Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten

 Hon – en katedral
Au Grand Palais, Galeries 3 et 4, jusqu'au 04.01.26
Exposition coproduite par le Centre Pompidou et le GrandPalaisRmn avec l’aimable participation de la Niki Charitable Art Foundation
Commissaire Conservatrice en chef des collections contemporaines
Musée national d’art moderne – Centre Pompidou
Sophie Duplaix
Commissaire associée Attachée de conservation
Musée national d’art moderne – Centre Pompidou Rita Cusimano

Niki de Saint Phalle (1930−2002) et Jean Tinguely (1925−1991) marquent les premières décennies du Centre Pompidou avec des réalisations spectaculaires, telles Le Crocrodrome de Zig & Puce (1977) dans le forum du bâtiment ou la Fontaine Stravinsky (1983), commande de la Ville de Paris, au pied de l’Ircam.

Cette exposition, fabuleuse − qui inaugure la collaboration entre le Centre Pompidou et le GrandPalaisRmn pendant la fermeture pour rénovation du site
« Beaubourg » − met en lumière des moments clés de la carrière de ce couple mythique, uni par des liens artistiques indéfectibles et une vision de l’art comme acte de rébellion contre les normes établies.

C’est par le prisme de Pontus Hulten (1924−2006), premier directeur du Musée national d’art moderne au Centre Pompidou de 1977 à 1981, que l’exposition revient sur les créations de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely. Grâce à l’impulsion donnée par cette personnalité très tôt remarquée dans le monde des musées,les deux artistes bénéficient d’une importante visibilité. Hulten, animé par l’idée rimbaldienne de « changer la vie » et porté par une approche muséale radicale et novatrice, offre un soutien inconditionnel au couple d’artistes. Il partage leurs conceptions anarchistes au service d’un art pour tous, pluridisciplinaire et participatif, qui bouscule les conventions et déplace les lignes.
Pontus Hulten favorise l’acquisition par les institutions d’œuvres
majeures de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, et organise au Centre Pompidou des rétrospectives des deux artistes, celle de Saint Phalle en 1980 et de Tinguely en 1988. Il orchestre également la réalisation de leurs projets d’installations hors normes, tant au Moderna Museet de Stockholm, la première institution qu’il dirige, avec la gigantesque sculpture pénétrable


Hon – en katedral en 1966, qu’à Paris au Centre Pompidou avec Le Crocrodrome de Zig & Puce et ses éléments de fête foraine, en 1977.
C’est aussi grâce à Pontus Hulten que Niki de Saint Phalle parachève la réalisation d’une vie de Jean Tinguely après son décès, Le Cyclop, monstre de métal visitable ponctué d’œuvres d’amis artistes et caché au cœur des bois de Milly-la Forêt, près de Paris.

L’exposition « Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten » propose un parcours à la fois historique et ludique, où s’entrelacent art, amour, amitié et engagement, tout en soulignant la part d’utopie et de provocation artistique partagée par les trois protagonistes.

La richesse de la collection du Centre Pompidou, associée à des prêts majeurs d’institutions nationales et internationales, permet de découvrir ou redécouvrir des œuvres emblématiques des deux artistes. Les machines animées, plus ou moins autodestructrices et « inutiles », de Tinguely, sont une critique acerbe de la mécanisation et du progrès technologique de la société industrielle des
Trente Glorieuses. Les Tirs de Niki de Saint Phalle, reliefs blancs renfermant des poches de couleurs sur lesquels elle tire pour « faire saigner la peinture », renversent tant les codes de l’art que de la société, en mettant en évidence le pouvoir féminin.

Ses célèbres Nanas colorées et joyeuses s’inscrivent dans la continuité de cette approche iconoclaste. L’exposition présente également des films d’archives rares et toute une correspondance de lettres-dessins autour des œuvres et des projets titanesques de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, menés en complicité avec Pontus Hulten.

Au-delà de la célébration de deux artistes majeurs du 20e siècle, portés par la vision d’un homme de musée d’exception, cette exposition interroge leur horizon de pensée selon lequel la revendication d’une autonomie de l’art, la remise en question de l’institution et l’adresse directe au public, deviennent des moteurs de la création.
2025 marque le centenaire de la naissance de Jean Tinguely

Tinguely, l’Enfer un début

Quelques vidéos de l’exposition
Le jardin des Tarots

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à caster sur votre télévision dès aujourdhui

film très complet

Informations pratiques

Accès
Grand Palais, Galeries 3 et 4
Entrée square Jean Perrin
17 Avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris
Métro ligne 1 et 13 : Champs Elysées-Clemenceau
ou ligne 9 : Franklin D. Roosevelt
Ouverture
Du mardi au dimanche
De 10h à 19h30
Nocturne le vendredi jusqu’à 22h

Altiplano au bord de l’Ill

Dans le cadre de la Biennale de la photographie 2025 de Mulhouse vous pouvez suivre le photographe espagnol Pablo Castilla avec sa série Altiplano exposée sur les berges de l’Ill à Mulhouse. Une promenade bucolique, agréable et dépaysante, accompagnée par les chants d’oiseaux, les cris des baigneurs, le croisement de joggeurs et autres promeneurs.

La région d’Altiplano est l’une des moins peuplées du sud de l’Espagne, une zone vaste et aride que le photographe explore depuis 2015. Aujourd’hui désertifié, ce territoire accueillait il y a plusieurs millions d’années
un écosystème d’une richesse absolue. Des fouilles archéologiques ont permis d’y mettre au jour les traces d’espèces animales désormais disparues mais aussi celles des premières communautés humaines installées en Europe.
Guidé par un chaman dans le monde souterrain autant que spirituel, Pablo Castilla a souhaité mettre en dialogue le paysage de surface avec cette autre strate de réalité.

Biographie

Né en Espagne en 1980, Pablo Castilla vit et travaille en Norvège. Son travail photographique, cinématographique ou de performance se situe dans l’exploration directe de la réalité selon un langage documentaire. Il a été conservateur de la photographie à la Bibliothèque Nationale de Norvège et y a mené un projet pour la préservation de photographies d’observation solaire. Il bénéficie actuellement d’une bourse d’un an attribuée par la Direction norvégienne de la Culture.

BPM 2026

BPM 2026-SÉDIMENTATION(S)

Journées inaugurales les 5-6-7 juin

La 7ème édition de la BPM – Biennale de la Photographie de Mulhouse invite à explorer des géographies terrestres et mentales, en s’appuyant sur des notions de sédimentation, de stratification, de matière-flux et de plasticité des mémoires collectives et individuelles. Elle réunit des photographes qui parcourent le passé, intéressé·es par les fouilles géologiques tout autant que mémorielles.

Gabriele Münter – Peindre sans détours

Portrait de Marianne von Werefkin par Gabriele Münter
Au Musée d’Art Moderne de Paris
du 4 avril au 24 août 2025
Commissaires :
Isabelle Jansen, directrice de la Fondation
Gabriele Münter et Johannes Eichner, Munich
Hélène Leroy, conservatrice en chef, responsable
des collections, Musée d’Art Moderne de Paris

sur Arte

Le Musée d’Art Moderne de Paris présente la première rétrospective en
France consacrée à l’artiste allemande Gabriele Münter (1877-1962).
Co-fondatrice du cercle munichois du Cavalier Bleu (Blaue Reiter),
Gabriele Münter compte parmi les femmes artistes les plus éminentes de
l’expressionnisme allemand. Dans un monde artistique dominé par les
hommes, elle a su créer une œuvre extrêmement personnelle et diverse
qui s’étend sur six décennies.
Si son nom reste souvent associé à celui de Kandinsky qui fut son
compagnon durant ses années munichoises (1903-1914), Gabriele Münter
n’a jamais cessé de se renouveler, avec une étonnante modernité,
maîtrisant un grand nombre de techniques et laissant une œuvre
foisonnante.

Portrait de Gabriele Münter par Wassily Kandinsky

À la suite des rétrospectives très remarquées consacrées à Sonia
Delaunay en 2014-2015, Paula Modersohn-Becker en 2016 et Anna-Eva
Bergman en 2023, le MAM poursuit ainsi sa politique de présentation de
figures féminines majeures de l’Art moderne dont les parcours artistiques
sont étroitement liés à la capitale. Le musée invite à découvrir cette
pionnière de l’Art moderne, qui débuta sa carrière à Paris, où elle exposa
pour la première fois en 1907 au Salon des Indépendants.
À travers une sélection de 150 œuvres de différentes techniques
(peinture, gravure, photographie, broderie, etc), cette exposition inédite
en France a pour ambition de proposer un parcours chronologique
détaillé de l’œuvre de Gabriele Münter, représentant plus de 60
années de son œuvre et de son importance pour l’histoire de
l’Art du XXème siècle.

Gabriele Münter traite de façon inattendue les thèmes classiques de la peinture avec des compositions et des cadrages audacieux, que révèle l’observation attentive de ses tableaux. Sa manière de simplifier les formes, par des jeux de lignes et de cernes, et son emploi des couleurs vives, donne à ses portraits et à ses paysages une intensité toute particulière, presque symbolique et poétique, alors qu’ils figurent des personnages et des lieux ancrés dans la réalité quotidienne. Elle joue de la perspective et des lumières afin de donner à ses natures mortes des aspects mystérieux et oniriques.

La première section de l’exposition accorde une place particulière aux photographies de Münter, qui documentent ses premiers voyages aux Etats-Unis (1898-1900) et en Tunisie (1903-1904). Ce voyage aux
Etat-Unis est considéré comme un moment charnière aux prémices de sa carrière ; là-bas, elle se familiarisa avec la technique relativement récente de la photographie et réalisa près de 400 clichés.
Alors qu’elle n’avait pas encore commencé à peindre, la pratique de la photographie a marqué son regard.

Gabriele Münter Autoportrait

De retour en Allemagne, Gabriele Münter s’installa à Munich où elle fit la connaissance de Kandinsky. De 1904 à 1908 le couple entreprit de nombreux voyages pendant lesquels Münter peignit et photographia.
La première section de l’exposition évoque en particulier le séjour en Tunisie de 1903-1904 à travers ses photographies et carnets de dessins.

La seconde section de l’exposition se concentre sur le premier séjour parisien de Münter en 1906 et 1907, durant lequel elle exécuta près d’un quart de l’ensemble de son œuvre gravé, en grande partie montré dans l’exposition, et introduit, à travers une série de portraits, l’évolution de sa peinture sous
l’influence des avant-gardes parisiennes dès son retour à Munich en 1908.
Cette section présente également les broderies de perles qui furent exposées à Paris au Salon d’Automne de 1906.

La troisième section de l’exposition présente les peintures phares des années 1908-1914 qui recouvrent la période dite « expressionniste » de son œuvre, et qui correspondent à son activité au sein de la Nouvelle
Association des Artistes de Munich, puis du Cavalier Bleu. L’artiste se fixa à Munich et acheta une maison à Murnau, dans les Préalpes bavaroises. Sa peinture devient alors plus expressive, se caractérisant notamment par l’emploi de couleurs vives et de formes simplifiées. Or, pendant cette phase, Gabriele
Münter ne peignit pas dans un style uniforme. Elle réalisa au même moment de nombreuses compositions aux couleurs sombres notamment lorsqu’elle traitait des motifs inspirés de l’art populaire. Cet intérêt pour l’art vernaculaire ainsi que pour l’art des enfants, qu’elle collectionna et reproduisit dans ses peintures, est présenté en contrepoint dans la quatrième section de l’exposition.


En 1915, Gabriele Münter s’exila en Scandinavie où elle resta jusqu’en 1920. Cette césure dans sa vie privée – Kandinsky était retourné en Russie où il se maria en 1917 – mais aussi professionnelle, s’accompagna également d’un changement dans sa peinture. Des tableaux aux tonalités plus retenues
firent leur apparition et la figure humaine y tint un grand rôle.

Gabriele Münter Javlensky

La cinquième section de l’exposition montre cette évolution stylistique au cours des années 1920, en lien avec les nouvelles tendances de la figuration. Parallèlement, le dessin qui, dès les débuts, fut pour Gabriele Münter une technique de prédilection reprit plus d’importance. Nombre d’entre eux se caractérisent par une économie de moyens.


Par l’emploi de seulement quelques lignes, l’artiste rend les personnes et leur caractère avec une force d’expression saisissante. Une importante sélection de ces dessins, peu vu, voire jamais exposés, est présentée dans cette section ainsi que des œuvres réalisées lors de son second séjour parisien en 1929 et 1930.


La sixième et dernière section évoque la peinture de Münter pendant la période du nazisme au cours de laquelle elle continua à peindre, en retrait du système officiel de l’art, exposant assez peu. Elle n’avait en effet aucun intérêt à trop attirer l’attention sur sa participation au groupe du Cavalier Bleu, sur les œuvres de sa période expressionniste et sur les œuvres abstraites de Kandinsky qu’elle a conservées de lui, restées cachées dans la cave de sa maison. L’exposition se clôt avec quelques œuvres phares du milieu des années 1930 à la
fin des années 1950 qui donnent un aperçu de la permanence et de l’intensité de son engagement artistique, le projet d’une vie, elle qui déclarait vouloir simplement « peindre sans détours ».

Informations pratiques

MAM
11, avenue du Président Wilson, 75116 Paris
Tél. 01 53 67 40 00
www.mam.paris.fr
Transports
Métro : Alma-Marceau ou Iéna (ligne 9)
Bus : 32/42/63/72/80/92
Station Vélib’ : 4 rue de Longchamp ; 4 avenue Marceau ; place de la reine Astrid ; 45 avenue Marceau ou 3
avenue Bosquet
Vélo : Emplacements pour le stationnement des vélos disponibles devant l’entrée du musée.
RER C : Pont de l’Alma (ligne C)
Horaires d’ouverture
Mardi au dimanche de 10h à 18h
(fermeture des caisses à 17h15)
Fermeture le lundi et certains jours fériés
Ouverture prolongée : les jeudis jusqu’à 21h30 et les samedis jusqu’à 20h

Cœurs aventureux

Exposition du samedi 14 juin au samedi 12 juillet 2025
dans le cadre de Mulhouse 025, biennale des commencements

Lucie Bretonneau, Nicolas Clair, Delphine Gatinois

Atelier de gravure de la HEAR-Mulhouse : Margarita Asylgaraeva, Eryne Bustarret, Emilia Deydier, Ehsan Jafari-Tirabadi, Aster Mackeown, Léo Mazoyer, Danae Kamitsis, Jihye Kim, Marina Quintin, Rachel Zilberfarb

A la galerie de la Filature de Mulhouse

L’exposition rassemble des œuvres de la dessinatrice Lucie Bretonneau, lauréate du prix Filature de la biennale Mulhouse 023, de Delphine Gatinois, photographe et artiste plasticienne en résidence au Collectif des Possibles de 2022 à 2024, de Nicolas Clair, artiste résident à Motoco, et des étudiant·es de l’atelier de gravure de la HEAR-Mulhouse, sous la direction d’Inès Rousset.

La Galerie

Les dessins de Lucie Bretonneau sont la trace d’un intérêt particulier pour la couleur qu’elle utilise pour faire jaillir la lumière de ses paysages. Pensées comme des trouées dans l’espace, les images vibrantes qu’elle compose sont comme des ouvertures issues d’un même geste répété et d’un protocole en mouvement.

Série Sharp, Lucie Bretonneau, 2024-2025
Pastel à l’eau sur papier
Dimensions variables

Delphine Gatinois a mené pendant plusieurs années un travail sur les groupes de conscrits qui construisent les bûchers de la vallée de Thann. Elle s’est intéressée en particulier à ce que cela veut dire de faire groupe à leur âge, avant que les études et la vie ne les dispersent.


 Passer l’hiver, Delphine Gatinois, 2022-2025
Installation, photographie, vidéo, objet

Nicolas Clair pratique les assemblages et les collages – de textes, de dessins, de photographies -, desquels émerge un sens par surprise et par rebondissement. Appliquant leurs recherches aux procédés de la gravure, de l’eau forte, de l’estampe ou du monotype, creusant ou dessinant par rebondissement.


Appliquant leurs recherches aux procédés de la gravure, de l’eau forte, de l’estampe ou du monotype, creusant ou dessinant par retrait des lignes dans le noir, les étudiants·es de l’atelier de gravure de la HEAR conquièrent l’invisible, dévoilent le réel par ses profondeurs, font émerger de l’obscurité des figures entre ombre et lumière. Dans nos paysages et nos architectures comme dans nos êtres, les artistes questionnent la notion de seuil et son ambiguïté : quelles sont les limites de notre intimité et quelle place laissons-nous à nos envies d’ailleurs et d’altérité ?

Crossing the border/Entre le jour et la nuit,
Aster MacKeown, 2025
Gravures sur bois

Delphine Gatinois

Informations pratiques

visites guidées pour les groupes (min. 10 personnes) sur rendez-vous edwige.springer@lafilature.org ou 03 89 36 28 34

La Galerie est membre de PLAN D’EST – Pôle arts visuels Grand Est et de La Régionale, art contemporain dans la région tri-rhénane

Galerie en entrée libre du ma. au sa. 13h-18h + di. 14h-18h + soirées de spectacles

Un accrochage estival conséquent en marge de l’exposition

La nouvelle présentation de la collection qui accompagne l’exposition « Vija Celmins » à la Fondation Beyeler est entièrement consacrée à la peinture. Des salles dédiées à des artistes individuel·le·s présentent des oeuvres ayant marqué ce médium traditionnel de leur empreinte particulière et ouvert des perspectives nouvelles. L’exposition donne à voir des oeuvres de Jean-Michel Basquiat, Mark Bradford, Marlene Dumas, Wade Guyton, Pablo Picasso, Gerhard Richter, Mark Rothko, Wilhelm Sasnal, Wolfgang Tillmans et Andy Warhol. Cette nouvelle présentation réunit des oeuvres majeures de l’art moderne et contemporain en des mises en relation inédites et saisissantes. Parmi les temps forts de l’exposition figure la première présentation muséale de la projection numérique de Gerhard Richter Moving Picture (946-3), Kyoto Version, 2019–2024.
Cette année, la salle Daros de la Fondation Beyeler est consacrée à Mark Bradford.
L’accrochage inclut par ailleurs le tableau monumental d’Andy Warhol Sixty Last Suppers, 1986(vidéo), en provenance de la Nicola Erni Collection.

Enfin, l’accent est également mis sur Pablo Picasso avec une présentation de plus de 30 de ses tableaux et sculptures.

Pendant Art Basel 2025

Pendant Art Basel 2025, la Fondation Beyeler offre une rare occasion de découvrir le travail exceptionnel de l’artiste états-unienne Vija Celmins. En parallèle, le musée accueille la toute première présentation de Little Room, nouvelle installation de réalité virtuelle de l’artiste Jordan Wolfson, basé à
Los Angeles. Cette œuvre immersive convie les visiteurs·ses à pénétrer dans un environnement expérimental, au sein duquel leur revient un rôle central.
Jordan Wolfson : Little Room
1 juin – 3 août 2025

Une nouvelle présentation de la collection est entièrement consacrée à la peinture, avec entre autres des tableaux de grand format de l’artiste étatsunien Mark Bradford en provenance de la Daros Collection,

ainsi qu’une nouvelle projection numérique de Gerhard Richter.

Dans le cadre du « Globus Public Art Project », l’artiste suisse Urs Fischer, également installé à Los Angeles, investit différents sites autour du Marktplatz de Bâle.


Stand Art Basel
En guise d’avant-goût de la rétrospective Cézanne qui se tiendra en début d’année prochaine, une exposition monographique. Le stand Art Basel de la Fondation Beyeler est consacré au peintre français Paul Cézanne.
Comme peu d’autres artistes Cézanne a marqué l’art moderne et l’a révolutionné par sa nouvelle conception de l’image. Il a donné une signification nouvelle et propre au processus de création derrière le tableau, au-delà du motif, et a ainsi influencé de nombreuses générations d’artistes ultérieures. Pablo Picasso le qualifiait d’ailleurs comme « père de nous tous ».
Cezanne occupe une place particulière dans la Collection Beyeler, étant l’un des premiers artistes représentés et figurant en bonne place avec sept œuvres tardives majeures. Parmi celles-ci, plusieurs paysages illustrent clairement sa manière de peindre innovante.

Informations pratiques

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler pendant la semaine d’Art Basel (15–22 juin) : tous les jours 9h–19h
Conversations
Artist Talk avec Jordan Wolfson
Mercredi 18 juin, 18h–19h, Fondation Beyeler, Riehen/Bâle
– Artist Talk avec Urs Fischer
Vendredi 20 juin, 18h–19h, Fondation Beyeler, Riehen/Bâle

Julian Charrière. Midnight Zone

Commissaires: Roland Wetzel, Tabea Panizzi (assistante curatoriale)
Au musée Tinguely de Bâle jusqu'au 2 novembre 2025
L'exposition Julian Charrière. Midnight Zone est produite par le Musée Tinguely, Bâle, en coo­pération avec le Kunstmuseum Wolfsburg.

« L’eau n’est pas un paysage, elle est la condition de toute vie, la première enveloppe de la Terre, le moyen de notre devenir. » Julian Charrière

Introduction

Une des préoccupations centrales de l’artiste franco-suisse Julian Charrière est la question de savoir comment l’homme habite le monde et comment celui-ci nous habite à son tour. Dans le cadre d’une vaste exposition individuelle, le Musée Tinguely présente des photo­ graphies, des sculptures, des installations et de nouvelles œuvres vidéo qui traitent de notre relation à la Terre en tant que monde de l’eau – cet élément qui recouvre la majeure partie de notre planète, avec ses mers, ses lacs et ses glaces, à la fois habitat d’une myriade d’organismes et hôte de systèmes circulatoires essentiels à la stabilité de notre climat. Dé­ployée sur trois étages, l’exposition Midnight Zone explore les écologies sous-marines, de l’influence locale du Rhin aux océans lointains, tout en analysant la complexité de l’eau en tant que milieu élémentaire affecté par les altérations anthropiques. Par la réflexion qu’elle mène sur le flux et la matérialité de l’eau, sur sa profondeur et ses implications politiques, sur ses dimensions à la fois profanes et sacrées, cette exposition personnelle agit comme un kaléidoscope et nous invite à nous immerger pleinement.

Développement

Dans Midnight Zone, Julian Charrière invite le public à penser et à ressentir l’eau, comme atmosphère, comme mémoire, comme mouvement et parenté. Entre descente sous-marine et suspension cryosphérique, l’exposition évolue comme une réflexion immersive sur les mondes fluides – non pas la mer comme surface, mais comme une matière où les frontières se dissolvent. Pour l’artiste, cet espace est non seulement comme un lieu dans lequel on peut pénétrer, mais aussi un monde dans lequel on peut s’immerger et se mouvoir, pour devenir perméable à ses pressions, ses profondeurs, ses rêves.
Midnight Zone rassemble une série d’investigations fondamentales : des œuvres antérieures côtoient de nouvelles commandes majeures qui retracent la longue exploration de Charrière sur les seuils environnementaux.

L’exposition

Répartie sur trois niveaux, l’exposition ne s’intéresse pas à l’eau comme motif, mais comme médium : la matière à travers laquelle les histoires sédimentent, les crises adviennent et les formes changent d’état. Le titre fait référence à la zone bathypélagique de l’océan, où la lumière du soleil disparaît et la vision s’amoindrit.

Les films

Dans le film éponyme Midnight Zone (2025), une lentille de Fresnel – utilisée pour les phares et donc pour guider à distance – est inversée et descendue dans les abysses. Filmée à l’aide d’un véhicule sous-marin télécommandé, cette descente est à la fois littérale et métaphysique, un voyage dans un espace qui échappe à toute orientation, où des nodules polymétalliques – objets de désir industriel – reposent au milieu d’écologies ancestrales. Ici, la lumière ne révèle pas, elle fracture. L‘œuvre oscille parmi les rêves tout éclairant les angles morts de notre quête de progrès.

Dans Albedo (2025), filmé sous l’océan Arctique entre des icebergs, le regard se déplace à nou­ veau. Cette fois, le public suit l’eau tandis qu’elle évolue entre solide, liquide et vapeur, comme une chorégraphie de changements d’état en temps réel. Plutôt que de présenter la fonte comme une catastrophe, le film résiste au sublime. Il propose plutôt une étude du flux, des at­mosphères et des absences. Il révèle la mer comme une sorte de pensée, illimitée, déstabili­sante, impossible à contenir. La caméra flotte, elle recadre et libère. Il n’y a pas de perspectives fixes – seulement dérive, suspension, dispersion.

Ces deux films ancrent l’exposition, laquelle se conçoit tel un système hydrologique, évoluant entre états matériels, logiques spatiales et registres émotionnels. Avec Bâle et son histoire flu­viale en toile de fond, Midnight Zone a trait à la présence politique et infrastructurelle de l’eau. Comme un lien entre glaciers et océans, le Rhin coule tranquillement près du musée, à la fois vecteur d’échanges commerciaux et filon sensible au climat.

Le son, lui aussi, se déplace tel un courant à travers l’exposition – subtil, immersif et subaqua­tique. Il façonne une expérience synesthésique qui invite le public non seulement à regarder, mais à écouter, à ressentir et à se connecter à un autre mode de perception : un mode plus proche du repos, suspendu, comme sous l’eau.

À travers le film et la vidéo, la sculpture, la photographie et l’installation, la pratique multidisci­plinaire de Charrière est marquée par des projets immersifs basés sur un travail de terrain au sein de sites chargés d’écologie et de symboles: glaciers, volcans, zones d’essais nucléaires et écosystèmes sous-marins. Au fil de ces rencontres intimes avec des environnements fragiles, il explore la manière dont l’activité humaine s’inscrit dans la structure de la planète tout en modifiant subtilement ses surfaces, son atmosphère et son avenir.

Mêlant observation scientifique et poésie spéculative, ses œuvres mettent en avant les paysages comme des processus physiques, dépositaires de la mémoire et vecteurs de l’imagi­naire culturel. Plutôt que d’illustrer directement les crises environnementales, Charrière crée des espaces où l’émerveillement et l’inquiétude cohabitent, pour permettre au spectateur d’ex­périmenter les contradictions et les tensions de notre condition actuelle. Sa pratique explore les héritages coloniaux et extractivistes ancrés dans les actes d’exploration, la représentation du paysage et les technologies de la vision. Dans l’exposition Midnight Zone, le travail de Charrière entend offrir un mode de savoir sensoriel, une façon d’habiter les conditions li­ quides de notre planète. Ici, l’eau n’est pas considérée comme le théâtre d’un drame humain, mais comme une protagoniste.

Roland Wetzel directeur du musée Tinguely

« Une des qualités particulières du travail de Julian Charrière est de transposer la recherche artistique en des univers visuels qui permettent d’accéder par les sens à des thèmes complexes. Dans notre exposition, c’est le « sentiment océanique » qui nous immerge visuellement et physiquement, en déclenchant simultanément une ré­flexion sur les enjeux écologiques pressants de notre époque.»                                           

Julian Charrière

« Bien que l’océan représente 95 % du volume habitable de la Terre, nous continuons de vivre comme si la planète s’arrêtait à ses côtes. Mon travail part de cette dissonance, entre l’échelle de la mer et les limites de notre imaginaire culturel. La science peut cartographier et mesurer les profondeurs, mais ne peut nous les faire ressentir. Nous n’avons pas seule­ ment besoin de connaissances, mais d’une culture de proximité – une culture qui nous lie émotionnellement et imagi­ nairement à ce vaste monde vital. L’art, je crois, peut servir de lien. Il nous invite à habiter les profondeurs non pas comme une abstraction ou une ressource, mais comme un espace vital dont notre survie dépend intimement. »

Elle est perçue comme archive, miroir, solvant et signal conservant la mémoire des glaciers et des minéraux de demain. Il souhaite montrer comment elle relie notre respiration à la bios­phère et révèle la fragilité d’un monde façonné par l’évaporation, la fonte et la sédimentation.

L’exposition nous rappelle que l’océan n’est pas l’opposé de la Terre, mais sa condition préa­lable. L’humanité est suspendue à ses flux – biologiques, historiques et imaginaires. Dans les œuvres présentées à Bâle, l’artiste n’entend pas nous montrer la mer, mais la laisser parler, vi­brer et respirer à travers l’image, le son et une chorégraphie élémentaire. Il en résulte non pas une représentation, mais une résonance : un état d’intimité atmosphérique, une invitation à voir à travers ses courants.

Biographie

Julian Charrière (né en 1987) est un artiste franco-suisse basé à Berlin. Il s’inté­resse aux histoires culturelles et environnementales ancrées dans les paysages naturels. Ses œuvres bousculent les échelles de temps géologiques et humaines, elles révèlent les forces lentes et souvent invisibles qui façonnent et remodèlent les terrains et les imaginaires histo­riques. Diplômé de la Universitat der Künste (UdK) de Berlin, Charrière a collaboré avec l’Insti­tut für Raumexperimente (Institut d’expérimentation spatiale) d’Olafur Eliasson. Ses œuvres ont été exposées au niveau international, avec des expositions personnelles notamment au Danemark, ARKEN Museum of Contemporary Art (2024), en France, Palais de Tokyo (2024), aux États-Unis, San Francisco Museum of Modern Art (2022-2023) et Dallas Museum of Art (2021), en Allemagne, Berlinische Galerie (2018-2019) et Langen Foundation (2022-2023), en Italie, Museo d’Arte Maderna di Balogna (MAMbo, 2019), en Suisse, Aargauer Kunsthaus (2020) et au Royaume- Uni, Parasol Unit (2016). Son travail a également été présenté en France, Centre Pompidou (2021-2022), en Suisse, Parcours d’Art Basel (2023) et Fondation Beyeler (2024), au Japon, Mori Art Museum (2023-2024), ainsi que plusieurs fois à la Biennale de Venise. Charrière est le premier lauréat du Eric and Wendy Schmidt Environment and Art Prize décerné en 2024 par le Museum of Contemporary Art (MOCA) de Los Angeles.

Informations pratiques

 Musée Tinguely
I  Paul Sacher-Anlage 1 l 4002 Bâle

Heures d’ouverture:
mardi- dimanche 11h-18h, jeudi 11h-21h
Semaine de la Art Basel:
16.06.-22.06.25: 9h-19h, 13.06. jusqu’à 21h

Site Internet : www.tinguely.ch

Réseaux sociaux : @museumtinguely 1  #museumtinguely 1  #midnightzone 1  @julian.charriere

«Déjà Vu» Exposition d’échange artistique sino-français (Macao)

« Notre existence actuelle, au fur et à mesure qu’elle se déroule dans le temps, se double ainsi d’une existence virtuelle, d’une image en miroir. Tout moment de notre vie offre donc deux aspects : il est actuel et virtuel, perception d’un côté et souvenir de l’autre. Il se scinde en même temps qu’il se pose. »

 Henri Bergson, « Le Souvenir du Présent et la Fausse Reconnaissance »

Par ces mots, le philosophe français Henri Bergson offre une perspective fondamentale sur la nature de la mémoire et la sensation insaisissable du « déjà vu », ou ce qu’il nommait la « fausse reconnaissance ». Il postule que la mémoire ne se forme pas « après » la perception mais se produit
« simultanément » à elle. Lorsque nous percevons le monde – l’aspect « actuel » – notre conscience crée simultanément une image miroir « virtuelle » de cette perception, un « souvenir du présent ». En temps normal, notre « attention à la vie », orientée vers l’action et l’avenir, refoule cette image-souvenir virtuelle dans l’inconscient, telle une ombre invisible. Le « déjà vu », selon Bergson, survient aux instants où cette attention motrice vacille momentanément. Dans cette brève pause ou ce détachement, le « souvenir du présent » normalement caché fait surface à la conscience aux côtés de la perception en cours. Nous expérimentons ainsi le moment présent « et » son reflet immédiat au même instant. Cet étrange dédoublement crée le sentiment intense et paradoxal de revivre un instant – nous pouvons « reconnaître » le présent qui se déploie non pas parce que nous l’avons véritablement vécu auparavant, mais parce que nous accédons à la fois à la perception et à sa mémoire intrinsèque, générée simultanément.

Organisation

Organisée par l’Art For All Society (AFA), co-organisée par l’Association pour la Promotion des Arts Multimédias Innovants de Macao, et soutenue par le Fonds de Développement Culturel de Macao, « Déjà Vu » — première partie du cycle
d’expositions 
« Miroir · Boucle · Génération » : De l’Art Vidéo à l’Intelligence Artificielle, et exposition d’échange artistique sino-français — 
est inaugurée le 14 mai 2025 au Parisian Macao.
Elle est honorée de faire partie du festival « Le French May ». Les mots-clés de l’exposition, « Miroir », « Boucle » et « Génération », font non seulement allusion aux méthodes artistiques employées – tels les cycles temporels et la manipulation expérimentale de l’image chez Robert Cahen, les paysages virtuels générés par IA d’Alice Kok, et l’exploration par Catherine Cheong des strates visuelles et spéculaires dans la gravure et la vidéo – mais résonnent aussi profondément avec la philosophie bergsonienne fondamentale du dédoublement simultané de la perception et de la mémoire, et de la réflexion mutuelle de l’actuel et du virtuel. Le cadre du French May souligne l’importance de l’exposition en tant que dialogue culturel sino-français, tandis que The Parisian Macao, en tant que sponsor du lieu, offre un cadre unique et fascinant pour cette exploration artistique du temps, de la mémoire et de la perception.

Les artistes

Cette exposition « Déjà Vu » présente un dialogue entre trois artistes : Robert Cahen, Alice Kok et Catherine Cheong. À travers leurs médiums et sensibilités distincts, ils explorent cet état dédoublé de l’expérience et l’espace de résonance entre l’actuel et le virtuel, la perception et son écho immédiat. Leurs œuvres nous invitent à contempler la texture du temps, les mécanismes de la mémoire et l’étrange familiarité qui surgit lorsque la réalité semble se regarder elle-même.

Masterclass d’art vidéo

Instructeur : Robert Cahen
Assistante Instructrice : Alice Kok
Date : 18.05.2025 10h00 – 18h00

Lieu : Le Parisian Macao
Shoppes at Parisian, Level 3, Estrada do Istmo, Lote 3, Cotai Strip, Macao SAR, RP Chine

Développement

Robert Cahen

Robert Cahen, pionnier de l’art vidéo français, sculpte magistralement la trame subtile du temps et de la perception analysée par Bergson. 

Son œuvre immerge le spectateur directement dans l’interstice entre la perception « actuelle » et sa réverbération « virtuelle ». Prenons « Traverses » (2002), où des silhouettes humaines émergent lentement du brouillard, « Lentes apparitions d’Êtres, traversant l’espace, là où le temps est mis à l’épreuve » ; ces formes éthérées incarnent les images virtuelles insaisissables habituellement submergées sous la conscience. Par des techniques emblématiques comme le ralenti, la boucle et la superposition d’images, Cahen manipule délibérément « la durée ». Dans « Tombe » (1997-2005), des objets et des mots évocateurs comme « temps », « passage », « lentement », détachés de leurs fonctions, chutent sans fin dans une profondeur inconnue – une visualisation directe du passage du temps charriant des fragments de vie, de mémoire et d’absence. Que ce soit en étirant l’instant par l’application d’un mouvement bref et intensifié à des scènes statiques dans les « Cartes Postales Vidéo » (1984-1986), ou en dissolvant les contours des formes humaines dans le flux onirique d’« Entrevoir » (2014-2024), Cahen rend palpable le
« dédoublement » habituellement imperceptible. Il suspend l’« élan » vers l’avant de la conscience, permettant à l’image-souvenir virtuelle de presque rattraper la perception actuelle. Ceci induit une « qualité onirique » semblable à celle que Bergson associait à la « fausse reconnaissance », évoquant la familiarité singulière du déjà vu – comme si le moment présent se regardait lui-même. Cahen n’illustre pas simplement le dédoublement temporel de Bergson ; il construit des expériences immersives où nous pouvons ressentir de manière tangible la résonance et la tension entre le présent en devenir et son reflet immédiat et fantomatique.
Son site ici

Alice Kok

Alice Kok explore les royaumes liminaux du déjà vu, tissant les fils complexes de la perception entre le subconscient, la mémoire, la technologie et les frontières nébuleuses de la réalité et de la représentation. Ses œuvres sondent souvent le seuil où le « virtuel » – qu’il s’agisse de mémoire, de rêve ou d’interprétation numérique – rencontre le monde perçu « actuel ». Dans sa série « Artificial Subconscious » (Subconscient Artificiel, 2024) et son extension dynamique « Artificial Emotions » (Émotions Artificielles, 2025), l’artiste agit comme une invocatrice, murmurant des instructions –
« fragments de rêve », « humeurs, symboles et perceptions sensorielles » – à l’intelligence artificielle, faisant émerger des images puis les animant. Ce processus non seulement donne une forme visible aux murmures subtils du subconscient, mais initie également un dialogue troublant entre intuition et calcul algorithmique, faisant écho à la notion bergsonienne de l’image-souvenir naissant aux côtés de la perception présente, traduisant la « fluidité des états de rêve » et les « murmures du flux de conscience » en paysages visuels.
« Through the Looking-Glass » (L’autre côté du miroir, 2020) conduit les spectateurs dans un labyrinthe de miroirs, écoutant des souvenirs anonymes de traces de rêves, confrontant des vérités réfléchies et cachées. La technique d’« occultation » en mosaïque pointe vers les distorsions et filtrages inhérents à l’expérience au sein du subconscient (rêves) et de son rappel, tout comme la nature insaisissable, parfois fragmentée, de la mémoire virtuelle dans l’instant du déjà vu. L’installation onirique, semblable à un mirage, « Form is Emptiness » (La Forme est Vide, 2013), condensant des illusions visibles mais intangibles, et les images méditatives superposées dans « Emptiness is Form » (Le Vide est Forme, 2018), brouillant le soi et l’autre, incitent les spectateurs à contempler la tension subtile entre l’« actuel » tangible et le « virtuel » perceptible mais intouchable. Elles interrogent la nature de la réalité lorsque la perception elle-même semble dédoublée, une expérience faisant écho à la désorientation du déjà vu. La pratique artistique de Kok, à travers divers médias, met en scène des rencontres avec ce moment de dédoublement, observant comment la conscience, la mémoire et même l’intelligence artificielle participent à façonner la réalité à travers des cycles infinis de réflexion et de superposition.

Catherine Cheong

Les œuvres diverses de Catherine Cheong abordent les thèmes du temps, de la perception, de la mémoire et de la réflexion sociétale. Dans 
« En travers » (2024), elle rend un hommage clair à Robert Cahen, ralentissant « aussi lentement que possible » des séquences vidéo d’un paysage qui défile, une intervention douce mais ferme dans « la durée ». En étirant l’instant fugace du voyage, elle perturbe la vitesse habituelle de la perception, permettant potentiellement au spectateur, comme dans l’œuvre de Cahen, de ressentir la résonance discrète entre la vue « actuelle » qui se déploie et sa trace « virtuelle » persistante, ouvrant un espace serein où le temps lui-même est « mis à l’épreuve ».

En contraste frappant, « Vue en secondes » (2024) adopte un rythme rapide, faisant défiler soixante images instantanément, une par seconde. Une telle vélocité non seulement remet en question la perception stable ou la consolidation potentielle d’un soi-disant « souvenir du présent », mais sonde aussi subtilement : dans cette « ère du Big Data », inondée d’informations, la mémoire peut-elle encore s’ancrer efficacement ? Ce dédoublement bergsonien – la convergence du moment présent de la perception et de son écho virtuel – a-t-il été submergé par la surcharge informationnelle et la vitesse effrénée de la vie moderne, rendant improbable l’émergence de cet écho bref et fragile du « déjà vu » ?

Des œuvres comme « Three thousand hairs » (Trois mille cheveux, 2016-2019) plongent dans la durée vécue et la mémoire incarnée, reliant le présent physique (chute de cheveux, grisonnement) aux stress passés et au « cycle sans fin » des soucis, démontrant de manière vivante comment le passé imprègne et sculpte de manière persistante la réalité présente.

Tandis que des pièces comme « Grand Prix » (2009) se concentrent sur l’intensité de la perception fixée sur la vitesse, et d’autres comme « Mark » (Marque, 2019-2023) abordent l’empreinte du savoir historique, le parcours artistique de Cheong, particulièrement à travers sa manipulation nuancée de la vitesse temporelle et son questionnement persistant des seuils perceptifs, sonde en profondeur l’interaction fascinante et complexe entre le présent immédiat, le poids de la mémoire et la familiarité insaisissable au cœur du phénomène du déjà vu.

Conclusion

Ensemble, Cahen, Kok et Cheong offrent des perspectives distinctes mais complémentaires sur le « dédoublement » du moment présent. « Déjà Vu » invite les spectateurs à entrer dans leur conversation, encourageant une conscience plus profonde de la relation complexe entre perception, mémoire et temps, et de ces moments fugaces et étranges où, comme le suggérait Bergson, nous entrevoyons le présent se réfléchissant lui-même.

Le vernissage

L’exposition trio d’échange d’art chinois-français « Sens of Vision » a ouvert avec succès ! L’exposition est située au 3ème étage du Centre commercial parisien. Ouvert tous les jours de 12:00-19:00 jusqu’au 28 juin. Bienvenue !

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« Déjà Vu » Une exposition d’échange d’art sino-français est officiellement ouverte ! L’exposition se déroule au Shoppes at Parisian, ouverte tous les jours de 12h-19h, jusqu’au 28 juin. Bienvenue pour la visite !

Sommaire du mois d’avril 2025

Les Deux Ombres,
Didier  Paquignon, Lisbonne 2024

25 avril 2025 : Ali Cherri « Corps et âmes »
23 avril 2025 : Georg Baselitz, «Corps et âmes»
18 avril 2025 : «CORPS ET ÂMES»
13 avril 2025 : David Hockney, 25
12 avril 2025 : Artemisia, Héroïne de l’art
9 avril  2025  : Paul Béranger au temple Saint-Étienne « Silence »
7 avril  2025 :  Manfred Willmann Beau monde, où es-tu ?
1  avril  2025 : Verso histoire d’envers

Manfred Willmann Beau monde, où es-tu ?

Manfred Willmann avec sa compagne et collaboratrice Christine Frisinghelli, cinquante ans de complicité.   Photo Hervé Kielwasser l’Alsace

exposition du sa. 5 avril au dimanche 1er juin
vernissage le 4 avril à 19h
commissariat Christine Frisinghelli, Emmanuelle Walter, Manfred Willmann
A la Galerie de la Filature Scène nationale de Mulhouse avec le soutien du ministère fédéral autrichien des Arts, de la Culture, de la Fonction publique et des Sports, du Land de Styrie, de la Ville de Graz et du Forum Culturel Autrichien Paris.

Réunissant plus de trois cents photographies prises entre 1972 et 2024 dans sa région natale du sud de la Styrie en Autriche, Schöne Welt, wo bist du ? est la première grande exposition monographique du travail de Manfred Willmann en France. L’exposition de La Filature présente, jusqu’au 1er juin 2025, les principales séries qui ont fait la notoriété de l’artiste – Schwarz und Gold , Die Welt ist schön et Das Land qui sont au centre d’un cycle sur la nature entamé il y a plus de quarante ans, au côté de travaux qui comptent parmi les premières œuvres rares conceptuelles en Autriche et qui dessinent les contours d’un profond questionnement de Willmann sur le médium photographique .

photo © Manfred Willmann, sans titre , 1981, série Die Welt ist schön

Schöne Welt, wo bist du? Dans un monde agité, soumis à des bouleversements sociaux, politiques et environnementaux qui le plongent dans une profonde incertitude, quand encore certains cherchent à fermer les frontières et à rétrécir les imaginaires, ce vers du poète allemand Friedrich von Schiller (« Monde riant, où es-tu ? » en français) s’impose comme devoir se substituer au titre de l’une des séries emblématiques de Manfred Willmann, Die schöne Welt (« le monde est beau ») et à sa forme affirmative – non pas tant pour déplorer l’état du monde qui pour nous inciter à reconsidérer notre capacité à restaurer la réconciliation dans le réel de nos vies.

Depuis plus de cinquante ans, Manfred Willmann explore une photographie qui aborde les complexités du monde contemporain et de la culture visuelle à l’ère de la mondialisation. Le photographe enregistre méticuleusement notre existence, notre tentative d’altérité qui se heurte parfois à nos résistances, notre sens tragique de la vie qui se niche dans les plus petites formes de notre réalité. Ses grands ensembles montrent non seulement des détails bruts de la vie quotidienne, mais parlent également du médium photographique et de ses propres possibilités de représenter le monde dans sa beauté, sa laideur et sa fugacité.

MANFRED WILLMANN

Né à Graz en 1952, Manfred Willmann grandit au 36 Volkmarweg, dans le quartier de Straßgang, de parents germanophones ayant fui la Yougoslavie pendant la Seconde Guerre mondiale. Doué pour le dessin et la peinture, il s’inscrit à 14 ans à l’École des Arts et Métiers d’Ortweinplatz où il choisit l’option design décoratif. Otto Brunner, qui dirige les cours en ateliers, incite le jeune étudiant à fréquenter le centre culturel Forum Stadtpark et la Neue Galerie, les deux institutions de la ville de Graz qui présentent des expositions d’art contemporain. Plus tard, Willmann fréquentera également l’arrière-salle du Café Schillerhof, établie comme le lieu de rencontre des artistes, architectes et intellectuels, où une galerie d’art ouvre dès 1969.

À l’issue de ses études, Willmann travaille comme peintre d’enseignes puis trouve un emploi de décorateur de vitrines chez Foto Ehmann à Graz. Il y expose régulièrement des photographies de ses amis ou de ses propres œuvres. En 1974, Willmann ouvre la Galerie photo du Schillerhof dans une salle du célèbre café, où il organise des expositions personnelles de photographes telles que Friedl Kubelka-Bondy, Christian Vogt et la première exposition de Seiichi Furuya en Autriche. En 1975, sur une proposition du programmateur musical du Forum Stadtpark, Willmann prend en charge la section photographique du Forum.

En collaboration avec Christine Frisinghelli, alors secrétaire du Forum, et le photographe Seiichi Furuya, qui s’est installé à Graz deux ans plus tôt, Manfred Willmann transforme progressivement la galerie en un lieu de rencontre et de débats incontournable pour les artistes de la scène autrichienne et internationale. Leur projet, au début principalement axé sur des expositions monographiques (Luigi Ghirri, Rudolf Lichtsteiner…), s’oriente très vite vers de grandes expositions collectives. Dès 1977, ils conçoivent une première exposition de groupe consacré à la photographie contemporaine américaine, qui rassemble des œuvres de Lewis Baltz, Lee Friedlander, Ralph Gibson, Les Krims, Mary Ellen Mark, Duane Michals, Stephen Shore et Neal Slavin. Willmann, Furuya et Frisinghelli imaginent ensuite plusieurs événements dédiés à la photographie contemporaine japonaise. En 1980, le Forum Stadtpark accueille une exposition de Daido Moriyama, suivie d’une rétrospective de l’œuvre de Shomei Tomatsu et, une dizaine d’années plus tard, d’une exposition de Nobuyoshi Araki. Pour chacun de ces photographes influents, il s’agissait de premières expositions personnelles en dehors du Japon.

De 1979 à 1997, parallèlement à leur activité au Forum, Willmann et Frisinghelli conçoivent un cycle de symposiums sur la photographie dans le cadre du festival d’avant-garde Steirischer Herbst, fondé en 1968, en opposition à l’émergence d’une conception conservatrice et nationaliste de la culture. Le festival, qui combine positions esthétiques et réflexion théorique, favorise le dialogue entre les arts visuels, la musique, l’art dans l’espace public, le théâtre, la performance, les nouveaux médias et la littérature. Encouragés par l’effervescence du milieu photographique et particulièrement par le succès du premier symposium de 1979, Willmann, Furuya et Frisinghelli co-fondent en 1980 la revue trimestrielle Camera Austria . La revue est publiée en version bilingue (allemand et anglais) dès 1981. Willmann en est le rédacteur en chef et l’éditeur jusqu’en 2010. Après s’être séparé du Forum Stadtpark en 1997, Camera Austria – Laboratoire de Photographie et de Théorie se structure en association indépendante. Elle a depuis 2003 son siège au sein du centre d’art de Graz, qui abrite une galerie d’expositions temporaires, une bibliothèque d’étude et l’équipe rédactionnelle de la revue.

Photographe, conservateur et éditeur, Manfred Willmann est lauréat du prix culturel de la Société allemande de photographie (DGPh) en 1994 et du grand prix d’État autrichien pour la photographie en 2009. Ses œuvres sont entrées dans de nombreuses collections et ont été largement exposées en Autriche et dans le monde : Museum Albertina (Vienne), Wiener Secession (Vienne), Museum der Moderne (Salzburg), Museum Folkwang (Essen), ZKM (Karlsruhe), Musée de l’Élysée (Lausanne), Stedelijk Museum (Amsterdam), PHotoESPAÑA (Madrid), Tokyo Metropolitan Museum, Centro de la Imagem (Mexique), San Francisco Museum of Modern Art, MoMA (New York).

Informations pratiques

LA FILATURE Scène nationale
20 allée Nathan Katz
68100 Mulhouse
www.lafilature.org

+ club sandwich je. 17 avril 12h30 visite guidée, pique-nique tiré du sac et Food Truck sur le Parvis, sur inscription au 03 89 36 28 28

visites guidées pour les groupes (min. 10 personnes) sur rendez-vous edwige.springer@lafilature.org ou 03 89 36 28 34
Galerie en entrée libre
du ma. au sa. 13h-18h
+ di. 14h-18h
+ soirées de spectacles

Sommaire du mois de mars 2025

L’art est dans la rue

30 mars 2025 : Apocalypse
28 mars 2025 : Medardo Rosso
20 mars 2025 : Tous Léger !
9 mars 2025    : Arno Brignon Marine Lanier PLY
8 mars 2025    : Trente-et-une femmes
6 mars 2025    : Une histoire dessinée de la danse
1 mars 2025     : Soirée rencontre au cinéma Bel Air Robert Cahen & Jean Paul Fargier