A la Fondation Vuitton jusqu'au 9 septembre 2024 L’exposition « Ellsworth Kelly. Formes et Couleurs, 1949-2015 » est présentée dans le cadre de « Ellsworth Kelly at 100 », exposition itinérante organisée par le Glenstone Museum (Potomac, Maryland) où elle s’est tenue jusqu’au 17 mars 2024. L’étape française a notamment été adaptée au regard de l’intervention d’Ellsworth Kelly pour l’Auditorium de la Fondation Louis Vuitton. Après Paris, où Ellsworth Kelly a développé certaines de ses idées les plus radicales en tant que jeune artiste, une nouvelle présentation se tiendra à l’espace M7 de Doha (Qatar), marquant la première exposition de l’oeuvre de l’artiste dans la région.
Célébration
Célébration du centenaire de la naissance de l’artiste, « Ellsworth Kelly. Formes et Couleurs, 1949-2015 » est la première exposition en France à aborder de manière aussi large l’oeuvre de ce créateur essentiel de la seconde moitié du XXe siècle, tant par sa chronologie que par les techniques qu’elle réunit. Organisée avec le Glenstone Museum (Potomac, Maryland) et en collaboration avec le Ellsworth Kelly Studio, l’exposition regroupe plus d’une centaine de pièces, peintures, sculptures mais aussi dessins, photographies et collages. L’exposition bénéficie de prêts d’institutions internationales (Art Institute of Chicago, Kröller-Müller Museum, Museum of Modern Art, San Francisco Museum of Modern Art, Tate, Whitney Museum) et de collections privées.
Ellsworth Kelly est considéré comme l’un des plus importants peintres et sculpteurs abstraits américains. S’étendant sur sept décennies, sa carrière est marquée par l’indépendance de son art par rapport à toute école ou mouvement artistique et par sa contribution novatrice à la peinture et à la sculpture du XXe siècle.
Il s’est inspiré de la nature et du monde qui l’entourait pour créer son style singulier qui a renouvelé l’abstraction aux XXe et XXIe siècles. Dix ans après sa disparition, ses oeuvres exercent toujours la même fascination, bien au-delà des frontières habituelles de la peinture. La Fondation Louis Vuitton a la chance d’en témoigner quotidiennement : son Auditorium abrite la dernière commande réalisée par l’artiste de son vivant. Pensée en dialogue avec les volumes de l’architecture de Frank Gehry, elle se déploie du rideau de scène (Spectrum VIII) aux murs de la salle de concert comme relevés et animés par une suite de monochromes rouge, jaune, bleu, vert et violet. L’exposition « Ellsworth Kelly. Formes et Couleurs, 1949-2015» retrace l’exploration par l’artiste de la relation entre forme, couleur, ligne et espace à travers des oeuvres-clés issues de périodes charnières de sa carrière. La diversité des oeuvres, présentées sur deux étages du bâtiment et près de 1500 m2, appelle à se déjouer de la trompeuse simplicité du vocabulaire d’Ellsworth Kelly et à apprécier une oeuvre à la vitalité et la richesse surprenantes.
Souvent monochromes, d’apparence stricte dans leurs lignes, ses travaux ne découlent pas d’un système ou de l’application d’une règle. Ils résultent d’une quête visuelle où formes et couleurs s’accordent avec hédonisme. Présentée au rez-de-bassin et au rez-de-chaussée de la Fondation, l’exposition comprend près de 100 oeuvres tirées des collections du Glenstone Museum, de la Fondation Louis Vuitton et de grands musées internationaux, notamment le Centre Pompidou, l’Art Institute of Chicago, le Philadelphia Museum of Art, le Kröller-Müller Museum (Pays-Bas), le San Francisco Museum of Modern Art, la Tate (Londres), le Walker Art Center (Minneapolis) et le Whitney Museum of American Art (New York). Des oeuvres majeures ont également été généreusement mises à disposition par le Ellsworth Kelly Studio et des collections privées.
Les oeuvres exposées couvrent le large éventail des supports utilisés par l’artiste – de la peinture à la sculpture en passant par les oeuvres sur papier, le collage et la photographie. Parmi les oeuvres phares de l’exposition figurent des peintures de jeunesse telles que Tableau Vert (1952, collection Art Institute of Chicago) premier monochrome réalisé après la visite d’Ellsworth Kelly à Giverny,
ou Painting in Three Panels (1956, collection Glenstone Museum), un exemple-clé de l’engagement du peintre vis-à-vis de l’architecture. Ces travaux précoces sont exposés en amont de réalisations issues des séries désormais canoniques Chatham et Spectrum.
Une sélection des dessins de plantes réalisés tout au long de sa carrière occupe une place importante, de même qu’une sélection de photographies rarement exposées et de collages.
Parmi les oeuvres marquantes de l’exposition, citons Yellow Curve (1990), première de la série de peintures au sol à grande échelle d’Ellsworth Kelly, exposée dans un espace conçu sur mesure.
L’installation, qui s’étend sur plus de 60 m2, est la première présentation de Yellow Curve en Europe depuis sa création en 1990 pour une exposition à Portikus, Francfort-sur-le-Main.
Autre travail monumental – cette fois pérenne – la commande réalisée en 2014 par Ellsworth Kelly pour l’Auditorium de la Fondation Louis Vuitton en dialogue avec l’architecture de Frank Gehry. Intégrée dans l’accrochage, elle sera introduite par une salle documentaire revenant sur ce projet et son inscription dans l’oeuvre de l’artiste.
Informations pratiques
L’Application Fondation Louis Vuitton vous propose des rubriques exclusives pour préparer, pour s’approcher, pour visiter et pour prolonger votre expérience. Découvrez des contenus de visite inédits autour de l’exposition « Matisse, L’Atelier rouge » avec des éclairages des commissaires et des explications approfondies sur les œuvres signalées dans les parcours. Et pour appréhender les œuvres, profitez également des audiodescriptions disponibles dans l’onglet « Approcher ». Disponible en téléchargement gratuit sur l’App Store et sur Google Play
Réservations Sur le site : www.fondationlouisvuitton.fr Horaires d’ouverture Lundi, mercredi et jeudi de 11h à 20h Vendredi de 11h à 21h Nocturne le 1er vendredi du mois jusqu’à 23h Samedi et dimanche de 10h à 20h Fermeture le mardi
Accès Adresse : 8, avenue du Mahatma Gandhi, Bois de Boulogne, 75116 Paris. Métro : ligne 1, station Les Sablons, sortie Fondation Louis Vuitton. Navette de la Fondation : départ toutes les 20 minutes de la place Charles-de-Gaulle – Etoile, 44 avenue de Friedland 75008 Paris (Service réservé aux personnes munies d’un billet Fondation et d’un titre de transport – billet aller-retour de 2€ en vente sur www.fondationlouisvuitton.fr ou à bord)
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A la Fondation Vuitton jusqu'au 9 septembre 2024 COMMISSARIAT L’exposition a été conçue par Ann Temkin, conservatrice en chef au MoMA - the Marie- Josée and Henry Kravis Chief Curator of Painting and Sculpture - et Dorthe Aagesen, conservatrice en chef au SMK, avec le concours des Archives Henri Matisse.
Présentation à Paris Commissaire générale Suzanne Pagé, Directrice artistique de la Fondation Louis Vuitton Commissaire associé François Michaud, assisté de Magdalena Gemra
La Fondation, en collaboration avec le Museum of Modern Art (MoMA), New York, et le SMK – Statens Museum for Kunst, Copenhague (Musée national d’art du Danemark), accueille l’exposition « Matisse, L’Atelier rouge », consacrée à la genèse et à l’histoire de ce célèbre chef-d’oeuvre de 1911, l’une des œuvres emblématiques du MoMA depuis son acquisition en 1949. L’artiste y représente son atelier et les peintures, sculptures et objets décoratifs qu’il contient. L’exposition réunit pour la première fois les œuvres présentes dans L’Atelier rouge depuis qu’elles ont quitté l’atelier de Matisse à Issy-les-Moulineaux. Elle s’enrichit de documents d’archive inédits et d’œuvres éclairant le contexte de création et l’aventure de cette peinture.
« L’Atelier rouge, qui a maintenant plus de cent dix ans, est à la fois un point de repère dans la tradition séculaire des peintures d’atelier et une œuvre fondamentale de l’art moderne. »
Le cœur de l’exposition est constitué de L’Atelier rouge et de six peintures, trois sculptures et une céramique reproduites dans le tableau, réalisées entre 1898 et 1911.
Certaines sont célèbres, tel Le Jeune Marin (II) (1906) – est exposé en France pour la première fois depuis trente-et-un ans -, d’autres moins connues, commeLa Corse, le vieux moulin (1898) ; d’autres encore ont été identifiées récemment. Trois œuvres appartiennent au SMK- Les Baigneuses (1907), Le Luxe (II) (1907-1908) et Nu à l’écharpe blanche (1909)-, tandis que l’assiette peinte par l’artiste en 1907 figurant à l’avant-plan de L’Atelier rouge provient de la collection du MoMA.
L’exposition comprend également des œuvres étroitement liées à L’Atelier rouge, tels La Fenêtre bleue (1913) du MoMA et Grand Intérieur rouge (1948) du Mnam/Centre Pompidou, permettant de restituer le parcours complexe du tableau de Matisse et le contexte de son acquisition par le MoMA. Une riche sélection de documents d’archive et de photographies, dont beaucoup n’ont jamais été publiés ou exposés, éclairent l’histoire de l’oeuvre. Enfin, un film présentera les découvertes les plus récentes sur le processus d’exécution du tableau.
L’Atelier rouge de Matisse représente son environnement de travail à Issy-les-Moulineaux. Le tableau a été peint dans la suite des œuvres commandées par Sergueï Chtchoukine, le plus fidèle et le plus audacieux des premiers mécènes de Matisse. Si Chtchoukine acheta immédiatement L’Atelier rose, il refusa d’acquérir L’Atelier rouge. Le tableau resta en possession de Matisse pendant seize ans. Durant cette période, il fut présenté à la deuxième exposition post-impressionniste de Londres en 1912, puis à l’Armory Show à New York, Chicago et Boston en 1913.
Acquisition
L’Atelier rouge est acquis en 1927 par David Tennant, fondateur à Londres du Gargoyle Club où se croisent aristocrates et artistes. Le tableau demeure dans ce club jusqu’au début des années 1940, avant d’être acheté par Georges Keller, directeur de la galerie Bignou à New York. Enfin, en 1949, L’Atelier rouge entre au MoMA. Commence alors sa seconde vie. À partir de 1949, en effet, les artistes de New York et tous ceux qui sont de passage s’arrêtent devant cette peinture dont la nouveauté radicale est soudain redécouverte. Matisse lui-même est revenu à la fin des années 1940 à ce qui faisait la spécificité de l’oeuvre de 1911: son « abstraction » par la présence obsédante du rouge, en dépit d’une description précise des meubles, tableaux et objets que contenait à l’époque son atelier d’Issy-les-Moulineaux. Il conçoit une nouvelle série de peintures prenant pour sujet l’environnement familier du peintre, notamment le Grand Intérieur rouge de 1948, qui rejoint la collection du Musée national d’art moderne en 1950 après avoir été exposé à New York par son fils Pierre Matisse en février 1949. Cette oeuvre est présente dans l’exposition, permettant d’évoquer l’importance de la peinture de Matisse dans les années d’après-guerre, à Paris comme à New York, et la présence de l’artiste au Mnam comme au MoMA
Le dialogue entre L’Atelier rouge de 1911 et le Grand Intérieur rouge de 1948 sera particulièrement mis en lumière dans l’exposition de la Fondation, montrant à près de quarante ans de distance la relecture par Matisse de ce tableau précurseur au moment où le travail du peintre connaît à nouveau une profonde mutation.
L’Atelier rouge au laboratoire
Comme son titre l’indique, L’Atelier rouge se définit d’abord par le rouge de Venise qui couvre lamajeure partie de sa surface. Cette caractéristique résulte pourtant d’une décision tardive : Matisse appliqua cette couche de rouge sur une peinture presque achevée à la palette très différente. La précédente version du tableau donnait une vision plus naturaliste de l’atelier, dont le sol et les murs étaient de couleurs différentes et les formes du mobilier plus concrètes. Dans cette vidéo, l’équipe scientifique chargée de la conservation et de la restauration des oeuvres au MoMA analyse l’évolution inattendue de l’œuvre. (film)
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Réservations Sur le site : www.fondationlouisvuitton.fr Horaires d’ouverture Lundi, mercredi et jeudi de 11h à 20h Vendredi de 11h à 21h Nocturne le 1er vendredi du mois jusqu’à 23h Samedi et dimanche de 10h à 20h Fermeture le mardi
Accès Adresse : 8, avenue du Mahatma Gandhi, Bois de Boulogne, 75116 Paris. Métro : ligne 1, station Les Sablons, sortie Fondation Louis Vuitton. Navette de la Fondation : départ toutes les 20 minutes de la place Charles-de-Gaulle – Etoile, 44 avenue de Friedland 75008 Paris (Service réservé aux personnes munies d’un billet Fondation et d’un titre de transport – billet aller-retour de 2€ en vente sur www.fondationlouisvuitton.fr ou à bord)
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Le 14 juillet 1880, inauguration du monument à la République Alfred-Philippe Roll Paris, 1846 – Paris, 1919 Date : Esquisse pour un tableau commémoratif, 1881 Matériaux et techniques : Huile sur toile Dimensions : H. 175 x l. 269 cm Numéro d’inventaire : PPP829 Mode d’acquisition : Achat, 1928 Salle : Rez-de-chaussée, salle 36
En 1880, l’Etat commande au peintre Alfred-Philippe Roll un tableau destiné à fixer le souvenir de la première célébration officielle de la fête nationale.
Le gouvernement venait d’adopter le jour anniversaire de la prise de la Bastille (14 juillet 1789) et celui de la fête de la Fédération (14 juillet 1790). A cette occasion, on avait érigé place de la République, une maquette en plâtre de la statue des frères Morice alors en cours de réalisation.
Roll réalise une immense toile de 63 m2 qui, achevée pour le Salon de 1882, est offerte à la Ville de Paris dès 1884 (aujourd’hui l’œuvre est conservée au Petit Palais). Cette peinture monumentale a fait l’objet de nombreuses études préparatoires, dont cette grande esquisse, aux larges touches colorées, qui met en évidence le goût de l’artiste pour la lumière et le mouvement.
Panorama de la liesse populaire, cette oeuvre de commande s’inscrit dans la suite des grandes compositions naturalistes de Roll : La Grève des mineurs, en 1880 (musée de Valenciennes), Le Travail, en 1885 (musée de Cognac). Ce peintre de la vie moderne a le sens de la foule. Il considère qu’un bon portrait est une figure bien vivante placée dans son milieu social. Le 14 juillet, avec son orchestre, ses danseurs, ses camelots, ses passants acclamant le défilé des troupes, lui permet d’en faire une spectaculaire démonstration.
Au Petit Palais une exposition à Théodore Rousseau (1812-1867), jusqu'au 7 juillet 2024 Commissariat : Annick Lemoine, conservatrice générale du patrimoine, directrice du Petit Palais, commissaire générale Servane Dargnies-de Vitry, conservatrice peintures au musée d’Orsay, commissaire scientifique. L’exposition est organisée avec la participation exceptionnelle du musée du Louvre et du musée d’Orsay
Le Petit Palais présente une exposition inédite consacrée à Théodore Rousseau(1812-1867), artiste bohème et moderne, qui a fait de la nature le motif principal de son oeuvre, son monde et son refuge. Admiré par les jeunes impressionnistes comme par les photographes qui suivent sa trace en forêt, Rousseau prouve à lui tout seul la vitalité de l’école du paysage, au milieu d’un siècle marqué par la révolution industrielle et l’essor des sciences du vivant. Véritable écologiste avant l’heure, il porte un regard d’artiste sur la forêt de Fontainebleau et élève sa voix pour alerter sur la fragilité de cet écosystème.
L’exposition
L’exposition rassemble près d’une centaine d’oeuvres venant de grands musées français comme le Louvre et le musée d’Orsay, européens comme le Victoria and Albert museum et la National Gallery de Londres, la Collection Mesdag de La Haye, la Kunsthalle de Hambourg entre autres, ainsi que de collections privées. Ces oeuvres montrent combien l’artiste mérite une place de premier plan dans l’histoire de l’art et du paysage, mais aussi à quel point son oeuvre peut guider, aujourd’hui, notre relation à la nature.
Parcours
Le parcours de l’exposition suit le fil de la carrière de cet artiste singulier qui s’est toujours positionné à rebours de ses contemporains. La première section évoque son renoncement à la voie académique notamment par le refus d’effectuer le traditionnel voyage en Italie pour parfaire son apprentissage. Rousseau souhaite en effet peindre la nature pour elle-même et non comme décor pour des scènes mythologiques. Il préfère sillonner la France comme en témoignent ses oeuvres de jeunesse : Paysage d’Auvergne, 1830 (musée du Louvre) ; Village en Normandie, 1833 (Fondation Custodia, Collection Frits Lugt) ; Le Mont-Blanc, vu de la Faucille. Effet de tempête, 1834 (Ny Carlsberg Glyptotek, Copenhague). Il rapporte de ses voyages de nombreuses études qui montrent son observation attentive du visible : études de troncs, rochers, sous-bois, marais…
Au coeur de l’exposition
L’exposition montre toute la singularité de l’oeuvre de Rousseau dont le travail au plus près du motif fait partie intégrante de son processus créatif. Le peintre a besoin de s’immerger dans la nature. Il renonce à toute perspective géométrique et place le spectateur non pas en surplomb du paysage mais au coeur de cet écosystème. Il retouche ensuite ses tableaux en atelier parfois pendant plusieurs années. Sa technique très personnelle, qui contraste avec celle des autres artistes de son temps, lui vaut d’être refusé aux Salons plusieurs années de suite avant de choisir lui-même de ne plus rien envoyer, découragé. Paradoxalement, ce rejet qui lui vaut le surnom de «grand refusé» lui permet d’acquérir une notoriété et un véritable succès critique et commercial en France comme à l’étranger.
La forêt de Fontainebleau
Millet et Rousseau Le parcours met ensuite en lumière ses oeuvres peintes en forêt de Fontainebleau et son rôle décisif joué auprès des artistes et photographes qui comme lui fréquentent le village de Barbizon où il s’installe à partir de 1847. Autour de lui, se rassemblent des peintres comme Narcisse Diaz de la Peña, Charles Jacques, Jean-François Millet qui deviendra son ami le plus proche mais aussi des photographes tels Eugène Cuvelier, Charles Bodmer ou encore Gustave Le Gray. Ils arpentent inlassablement la forêt de Fontainebleau et dressent de véritables portraits d’arbres qui deviendront la signature de Rousseau. L’artiste scrute leur structure organique, la ligne de leurs branches, la forme de leurs noeuds. Il les individualise et situe précisément ses tableaux : Le Pavé de Chailly, vers 1840 (Musée départemental des peintres de Barbizon), ou encore Le Vieux Dormoir du Bas-Bréau, 1836-1837 (dépôt du Musée du Louvre au musée d’Orsay).
En parallèle, une conscience aigüe de la mise en danger des forêts se développe chez les artistes, les critiques et les écrivains dans un contexte d’industrialisation croissante. Les peintres sont les témoins de coupes massives d’arbres et s’en font l’écho. Rousseau souhaite dénoncer ces « crimes » à travers ses oeuvres. Il choisit notamment un titre qui frappe les esprits en reprenant l’épisode biblique du Massacre des innocents,1847 (Collection Mesdag, Pays-Bas)
qui représente une scène d’abattage d’arbres en forêt. En 1852, Rousseau se fait le porte-voix de la forêt au nom de tous les artistes qui la peignent et écrit au comte de Morny, ministre de l’Intérieur de l’époque. Son combat trouve sa résolution dans la création, en 1853, de la première réserve naturelle au monde, sous le nom de «réserve artistique», officialisée en 1861. En fin de parcours, une frise chronologique retrace l’histoire de la forêt de Fontainebleau et de sa sauvegarde du début du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui, rappelant l’apport décisif de Rousseau, au nom de l’art, dans l’émergence d’une conscience écologique.
VISITES LITTÉRAIRES Les voix de la forêt
Avec Théodore Rousseau, des romantiques aux naturalistes, de Sand à Flaubert, les écrivains donnent à entendre la voix des arbres et le langage des forêts. Une conférencière propose un ensemble de textes évoquant, au fil de l’exposition, l’installation de la communauté artistique et littéraire de Barbizon, le renouveau du paysage et la défense de la forêt de Fontainebleau. Les mardis à 12h15 7, 14, 21 et 28 mai 4, 11, 18 et 25 juin 2 juillet.
Informations pratiques
Petit Palais Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris Avenue Winston-Churchill, 75008 Paris Tel : 01 53 43 40 00 petitpalais.paris.fr Accessible aux visiteurs en situation de handicap. Accès En métro Lignes 1 et 13 : Champs-Élysées Clemenceau Ligne 9 : Franklin D. Roosevelt En RER Ligne C : Invalides En bus Lignes 28, 42, 72, 73, 80, 83, 93 En VÉLIB’ Station 8001 (Petit Palais) Auditorium Informations sur la programmation à l’accueil ou sur petitpalais.paris.fr Café-restaurant Le café-restaurant du musée sera fermé pour travaux de rénovation jusqu’au 26 avril inclus.
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Au musée du Luxembourg jusqu'au 11 août 2024
Commissariat général et scénographie :
Konstantin Grcic, Berlin/Allemagne
Chef de projet : Nathalie Opris, Berlin/Allemagne
Architecte délégué du projet :
Jean-Christophe Denise, Paris/France
Catalogue et graphisme de l’exposition :
Bureau Borsche, Munich/Allemagne
Chef de projet : Kolja Buscher, Munich/Allemagne
Commission spéciale :
Nicolas Bourquin et Sven Ehmann, Berlin/Allemagne
Environ 150 objets exposés : pièces historiques uniques et icône emblématiques, produits commerciaux, prototypes, modèles, pièces commandées, dessins, gravures, projections, films, applications interactives. L’exposition MATCH : Design & Sport – une histoire tournée vers le futur, est imaginée comme une aire de lancement pour la réflexion sur le futur du sport et souligne le rôle primordial que le design tiendra dans son façonnage.
Le concept curatorial de l’exposition vise ainsi à donner une vision plus large des corrélations entre ces deux disciplines. Plutôt que d’essayer de s’imposer comme une étude historique exhaustive, elle poursuit une approche plus narrative, qui met en parallèle des sujets en apparence éloignés, sans les différencier les uns des autres.
La scénographie de l’exposition s’inspire du monde du sport pour créer une expérience dynamique et immersive. L’immobilisme muséal est alors remplacé par la mobilité et le dynamisme inspirés des arènes sportives.
Le rôle du design dans le contexte du sport va bien au-delà de la forme, de l’aspect et de la sensation d’une chaussure de course ou d’une raquette. Les jeux, qu’ils soient physiques ou numériques, sont conçus à partir de règles et de régulations ; par exemple, le poids d’une balle ou la réactivité d’un clavier sont conçus pour définir la vitesse d’un même jeu. Les athlètes construisent et sculptent leur corps. La technologie est, quant à elle, conçue pour améliorer et optimiser les performances humaines et pour compenser ses éventuelles faiblesses.
L’expérience des spectateurs est également minutieusement pensée, du placement des caméras et des séquences filmées par des drones aux plateformes de diffusion en ligne, en passant par la configuration et les sensations procurées par un stade.
S’ouvrant sur une représentation classique de l’athlète (le Discobole) et sur la notion de superhéros ou de super-athlète, l’exposition couvre un riche ensemble de sujets illustrant la relation synergique entre le sport et le design. Les objets présentés vont de l’architecture des stades (Temporary Autonomous Zone, Didier Faustino, 2004/2023) aux symboles de l’impact social et politique fort que le sport a sur nos modes de vie (Replica of the JogBra®from 1977 invented by Lisa Lindahl, Polly Smith and Hinda Miller, 2024 ; Refugee Nation flag, Yara Said, 2016), en passant par l’impact sur le développement des prothèses (Cheetah® Xcel pied de sprint, Össur, 2021), sur la robotique (Atlas le robot humanoïde, Boston Dynamics, 2018), les impératifs environnementaux (Gravel Lugged Frame Build Kit, Bamboo Bicycle Club, 2012), l’impression 3D (1827 F BIONIC biathlon rifle, Anschütz, 2022), la production d’équipements ultra-personnalisés (ensemble Versa Foot + Moto Knee Prosthetic Leg, Mike Schulz), l’e-sport (g.Nautilus RESEARCH (casque EEG utilisé pour les interfaces cerveau-ordinateur), g.tec medical engineering GmbH, 2017), le dopage technologique (Speedo LZR Racer fastskin racer back swimsuit, Speedo and Mectex in collaboration with NASA, 2008), l’entraînement (aiScout, ai.io, 2023), et bien d’autres sujets.
Sans formuler d’opinion ou d’interprétation spécifique, la question du futur du sport reste ouverte, partant du principe que la robotique, la technologie et la digitalisation générale du sport continueront à se développer au même rythme que la progression de la collecte et de l’analyse des données.
Dans son ensemble, l’expérience immersive associe le passé au présent et à un futur hypothétique, pour créer une exposition libérant une énergie palpable, et rappelant les sensations fortes expérimentées dans le monde sportif. Cette vision globale, proposée par Konstantin Grcic, se reflète dans la toute dernière image de l’exposition, qui est une citation de la Charte olympique : La pratique du sport est un droit de l’homme.
Informations et réservation
Ouverture tous les jours de 10h30 à 19h nocturne les lundis jusqu’à 22h sauf les 29 juillet et 5 août fermeture exceptionnelle le 1er mai Accès 19 rue Vaugirard 75006 Paris M° Saint Sulpice ou Mabillon rer B Luxembourg bus : 58 ; 84 ; 89 ; arrêt Musée du Luxembourg / Sénat depuis la gare de Lyon bus 63 arrêt St Sulpice
museeduluxembourg.fr #ExpoMatch Contacts
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Au Centre Pompidou jusqu'au 1er juillet 2024 Galerie 1, niveau 6 Commissariat Ariane Coulondre, conservatrice, service des collections modernes, Musée national d’art moderne Commissaires associées Julie Jones, conservatrice, Cabinet de la photographie, Musée national d’art moderne Valérie Loth, attachée de conservation, Cabinet d’art graphique, Musée national d’art moderne
Prologue
Avec plus de 120 sculptures, ainsi que des photographies, dessins et films de l’artiste, la grande rétrospective « Brancusi», organisée au Centre Pompidou, constitue un événement exceptionnel. Elle offre l’opportunité de découvrir toutes les dimensions de la création de cet immense artiste considéré comme l’inventeur de la sculpture moderne. La dernière exposition rétrospective Brancusi en France, et la seule, remonte à 1995 (sous le commissariat de Margit Rowell au Centre Pompidou). À la fois lieu de vie, de création et de contemplation, l’atelier de l’artiste, joyau de la collection du Musée national d’art moderne depuis son legs à la nation en 1957, forme la matrice de ce projet. En effet, le déménagement intégral de l’Atelier Brancusi dans le cadre des travaux de rénovation du Centre Pompidou est l’occasion unique de mettre en regard son contenu avec Constantin Brancusi Autoportrait avec la chienne Polaire dans l’atelier Vers 1921de nombreux autres chefs-d’oeuvre de l’artiste provenant des plus importantes collections internationales.
Un ensemble exceptionnel de sculptures, jouant sur le dialogue entre les plâtres de l’Atelier Brancusi et les originaux en pierre ou bronze, prêtés par de nombreuses collections privées et muséales (Tate Modern, MoMA, Guggenheim, Philadelphia Museum of Art, The Art Institute of Chicago, Dallas Museum of Art, Musée national d’art de Roumanie, Musée d’art de Craiova…) sont ainsi réunies.
Parcours de l’exposition
Il y a 120 ans, un jeune artiste roumain traversait l’Europe à pied pour venir s’installer à Paris. C’est là, dans la capitale en pleine effervescence culturelle, que Constantin Brancusi (1876-1957) invente une nouvelle manière de sculpter, un langage universel privilégiant la taille directe et les formes simples. Très vite, son oeuvre exerce une grande fascination sur ses contemporains : nombre d’artistes et d’admirateurs se pressent dans son atelier, situé impasse Ronsin (15e arrondissement).
À la fois lieu de vie, de création et de présentation de son travail, cet atelier est conçu par l’artiste comme une oeuvre en soi et légué à sa mort à l’État français. Cet ensemble exceptionnel forme la matrice de l’exposition, complété de prêts majeurs de collections internationales. Proposant de découvrir à la fois le parcours de Brancusi, les sources de son oeuvre et les grands thèmes que l’artiste n’a cessé d’approfondir, l’exposition met en avant la diversité de sa création : la sculpture, la photographie, le film, le dessin… Cet hommage au père de la sculpture moderne célèbre sa puissance d’invention et sa quête inlassable de beauté. Il entend montrer un artiste vivant, pleinement inscrit dans son époque, dont la création se doit d’être toujours réactivée : « Il ne faut pas respecter mes sculptures. Il faut les aimer et jouer avec elles. », disait-il.
« Constantin Brancusi habite un atelier de pierre dans l’impasse Ronsin, rue de Vaugirard. Ses cheveux et sa barbe sont blancs, sa longue blouse d’ouvrier est blanche, ses bancs de pierre et sa grande table ronde sont blancs, la poussière de sculpteur qui recouvre tout est blanche, son Oiseau en marbre blanc est posé sur un haut piédestal contre les fenêtres, un grand magnolia blanc est toujours visible sur la table blanche. À une époque, il avait un chien blanc et un coq blanc. » Ces mots de l’éditrice américaine Margaret Anderson témoignent de l’extraordinaire impression de clarté qui saisit les visiteurs de l’atelier, accueillis par de multiples figures de Coqs, dressées vers le ciel. Symboliquement associé à la France, terre d’accueil de l’artiste, l’animal évoque aussi par son chant le lever du jour, l’idée de commencement qui imprègne tout l’art de Brancusi.
Aux sources d’un nouveau langage
Après avoir suivi une formation académique en Roumanie, Brancusi arrive à l’âge de 28 ans à Paris. Remarqué par Auguste Rodin, il devient brièvement son assistant en 1907. La puissante figure du maître fait office de repoussoir pour le jeune sculpteur. En 1907-1908, trois oeuvres majeures, Le Baiser, La Sagesse de la Terre et La Prière, montrent sa volonté de trouver sa propre voie. Brancusi rompt avec le modelage pour privilégier la taille directe. Il abandonne le travail d’après modèle pour réinventer la figure de mémoire. Tout en étant profondément original, son art apparaît comme le creuset de ce qu’il peut alors voir à Paris : les oeuvres antiques ou extra-européennes au musée du Louvre et au musée Guimet, mais également l’art de Paul Gauguin ou les recherches cubistes d’André Derain. Sa série autour du motif de la tête d’enfant éclaire son processus de fragmentation et de simplification des formes, visant à exprimer « l’essence des choses ».
Ligne de vie
Brancusi conservait tout : lettres, articles de presse, agendas, factures… Ses archives, acquises par le Musée national d’art moderne en 2001 et conservées à la Bibliothèque Kandinsky, réunissent plus de dix mille lettres, livres, disques, documents… Elles constituent une mine d’or pour connaître la vie de l’artiste, ses amitiés, ses goûts, le replacer dans son époque et saisir la fascination qu’il exerce sur ses contemporains. Cet ensemble exceptionnel, dont une partie est exposée dans l’exposition, témoigne de la place centrale de Brancusi au sein de l’avant-garde internationale pendant plus d’un demi-siècle.
L’atelier
Dans l’atelier de Brancusi, tout ou presque naît de sa main : la grande cheminée en calcaire, les tabourets en bois ou les tables en plâtre servant à la fois de mobilier ou de socle… Dans ses photographies, l’artiste se met lui-même en scène au travail, taillant, sciant ou modelant. Après la Seconde Guerre mondiale, s’il arrête quasiment de sculpter, il déplace, regroupe et combine sans cesse ses oeuvres. Quand une oeuvre est vendue, il la remplace par son tirage en plâtre ou en bronze pour conserver l’unité de l’ensemble. C’est à l’intérieur de ce lieu, à la fois musée de sa création et oeuvre en soi, que Brancusi impose sa vision d’un environnement total. À son décès en 1957, Brancusi lègue à l’État français son atelier, à charge pour celui-ci de le reconstituer. L’ensemble est installé d’abord de manière partielle au Palais de Tokyo puis intégralement au Centre Pompidou. L’un des quatre espaces de l’atelier, celui avec les outils, est reconstitué au coeur de l’exposition. (ci-dessus)
Féminin et masculin
Chez Brancusi, la simplification des formes et la suppression des détails sont paradoxalement sources d’ambiguïté. Dès 1909, l’artiste entame une réflexion sur le motif du torse féminin. De sa Femme se regardant dans un miroir, nu encore classique, il ne retient que la courbe unissant les formes arrondies de la tête et de la poitrine pour aboutir à l’ambivalente Princesse X. Est-ce une vierge ou une verge ? L’image idéale de la femme ou un phallus dressé ? L’aspect équivoque de la sculpture fait scandale et lui vaut d’être refusée au Salon des indépendants de 1920. L’art de Brancusi joue du double sens et de la métamorphose. Le masculin et le féminin fusionnent en une même image, évoquant le thème de l’androgyne, déjà présent dans Le Baiser. Un même trouble s’exprime dans son Torse de jeune homme, au genre incertain. Perturbant l’ordre symbolique de la division des sexes, ces oeuvres font écho à l’esprit contestataire de Dada, porté à la même époque par ses amis Marcel Duchamp, Man Ray et Tristan Tzara.
Des portraits ?
Depuis ses débuts, le genre du portrait occupe une place centrale dans l’art de Brancusi. En s’éloignant du visible pour aller à l’essentiel, le sculpteur n’en délaisse pas moins la figure humaine, en particulier féminine. Alors que les titres des sculptures conservent les noms des amies ou compagnes qui inspirent le sculpteur (Margit Pogany, la baronne Frachon, Eileen Lane, Nancy Cunard, Agnes Meyer…), leurs personnalités tendent à se fondre et se confondre en un visage stylisé, ovale et lisse. Elles ne sont « ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre».
Chacune se distingue par quelques signes élémentaires : yeux en amandes, chignon, bouclettes… Travaillant sans modèle, préférant reconstruire la figure de mémoire, Brancusi pose à travers ses portraits la question de la ressemblance et de la représentation. Dans ses portraits dessinés, une même ligne souple décline les figures en profils et silhouettes.
L’envol
Le motif de l’oiseau, qui comporte plus de trente variantes en marbre, bronze et plâtre, occupe Brancusi pendant trois décennies. Initiées en 1910, les Maïastras au corps bombé, cou allongé et bec grand ouvert font référence à un oiseau fabuleux des contes populaires roumains. Dans les années 1920, le sculpteur simplifie la forme, l’amincit et l’étire verticalement jusqu’à la limite de la rupture pour créer la série des Oiseaux dans l’espace. L’envol symbolise pour Brancusi le rêve de l’homme échappant à sa condition terrestre, son ascension vers le spirituel. En 1927-1928, un procès oppose le sculpteur aux douanes américaines qui refusent le statut d’oeuvre d’art à un Oiseau en bronze, perçu comme une pièce industrielle métallique.
Vers 1930, le maharajah d’Indore lui commande deux Oiseaux pour un temple en Inde qui restera à l’état de projet. Ce caractère sacré, transcendant, transparaît dans le sous-titre de l’exemplaire exposé à New York en 1933 : « Projet d’Oiseau qui, agrandi, emplira le ciel ».
Lisse et brut
Dans les photographies prises dans l’atelier, Brancusi cadre souvent ses sculptures au plus près, exploitant le pouvoir d’évocation des matériaux. Les surfaces patiemment polies, sur lesquelles toute trace du geste est effacée, contrastent avec des morceaux bruts ou taillés grossièrement. Ce jeu de matière est autant tactile que visuel, comme le souligne par son titre sa Sculpture pour aveugles. Avec le travail en série, chaque sculpture est à la fois unique et multiple, souvent posée sur des socles superposés auxquels Brancusi porte un soin tout particulier. Composés de formes géométriques simples (croix, cube, disque…), ces supports créent un rythme ascensionnel dynamique et des jeux de correspondances. Brancusi remet en question le statut conventionnel de cet accessoire, traditionnellement utilisé pour surélever la sculpture et la distinguer de son environnement. Il convertit à plusieurs reprises certains socles en sculpture autonome, refusant toute hiérarchie entre le haut et le bas, entre le banal et le noble.
Reflet et mouvement
« Nous ne voyons la vie réelle que par les reflets. », écrit Brancusi. En polissant longuement le bronze, l’artiste obtient une surface brillante comme un miroir. De cette manière, la sculpture se projette au-delà d’elle-même et échappe à son strict contour. Les photographies et les films de l’artiste confirment sa fascination pour les éclats de lumière, parfois aveuglants, et leur pouvoir de métamorphose des formes. L’oeuvre en métal poli absorbe, reflète et distord l’image de son environnement et celle de toute personne qui s’en approche. Animée par ce jeu de reflets, perpétuellement mouvants et changeants, la sculpture devient, comme Brancusi la définit, « une forme en mouvement ». En posant certaines de ses oeuvres sur des roulements à bille, Brancusi fait véritablement tourner ses oeuvres sur elles-mêmes, à l’instar de Lédaanimée d’un mouvement circulaire comme un disque 78 tours sur un gramophone.
L’animal
Dans les années 1930 et 1940, plusieurs séries consacrées à la thématique de l’animal marquent une évolution vers des formes obliques ou horizontales. Au sein de ce bestiaire, deux groupes se distinguent : les volatiles (coqs, cygnes, oiseaux…) et les animaux aquatiques (poissons, phoques, tortues…). Avec de multiples versions, dans des matériaux et des formats variés, ses sculptures semblent répondre au principe naturaliste de l’espèce. Par la simplification des formes, Brancusi vise à la fois à atteindre une figuration symbolique de l’animal et à retranscrire son mouvement. Il explique : « Quand vous voyez un poisson, vous ne pensez pas à ses écailles, n’est-ce pas ? Vous pensez à sa rapidité, à son corps filant comme un éclair à travers l’eau… »
Les images photographiques ou filmiques réalisées par le sculpteur témoignent également de son lien étroit à la nature et au vivant.
Le socle du ciel
Brancusi a toujours nourri l’espoir de réaliser des oeuvres monumentales, comme en témoigne la reprise inlassable du motif du Baiser, stylisé et développé à l’échelle architecturale, sous forme de colonne et de porte. Une première occasion s’offre à lui en 1926, quand il plante sa Colonne sans fin dans le jardin de son ami Edward Steichen à Voulangis. Née d’un modeste socle en bois, cette oeuvre radicale procède de la scansion verticale de l’espace par la répétition du même module, évoquant les piliers funéraires du sud de la Roumanie. C’est d’ailleurs dans son pays natal, à Târgu Jiu en 1937-1938, qu’il mène à bien son unique projet monumental. Sur un axe d’un kilomètre et demi traversant la ville, il place trois éléments symboliques : La Table du Silence, La Porte du Baiser et La Colonne sans Fin. Érigée en fonte métallisée à près de trente mètres de haut, cette dernière figure l’axis mundi, le trait d’union entre la terre et le ciel, offrant au regard de multiples perspectives.
Informations pratiques
Un documentaire sur Arte L’exposition « Brancusi» pour les familles Un dépliant dédié au jeune public est librement disponible pour accompagner les enfants et leurs parents dans leur découverte active des oeuvres du père de la sculpture moderne. Tous les dimanches à 15h, la visite « Tribu » de l’exposition « Brancusi » permet d’explorer en famille l’univers de l’artiste. Un dossier ressources dédié à l’artiste Un dossier ressources numérique est dédié à Constantin Brancusi et son oeuvre. Il propose : une approche biographique, une sélection d’oeuvres et des focus. Accessible sur le site internet du Centre Pompidou, les responsables de groupes y trouveront de nombreuses pistes pour préparer la visite ou en tirer profit après leur venue. Retrouvez ici nos dossiers ressources sur l’art. Le podcast de l’exposition Disponible en français et en anglais, un podcast accompagne le parcours dans l’exposition. Les paroles de Constantin Brancusi et de ses contemporains résonnent avec les propos d’Ariane Coulondre, commissaire de l’exposition, pour présenter les oeuvres phares et le travail de l’artiste. Les visites guidées Poser un regard curieux, critique et documenté sur la création, découvrir les enjeux esthétiques et historiques de l’exposition voici quelques-uns des temps forts que réservent les conférencières et conférenciers aux publics. Visite guidée de l’exposition « Brancusi » en français : le samedi à 16h, le dimanche à 14h et à 16h (durée : 1h30). Visite guidée de l’exposition « Brancusi» en anglais : le samedi à 12h (durée : 1h30). Des visites adaptées sont également proposées aux personnes en situation de handicap.
A la Fondation Cartier jusqu'au 21 avril 2024 avec les artistes : Alev Ebüzziya Siesbye et Hu Liu Commissaire de l’exposition : Hervé Chandès, Directeur Général Artistique de la Fondation Cartier Commissaire associée : Juliette Lecorne, conservatrice à la Fondation Cartier
En tant qu’architecte, j’apporte la plus grande considération à la façon dont sont créées les choses. L’essentiel est d’être attentif à l’environnement naturel, aux matériaux et aux habitants. L’espace et l’architecture doivent être inclusifs. Bijoy Jain
Du 9 décembre 2023 au 21 avril 2024, la Fondation Cartier pour l’art contemporain présente Le souffle de l’architecte, une exposition spécialement créée pour l’institution par l’architecte Bijoy Jain, fondateur du Studio Mumbai en Inde. Il est l’auteur d’une oeuvre témoignant d’une profonde préoccupation pour la relation entre l’homme et la nature, et dont le temps et le geste sont des facteurs essentiels. Il est l’auteur d’une oeuvre témoignant d’une profonde préoccupation pour la relation entre l’homme et la nature, et dont le temps et le geste sont des facteurs essentiels. Explorant les liens entre l’art, l’architecture et la matière, Bijoy Jain propose à la Fondation Cartier une création totale : un espace de rêverie et de contemplation en dialogue avec le bâtiment iconique de Jean Nouvel.
Le souffle de l’architecte
Bijoy Jain imagine une exposition qui se vit comme une expérience physique et émotionnelle. Le souffle de l’architecte offre aux visiteurs une véritable invitation à respirer, à errer en toute quiétude, à redécouvrir le silence : « Le silence a un son, nous l’entendons résonner en nous. Ce son connecte tous les êtres vivants. C’est le souffle de la vie. Il est synchrone en chacun de nous. Le silence, le temps et l’espace sont éternels, tout comme l’eau, l’air et la lumière, qui sont notre construction élémentaire. Cette abondance de phénomènes sensoriels, de rêves, de mémoire, d’imagination, d’émotions et d’intuitions provient de ce réservoir d’expériences, ancré dans les coins de nos yeux, dans la plante de nos pieds, dans le lobe de nos oreilles, dans le timbre de notre voix, dans le murmure de notre souffle et dans la paume de nos mains.» Convoquant l’ombre et la lumière, la légèreté et la gravité, le bois, la brique, la terre, la pierre ou encore l’eau, l’architecte dessine une traversée sensorielle, en résonance avec la matière. Élaborée au rythme du souffle et façonnée à la main, l’exposition déploie une installation composée de fragments architecturaux.
Sculptures en pierre ou en terracotta, façades d’habitats vernaculaires indiens, panneaux enduits, lignes de pigments tracées au fil, structures en bambou inspirées des tazias – monuments funéraires portés sur les épaules à la mémoire d’un saint lors des processions musulmanes chiites – ces constructions transitoires et éphémères présentent un monde à la fois infini et intime et nous transportent dans des lieux aussi proches que lointains.
Bijoy Jain convie également l’artiste chinoise vivant à Pékin Hu Liu et la céramiste danoise d’origine turque demeurant à Paris Alev Ebüzziya Siesbye. Accordant la même importance à la maîtrise rituelle du geste, à la résonance et au dialogue avec la matière, tous trois partagent le même ethos et la même sensibilité. Les dessins monochromes noirs de Hu Liu sont entièrement réalisés au graphite, par l’itération d’un même mouvement, afin de révéler l’essence d’éléments naturels : l’herbe caressée par le vent, le ressac des vagues ou la silhouette des branches d’un arbre.
Les céramiques d’Alev Ebüzziya Siesbye, comme en apesanteur, sont également le fruit d’une grande dextérité et d’un dialogue intense avec la terre.
Pour Bijoy Jain, le monde physique que nous habitons est un palimpseste de notre évolution culturelle. L’humanité traverse un paysage en constante évolution, dont les écritures successives s’entremêlent.
Le souffle de l’architecte tente de donner un aperçu, aussi fugace soit-il, de la sensorialité qui émane de l’architecture, de la force intuitive qui nous lie aux éléments et de notre rapport émotionnel à l’espace.
Bijoy Jain et le Studio Mumbai
Né en 1965 à Mumbai, en Inde, Bijoy Jain a étudié l’architecture à l’Université de Washington à Saint-Louis, aux États-Unis. Entre 1989 et 1995, il développe sa pratique architecturale à Los Angeles dans l’atelier de maquettes de Richard Maier pour le Getty Museum, tout en étudiant sous la direction de Robert Mangurian, fondateur de Studio Works. Il a également travaillé à Londres avant de retourner en Inde en 1995. Les créations de Studio Mumbai ont fait l’objet d’expositions dans de nombreuses galeries à travers le monde, ainsi que d’acquisitions dans les collections permanentes du Canadian Centre for Architecture, du MOMA à San Francisco et du Centre Pompidou à Paris.
Le travail de Studio Mumbai a fait l’objet d’expositions internationales notamment au Victoria and Albert Museum de Londres en 2010, mais aussi à la Biennale de Sharjah en 2013, à Arc en rêve centre d’architecture à Bordeaux en 2015, ainsi qu’à la Biennale d’architecture de Venise en 2010 et 2016. la Grande Médaille d’or de l’Académie d’Architecture de Paris (2014), le BSI Swiss Architecture Award (2012), le Spirit of Nature Wood Architecture Award, décerné en Finlande (2012), le Aga Khan Award for Architecture (2010) dont il était finalistepour la 11e édition, et le Global Award in Sustainable Architecture (2009).
Informations pratiques
Visites guidées LES MATINÉES GUIDÉES Un moment privilégié hors des horaires d’ouverture pour explorer en groupe l’exposition en compagnie d’un médiateur culturel. – Les mercredis, jeudis et vendredis matin à 10 h Horaires d’ouverture Tous les jours de 11 h à 20 h, sauf le lundi. Nocturne le mardi, jusqu’à 22 h. La fermeture des salles débute à 19 h 45 (21 h 45 les mardis). Fondation Cartier 261 bld Raspail Paris
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Deux thématiques : Fragiles utopies. Un regard sur la scène française Art & Craft Deux secteurs : Solo Show Promesses
« Les arts visuels n’ont pas pour seules fonctions de représenter ou décorer. Ils proposent également des modèles pour la perception, pour la pensée, pour l’action : des utopies en construction. Celles-ci peuvent s’incarner dans toutes les formes et tous les mediums, mais, dans une période marquée par le doute et la fin des grands systèmes, elles prennent souvent un caractère provisoire, précaire : ce sont des utopies fragiles. » Éric de Chassey, directeur général de l’Institut national d’histoire de l’art, professeur à l’École normale supérieure de Lyon et commissaire d’expositions, livre sa vision de la scène hexagonale à travers une sélection de 21 artistes parmi les galeries participantes sur le thème Fragiles utopies.
Du 4 au 7 avril 2024, Art Paris réunit 136 galeries d’art moderne et contemporain de 25 pays. À la fois régionale et cosmopolite, cette 26e édition présente une sélection de 17 solo show. Disséminées au sein de la foire, ces expositions individuelles permettent au public de découvrir ou redécouvrir en profondeur le travail d’artistes modernes, contemporains, ou émergents.
SOLO SHOW
Les historiques
Parmi les historiques, la galerie Patrice Trigano rend hommage à Jean Hélion (1904-1987) à l’occasion de la rétrospective au Musée d’Art Moderne de Paris qui retrace le parcours de ce peintre qui fut un pionnier de l’abstraction dans les années 1930 avant d’évoluer vers une figuration personnelle.
La galerie Capazza dédie un mini-rétrospective aux pionniers de la céramique contemporaine française, Jacqueline (1920-2009) et Jean (1913-1992) Lerat, dans le cadre du focus Art & Craft confié à Nicolas Trembley.
La galerie JP Ritsch-Fisch propose un solo show de l’artiste italien Carlo Zinelli (1916-1974), figure emblématique de l’art brut.
Les contemporains
Du côté des contemporains, la galerie Modesti Perdriolle réexplore l’œuvre de Samantha McEwen, artiste anglo-américaine née en 1960 à Londres, proche de Keith Haring et de Jean-Michel Basquiat, en réunissant des œuvres exceptionnelles des années 1980 à nos jours.
La galerie Huberty & Breyne consacre un solo show à Gilles Barbier en dévoilant quatre séries étroitement liées dont « Still memories », « still man », « Equilibrium » et « Entre les plis les souvenirs »,
tandis que Nil Gallery propose une exposition individuelle de Fathi Hassan, premier artiste à représenter l’Afrique à la Biennale de Venise en 1988, intitulée Goodbye Nubia.
Au fil de ma visite
« Le temps est venu de ralentir le regard » Eric de Chassey le président de l’Institut national de l’histoire de l’art, conseillant de se pencher sur des créateurs négligés faute d’appartenir au catalogue des standards de l’art contemporain. Le charme d’Art Paris est justement de faire émerger le travail singulier. C’est ainsi que le juif errant de Gérard Garouste, personnage étrange, à la fois inquiétant et familier, est résumé en un mot « Guer », tiré du langage biblique originel, à la Galerie Templon.
Dans la même galerie, un jeune tireur à l’arc, Timo du belge Hans Ob de Beeck pointe sa flèche vers une toile de prunier de Philippe Cognée.
Immense, rougeoyant. Impossible de rater le Bouddha de Yan Pei-Ming sur le stand de Rodolphe Janssen marchand bruxellois.
Les 3 grâces d’Adel Abdessemed ne manquent pas d’attirer mon regard à la Galeriacontinua
Conclusion
Il y avait une place à prendre depuis la disparition de la FIAC en 2022. Sans s’épuiser à concurrencer Paris+ par Art Basel, Art Paris se veut ouverte mais ancrée. « Nous représentons la voix française, qui n’est pas une voix chauvine », dixit , Guillaume Piens.
Les exposants tricolores peuvent y défendre des artistes d’ici, sans craindre de paraître franchouillards. Les enseignes en région, comme Oniris (Rennes) ou Catherine Issert (Saint-Paul-de-Vence, dans les Alpes-Maritimes), n’ont pas à s’excuser de n’avoir pas de succursales à Londres ou à Shanghaï. Et, pour le jour de l’ouverture, les cartes VIP sont accessibles à tous les collectionneurs sérieux, sans qu’ils aient besoin de justifier de plusieurs millions d’euros d’achats comme les « high net worth individuals », ces ultrariches courtisés à Miami, Bâle ou Hongkong. Rendez-vous est donné à l’année prochaine, fort de la réussite et de la fréquentation de ce millésime.
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