Nil Yalter, Artiste, Paris
Coline Milliard, Executive Editor, Art Basel
conversation au Petit Palais

Premiere artist talk: Nil Yalter, octobre 2024
Lauréate du Lion d’or 2024 à la Biennale de Venise pour l’ensemble de sa carrière, Nil Yalter est une artiste engagée. De sa participation à mai 68 – puis à la seconde vague féministe et au combat pour la libération sexuelle – à sa dénonciation du traitement des immigré∙e∙s en Occident, son œuvre se fait le porte-voix de ceux∙celles qui n’ont pas droit de cité. Cette conversation retrace la carrière d’une artiste dont la pratique polymorphe reçoit enfin l’attention qu’elle mérite.
Pionnière de l’art vidéo féministe, Nil Yalter, sa pratique, s’appuyant sur un travail de recherche, offre une plateforme aux groupes socialement marginalisés et remet en question les grands récits historiques à travers des photographies, vidéos, dessins et textes. Depuis sa participation à la première exposition internationale d’art video en France, au Musée d’Art Moderne de Paris (1974), jusqu’à ses récentes rétrospectives au MAC Val (2019), au Museum Ludwig (2019), et au Hessel Museum of Art (2019), elle a été à l’avant-garde d’une pratique artistique socialement engagée.

Coline Milliard est rédactrice en chef d’Art Basel, où elle supervise la stratégie éditoriale et la mise en œuvre, ainsi que le programme Conversation dans le monde entier. Au cours des 15 dernières années, elle a occupé plusieurs postes éditoriaux de haut niveau, notamment chez artnet News et Garage Magazine, et a beaucoup écrit sur l’art dans tous les secteurs du marché. Coline a enseigné au Royal College of Art et au Chelsea College of Arts de Londres et est titulaire de diplômes de troisième cycle du Royal College of Art et de la Sorbonne à Paris.
Le programme de Conversations d’Art Basel Paris 2024 est commissionné par Pierre-Alexandre Mateos et Charles Teyssou.
C’est un dur métier que l’exil

Malgré les sollicitations incessantes depuis cette reconnaissance à Venise, les rendez-vous, et une certaine lassitude, l’artiste de 86 ans reste extrêmement précise et conserve une mémoire phénoménale des détails de ses installations passées. Elle a bien conscience d’avoir inventé un nouveau langage dans les années 1970 parisiennes, lorsque le féminisme faisait irruption sur la scène artistique, proposant des œuvres hétéroclites, décloisonnant les arts, introduisant la réalité du corps féminin. Une façon de s’exprimer arrivée tout droit des États-Unis, où s’affirmait depuis un moment une avant-garde féministe rebelle et agressive.
Chantre des femmes d’Anatolie
Cette œuvre en particulier avait séduit Susanne Pagé lorsque celle-ci dirigeait cette structure créée à la fin des années 1960 au sein du musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Fabriquée à l’aide de métal, de peaux de mouton et de feutre, c’est un hommage de l’artiste franco-turque aux femmes des communautés nomades d’Anatolie centrale. Elle est placée à Venise au centre d’une pièce en forme de dôme, dont les parois sont revêtues d’affiches volantes, de dessins, de vidéos, etc. L’œuvre commente, documente, fait revivre la migration, l’exil.

Du Caire à Paris
Nil Yalter fait elle-même partie de ces migrants, même si ses voyages et son exil furent, dans son cas, mûrement choisis. Née en 1938 au Caire, mais de nationalité turque, elle rejoint Istanbul, puis passe sa jeunesse à arpenter l’Iran, l’Inde, les régions les plus reculées de la Turquie… Et après des années d’errances curieuses et studieuses, elle se consacre à la peinture. Une peinture abstraite occidentalisée, qui permet à cette autodidacte d’exposer dans des galeries stambouliotes.

La danse du ventre
Le rendez-vous a lieu à la galerie Berthet-Aittouarès, puisque l’artiste n’a pas à proprement parler d’atelier, mais plutôt des pièces encombrées de panoplies d’appareils, d’ordinateurs de toutes générations, de bandes, de carrousels de diapositives ancienne manière, de moniteurs, de magnétoscopes, de caméras, d’écrans et de nombreux dessins… Nil Yalter préfère nous raconter son travail en commentant quelques œuvres qu’Odile Berthet-Aittouarès a raccrochées aux murs pour l’occasion, quelques photographies qui avaient fait partie de son exposition organisée ici même en 2023, La Femme sans tête ou La Danse du ventre. La photographie représente le ventre d’une femme dont le nombril est recouvert de manière circulaire d’un fragment de texte du poète René Nelly, auteur du livre Érotique et civilisations. Cette photo est tirée d’une performance filmée en 1974 dans laquelle elle faisait la danse du ventre, en ayant gravé sur sa peau la phrase « La femme véritable est à la fois convexe et concave ».

Partager la publication "Nil Yalter"


Out of My Body
2019
Depuis le milieu des années 90, l’artiste produit des installations de fils de laine entrelacés, créant des réseaux graphiques spectaculaires, au travers
Shiota espère que cette exposition pourra transmettre aux autres, avec l’ensemble de son corps, les tremblements de sa propre âme.
Le Petit Palais présente la première rétrospective française consacrée à
Avec une même acuité, il traduit la dignité du quotidien aussi bien que des scènes de torture bouleversantes. Ce ténébrisme extrême lui valut au XIXe siècle une immense notoriété, de Baudelaire à Manet.
et l’Allégorie de l’odorat (Collection Abello, Madrid), mais également dans les Apostolados, série d’apôtres devenue l’un des sujets de prédilection du peintre. L’exposition revient également sur l’histoire de la réattribution du tableau du Jugement de Salomon (Galerie Borghèse) par l’historien de l’art Gianni Papi en 2002. Cette enquête a bouleversé la compréhension de la production romaine de Ribera, en l’enrichissant d’une soixantaine d’oeuvres magistrales, dont Le Christ parmi les docteurs (musées de Langres) ou encore Le Reniement de Saint Pierre (Galerie Corsini). À la fin de son séjour romain, Ribera s’impose comme l’un des caravagesques les plus recherchés par l’élite du monde de l’art.
(
, une Vieille usurière (Musée du Prado) ou un enfant Pied-bot (Louvre) gagnent leurs lettres de noblesse. Son intérêt pour les personnes en marge de la société se mêle à son goût pour l’étrange et donne naissance à des images puissantes, comme Le Portrait de Magadalena
Venturi, la célèbre Femme à la barbe (Musée du Prado).
Au côté de ses compositions religieuses, Ribera réinvente les mythes antiques, où s’illustre son attrait pour le grotesque et la provocation. Sa palette s’éclaircit à la fin de sa carrière et laisse apparaître des ciels bleu turquoise, des couleurs flamboyantes et des drapés irisés, dignes de Titien, comme dans l’Apollon et Marsyas (Museo di Capodimonte) et Vénus et Adonis (Palais Corsini).
L’exposition se termine sur une dernière salle spectaculaire consacrée à des scènes de martyres et d’écorchés, qui firent aussi la réputation de Ribera. Véritable théâtre des passions, ses compositions extrêmes, aux noirs profonds, prennent à témoin le spectateur. L’héritier terrible du Caravage, « plus sombre et plus féroce » que le maître, démontre qu’il n’est pas un simple interprète mais l’un des plus grands artistes de l’âge baroque, aux inventions fulgurantes, audacieux et virtuose.
Jusepe de Ribera, Apollon et Marsyas, 1637.
Bruno Liljefors, Lièvre variable, 1905. Huile sur toile, 86×115 cm. The Thiel Galery, Stockholm. © Courtesy Thielska Galleriet, Stockholm / Photo Tord Lund
En le présentant pour la première fois au public français, le Petit Palais souhaite révéler la virtuosité picturale et l’apport original de Liljefors dans la construction de l’imaginaire de la nature suédoise. Cette exposition inédite présente un ensemble d’une centaine d’oeuvres, peintures, dessins et photographies issus des collections des musées suédois tels que le Nationalmuseum de Stockholm, partenaire de l’exposition, de la Thiel Gallery, du musée de Göteborg, mais aussi de nombreuses collections privées.
Le parcours, à la fois chronologique et thématique, aborde les différents aspects de l’art de Liljefors, de ses inspirations et influences jusqu’à sa technique de travail très singulière.
Observateur d’une grande finesse, Liljefors saisit sur le vif des familles de renards tapis dans les bois ou des lièvres filant dans la neige mais aussi des balbuzards pêcheurs aux sommets de pins maritimes, des eiders évoluant sur les eaux froides des archipels, des tétras paradant dans les forêts. Il travaille en immersion dans la nature et se sert de ses qualités d’acrobate et de gymnaste
Bruno Liljefors, Renards, 1886. Huile sur toile, 71,5×91,8 cm. Gothenburg Museum of Art, Gothenburg. © Gothenburg Museum of Art.
Même s’il s’en défend, ses recherches esthétiques sont largement influencées par le japonisme et l’art extrême-oriental. Liljefors aime agencer certaines de ses peintures au sein de grands cadres dorés formant des compositions inspirées des harimaze, estampes japonaises présentant plusieurs images indépendantes les unes des autres. Ces ensembles décoratifs, créés de manière subjective par l’artiste et associant des scénettes sans lien évident entre elles, laissent au spectateur la possibilité de construire sa propre narration.
Son art doit également se comprendre à l’aune des découvertes darwiniennes qui infusent la culture européenne au XIXe siècle. Dans le monde de Liljefors, les animaux, les plantes, les insectes et les oiseaux participent d’un grand tout où chacun a un rôle à jouer. À l’heure où la sauvegarde de la biodiversité est devenue un enjeu majeur, Liljefors, au-delà de son rôle de chantre de la nature suédoise, nous invite à mieux donner à voir l’ensemble du monde vivant dont nous faisons partie.


la Fondation Cartier retrace l’ensemble de la carrière d’Olga de Amaral et célèbre celle qui marqua une véritable révolution dans l’art du textile.










Débordant le cadre d’une simple rétrospective, « Pop Forever, Tom Wesselmann &… contextualise l’oeuvre de Tom Wesselmann dans l’histoire de l’art et offre des perspectives passionnantes sur le Pop Art, au passé, au présent et même au futur », selon les commissaires invités de l’exposition.
Il poursuit volontairement les genres classiques de la peinture (la nature morte, le nu, le paysage) tout en élargissant l’horizon de son art, tant par ses sujets que par ses techniques. À mi-chemin entre peintures et sculptures, ses oeuvres incorporent aussi des
Des premiers collages de Wesselmann en 1959 à ses vastes natures mortes en relief, ses paysages à la lisière de l’abstraction et ses Sunset Nudes de 2004, l’exposition se déploie sur les quatre étages du bâtiment de la Fondation.







« Il n’y a pas de plus bel endroit au monde pour accueillir une foire d’art. »
Installées sur deux niveaux, les 194 galeries bénéficient de la lumière zénithale de la nef et des galeries hautes du Grand Palais. La concentration de marchands américains et allemands est impressionnante. De Matthew Marks à Nahmad Contemporary, tous ont apporté une marchandise d’excellent niveau mais avec un contenu sage, sans provocation ni outrance. Toutes les grandes enseignes internationales ayant créé une antenne à Paris (Michael Werner, Gagosian, Marian Goodman, Skarstedt, Pace, White Cube, Hauser und Wirth, David Zwirner…) sont présentes au cœur de la foire. Les prix sont à la hauteur du niveau.
Les premières galeries face à l’entrée proposent les valeurs sûres d’aujourd’hui. Au premier rang, Gerhard Richter, Tomas Saraceno et Marlene Dumas. On retrouve également les artistes mis en avant dans des expositions muséales, des surréalistes comme André Masson, Yves Tanguy et Salvador Dali (également au Centre Pompidou) à Tom Wesselmann (Fondation Louis Vuitton) et Hans Josephson (musée d’Art moderne de Paris).
Les ateliers d’art GrandPalaisRmn sont présents sur le stand K30 et dévoilent en avant-première L’Ami (d’après Titien), une estampe contemporaine du Louvre réalisée par l’artiste américaine 
















