Ane Mette HOL

Ane Mette HOL –
in the echoes of my room

Les p’tits papiers

 Laissez parler – Les p’tits pa-piers
À l’occasion – Papier chiffon
Puiss’nt-ils un jour – Papier buvard
Vous consoler – Laissez brûler
Les p’tits papiers – Papier de riz
Ou d’Arménie
Qu’un soir ils puiss’nt – Papier maïs
Vous réchauffer
On pourrait continuer  à l’envi la chanson de
Régine, tant elle s’adapte au travail imaginatif
de l’artiste :

Ane Mette HOL.
Une proposition de Sandrine Wymann
jusqu’au 30 avril 2017

in the echoes of my room est le titre de la première
exposition solo de l’artiste norvégienne
Ane Mette Hol dans un centre d’art français.
Elle dévoile un ensemble d’oeuvres en partie produites
et exposées pour la première fois à La Kunsthalle.
Ane Mette Hol
investit par le dessin la relation
de l’original à la reproduction.
Aucun support papier n’échappe
à son travail de précision et de patience : le papier kraft,
la photocopie, le papier de soie, le carton nu ou imprimé…
À la manière du copiste, elle reproduit la texture
et la matérialité de chacun de ses sujets au point
d’obtenir des facsimilés qu’elle confond dans
ses installations avec  des décors bruts et sans artifices.

L’artiste s’intéresse à des objets, souvent simples
et issus du quotidien qui ont pour point commun
une histoire de papier, d’impression ou de marquage.
Elle observe et retient ces objets apparemment
dépourvus d’intérêts, elle les révèle par la force
et l’incroyable virtuosité de son dessin.
Elle a redessiné l’empreinte de ses doigts sur la pellicule
projetée ci-dessous :

Ane Mette Hol est née en 1979 à Bodø et
vit et travaille à Oslo. Elle a fait ses études à
l’Académie Nationale des Arts
d’Oslo puis au Collège des Arts des métiers
et du design de Stockholm, de 2001-2006.
Son travail a été présenté maintes fois en Norvège
et à l’étranger, et récemment à la Städtische Galerie
de Delmenhorst, à la galerie Franz- Josefs Kai de
Vienne, à la galerie Taxispalais d’Innsbruck.
Ses oeuvres ont rejoint la collection du Centre Georges
Pompidou de Paris.
En 2016, elle a fait partie du programme de résidences
de Wiels à Bruxelles.


www.anemettehol.com

L’exposition bénéficie du généreux soutien
de l’ambassade de Norvège.
L’exposition est accompagnée d’une kyrielle de
rendez-vous, des conférences, des performances.
A consulter ici

Thibaut Cuisset – « Campagnes françaises »

Il ne portera plus son regard harmonieux sur les
paysages de la planète. Thibaut Cuisset est mort à 59 ans,
alors que la fondation Fernet-Branca de Saint-Louis lui
a consacré une exposition monographique.
Elle lui a rendu hommage le 11 février dernier.

« Pour moi photographier c’est voyager », disait Thibaut Cuisset,
mort le 19 janvier 2016.
Son goût de l’exploration lui avait permis de dresser un état des lieux
de paysages dans le monde entier. Des paysages sereins, contemplatifs,
qui ressemblaient à cet homme discret, presque timide résidant à
Montreuil (93) dans la banlieue de Paris.

Thibaut Cuisset a fait découvrir ses photos durant l’été 1991,
et ce fut un choc. Des images de la montagne suisse, exposées
à Lausanne.
Le jeune homme, né le 19 mars 1958 à Maubeuge (Nord) avait 33 ans,
une voix aussi douce que sa palette de couleurs. Mais il bousculait
le genre.
Il disait qu’un paysage peut être beau sans être une jolie carte
postale inerte. Qu’il était vivant, habité même vide.
Qu’il bougeait.
Le public était déboussolé. « Les couleurs sont trop pâles »,
s’indignait un patron de Kodak. « C’est ce que j’ai vu »,
répondait-il.
S’il choisit la couleur, rejetée par ses pairs, car considérée
alors comme vulgaire, c’est que sa culture au départ est forgée
par le cinéma et la peinture de Corot ou de Cézanne. Cuisset suit
ses intuitions, et n’en démord pas.
Il arpente le monde, l’Australie, la Suisse, l’Italie, l’Espagne,
le Japon, la Russie, la Namybie, l’Islande, et bien sûr la France.
Quand il s’intéresse à un pays, il entre en campagne, occupe
le territoire de façon systématique, à l’affût d’endroits cachés
susceptible de révéler les lieux qu’il fouille du regard au volant
d’une voiture, ou à pied, consacrant à ses repérages jusqu’à
dix heures par jour.

Réalisées avec des appareils moyen format sur trépied, ses photos
sont prises à midi, à l’heure où le soleil se trouve au zénith ou par
temps couvert pour éviter les ombres qui dramatisent les scènes.
Son sens des lumières donnent à ses photos
des rendus pastels aussitôt reconnaissables que lui seul
parvient à trouver.
Il écarte systématiquement les rouges qui attirent trop
le regard. Les courbes, les contre-courbes, les diagonales,
les verticales, tout s’harmonise, dans ses prises de vue, grâce
à son oeil.

Pensionnaire de la villa Médicis à Rome en 1992, et lauréat du prix
de l’académie des Beaux Arts en 2009, Thibaut Cuisset s’inscrit
dans le mouvement de la new topography des années 1970.
Parti des Etats-Unis ce mouvement rompt avec le paysage romantique
et s’emploie à décrire la beauté des lieux considérés
comme banals. En 1983, la démarche fut reprise en France
par la mission de la DATAR avec de grands photographes
internationaux comme Raymond Depardon.

A travers une philosophie zen, il ne portait pas de jugement,
il documentait par ses travaux, les paysages que les hommes
ont modelés. Un poésie froide sans anecdotes, ni romantisme,
que ce soit dans l’harmonie d’un champ ou le chaos d’un corps
de maison égaré en zone industrielle

La campagne en France, voilà ce qui l’intéresse depuis toutes
ces années. Pas une campagne pittoresque ni une campagne
exotique, une campagne plus proche de nous, peut‐être
plus ordinaire et familière, mais encore bien vivante, où les
choses bougent parfois lentement comme dans le pays de
Bray en Normandie, et d’autres fois très rapidement avec le
développement des lotissements en milieu périurbain autour
des villages de l’Hérault par exemple. Les paysages plus
patrimoniaux ou monumentaux tels les hautes montagnes
des Alpes et des Pyrénées ou le littoral Corse ne sont
pas non plus en reste.

La Fondation a réalisé une commande spécifique
de photographies sur le territoire des Trois frontières.
Des salles ont été consacrées à la première présentation de ce travail.
Regarder des lieux laissés de côté qui n’ont rien de spectaculaire, mais qui font nos
campagnes. Regarder autrement des sites plus remarquables.
Un montage vidéo crée par Laurent Troendle permet de
circuler dans les
salles ici
Avoir un regard “d’ici et maintenant” sans patriotisme, sans nostalgie
non plus ou s’il y en a une, ce serait alors dans la chose elle‐même.
Ces lieux, dont on nous dit peu, mais qui font bien partie de cette grande
diversité du paysage que l’on observe en France.
Tous ces paysages qui sont le fruit d’un façonnement perpétuel,
il s’évertue donc à les citer, les authentifier, les représenter comme
un pur effet du temps en traitant le plus justement
possible de leurs équilibres et leurs bouleversements.
Il a publié une dizaine de livres, souvent des bijoux, portés par des
textes de complices bien choisis – Jean-Christophe Bailly,
Jean-Luc Nancy, Philippe Lacoue-Labarthe, Gilles A. Tiberghien,
Jean Echenoz

Commissariat de l’exposition : Pierre Jean Sugier,
directeur de la Fondation Fernet Branca
Thibaut Cuisset en 6 dates
19 mars 1958 Naissance à Maubeuge (Nord).
1991 Expose au Musée de l’Elysée, à Lausanne (Suisse).
1992 Est à la villa Médicis à Rome
1992 Est aux Rencontres photographiques d’Arles.
2010 A l’Académie des Beaux-Arts de Paris.
19 janvier 2017 Mort à Villejuif (Val-de-Marne).
Un catalogue est édité pour l’occasion sur la commande
de la Fondation Fernet‐Branca « Les Trois‐Frontières »
en vente à la Fondation

L’OEil du collectionneur

Le MAMCS présente jusqu’au 26 MARS 2017
L’exposition « L’OEil du collectionneur.
Neuf collections particulières
strasbourgeoises »
propose, au sein du
Musée d’Art moderne et contemporain, MAMCS,
une série de portraits de collectionneurs strasbourgeois,
à travers la présentation de leurs oeuvres.

Focus 1 : du 17 septembre au 20 novembre 2016 :
« Être et à voir », Collection J+C Mairet
« La Possibilité d’une collection », Collection G et M Burg
« Passages », Collection privée, Strasbourg et Collection G et M Burg

Gilles Barbier, Vielle femme aux tatouages collection J+C Mairet

Focus 2 : du 10 décembre 2016 au 26 mars 2017 :
« Le désir est partout », Collection Lionel van der Gucht
« Collectionner les formes », Collection privée, Strasbourg
« Comme une respiration », Collection Madeleine Millot-Durrenberger
« Voies de la peinture figurative contemporaine », Collection Jean Brolly et Collection privée, Strasbourg
Des oeuvres des collections de J + C Mairet et G et M Burg sont
également exposées du 17 septembre au 26 mars dans les salles
d’art moderne et contemporain du musée.
791 OEuvres dont 435 pour le focus 1 et 356 pour le focus 2 / 226 artistes
L’année 2016 était consacrée à un ensemble de manifestations
dédiées au thème des collections publiques et privées et
regroupées sous le nom de Passions Partagées, au coeur des
collections.
Olafur Eliasson (1967, Copenhague), The descent series, 2004.
9 c-print, 22×33 cm. Collection privée, Strasbourg

Ces neuf collectionneurs et collectionneuses ont accepté
de dévoiler au Musée d’Art moderne et contemporain de
Strasbourg
une partie des oeuvres qu’ils accumulent, conservent
et font dialoguer dans l’intimité de leur domicile depuis des années.
Des personnalités d’horizons très différents se confrontent
à l’exercice – voire au jeu – de l’exposition et  présentent au public
les plus belles pièces issues de leur « jardin secret ».
Ces collectionneurs ont en commun d’avoir « une histoire »
avec le musée, dont ils sont donateurs, déposants ou ambassadeurs
de la première heure ; cette série d’expositions entend,
non seulement rendre hommage à leur engagement, mais aussi
s’intéresser à d’autres pratiques que celles admises dans les
institutions patrimoniales.
Affaire de passion ou de névrose, impulsive ou raisonnée,
la collection privée relève exclusivement du regard d’un
individu. Les choix qui la construisent : ses méandres,
éventuellement ses contradictions,
prennent sens pour celui qui opère, libre de toutes contingences.
Mur de Berlin, Wolf Vostell

À l’opposé, la collection publique ne fonctionne pas au
« coup de coeur », elle est l’objet d’échanges entre une
multitude d’acteurs qui garantissent le bon usage des
deniers publics et entre, ad vitam æternam, dans le patrimoine
collectif. Confronter l’art qui habite les intérieurs à
celui qui s’expose dans les musées constitue une
entreprise audacieuse et jubilatoire pour les
deux parties.
C’est ce que propose « L’OEil du collectionneur » qui, au fil
de deux séries d’accrochages successifs, montre différents espaces
du MAMCS investis par autant de collections
de toutes envergures. Mettant, ou non, en avant une période,
un mouvement, un medium, ces ensembles d’oeuvres issus
de choix personnels sont à lire comme autant de portraits
en creux de leurs créateurs, ouvrant l’hypothèse de la
collection comme expression d’une forme d’art à
part entière. Ce projet atypique rappelle que les collections
publiques et les collections privées sont unies par des liens
forts faits d’inspirations réciproques, de regards complémentaires,
du plaisir de célébrer et partager l’art avec le plus grand nombre.
Xavier Veilhan, les Poissons 3, 1990 collection Lionel Van Der Gucht

La Collection Lionel van der Gucht
C’est lors d’une vente à l’Hôtel Drouot, il y a 30 ans, que Lionel
van der Gucht entre dans le jeu des enchères et débute sa
collection. Il retient un lavis d’Édouard Pignon qui donne le ton
de cette accumulation, une oeuvre qui traduit déjà une
sensibilité aiguë à la couleur et une attention toute particulière
à l’expression de l’instant.
La collection, pour Lionel van der Gucht,
s’envisage comme une mise en danger pour celui qui la
développe et dont l’espace intime se voit lourdement impacté
par une addition infinie d’oeuvres et d’objets dont il est
seul à connaître la clé. Anonymes et artistes reconnus,
pièces rares et objets sauvés des marchés aux puces,
tous concourent à dessiner une collection qui échappe
à tout carcan : elle est ancienne et moderne à la fois, embrasse
tous les médias, séduit et irrite parfois et n’en finit pas d’étonner
celui qui la rencontre. Pour la première fois, le collectionneur
livre au regard trois décades passées à pister ou à saisir
lorsqu’elle se présente de façon inattendue, l’oeuvre qui vient
poursuivre ce projet décrit comme « une fatalité ».
John Armeleder CP

Après une première salle conçue avec la complicité
avec Madeleine Millot-Durrenberger,
l’exposition Le désir est partout s’ouvre avec un ensemble
d’oeuvres liées à la personnalité du poète, critique d’art et
ami des Surréalistes, Alain Jouffroy (1928- 2015).
Ainsi, l’ouvrage, Le Peintre et le Modèle (1973) conçu avec
l’artiste Gérard Fromager, se voit intégralement déployé
sur les murs où il offre une plongée dans la couleur.
Une possible suite dans ce parcours sans
direction imposée consiste en la découverte d’une salle
peuplée de personnages étranges dont la vision peut
éventuellement susciter le malaise.
Créatures imaginaires (La Chimère de Jean Désiré
Ringel d’Illzach), fragments d’individus (masque de Maurice
Rollinat), matière en fusion ou en décomposition
(céramique de Johan Creten), planches d’anatomie…
les habitants de cet espace semblent appartenir à un
inter-monde qui brouille leurs traits et les fait tendre du côté
du monstre. Au sortir de cette approche tératologique
de l’oeuvre d’art, c’est un autre sens qui
est sollicité, l’ouïe.
Dans un espace intime, isolé derrière
de grands rideaux noirs, le visiteur est
invité à prendre place pour éprouver l’écoulement du
temps au son du chuchotement de la voix de Roman Opalka.
L’artiste égrène les chiffres dans sa langue natale,
le polonais, allant de milliers en centaines de milliers,
atteignant et dépassant le troisième million dans un même
souffle. Cette salle présente également des oeuvres de
Jean Bazaine et Daniel Dezeuze, fragiles dessins qui
s’imposent néanmoins discrètement dans une semi-obscurité.
La salle suivante rompt avec l’épure pour offrir, quasiment
jusqu’à saturation de l’oeil, une photo de la création alsacienne
depuis un siècle, non seulement en matière de
peinture (Jean Benner, Robert Heitz, Jean-Jacques Henner,
Daniel Schlier, Gustave Stoskopf, Tomi Ungerer,…),
Daniel Schlier, avec Pauline collection Jean Brolly

mais aussi dans le domaine de la pensée avec la présence
modeste, mais ô combien chargée, de la brochure
De la misère en milieu étudiant considérée sous ses aspects
économique, politique, psychologique, sexuel et notamment
intellectuel et de quelques moyens pour y remédier, publiée
en 1966 à Strasbourg par l’Internationale Situationniste
et dont on connaît l’influence sur les événements de mai 68.
Voici, là encore, une invitation à un pas de
côté de la part du collectionneur.
Sarah Morris, 2002 cp

Une dernière salle fait la part belle au design, assénant s’il en est
besoin que « Le désir est partout » et que la jouissance liée
à l’appréciation du dessin, de la couleur, des formes et des
matières ne souffre aucune hiérarchie entre Art et arts appliqués.
Une bibliothèque (Charlotte Perriand), un grand miroir lumineux
(Ettore Sottsass) et une série de chaises (Dixon, Prouvé,
Gehry, Faustino…), parmi d’autres objets, entrent en dialogue
avec des quilts tendus au mur dont les motifs évoquent l’art
géométrique des années 1920.
Tout au long de l’exposition, le sculpteur Jean-Gabriel Coignet
aura installé ses oeuvres jouant avec la géométrie et l’équilibre,
créant un fil qui peut être remonté de nouveau, à l’envers.
En exclusivité avec le Museums-PASS-Musées
Soirée exclusive au Musée d’Art Moderne et Contemporain
de Strasbourg 17/03/2017
Cliquez ici pour plus d’informations

Week-end de l’art contemporain.
Dimanche 19 mars à 15h et 17h
En partenariat avec le TJP CDN d’Alsace Strasbourg
Corps noir
Installation- Performance d’Aurélien Bory
pour Stéphanie Fuster / Cie 111

Durée : 45 mn

 

Anders Zorn

Jusqu’au 17 décembre 2017
Le Petit Palais présente une grande rétrospective consacrée à
Anders Zorn (1860-1920), grande figure de la peinture
suédoise. Pourtant reconnu et admiré à Paris au tournant des
XIXe et XXe siècles, Zorn n’a pas été célébré dans la capitale
depuis 1906 ! Près de 150 oeuvres permettent de retracer le
parcours de ce grand artiste, ami et rival de Sargent, Sorolla,
Boldini et Besnard, à la fois aquarelliste virtuose, peintre
talentueux et graveur de génie. Cette exposition devrait
marquer le retour en grâce d’un maître resté très populaire
en Scandinavie et célébré avec succès à San Francisco et New
York en 2013 et 2014.
Anders Zorn connut une vie digne des meilleurs romans, celle d’un
garçon né dans une famille pauvre, abandonné par son père, qui à
force de travail, a connu la gloire et la fortune. Après une formation à
l’Académie royale des arts de Stockholm, il quitte à vingt ans sa Suède
natale pour sillonner l’Europe : l’Espagne d’abord, puis Londres et
Paris. Suivront la Turquie, l’Italie, la Grèce, l’Afrique du Nord et des
séjours triomphaux aux États-Unis. Ce cosmopolite suscite très tôt
l’admiration pour ses grandes aquarelles. Sa virtuosité s’exprime
pleinement dans son art de représenter l’eau.
Ce motif deviendra récurrent dans son oeuvre :
archipel de Stockholm, côte nord-africaine,
lagune vénitienne, port de Hambourg, vagues de l’Atlantique…
Zorn saisit comme personne le mouvement perpétuel des flots.
Lors de ses nombreux séjours à Paris, Zorn alterne
l’aquarelle avec la peinture à l’huile et se spécialise dans
l’art du portrait. Son style qui mêle élégance et sophistication
est très apprécié de ses commanditaires. Son sens inné du cadrage
et sa maîtrise de la lumière font de chaque oeuvre un
grand moment de peinture et d’élégance.
Aux États-Unis, les banquiers, magnats de l’industrie, présidents
et autres hommes politiques s’arrachent ses portraits.
Il devient en quelques années l’un des peintres mondains les
plus respectés et les plus demandés. Zorn connaît alors
un succès phénoménal. Artiste complet, il est également
un graveur de génie très inspiré de Rembrandt dont il
collectionne les estampes.
À la fin du XIXe siècle, Zorn s’installe avec son épouse
à Mora en Suède, dont l’atelier-maison se visite toujours
aujourd’hui. Sa peinture magnifie la nature et les traditions
populaires suédoises. Le Bal de la Saint-Jean, véritable
déclaration d’amour à sa région, la Dalécarlie,
et à ses longues nuits d’été est devenu un classique de
l’histoire de l’art en Suède.
Le parcours et la scénographie rappellent cette vie
multiple à travers des ambiances très différentes.
Des agrandissements de photographies de Zorn, pour
la plupart inédites, ponctuent également la visite.
L’exposition bénéficie des plus belles pièces du musée
Zorn à Mora et du Nationalmuseum de Stockholm,
tous deux partenaires du projet.
D’importants prêts d’autres institutions scandinaves et
françaises complètent la présentation, notamment
la Bibliothèque nationale de France.
COMMISSARIAT :
Johan Cederlund : directeur du Zornmuseet, Mora
Carl-Johan Olsson : conservateur au Nationalmuseum de Stockholm
Christophe Leribault : directeur du Petit Palais
Dominique Morel : conservateur général au Petit Palais


ART / DESIGN / INNOVATION
Les débuts : entre Suède, Espagne et Londres
Zorn est issu d’un milieu modeste.
Il passe son enfance à Mora, en Dalécarlie, au centre de
la Suède dans une région très rurale. Son habileté
à dessiner et sculpter le fait toutefois remarquer et à l’âge
de 15 ans, il est envoyé à l’Académie des Beaux-Arts de Stockholm.
En désaccord avec son directeur, il en démissionne en 1881
et part se former à l’étranger. Il se rend en Espagne en passant
par Londres et Paris.
« Ici, il fait chaud et il y a du soleil, des jolies filles et des
mendiants pittoresques. Un vrai paradis pour les peintres »,
écrit-il.
À l’automne 1882, il s’installe à
Londres, dans le quartier à la mode de Mayfair. Il acquiert
très vite une réputation d’excellent portraitiste et reçoit de
nombreuses commandes.
Il retourne en Suède en 1885 pour épouser Emma Lamm,
jeune femme issue de la haute bourgeoisie de Stockholm
avec laquelle il s’était fiancé secrètement en 1881.
Sa situation économique est désormais
suffisamment assurée pour lui permettre de fonder
un foyer, la position sociale de sa belle-famille lui apportant
de plus une nouvelle clientèle.
Les grandes aquarelles qui lancent sa réputation :
effets d’eau, d’Istanbul à Saint Ives
Très tôt, Zorn est reconnu comme un aquarelliste de talent.
En 1880, il expose à l’Académie de Stockholm son aquarelle
En deuil qui suscite l’admiration générale.
Au contact du peintre suédois Egron Lundgren
(1815-1875), il apprend à utiliser toutes les ressources de
la peinture à l’eau, du glacis le plus léger jusqu’aux
applications les plus couvrantes qui ne laissent pas transparaître
le blanc du papier. Les aquarelles de Zorn, souvent d’un format
monumental, rendent compte des itinéraires
d’un peintre voyageur qui, d’Ouest en Est et du Nord au Sud,
égrène les villes étapes : Constantinople, Alger, Saint Ives en
Cornouailles, Hambourg, sans oublier la lagune vénitienne,
ni l’archipel de Stockholm.
Dans ces vues de ports, dans ces marines, Zorn excelle à rendre le
mouvement de l’eau,
« à mettre – selon son expression – les vagues et les clapotis en
perspective
».
Souvent les personnages sont réduits au rôle
de faire-valoir et ne sont là que pour souligner la grandeur
et la beauté de l’élément liquide.

PARCOURS DE L’EXPOSITION
La décennie parisienne
En 1888, Zorn s’installe à Paris pour exécuter le portrait du banquier
Ernest May et celui de ses enfants. Par son intermédiaire, il fait la
connaissance de personnalités du monde politique et artistique :
Antonin Proust, Armand Dayot, la danseuse Rosita Mauri,
l’acteur Coquelin cadet, ses futurs clients et amis. La même année,
l’État lui achète pour le musée du Luxembourg
Un pêcheur à Saint-Ives
qu’il vient d’exposer au Salon. D’abord établi rue Daubigny,
Zorn emménage durablement boulevard de Clichy.
Il envoie sept oeuvres à l’Exposition universelle de 1889.
Peu après, il est nommé chevalier de la  Légion d’honneur.
En 1890, Zorn participe en tant que sociétaire étranger au
nouveau Salon de la Société nationale des Beaux-Arts.
En même temps, il expose dans des
galeries privées, chez Georges Petit et chez Durand-Ruel.
Il triomphe au Salon de 1891 en envoyant pas moins de
douze oeuvres. En 1892, il y présente
son tableau Omnibus qui le fait passer pour un «révolutionnaire»
et, en 1893, il doit retirer de l’exposition sa Vénus de la Villette,
jugée choquante. En 1895, Zorn participe aux côtés de plusieurs
de ses amis, Rodin, Whistler, Besnard, Thaulow au premier
salon de l’Art Nouveau à la galerie Bing.
En moins de dix ans, Zorn est devenu une figure très
en vue de la vie artistique parisienne avec laquelle il va
toujours rester en contact.
Les portraits de société
Aux côtés de Sargent, de Carolus Duran et de Boldini,
Zorn est l’un des portraitistes les plus recherchés de la fin
du XIXe siècle. Sa technique spontanée et instinctive
doit beaucoup à sa pratique de l’aquarelle. Il
utilise des couleurs abondamment diluées et les
applique d’un pinceau rapide et léger sans avoir dessiné
le motif au préalable.
Il préfère peindre ses portraits chez
ses commanditaires plutôt que dans son atelier
de façon à mieux saisir la personnalité et la psychologie de chacun
de ses modèles. Le décor et les accessoires jouent d’ailleurs un rôle
important pour définir et caractériser le sujet représenté.
Un grand nombre de portraits de Zorn ont été exécutés en
Amérique, au cours des sept voyages qu’il y effectua.
Banquiers, magnats de l’industrie, hommes politiques –
dont trois présidents des États-Unis – tous
étaient disposés à dépenser des sommes colossales
pour se faire tirer le portrait par Zorn. Tout en fréquentant la
haute société internationale, Anders Zorn demeure marqué
par la modestie de ses origines.
«Zorn reste toujours un paysan aux bras musclés pour étreindre
la réalité nue», remarque un critique.
Un graveur à succès
En 1882, Zorn fait la connaissance à Londres d’un compatriote
Axel Herman Haig qui l’initie à l’art de la gravure. Arrivé
à Paris en 1888, il expose régulièrement à la Société des
peintres-graveurs français, qui joue un rôle déterminant dans
le renouveau de l’eau-forte originale. L’exposition
organisée en 1906 à la galerie Durand-Ruel consacre définitivement
Zorn comme un maître de l’estampe. Il est alors le graveur le plus
cher et ses planches atteignent des prix records en vente
publique de
Paris à New York. Au total, l’oeuvre gravé
de Zorn comporte 288 numéros,
essentiellement
des portraits et des nus.
Zorn grave vite et fort, sabrant la
planche de tailles posées en diagonales.

Le portrait de Marcellin Berthelot aurait été réalisé en moins
de vingt minutes et le dessin préparatoire au portrait de Renan
en moins d’une heure. Parmi les influences qui transparaissent
dans son oeuvre, celle de Rembrandt – dont il collectionna les
gravures – se révèle évidente.
Il rejoint le maître hollandais dans son goût pour l’esquisse et
pour l’improvisation, affectionne les contrastes d’ombre et de lumière
et prend plaisir à se représenter lui-même. Enfin, comme Manet,
un autre exposant de la Société des peintres-graveurs, il n’hésite
pas à reprendre en gravures ses compositions peintes, parfois
en les modifiant et en les adaptant.
Zorn à la Bibliothèque nationale de France
Célèbre ébéniste et antiquaire, Alfred Beurdeley (1847-1919)
fut un des premiers amateurs et admirateurs de Zorn.
Il lui confia d’ailleurs le soin d’exécuter son portrait peint.
En 1906, il présida le comité de l’exposition
Zorn organisée à la galerie Durand-Ruel.
À l’issue de l’exposition, il donna à la Bibliothèque nationale
99 estampes de l’artiste
.
Le même jour, Zorn, lui-même, fit don de 40 estampes.
Ces dons furent complétés en 1943 par les 68 pièces de
la collection
Curtis. Américain d’origine mais établi en France
depuis 1904, Atherton Curtis (1863-1943) légua par testament à la
Bibliothèque 
nationale sa collection. Il possédait un bel
ensemble de gravures de Zorn parmi lesquelles les portraits
de Renan
, d’Anatole France, du roi Gustave V de Suède et une série
de baigneuses.
Au total, sur les 288 estampes de Zorn répertoriées par
Karl Asplund
dans son catalogue publié en 1920,
212 figurent dans le fonds de la Bibliothèque

nationale de France, ce qui en fait une des collections de
référence, ses gravures ayant été chacune tirées à peu
d’exemplaires et soigneusement signées par l’artiste.

La Suède traditionnelle
En 1896, Zorn et sa femme quittent Paris pour retourner s’installer à
Mora. Situé dans la province de Dalécarlie, au bord du lac Siljan, Mora
est alors un village même s’il a servi de théâtre à plusieurs événements
historiques fédérateurs pour l’histoire de la Suède : c’est à l’abri de ses
monts que se réfugie au XVIe siècle le roi Gustave Vasa, avant
d’entreprendre la reconquête de son pays.
Zorn apprécie de pouvoir mener à Mora une vie simple et authentique
au contact de la nature, ainsi qu’à Gopsmor, à une vingtaine de
kilomètres, dans une autre maison de bois plus isolée que sa belle
demeure de Mora qui deviendra plus tard un
musée. Il va d’ailleurs réunir progressivement un ensemble
de bâtisses anciennes qui forment au bord du lac un musée de
plein air dédié à la vie paysanne. Il trouve dans la réalité
quotidienne les sujets  de nombreux tableaux

: la vachère dans la forêt, le violoneux ou les femmes
de Mora vaquant à leurs occupations. La peinture dont il était
peut-être le plus fier, Danse de la Saint-Jean (1897), n’est pas
seulement une déclaration d’amour à la Dalécarlie et à ses
longues nuits d’été, elle est également devenue un classique
de l’histoire de l’art suédois.
Nus et baigneuses
À la fin des années 1880, Zorn commence à peindre sur le motif des nus
en plein air. Sans travestissement ni prétexte mythologique quelconque,
il représente des femmes au naturel se baignant dans le vaste archipel
de Stockholm. Il peut étudier à loisir l’effet de la lumière sur le corps
humain. Les nus de Zorn ont parfois été comparés à ceux de Renoir
qui expose en 1887, à la galerie Georges Petit, ses Grandes baigneuses,
lesquelles ont peut-être donné l’idée à Zorn de peindre l’année suivante
ses premiers nus.
« Les modèles de Zorn sont des gaillardes, mais
femmes aussi, femmes par la qualité de la chair, comme les femmes de
Renoir, mais d’une structure plus élancée et d’un plus
élégant athlétisme», écrit Henri Focillon en 1922.
À la fin de sa vie, Zorn multiplie les dessins et estampes de nu
dans une quête érotique effrénée. L’accent est beaucoup moins
porté sur le lieu et sur l’atmosphère que sur la peau
des corps nus. L’asservissement au réel qu’implique
l’abondant usage qu’il fait des clichés photographiques peut
expliquer ce changement de perspective.
C’est un beau complément à lexposition l’art du pastel du
Petit Palais

De la Tête aux Pieds, dans la collection Würth

DE LA TÊTE AUX PIEDS.
La figure humaine dans la Collection Würth
Le musée Würth d’Erstein  présente
cette exposition jusqu’au 10 septembre 2017.
Elle est composée de 9 sections, divisées en
8 thématiques

Dans Par-delà bien et mal, Friedrich Nietzsche écrit :
« En l’homme s’unissent créature et créateur : en l’homme,
il y a de la
matière, du fragment, de la profusion, de la glaise,
de la boue, de l’absurdité, du chaos ; mais en l’homme, il y a aussi
du créateur,
du sculpteur, de la dureté de marteau », c’est-à-dire
des forces créatrices et des capacités artistiques
.
extrait du catalogue ( texte Beate Elsen-Schwedler)

Marc QUINN AAA GTATA GGCAG 2009 Bronze et matières plastiques Collection Würth - Inv. 13583
Marc QUINN
AAA GTATA GGCAG
2009
Bronze et matières plastiques
Collection Würth – Inv. 13583

L’exposition propose à travers 130 peintures, dessins,
sculptures et installations issus de la Collection Würth
un propos passionnant sur la représentation de la figure
humaine dans l’art. Le nombre important d’oeuvres
présentées, de la fin du 19ème siècle jusqu’à aujourd’hui,
comprend des pièces majeures de la collection Würth,
ainsi que de récentes acquisitions.
vidéo Gilles-Dan MOYAL de la télévision locale
d’Erstein à visionner ici

Jonathan Green, Pride 1990
Jonathan Green, Pride 1990

Depuis toujours les représentations de la figure humaine
ne se sont pas seulement attachées à représenter une
réalité physiologique, mais ont cherché aussi à interroger
la nature humaine de manière formelle. Sujet essentiel
et universel dans l’histoire de l’art occidental – notamment
à travers l’art du portrait et du nu -, la figure humaine
consacre l’artiste dans son rôle de « créateur » au sens littéral
du terme et lui permet d’interroger sa place dans le monde.
Du corps idéalisé de la statuaire grecque au corps-objet
d’expérimentation dans l’art contemporain, cette représentation
n’a cessé d’évoluer à travers l’histoire : après les
débordements d’un XXème siècle meurtrier et la montée
en puissance de la société de consommation, un nouveau
rapport de l’homme au monde se manifeste, se traduisant
par une nouvelle perception du corps : un corps contemporain
envisagé comme une option modulable.
Antony Gormley
Antony Gormley

Aujourd’hui les possibilités de traitement numérique
et chirurgical ont rendu floues les frontières entre ce qui
est naturel et ce qui est transformé par la main de l’homme.
De plus en plus de gens ne considèrent plus leur corps
comme un cadeau divin ou naturel qu’il convient d’accepter,
mais comme une masse évolutive – un objet de consommation
– qu’on peut manipuler à souhait,
en fonction de son porte-monnaie ou du talent d’un chirurgien.
Les diktats et les normes sociales actuelles relatives à
l’apparence sont telles que l’indice de masse corporelle (IMC)
semble avoir pris le pas sur le bien-être réel.
Katsura Funakoshi
L’exposition aborde des thématiques aussi variées que le corps
idéal, son impermanence, le corps fragmenté, le portrait
et l’autoportrait, l’éternel féminin, etc., à travers les oeuvres
de près de 100 artistes différents, de Pablo Picasso à
Georg Baselitz, en passant par Andy Warhol, A.R. Penck,
Marc Quinn, Jaume Plensa, Magdalena Abakanowicz ou
Gilbert & George.
Mark Quinn, Hoxton Venus, béton 2006
Mark Quinn, Hoxton Venus, béton 2006

Le corps idéal
Pour Mark Quinn, la mutation du corps est un questionnement
récurrent dans son travail. Entre corps idéal et mutation,
le putto en bronze, en couches, avec des jouets à ses pieds,
entouré d’une chaîne ADN, et la femme enceinte.
On se souvient de l’athlète handicapée, enceinte
exposée à la 53 biennale de Venise et les jeux paralympique

de Londres 2012

Jawlensky, Tête mystiqie 1918
Jawlensky, Tête mystiqie 1918

La galerie des portraits
Pour Alexej von Jawlensky, on peut
constater l’évolution dans la manière de
présenter la figure humaine dès 1918
de façon moderne, puis en 1935 de manière
presque abstraite.
Jawlensky, Méditation 1935
Jawlensky, Méditation 1935

L’Eternel féminin ou les métamorphoses d’Eve
Tantôt Madone, cocotte, mère, triste, mélancolique,
Claude Émile SCHUFFENECKER Nu accoudé - Femme nue assise sur un lit 1885 Huile sur toile Collection Würth - Inv. 14229
Claude Émile SCHUFFENECKER
Nu accoudé – Femme nue assise sur un lit
1885
Huile sur toile
Collection Würth – Inv. 14229

Le corps de l’artiste
C’est la question de l’identité, mais aussi de la multiplicité
des taches que le corps peut exécuter et que la société peut
lui demander. C’est le même personnage Martin Liebscher
qui se trouve au sein de la rédaction de son journal.
Martin Liebscher, Redaktion, 2002
Martin Liebscher, Redaktion, 2002

Les surpeintures d’Anulf Rainer, qui poursuivent en un processus pictural
permanent la dissolution du tableau d’origine, prennent bien souvent
le propre Moi pour sujet et se transforment alors en un acte relevant
de la performativité. Ce travail autocentré systématique sur son propre visage
ou son propre corps ne trouve toutefois pas ses racines dans le narcissisme.
Bien au contraire : l’existence artistique devient le seul moyen de légitimer
l’art à l’ère de sa fin. Ces tableaux deviennent ainsi l’expression d’une certaine
absence de parole :
arnulf-rainerLes mannequins et doubles artificiels
L’œuvre plastique de Tadeusz Kantor est fortement influencée par la Pologne et son contexte politique. Les sujets récurrents en sont l’enfance (durant la guerre 1940-45), son village natal de Wielopole, la mort… Il aborde des thématiques comme le pouvoir et ses abus, la violence, et la permanence des souvenirs. Ici, la Classe morte

Thadeusz Kantor
Le corps en écho
Des corps qui se touchent, qui se tiennent de manière presque
parallèle, statique.

Alberto Magnelli, les Mariés, 1914
Alberto Magnelli, les Mariés, 1914

Les citations et affinités
Certains artistes pour rendre hommage à leurs aînés,
se sont inspirés de leurs oeuvres  emblématiques
Christof Kohlhöfer, the Ensor Girl, 2006
Christof Kohlhöfer, the Ensor Girl, 2006

C’est une exposition très riche en oeuvres, qui est assortie d’un
grand nombre d’évènements :
Des ateliers, des conférences, des visites guidées gratuites
le dimanche à 14 h 30
dont vous trouverez la liste ci-dessous
des concerts

HORAIRES
Du mardi au samedi de 10h à 17h
Le dimanche de 10h à 18h
Fermé tous les lundis

4 éléments de NILS-UDO, Fondation François Schneider,

« Je pars de la Nature, mais j’arrive à l’abstrait, à la composition qui ne reproduit pas, aux couleurs qui ne sont plus celles d’objets réels, qui sont des couleurs tout court »

Pionnier en Europe de l’Art dans la nature dès la fin des années 60, Nils-Udo fait appel à différentes techniques : la photographie, le dessin, la peinture, l’installation, la sculpture avec des éléments naturels.
C’est aux couleurs de la nature qu’il apparaît au vernissage de la Fondation François Schneider.

« Je fais partie de la Nature. Je m’y intègre et y agis comme tout autre élément naturel. Je fais partie de la Nature. Le destin de l’arbre est le nôtre. Sa vie et sa mort sont notre vie et notre mort.»

La Nature est au coeur de son art. A travers ses installations qui séduisent par leur simplicité, Nils-Udo la met en scène en collectant, façonnant, modelant ce qu’il trouve dans les paysages qu’il traverse. C’est ainsi que naissent des oeuvres sobres et féériques. Lorsqu’il réalise une installation, la Nature devient son atelier.
Une installation au Hirtzenstein : La Mousse
Pour cette exposition, Nils-Udo a réalisé une installation au Hirtzenstein, situé au dessus du village de Wattwiller. Cette forêt porte en elle les traces de la Première
Guerre Mondiale. Un chapelet de bunkers marque le terrain. Il est évident que le
regard de Nils-Udo ne pouvait se détourner de cette réalité.

Avant la réalisation de chaque oeuvre, Nils-Udo commence par observer la nature et s’imprègne du paysage, puis il associe les éléments qui l’entourent.
Il utilise tout ce qui est végétal ou minéral. Il travaille manuellement, composant des assemblages de formes, de couleurs, de matières révélant ainsi les qualités esthétiques de chaque élément.
la Mousse plan d’accès
Les photographies et les peintures.
L’art de Nils-Udo est éphémère, un coup de vent peut tout balayer et anéantir son travail. C’est pour cela qu’il ne se déplace jamais sans son appareil photo pour capturer ces instantanés d’une composition qui porte en elle sa fragilité. Ses photographies permettent d’immortaliser ses installations. Mais en aucun cas, Nils Udo cherche à réaliser une photo documentaire. Il s’agit vraiment d’une photo artistique qui implique une réflexion sur le choix des couleurs, le cadrage ou encore la lumière.


Nils-Udo a pratiqué la peinture depuis les années 60 avant d’entrer
« dans le motif » et y organiser son image. Depuis quelques années, il est revenu à ses premières sensations picturales. Lorsqu’il peint dans son atelier de Riedering, il peint plusieurs jours d’affilée, sans s’arrêter. Puis vient la représentation de la Nature sur la toile.
Nils-Udo pratique une peinture réaliste qui ne s’épuise pas dans une simple
figuration. Elle relève plutôt de la transposition d’une impression fugace.
les 4 éléments Nils-Udo nous livre ses oeuvres sur le thème des 4 éléments. Peintures, photographies et vidéos témoignent des nombreuses pérégrinations de cet infatigable voyageur à travers le monde.
En célébrant la Nature comme il le fait, Nils-Udo nous oblige non seulement à
redécouvrir ce que notre oeil et nos sens ne perçoivent plus, mais nous place face à nous-mêmes, nous rappelant sans cesse notre fragilité. Ses oeuvres connaissent aujourd’hui un vaste et légitime rayonnement international. Elles se sont construites au fil du temps, dans une quête patiente et par un travail tenace et des remises en cause. A travers ses installations, ses photographies et sa peinture, Nils-Udo est pleinement en accord avec l’eau, l’air, la terre et le feu.
Il est dans son élément : la Nature

NILS-UDO – Entretien avec Auguste Vonville
8 avril 2015 à Riedering
AV : Tel Jean-Jacques Rousseau, Nils-Udo, solitaire, part en promenade. Ses
déambulations lui permettent de se fondre dans la Nature. Un arrêt, un regard,
quelquefois une prise de vue. Puis vient le moment de la poésie, la réorganisation, l’arrangement d’un espace de Nature par le biais d’une installation souvent éphémère.
La photo est là pour l’immortaliser. Les oeuvres de Nils Udo sont nimbées de toute sa modestie et sa sensibilité. L’artiste révèle ainsi la beauté, les curiosités de la nature, et sa fragilité.
La Nature pour vous, c’est quoi ?


NU : La Nature, pour moi c’est le Tout. Ce n’est pas seulement ce que nous voyons, ce qui nous entoure. Pour moi, ça va jusqu’au soleil, la lune, jusqu’à l’Univers, jusqu’à la fin de toutes choses, ça m’entoure, ça m’englobe, j’en fais partie, je suis dedans, je me mêle dedans, je fais partie d’elle.
AV : Est-ce qu’il y a une réflexion sur le Divin dans cette approche ?
NU : C’est un aspect que j’essaie d’éviter, mais je pense que ça et là on peut voir dans mes réalisations ce thème inévitable, ce sont des choses qui s’installent malgré moi. On peut les découvrir dans le titre de certaines de mes oeuvres.
AV : Êtes-vous en situation de contemplation quand vous êtes dans la Nature ?
NU : Cela vient automatiquement, je suis ouvert à tout phénomène naturel qui m’entoure, et je réagis à ma manière sur ce qui me touche le plus. Cela peut être une couleur, une structure, une forme, un coup de vent, un matériau, une topographie particulière, l’eau, la boue, la pierre, la tourbe, et ainsi de suite.
J’ai travaillé la première fois avec la tourbe en Irlande, j’ai réalisé une série de pièces
pour le Galway Art Festival dans la région du Connemara. J’ai découvert la tourbe,
elle est très molle, on peut modeler beaucoup de choses avec cette tourbe-là, et j’étais
fasciné. Voilà la façon dont je réagis.
AV : Vous avez réalisé une oeuvre intitulée Fleur bleue en hommage à Novalis.
La Fleur bleue est devenue le symbole du Romantisme. Etes-vous en filiation avec les Romantiques allemands ?
NU : Oui bien sûr. Le Romantisme est très présent. On me dit souvent que je recherche la Beauté, mais ce n’est pas du tout mon sujet. Je ne suis pas quelqu’un qui recherche la Beauté, elle s’installe tout simplement.


Commissaire de l’exposition : Auguste Vonville, directeur artistique et culturel de la Fondation François Schneider
Un catalogue de l’exposition est en vente à l’accueil du musée.
Du 20 juin au 13 septembre
Centre d’Art Contemporain
Fondation François Schneider
27 rue de la Première Armée
68700 Wattwiller
Tel: + 33 (0)3 89.82.10.10
Fax : +33 (0)3 89.76.75.49
Visites guidées par Auguste Vonville
Nocturne les vendredis à 20h30

Vendredi 3 juillet, 7 août, 4 septembre
Dimanche après-midi à 14h30
Dimanche 2 août, 16 août, 30 août, 13 septembre
Possibilité de visites guidées pour des groupes
Tel : +33 (0)3 89 82 10 10
info@fondationfrancoisschneider.org
http://www.fondationfrancoisschneider.org
Ouverture
Du mercredi au dimanche de 10h à 18h

Daniel Buren, Comme un jeu d’enfant, travaux in situ

Le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg accueille pour six mois une exposition de l’artiste Daniel Buren.
jusqu’au 4 janvier 2015


LUMIERE « Comme souvent dans mes travaux, l’oeuvre dépend non seulement du lieu, mais aussi du climat, de la lumière, du soleil, des nuages, de la pluie, etc. C’est l’ensemble de ces manifestations atmosphériques qui marque l’oeuvre et c’est la comparaison des effets, les uns par rapport aux autres, qui, finalement, fait l’oeuvre ; même si chacun peut préférer un état à un autre. » Daniel Buren, in Monumenta 2012, Excentrique(s), Travail in situ, Grand Palais, CNAP-RMN, 2012, p18.


COULEUR « Pour moi, la couleur, c’est de la pensée pure, donc totalement indicible. Toute aussi abstraite qu’une formule mathématique ou un concept philosophique. Il y a peu d’autres choses totalement indicibles dans l’art, si ce n’est le résultat plastique de la combinaison des sensations, de la compréhension et du jeu avec l’espace. […] Dans le domaine de la couleur, objectivement, on peut constater que peu d’artistes arrivent vraiment à faire quelque chose. La couleur est un vaste problème, il me semble difficile de lui appliquer des règles. Y en a-t-il ? À chaque instant, la couleur doit s’inventer. Il n’existe pas de gardefous. » Entretien avec Jérôme Sans, in Au sujet de…, 1998, Flammarion, pp. 178-180
Considéré comme l’un des artistes les plus importants de la scène contemporaine,
Daniel Buren (né en 1938) est l’auteur d’une œuvre plastique et théorique considérable dont l’apport le plus emblématique pourrait, très sommairement, se résumer à sa compréhension et son usage de la notion d’in situ.
Après une rapide formation à l’Ecole des métiers d’art, Daniel Buren questionne, tôt dans les années 1960, les limites de la peinture. Usant d’une grammaire réduite à l’essentiel, basée, dès 1967, sur l’utilisation de bandes invariablement espacées de 8,7 cm qu’il définit comme son outil visuel, Buren développe, depuis lors, une œuvre d’une rigueur et d’une cohérence exceptionnelles, qui peut se lire comme une approche plurielle du contexte d’apparition des œuvres.


L’exposition « Comme un jeu d’enfant, travaux in situ », intervention dans un des bâtiments symboliques de la ville de Strasbourg, présente deux nouvelles œuvres conçues par Daniel Buren pour le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg (MAMCS). Celles-ci se déploient respectivement sur les 1500 m2 de la façade vitrée du MAMCS, transformant le musée en une sorte de cathédrale, aux vitraux multicolores, la verrière étant animée et rythmée par des carreaux de couleurs prédéfinies, (5 couleurs + les bandes rayées) comme un damier, qui jouent avec la luminosité et se déplacent au rythme de l’heure, jusqu’à envahir tout le sol, comme dans une nef. Les couleurs sont mises par ordre alphabétique du pays ou Daniel Buren intervient (bleu, jaune, rose, rouge, vert, rayures) en commençant par  le haut, en tournant autour et en recommençant.Daniel Buren parle lui-même de nef en évoquant l’architecture du MAMCS.


Les 600 m2 de la salle d’exposition temporaire quant à eux sont transformés en un village, en miroir, un côté d’un blanc immaculé, l’autre côté identique aux couleurs prédéfinies, , dans une ordre précis,  et aux dimensions exactement semblables, qui est le propre du travail de Buren.
Le projet est constitué en deux parties, très complémentaires l’une de l’autre, offrant dans les deux cas, la possibilité au visiteur de redécouvrir l’architecture et les espaces d’exposition temporaire du musée sous un nouveau jour.
Daniel Buren réalise, avec cette double exposition, un travail in situ qui allie compréhension de l’existant et affirmation d’une proposition sculpturale.
Ce faisant, il offre au MAMCS, après ses interventions récentes à Istres et Guadalajara, l’une des œuvres les plus ludiques de sa carrière.


L’exposition s’accompagne d’un catalogue qui présente une sélection d’oeuvres, de 1971 à nos jours, engagées dans un dialogue étroit avec l’architecture, incluant un texte de Marie-Ange Brayer ainsi qu’un entretien inédit de Daniel Buren avec Patrick Bouchain, Joëlle Pijaudier-Cabot et Estelle Pietrzyk.


« Comme un jeu d’enfant, travaux in situ » au MAMCS de Strasbourg est constitué de modules en bois aux formes géométriques élémentaires – cube, cylindre, cône – qui s’empilent pour donner lieu à des constructions architecturales, comme celles que l’on construit, enfant, avec des cubes en bois. Ces modules géométriques se donnent entre la modélisation de la maquette et l’échelle de l’architecture : trop grands pour être un jeu de construction et trop petits pour valoir comme architecture. Pourtant, anthropomorphiques, ils se donnent comme un espace habitable, invitant les visiteurs à les traverser. Leur répartition sur un damier se donne de manière chiasmatique : une moitié accueille les modules de couleur et l’autre, ceux en blanc. La grille élabore une topographie artificielle à la mobilité potentielle. Le principe du jeu induit aussi une instabilité formelle. C’est l’expérience de l’espace à travers la déambulation qui réunira les deux parties et activera l’ensemble du jeu de construction. Comme un jeu d’enfant nous renvoie au « kindergarten » de blocs de Froebel, jeu d’apprentissage de l’espace, associant architecture et créativité, qui prend son essor au milieu du XIXe siècle et marquera toute l’histoire de l’architecture moderne. A partir de ce principe de jeu agrandi à l’échelle humaine, Buren composa un espace isotrope qui acte la disparition d’échelle et la différenciation d’usage entre maquette, jeu, mobilier, architecture. Les blocs géométriques en bois modélisent un espace commun avec des rues, des arches, des places, des points de vue qui vectorialisent l’espace. Le jeu de construction est devenu un jeu de déconstruction de l’objet architectonique et de reconstruction d’un espace
« public »,
ouvert et recomposable à l’infini.
Comme un jeu d’enfant Entretien du 16 avril 2014 entre Daniel Buren, Patrick Bouchain, Joëlle Pijaudier-Cabot et Estelle Pietrzyk (extraits).

JPC : Pour en revenir à cette deuxième oeuvre qui occupe la salle d’exposition temporaire, peut-on, la considérer comme un travail situé, dans l’esprit et dans la continuité des cabanes ? Comme les cabanes, on pourrait en effet la transposer dans un autre espace d’exposition.
DB La plupart du temps, il est impossible, dans mes interventions, d’isoler un élément du reste du travail ni de le transférer dans un autre lieu. Ici, à la différence de la majorité des pièces que j’ai pu faire, on pourrait envisager que certaines portions de ces constructions enfantines, ellesmêmes faites à partir d’éléments autonomes – cubes, parallélépipèdes, cylindres, pyramides, arches,… – puissent exister de façon isolée. [Il montre un dessin] Mais si j’isole un élément, ça deviendrait un objet et seulement un objet pour lui-même, ce qui ne m’intéresse pas. De ces éléments, je fais une construction, au sens fondamental du terme latin constructio, qui veut dire assemblage, en jouant avez des dizaines et des dizaines de combinatoires possibles. Je ne pense pas qu’il faille présenter ce travail ainsi, je ne souhaite pas le disperser en petites entités. Cependant, je ne l’imagine pas non plus rester dans la forme figée que tous ces éléments auront ensemble à Strasbourg. […]
Commissariat : Joëlle Pijaudier-Cabot, directrice des Musées de Strasbourg et Estelle Pietrzyk, conservatrice du MAMCS

Photos de l’auteur courtoisie du MAMCS

Bill Viola sculpteur du temps

Bill Viola en février 2014, lorsque je me suis approchée du couple pour leur remettre un cadeau E.I.

La conférence de presse suivie par la visite de l’exposition

du  05 Mars 2014 au  21 Juillet 2014 au Grand Palais Paris
« Je suis né en même temps que la vidéo »,
dit souvent Bill Viola (site officiel), qui vit le jour en 1951.
Bill Viola est spiritualité, humanité, un artiste charismatique.
C’est à un voyage initiatique, une expérience sensorielle et intime que nous convie Bill Viola. (vidéo)

Biographie de Bill Viola
 lien

E12100 Video installation Martyrs (Earth, Air, Fire, Water) by American artist Bill Viola at St Paul’s Cathedral in London, UK

 

Vous pouvez visionner ci-dessous :
La vidéo de la conférence de presse
La vidéo du vernissage
Avec vingt œuvres magistrales, soit plus de trente écrans et des heures d’images, Bill Viola au Grand Palais constitue l’une des plus larges rétrospectives consacrées à l’artiste. Plongée dans l’obscurité presque totale, la scénographie y est millimétrée au service d’une puissance visuelle rarement atteinte.
Tout est parti de l’enfance pour Bill Viola. Un jour il est tombé dans un lac, à l’âge de 6 ans, il a coulé au fond. C’est son oncle, qui en plongeant, l’a sauvé en le ramenant à la surface. Bill le repoussait, sans se rendre compte. Il a vu le monde le plus beau, qu’il n’avait jamais pu contempler, avec des plantes qui ondulaient, une lumière bleue, la lumière sous-marine qui est absolument extraordinaire, lorsqu’on est sous l’eau il n’y a pas de gravité, on flotte, il aurait voulu rester dans cet élément, s’il n’avait pas été repêché. Il n’a pas eu vraiment peur, s’est senti très bien dans l’élément aquatique, à partir de ce moment il n’a plus jamais eu peur de la mort.
Une des premières œuvres qu’il a faite a été Reflecting Pool, le bassin miroir.
C’était l’expression d’une quasi noyade,

The Dreamers (2013), est la plus récente œuvre,
« je suis toujours en relation avec l’eau, avec les fluides, comme l’électricité,
une force active qui vibre en nous et qui vit et qui relie les gens, qui est essentiel »
Bill Viola
C’est une installation composée de sept grands écrans plasma, qui présentent dans une même salle, sept personnes immergées dans le fond d’un cours d’eau. Elles ont les yeux fermés et paraissent sereines. L’eau ondule sur leurs corps et anime subtilement leurs mouvements. Le son de l’eau qui coule envahit l’espace, tandis que la pièce se remplit progressivement de rêves.
The Dreamers

Les quatre décennies de l’œuvre de Viola sont représentées dans l’exposition du Grand Palais , de The Reflecting Pool(1977-79) à The Dreamers (2013): films vidéos (Chott El Djerid (A Portrait in Light and Heat), 1979), installations monumentales (The Sleep of Reason, 1988), portraits sur plasma (The Quintet of the Astonished, 2000),
pièces sonores ( Presence, 1995), sculptures vidéos (Heaven and Earth, 1992), œuvres intimistes (Nine Attempts to Achieve Immortality, 1996) ou superproductions (Going Forth By Day, 2002). Tous les genres de l’œuvre de Bill Viola sont là, et toutes ses grandes séries emblématiques, des Buried Secrets du pavillon américain de Venise en 1995 (The Veiling) aux Angels for the Millennium (Ascension, 2000), des Passions (Catherine’s Room, 2001) à The Tristan Project (Fire Woman et Tristan’s Ascension, 2005), des Transfigurations (Three Women, 2008) aux Mirages (The Encounter, 2012)
Le déluge
Walking the Edge (2012),
Pensée en dialogue avec l’artiste comme un voyage introspectif, cette exposition propose un itinéraire en trois temps, autour des questions métaphysiques majeures :
Qui suis-je ? Où suis-je ? Où vais-je?
Dans ses œuvres, Bill Viola interroge la vie, la mort, la transcendance, la renaissance, le temps et l’espace, utilisant souvent la métaphore d’un corps plongé dans l’eau pour représenter la fluidité de la vie. Ses images cherchent à fournir une autre perception de ces questions fondamentales qui caractérisent l’existence humaine. Une dimension qui confère à son travail une puissance d’universalité particulière, au-delà de tout courant ou de toute mode, et qui explique que cet œuvre vidéo fascine depuis quarante ans aux quatre coins du monde.

« La transformation est une chose importante, une force qui agit en permanence un processus lent, qui permet la construction d’un nouvel être humain, qui se produit au moyen de ce que nous voyons de ce que nous lisons, et apprend aussi des erreurs que nous commettons, une chose merveilleuse chez l’humain, est le changement et l’évolution, la liberté de changer d’avis est une des choses les plus importantes pour l’humain. » BV
Bill Viola a énormément voyagé durant sa carrière : au sein des Etats-Unis, Italie, Japon, France, Indonésie, Australie, Allemagne, Tunisie… Chaque destination étant une source d’innovation pour l’artiste. Dans son voyage à Java et à Bali notamment, où il a pu enregistrer de la musique traditionnelle et des spectacles. Au Canada, afin d’enregistrer des paysages de la Prairie en hiver, ou dans le désert du Sahara pour filmer des mirages, à l’aide de téléobjectifs adaptés à la vidéo. Son voyage spirituel en Inde, dans le Ladakh, fût aussi pour lui une occasion de filmer et d’observer l’art et les rituels religieux. Il a été l’élève puis l’assistant du pionnier de l’art vidéo, le sud coréen, Nam June Paik.

L’usage de la technologie vidéo par Bill Viola convoque un univers d’images digitales s’inscrivant dans l’histoire de l’art. On trouve dans l’exposition des références aux grands maîtres tels que Goya (The Sleep of Reason, 1988) et Jérôme Bosch (The Quintet of the Astonished, 2000). Le spectaculaire polyptyque Going Forth By Day (2002) forme un vaste ensemble mural de tableaux digitaux dans le même esprit que les fresques de Giotto dans la basilique Saint-François d’Assise – sommet inégalé de l’installation artistique selon Viola et référence ultime de l’artiste1932/2006)
Le public va prendre ce qu’il souhaite dans ses œuvres, il ne veut rien imposer, il fait partie de l’œuvre en y pénétrant, en la regardant, en s’y attardant, en y revenant. Trop d’informations de publicité est pollution. Il a aimé le calme et le silence comme dans son passé familial.

Peter Sellars et Bill Viola ont travaillé ensemble lors de la création du Tristan et Isolde de Wagner à l’Opéra Bastille en 2005, spectacle repris cette année dans le même lieu. L’artiste a conçu pour le célèbre metteur en scène américain un tableau vidéo projeté en toile de fond comme décor.  Peter Sellars parle de leur collaboration et du regard qu’il porte sur l’œuvre de Bill Viola.

Commissariat : Jérôme Neutres , conseiller du Président de la Réunion des musées nationaux–Grand Palais et Kira Perov, Executive Director du Studio Bill Viola scénographie : Bobby Jablonski, directrice technique du Studio Bill Viola et Gaëlle Seltzer, architecte à Paris.
catalogue de l’exposition, Studio Bill Viola
en français, 24,5 x 29 cm, 180
pages, 160 ill., relié, 35 €
augmenté par l’application Ipad Iphone etc …
Certaines photos proviennent du site du Grand Palais et d’Internet
autres photos de l’auteur

 

La confusion des sens à l'espace Vuitton

Indissociable du monde du voyage, la Maison Louis Vuitton à Paris
se plaît à traiter de cette thématique dans les expositions qu’elle organise, au sein de son espace culturel. Pour sa dixième exposition, elle en propose une nouvelle approche, qui change un peu la donne, puisqu’elle invite, cette fois-ci, son spectateur à un voyage intérieur.

Un parcours dans lequel ses sens se troublent, bouleversant ainsi son rapport à la réalité pour une remise en question absolue de son existence et du monde qui l’entoure. Un périple au coeur des méandres d’une intériorité déstabilisante, puisque sans repères. Une

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 » confusion des sens « ,

comme l’indique le nom de l’événement, provoquée par la mise en scène de huit oeuvres d’artistes contemporains, toutes surprenantes. La commissaire de l’exposition est Fabienne Fulcheri que vous pouvez trouver dans sa présentation sur le site de l’exposition.

C’est une invitation à plonger à l’intérieur de nous-même, à être à l’écoute de notre corps et de nos sens afin de mieux nous comprendre, mais peut-être aussi de mieux saisir la complexité du monde qui nous entoure. Elle constitue une expérience à vivre et à éprouver qui bouscule notre perception autant que nos certitudes.

Le point de départ de cette exposition sensorielle est l’œuvre de l’artiste Olafur Eliasson, créée à l’occasion de l’inauguration de l’Espace culturel Louis Vuitton dans l’ascenseur central. Intitulée «Votre Perte des Sens», Olafur Eliasson a voulu pousser son exploration de la perception individuelle et du sens de soi avec «une chambre d’entropie sensorielle». Cet ascenseur, qui enveloppe le visiteur d’une obscurité totale, prend pleinement son sens dans cette exposition et en constitue la porte d’entrée autant réelle que symbolique.traumatheque-berdaguer-et-pejus.1260466954.JPG

A travers les créations de huit artistes, «La Confusion des Sens» trace un parcours qui amène le spectateur à prendre conscience de son corps, de sa place dans l’espace mais aussi à développer ses propres images mentales. Accueilli dès la vitrine par une nouvelle œuvre de Didier Fiuza Faustino, le visiteur découvre en prologue un texte qui semble s’arracher du mur avec une force à la fois violente et contenue. Le parcours se poursuit dans le hall, l’ascenseur puis l’espace d’exposition avec un ensemble d’œuvres qui redessine la géographie des lieux dans des contrastes lumineux allant du noir profond au blanc le plus aveuglant. Conjuguant abstraction et approche sensible du réel, les installations de Renaud Auguste-Dormeuil, Céleste Boursier-Mougenot, celeste-boursier-mougenot-elisabeth-itti.1260467079.JPGVéronique Joumard et Laurent Saksik nous invitent à nous perdre pour mieux nous retrouver,  l’approche plastique créant la distorsion nécessaire pour révéler l’invisible, appréhender l’insaisissable. Plus directement lié au corps, à ses dysfonctionnements et à sa «mécanique»  interne, le travail de Berdaguer & Péjus nous propose d’expérimenter une nouvelle version de leur Traumathèque. Laurent Grasso, enfin, présente une série inédite de tableaux qui interroge notre rapport à l’espace et au temps mais constitue aussi une relecture de son propre travail.veronique-joumard.1260466792.JPG

De l’ascenseur obscure d’Olafier Eliasson, au texte frappant de Didier Fiuza Faustino, en passant par la Traumathèque de Berdaguer et Péjus, le tout orchestré par des contrastes lumineux, le spectateur se perd, inconditionnellement. Mais s’il se perd, c’est pour mieux se retrouver.

Un parcours initiatique, une véritable quête de soi, à expérimenter à l’espace culturel de la Maison, 101 avenue des Champs-Elysées, jusqu’au 10 janvier 2010. Le catalogue de l’exposition m’a été gracieusement offert.

Sens de la fête et du plaisir, une occasion de profiter de la vue sur les Champs Elysées pendant la période de l’Avent.

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Sur le site vous pouvez écouter les interviews des artistes, ainsi que la présentation par eux-mêmes de leurs oeuvres.

Un système de parcours par audio-guide par dédection dans l’espace permet un parcours facile, initiatique, déconcertant.

photos Elisabeth et JR Itti