude. Côté public, l’engouement constaté pour les expositions dans ces 20 et 21 e siècles semble une évidence. Est-ce un effet de mode où une prise de conscience, qu’il faut s’immerger dans l’art, le partager, le mettre aux programmes scolaires, afin d’aboutir à une vision humaniste de la culture. Les émotions qu’il procure, le sens qu’il peut donner à une vie, sont autant de vertus stimulantes qui devraient être inscrites dans les droits de l’homme ou du moins prescrites par la faculté (de médecine…) afin de mieux préserver nos facultés (mentales).
J’en avais rêvé, la Filature l’a réalisée : l’exposition de deux pointures de l’histoire de l’art dans les domaine précis de l’art vidéo et de la photographie, qui de surcroît habitent notre belle région : l’Alsace. Nous allons de surprise en contentement, car Patrick Bailly Maître GrandPBMG, expose conjointement avec sa moitié,
Laurence Demaison. Le couple est uni autant par l’argentique que par les liens du mariage. Quant au travail de cette moitié, il justifierait un « entier » par sa recherche, son ingéniosité, sa virtuosité.

Patrick Bailly Maître Grand Robert Cahen Laurence Demaison

Nos trois « stars » dont les liens évidents sont la poésie, l’invisible, la métaphore du temps, mais aussi l’étrangeté sont commentées elles aussi par des pointures : pour Laurence Demaison et PBMG, Muriel Berthou-Crestey, dont les titres de docteur en esthétique, critique d’art et chercheuse, indiquent immédiatement la haute tenue de la conférence d’avant le vernissage du 2 novembre 2011.
Extrait du Carnet à Facette : à lire ici  titre du blog de Muriel Berthou-Crestey
Robert Cahen, présenté, pas son ami écrivain, Stephan Audeguy , auteur de nombreux ouvrages dont la « Théorie des nuages » et le dernier sorti : Rom@, comme proustien et baudelairien, dans sa recherche du temps qu’il ne perd pas en tentant de l’arrêter, présenté dans les nombreuses conférences, données à l’occasion  de la rétrospective de ses films et vidéos en 2010 au Jeu de Paume à Paris, puis à Strasbourg, lors de la sortie du
coffret par Ecart Production en 2010 qui donne une vision de sa production de
films et vidéos entre 1973 et 2007, de son court métrage sur Pierre Boulez « les Maîtres du Temps » ,  au Fresnoy.  Stephan Audeguy a eu le privilège d’être pensionnaire (intra muros) de la Villa Médicis à Rome, comme RKN (hors les murs),
Un autre texte écrit par Hou Hanru, critique d’art, actuel commissaire de la biennale de Lyon, commissaire d’exposition né en Chine, de nationalité française, Chevalier des Arts et des Lettres,  dont le mot d’ordre est : multiculturalisme, mondialisation et pluridisciplinarité de la scène artistique, dans le livret qui accompagne le coffret du DVD et CD.
Toutes ces festivités étant chapeautées par Anne Immelé photographe, docteur en Art, professeur à l’Ecole du Quai, École supérieure d’art de Mulhouse et à l’Université Marc Bloch de Strasbourg.
Que dire après que toutes ces sommités se soient exprimées, que la presse se soit fait largement écho de l’événement ?
Ma rencontre avec Patrick Bailly Maître Grand, que je me permets d’appeler familièrement PBMG :
PGMG LA FACE et LE PROFIL (2006-2007).

Patrick Bailly-Maître-Grand , nous a accueillis dans son atelier de Strasbourg, un samedi de mars 2007. Ce fut un après midi de grâce. Il nous permit de suivre quelques-unes des innombrables pistes qu’il emprunte et explore depuis plusieurs années, avec une égale passion et une curiosité sans failles. D’emblée nous sommes fascinés par ses petites vanités, ses natures mortes. Il explore les procédés anciens et fait fi de l’aventure du numérique, qu’il trouve sans véritable imagination, ne permettant pas une réelle aventure et un enrichissement intellectuel.
Chaque matin dit-il avec malice, il a la chance de se réveiller avec une idée de sujet, qu’il s’ingénie à mener à son terme, en y consacrant toute son énergie, son temps, sa « débrouillardise » On a l’impression que son imagination est sans limites, à l’instar de ses grandes photos « les fourmis ».
Il nous raconte les réalisations de quelques unes de ses œuvres sans jamais dévoiler le « secret ». Son œuvre est multiple, astucieuse, ironique. On est presque saisi de vertige devant tant d’inventivité et de beauté pure. Inlassablement il nous montre les nippones d’eau, les digiphales, le virage, le rayogramme ou photogramme, les anneaux d’eau, les poussières d’eau, les verres d’eau, le vase, l’éclipse de 99 dans une tasse de café,
Patrick Bailly Maître Grand – Les Vanités

les Véroniques, les Maximilennes, Sirius, le hasard et la nécessité, le pâté d’alouettes, les gemelles, les comas, la mélancolie, son autoportrait en vampire. Sur son site en lien sur mon blog,  vous pouvez retrouver toutes les photos,
Nous tombons tous en amour devant Endroit en verre, j’en oublie beaucoup. Il nous fait une démonstration rapide de la caméra oscura. Je commence à gamberger devant les herbes….
Pendant des mois, les herbes de PBMG ont hanté mon imagination, je les voyais chez moi, sur mon mur blanc, zen, propices à la réflexion calme. Mais il me fallait créer un cadre digne de les acquérir. Un beau jour c’est arrivé, j’ai réussi à convaincre ma moitié d’aller à la rencontre de PBMG, d’acquérir enfin les Herbes convoitées.
Depuis je les salue au quotidien, je recherche les détails, les petites bestioles prises dans le faisceau du rayogramme. Quand mon moral est en baisse, il me suffit de les regarder pour que le calme et la sérénité m’inondent. Son oeuvre s’est continuée toujours aussi inventive et mystérieuse, montrant une intelligence du regard.
Magicien de la photographie, Patrick Bailly est un Grand Maître. Jamais patronyme n’a été si bien porté.
PBMG de souligner la phrase de Walter Benjamin  et son analyse de l’image photographique et de souscrire à la phrase d’un photographe américain, Harry Callahan :
« je photographie les choses pour voir à quoi elles ressemblent une fois que je les ai photgraphiées »
raisonnement qu’il considère unique de ce qu’est une photographie, un éclairage du regard.
La conférencière a cité Janus avec à propos, je lui préfère l’orchidée de PBMG  (photo )   de vœux de bonne année, sa signification  fortement érotique, sa grande richesse d’expression, sa merveilleuse fantaisie qui la caractérise est le symbole du désir d’amour et de plaisir. Sa zygomorphie m’offre une opportunité que je saisis avec plaisir pour vous parler de Laurence Demaison.

D’après ses photographies et son catalogue, je la voyais très grande et blonde, mais à ma grande surprise elle est plutôt grande certes mais brune. Telle l’omniprésente Cindy  Sherman, elle se transforme, se travestit, avec des perruques, des vêtements,  des masques, le visage et le corps ensanglantés, quelques fois gore, le rêve de presque toutes les femmes, d’être toutes les femmes, chaque fois une autre, tout en étant la même. Le travail photographique de Laurence Demaison est exclusivement constitué d’autoportraits (sauf  les séries « Radiopthérapie » et « Si j’avais su »).
Laurence Demaison

Les techniques utilisées – prise de vue, développement, tirage – sont argentiques et réalisées par l’auteur. Aucune manipulation particulière n’intervient au-delà de la prise de vue (sauf inversion chimique des films pour certaines séries)
Son travail orienté sur son corps, sur sa nudité où se mêlent érotisme, mystère, féminité, désir de choquer, réminiscences d’enfance, autobiographie ? C’est à elle de répondre, invisible, tout en étant visible et lisible ?  Ne dit-on pas que chaque artiste dans son œuvre fait son autoportrait, alors Laurence Demaison qui êtes-vous réellement ?
Photographies, dessins et peintures, tantôt  superposés, tous les possibles lui appartiennent.
Robert Cahen
Robert Cahen – L’eau qui tombe

« C’est en regardant longtemps de l’eau tomber, et en écoutant le bruit de sa chute, que le temps semble s’arrêter ».
Robert Cahen

La vidéo est dans une certaine mesure comparable à une lanterne magique, objet proustien grâce auquel l’enfant qui est en l’homme peut projeter des images sur les murs de sa chambre, se raconter des histoires pour échapper au temps ; mais l’artiste, lui, connaît le secret du monde, et les vidéos de Robert Cahen le révèlent comme les derniers mots de :  À la recherche du temps perdu
Stephan Audeguy


Robert Cahen, rebaptisé sans son autorisation RKN, le monde entier connaît sa haute silhouette vêtue de noir, boucles devenues blanches, yeux bleus au regard soutenu, à la démarche virevoltante, voire flottante. RKN à l’image de certains oiseaux migrateurs qui voguent d’un continent, l’autre, à la rencontre de la beauté et de la poésie du monde, qui sont au cœur du travail de RKN. Mais qu’est-ce qui fait courir RKN ?
Il n’est jamais à court d’idées, un projet à Macao juxtapose un autre en Colombie.

Robert Cahen Artiste vidéo

Du pôle nord, à l’équateur, en passant par l’Asie, les Etats Unis,  l’Europe, l’Alsace,  aux antipodes du monde, tout l’intéresse. Les traces de ses envolées sont visibles. Son œuvre vidéo est là pour nous montrer ses voyages et la réalité qu’il en extrait.  Dans ses nombreux voyages, il regarde défiler, le paysage, les gens. C’est ainsi que l’on croit percevoir, des souvenirs d’enfance, de vie d’adultes de tous âges, de toutes nationalités, avec une préférence pour l’Asie, des références cinématographiques à Hitchcock teintées d’érotisme, de fétichisme. Ce sont des rencontres, des apparitions, des disparitions,  qui évoquent le passage éphémère des choses et du temps. Ce temps suspendu, étiré, proustien dixit Stephan Audeguy, saturnien, onirique, où les personnages effectuent des passages, pour devenir flou avant de disparaître.
Les images sont musicales, les sons qui les accompagnent sont une évidence, le compositeur de musique concrète a rejoint l’œil du cinéaste, non pas comme dans un documentaire, mais dans un conte de souvenirs, une invitation à voir et regarder les choses, la beauté du monde, par le prisme du poète.
Dans un temps ralenti, arrêté,  pour mieux voir et en même temps nous faire toucher du regard, sinon de la conscience de l’éphémère de la vie. De l’eau qui coule, des corps qui flottent, comme le temps, la vie qui s’écoulent de façon immuable. Par cela même c’est une évocation constante de la mort, voire d’êtres chers disparus.
Contempler, pour en extraire les grâces, il a inventé un rapport à la beauté du monde. Affinité touchante avec les estampes, un désir de rendre au monde sa réalité, un rapport au temps et à l’éternité, tout en nous emmenant dans son voyage dans l’imaginaire.
C’est un personnage touchant, aux rêves communicatifs, ses amis du monde entier peuvent témoigner de sa curiosité, de sa cordialité, de son amabilité, et de son ouverture au monde,  dans la conception de  Hou Hanru, du multiculturalisme, de la mondialisation passive et de sa théorie :
« La force des artistes réside avant tout dans leur capacité à bousculer les concepts de frontières, de fermeture », « L’art est, par définition, synonyme d’ouverture et de main tendue », si simples et si terribles : tout est dans le temps. »
Hou Hanru.
Photos 1 et 2 Site de PBMG
autres photos et vidéos de l’auteur
clic sur les photos pour les agrandir

Tra au Palazzo Fortuny de Venise

 

Michael Borremans TRA

Pour se rendre au Palazzo Fortuny, il faut d’abord accepter de se perdre dans les ruelles de Venise. Il n’est pas rare d’y croiser des visiteurs revenant sur leur pas à la recherche de cette haute bâtisse dont l’entrée est nichée sur une petite place. Caché par son échafaudage, il n’est pas visible au premier coup d’œil, même si on se trouve devant.
Une entrée en matière idéale pour une exposition répondant à un titre étrange : « Tra ». Trois lettres qu’on retrouve dans les mots traversée, transport, traduction, transformation, mais aussi   l’anagramme d’ART,  Autant de mots en lien avec l’idée de voyage, de passage d’un monde à un autre.
Cette manifestation a été imaginée par le belge Axel Vervoordt qui, depuis plusieurs années, présente dans le cadre magique du Palazzo Fortuny, des expositions mêlant artistes présents et passés, œuvres d’art et objets vernaculaires, créations occidentales et orientales…
Plus que jamais il assume ici cette notion de « passage d’un univers à l’autre, proposant un parcours basé sur les échanges de connaissance, d’idées et d’information entre les cultures, en particulier occidentale et orientale ».
Dès les salles du rez-de-chaussée, les univers se croisent, entament un dialogue, dans une présentation aérée mais riche en découvertes.
Giacometti Objet Invisbile

Objet invisible de Giacometti accueille le visiteur. Un personnage tout en longueur comme le sculpteur nous y a habitué, semblant transporter entre ses mains un objet invisible. Quoi de mieux pour débuter un parcours qui invite à abandonner habitudes et préjugés pour découvrir la vidéo superbe de Shirin Neshat, les éclairs explosant dans le ciel d’Hiroshi Sugimoto, les cocons géants d’Adam Fuss, une petite toile de Michael Borremans
Hiroshi Sugimoto - TRA - Palazzo Fortuny Venise

Au hasard des salles et des étages, on croise Rodin, Fausto Melotti, Antoni Tapies, Luc Tuymans, Christina Garcia Rodero, Lucio Fontana, Zurbaran, Rothko, Matthew Barney… Une vraie déferlante d’artistes de renom, de toutes les époques et de toutes les cultures.
L’exposition n’a pourtant rien d’un bottin mondain. Elle tient plus du cabinet de curiosités.
On peut même la parcourir sans rien savoir des auteurs des différentes œuvres.
Le tout baigne dans une pénombre trouée de projecteurs. Le public se retrouve hors du temps, puisqu’il est simultanément dans toutes les époques. La magie du résultat doit cependant beaucoup à Fortuny, dont plusieurs robes se voient exposées. Fortuny lui-même aspirait à créer des vêtements sans rapport avec une mode.
Un luxueux désordre soigneusement agencé pour inventer un monde hors du monde,
que l’on peut contempler, en se vautrant  sur une banquette au milieu des trésors
TRA détail

On se laisse alors emporter dans un vrai voyage où seul compte ce que nos yeux nous font ressentir. Car les expositions d’Axel Vervoordt se distinguent toujours par les juxtapositions judicieuses, audacieuses, inattendues ou lumineuses des œuvres les plus diverses.
En ce sens, une des plus belles réussites est sans doute l’installation du deuxième étage. Les murs lépreux du Palazzo ont des airs d’œuvres abstraites contemporaines sur lesquelles s’ouvrent plusieurs portes d’artiste (Kounellis, Bartolini, Donzelli…).
Anish Kapoor - TRA - Palazzo Fortuny Venise

Celle d’Anish Kapoor, simple cadre rouge s’ouvrant sur l’ensemble de l’espace et des œuvres est d’une évidence éblouissante.
Au Palazzo Fortuny, il faut savoir prendre le temps d’aller et venir, de repasser plusieurs fois dans les mêmes salles pour en appréhender toutes les richesses. Et ne pas oublier de gravir les dernières marches pour découvrir une installation de pierres et de cordes par Günther Uecker ou encore les toujours émouvants ballots de tissus de la Coréenne Kim Sooja. (vue à la Maison Rouge) (clin d’oeil à Heyoung et RKN)
Kim Sooja

Un voyage qu’on ne risque pas de regretter.
« Tra », jusqu’au 27 novembre, Palazzo Fortuny, Venise. Infos : www.visitmuve.it.
Images Internet + photo Maison Rouge + Fondation Maeght
les photos sont interdites au Palazzo Fortuny
 

Robert Cahen : le coffret des DVD à Art Basel 42

Le coffret de 2 DVDs 29 films de 1973 à 2007 + 1 cd avec 6 pièces musicales inédites,
2 textes de Stéphane Audeguy et Hou Hanru, produit par Ecart productions , que l’on peut acquérir sur le site,  est également en vente aux MACMS (Strasbourg), Beaubourg, Jeu de Paume, Palais de Tokyo , ZKM de Karlsruhe : 40 €,  vous pourrez aussi le trouver à :
Art Basel 42, au Bookshop de la Galerie Stampa  de Bâle présente ART Unlimited, hall 1.00 dont plan  à cliquer au bas du billet :

 
 
 
 
 


Robert Cahen - coffret 2 DVDs 29 films + 6 pièces musicales + livret

 

 La poésie est au cœur du travail de Robert Cahen. Dans ses nombreux voyages, il regarde défiler, le paysage, les gens, C’est ainsi que l’on croit percevoir, des souvenirs d’enfance, de vie d’adultes de tous âges, de toutes nationalités, avec une préférence pour l’Asie, des références cinématographiques à Hitchcock teintées d’érotisme, de fétichisme. Ce sont des rencontres, des apparitions, des disparitions,  qui évoquent le passage éphémère des choses et du temps. Ce temps suspendu, étiré, proustien dixit Stephan Audeguy, auteur de la Théorie des nuages, onirique, où les personnages effectuent des passages, pour devenir flou avant de disparaître.
Les images sont musicales, les sons qui les accompagnent sont une évidence, le compositeur de musique concrète a rejoint l’œil du cinéaste, non pas comme dans un documentaire, mais dans un conte de souvenirs, une invitation à voir et regarder les choses, la beauté du monde, par le prisme du poète.
Dans un temps ralenti, arrêté,  pour mieux voir et en même temps nous faire toucher du regard, sinon de la conscience de l’éphémère de la vie. Par cela même c’est une évocation constante de la mort, voire d’êtres chers disparus.
Contempler, pour en extraire les grâces, il a inventé un rapport à la beauté du monde. Affinité touchante avec les estampes, un désir de rendre au monde sa réalité, un rapport au temps et à l’éternité, tout en nous emmenant dans son voyage dans l’imaginaire.
 
 
 
 
 
 
 


Robert Cahen

 


Ci-dessous une  courte biographie sur le site de l’heure exquise, où l’on peut visionner l’intégralité de ses films.
Ceux figurant dans le coffret, Fleur Chevalier,  doctorante en histoire de l’art,  en a  écrit une analyse  intéressante et détaillée, sur un site au titre évocateur « Il était une fois le cinéma« , je lui laisse la parole :
Quelques extraits de l’article :
« Comme une feuille, Robert Cahen a rêvé de glisser sur les eaux. Une de ses faces épouserait la matière tandis que l’autre resterait tournée vers le ciel. Lové entre les éléments, il serait ainsi confortablement déposé entre l’air et la mer. L’univers n’aurait plus d’envers, ni d’endroit. La vie serait tout simplement renversante… »
 « Tout est propice à transfiguration chez Robert Cahen. Le moindre musicien dans les rues de Hô-Chi-Minh-Ville (Blind song, 2007) détiendrait le pouvoir de nous changer en serpent. Comme chaque remous dans l’eau refoule sûrement quelques terreurs primitives.

« S’il pleut, tu te mouilleras
S’il givre, tu auras froid
Sous la terre, il doit faire sombre
Si tu flottes, sur les vagues
Si tu plonges, sous les vagues
Si c’est l’eau du printemps, tu ne souffriras pas. »

Entre deux rives, Robert Cahen a dû souvent se réciter ce poème de Sôseki.

« En flottant distraitement »…
l’article complet ici
clic sur l’image

Stampa Bookshop - Art Unlimited Hall 1.0 Art Basel 2011

Brochette d'artistes au ZKM de Karlsruhe pour "Narrathing the invisible" de Robert Cahen

pelerinage-au-zkm.1299971360.jpgQuand l’art se conjugue avec l’amitié, cela donne lieu à des rencontres, des colloques, des discussions, des soirées,  des échanges d’idées, des sorties comme celle de ce mercredi 9 mars 2011, au ZKM de Karlruhe à l’occasion de l’exposition de Robert Cahen, « Narrating the invisible »  montrer l’invisible.
Ses expositions l’une à Karlsruhe, l’autre à Luxembourg, à la Galerie Lucien Schweitzer,  intitulée : « d’un côté, l’autre «  on été le coup d’envoi par Ecart production, dont le créateur est Philippe Lepeut de l’édition d’un  Coffret  de 2 DVD (29 films) et 1 CD audio comportant 6 œuvres musicales inédites + 1 Livret 80 pages couleur
Textes | Stéphane Audeguy écrivain, ex-pensionnaire de la Villa Médicis | Hou Hanru
pochette-dvd-rkn.1299978392.jpg

De nombreux articles ont été consacrés à ses expositions et à la sortie du coffret, qui est en vente dans les boutiques de musées, de Beaubourg, du Jeu de Paume, du Palais de Tokyo, au MAMCS (Strasbourg) au ZKM de Karlsruhe.
Consultable à l’avenir dans les médiathèques et que vous pouvez acquérir directement chez Ecart production au prix de 40 € + 5 € de frais de port.
Robert Cahen pensionnaire hors les murs de la Villa Médicis en 1992, s’est ainsi prêté au jeu de l’appréciation et des critiques de ses amis artistes, qui oeuvrent dans des domaines, différents.
Denis Ansel dont personne n’a oublié l’exposition « ton beau Rouge Lucrèce », mais aussi le portrait de Jacky Chevaux à l’occasion de la rétrospective de ce dernier au musée des  BA de Mulhouse. Bernard Latuner et ses Peplum,  dont je vous réserve une visite d’atelier et une future exposition en octobre au musée des Beaux Arts de Mulhouse.
Joseph Bey, scientifique dont le travail en est le pur reflet de sa démarche intellectuelle. Les toiles à dominantes grises, lacérées, peintes, collées, poncées invitent à réfléchir sur l’origine de l’univers. Une abstraction qui tend vers une certaine idée de la disparition et rejoint l’idée de montrer l’invisible de RKN.
Les murs peints de Daniel Dyminsky ne peuvent échapper à personne qui visite Mulhouse.
Guido Nussbaum,  qui a coproduit avec RKN « Attention ça tourne »
est essentiellement connu en Suisse.
Dans une scénographie qui privilégie une pénombre intime où les œuvres sont autonomes mais « respirent » ensemble, Cahen propose aussi une nouvelle mise en espace de certaines de ses installations, comme Paysages-Passage (1983-2003), reprenant les images et les formes pour dessiner une nouvelle traversée des paysages. Jouant du ralenti (l’artiste fait sien le propos de Barthes : « Ralentir pour avoir le temps de voir enfin ») comme de la texture même des images, Cahen peut méditer -et nous avec lui- sur les vertus poétiques de l’image électronique. Point ici de propos militant ou politique mais une volonté de jouer avec les sensations impressionnistes du spectateur.arret-sur-image-de-hong-kong-song-video-de-robert-cahen-realisee-en-1989.1299977701.jpg C’est le cas avec Images de Chine, conçu pour l’opéra Cru d’automne de Xu Yi ou encore dans le rythme d’un temps différé de Paysages d’hiver ou du Cercle, deux œuvres qui appartiennent aussi aux voyages lointains de Cahen, ici dans l’Antarctique et l’Arctique. Et puis, il y a ces deux pièces magnifiques qui atteignent le spectateur au plus profond de lui-même. Tant Traverses que Françoise en mémoire parlent ni plus, ni moins que de l’existence qui glisse et passe… texte Pierre Cereja
Exposition prolongée jusqu’au 25 avril 2011