La Vierge du chancelier Rolin

du 20 mars –au  17 juin 2024 au musée du Louvre
AILE SULLY,
1ER ÉTAGE,
SALLE DE LA CHAPELLE
Commissariat :
Sophie Caron, conservatrice au département des Peintures du musée du Louvre

Œuvre majeure de l’art occidental, à la dimension fortement méditative,
la Vierge Rolin peut aujourd’hui sembler difficile à comprendre.
C’est pourquoi l’exposition est
guidée par des questions, qui sont autant d’étapes du regard sur le tableau : pour quel(s) usage(s)
Van Eyck a-t-il conçu cette œuvre
si spéciale, à l’intention de Nicolas Rolin, chancelier du duché de Bourgogne ?
Pourquoi a-t-il peint à
l’arrière-plan un paysage tellement miniaturisé qu’il en est presque invisible ? Comment comprendre les deux petits personnages du jardin ? Quels dialogues l’œuvre entretient-elle à la fois avec l’art de l’enluminure et les bas-reliefs funéraires sculptés ? Peut-on savoir comment les artistes du XVe siècle ont compris cette œuvre ?

Le parcours déploie une narration en six sections permettant au visiteur d’entrer plan par plan dans le tableau, à la manière d’une lecture, La Vierge du chancelier Rolin étant placée au centre de la salle. Quatre de ces parties s’articulent autour d’au moins une œuvre de Jan van Eyck.

La première section est consacrée à la rencontre entre Nicolas Rolin et la Vierge à l’Enfant, ce dernier étant figuré de manière très inhabituelle en Salvator Mundi nu. L’œuvre est une scène de présentation à la Vierge particulièrement audacieuse, dans laquelle Rolin se fait représenter à la même échelle, à la même hauteur et dans le même espace que la Vierge et le Christ, qui le bénit, et ce sans être introduit par son saint patron. Le spectateur est exclu de la scène. Le prêt exceptionnel de la Vierge de Lucques du Städel Museum de Francfort offre un saisissant contrepoint, en plaçant le même spectateur dans la position de Rolin, à genoux et en prière devant la Madone.

Dans ce face-à-face, le visage fortement individualisé de Rolin est l’élément le plus frappant du tableau et la deuxième section permet de s’arrêter sur la question du portrait, si centrale dans l’art de Van Eyck et de ses grands contemporains comme Robert Campin ou Rogier van der Weyden. Deux des autres effigies de Rolin exposées sont d’ailleurs de la main de ce dernier (panneau du polyptyque du Jugement dernier des Hospices de Beaune et le manuscrit enluminé des Chroniques de Hainaut de la Bibliothèque royale de Belgique). La singularité de la représentation de Rolin par Van Eyck s’exprime aussi dans le somptueux costume, tout à fait inhabituel, dont Van Eyck a vêtu son commanditaire. Ce rapprochement d’œuvres d’artistes en constante émulation les uns avec les autres est encore enrichie par la présentation du Portrait de Baudoin de Lannoy (Berlin, Gemäldegalerie), autre dignitaire de la cour bourguignonne, qui est probablement le portrait eyckien le plus proche, par sa technique, de celui de Nicolas Rolin. Dans les deux cas, l’impression de vie est stupéfiante et
se manifeste par la représentation du passage du temps sur les visages.

Mais ces personnages se rencontrent dans un lieu par rapport auquel elles sont clairement disproportionnées. La troisième section s’attache à l’architecture peinte par Van Eyck, qui crée un lieu purement imaginaire, précieux et onirique mélange d’église romane et de palais aux touches méditerranéennes. Il s’agit avant tout d’un décor, conçu pour souligner le caractère hors normes de la rencontre. Les chapiteaux, qui n’imitent pas vraiment des chapiteaux romans réels, représentent des épisodes de la Genèse et évoque les fautes commises par les hommes, peut-être pour guider la prière de Rolin. La sublime Annonciation (Washington, National Gallery of Art), bien que d’une composition très différente de la Vierge Rolin, témoigne d’un répertoire commun dans le traitement de l’architecture par Van Eyck.

Par les trois arches aux chapiteaux richement ouvragés, le regard plonge dans le paysage, élément essentiel de la composition et sur lequel est centrée la quatrième section. Dans aucune autre de ses œuvres peintes, y compris le Saint François recevant les stigmates (Philadelphie, Museum of Art), Van Eyck n’a déployé un paysage d’une telle ampleur, d’un telle profondeur et d’une telle richesse de détails.

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Avec toute la virtuosité de son talent de miniaturiste, il crée un territoire dans lequel Rolin peut se projeter de façon à la fois familière et idéalisée. Il ne s’agit pas, en effet, d’un lieu réel mais seulement vraisemblable, qui permet une immersion presque hypnotique, favorable à la prière. L’œil peut se promener très précisément dans cette ville idéale des Pays-Bas bourguignons, guidé en un crescendo émotionnel et spirituel, à mesure qu’il se déplace de la gauche (derrière Rolin) vers la droite (derrière la Vierge et l’Enfant). Dans la Vierge Rolin, le paysage n’est pas plus miniaturisé que dans le bas de page du manuscrit dit des Heures de Turin-Milan de la main du maître.

L’avant-dernière section revient sur le plan médian du tableau, à savoir le jardin et les petits personnages qui ont fait couler tant d’encre.

Le jardin intérieur est marqué par une échelle incongrue par rapport aux autres plans du tableau, ce qui souligne le côté autonome et transitionnel de cet espace. Allusion au thème traditionnel de la Vierge dans un jardin clos, peuplé d’animaux et de plantes réels peints avec un souci illusionniste, cet espace est l’occasion de rapprochement avec l’art des peintres de Cologne, première source de la culture visuelle de Van Eyck mais aussi avec celui des orfèvres, notamment pour les petits objets émaillés qui connaissent, vers 1400, leur apogée technique, et avec celui de son contemporain, Pisanello.
Quant aux deux petits personnages, dont la taille dans le tableau ne dépasse pas deux centimètres de haut, ils sont issus de la tradition médiévale, tant littéraire que figurée dans les manuscrits, dans laquelle déjà ils orientent le regard du lecteur. Ici, ils nous invitent littéralement à plonger dans le paysage. L’homme au turban rouge, allusion possible et probable à l’artiste, semble être le guide de cette exploration. Un demi-siècle plus tard, des artistes comme Hieronymus Bosch (Ecce Homo, Francfort, Städel Museum) détourneront leur signification en la moralisant : ils deviennent ceux qui se détournent de l’essentiel en ignorant la scène principale.

La redécouverte la plus notable de la restauration est celle du revers peint représentant en un trompe-l’œil éblouissant un faux marbre vert que l’on peut aujourd’hui attribuer avec certitude au pinceau de Van Eyck. Il appuie l’hypothèse selon laquelle le tableau avait vocation à être manipulé et à être vu sur ses deux faces. La dernière section de l’exposition aborde donc cette question des deux fonctions de l’objet, probablement conçu pour deux rôles successifs : un tableau de dévotion mobile, proche de l’esprit des petits livres orfévrés, pouvant accompagner le chancelier Rolin dans ses incessants déplacements dans le vaste duché de Bourgogne, ayant à terme vocation à lui servir d’épitaphe dans l’église de Notre-Dame du Châtel à Autun. La composition du panneau révèle des affinités profondes avec les épitaphes sculptées et présente des enjeux similaires de représentation, tels que le montrent deux bas-reliefs de Tournai présentés dans l’exposition.

A la fin du parcours, grâce au projet closertovaneyck, conduit à l’initiative de l’Institut royal du Patrimoine artistique belge (KIK-IRPA), les visiteurs pourront s’immerger grâce à des images de très haute définition dans le paysage créé par Van Eyck, comme pouvait le faire Nicolas Rolin, penché sur son tableau.

La Vierge du chancelier Rolin cristallise à bien des égards les tensions qui traversent l’art flamand dans le premier tiers du XVe siècle, entre tradition médiévale et expérimentations révolutionnaires. En favorisant les rapprochements et comparaisons éloquentes, l’exposition lui permet d’exprimer au mieux à la fois sa singularité et son inscription dans son époque, et contribue à enrichir notre compréhension des dialogues menés par Van Eyck avec les artistes de son temps.

Seul tableau de Jan van Eyck (vers 1390/95-1441) conservé en France, la Vierge du chancelier Rolin est l’un des chefs-d’œuvre des peintures du Louvre. Il est pourtant aujourd’hui étonnamment méconnu.
La restauration dont il vient de faire l’objet au Centre de recherche et de restauration des musées de France est historique : l’œuvre n’avait jamais été restaurée depuis son entrée au musée en 1800. L’allègement des couches de vernis oxydés qui assombrissaient la peinture offre une redécouverte spectaculaire du tableau.
Le Louvre consacre une exposition exceptionnelle à cet événement, mêlant la présentation d’œuvres prestigieuses prêtées par de grands musées internationaux et un dispositif d’immersion numérique permettant de plonger le regard au cœur du tableau de Van Eyck. Une occasion de revoir la Vierge d’Autun et d’interroger autrement ce que l’on pensait savoir de cette œuvre iconique.

Informations pratiques

Horaires et jours d’ouverture
Le musée du Louvre est ouvert tous les jours, sauf le mardi.
La dernière admission se fait 1 h avant la fermeture. L’ évacuation des salles commence 30 min avant la fermeture.
9HT à 18H
lundi, mercredi, jeudi, samedi et dimanche
9HT à 21H45
vendredi
L’entrée principale du musée est la Pyramide du Louvre.
Elle se répartit en 4 files : les visiteurs sans billet, les visiteurs avec billet, les porteurs de carte (adhérents, ministère de la Culture, Pass Éducation, ICOM, etc.) et les accès prioritaires (PMR, personnels, etc.).
En cas d’affluence, un accès est aussi possible par le Carrousel du Louvre, le passage Richelieu ou la porte des Lions, en fonction de votre profil. Pensez à vérifier sur le plan ci-dessous la praticabilité de l’accès choisi :

EN MÉTRO

Lignes 1 et 7, station « Palais-Royal / Musée du Louvre »
Ligne 14, station « Pyramides »

EN BUS

N° 21, 27, 39, 67, 68, 69, 72, 74, 85, 95

Drawing Now Art Fair

Le Carreau du Temple, 2024 © Grégoire Avenel – Agence Coolhunt paris

le salon du dessin contemporain a redonné des couleurs au printemps !

Valérie Sonnier
Le bassin des Beaux Arts, 2024
Fusain et acrylique sur papier coréen
150 x 210 cm

« Heureux d’être là », les galeries et les nombreux visiteurs, amateurs, collectionneurs et institutions du monde entier, n’ont pas manqué d’exprimer leur plaisir de se retrouver au Carreau du Temple à l’occasion de la
 17e édition de Drawing Now Art Fair, du 20 — 24 mars 2024

Les participants

Dans les allées se sont croisées de nombreux représentants d’institutions françaises : Centre Pompidou (Laurent le Bon, Xavier Rey, Claudine Grammont et Anne Lemonnier), Ministère de la culture (Edward de Lumney), Palais de Tokyo (Daria de Beauvais), Espace Jacques Villeglé à Saint-Gratien (Carine Roma-Clément), Musée de Grenoble (Sébastien Gökalp), Fondation Carmignac, Hermès, Frac Normandie Grand Large (Keren Detton), Frac Réunion, Fondation Salomon, Mac de Lyon (Isabelle Bertolotti et Mathieu Lelièvre), Frac Montpellier (Eric Mangion), Institut français (Marie-Cécile Burnichon), Fondation Maeght, Fondation Giacometti, Cnap (Béatrice Salmon et Simon
André-Deconchat), Frac Picardie (Pascal Neveux), MAMAC (Hélène Guenin)…
Mais également d’institution internationales : Cartoonmuseum Basel (Anette Gerhrig), Musée Jenisch Vevey (Pamella Guerdat et Nathalie Chaix), Museo Civico Villa dei Cedri (Carole Haensler) Horniman Museum and
Gardens (Errol Reuben Fernandes), Graphische Sammlung ETH Zürich (Linda Schädler), Université de West England (Anouk Mercier), Museum of Applied Arts à Vienne (Marlies Wirth), Kunstmuseum Basel (Anita Haldemann)
… préfigurant de futures collaborations.
Les collectionneurs et les amateurs fidèles, nationaux et internationaux, étaient au rendez-vous : Laurent Fiévet, Antoine de Galbert, Caroline Bourgeois, Alexis Kolnikoff, Marc Pottier, Evelyne et Jacques Deret, Florence et Daniel Guerlain, François et Martine Bordry, Bernard et Michèlle Millet, Guillaume de Saint-Seine, Frédéric de Goldschmidt… S’ils se sont montrés plus réfléchis, ils n’ont finalement pas manqué de concrétiser de nombreux achats.

Rodion Kitaev

Plusieurs personnalités, parfois habituées, étaient présentes : Guillaume Durand, Jacques Toubon, Jérôme Duval Hamel, Aline Asmar d’Amman, Mathieu Lehanneur, Yves Mirande…
Les amis des musées : ADIAF, Amis du Musée d’Art Moderne de Paris, Amis du Quay Branly, Amis des Beaux-Arts de Paris, Amis du Palais de Tokyo, Amis de la Maison européenne de la photographie, Amis du Musée d’Orsay,
le Frac Plateforme, Jeunes amis et Amis du Musée de la Chasse étaient également au rendez-vous et ont eu de nombreux coups de coeur.
La présence de nombreux commissaires indépendants a également été appréciée : Carine Roma, Fabienne Bideaud, Nicolas Bourriaud, Grégory Lang, Jean-Marc Dimanche, Marc Donnadieu, Lauranne Germond, Jean de
Loisy, Alfred Pacquement, Karine Tissot, Alexandra Fau, Klaus Speidel, Isabelle Dervaux, Philippe Piguet…

Vue du salon Drawing Now Art Fair 2024 © Grégoire Avenel
– Agence Coolhuntparis

La foire a été l’occasion de découvrir ou de redécouvrir des corpus d’oeuvres d’artistes reconnus et de montrer que le dessin devenu oeuvre autonome n’est décidément plus seulement que le crayon mais très ouvert vers d’autres pratiques artistiques.
Près de 18.000 visiteurs se sont pressés dans les allées du Carreau du Temple, il n’était pas rare d’entendre « c’est mon salon préféré » !
La ministre de la culture Rachida Dati était enchantée de ses échanges et découvertes, elle a rappelé le rôle fondamental des galeries dans l’accompagnement et la promotion des artistes.

Drawing Now Art Fair 2024 (de gauche à droite : Claudine Papillon, Marion Papillon, Rachida Dati, Carine Tissot, Christine Phal et Aurélien
Véron) © Olivier Boulet – Agence Coolhuntparis

Le symposium s’est tenu le jeudi 21 mars, dans l’auditorium du Carreau du Temple, mis à disposition par la Ville de Paris, et avec le soutien de Pro Helvetia, curateur•trice•s, directeur•trice•s institutionnel•lle•s et indépendant•
te•s se sont réuni•e•s et ont dressé un état des lieux complet du dessin aujourd’hui à travers les thématiques de la bande dessinée, des outils d’apprentissage, des collections et les questions écologiques.

                                                 Abdelkader Benchamma
Collectionneurs, artistes, amateurs et étudiants en art ont rempli les rangs de l’auditorium. Ils ont également assisté nombreux aux différentes tables rondes proposées par Drawing Now Art Fair pour sa 17e édition, marquant
une année particulièrement réussie pour ce format.
Tatiana Wolska est la lauréate du Prix Drawing Now 2024, elle est représentée par la Irène Laub Gallery. Le prix, soutenu par la Drawing Society, est doté de 15 000 € : 5 000 euros de dotation pour l’artiste, 10 000 euros
d’aide à la production pour une exposition de 3 mois au Drawing Lab et l’édition d’un catalogue monographique.
L’année prochaine, Drawing Now Art Fair, le salon du dessin contemporain revient du jeudi 27 au dimanche 30 mars au Carreau du Temple en synergie avec le Salon du dessin qui se tiendra lui au Palais Brongniart du 26 au 31 mars.
D’ici là, le Printemps du dessin contemporain se poursuit dans toute la France jusqu’au 21 juin, vous pouvez trouver toute la programmation sur : www.printempsdudessin.com.

Tatiana Wolska, Remise du Prix Drawing Now 2024
© Credit photo Say Who / Ayka Lux

Quelques dessins

Information pratiques

Drawing Now Art Fair
Du jeudi 27 au dimanche 30 mars 2025 de 11h à 20h (jusqu’à 19h le dimanche)
drawingnowartfair.com
info@drawingnowartfair.com
+ 33 (0)1 45 38 51 15
Le Carreau du Temple
4, rue Eugène Spuller — 75003 Paris
L’équipe
Christine Phal,
Fondatrice de Drawing Now Art Fair et Drawing Lab
christine.phal@drawingsociety.org
Carine Tissot,
Directrice générale
carine.tissot@drawingsociety.org
Joana P. R. Neves,
Directrice artistique
joana.neves@drawingnowartfair.com
Steven Vandeporta,
Directeur communication et projets artistiques
steven.vandeporta@drawingsociety.org
Leena Szewc,
Chargée de projet web art
leena.szewc@drawingsociety.org
Sophie Fremont,
Chargée des actions culturelles
sophie.fremont@drawingsociety.org
Manon Topalovic,
Référente relations exposants
manon.topalovic@drawingnowartfair.com
Clémentine Demonin,
Assistante communication web
clementine.demonin@drawingsociety.org
Ysée Rocheteau Szkudlarek,
Assistante coordination
ysee.rocheteau@drawingsociety.org
Cosme Baudesson
Assistant coordination et communication
évènementielle
cosme.baudesson@drawingsociety.org
Soutenu par
HOTELS COLLECTION
L’économie de

L’Olympisme, une invention moderne, un héritage antique

Catalogue officiel de l’exposition « L’Olympisme. Une invention moderne, un héritage antique » du 24 avril au 16 septembre 2024 au Musée du Louvre.

Grâce à la découverte d’archives inédites – issues du fonds de l’artiste Émile Gilliéron – et au réexamen d’oeuvres emblématiques, cet ouvrage revient sur le contexte politique et sur les enjeux de la création de l’olympisme moderne.
Il permet ainsi d’analyser la fabrique de la première iconographie olympique. Le lecteur comprendra alors comment cette réinvention repose sur une combinaison orientée des sources antiques (textes, images et vestiges), faisant de l’olympisme moderne une illusion collective mais efficace.
L’ouvrage rappelle également que Paris, trois fois capitale olympique (1900, 1924, 2024), a été le berceau où est née en 1894 l’idée de l’olympisme moderne.
Cette réinvention, qui s’appuie elle aussi sur une manipulation des sources, a entraîné des dérives nationales ou internationales, des exclusions ou des stéréotypes dont les études classiques ont été d’une certaine manière les victimes.
L’ensemble des textes qui composent ce volume fournissent ainsi les clés pour comprendre l’histoire méconnue de l’olympisme moderne. Par sa matière inédite et son angle d’approche original, ce catalogue s’adresse à tous et permet d’explorer les jeux Olympiques modernes, leur genèse et leur signification.
Cet ouvrage est une coédition Musée du Louvre/Éditions Hazan

INFOS CLÉS

Volume : relié Format : 23 x 28 cm ISBN : 9782754113830
336 pages illustrées
Prix : 45€ TTC Mise en vente : 24 avril 2024

• Catalogue officiel de l’exposition « L’Olympisme. Une invention moderne, un héritage antique » du
24 avril au 16 septembre 2024 au Musée du Louvre.
• Cet ouvrage revient sur le contexte politique et sur les enjeux de la création de l’olympisme
moderne.
• Ce catalogue s’adresse à tous et permet d’explorer les jeux Olympiques modernes, leur
genèse et leur signification.

VAN GOGH à Auvers-sur-Oise


 à Auvers-sur-Oise, Vincent  van Gogh, Champ de blé sous des nuages d’orage, 1890, huile sur toile, Amsterdam

Au musée d’Orsay jusqu'au 4 février 2024
Commissariat :
Emmanuel Coquery,
conservateur général, directeur du développement culturel et du musée de la Bibliothèque nationale de France, Paris ;
Nienke Bakker,
conservatrice des peintures au Van Gogh Museum, Amsterdam.
En collaboration avec Louis van Tilborgh et Teio Meedendorp, chercheurs au Van Gogh Museum, Amsterdam.
Exposition organisée par l’Établissement public du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie – Valérie- Giscard-d’Estaing, Paris, et le Van Gogh Museum, Amsterdam.

Les derniers mois

Cette exposition événement – d’abord présentée au Van Gogh Museum
à Amsterdam jusqu’au 3 septembre 2023 – est consacrée aux œuvres
produites par Vincent van Gogh durant les deux derniers mois de sa
vie à Auvers-sur-Oise, près de Paris : un véritable chant du cygne
où l’artiste, plus prolifique que jamais, livre toutes ses dernières forces
dans son art. L’exposition constitue l’aboutissement d’années de recherches sur cette phase cruciale de la vie de l’artiste.

Arrivé à Auvers-sur-Oise le 20 mai 1890, Vincent van Gogh y décède
le 29 juillet à la suite d’une tentative de suicide. Durement éprouvé par
les différentes crises subies à Arles puis dans l’asile de Saint-Rémy,
Vincent van Gogh se rapproche de Paris et de son frère Théo,
désormais marié et père d’un petit Vincent, pour retrouver un nouvel
élan créatif. Le choix d’Auvers tient à la présence dans le village du Dr Gachet, médecin spécialisé dans le traitement de la mélancolie, et par ailleurs ami des impressionnistes.

Van Gogh s’installe au centre du village, dans l’auberge Ravoux, et explore tous les aspects du nouveau monde qui s’offre à lui, tout en luttant contre des inquiétudes multiples, alors même qu’il connaît une notoriété naissante dans la critique.
Aucune exposition n’a encore été consacrée exclusivement à cette ultime période de sa carrière, alors qu’à Auvers, l’artiste a produit 73 tableaux et 33 dessins, parmi lesquels des chefs-d’œuvre iconiques comme Le Docteur Paul Gachet,

L’église d’Auvers-sur-Oise, ou encore Champ de blé aux corbeaux. L’exposition met en lumière cette période prolixe, à travers une cinquantaine de tableaux et une vingtaine de dessins. Elle présente notamment une série unique dans l’œuvre de van Gogh : onze tableaux d’un format allongé en double carré, et se conclut par une plongée dans la dimension cinématographique du mythe van Gogh.

Biographie

La vie de van gogh
30 mars 1853 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Vincent van Gogh
naît à Zundert (Pays-Bas), dans une famille bourgeoise.
Son père, Theodorus van Gogh, est pasteur.
1869 – 1876 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Van Gogh est employé
chez Goupil & Cie, maison de commerce d’art, à La Haye,
Londres puis Paris.
1878 – 1880 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Après des études
abandonnées de théologie, il devient prédicateur laïc dans
le Borinage, près de Mons, en Belgique, auprès d’une
population de mineurs de charbon.
1880 – 1886 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Il décide de devenir
artiste, prend des cours de peinture mais se forme surtout
en autodidacte, à La Haye, dans la Drenthe, et à Nuenen.
Son frère Theo subvient à ses besoins.
février 1886 – février 1888 . . . . . . . . Il vit chez Theo
à Paris, côtoie Émile Bernard, Paul Gauguin, Henri de
Toulouse-Lautrec ou Paul Signac, et expose ses oeuvres.
février 1888 – mai 1889 . . . . . . . . . . . . Il s’installe à Arles.
Le 23 octobre, Gauguin le rejoint et travaille avec lui.
Le 23 décembre, après une dispute, Van Gogh se tranche
l’oreille gauche. Ses premières crises de démence apparaissent.
mai 1889 – mai 1890 . . . . . . . . . . . . . . . . . Il est interné à l’asile
Saint-Paul-de-Mausole, près de Saint-Rémy-de-Provence.
20 mai – 29 juillet 1890 . . . . . . . . . . . . Van Gogh s’installe à
Auvers-sur-Oise, à l’auberge Ravoux. Il meurt des suites
d’un coup de revolver dans la poitrine, tiré le 27 juillet.

Sa dernière toile

Les Racines 1890

Autour de l’exposition

En visite
Réalité virtuelle « La palette de Van Gogh »
Activité proposée pendant toute la durée de l’exposition
Réservation obligatoire sur billetterie.musee-orsay.fr
Durée : 10 min / tarif : 6 € (n’inclut pas le droit d’entrée
au musée)

Trésors en noir et blanc, Dürer, Rembrandt, Goya, Toulouse-Lautrec …

Albrecht Dürer, Adam et Eve, 1504. Gravure sur bois. Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris.
Crédit : Paris Musées / Petit Palai
s

Au Petit Palais jusqu'au 14 janvier 2024
Commissariat :
Annick Lemoine,
directrice du petit Palais et commissaire générale
Anne-Charlotte Cathelineau,
conservatrice en chef du patrimoine, chargée des collections d’arts graphiques avant 1800 et des sculptures.
Clara Roca,
conservatrice du patrimoine, chargée des collections
d’arts graphiques après 1800 et de photographies.
Joëlle Raineau-Lehuédé,
collaboratrice scientifique au département des arts graphiques.
Prologue

Le Petit Palais met à l’honneur son riche cabinet d’arts graphiques à travers une sélection de près de 200 feuilles des grands maîtres de l’estampe comme Dürer, Rembrandt, Callot, Goya, Toulouse- Lautrec, entre autres… L’estampe tient une place prépondérante dans la collection du Petit Palais. Elle est le reflet du goût de ses illustres donateurs, les frères Auguste et Eugène Dutuit et du conservateur Henry Lapauze, à l’origine d’un musée de l’Estampe moderne créé en 1908 au sein même du Petit Palais. En suivant le fil de l’histoire des collections, l’exposition permet à travers ses plus beaux trésors de découvrir un panorama inédit de l’estampe du XVe au XXe siècle.

L’exposition

La première partie de l’exposition présente une sélection des plus belles feuilles de la collection Dutuit qui en comprend 12 000, toutes signées des plus grands peintres graveurs de leur temps. Ces oeuvres rassemblées sous l’impulsion d’Eugène Dutuit se caractérisent par leur qualité, leur rareté et leur pedigree, en témoigne La Pièce aux cent Florins de Rembrandt, exceptionnelle de par sa taille (près de 50 centimètres de large) et de par son histoire puisqu’elle
appartint à Dominique-Vivant Denon, premier directeur du Louvre.

Parmi les 45 artistes présentés, quatre d’entre eux, aux univers extrêmement puissants, ont donc été choisis pour illustrer ce « goût Dutuit » : Dürer, Rembrandt, Callot et Goya.
Le Petit Palais possède 264 estampes originales d’Albrecht Dürer (1471-1528). La sélection présentée permet de retracer l’ensemble de sa carrière, à la fois sa production religieuse comme Adam et Ève et L’Apocalypse mais également des sujets profanes comme Melencolia et La Grande Fortune ou plus singuliers comme Le Rhinocéros.


En parallèle, deux gravures exceptionnelles sont présentées, l’une d’Antonio Pollaiolo,

la plus grande gravure du Quattrocento, qui nourrit plusieurs
oeuvres de Dürer et l’autre de Marcantonio Raimondi dont la figure principale reprend directement le motif de La Sorcière de l’artiste allemand.


Le parcours s’arrête ensuite sur Jacques Callot (1592-1635), célèbre maître nancéen de l’eau-forte dont le musée détient plus de 700 estampes. Les oeuvres exposées montrent à quel point cet artiste brilla par son imagination débridée et son caractère fantasque mais également par sa capacité à créer dans ses minuscules estampes un véritable microcosme fourmillant d’une multitude de détails et de personnages.


L’exposition se poursuit avec Rembrandt (1606-1669), sans doute l’artiste qui fascina le plus Eugène Dutuit. Ce dernier collecta un fonds exceptionnel de 375 estampes du maître pendant plus de cinquante ans. La collection comprend des pièces majeures et rares qui permettent d’embrasser toute la carrière du peintre-graveur hollandais et de retracer son évolution stylistique, iconographique et technique.

Enfin, le parcours présente un ensemble exceptionnel d’estampes de Goya (1746-1828)

dont des épreuves d’état de la Tauromachie et un remarquable album des Caprices.

La création contemporaine

Grâce aux frères Dutuit, la place de l’estampe au sein des collections du Petit Palais est assurée, mais elle doit encore s’ouvrir à la création contemporaine. Henry Lapauze en sera la cheville ouvrière. En 1908, son travail est consacré par l’inauguration du musée de l’Estampe moderne au sein du Petit Palais. Pour
le constituer, Lapauze sollicite de nombreux dons de marchands et collectionneurs comme Henri Béraldi qui offre au musée 100 portraits d’hommes d’État, de savants ou d’artistes dont plusieurs sont présentés dans l’exposition. Il obtient également des dons d’artistes et de familles d’artistes. Les noms égrainés indiquent bien le succès de cette collecte : Buhot, Bracquemond, Chéret, Steinlen, Toulouse-Lautrec… Tous ont marqué l’histoire de l’estampe et dessinent le visage de la gravure contemporaine, essentiellement parisienne, des premières années du XXe siècle.
Les oeuvres rassemblées offrent un panorama d’un Paris 1900 aussi spectaculaire, effervescent que socialement inégalitaire.


Henri Lapauze accueille également les estampes commandées et éditées par la Ville de Paris dont l’exposition présente un très bel exemple, Le Triomphe de l’Art d’après Bonnat, accompagné de son dessin préparatoire et de sa matrice gravée. En contrepoint de ce parcours en noir et blanc, l’estampe en couleurs vient clore l’exposition, bien représentée notamment par un bel ensemble de portraits et de paysages acquis grâce au soutien du marchand
d’art et éditeur Georges Petit. Enfin, une sélection des dernières acquisitions, dont des estampes d’Auguste Renoir, Anders Zorn et Odilon Redon, montre le dynamisme de la politique d’acquisition du musée.

Plusieurs dispositifs de médiation permettent de se familiariser avec les différentes techniques de l’estampe : la gravure sur bois, l’eau-forte et l’eau-forte en couleurs, le burin et la lithographie. En fin d’exposition, après avoir visionné une démonstration filmée de réalisation d’une eau-forte, le visiteur expérimente lui-même ce processus créatif grâce à une table numérique ludique afin de créer une oeuvre qu’il peut recevoir par e-mail et partager sur les réseaux sociaux.

Informations pratiques

Horaires d’ouverture
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Nocturnes : vendredis et samedis jusqu’à 20h
Fermé les 1er et 11 novembre, 25 décembre, 1er janvier.
Accès
En métro
Lignes 1 et 13 : Champs-Élysées Clemenceau
Ligne 9 : Franklin D. Roosevelt
En RER
Ligne C : Invalides
En bus
Lignes 28, 42, 72, 73, 80, 83, 93

À toi de faire, ma mignonne. – Une exposition de Sophie Calle au Musée Picasso

Jusqu'au 7 JANVIER 2024 au musée Picasso
commissaire : Cécile Godefroy est historienne de l’art, docteure de l’université
Paris IV - Sorbonne, membre de l’Association Internationale des
Critiques d’art, elle est Responsable du Centre d’Etudes Picasso
qui ouvrira en décembre 2023 au Musée national Picasso-Paris.

Si vous pensez voir des Picasso, passez votre chemin. Si vous êtes des inconditionnels de Sophie Calle, cette exposition est pour vous. Invitée pour une Carte blanche au musée Picasso-Paris dans le cadre des évènements autour des 50 ans de la mort du géant de l’art moderne, Sophie Calle investit les quatre niveaux du bâtiment déployant son travail autour de deux grands thèmes : la question du regard et celle de la disparition et de la mort.

Prologue

Sophie Calle célèbre à sa manière les 50 ans de la mort de Pablo Picasso, en investissant la totalité des quatre étages de l’hôtel Salé avec une proposition d’exposition inédite.
Organisée en quatre temps correspondant aux quatre étages du musée, l’exposition À toi de faire, ma mignonne prend le contre-pied des multiples évènements de la « Célébration Picasso 1973-2023 » qui mettent à l’honneur l’artiste espagnol.
L’exposition de Sophie Calle porte un regard curieux et décalé sur un choix d’oeuvres emblématiques de Picasso dont l’artiste convoque les images ou la mémoire au travers d’un récit personnel qui se déroule au rez-de-chaussée du musée. Avec cette exposition, qui au fil des étages se déploie indépendamment de Picasso et prend un caractère volontiers rétrospectif, Sophie Calle explore certaines des thématiques qui lui sont centrales telles que la privation du regard ou la disparition en ayant recours à l’archive et à l’écriture comme sources et matières premières de sa création. Relevant le défi de l’invitation, l’artiste interroge avec esprit et profondeur la réception critique de son oeuvre et son souci de transmission aux générations futures.

PARCOURS D’EXPOSITION

PICALSO

Niveau 0

Le rez-de-chaussée de l’hôtel Salé marque l’entrée en scène de Sophie Calle
au musée Picasso. À l’exception de trois autoportraits de Picasso qui entourent
l’artiste faisant sa mignonne, ici incarnée par la présentation du polar qui
donna titre à l’exposition, l’étage joue sur une présence en creux du peintre
espagnol. À l’appui d’un récit personnel, Sophie Calle initie le dialogue en usant
d’anecdotes et souvenirs – certains remontant à l’enfance -, de contrepoints
visuels et de détournements. Avec les « Picasso confinés », ce sont les tableaux
accrochés, protégés de la lumière et photographiés pendant le confinement
qui sont donnés à voir.


L’absence rode également sur les « Picasso fantômes »,
soit cinq tableaux majeurs de Picasso que de grands voilages, brodés au
format des oeuvres, couvrent de descriptions récoltées auprès du personnel
du musée à un moment où les oeuvres étaient prêtées à l’extérieur.

Une composition monumentale enfin, au format de la célèbre peinture Guernica, fait oeuvre collective en réunissant près de deux cents photographies, objets et miniatures de la collection personnelle de Sophie Calle, provenant pour la plupart d’échanges avec les artistes, de Christian Boltanski à Tatiana Trouvé en passant par Miquel Barceló, Damien Hirst et Cindy Sherman.

Salle 0.1

2019. Premier rendez-vous et proposition d’investir le musée Picasso en 2023,
à l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort de l’artiste. Sans LUI, si je
préfère. Les mots de ma mère se frayent un chemin, le syndrome d’imposture
dans leur sillage. Lors d’un vernissage au musée d’Art moderne, à New York,
découvrant mes oeuvres entre celles de Hopper et de Magritte, elle s’était
exclamée : « Tu les as bien eus ! » Cette fois, je l’imagine chuchoter :
« Pourquoi toi ? »

Récapitulons.
Il y a ma toute première oeuvre, du moins celle à laquelle mon père conféra
ce statut en l’encadrant, et dont il recopia la légende crayonnée au dos, qui
s’effaçait. J’avais peut-être six ans, et ce dessin fit dire à ma grand-mère qu’il y
avait un Picasso dans la famille.


Il y a Tête, un Picasso volé à Chicago, dont j’avais fait le portrait-robot à partir
des souvenirs de ceux qui l’avaient côtoyé.
Il y a Prolongation, titre d’une de ses expositions en Avignon, que je me suis
promis d’emprunter un jour.
C’est maigre.

Salle 0.2

Les Picasso Confinés.

Deuxième rendez-vous au musée Picasso, durant le confinement. Pas
de visiteurs. Les Picasso sont protégés, emballés, dissimulés. Dessous.
Une présence fantomatique, moins intimidante, que j’ai immédiatement
photographiée. Avant même de le savoir, je venais d’accepter.

Salle 0.5

Les Picasso fantômes

Lors de mes premières visites, La Mort de Casagemas, Grande baigneuse au
livre, Paul dessinant, Homme à la pipe et La Nageuse manquaient pour cause de
prêt. J’ai demandé aux conservateurs, aux gardiens et à d’autres permanents
du musée de me les décrire. À leur retour, je les ai voilés avec les souvenirs
qu’ils laissent lorsqu’ils s’absentent.

                                        Sophie Calle, Paul jouant

LES YEUX CLOS

Niveau 1

Le premier étage s’amorce sur une anecdote relatée par Cocteau de Picasso
observant en Avignon un peintre à moitié aveugle peignant le château des
Papes à partir des seuls mots de sa femme. En réponse à la crainte bien connue
de Picasso de perdre un jour la vue, Sophie Calle réunit un ensemble d’objets,
de photographies et de vidéos consacrés au thème du regard – regard clos,
inédit (« Voir la mer »), privé (« La dernière image », « Les Aveugles »), etc.

Picasso dit souvent que la peinture est un métier d’aveugle. Il peint, non
ce qu’il voit, mais ce qu’il en éprouve, ce qu’il se raconte de ce qu’il a vu.
Jean Cocteau

LES AVEUGLES

Salle 1.3
J’ai rencontré des gens qui sont nés aveugles. Qui n’ont jamais vu.
Je leur ai demandé quelle est pour eux l’image de la beauté.


VOIR LA MER

Salle 1.4
À Istanbul, une ville entourée par la mer, j’ai rencontré des gens qui ne l’avaient jamais vue.

Dans son journal intime, ma mère avait écrit :
« Sophie est tellement morbide
qu’elle viendra me voir plus souvent sous ma tombe que rue Boulard. »
Moi, pour éloigner la mort, j’ai photographié des cimetières, filmé ma mère mourante, tenté d’organiser la répétition générale de mes funérailles, possédé un caveau à Montparnasse avant d’en déménager pour raisons familiales, disséminé chez moi des enveloppes qui contiennent autant de testaments rédigés dans l’urgence avant chaque voyage. Pour ensuite passer à autre chose.

                                      le Cénotaphe de Sophie Calle

MA MÈRE, MON PÈRE, ET MOI

Niveau 2

Au deuxième étage du musée, Sophie Calle procède à l’inventaire de ses biens
dans une mise en scène spectaculaire. Introduit par un ensemble d’oeuvres
dédiées au thème de la disparition, celle des parents de l’artiste, jusqu’à sa
propre mort simulée, le visiteur traverse plusieurs salles où plus de 500 objets
de Sophie Calle – dessins, tableaux, photographies, objets d’art et de curiosité,
ouvrages rares, vaisselle et mobilier – sont exposés à la manière de l’Hôtel
Drouot.
Dans les archives personnelles de Picasso conservées au musée, Sophie Calle
a trouvé la lettre d’une association d’aide aux artistes aveugles, sollicitant de
Picasso un dessin original, dans le but d’édifier, avec les bénéfices de la vente,
la Maison des yeux clos. N’ayant pas trouvé la réponse, Sophie Calle a fait appel
à la générosité de la Fondation Almine et Bernard Ruiz-Picasso afin d’organiser
durant l’exposition une vente en ligne organisée par Drouot Estimations d’une
céramique de Picasso et de reverser les bénéfices de la vente à une association
de mal-voyants.

Salle 2.4
Pourquoi faudrait-il jeter en l’air ce qui me fit la grâce d’arriver jusqu’à moi ?
Pablo Picasso
Ma mère est morte, mon père est mort, je n’ai pas d’enfants. Quand je ne serai
plus là, que vont devenir les choses de ma vie ? Sans héritiers définis, une vente
judiciaire peut m’arriver ; vendue à l’encan. Si je veux exorciser cette crainte
qu’à ma mort leur histoire commune, ainsi que celle qui me relie à eux, ne
s’efface, c’est par la générale de ma succession que je dois commencer.

J’ai donc proposé aux commissaires-priseurs de l’Hôtel Drouot de mettre en
scène mon cauchemar, d’expertiser les biens de ma maison de Malakoff et de
dresser l’inventaire descriptif mais non estimatif de mon patrimoine mobilier.

Niveau 3

Le troisième et dernier étage propose un bilan des projets de Sophie Calle.
Un inventaire des 61 projets achevés se présente sous la forme de polars dont
les titres font écho aux séries de l’artiste. Un ensemble de projets restés en
suspens fait suite, donnant vie aux incidents de parcours, aux esquisses et
tentatives, aux oeuvres en sursis et en péril. En fin de parcours, Sophie Calle
investit physiquement une salle de l’étage en installant son bureau qu’elle
tiendra ouvert à ses heures pendant toute la durée de l’exposition.
Salle 3.1

INVENTAIRE DES PROJETS ACHEVÉS

J’ai voulu faire le bilan, partir de RIEN ou presque, dresser la liste de tous les
projets réalisés depuis mes débuts. J’en ai comptabilisé soixante et un. Comme
j’avais été tentée un jour d’emprunter un titre à la série noire, j’ai parcouru leur
inventaire et j’ai eu l’impression que leurs titres m’attendaient

INFOS PRATIQUES

Musée Picasso
ACCÈS
5 rue de Thorigny,
75003 Paris
Métro
Ligne 1 Saint-Paul
Ligne 8 Saint-Sébastien-Froissart
Ligne 8 Chemin Vert
Bus
20 – 29 – 65 – 75 – 69 – 96

HORAIRES D’OUVERTURE
10 h 30-18 h
9 h 30-18 h en période de vacances scolaires
et le week-end
Tous les jours sauf le lundi, le 1er janvier,
le 1er mai et le 25 décembre.
RENSEIGNEMENTS
+33 (0)1 85 56 00 36
contact@museepicassoparis.fr

Antony Gormley, Critical Mass

Antony Gormley, Critical Mass
© agence photographique du musée Rodin – Jérome Manoukian

Au musée Rodin jusqu'au 03 MARS 2024
COMMISSARIAT :
SOPHIE BIASS-FABIANI, CONSERVATRICE DU PATRIMOINE AU MUSÉE RODIN
AVEC LE SOUTIEN DE la GALERIE THADDAEUS ROPAC

Une ligne court à travers le jardin, entre l’imposante Porte de l’Enfer (1880-1917) de Rodin et les ordonnancements harmonieux des frontons et des pilastres classiques et des fenêtres rectangulaires ou cintrées de l’hôtel de Biron. Cette ligne relie douze formes corporelles de Critical Mass II (1995) d’Antony Gormley. D’abord accroupies, recroquevillées au sol puis fières sentinelles, les figures de fonte s’élèvent progressivement jusqu’à la station debout. Les transformations que connaît leur posture retracent l’ascension évolutive de l’homme et cartographient les progrès de la sensibilité humaine, depuis la vulnérabilité et l’insécurité jusqu’à ce qu’on pourrait interpréter comme de la confiance, de la fierté ou de la curiosité, le regard tendu vers le haut.

Au musée Rodin, les figures s’éloignent de l’hôtel en direction de la Porte de l’Enfer : la ligne de la croissance et du progrès de l’humanité s’achève, et le corps humain rencontre l’œuvre de Rodin, expression terrible de notre chute finale, avant de sombrer sous le sol.

Le poids de chacune des douze formes corporelles équivaut à dix fois celui de l’artiste ; chacune d’entre elles affirme immédiatement la capacité de la sculpture à créer des lieux et à susciter des perturbations.

En complément de Critical Mass, on trouve également six Insiders dans la galerie des marbres et quatre sculptures qui dialoguent au coeur de l’hôtel Biron avec les chefs d’oeuvres de Rodin. Ce vis-à-vis entre les oeuvres de Rodin et de
Gormley interroge le rapport de la sculpture au corps.

« Tout a dû être dit sur les relations de l’œuvre de Gormley avec le cubisme et avec l’histoire de l’art en général. Il donne l’impression de suivre le conseil de Cézanne :

« Traitez la nature par le cylindre, la sphère, le cône » où il n’est pas question de cube, alors que le mouvement qui lui a succédé dans la quête d’un nouveau territoire en peinture s’appelle « cubisme ».

Au lieu de persévérer à comparer des artefacts appartenant à la même catégorie, que l’Occident désigne comme art, il semble fructueux de l’approcher sur un registre plus direct et plus sensoriel. Les regardeurs qui n’ont pas été lobotomisés par les diktats de l’histoire de l’art orientent leur jugement vers une projection empathique, surtout lorsqu’il s’agit du corps. »

Résonances des corps (extraits)
Jean-Hubert Martin

Cette exposition offre également un aperçu des méthodes de travail de Gormley
ainsi que de son approche du travail avec ses collaborateurs, comparable à celle
de l’atelier de Rodin avec son mode de production collective. Une série d’études
de Gormley sont présentées près des maquettes de Rodin, tandis qu’un moule
en plâtre trouve sa place aux côtés de l’Étude de robe de chambre de Balzac, mettant en évidence l’utilisation de moules par les deux artistes comme une source constante de renouvellement. Plus de deux cents carnets sont aussi exposés, révélant 40 ans d’idées, d’observations et de dessins.

Lartiste dit à propos de cette exposition :
« La raison pour laquelle Rodin reste
une source essentielle d’inspiration et de renouveau pour la sculpture, c’est la manière dont il l’a libérée en associant des techniques et des matériaux à la fois anciens et modernes de façon extraordinairement prémonitoire. Par ses innovations, le père de la sculpture moderne est allé au bout de la liberté d’expérimenter, il a utilisé les nouvelles techniques de reproduction rendues possible à son époque par le développement industriel. Je considère Critical Mass II comme l’exemple le plus abouti de ma tentative de rendre la vie et sa place au corps dans l’art de la sculpture. »

Lorsque les visiteurs entrent dans l’hôtel, les œuvres de Gormley constellent leur vision périphérique, telles des intrus que l’on entraperçoit dans les encoignures à mesure que le regard glisse de salle en salle, perturbant et interrogeant les œuvres de Rodin dont elles partagent l’espace.

Au rez-de-chaussée, la salle 3 illustre d’emblée ce débat silencieux. La figure courbée de Burst (2022) de Gormley ignore L’Âge d’airain (1875-1877) de Rodin. Genoux pliés, le corps de métal s’accroupit, le torse serré contre ses cuisses, la tête rentrée – le corps se ferme à son environnement, se replie sur lui-même. Avec ses membres toniques et musclés, étendus dans un geste d’éveil, L’Âge d’airain transpire au contraire les notions conventionnelles de beauté et de force masculines

Informations pratiques

MUSÉE RODIN
77, RUE DE VARENNE
75007 PARIS
T. +33 (0)1 44 18 61 10
M° VARENNE
FERMÉ LE LUNDI
OUVERT DE 10H À 18H30
MUSEE-RODIN.FR

Sommaire du mois d’octobre 2023

Anthony Gormley au musée Rodin © agence photographique du musée Rodin – Jérome Manoukian

31 octobre 2023 : DÉVOILER – Jean-Christophe Ballot
27 octobre 2023 : Mark Rothko, peintre du vertige intérieur
26 octobre 2023 : PARIS+ PAR ART BASEL
25 octobre 2023 : Gertrude Stein et Pablo Picasso, L’invention du langage
24 octobre 2023 : À l’occasion de son 170e anniversaire, le Musée Unterlinden de Colmar propose une exposition-anniversaire
21 octobre 2023 : Nicolas de Staël, l’intranquille
15 octobre 2023 : Antony Vest, Floating Manurhin
10 octobre 2023 : La BPM – Biennale de la Photographie de Mulhouse
08 octobre 2023 : Identités partagées – Daniel Tiziani
06 octobre 2023 : Les abstractions de Maggy Kaiser au Musée des Beaux-arts

Mark Rothko, peintre du vertige intérieur

La Fondation Vuitton présente la première rétrospective en France consacrée à Mark Rothko (1903-1970), jusqu'au 2 avril 2024
Commissaire de l’exposition : Suzanne Pagé
Co-commissaire de l’exposition : Christopher Rothko 
avec François Michaud et Ludovic Delalande, Claudia Buizza, Magdalena Gemra, Cordélia de Brosses

« C’était seulement l’extase ; l’art est extatique ou il n’est rien ».
Telle était la profession de foi de Mark Rothko (1903-1970). 

Mark Rothko, Self Portrait, 1936
Huile sur toile 81,9 x 65,4 cm
Collection de Christopher Rothko
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko – Adagp, Paris, 2023

Première rétrospective en France consacrée à Mark Rothko (1903-1970) depuis
celle du musée d’Art Moderne de la Ville de Paris en 1999, l’exposition présentée à la Fondation Louis Vuitton à partir du 18 octobre 2023 réunit quelque 115 oeuvres provenant des plus grandes collections institutionnelles et privées internationales, notamment la National Gallery of Art de Washington, la Tate de Londres, la Phillips Collection ainsi que la famille de l’artiste. Se déployant dans la totalité des espaces de la Fondation, selon un parcours chronologique, elle retrace l’ensemble de la carrière de l’artiste depuis ses premières peintures figuratives jusqu’à l’abstraction
lui définit aujourd’hui son oeuvre.

« Je suis devenu peintre car je voulais élever la peinture pour qu’elle soit aussi poignante que la musique et la poésie. »
Mark Rothko

L’exposition s’ouvre sur des scènes intimistes et des paysages urbains – telles les scènes du métro new-yorkais – qui dominent dans les années 1930, avant de céder la place à un répertoire inspiré des mythes antiques et du surréalisme à travers lesquels s’exprime, pendant la guerre, la dimension tragique de la condition humaine.

Mark Rothko, Untitled (The Subway), 1937
Huile sur toile 61 x 91,4 cm
Collection Elie and Sarah Hirschfeld, New York
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko -Adagp, Paris, 2023

Mark Rothko, The Omen of the Eagle, 1942
Huile et crayon sur toile 65,4 x 45,1 cm
National Gallery of Art, Washington DC Gift of the Mark Rothko Foundation, Inc., 1986.43.107 © 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko –
Adagp, Paris, 2023

À partir de 1946, Rothko opère un tournant décisif vers l’abstraction dont la première phase est celle des Multiformes, où des masses chromatiques en suspension tendent à s’équilibrer. Progressivement, leur nombre diminue et l’organisation spatiale de sa peinture évolue rapidement vers ses oeuvres dites « classiques » des années 1950 où se superposent des formes rectangulaires suivant un rythme binaire ou ternaire, caractérisées par des tons jaunes, rouges, ocre, orange, mais aussi bleus, blancs…


Mark Rothko,
No. 21, 1949
Huile et techniques mixtes sur toile
238,8 x 135,6 cm
The Menil Collection, Houston
Acquired in honor of Alice and George Brown
with support from Nancy Wellin and Louisa Sarofim
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko –
Adagp, Paris, 2023

En 1958, Rothko reçoit la commande d’un ensemble de peintures murales destinées au restaurant Four Seasons conçu par Philip Johnson pour le Seagram Building – dont Ludwig Mies van der Rohe dirige la construction à New York. Rothko renonce finalement à livrer la commande et conserve l’intégralité de la série. Onze ans plus tard, en 1969, l’artiste fera don à la Tate de neuf de
ces peintures qui se distinguent des précédentes par leurs teintes d’un rouge profond, constituant une salle exclusivement dédiée à son travail au sein des collections.

Mark Rothko,
Black On Maroon, 1958
Huile sur toile
266,7 x 365,7 cm
Tate, Londres
Presented by the artist through American
Foundation of Arts, 1969
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko –
Adagp, Paris, 2023

Cet ensemble est présenté exceptionnellement dans l’exposition.
En 1960, la Phillips Collection consacre au peintre une salle permanente, la première « Rothko Room », étroitement conçue avec lui, qui est également présentée ici.


Mark Rothko,
The Ochre (Ochre, Red on Red), 1954
Huile sur toile
235,3 x 161,9 cm
The Phillips Collection, Washington DC
Acquired 1960
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko –
Adagp, Paris, 2023

L’année suivante, le MoMA organisera la première rétrospective de son oeuvre qui voyagera dans plusieurs villes européennes (Londres, Bâle, Amsterdam, Bruxelles, Rome, Paris). Au cours des années 1960, il répond à de nouvelles commandes, dont la principale est la chapelle voulue par Jean et Dominique de Menil à Houston, inaugurée en 1971 sous le nom de Rothko Chapel.
Si depuis la fin des années 1950, Rothko privilégie des tonalités plus sombres, des contrastes sourds, l’artiste n’a pourtant jamais complètement abandonné sa palette de couleurs vives, comme en témoignent plusieurs toiles de 1967 et le tout dernier tableau rouge demeuré inachevé dans son atelier. Même la série des Black and Grey de 1969-1970 ne peut mener à une interprétation simpliste
de l’oeuvre associant le gris et le noir à la dépression et au suicide.


Mark Rothko,
Untitled (Black on Gray), 1969
Acrylique sur toile
236,2 x 193,4 cm
Anderson Collection at Stanford University,
Gift of Harry W. and Mary Margaret Anderson,
and Mary Patricia Anderson Pence, 2014.1.023
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko –
Adagp, Paris, 2023

Ces oeuvres sont réunies dans la plus haute salle du bâtiment de Frank Gehry aux côtés des grandes figures d’Alberto Giacometti, créant un environnement proche de ce que Rothko avait imaginé pour répondre à une commande de l’UNESCO restée sans lendemain.


La permanence du questionnement de Rothko, sa volonté d’un dialogue sans mots avec le spectateur, son refus d’être vu comme un « coloriste », autorisent à travers cette exposition une lecture renouvelée de son oeuvre – dans sa vraie pluralité.

Suzanne Pagé, Commissaire de l’exposition

Comment dire ce qui ne peut l’être et pourtant s’éprouve si intensément ? Comment introduire par les mots à une oeuvre qui a porté à son incandescence la picturalité, langage irréductible à tout autre ? Que cherche le visiteur captif de ce qui parle si fort à ses yeux, à son coeur, à tout son être? Que cherche sans répit l’artiste lui-même que de rares photos montrent dans l’atelier scrutant
inlassablement les champs colorés auxquels il a peu à peu réduit ses propres toiles ? Pourquoi, aujourd’hui encore, cette oeuvre nous apparaît-elle si nécessaire dans son urgence intemporelle à évoquer la condition humaine, cette poignancy tapie au plus profond de chacun comme Rothko la veut au
coeur de son oeuvre, récurrente aussi dans ses carnets ?

Biographie

Né Marcus Rotkovitch et ayant quitté à l’âge de dix ans sa Russie natale après un passage par l’école talmudique, l’artiste ne cessera de nourrir sa peinture de lectures et de réflexions sur l’art et la philosophie. Après avoir quitté Yale où il avait bénéficié d’une formation intellectuelle plurielle – des mathématiques à l’économie, la biologie, la physique, la philosophie, la psychologie, les langues…
– et avoir déjà manifesté à travers un journal un engagement social permanent et lié à une volonté constante de transmission. C’est à l’École de la vie qu’il s’éprouve ensuite avant d’être brièvement tenté par le théâtre. Découvrant fortuitement la peinture à l’Art Students League en 1923, il y retournera notamment auprès de Max Weber puis en deviendra membre pour la quitter en 1930.
C’est en 1938 qu’il sera naturalisé, adoptant deux ans plus tard le nom de Mark Rothko.

« à ceux qui pensent que mes peintures sont sereines, j’aimerais dire que j’ai emprisonné la violence la plus
absolue dans chaque centimètre carré de leur surface » Rothko.

Christopher Rothko

extrait …..Aussi justifiée soit sa réputation d’artiste réservé, je pense qu’il y a derrière sa réticence à évoquer sa technique une motivation bien plus forte. À ses yeux, les matériaux, les méthodes et même les titres détournaient le spectateur de l’expérience d’absorption dans l’oeuvre. Il voulait simplement que le visiteur regarde, qu’il soit présent face à l’oeuvre.
Si Rothko était là aujourd’hui, il vous enjoindrait de cesser de lire cet essai, de lire les textes muraux, d’arrêter de vous demander où il achetait ses couleurs, s’il portait ou non ses lunettes pour peindre, ou de vous informer sur l’éclairage dans l’atelier. Regardez la peinture. Regardez dans la peinture.
Mon père ne vous demande pas de vous préoccuper de la façon dont il l’a réalisée, il veut que vous fassiez l’expérience de ce qu’il a lui-même éprouvé en l’exécutant. Il ne veut pas d’un étudiant, ni d’un observateur, il a besoin d’un co-créateur. vidéo
Traduction de l’anglais par Annie Pérez

Conclusion

Pour l’artiste hier comme pour le visiteur aujourd’hui de quel exil cet art serait-il donc le signe ? De quelle quête scellée au plus profond de chacun ?
L’état d’hypersensibilité né à la surface des tableaux et développé par les oeuvres – comme par un excès de beauté – suscite et aiguise simultanément plénitude et incomplétude. En même temps qu’est décuplé un ravissement sensoriel se creuse comme une attente puis viennent des questionnements
de l’ordre de la transcendance dont ces oeuvres autorisent l’accès. Chacun y mettra ses mots, séraphiques ou tragiques. Félicité ou néant lié à la hantise de la condition de mortel, Rothko ne choisit pas. Si les gens veulent des expériences sacrées, ils les trouveront, s’ils veulent des expériences profanes, ils les trouveront.

Cette exposition d’un artiste pour qui la musique était vitale – Mozart, Schubert… – et qui avait la volonté d’élever la peinture au même degré d’intensité que la musique et la poésie, sera l’occasion d’une création
exceptionnelle du compositeur Max Richter inspirée par l’oeuvre de Rothko.

Informations pratiques

Réservations
Sur le site : www.fondationlouisvuitton.fr
Horaires d’ouverture
(hors vacances scolaires)
Lundi, mercredi et jeudi de 11h à 20h
Vendredi de 11h à 21h
Nocturne le 1er vendredi du mois jusqu’à 23h
Samedi et dimanche de 10h à 20h
Fermeture le mardi
Horaires d’ouverture
(vacances scolaires)
Vacances de Pâques : Tous les jours de 10h à 20h
Vacances d’été : lundi, mercredi et jeudi de 11h à
20h – samedi et dimanche de 10h à 20h –
fermeture le mardi
Accès
Adresse : 8, avenue du Mahatma Gandhi,
Bois de Boulogne, 75116 Paris.
Métro : ligne 1, station Les Sablons,
sortie Fondation Louis Vuitton.
Navette de la Fondation : départ toutes les
20 minutes de la place Charles-de-Gaulle – Etoile,
44 avenue de Friedland 75008 Paris (Service
réservé aux personnes munies d’un billet Fondation
et d’un titre de transport – billet aller-retour de 2€ en
vente sur
www.fondationlouisvuitton.fr ou à bord
France culture

PARIS+ PAR ART BASEL

Partenaires institutionnels
Les partenaires institutionnels de Paris+ par Art Basel sont la Ville de Paris, la Réunion des Musées Nationaux — Grand Palais (RMN-GP), le Musée du Louvre, le Centre Pompidou, le Palais d’Iéna / CESE et les Beaux-Arts de Paris.
 Clément Delépine a pris la direction de Paris+ par Art Basel lorsque le groupe Bâlois a remporté l’appel d’offre de la RMN (Réunion des Musées Nationaux) – Grand Palais en 2022.
Du 18 octobre au 22 octobre 2023

Le directeur


C’est l’un des personnages les plus en vue du marché de l’art et paradoxalement l’un des plus discrets. Il a pris la direction de Paris+ par Art Basel lorsque le groupe Bâlois a remporté l’appel d’offre de la RMN (Réunion des Musées Nationaux) – Grand Palais en 2022. Né à Paris, il a grandi en Suisse avant de partir pour les États-Unis où il s’est forgé une expérience solide.

Présentation

Paris+ par Art Basel renforce sa présence à Paris avec une deuxième édition couronnée de succès et un ambitieux programme public à l’échelle de la ville.
La deuxième édition de Paris+ par Art Basel s’est achevée, mettant une fois de plus en évidence le rayonnement culturel exceptionnel de la capitale française et sa montée en puissance en tant que place forte du marché de l’art mondial. Avec 154 galeries prestigieuses, dont 61 possédant un espace en France, la foire a offert un vaste panorama de la scène artistique florissante du pays, à laquelle elle a également contribué par un programme public élargi et accessible gratuitement. Réalisé en collaboration avec des institutions culturelles parisiennes de renommée mondiale, ce programme a attiré des milliers de visiteurs et a pris place dans six lieux emblématiques de la capitale.

De plus, la deuxième édition de Paris+ par Art Basel a bénéficié de la présence de nombreuses galeries internationales d’Europe, des Amériques, d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient, dont 15 participaient à la foire pour la première fois. Paris+ par Art Basel s’est tenu au Grand Palais Éphémère  et a attiré près de 38’000 visiteurs sur l’ensemble de ses journées professionnelles et publiques.
La prochaine édition retrouvera le mythique Grand Palais, du 18 au 20 octobre 2024.

Les galeries

Les galeries ont fait état de ventes importantes couvrant tous les segments du marché, dont des oeuvres de maîtres du XXe siècle tels qu’Alexander Calder, Ed Clark, Niki de Saint Phalle, Leonor Fini, Jean Hélion, Aristide Maillol, Robert Rauschenberg et Anna Zemánková ; d’artistes contemporains de premier plan tels que Mark Bradford, Tracey Emin, Camille Henrot, Loie Hollowell, Lee Ufan, Wolfgang Tillmans, Yan Pei-Ming et Flora Yukhnovich ; d’artistes confirmés comme Katinka Bock, Mohamed Bourouissa, Reggie Burrows Hodges, Sayre Gomez, Rachel Jones, Suki Seokyeong Kang, Jean-Luc Moulène et Laure Prouvost ; et d’artistes émergents comme Jenna Bliss, Gaëlle Choisne, Elladj Lincy Deloumeaux, Karol Palczak, Nora Turato, Sophie Varin, Xie Lei et Trevor Yeung.

Clément Delépine, directeur de Paris+ par Art Basel, a déclaré :

« Je suis profondément reconnaissant envers les galeries, les artistes, les collectionneur·euses, les représentant·es des institutions et les partenaires qui nous ont rejoint·e·s pour la deuxième édition de Paris+ par Art Basel et qui en ont fait un tel succès. Ensemble, nous avons déployé une programmation exceptionnelle, du Grand Palais Éphémère au Jardin des Tuileries. L’impact de la foire sur la vie culturelle de la ville est indéniable et ne pourra que s’amplifier avec notre arrivée au Grand Palais en 2024, dont nous nous réjouissons déjà. »

Le programme public

Accessible gratuitement au public et réalisé en collaboration avec la Ville de Paris et les institutions culturelles locales, le programme public élargi de Paris+ par Art Basel comprenait trois expositions, deux installations monumentales en plein air et une série de discussions et de débats, présentées dans six lieux emblématiques de la ville. Certains projets restent exposés au-delà des dates de la foire.

Pèle mêle

A l’année prochaine