Metrocubo d’infinito, avec Michelangelo Pistoletto

L’événement s'est tenu en français, avec traduction anglaise simultanée.
Performance de l’artiste Michelangelo Pistoletto
Discussion animée par Carolyn Christov-Bakargiev
Direction artistique et curatoriale : Paul Olivennes
Commissaire associée : Laura Salas Redondo

Présentée en collaboration avec : Magma Journal
Éditorial : Paul Olivennes, Boris Bergmann
Scénographie : Matière Noire
Avec le soutien de Galleria Continua
  1. Metrocubo d’infinito, avec Michelangelo Pistoletto
    suivie d’une discussion avec Carolyn Christov-Bakargiev
    À l’occasion de l’exposition « Arte Povera », la Bourse de Commerce et Magma Journal présentent une performance exceptionnelle de l’artiste italien Michelangelo Pistoletto.

Figure centrale de la création contemporaine depuis les années 1960 et de la naissance du mouvement « Arte Povera », Michelangelo Pistoletto est célèbre pour ses tableaux miroirs. Dans l’Auditorium de la Bourse de Commerce, l’artiste propose une performance inédite autour de l’œuvre Metrocubo d’infinito (Mètre cube d’infini), présentée dans l’exposition en Galerie 3 et qui appartient aux Oggetti in meno (Objets en moins), œuvres exposées dans son atelier entre décembre 1965 et janvier 1966.


Dans un écrin à l’apparence banale et aux proportions dérisoires — un mètre cube symbolique — réside pourtant l’étendue infinité. Sculpture neutre de six miroirs ficelés et tournés vers l’intérieur, dont on ne peut qu’imaginer les infinis reflets, Metrocubo d’Infinito concentre les préoccupations de Michelangelo Pistoletto sur les potentialités physiques du miroir et ses allusions mystiques. C’est dans un ballet, de mouvements, avec des assistants très élégants, de noir ou de gris vêtus, gantés de noirs, que la performance se prépare minutieusement.

Après l’exécution de la performance, Pistoletto salue le public, qui l’ovationne.

La performance est suivie d’un échange entre Michelangelo Pistoletto et Carolyn Christov-Bakargiev, commissaire de l’exposition.

Michelangelo Pistoletto (né en 1933 à Bielle) se fait remarquer dès le début des années 1960 par la série des Quadri specchianti (tableaux miroirs). En appliquant des images obtenues par report photographique sur des plaques d’acier inox polies, l’artiste inclut le spectateur et l’environnement dans l’œuvre d’art. À la fin de la décennie, les installations de Michelangelo Pistoletto en matériaux pauvres l’imposent comme une figure majeure de l’Arte Povera. Dans les années 1990, ses actions au sein du tissu urbain et social avec la Fondation Cittadellarte et l’université des Idées de Biella accentuent la dimension politique de son œuvre. En 2003, il reçoit le Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière à la Biennale de Venise.

Carolyn Christov-Bakargiev (née en 1957 aux  Etats-Unis) est une historienne de l’art, commissaire d’exposition et directrice de musée. Spécialiste de l’Arte Povera, elle a publié une monographie de référence sur le courant (Londres, Phaidon Press, 1999) et des essais et études sur ses artistes. Carolyn Christov-Bakargiev a été commissaire pour la Capitale culturelle européenne d’Anvers (1993) et pour la Villa Médicis, Rome (1998-2000), conservatrice en chef au MoMA/P.S.1, New York (1999-2001), directrice artistique de la 13e édition de la dOCUMENTA à Kassel, directrice du Castello di Rivoli, Turin de 2016 à 2023. En 2019, elle a reçu le Prix Audrey Irmas pour l’excellence en conservation.

 Magma est une plateforme artistique fondée par Paul Olivennes en 2022, réunissant chaque année dans une publication inédite des plasticiens, photographes, écrivains, réalisateurs, sculpteurs, architectes et designers du monde entier. Conçu comme un forum d’expression artistique destiné aux artistes, proposant des œuvres originales et des formats nouveaux chaque année, Magma intervient également auprès des institutions et des artistes dans la réalisation de collaborations, conférences, performances, expositions, et documentaires.

Biographie

Michelangelo Pistoletto (né en 1933 à Biella, au Piémont) est un artiste contemporain, peintre et sculpteur italien. Connu à partir des années 1960, il rejoint le mouvement Arte Povera (à partir de 1967).
Michelangelo Pistoletto débute en 1947 en tant qu’apprenti dans l’atelier de son père, restaurateur de tableaux. Il collabore avec lui jusqu’en 1958 tout en fréquentant l’école de graphisme publicitaire dirigée par Armando Testa (it). À partir de ce moment-là naît son activité créative dans l’art de la peinture qui s’exprime aussi par les nombreux autoportraits sur des toiles préparées avec apprêt métallique et par la suite sur des surfaces en acier, lustré miroir.

Michelangelo Pistoletto :
« Le rôle du musée est de donner une conscience à la société »

En 1959 il participe à la Biennale di San Marino et l’année suivante il expose à la Galleria Galantayar de Turin.

Au début des années 1960, Pistoletto commence à réaliser des œuvres peintes figuratives et des autoportraits sur un fond monochrome métallique. Par la suite il combine peinture et photographie en utilisant des techniques de collage sur des arrière-plans réfléchissants. Finalement, il se convertit à l’impression photoréaliste de scènes sur des plaques d’acier polis pour rendre une haute finition en utilisant la sérigraphie, qui fond presque complètement l’observateur1.

La Galerie Ileana Sonnabend le met alors au contact du public international.

En 1965/1966, Pistoletto produit la série des œuvres Oggetti meno (« les objets en moins »), qui appartient à ses premières œuvres sculpturales.

En 1966, Pistoletto réalise sa première exposition aux États-Unis, au Walker Art Center de Minneapolis.

En 1967, son travail remporte le premier prix de la Biennale de São Paulo et la même année il commence à mettre l’accent sur la performance, l’art vidéo, et le théâtre. Il fonde un groupe d’art action appelé « Groupe de Zoo » qui donne plusieurs spectacles entre 1968 et 1970 dans le studio, les bâtiments publics ou dans les rues de Turin ou d’autres grandes villes, l’objectif étant d’afficher l’unité de l’art et de la vie quotidienne2.

Il est exposé par la Simon Lee Gallery de Londres et le Luhring Augustine Gallery de New York. Il est également représenté par la Galerieofmarseille, Marseille, France. En 2005, il expose aux côtés d’Agnès Varda et d’Éric Sandillon.

En 2007, Michelangelo Pistoletto reçoit le prix Wolf en art, en 2013, le prix Praemium Imperiale en peinture, et en 2018 le prix Haftmann.

En 2009, Salvatore Garau et Michelangelo Pistolettoont exposé ensemble à l’exposition Di tanto mare. Salvatore Garau – Michelangelo Pistoletto

Arte Povera

Michelangelo Pistoletto commence à peindre sur les miroirs en 1962, reliant la peinture avec les réalités sans cesse changeantes sources de son inspiration. À la fin des années 1960 il commence à réaliser des moulages à partir de chiffons en innovant dans l’« art statuaire classique » omniprésent en Italie. L’art d’utiliser les « matériaux pauvres » est l’un des aspects de la définition de
l’Arte Povera (« Art pauvre »)…

En 1967 avec Muretto di stracci (« petit mur en chiffons »), Pistoletto réalise une tapisserie exotique, un opulent mélange de briques et de chutes de tissu. Pistoletto, qui a commencé sous l’influence américaine du « post-Pop art » et du photoréalisme est bientôt répertorié dans les catalogues par les galeristes et critiques comme un important représentant de la tendance nouvelle de l’Arte Povera italienne.

Sur toile de fond des émeutes estudiantines de 1968, Pistoletto retire sa participation à la Biennale de Venise. Dans les années suivantes, il compose avec les idées conceptuelles qu’il présente dans le livre L’uomo nero « L’homme noir » (1970).

En 1974, il se retire presque complètement de la scène artistique : il devient moniteur de ski et passe le plus clair de son temps dans les montagnes de San Sicario. (allusion lors de sa performance par

À la fin des années 1970, il produit des sculptures, têtes et torses à l’aide de polyuréthane et de marbre qui lui procurent des commandes d’artefacts antiques ; il projette aussi des objets pour les décors théâtraux aux États-Unis (AthensAtlanta et San Francisco).

Au début des années 1980, il présente des œuvres de théâtre, comme Anno Uno (« An un ») (1981) au Teatro Quirino à Rome.

Depuis 1990, Pistoletto vit et travaille à Turin.

Cittadellarte – Fondazione Pistoletto

En 1994, Michelangelo Pistoletto a proclamé son programme Progetto Arte, dont l’objectif était l’unification économique créatrice et sociale de toutes les parties de l’existence humaine ; dans un sens plus précis, la combinaison systématique de toutes les réalisations et les connaissances de la civilisation des aspects de l’art (fashion, théâtre, design…).

En 1996, il fonde la ville d’art Cittadellarte – Fondazione Pistoletto dans une usine de textile désaffectée près de Biella, comme centre et « laboratoire » soutenant des recherches sur les ressources créatives et produisant des possibilités et des idées innovantes.

La Cittadellarte est divisée en différentes Uffici (bureaux) : travail, éducation, communication, art, nutrition, politique, spiritualité et économie. Bien qu’il soit conçu comme un système fermé, la transparence vers le monde extérieur est un aspect important de la Cittadellarte6.

Art Basel Paris 2024

Je le retrouve dans sa galerie face, dans et devant son miroir

A suivre

LES NUITS DE L’ÉTRANGE

4e édition les 30 et 31 octobre 2024

théâtre · marionnette · musique · arts visuels, visites · projections · lectures

2 NUITS POUR JOUER À SE FAIRE PEUR
DANS 11 LIEUX DE MULHOUSE

                                                        Paula Rego

Les Nuits de l’Étrange se renouvellent cette saison avec une édition augmentée les 30 et 31 octobre dans le cadre de Mulhouse, 800 ans d’histoires.
Aux rendez-vous de La Filature, Scène nationale, s’ajouteront ceux imaginés par douze partenaires mulhousiens :
le Théâtre de la Sinne, la Médiathèque de La Filature, l’atelier de gravure de la HEAR, La Kunsthalle, centre d’art contemporain, KMØ – Studio & Ateliers, le cimetière de Mulhouse, Mémoire mulhousienne, le Musée national de l’Automobile, la Cité du Train – Patrimoine SNCF, le Parc zoologique et botanique, le Musée de l’Impression sur Étoffes, le Noumatrouff et Motoco.

Lieux de culture ou de patrimoine, chacun proposera des formes artistiques qui viendront bousculer nos sens pour jouer à nous faire peur !
La Filature

La Filature 
20 allée Nathan Katz 
68100 Mulhouse
billetterie www.lafilature.org · +33 (0)3 89 36 28 28

Informations pratiques

Ici téléchargez le programme

THOSE EYES – THESE EYES – THEY FADE

MUSÉE DES BEAUX-ARTS, Mulhouse, jusqu’au 5 janvier 2025, tous les jours (sauf le mardi et les jours fériés): 13h – 18h30
et pendant le marché de Noël : 13h – 19h
Bénédicte Blondeau -Bernard Plossu –  Nigel Baldacchino – Raymond Meeks -Awoiska van der Molen
Commissaire : Anne Immelé

Dans le cadre de la 6e édition de la BPM, l’exposition those eyes – these eyes – they fade explore les liens souterrains unissant l’humain aux mondes vivants, et ce, depuis la nuit des temps. Offrant un parcours entre des espaces urbains et naturels, elle se veut être une méditation prolongée, une contemplation
active et poétique. Les oeuvres, parfois intimes parfois plus objectives, reflètent la vision personnelle des photographes et invitent à une expérience visuelle et émotionnelle plutôt qu’à une compréhension littérale.

Les installations photographiques encouragent le public à naviguer à travers des environnements aux contrastes marqués, suscitant une diversité de perceptions. Comme des images qui apparaissent à chaque clignement d’oeil, l’exposition propose des visions d’un monde en mouvement, mettant en évidence l’interconnexion entre les humains et les autres êtres vivants, y compris les plantes. Pour Emanuele Coccia, les plantes ont modifié la structure métaphysique du monde. Selon lui, c’est aux plantes qu’il faut demander
ce qu’est le monde car ce sont elles qui « font monde ». Cette connexion de la vie humaine avec celle des plantes, des minéraux, des différents organismes est primordiale dans la conception de mondes – devenus impossibles aujourd’hui – mais possibles demain.
Une première forme de those eyes – these eyes – they fade a été présentée en 2022 à l’espace Valletta Contemporary à Malte.

Quelques vues sur FaceBook

Bénédicte Blondeau

Avec Ondes, Bénédicte Blondeau documente les flux d’énergie qui façonnent nos existences tout en débordant nos capacités de perception. Cette série traite du lien entre notre origine et notre destination ultime. Ce même lien qui nous unit à des époques lointaines, aux premières formes de vie et au cosmos,
dans une vision d’interconnexion et d’interdépendance. Ondes présente une vision du réel qui n’oublie pas que celui-ci renvoie aussi à ce qu’on ne voit pas. C’est une exploration des éléments basée sur le principe que tout est en perpétuelle transformation, que nous soyons capables de le percevoir ou non.

Née à La Louvière, en Belgique, Bénédicte Blondeau a étudié la photographie à Gand et à Lisbonne, obtenant un master en communication appliquée à l’IHECS, à Bruxelles. Elle a participé à diverses expositions et conférences à travers l’Europe et son travail a été publié dans de nombreux magazines à l’international. En 2019, son premier livre photo Ce qu’il reste est paru chez l’éditeur portugais XYZ Books. En 2021, sa première exposition monographique a eu lieu au Photoforum Pasquart en Suisse. Bénédicte Blondeau a également travaillé comme réalisatrice de films documentaires et est actuellement
commissaire d’expositions photographiques pour PEP – photographic exploration project qu’elle a fondé à Berlin en 2019.

Bernard Plossu

La nature prisonnière de Bernard Plossu rassemble des clichés des années 1970, pris en France et aux États-Unis, illustrant la mise en scène artificielle de la nature dans des espaces pleinement bétonnés. Des arbres solitaires, ou presque, fournissent des effusions d’une vie végétale qui tente d’échapper au contrôle
de l’humain dans des environnements conçus par et pour lui. Face à ces images en noir et blanc, Bernard Plossu propose d’y opposer la chaleur de l’exubérante végétation du bassin méditerranéen. Après une vie de voyage, c’est au contact de cette nature côtière et généreuse que le photographe vit désormais, sans
oublier de lui rendre hommage par l’image.

Né en 1945 au Vietnam, Bernard Plossu réalise ses premières photos à treize ans, lors d’un voyage au Sahara avec son père. En 1965, il part au Mexique où il photographie ses amis beatniks avec lesquels il expérimente l’errance et la liberté. Il voyage chez les Indiens mayas, en Californie, en Égypte, en Inde, au Niger. En 1977, Bernard Plossu s’installe au Nouveau-Mexique. Il y perfectionne un style visuel direct caractérisé par une absence totale d’effet. Dans les années 1980, Il revient vivre en Europe et continue de marcher notamment en Espagne, en France, en Turquie ou sur les petites îles italiennes.
Ses images sensuelles et silencieuses évoquent la douceur des corps, de la matière, du mouvement. Il est l’auteur de très nombreux ouvrages ayant fait date, tels que Le Voyage mexicain, The African Desert, Au Nord, Avant l’âge de raison ou L’heure immobile.

Nigel Baldacchino

Dans Pinetu, Nigel Baldacchino capture les arbres du Jubilee Grove, un espace vert urbain à Malte.
Chargé d’histoire pour les habitant·es, ce bosquet charrie avec lui plusieurs strates d’une honte aux accents catholiques. Il s’y déroule une culture de drague masculine active mais secrète alors que le lieu, témoin d’épisodes de violence, sert également de refuge aux sans-abris et de zone de consommation d’héroïne.
Les formes uniques des arbres deviennent des métaphores des divers parcours de vie, bifurquants et entrelacés, tandis que l’espace porte également la mémoire personnelle de l’artiste qui a grandi non loin de celui-ci. Ne représentant que la végétation du parc et non sa population y vivant souvent une double vie, Nigel Baldacchino choisit d’éluder toute représentation explicite et sensationnaliste au profit du trouble de la suggestion.

Né en 1989, Nigel Baldacchino est un artiste et un architecte basé à Malte. Sa pratique artistique s’étend à divers médias, dont la photographie, la production musicale, la vidéo, le texte et la conception d’objets et d’espaces physiques. Son élan vers la photographie dépasse le cadre de thèmes donnés et est souvent alimenté par ses propres réflexions sporadiques sur la façon dont les gens se rapportent au monde qui les entoure, par leur présence dans l’espace et la perception qu’ils en ont.

Raymond Meeks

Réalisées dans le désert californien au début de l’année 2024, les photographies de la série Erasure, after nature s’inscrivent dans les ruines du capitalisme. De la présence humaine il ne reste que des objets laissés au rebut et des vestiges, tels des ruines d’un passé glorieux désormais incompréhensible ou insupportable.
À la manière de la démarche qui caractérisait ses précédents travaux, le photographe a cherché à recenser des motifs et des textures témoignant de la vie itinérante ayant cours dans des espaces marginalisés. Par l’immersion totale dans ces territoires, son observation minutieuse devient une analyse des migrations humaines.

Connu pour ses livres et ses images qui s’attachent aux questions de mémoire et de lieu, Raymond Meeks explore la manière dont le paysage peut façonner l’individu et, de manière plus abstraite, la façon dont un lieu, même absent, peut continuer à exercer un pouvoir de fascination sur l’être humain. Son travail fait partie des collections permanentes de la National Gallery of Art à Washington D.C., de la George Eastman House à Rochester et de la Bibliothèque nationale de France. Ses expositions personnelles ont eu lieu chez Casemore Kirkeby à San Francisco et chez Fotografia Europea en Italie. En 2018,
son livre Halfstory Halflife (Chose Commune) a été sélectionné parmi les finalistes du prix Paris Photo / Aperture.

Awoiska van der Molen

Awoiska van der Molen présente deux séries dont les sujets sont éloignés spatialement mais se rejoignent dans l’impression de silence qui s’en dégage. Urban offre des scènes nocturnes contemplatives de la ville qui nous relient à une mémoire profonde. L’espace urbain s’y trouve comme figé dans un moment suspendu où seules les lumières artificielles rappellent une présence humaine latente. Les photographies du projet The Living Mountain forment quant à elles une plongée dans un univers isolé, préservé et luxuriant. La profondeur de leurs ombres rappelle par moments la lueur argentée des nuits de pleine lune. Deux idées de la densité sont ainsi mises en regard.

Née en 1972, Awoiska van der Molen est une artiste photographe néerlandaise. Elle a étudié l’architecture et le design, puis la photographie à la Minerva Art Academy Groningen et à la Hunter City University de New York. En 2003, elle
obtient une maîtrise en photographie à l’Académie St. Joost de Breda, aux Pays-Bas. Awoiska van der Molen est connue pour ses images analogiques monumentales en noir et blanc qui représentent son expérience de l’espace primordial et psychologique dans le monde qu’elle photographie.
Les oeuvres de la série The Living Mountain ont été prêtées par la Collection d’entreprise Neuflize OB

Informations pratiques

MUSÉE DES BEAUX-ARTS,
4 Place Guillaume Tell, Mulhouse
Ouvert tous les jours
(sauf le mardi et les jours fériés)
de 13 à 18 h 30

Olivier Metzger

Toutes les nuits tu restais là

Aux Lumières de la ville

Exposition photographique en entrée libre, à la Galerie de la Filature
du 27 septembre  au 22 décembre 2024 Emmanuelle Walter
responsable arts visuels
Somewhere and Somehow
Vendredi 4 octobre à 19H
en entrée libre · salle modulable

« Des photos au cadrage sobre, parfois en plans rapprochés. La lumière y avait déjà une grande importance »,
se souvient Anne Immelé, Docteur en art, photographe et commissaire d’expositions.

La Filature rend hommage à Olivier Metzger à travers une exposition consacrée au photographe né à Mulhouse en 1973 et décédé dans un accident de la route en novembre 2022. Diplômé de l’ENSP d’Arles en 2004, Olivier Metzger est
très vite sollicité par de nombreuses rédactions pour ses portraits à la dramaturgie singulière. Son style se démarque par des lumières complexes, des décors énigmatiques et une ambiance mélancolique. Photographe de l’étrange, Olivier Metzger cherchait dans la lumière ce qu’elle pouvait révéler des choses dissimulées, à l’instar de David Lynch qui avait fait de la série Smile (Forever) son coup de coeur à Paris Photo en 2012. En mai 2022, Olivier Metzger était accueilli en résidence à Soorts-Hossegor pour créer Sodium, une archive photographique de la nuit landaise. Il poursuivra cette recherche sur l’éclairage des villes la nuit avec sa série Aux Lumières de la ville dans le cadre de la grande commande nationale financée par le ministère de la Culture et pilotée par la BnF. Il nous reste aujourd’hui ses images et le souvenir d’un photographe inspiré et exigeant qui était l’une des forces les plus sûres de sa génération.

Somewhere and Somehow

LECTURE-PROJECTION EN HOMMAGE À OLIVIER METZGER
par Éric Reinhardt, avec la participation de Mélodie Richard

Créé par Éric Reinhardt à l’invitation des Rencontres d’Arles pour rendre hommage à Olivier Metzger, Somewhere and Somehow est un
récit imaginé comme une traversée tant dans l’oeuvre visuelle que dans
l’univers musical du photographe.
Le texte lu sur scène a été composé par Éric Reinhardt à partir de quarante-neuf chansons prélevées dans la bibliothèque Spotify d’Olivier Metzger, à laquelle Rosanna Tardif lui a fait l’amitié de lui donner accès.


SUIVIE DU VERNISSAGE

en présence de Laurent Abadjian, directeur de la photographie de
Télérama, Laurent Rigoulet, reporter chez Télérama, Olivia Delhostal et
Marie Delcroix, fondatrices de l’agence modds, et Rosanna Tardif
Somewhere and Somehow
VE. 4 OCT. 19H
en entrée libre · salle modulable

Informations

Les photographies de la série Aux Lumières de la ville ont été produites dans le cadre de la grande commande nationale
« Radioscopie de la France : regards sur un pays traversé par la crise sanitaire » financée par le ministère de la Culture et pilotée par la BnF.
Les photographies de la série Sodium ont été produites dans le cadre d’une résidence du photographe à Soorts-Hossegor à l’invitation d’Erwan Delplanques et Constance de Buor (galerie Troisième Session).
Remerciements
Agence modds, Marie Delcroix et Olivia Delhostal ; Chicmedias, Bruno Chibane et Philippe Schweyer ; Rosanna Tardif

Pratiques

Site officiel d’Olivier Metzger
Le Monde sur la disparition d’Olivier Metzger
Liberation : Hommage à Olivier Metzger

Fisheye Magazine : Maître de la lumière
Bibliothèque nationale de France : Hommage au photographe

Ouverture
Du ma. au sa. de 13h à 18h + di. de 14h à 18h + soirs de spectacles
en entrée libre · Galerie

CLUB SANDWICH JE. 3 OCT. 12H30
visite guidée de l’exposition + pique-nique tiré du sac et
Food Truck Rest’O truck sur le Parvis
visite gratuite sur inscription au 03 89 36 28 28 · Galerie
VISITES GUIDÉES sur rendez-vous
edwige.springer@lafilature.org ou 03 89 36 28 34
RETROUVEZ CETTE EXPOSITION sur le site internet

Sommaire de septembre 2024

29 septembre 2024 : Matisse – Invitation au voyage
20 septembre 2024 : MAÎTRES ET MERVEILLES
14 septembre 2024 : Hommage à l’artiste Rebecca Horn
12 septembre 2024 : Les artistes lauréats du « Nobel des arts » 2024
8  septembre 2024  : Le monde de l’art au Japon
5 septembre 2024  :  Anri Sala – Au milieu des maîtres anciens
1 septembre 2024 :   Vuitton La Collection RDV avec le Sport

Les artistes lauréats du « Nobel des arts » 2024

Mardi 10 septembre, les lauréats de la 35e édition du Praemium Imperiale ont été révélés. Sophie Calle, Doris Salcedo et Shigeru Ban ont été récompensés par le prestigieux prix.
C’est au Musée national Picasso-Paris (IIIe arrondissement),  que s’est déroulée la cérémonie d’annonce des lauréats de la 35e édition du Praemium Imperiale, considéré comme le prix Nobel des arts.

Les récipiendaires

Sophie Calle (France) a été choisie pour la catégorie Peinture.
Doris Salcedo (Colombie) s’illustre dans la catégorie Sculpture.
Shigeru Ban (Japon),
Maria João Pires (Portugal/Suisse) et Ang Lee (Taïwan) ont respectivement remporté les catégories Architecture, Musique et Théâtre-Cinéma.
Enfin, le Prix d’encouragement pour les jeunes artistes a été remis au Komunitas Salihara Arts Center (Indonésie).

Le prix

Chaque lauréat reçoit la somme de 15 millions de yens (soit environ 88 000 euros), un diplôme et une médaille remis à Tokyo le 19 novembre 2024 par son Altesse Impériale le prince Hitachi, oncle de l’empereur Naruhito du Japon et parrain d’honneur de la Japan Art Association, la plus ancienne fondation culturelle du Japon. La liste des artistes en lice est élaborée par six comités internationaux. Puis, un jury japonais procède à la sélection finale.
À ce jour, 175 artistes (dont 24 Français) ont été distingués. Parmi les précédents lauréats, on retrouve notamment Niki de Saint Phalle, Norman Foster, Frank Ghery, Pierre Soulages, David Hockney ou encore Olafur Eliasson et Robert Wilson.


Sophie Calle

                                                Portrait © Yves Géant

Sophie Calle a remporté la catégorie Peinture. Artiste conceptuelle, photographe et vidéaste, elle associe le texte à la photographie dans ses œuvres.
« Elle brouille dans ses rituels les frontières entre l’intime et le public, la réalité et la fiction, l’art et la vie, tout en laissant la place au hasard »
explique le Praemium Imperiale.
Montrée dans de nombreuses expositions à travers le monde, Sophie Calle a dernièrement présenté « Les fantômes d’Orsay » au musée d’Orsay en 2022,
« À toi de faire ma Mignonne » au Musée Picasso-Paris en 2023 ou encore
« Finir en beauté » aux Rencontres de la photographie d’Arles cet été.

Shigeru Ban 

Lauréat de la catégorie Architecture, Shigeru Ban est quant à lui connu pour son utilisation de matériaux nouveaux et conceptions originales. En France, il est notamment à l’origine duCentre Pompidou-Metz (2010),  édifice emblématique de la capitale mosellane et de La Seine Musicale(2017) à Boulogne-Billancourt, à l‘acoustique qualifiée de remarquable, qui peut accueillir 1.150 personnes.

Doris Salcedo 

 Doris Salcedo est la première Colombienne à recevoir le Praemium Imperiale. L’artiste multimédia réalise des installations et interventions in situ qui explorent les thèmes de la violence, de la perte, de la mémoire et de la douleur en utilisant des matériaux familiers du quotidien comme des meubles en bois, vêtements ou pétales de fleurs qu’elle transforme.
« Proche de la sensibilité de Joseph Beuys, son art cherche à agir sur la société », ( Liliana Padilla) , dans le Dictionnaire universel des créatrices. En 2023, les fidèles de la Fondation Beyeler ont pu voir  sa première grande exposition personnelle dans un musée en Suisse, que la fondation lui avait consacrée.

Sources : différents magazines d’art et culture, infos, actualité, internet

Vuitton La Collection RDV avec le Sport

Installation mit Kajaks » de Roman Signer

Un choix d’oeuvres de la collection est exposé à l’occasion du passage de la flamme olympique à la Fondation Vuitton.
Sont ainsi réunis de la galerie 9 à la galerie 11 les travaux de 6 artistes internationaux.
Dans leur polyphonie, ils proposent un regard poétique et décalé autour de la thématique du sport.

Des kayaks à la Fondation ?

Roman Signer s’approprie des objets du quotidien en les mettant en scène dans des installations ou des performances.
« Installation mit Kajaks » met en valeur le kayak.

Habituellement synonyme de mouvement et de vitesse, l’embarcation suspendue au plafond est ici privée de toute utilité, mais acquiert alors un statut de sculpture qui la magnifie.

 Blandine Pont, judokate classée 5e aux Championnats du Monde de Judo 2023 et vice-championne d’Europe lors des Championnats d’Europe de Judo 2024, partage avec nous son coup de cœur de l’exposition « La Collection, Rendez-vous avec le sport« , « Installation mit Kajaks » de Roman Signer.

Une nature grandiose

Dans « Engadin« , Andreas Gursky photographie les montagnes suisses sous un ciel bleu intense. Une fine ligne de skieurs représente la présence humaine, qui paraît insignifiante face à la puissance de la nature, n’existant que par sa détermination à la défier.

Marcher sur les nuages avec Abraham Poincheval

Marie Patouillet, médaillé d’or olympique aux JOP Paris 2024, cycliste médaillée paralympique à Tokyo en 2021 et détentrice de médailles d’or et d’argent aux derniers Championnats du Monde, partage avec nous son coup de cœur de l’exposition « Walk on Clouds » (2019) de Abraham Poincheval.

L’artiste  Abraham A.Poincheval, exposé à la Fondation dans le cadre de l’exposition « La Collection, Rendez-vous avec le sport« , présente son film « Walk on Clouds« , dévoile ses sources d’inspiration et explique ses méthodes de travail. La spectaculaire installation Walk on Clouds, 2019 [Marche sur les nuages, 2019], d’Abraham Poincheval montre, en Galerie 9, l’artiste arpentant la canopée des nuages. Suspendu dans le vide, il apparaît soutenu par une montgolfière munie de drones permettant de le filmer. Le film projeté résulte de cette performance. Celle-ci a exigé de l’artiste un engagement total de l’esprit et du corps, et une prise de risque telle que cette déambulation semble relever autant d’un rêve que d’un exploit sportif.

Olympic Rings

Le prêt de « Olympic Rings« , œuvre marquante de l’exposition « Basquiat x Warhol, à quatre mains », montrée en 2023 à la Fondation, a été exceptionnellement prolongé pour l’exposition.
En 1985, Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol détournent l’emblème officiel des Jeux dans la toile « Olympic Rings« . Warhol les utilise comme motif en ne respectant jamais l’ordre des couleurs d’origine et Basquiat impose un visage noir au centre de la composition.

Dans cette toile de 1983, Basquiat représente un combat de boxe marquant du XXe siècle : la défaite du boxeur afro-américain Joe Louis face à Max Schmeling, représentant de l’Allemagne nazie. Les combattants apparaissent dans la partie supérieure du tableau.

Dans le tiers inférieur, leurs noms répétés entourent un crâne qui se trouve au dessus du mot « crown », couronne d’une victoire politiquement sinistre.

Photographie de sport ou photographie d’histoire ?

La série de photographies “Diaspora” de Omar Victor Diop se déploie comme une galerie de portraits de figures africaines historiques que viennent détourner des accessoires de sports inattendus.

L’apparence codifiée de ces personnages historiques est alors perturbée par un ballon, un gant de football ou bien un carton rouge.

Informations pratiques

Fondation Louis Vuitton 
8, Avenue du Mahatma Gandhi Bois de Boulogne, 75116 Paris

dimanche
10h – 20h
Derniers accès 30 minutes avant la fermeture.

Lundi
11h – 20h
Mardi
Fermé

Accès
Métro
Ligne 1 Station Les sablons (950m)

Navette
Toutes les 20 minutes environ durant les horaires d’ouverture de la Fondation
Sortie n°2 de la station Charles de Gaulle Étoile
– 44 avenue de Friedland 75008 Paris





Sommaire du mois d’août 2024

25 août 2024 : Oro Verde
19 août 2024 : Hommage à Raymond Waydelich
15 août 2024 : Le 15 août : de l’Assomption de la Vierge à Napoléon
10 août 2024 : Disparition de Raymond Waydelich
07 août 2024 : Chefs d’oeuvre de la collection Torlonia
05 août 2024 : SECONDARY Matthew Barney

Oro Verde

Ritual Inhabitual (Florencia Grisanti et Tito Gonzalez García)
commissariat Sergio Valenzuela Escobedo
coproduction La Filature, Scène nationale de Mulhouse ; Photoforum Pasquart ; Biennale de la Photographie de Mulhouse · avec le soutien du Centre national
des arts plastiques (CNAP) ; du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) ; de l’Institut Français de l’Amérique Latine ; du Musée de l’Homme ; du Centro de estudios mexicanos y centroamericanos, Mexique (CEMCA) ; du musée du Quai Branly – Jacques Chirac ; de la Société des Amis du Musée de l’Homme, Paris (SAMNH) ; de la Société des amis du Muséum national d’Histoire naturelle et du Jardin des Plantes ; de Tamara Films.
retrouvez cette exposition sur lafilature.org

Oro Verde est un mytho-documentaire qui retrace l’histoire de la révolution du peuple Purhépecha dans la région centrale de l’État du Michoacán au Mexique. Basé sur la revendication d’autodétermination des peuples indigènes qui placent la protection de l’environnement au centre de leur organisation politique, Ritual Inhabitual a élaboré un récit de la révolte en se concentrant sur un rituel que les Purhépecha entretiennent avec les abeilles sauvages des forêts qu’ils·elles protègent.

L’origine

Oro Verde est le nom donné par les Mexicain·es au marché de l’avocat qui est en partie aux mains d’organisations criminelles dans l’État de Michoacán, et dont la production intensive a causé d’importants dommages environnementaux dans cet État. En 2011, une révolte sociale initiée par les femmes de la communauté Puréhpechas dans le village de Cherán, réussit à expulser les narcotrafiquant·es, les partis politiques et les forces de l’ordre
municipale. Depuis, les villageois·es ont fondé une communauté autonome qui place la protection de l’environnement au centre
de leur organisation politique.

Le projet Oro Verde veut restituer à la révolution des Puréhpechas de Cherán un élément de l’imaginaire à travers une enquête photographique alliant documentaire et fiction. Mêlant à leur propre interprétation artistique, esthétique documentaire, mythologie locale, les artistes créent trois personnages fictifs en collaboration avec des sculpteur·rices locaux·ales,
qui deviennent les sujets de scènes symbolisant des événements passés de Cherán. Depuis 2020, ils·elles ont réalisé trois voyages de plusieurs mois dans le village de Cherán pour mener
leurs recherches, rassembler la documentation et commencer le travail avec les membres de la communauté. Le Prix pour la Photographie 2022 leur permettra de poursuivre ce travail à Cherán, et de réfléchir plus particulièrement sur la représentation photographique du rituel.

Ritual Inhabitual

Basé·es à Paris et d’origine chilienne, Florencia Grisanti et Tito Gonzalez García fondent le Collectif Ritual Inhabitual en 2013. En recourant à différents
formats et dispositifs, leurs projets proposent une réflexion sur la place du rituel dans le monde contemporain.
Ils·elles font émerger dans leurs récits des formes de représentation de la nature, qui deviennent langage et territoire pour différentes communautés humaines au centre de conflits environnementaux.

Leurs oeuvres ont été acquises par le Fonds d’art contemporain de Seine-Saint-Denis en France, la Fondation Rothschild en Suisse et des collections privées
en Amérique du Sud. En 2021, le projet Oro Verde a été lauréat du fonds de soutien à la photographie documentaire du Centre national des Arts Plastiques
(CNAP). Ils·elles sont finalistes du LUMA Rencontres Dummy Book Award. Leur précédent travail Forêts Géométriques, luttes en territoire Mapuche a été présenté aux Rencontres d’Arles en 2022 et a fait l’objet d’une publication aux éditions Actes Sud.
www.ritualinhabitual.com

Sergio Valenzuela Escobedo

Né en 1983 à Santiago, vit et travaille entre Arles et Londres. Il est artiste chercheur et éditeur, mais aussi docteur en photographie de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles.
Après un an à l’École nationale d’art de Johannesburg (NSA), il obtient son diplôme en photographie au Chili et termine son master en beaux-arts à la Villa Arson à Nice. Il est le commissaire des expositions Mapuche
au Musée de l’Homme à Paris et Monsanto: A photographic investigation aux Rencontres d’Arles. Tuteur invité dans différentes écoles et institutions (Parsons Paris, l’ISSP et Atelier Noua), il est aussi collaborateur de

« 1000words » et cofondateur de « doubledummy »,
plateforme de réflexion critique autour de la photographie documentaire.

Biennale BPM

Biennale de la Photographie de Mulhouse 2024
MONDES IMPOSSIBLES
13 expositions à Mulhouse, Thann, Hombourg et Fribourg · en entrée libre du 13 sept. au 13 oct. 2024

La Galerie de la Filature du mardi au samedi
galerie d’exposition
13h-18h + di. 14h-18h

+ soirs de spectacles

Hommage à Raymond Waydelich

Très bel hommage à Raymond Waydelich lors de ses obsèques ce jour en la Cathédrale de Strasbourg par Frédérique Goerig-Hergott, ancienne conservatrice au musée Unterlinden et actuelle directrice des musées de la ville de Dijon.

Avec son autorisation :

Ma première rencontre avec Raymond a eu lieu dans son atelier en 2009, il y a 15 ans, donc assez récemment en regard de son âge et de sa carrière. Il avait 71 ans, soit l’âge de mon père. En tant que conservatrice, j’étais intéressée par son parcours, curieuse de l’entendre me parler de son engagement et de son travail de mémoire. Il était très touché par le fait qu’une conservatrice s’intéresse à lui, m’avouant qu’excepté Roland Recht, j’étais la première professionnelle des musées à venir le voir.

Je voulais découvrir les premières œuvres de 1973 de REW consacrées à Lydia Jacob, une jeune apprentie couturière née en 1876 : Raymond avait trouvé son manuscrit au marché aux puces à Strasbourg et avait fait d’elle l’héroïne de ses œuvres dans son célèbre cycle Lydia Jacob Story.

Nous étions tous les deux à fouiller l’atelier, exhumant des pages du manuscrit de Lydia Jacob que REW avait retravaillées, ainsi que les premières boîtes-reliquaires que je cherchais. J’ai exposé dès 2010 et fait entrer une sélection de cet ensemble dans les collections du musée Unterlinden à Colmar pour garder la trace de celui que je considérais comme l’un des plus importants artistes alsaciens vivants.

Ce qui m’intéressait chez lui ? Le sujet de l’archéologie du futur, l’exploration de la disparition de civilisations imaginaires et aussi ses préoccupations écologiques et existentielles exprimées dès 1971 dans une exposition à l’Ancienne Douane à Strasbourg :

– que laissons-nous à nos enfants,

– quel regard porteront-ils sur nous à travers les vestiges de notre histoire ?

– quelle est la part d’interprétation des archéologues de notre civilisation disparue ?

A Paris, son travail ne passait pas inaperçu.

En 1976, Suzanne Pagé présente plusieurs œuvres de REW dans l’importante exposition « Boîtes » au musée d’art moderne de la Ville de Paris aux côtés de Kurt Schwitters, Marcel Duchamp, Max Ernst, Christian Boltanski et bien d’autres. Curieusement, cet épisode de sa carrière n’apparait pas dans les ouvrages qui sont consacrés à REW et pourtant cette exposition était un événement majeur.

En 1978, Jean-Jacques Lévêque choisit Waydelich pour représenter la France à la Biennale de Venise (20 ans après un autre alsacien : Hans Arp). REW y présente L’Homme de Frédehof, 2820 après J.-C. : immense environnement à sa mesure, une archéologie du futur qui renvoyait les visiteurs à leurs responsabilités face à l’avenir de notre planète.

C’était il y a 46 ans, 8 ans avant Tchernobyl. La galerie des Offices de Florence acquiert pour ses collections le personnage central de son installation : « Autoportrait contemporain ».

Cette œuvre sera le premier jalon marquant d’un vaste travail de mémoire où se mêlent présent et avenir, à travers le regard porté par l’artiste sur les traces de notre civilisation.

Depuis, REW n’a cessé de multiplier les brouillages archéologiques, les fossilisations du temps dans des entreprises parfois hors normes, mobilisant l’enthousiasme et l’intervention de ses contemporains, la population, l’administration et les entreprises.

En 1995, son site de Mutarotnegra, 3790 après J.-C. installé place du Château à Strasbourg offre le plus remarquable témoignage culturel de l’Alsace des années 1990. 320 m3 de terre ont été évacués pour installer 14 fûts étanches remplis d’objets dans un caveau de béton destiné à être ouvert le 23 septembre 3790. A l’intérieur des fûts, un cadeau fabuleux d’une parcelle de la mémoire de l’Alsace fait aux archéologues du futur : la collecte d’une impressionnante série d’objets issus de la vie quotidienne et des messages destinés aux lointains descendants. Le 23 septembre 1995 à 17h, le « Caveau du futur » fut scellé par une plaque de commémoration en fonte.

La créativité de REW était débordante, l’artiste était chercheur, inventeur, explorateur, collectionneur, partageur. Son œuvre est foisonnante, protéiforme. Il a participé à plus d’une centaine d’expositions en France et à l’étranger, entrainant avec lui d’autres artistes. Il n’a cessé de mettre sa créativité au service de la mémoire de son temps, de la culture, de la transmission, soutenant des associations caritatives et humanitaires.

REW aimait l’humour et la dérision, ne se prenait pas au sérieux. Il avait la gouaille d’un être aussi fulgurant que délicat, aussi bruyant que discret, aussi généreux qu’effacé.

Je crois qu’il souffrait du syndrome de l’imposteur : gêné parfois par son succès, il répétait qu’il était autodidacte et ne savait pas dessiner. Je lui répondais de ne pas s’en inquiéter : Picasso peignait à 15 ans comme Raphaël et avait cherché toute sa vie à se débarrasser de ses acquis pour parvenir à peindre avec la spontanéité d’un enfant. De ce fait, Raymond avait une chance et une liberté inouïes et une sacrée longueur d’avance.

REW n’a jamais trahi ses origines, ses rêves d’enfant bercés entre les aventures de Tarzan, de Zorro, de James Bond, les Westerns et ses lectures du journal Spirou. Les découvertes d’Heinrich Schliemann, pionnier de l’archéologie grecque, ont marqué toute sa vie et son œuvre. Parmi les artistes contemporains, il admirait Marx Ernst et vénérait Marcel Duchamp, qu’il qualifiait de génie universel.

REW était tout ce que j’aime chez un artiste : le talent spontané, l’inventivité débordante, l’intelligence créative et la générosité qui caractérise les génies.

Lorsqu’il a été élu Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres, il a œuvré pour que Rémy Bucciali et moi-même recevions nos médailles d’Officier et de Chevalier en même temps que lui par Catherine Trautmann à l’Hôtel de Ville de Strasbourg.

En octobre prochain, il devait recevoir le Bretzel d’Or et nous devions nous retrouver.

J’ai aimé l’artiste, j’ai aimé l’homme. Il était un père, un frère, un ami. Il me manque, il nous manque, il manque à l’Alsace et à la Culture.

Je l’ai toujours défendu et je continuerai de le faire. J’espère que l’Alsace se mobilisera pour lui consacrer un musée et si je peux l’y aider, je le ferai.

Raymond, I love you. Help ! »