Art Basel 2018

Mon bilan 2018
Cette 49 ème édition de Art Basel , explore le
thème de la migration , des humains traités comme des
marchandises mais aussi celui de la mondialisation et des
échanges économiques globalisés.
Die Kiesgruben von Basel

Pour les galeries :
Véronique Arnold à la galerie Stampa, Empreinte de corps
A la Galerie Shangh Art Xu Zhen

 
Art Basel Unlimited
L’installation de Daniel Buren et Ibrahim Mahama
 

Sam Gilliam

un tournesol en petits obus

Un notaire Paul Ramirez Jonas

un pénétrable Carloz Cruz Diez

Blue Sky Katherine Bernhardt

Lara FavarettoJenny Holzer
Yoko Ono Mend Pieces

Yu Hong
Ai Wei Wei Tiger, Tiger Tiger
Arman FleursLee Ufan
Rashid Johnson et le directeur mondial Marc Spiegler
Wolfgang Laib
Alfredo Jaar
José Yaque
Dam Graham et Cerith Wyn Evans

Maria Lassnig Dialogues

C’est jusqu’au 26 août 2018,
au Kunstmuseum Basel | Neubau
Commissaire : Anita Haldemann
Le Kunstmuseum Basel consacre une rétrospective à l’artiste
Maria Lassnig décédée il y a quatre ans.

Maria Lassnig, Künstlerin in ihrem Atelier, Wien, 9.3.2002
(Foto und Copyright© Bettina Flitner.

Des feuilles jamais exposées côtoient des oeuvres emblématiques
dans le cadre de l’exposition Dialogues qui réunit environ 80 dessins
et aquarelles.

Les sensations profondes figurent au coeur de l’oeuvre de l’artiste
autrichienne Maria Lassnig (1919-2014). Rendre visible des
émotions corporelles et explorer la perception du corps occupent
une place centrale dans ses travaux « body-awareness » sur la
conscience du corps. L’artiste explorait sur le papier les sensations
de soi avec humour et gravité, ardeur et dureté. Elle représentait
sur la toile non pas ce qu’elle voyait, mais ce qu’elle ressentait.

Tandis qu’elle se livrait à l’introspection de ses perceptions corporelles,
Lassnig demeurait ancrée dans l’extérieur : ses portraits reposent
sur l’étude minutieuse de la réalité. Toutefois, ses observations
délicates des animaux et des hommes ne se limitent pas à reproduire
ce qui est visible, elles contiennent également l’essence de
chaque sujet et sondent la singularité de l’Autre.
Maria Lassnig autoportrait en phallus

Lassnig est parvenue à exprimer sur le papier ce dialogue entre
intérieur et extérieur, sensation et réalité. Médium de l’intime,
le dessin devient un terrain d’expérimentation où lignes et champs
de couleurs sont tracés instinctivement. Il ouvre des perspectives
nouvelles et révèle des motifs inédits. Bien que l’acte de dessiner
relève de l’intime, l’artiste tend à réaliser des oeuvres sur papier
pareilles à des compositions monumentales, tel un tableau.

Lassnig abandonne rapidement l’idée du croquis et de la première
ébauche en faveur d’une expression artistique autonome sur le
papier. Enfin, l’intensité du dessin, l’énergie de la ligne et la
luminosité de l’aquarelle rendent perceptible les liens entre son
art graphique et sa peinture.

Maria Lassnig compte parmi les artistes majeures
du XXe siècle aux côtés de Louise Bourgeois, Joan Mitchell
et Eva Hesse. Très vite, Lassnig a placé son propre corps au
centre de son art, et ce bien avant que les avant-gardes
internationales ne s’emparent de thèmes tels que la conscience
du corps et le rapport homme-femme.
Maria Lassnig – les Antagonistes

Quatre ans après sa disparition, le Kunstmuseum Basel rend
hommage à l’artiste à travers une rétrospective de ses oeuvres
sur papier qui réunit environ 90 dessins et aquarelles, parmi les
plus admirables, appartenant à la Maria Lassnig Stiftung
et au musée Albertina à Vienne.
Des feuilles jusqu’ici inconnues occupent une place de choix
dans l’exposition. Aux côtés de travaux plus familiers, elle apportent
un éclairage nouveau sur le concept de « body-awareness » et
sur l’oeuvre protéiforme et novatrice de l’artiste autrichienne.
Maria Lassnig est née à Kappel am Krappfeld, en Autriche,
le 8 septembre 1919. Née hors mariage Maria Lassnig a été élevée
principalement par sa grand-mère. Elle enseigne à l’Académie des
Beaux-Arts de Vienne pendant la Seconde Guerre mondiale

Dans les années 1950, Lassnig faisait partie du groupe
Hundsgruppe ( « Dog Pack »), qui a également inclus
Arnulf Rainer, Ernst Fuchs, Anton Lehmden, Arik Brauer
et Wolfgang Hollegha. Les œuvres du groupe ont été influencées
par l’expressionnisme abstrait et la peinture d’action.
En 1951, Lassnig se rend à Paris avec Arnulf Rainer où ils
organisent l’exposition Junge unifigurative Malerei
à la Kärnten Art Association. À Paris, elle rencontre
également l’artiste surréaliste André Breton et les poètes
Paul Celan et Benjamin Péret.

De 1968 à 1980, Lassnig a vécu à New York. De 1970 à 1972,
elle étudie le cinéma d’animation à la School of Visual Arts
de New York. Pendant cette période, elle réalise six courts métrages,
dont Selfportrait (1971) (visible au Kunstmuseum de Bâle)
et Couples (1972). Son film le plus célèbre, Kantate (également
connu sous le nom de Ballade de Maria Lassnig), a été
produit en 1992 à l’âge de soixante-treize ans.
Kantate (1992) dépeint un autoportrait filmique de l’artiste
sur des chansons et de la musique.

De retour à Vienne en 1980, elle est redevenue professeur
à l’Université des Arts Appliqués de Vienne, devenant
la première femme professeur de peinture dans un pays
germanophone.  Elle avait une chaire à l’université jusqu’en 1997.
En 1997, elle a également publié un livre de ses dessins
intitulé Die Feder ist die Schwester des Pinsels
(ou le stylo est la sœur du pinceau). (sources Wikipédia)
Maria Lassnig; Ohne Titel (Selbstportrait); 1942 48.5 x 31.9 cm; Aquarell

Le catalogue d’exposition Maria Lassnig.
Zwiegespräche: Retrospektive der Zeichnungen und Aquarelle
présente des contributions d’Antonia Hoerschelmann,
Anita Haldemann, Barbara Reisinger, ainsi qu’un entretien
entre Ralph Ubl et Miriam Cahn.
L’exposition bénéficie du soutien de :
KPMG AG Roswitha Haftmann Stiftung
Werner Sutter & Co AG Maria Lassnig Stiftung
Stiftung für das Kunstmuseum Basel
L’exposition au Kunstmuseum Basel est organisée en coopération
avec le musée Albertina à Vienne.
Le Kunstmuseum St. Gallen présente en parallèle
l’exposition Be-Ziehungen (5 mai – 23 septembre 2018).

À travers des exemples jalonnant toutes les étapes de son parcours
artistique, cette exposition donne un aperçu de l’évolution de
l’oeuvre picturale de Maria Lassnig.

Bruce Nauman: Disappearing Acts

C’est jusqu’au 26 août au Schaulager de Bâle
Voir ici la vidéo du vernissage
Bruce Nauman (vidéo) est sans doute l’artiste le plus influent
de notre époque.
Le Schaulager de Bâle présente la plus large rétrospective
depuis 25 ans, en collaboration avec le Moma.
C’est l’événement artistique du printemps. C’est la beauté
cruelle de l’art de Bruce Nauman depuis 50 ans. Il analyse
le plaisir et le fardeau de la condition humaine.
L’exposition réunit des œuvres rares avec des œuvres
clés connues. Il propose également une première mondiale
pour découvrir les dernières œuvres de l’artiste :
l’impressionnante sculpture Leaping Foxes (2018)
et la vidéo 3D Contrapposto Split (2017).

Installation view: Bruce Nauman, Leaping Foxes, 2018
 ProLitteris, Zurich, photo: Tom Bisig, Basel

Pour la première fois en Europe, la projection vidéo monumentale
Contrapposto Studies, créée en 2015/2016.
Parallèlement à l’exposition du Schaulager, trois œuvres de
Nauman de la collection Emanuel Hoffmann Foundation
sont présentées au Kunstmuseum Basel.
Que veut dire être un animal social, que veut dire être piégé
dans un cycle éternel de conventions, de schémas de pensées,
de processus maniaco mécaniques.
Prétentieux, existentialiste ?
C’est sûr, mais Bruce Nauman enracine son regard critique
dans l’humour noir, en en faisant un usage immodéré, il l’adoucit.
« Allez-vous en sortez de ma tête et de cette pièce ! »

C’est ce qu’il grogne en direction du visiteur.
La petite salle n’est éclairée que par une ampoule de 10 watts.
on entend une voix qui répète toujours les mêmes mots.
Mais qui peut se permettre ça ? Qui est Bruce Nauman ?
Jetons un coup d’œil.
Bruce Nauman Accession

Dans son travail, il explore des thèmes tels que la langue,
l’espace et la corporéité et explore les structures de pouvoir
et les conventions sociales. Avec sa remise en question persistante
des valeurs esthétiques et morales et des habitudes de voir,
Nauman défie constamment notre perception et notre imagination.
Nauman

C’est BN sur son cheval, c’est un excellent cavalier, il a emporté
son chapeau de cow-boy à Bâle.
Mais devoir venir montrer son œuvre Shaolin à Bâle plutôt
que de rester dans son ranch du nouveau Mexique, bien sûr
il trouve l’expo très bien, mais goûte peu le battage médiatique.
Bruce Norman est quelqu’un de très timide il n’est pas
question d’interview télé.
Installation view: Bruce Nauman, Green Horses, 1988
 © Bruce Nauman / 2018, ProLitteris, Zurich, photo: Tom Bisig, Basel

La conservatrice qui le connaît depuis longtemps :
« à mon avis il s’agit toujours de qui nous sommes dans
quelle mesure on est enraciné
dans cette terre, parfois on
a l’impression de flotter dans les espaces immenses,

et on ne sait pas dans quelle direction on va, si on est sincère
avec sa propre expérience.

Dans les espaces immenses du Schaulager, c’est une sorte
de parcours chronologique qui
est présenté.
Vidéos, sculptures, installations, les célèbres néons,
photographies,
des bruits,
des sons, des croquis,
plus de 170 œuvres
.
La surcharge visuelle est un concept, c’est une stratégie,

l’œuvre exige beaucoup de temps et de dépense physique. »
Bruce Nauman Corridor

La question du temps c’est ce qui nous fait vivre, nous existons
dans le temps, BN nous en fait prendre conscience.
Le temps est un matériau, il s’agit bien de temps et d’espace,
le jeune Bruce Nauman a été un pionnier de l’art vidéo et
de la performance. Dans une boucle éternelle il sort de son
studio où il se promène dans l’une de ses premières
installations « Couloir » (Corridor) Il filme pendant des semaines
son studio vide la nuit, en utilisant la monotonie des images,
ce qu’on croit être le non-sens , le néant, l’absurde. Il aiguise
nos sens fatigués. Une souris qui galope devient un évènement,
puis un chat.
BN est minimaliste, son domaine c’est la répétition infinie
et son modèle avoué c’est Samuel Beckett.
Bruce Nauman

Dans l’œuvre de Bruce Norman rien n’est jamais sûr.
Ce dont il doute le plus ce sont les réponses que l’on nous
donne d’autorité. Ce que veut BN, c’est que le spectateur soit
aux aguets qu’il fasse attention, en pleine conscience, ce sont des
instructions très utile pour ce moment étrange de l’histoire actuelle.
« Fais attention enfoiré »
c’est ce qu’on voit dans le miroir.
Il y a beaucoup de politique dans l’art de BN, mais il ne le dirait
pas ainsi.
Les pensées tourbillonnantes, des têtes coupées, du bétail égorgé,
torturé ou un manège d’ordures d’art animalier et d’art commercial,
penser voilà le plus grand effort de l’art.
Si nous parvenons à rester dans l’ambiguité, sans en être effrayé,
et à comprendre qu’elle nous donne accès à plus de possibilités,
à une autre vérité, nous pouvons vraiment élargir notre
horizon.
Bruce Nauman, the Heads Fontains

Physiquement il faut étendre le champ expérience, c’est ce qui se
passe quand on se glisse dans ce couloir voit on prend la place
du jeune Nauman dans sa vidéo.
Très célèbre aussi ces cages, comment ne pas penser à Guantanamo.
Bruce Nauman nous lance un défi , en temps que citoyen nous devons
rester vigilant, sur nos gardes et résistant.
Installation view: Bruce Nauman, Contrapposto Studies,  2015/2016
 © Bruce Nauman / 2018, ProLitteris, Zurich, photo: Tom Bisig, Basel

On peut spéculer aussi sur sa dernière grande vidéo,
Contrapposto Studies, dont on a pu apercevoir
un projection à Art Basel, ici il se dissout, il se désintègre, se divise
en fragments morbides d’un corps vieilli, à moins qu’il ne célèbre
la force centrifuge anarchique des parties de son corps,
est-ce l’autoportrait d’un artiste insaisissable ?
En tout cas l’exposition est très riche et dense.
Un programme de conférences, de visites
accompagne
l’exposition
Un catalogue en allemand et en anglais.
Schaulager
Ruchfeldstrasse 19
CH-4142 Münchenstein / Basel
T +41 61 335 32 32
F +41 61 335 32 30

Ouverture

Tuesday–Sunday 10 a.m.–6 p.m.
Thursday to 8 p.m.
Closed Mondays
On public holidays (Easter, 1 May, Ascension Day,
Pentecost, 1 August)
10 a.m.–6 p.m.
During Art Basel (11 – 17 June 2018)
Monday–Sunday 10 a.m.–8 p.m.
Wednesday 12–8 p.m.
Entrance tickets
Tickets valid for three visits to Schaulager incl.
one entrance to the Kunstmuseum Basel Collection
(not transferable)
regular CHF 22, reduced CHF 15
Events, guided visits and art appreciation
are included in the ticket price
Online tickets
Print-at-home-Tickets available on starticket.ch
By Train
Take tram no. 11, bound for Aesch Dorf, from the
Basel SBB station to the “Schaulager” stop (approx. 10 min).

Bacon – Giacometti

Jusqu’au – 2 septembre 2018
C’est un face-à-face inattendu que présente la
Fondation Beyeler,

dans sa nouvelle exposition. Alberto Giacometti (1901–1966)
et Francis Bacon (1909–1992) qui ont marqué
l’art du XXe siècle d’une empreinte capitale. Cette exposition fait
dialoguer le travail des deux artistes. Aussi différentes qu’elles
puissent paraître à première vue, leurs œuvres offrent en effet de
surprenants points communs. Pour Bacon et Giacometti, la
figure humaine est le motif majeur de leur recherche artistique.
Ils s’intéressent l’un et l’autre au corps fragmenté et déformé.
Ils se vouent en outre, de façon quasi obsessionnelle et dans
une multitude de portraits, à la représentation de la personne
humaine dans son individualité.

Si Bacon et Giacometti se disent « réalistes », ils poussent
néanmoins l’abstraction de la figure humaine dans ses ultimes
limites.
Giacometti et Bacon travaillaient dans de tout petits ateliers,
incroyablement encombrés, au milieu d’un extraordinaire
désordre. Ces deux creusets où leur œuvre s’est élaborée ont été
spécialement reconstitués pour l’exposition, sous forme de
projections  multimédia en taille réelle, afin que les visiteurs
puissent s’immerger dans l’environnement où les deux artistes
ont œuvré.
L’exposition réunit une centaine de peintures et de sculptures
provenant de prestigieux musées d’Europe et des États-Unis,
ainsi que de plusieurs collections privées. Elle est organisée par la
Fondation Beyeler, en collaboration avec la
Fondation Giacometti à Paris, légataire universelle de la
veuve de l’artiste. La plupart des œuvres de Giacometti présentées
en proviennent. Plusieurs d’entre elles n’ont été que rarement
montrées jusqu’ici, quelques-unes le sont pour la première fois.
A noter plus particulièrement, une série de plâtres originaux
en provenance de la succession de Giacometti jamais encore dévoilés
au grand public, ainsi que quatre grands triptyques de Bacon

L’exposition est placée sous le commissariat de
Catherine Grenier, Michael Peppiatt et Ulf Küster.
Dès l’entrée le ton est donné, avec un vocabulaire commun,
l’ironie. Le portrait du pape Innocent X, hurlant, d’après
Velazquez,
voisine avec le nez en cage de Giacometti.
Pinocchio ou revolver, les deux présentés dans un espace
tridimensionnel.

Isabel Rawsthorne
Le peintre britannique et le sculpteur suisse se sont rencontrés
au début des années 1960 au travers d’une amie commune,
l’artiste Isabel Rawsthorne. En 1965, leur relation était déjà telle
que Bacon avait rendu visite à Giacometti à la Tate Gallery à
Londres, lorsque ce dernier y installait son exposition. Une série
de clichés du photographe anglais Graham Keen documente
cette rencontre, montrant les deux artistes en intense conversation.
Plus d’un demi-siècle plus tard, les deux artistes sont réunis à la
Fondation Beyeler et ce double portrait photographique ouvre
l’exposition.Les neuf salles thématiques de l’exposition présentent les oeuvres
de Giacometti et de Bacon côte à côte, faisant apparaître clairement
les différences mais aussi les points communs des deux artistes; leurs
particularités sont soulignées, ainsi les couleurs souvent vibrantes
de Bacon et le gris hautement différencié qui caractérise le travail
de Giacometti.

Bacon Art Instutit of Chicago

Toute leur vie, Giacometti et Bacon ont travaillé à la
représentation de figures dans l’espace, Giacometti
en sculpture et Bacon en peinture.
C’est à cet aspect de leur travail qu’est consacrée la salle suivante.
Giacometti a construit tout une série de structures,
dont La Cage (1950), exposée ici en version de plâtre et
en bronze. Deux autres constructions spatiales de Giacometti sont
présentées. La légendaire Boule suspendue (1930) est une des
sculptures surréalistes les plus célèbres; de construction
aussi simple que sa charge érotique est forte, elle a stimulé
l’imaginaire de générations d’amateurs d’art.
Giacometti la Boule Suspendue, Kunsthaus Zurich

 L’oeuvre la plus importante de Giacometti dans la salle 7
est la version de plâtre de l’iconique Homme qui marche II
de 1960
,
exposée avec la version de bronze de la collection Beyeler.

Alberto-Giacometti-Walking-Man-II-1960-plaster-188 50-x-29 10-x-111 20-cm-coll-Fondation-Giacometti-Paris-photo

Cette salle présente également une sélection de triptyques
saisissants de Francis Bacon et certains de ses tableaux
grand format. Tout comme Giacometti, Bacon semble avoir
joué avec l’idée de dynamiter les limites traditionnelles de l’image:
l’objectif était la représentation d’une dynamique, la transmission
d’un mouvement se déclarant au spectateur, sans égard pour
l’impossibilité d’un tel projet dans une oeuvre statique.
Parmi ces études de mouvement peintes se démarque tout
particulièrement le triptyque
Three Studies of Figures on Beds (1972),
en provenance de la
collection familiale Esther Grether.
Bacon se sert ici de flèches circulaires, au moyen desquelles il
souligne le sens du mouvement des trois groupes de figures
entremêlées.

L’échec continu de Giacometti était inscrit dans son processus
de travail. S’il n’avait pas sans cesse eu l’impression d’échouer,
il n’aurait peut-être pas eu l’élan de persévérer. Pour lui, le travail
semble avoir été en bonne partie aussi une quête de dépassement
personnel, comme s’il avait voulu se punir pour sa condition d’artiste.
C’est probablement aussi vrai de Bacon, même si dans ses images
l’agressivité semble se diriger principalement vers l’extérieur.


C’est dans le genre du portrait que se manifestent de la manière
la plus impressionnante les obsessions artistiques des deux hommes
et leur lutte autour de leur conception respective du réalisme.
Une série de sculptures de Giacometti – surtout des plâtres
originaux – fait face à des portraits de petit format de Bacon.
Ces derniers incluent quatre petits triptyques dont la forme
est inspirée de retables médiévaux, permettant à Bacon de
représenter ses modèles sous des facettes encore plus nombreuses
et de créer des effets de distanciation.
L’une des plus célèbres oeuvres tardives

de Giacometti, le plâtre original de Grande tête mince (1954),
en fait un portrait de son frère Diego, est également présentée ici;
à la fois plane et volumineuse, l’oeuvre se joue des notions de bi- et
de tridimensionnalité, et donc des principes de la peinture et de la
sculpture. Parmi les oeuvres de Bacon présentées dans cette
salle se trouve l’extraordinaire Self-Portrait (1987), oeuvre rarement
exposée issue d’une collection privée, où l’artiste semble étrangement
absent, perdu dans ses pensées.

Dans la salle suivante, le regard tombe en premier sur un groupe
de figures féminines sur pied de Giacometti, dont la plupart
appartiennent aux Femmes de Venise que l’artiste avait créée
pour la Biennale en 1956.
Elles attirent inexorablement l’attention par leur nature extrêmement
dense et concentrée: leurs surfaces rugueuses et fragmentées sont
difficiles à saisir, il en émerge une impression de calme dynamique.
Il en est de même et plus pour les figures conçues par Giacometti
au début des années 1960

L’avant-dernière salle de l’exposition a pour thème la coexistence
d’intensité, de passion et d’agressivité dans l’oeuvre des deux artistes.
Les profondes balafres infligées par Giacometti à ses bustes en plâtre
lors de ses attaques au couteau de modelage témoignent d’une grande
agressivité, dirigée peut-être contre le modèle, mais certainement
contre son travail artistique et donc contre lui-même, ainsi dans
le Buste d’Annette IV (1962). Des réflexions de même ordre
s’imposent à la contemplation des images de Bacon:
les corps semblent y avoir été déformés et les visages distordus
de manière impitoyable.
Il est étonnant de voir comment les deux artistes ont invalidé
dans leurs oeuvres les catégories esthétiques établies.
Bacon et Giacometti donnent à voir ici les faces sombres
de l’existence humaine.

Fondation Beyeler, Beyeler Museum
AG, Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen
Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler:
tous les jours de 10h00 à 18h00, le mercredi jusqu’à 20h
gratuit pour les jeunes de – de 25 ans
Un programme associé à l’exposition est à consulter
ci-dessous
Un catalogue allemand/anglais avec un tiré à part en français
est en vente à la boutique du musée et par correspondance

 

Sommaire du mois de mars 2018

Anselm Kiefer, le Jardin de Klingsors, 2015-2017

01 mars 2018 : Le « trésor Gurlitt » au Kunstmuseum de Berne
02 mars 2018 : Etre moderne : le MoMA à Paris
08 mars 2018 : Journée de la femme
10 mars 2018 : The Live Creature à la Kunsthalle de Mulhouse
11 mars 2018 : La rétrospective de l’oeuvre de César
16 mars 2018 : RE-SET : assimilation et transformation dans la musique et dans les arts visuels depuis 1900
20 mars 2018 : La Picasso Story au Kunstmuseum de Bâle
23 mars 2018 : L’évasion photographique – Adolphe Braun
28 mars 2018 : Anselm Kiefer, Für Andrea Emo

La Picasso Story au Kunstmuseum de Bâle

Jusqu’au 12.08.18 au Kunstmuseum de Bâle
Cette histoire singulière débute par une catastrophe.
Le 20 avril 1967, un avion de la compagnie charter
bâloise Globe Air s’écrase sur l’île de Chypre, provoquant
la mort de 126 personnes et la faillite de Peter Staechelin,
propriétaire de la compagnie. Pour payer ses dettes, il vend
quatre oeuvres d’art achetées par son père, dont un van Gogh.
Mais quand il annonce vouloir aussi vendre les deux tableaux
de Pablo Picasso, « Les Deux frères » et
l’« Arlequin assis »
Choqués par le projet de vente, le musée ainsi qu’une
grande partie des citoyens de Bâle s’efforcèrent d’obtenir
un droit de préemption.

Grâce à une vaste campagne de collecte de fonds, dont la
légendaire « Bettlerfest », 2.4 millions de francs furent
rassemblés.
Contre le montant de 6 millions de francs qui devait
provenir des comptes publics, le référendum fut saisi:
avant la votation, la ville entière débattit durant des semaines
de la valeur de l’art moderne et particulièrement des oeuvres
de Picasso
En décembre, l’électorat bâlois approuva la coquette somme par
un résultat qui fut pour beaucoup surprenant.

Picasso avait suivi les évènements depuis la commune française
de Mougins. Après le succès du vote, il invita le directeur du
Kunstmuseum Basel, Franz Meyer, dans son atelier. Ravi de
l’enthousiasme de Bâle à l’égard de son art, il offrit à la ville,
pour cette occasion, quatre autres de ses oeuvres.
La mécène Maja Sacher-Stehlin fut également inspirée
par l’engagement des citoyens de Bâle et fit don au musée
d’une importante toile cubiste de Picasso en guise de cadeau
de Noël.
En 1968, les sept nouvelles oeuvres de l’artiste purent être
présentées au Kunstmuseum Basel pour la première fois.
Un grand moment
L’entrée des sept Picasso en 1967 et les circonstances exceptionnelles
qui lui sont associées comptent parmi les grands moments
de l’histoire de la collection du Kunstmuseum Basel qui remonte
à 1661. Ces évènements sont aujourd’hui encore des facteurs
d’identification importants pour la ville.

À l’occasion du 50ème anniversaire, l’exposition lance un nouveau
regard sur la « Picasso-Story » et fait la lumière, au-delà des récits
bien connus, sur le « miracle de Bâle », les moments clés et les
acteurs des évènements. Même s’il était autrefois certainement
porté par l’esprit de l’époque, le vif débat sur la valeur de l’art et
sa relation avec la ville n’a rien perdu de son actualité.

Une observation minutieuse montre que la discussion fut menée
jadis dans le même climat de tensions s’agissant des critères
artistiques, des arguments financiers solides ou des intérêts stratégiques
muséaux qui déterminent encore aujourd’hui les pensées
et les actions de tous ceux qui sont impliqués dans la collection
du Kunstmuseum — qu’il s’agisse du public, des artistes de la ville,
des mécènes ou du directeur. Dans des interviews, le musée reprend
ce rapport à l’actualité en juxtaposant des documents historiques
et des voix de l’environnement actuel du musée.
Les Bâlois ont sauvé leurs deux Picasso.
Picasso, âgé de 86 ans à l’époque, invita, dès le lendemain,
le directeur du Kunstmuseum, Franz Meyer, dans sa maison à Mougins.
« Picasso lui a dit de choisir une des toiles de l’année 1967
qui remplissaient son atelier »,
raconte Kurt Wyss, ancien photographe du journal bâlois
National Zeitung , témoin de la scène. Franz Meyer a demandé
au maître espagnol de poser deux toiles « Vénus et l’Amour »
et « Le Couple » côte à côte.
« Je ne sais pas laquelle des deux choisir. »
Face à l’indécision du Bâlois, Jacqueline Picasso suggère
à son mari : « Pourquoi pas les deux ? Ils doivent rester ensemble… »
Picasso acquiesce. Puis, dans la salle à manger où ils allèrent boire
un thé, était posée en évidence contre un mur une toile,
« Homme, Femme et Enfant » de la période rose comme les
deux tableaux sauvés par les Bâlois. Toile qui date de la période
« Fernande » Olivier, où le couple souhaitait un enfant.
Picasso rajouta cette toile, qu’il avait gardée 61 ans, au
« cadeau » pour les Bâlois, ainsi qu’une grande esquisse
des Demoiselles d’Avignon.

Un court métrage résume les évènements. Les informations locales
et internationales se trouvent dans un livre et affichés,
avec des documents,des extraits de la presse et  des photographies.
L ’engagement dans l’ombre Fondations, dons et commission
artistique
Le président actuel de la commission artistique,
le Prof. Dr. Felix Uhlmann, explique dans une interview (—> iPad
sur une table) la mission du comité – du conseil et du soutien de
la direction jusqu’aux décisions d’achats, de dons et de prêts.
Les petites et les grandes contributions données par les bienfaiteurs
issus de divers domaines de la société .
Exposition: Dr. Eva Reifert, commissaire d’exposition,
Christoph Stratenwerth, muséographe
Conservateur responsable des programmes: Daniel Kurjakovic
Assistante scientifique et recherche: Claudia Blank (Kunstmuseum Basel),
Claudia Klausner (teamstratenwerth)
Scénographie: EMYL GmbH

RE-SET : assimilation et transformation dans la musique et dans les arts visuels depuis 1900

RE-SET : assimilation et transformation
dans la musique et dans les arts visuels depuis 1900
jusq’au 13.5.2018

Une collaboration entre la Fondation Paul Sacher
et le Musée Tinguely
L’exposition interdisciplinaire au Musée Tinguely
est consacrée au sujet éclectique de la réinterprétation
artistique dans la musique au XXe siècle et dans
l’art contemporain.
Jusqu’ au 13 mai 2018
sont présentés
des manuscrits de musique et des œuvres d’art qui
reprennent, paraphrasent, transforment ou même
démantèlent le contenu, la structure ou la conception
d’œuvres existantes.
Le contenu et l’espace de l’exposition sont divisés en deux
parties. L’accent est mis sur la partie musicale, divisée
en quatre sections au deuxième étage :
les arrangements par les compositeurs et compositrices tiers,
les arrangements par les compositeurs et compositrices
de leurs propres œuvres, les emprunts à la musique folklorique
et les adaptations populaires.
Cette exposition unique présente environ 180 manuscrits
de musique
, des correspondances, des enregistrements
sonores, des instruments et des documents d’images et
de film appartenant à la Fondation Paul Sacher
,
l’un des centres de recherche les plus renommés dans le domaine
de la musique du XXe et XXIe siècle.
Les œuvres exposées ont été créées par des compositeurs et
interprètes célèbres tels qu‘Igor Stravinsky, Anton Webern,
Edgard Varèse, Pierre Boulez, Luciano Berio,
Sofia Gubaidulina, György Ligeti, Wolfgang Rihm,
Heinz Holliger et Steve Reich.


Des études de cas illustrent les diverses catégories de références
artistiques présentes dans leur travail de façon visuellement
intéressante. Celles-ci impliquent des figures emblématiques
de l’histoire de la musique – de Bach aux Beatles, de Debussy à
Disney. La diversité des objets exposés ainsi que les documents
audiovisuels mis à disposition sur une tablette donnent lieu
à une image vivante des arrangements artistiques dans
la musique depuis 1900.
La partie de l’exposition consacrée à l’histoire de l’art
attire notre attention sur le concept emblématique du
readymade de Marcel Duchamp. Cette idée a connu un succès
sans précédent des années 1960 jusqu’ à nos jours.
Elle pose la question de savoir comment ce concept a été intégré
comme stratégie artistique et dans quelle mesure il sert de
catalyseur à de nouvelles œuvres d’art.
En plus des œuvres de John Baldessari, Marcel Duchamp,
Hans Haacke, Sherrie Levine et Jean Tinguely, sont présentées
les postures actuelles de Saâdane Afif, Pierre Bismuth et
l’artiste galloise Bethan Huws.

Heidy Zimmermann, Simon Obert (pour la musique)
et Annja Müller-Alsbach (pour les arts visuels) ont assuré
le commissariat  de cette exposition qui a été réalisée en
collaboration intime avec Fondation Paul Sacher.
MUSIQUE
Étrangement inconnu – les compositeurs & compositrices
en dialogue avec leurs pairs
Dans le domaine de la musique, comme dans l’art en général,
l’étude des grands maîtres de la discipline fait depuis des
siècles partie de la formation à la composition.
Il s’agit d’apprendre des « anciens » afin de faire différemment,
ou mieux. Au XXe siècle encore, les compositeurs et
compositrices consultent des ouvrages de leurs prédécesseurs
dans le but de les étudier ou de les retravailler. Cela leur permet
d’apprendre à connaître les acteurs incontournables de
l’histoire de la musique, quel que soit leur degré de notoriété.
L’on doit à Mauricio Kagel cette phrase marquante :
« Les musiciens ne croient peut-être pas tous en Dieu,
mais tous croient en Bach ».
Avec « RE-SET »,
Anton Webern, Stravinsky, György Kurtág, Sofia Gubaidulina
ainsi que Kagel lui-même présentent des hommages, mais
également des réactions critiques au monument qu’est Bach.
Lorsqu’ils recherchent de nouveaux univers sonores, certains
compositeurs remontent parfois jusqu’au Moyen Age :
Harrison Birtwistle, Salvatore Sciarrino et Heinz Holliger
trouvent de l’inspiration dans le travail de
Guillaume de Machaut.

D’autres s’inspirent de Carlo Gesualdo, présumé meurtrier
de son épouse ; « RE-SET » montre comment Igor Stravinsky,
Peter Eötvos, Sciarrino et Klaus Huber développent les pièces
vocales à l’harmonie audacieuse de Gesualdo.
Grâce aux instrumentations des miniatures pour piano
d’Arnold Schönberg, la façon dont les compositeurs novices
et expérimentés jouent avec les timbres peut être observé.
Enfin, l’orchestration par Claude Debussy des
Gymnopédies d’Erik Satie est un exemple magnifique de
service rendu entre amis compositeurs.
Igor Stravinsky est l’un des compositeurs les plus représentatifs
du concept de work in progress, comme en témoigne son
Oiseau de Feu, 1910 : à partir du ballet composé initialement,
il a créé plusieurs suites de concert, puis en a extrait et retravaillé
certaines parties pour en faire des pièces virtuoses pour violon.
En 1929, il a lui-même enregistré une version pour piano
de cette pièce afin qu’elle puisse être reproduite sur des rouleaux
de papier et utilisée pour des pianos mécaniques.

Le work in progress repose en fin de compte sur un principe
créatif résolument moderne: certaines idées peuvent pour
ainsi dire hanter les compositeurs, elles « mijotent » avant d’être
concrétisées de manières variées dans toute une série d’œuvres.
Cela se manifeste notamment chez Pierre Boulez, György Ligeti
ou Wolfgang Rihm.
Modernité ancienne – Emprunts à la musique folklorique
Depuis des siècles, la musique folklorique est une source
d’inspiration pour les compositeurs. Au XXe siècle, cependant,
l’approche ethnologique et les capacités d’enregistrement
du phonographe ont donné à la musique traditionnelle un
poids nouveau. Les compositeurs découvrent la musique folklorique
comme un matériau authentique, pour ne pas dire nouveau,
pour des compositions modernes.

Béla Bartók est parmi les premiers à collectionner les mélodies
folkloriques en Europe du Sud-Est. Il le fait avec une minutie scientifique,
mais aussi pour en tirer la base de ses propres compositions.
Sándor Veress, qui a immigré en Suisse en 1949 suit ces traces en
menant des enquêtes de terrain intensives et en arrangeant de
nombreuses chansons folkloriques.
Luciano Berio esquisse un voyage musical autour du monde
avec ses Folk Songs, et Steve Reich étudie l’art du tambour
africain au Ghana, une expérience à partir de laquelle émerge
sa pièce culte Drumming. Alb-Chehr de Heinz Holliger
reprend une légende valaisanne avec une
« musique fantasmagorique alpine » pour les Spillit
(ménestrels) du Haut-Valais. Cette musique folklorique
fictive se mêle à des sons expérimentaux et se dissocie
ainsi de façon ironique de la musique folklorique suisse banalisée.

Élitisme sous-jacent – Popularisation et anoblissement
Les compositeurs du XXe e siècle ne se sont pas inspirés
du jazz et de la musique populaire aussi souvent qu’ils
l’ont fait avec des morceaux de l’histoire de la musique
ou du folklore. L’une des principales raisons de cette
réticence réside peut-être dans ces principes structurels
contradictoires : Alors que la musique dite classique
du XXe siècle renonce en grande partie à la tonalité et
aux rythmes réguliers, ceux-ci représentent les pierres
angulaires des musiques populaires ; et tandis que dans
l’avant-garde musicale, surtout après 1945, prévaut une
esthétique de discontinuité linéaire de la mélodie,
la musique populaire s’accroche à ces caractéristiques
de base que sont la mélodie et l’accompagnement.
Néanmoins, il y eut de fréquentes adaptations de
la musique populaire, qui ont souvent donné lieu
à des exemples aussi remarquables que surprenants.
Notamment lorsque Dmitri Chostakovitch orchestre
le tube Tea for Two, lorsque Conlon Nancarrow utilise
des motifs de boogie-woogie ou lorsque Louis Andriessen
et Luciano Berio créent des parodies de chansons
des Beatles.
Sans oublier, dans ce contexte, l’usage de la musique à des
fins médiatiques, notamment pour le cinéma.
L’adaptation du Sacre du printemps d’Igor Stravinsky
ou des Atmosphères de György Ligeti à la bande sonore
de films a par exemple donné lieu à une diffusion et
une popularisation que leur version originale n’aurait
sans doute pas connue.
ARTS VISUELS
L’histoire de l’art est, de par sa nature même, un système complexe
de citations et de réitérations de motifs existants, ainsi que
leur remodelage créatif et leur remise en scène. En fait, l’art
a toujours été reproductible, mais jamais il n’avait été aussi
simple qu’aujourd’hui de reproduire et de retravailler
des incunables de l’histoire de l’art, sans parler de l’environnement
visuel quotidien. Le prologue de l’exposition « RE-SET » se
concentre sur la question de savoir comment l’idée emblématique
du readymade de Marcel Duchamp sert de catalyseur à de nouvelles
œuvres. Le concept du readymade en tant qu’objet de tous les jours
préexistant, préfabriqué, déclaré « sculpture toute faite » par le geste
de sa seule sélection, n’avait été formulé par Duchamp au début
des années 1910 uniquement comme idée conceptuelle existante.
Ce concept a marqué la fin de tous les paramètres traditionnels
de la création artistique valables jusqu’alors : la conception individuelle,
le savoir-faire artisanal, l’unicité et par conséquent l’idée du
chef-d’œuvre, la distinction entre l’original et la copie –
tous ces termes ont été radicalement remis en question.
Dans les années 1960, ces paramètres avaient un caractère
hautement explosif sur le chemin vers l’œuvre ouverte.
De nombreux artistes ont déclaré le principe du readymade
comme catalyseur de leur travail. Ce principe a été réinterprété
à plusieurs reprises, est devenu indépendant et a finalement
été assimilé au terme objet trouvé. La liste des artistes qui s’y réfèrent
jusqu’à nos jours est longue.
La présentation  montre une sélection ciblée.

Au début de l’exposition se trouve la Boîte-en-valise de
Marcel Duchamp,
un musée portatif en format miniature
contenant son œuvre. Cet ouvrage a été reproduit en sept
séries entre 1941 et 1968.  Par un geste simple et ironique,
Pierre Bismuth modifie un code existant dans le Gucci
Traveler’s Folding Item, 2012, bouleversant ainsi notre
perception et notre appréciation esthétique de l’art.

John Baldessari traite de la différence entre la répétition
et le répété dans Repository, 2002. Saâdane Afif utilise l’inclusion
réciproque de différentes sources d’inspiration et de médias comme
catalyseur pour ses projets souvent interdisciplinaires, qui se
caractérisent par de longs processus de conception.

Son travail Fountain–1917 (A collection), 2018, sera présenté
pour la première fois dans son intégralité à Bâle. En plus de l’importante
installation Forest, 2008/2009, de l’artiste galloise Bethan Huws,
un certain nombre de ses œuvres récentes témoignent de l’intense
débat intellectuel avec Marcel Duchamp.
Marcel Duchamp & Jean Tinguely

Tinguely avait pu rencontrer personnellement en 1959 celui
qui était pour lui sa première référence artistique, à l’occasion
de son exposition des Méta-Matics à la galerie parisienne
d’Iris Clert. Ill devait le rencontrer de nouveau an 1960 à New York.
Duchamp qui, des décennies auparavant, avait lui aussi intégré
la mécanique, le jeu et le hasard dans son art, fascinait Tinguely.
La connaissance de son œuvre ainsi que la relation d’amitié
qui s’était nouée se sont révélées très importantes pour le
développement artistique de Tinguely.
Concerts pendant l’exposition au Musée Tinguely:
21 mars 2018, 19h | Uri Caine, Solo on Piano
18 avril 2018, 19h | XASAX Saxophone Quartet, Original & Re-Set
29 avril 2018, 16h30 | Moritz Eggert, Hämmerklavier et al.
Billets de concert:
inclus dans le prix d’entrée du musée, sans réservation préalable
Publications
RE-SET. Rückgriffe und Fortschreibung in der Musik seit 1900
Cette exposition s’accompagne d’une riche publication,
« RE-SET. Rückgriffe und Fortschreibungen in der
Musik seit 1900 » publiée par Simon Obert et Heidy Zimmermann,
 

Le "trésor Gurlitt" au Kunstmuseum de Berne

Au Kunstmuseum de Berne jusqu‘au 4 mars
Cette exposition est un premier état des lieux, provisoire,
du « trésor Gurlitt ».

August Macke Schlossgarten 1914

Les oeuvres mises au jour, et dont
l’étude doit encore être approfondie, constituent ici autant
de cas concrets qui permettent d’exemplifier la politique
artistique du régime nazi et son entreprise de
spoliation d’oeuvres d’art. Le Kunstmuseum Bern et la
Bundeskunsthalle de Bonn ont travaillé en étroite
collaboration à ce vaste projet d’exposition.
Le Kunstmuseum Bern présente le volet « art dégénéré »,
exposé dans le contexte plus large des évènements de
l’époque, y compris en Suisse.
L’accent y est mis notamment sur le destin des artistes
bannis et persécutés et sur la biographie de
Hildebrand Gurlitt, dans tous ses aspects contradictoires.
L’Atelier de recherche sur la provenance des oeuvres  propose
d’appréhender les méthodes mises en oeuvre par cette recherche
et les défis auxquels elle doit faire face à travers un certain nombre
d’exemples.
Grosz

Qu’est-ce que le « trésor Gurlitt » ?
Le « trésor Gurlitt » est une collection d’oeuvres ayant
appartenu à Cornelius Gurlitt (1932–2014), fils du marchand
d’art allemand Hildebrand Gurlitt (1895–1956).
La plupart d’entre elles furent saisies en 2012 dans
l’appartement munichois de Cornelius Gurlitt à la
suite de l’ouverture
d’une enquête fiscale.
L’existence de la collection fut révélée au grand

jour le 3 novembre 2013 par un reportage du magazine
d’information
« Focus »
.
L’article connut un immense retentissement médiatique.
Le second fonds d’oeuvres découvert dans la maison de
Salzbourg de Cornelius Gurlitt portera à plus de 1’500
le nombre total d’oeuvres connues de sa collection.
De ces oeuvres ne sont aujourd’hui exposées à Berne que
celles qui relèvent de l’art dit « dégénéré » et pour
lesquelles 
aucun soupçon de spoliation ne s’est confirmé.
Oscar Schlemmer

Qu’est-ce que l’« art dégénéré » ?
L’expression « art dégénéré » (« Entartete Kunst »)
était une formule de propagande des nationaux-socialistes.
Durant la dictature nazie, il fut utilisé en Allemagne pour
dénigrer l’art moderne et les artistes d’origine juive.
La notion de dégénérescence, qui est issue de la biologie des
races, fut transposée dans l’art à la fin du XIXe siècle.
Elle permit aux nationaux-socialistes d’user de critères racistes
pour juger les artistes et de points de vue idéologiques pour
évaluer les oeuvres d’art.
Emil Nolde

Étaient considérées comme « dégénérées » toutes les oeuvres
et mouvements culturels qui n’étaient pas compatibles avec
la conception de l’art du régime nazi.
Cela concernait notamment l’expressionnisme, le
dadaïsme, la nouvelle objectivité, le surréalisme, le cubisme
et le fauvisme, et au-delà, toutes les oeuvres des artistes
d’origine juive. Les oeuvres littéraires, musicales ou architecturales
pouvaient également se voir qualifiées de « dégénérées ».
Les oeuvres sélectionnées dans la collection Gurlitt pour
cette exposition furent créées par des artistes persécutés par
les nationaux-socialistes parce que considérés comme
« dégénérés ». L’exposition montre donc non seulement des
oeuvres qui furent retirées des collections publiques allemandes
dans le cadre de l’opération « Art dégénéré », mais aussi des
oeuvres créées par des artistes dits
« dégénérés » acquises par Hildebrand Gurlitt avant
ou après les
confiscations de l’État allemand de 1937
et 1938
. Chaque oeuvre est assortie d’une indication de
provenance fondée sur l’état actuel des connaissances.
Ernest Ludwig Kirchner

Le parcours de l’exposition
C’est avec une certaine émotion que l’on chemine dans les
2 salles du sous-sol du musée. La plupart sont des aquarelles
ou autres dessins qui demandent un éclairage moins
intense, pour des raisons  évidentes de conservation.
C’est ainsi que l’on est ébloui devant les découvertes
de ce qu’on peut réellement appeler « trésor »
La sécession de Berlin
L’association d’artistes fondée en 1898 sous le nom
de Berliner Secession avait pour but de s’opposer à la
domination du marché de l’art par le milieu académique et
de fournir à ses membres des possibilités d’exposition.
Des artistes exceptionnels marquèrent la Sécession de leur
empreinte, tels le Norvégien Edvard Munch et Max
Liebermann, membre fondateur et président de l’association durant de
longues années, ou encore Lovis Corinth, son successeur.
Käthe Kollwitz (1867–1945)
Elle était diplômée des écoles d’art de Berlin et de Munich.
Le langage formel de ses sculptures et de ses gravures associe des
éléments stylistiques réalistes et expressionnistes. Membre de la
Sécession de Berlin depuis 1898, Kollwitz fut en 1919 la première femme
à être nommée à un poste de professeur à l’Académie prussienne
des beaux-arts. Son engagement politique lui valut d’être renvoyée de
l’Académie en 1933 et d’y perdre son atelier d’enseignement. La communauté
d’ateliers de la Klosterstrasse lui procura un espace de travail
en 1934.
Käthe Kollwitz

Die Brücke
Le groupe Die Brücke (Le Pont) fut fondé en juin 1905 par des
étudiants de Dresde qui avaient pour nom Ernst Ludwig Kirchner,
Erich Heckel, Fritz Bleyl et Karl Schmidt-Rottluff. Max Pechstein
et Emil Nolde se joignirent au groupe en 1906, Otto Mueller en 1910.
Max Pechstein

Der Blaue Reiter
Le Blaue Reiter, ou Cavalier bleu, représente un tournant
dans l’art. Réuni autour de deux personnalités artistiques
marquantes, Vassily Kandinsky et Franz Marc, le groupe
fut actif entre 1908 et 1914. Il comptait
dans son cercle rapproché Alexej Jawlensky, Gabriele Münter,
Paul Klee, August Macke, Heinrich Campendonk et Marianne
von Werefkin.
Franz Marc

Le Bauhaus
Le Bauhaus d’État fut fondé à Weimar par l’architecte
Walter Gropius (1883–1969) en 1919. Cette école d’art avait
pour objectif de réunir les disciplines de l’art, des arts appliqués
et de l’artisanat et de faire de cette transdisciplinarité le moteur de
développement d’un langage formel moderne.
Comme directeur du musée de Zwickau, Hildebrand Gurlitt soutint
l’expressionnisme et l’art abstrait par des expositions et des acquisitions.
Sa plus grande fierté était une galerie qui rassemblait
des peintures expressionnistes d’Erich Heckel et Christian Rohlfs
et des tableaux abstraits de Vassily Kandinsky et Paul Klee.
Paul Klee

L’expressionnisme tardif et le vérisme
Dans les années 1920, de nombreux artistes rendirent compte dans
leurs oeuvres de leurs expériences effroyables de soldat pendant la
Première Guerre mondiale, ainsi que des problèmes économiques et
des tensions sociales de la jeune République de Weimar. Ils traitèrent
de la grande ville moderne, dans laquelle on mendiait et on souffrait,
on faisait la fête et on ripaillait. Ils cherchaient dans leurs exacerbations
picturales, qui ne manquaient pas de prendre un tour caricatural,
à saisir la réalité de leur époque avec férocité. George Grosz,
Otto Dix Léonie

et Max Beckmann sont les représentants les plus connus de cette
tendance.
Salle 2: les contextes : de 1 à  9
Les attaques contre l’art moderne

«Un art qui s’affranchit des lois et des cadres que j’ai fixés
n’est plus de l’art.»
Empereur Guillaume II, « L’art véritable», 1901
La Dégénérescence
Le dénigrement de l’art dit « dégénéré » fut la marque de la
mise au ban de l’art moderne par l’Allemagne nationale-socialiste.
Hitler et ses partisans n’ont pas inventé la notion de dégénérescence,
mais ils l’ont utilisée à leur profit.
L’art décadent
Le régime démocratique de la République de Weimar (1918–1933)
fut favorable à la diffusion de l’art moderne.
L’expression « culture de Weimar » est emblématique de cette
libéralisation de la société qui autorisa la diversité culturelle
et imposa également l’art moderne dans les musées.
Mueller, Maschka

Contre l’esprit non allemand
Le Parti national-socialiste des travailleurs allemands,
au pouvoir en Allemagne à partir de 1933, promulgua une série
de lois qui lui permirent, de fait, d’abroger la constitution
démocratique de la République de Weimar, et de créer les bases
de la persécution de divers groupes de la population allemande.
Tous les domaines de la vie publique et privée devaient se
conformer aux principes nationaux-socialistes. Cela
signifia également la fin de la liberté artistique.
Puis ce fut au tour de la grande exposition
« Art Dégénéré »
Les sauveurs d’artistes ou profiteurs
dont Hildebrandt Gurlitt

Commissaires: Nikola Doll, Matthias Frehner,
Georg Kreis und Nina Zimmer
Pourquoi Berne ?
Il n’existe pas de réponse explicite à la question de savoir
pourquoi Cornelius Gurlitt a institué le Kunstmuseum Bern
comme son héritier, mais uniquement des conjectures de
divers ordres. Cornelius Gurlitt a certes visité le Kunstmuseum Bern
durant son existence, mais il n’avait aucune relation personnelle
avec l’établissement. Le liaient à Berne les contacts commerciaux
qu’il y entretenait avec des galeries et des maisons de vente aux
enchères et le souvenir des visites chez son
oncle Wilibald Gurlitt qui y enseigna la musicologie de 1946 à 1948.
Le Kunstmuseum Bern et à la Bundeskunsthalle de Bonn
présentent les premières expositions d’oeuvres de la succession
de Cornelius Gurlitt afin de rendre ces oeuvres accessibles au
public et de rendre compte de leur histoire.
Kunstmuseum Bern, Hodlerstrasse 8–12, 3011 Bern
www.kunstmuseumbern.ch,
info@kunstmuseumbern.ch, T +41 31 328 09 44

Art Karlsruhe 2018

Jusqu’au 25 février
L’art. L’espace. L’émotion

Le salon art KARLSRUHE, consacré à l’art moderne classique
et à l’art contemporain, doit son succès à ses célèbres
espaces Sculpture, à ses expositions spéciales et à son
One Artist Show.

Sa quinzième édition rassemble 215 galeries originaires
de quinze pays. 20 espaces de sculptures
voisinent
avec les galeries dans les 4 halls très aérés.
Un prix spécial sera attribué au meilleur espace
sculpture.
Pour cette 15 e dition, la foire attend quelques
50 000 visiteurs. Des navettes gratuites
les transportent
depuis la gare de Karlsruhe jusqu’au salon.
Britta Wirtz, directrice de la société Karlsruhe
Messe- und Kongress GmbH
,
souligne que c’est l’originalité de ce salon qui fait son succès
d’une année sur l’autre :

« Art KARLSRUHE présente un panorama complet de l’art
du XXe siècle ainsi que de nombreuses œuvres contemporaines,
de sorte que parcourir ce salon revient à faire une promenade
enrichissante dans l’histoire de l’art.
La liste des artistes exposés montre que l’art moderne classique
est particulièrement bien représenté à l’édition 2018
d’art KARLSRUHE, puisqu’il semblerait que pratiquement
tous ceux qui ont marqué l’art du siècle passé y sont présents. »

Présentation de la collection Frieder-Burda
À l’occasion du salon art KARLSRUHE 2018,
le musée Frieder-Burda a conçu des espaces élégants qui
recréent l’atmosphère intimiste d’une collection privée.
On trouve dans ces espaces accueillants et somptueusement
aménagés une sélection d’œuvres majeures issues de la
collection de Frieder Burda, qui dialoguent entre elles et rendent
compte de l’« amour fou pour l’art » du célèbre collectionneur
de Baden-Baden. Henning Schaper, directeur du musée,
déclare à ce sujet :

Frieder Burda, Patricia Kamp commissaire, Alicja Kwade

« Un salon artistique est un lieu de découverte et d’échanges.
Même si les rapports entre les différents musées et le marché
de l’art font l’objet de nombreuses critiques, se constituer
une collection passe nécessairement par l’achat d’œuvres
d’art. Dans ce contexte, nous sommes particulièrement heureux
de présenter au salon une sélection d’œuvres majeures issues
de notre collection.
»
Joana Vasconcelos

Le prix Loth de la sculpture, doté de vingt mille euros
par la L-Bank, qui vient de récompenser l’artiste et
la galerie ayant réalisé le meilleur espace Sculpture.
Répartis dans les quatre halls qui abritent le salon,
les vingt espaces Sculpture comptent parmi les
caractéristiques de cet événement artistique majeur
du sud-ouest de l’Allemagne. La cérémonie de remise
du prix Loth a eu lieu le vendredi 23 février 2018 à 17 heures
sur l’ARTIMA Art Forum (dm-arena, Hall ).
Le lauréat est  : la Galerie Scheffel et l’artiste
Joana Vasconcelos (Hall 3)

Galerie Scheffel et l’artiste Joana Vasconcelos

Ewald Karl Schrade, commissaire de l’exposition, s’exprime
en ces termes : « Le salon art KARLSRUHE se concentre depuis
toujours sur certaines formes d’expression et certaines époques,
à savoir d’une part la peinture et la sculpture, d’autre part
l’art moderne classique et l’art contemporain. Nous nous efforçons
de présenter un éventail aussi large que possible, qui englobe
l’Expressionnisme allemand, l’art informel, le mouvement
Zéro
et la production de la jeune génération. »
Britta Wirtz et Ewald Karl Schrade

La manifestation spéciale consacrée aux estampes qui a été
présentée dans le cadre d’art KARLSRUHE 2017 a surpris
et enthousiasmé le public.
Établissant un lien entre tous les styles et toutes les époques,
les gravures sur bois, lithographies, eaux-fortes et sérigraphies
présentées cette année dans le cadre de la quinzième
édition d’art KARLSRUHE ne manquent pas, elles aussi,
d’attirer un nombreux public dans le Hall 1.
Editions Remy Bucciali, devant un dessin au fusain de Michel Cornu

Les exposants jouent le jeu et présentent notamment des artistes
qui illustrent le Cubisme (Georges Braque et Pablo Picasso),
le Surréalisme (Salvador Dalí et Max Ernst) et l’Expressionnisme
(Emil Nolde et Ernst Ludwig Kirchner, exposés respectivement
par cinq et six galeries), ainsi que des œuvres de Pierre-Auguste
Renoir, Lovis Corinth, Max Beckmann et Joan Miró.
Gerhart Richter

On trouve par ailleurs dans le Hall 3 des artistes « spéciaux »
tels que Karl Hofer (galeries Rudolf, Kampen/Sylt
et Thole Rotermund, Hambourg
), George Grosz
(Kunsthandel Hagemeier, Francfort) ou encore
Hannah Höch (galerie St. Gertrude, Hambourg
).
D’autres galeries, finalement, surprennent en exposant
des œuvres de divers sculpteurs modernes classiques,
notamment Ernst Barlach et Käthe Kollwitz
(Koch-Westenhoff, Lübeck, Hall 3).


Le mouvement Zéro est quant à lui largement représenté
au salon depuis plusieurs années déjà.
La galerie Stockebrand + Uekermann se distingue cette année
non seulement en organisant un « One Artist Show »
consacré à Leo Erb, mais aussi en exposant des artistes tels
qu’Otto Piene, Heinz Mack et Günther Uecker.
Radial Art Contemporain (Frédéric Croizer)
montre : la vidéo du Crash et le résultat
de Pierre Alain Münger

Pierre Alain Münger

Sina Stockebrand précise :
« Notre participation au salon art KARLSRUHE offre un
aperçu de tout l’art allemand du XXe siècle. Nous exposons
des œuvres qui dialoguent entre elles de manière surprenante,
sont mises en valeur par un stand à l’architecture ambitieuse
et se complètent par des pièces d’artistes rares comme
Georg Karl Pfahler, Kuno Gonschior et Imi Knoebel. »
Ernest Ludwig Kirchner

En ce qui concerne l’art informel de l’après-guerre, il est représenté
par plusieurs douzaines d’œuvres de Karl Otto Götz,
mort récemment à l’âge de 103 ans,
et par d’autres dues
à Gerhard Richter, son élève le plus brillant, chacun de
ces artistes étant exposé sur le stand de quatre galeries.
Citons pour terminer l’exposition Contemporary Art 21,
présentée dans la dm-arena (Hall 4) et consacrée à la
production d’artistes de la nouvelle génération.
Bean Finneran

Une part belle est faite aussi aux différents musées d’Allemagne,
d’Alsace
dans le Hall n°1
Unterliden Frédérique Hergott

Prix Hans Platschek (beaux-arts et littérature)
Ce prix est décerné tous les ans dans le cadre d’art KARLSRUHE
par la Fondation Hans-Platschek, du nom du peintre et écrivain
Hans Platschek (l’un des principaux théoriciens et critiques
d’art de la seconde moitié du XXe siècle). Le lauréat de l’édition
2018 est Michael Kunze, peintre sélectionné par Gregor Jansen,
directeur de la Kunsthalle Düsseldorf. La remise du prix
Hans-Platschek suscite toujours un grand intérêt. Cette année,
des tableaux de Kunze seront exposés dans le Hall 1 avec des
oeuvres de Platschek soigneusement sélectionnées.

10e édition du Prix art KARLSRUHE
Attribué conjointement à un artiste et à une galerie, ce prix
décerné par le land de Bade-Wurtemberg et la ville de Karlsruhe
permet d’acheter une oeuvre de l’artiste en question,
qui vient ensuite enrichir la collection art KARLSRUHE.
Le dixième anniversaire de la fondation de ce prix est l’occasion
de présenter la collection ainsi rassemblée, habituellement
conservée à la Städtische Galerie de Karlsruhe et présentée
dans l’ARTIMA Art Forum, dm-arena | Hall 4
Une autre série en rouge de Bernard Aubertin
appartenant au groupe Zero à la Galerie Maulberger
de Munich, Hall 3

Un Ovni politique à la Galerie Michael Schultz GmbH & Co. KG
dans le hall 2 Bernd Reiter

Des oeuvres pour toutes les bourses et pour tous les goûts
au prix de 120.€ jusqu’à ???, mais aussi pour le plaisir des yeux.
Pour retrouver les différents évènements et manifestations
de la foire reportez-vous au site www.art-karlsruhe.de

Magie du Pastel à la Fondation de l’Hermitage

Après l’exposition du Petit Palais qui présentait
un ensemble de 130 pastels
, tous issus de ses collections,
« L’art du pastel de Degas à Redon »
la Fondation de l’Hermitage de Lausanne donne à voir :
Pastels du 16e au 21e siècle Liotard, Degas, Klee, Scully
Jusqu’au 21 mai 2018

C’est toujours un grand bonheur que d’arriver à
La Fondation de l’Hermitage, belle maison de maître, dont
la directrice Sylvie Wuhrmann sait si bien choisir les expositions.
C’est encore autour de Degas que tourne l’exposition
Il y a vingt ans, grâce à la générosité de Lucie Schmidheiny,
la Fondation de l’Hermitage recevait en donation un somptueux
pastel d’Edgar Degas, Danseuses au repos, réalisé vers 1898.
Dominée par les teintes chatoyantes des tutus et des corsages
roses, jaunes, orange et bleus, cette oeuvre de grand format,
qui voit l’artiste revenir à l’un de ses thèmes de prédilection,
exprime avec force la magie du pastel, et la virtuosité de cet art.
La couleur y est posée avec une variété de facture et une inventivité
exceptionnelles, hachures nerveuses, pointillés, tons fondus,
filaments, aplats, mouchetures, rehauts empâtés… Le bâton
de pastel est utilisé par la pointe ou frotté sur sa longueur,
le travail à sec se combine avec des applications au pinceau humide.
La matière, poudrée ou moelleuse, est par endroits étalée avec
les doigts, ou enlevée à la gomme afin de créer des effets de lumière.
Tel un champ d’expérimentation en continuelle métamorphose,
la feuille de papier calque qui accueille la composition a été agrandie
par l’artiste sur les quatre côtés afin d’accompagner la progression
de l’idée. La rapidité et la sûreté de la main sont partout
visibles, de manière éclatante.

Segal

L’exposition Pastels, veut rendre hommage en mettant à l’honneur
un médium fascinant, à la croisée du dessin et de la peinture.
Plus de 150 oeuvres provenant uniquement de collections suisses
sont ainsi réunies pour raconter la grande aventure du pastel,
depuis son apparition au XVIe siècle en Italie jusqu’à ses
plus récents développements sur la scène contemporaine.
Le panorama proposé met en avant les différents usages
de ce matériau si particulier, en présentant les artistes qui l’ont
porté à des sommets de maîtrise et en ont exploré les multiples
possibilités. Quelques surprises et raretés vous attendent.
C’est ainsi que l’on peut revoir la
Tête de Femme de la collection Jean Bona

Les dessins de Federico Barocci et Jacopo Bassano témoignent
que le bâton de craie tendre fut d’abord utilisé comme une technique
de rehaut permettant d’amener la couleur dans une étude.
Au XVIIIe siècle, le pastel, qui recouvre désormais l’entière surface
des oeuvres, est apprécié surtout pour sa capacité à exprimer la richesse
des textures et le velouté de la peau, à restituer la lumière,
et traduire
la vie.
C’est l’âge d’or du portrait, représenté ici par des pastellistes
de première force (tous alors immensément populaires)
tels que Rosalba Carriera, Maurice Quentin de La Tour,

Jean-Baptiste Perronneau ou Jean-Etienne Liotard.
Avec Jean-François Millet, le pastel connaît au siècle suivant un
renouveau  qui attire sur lui l’attention des jeunes artistes.
Eugène Boudin puis Alfred Sisley y ont recours pour saisir les effets
éphémères de la nature, tandis qu’Edouard Manet et Edgar Degas

se l’approprient avec une inventivité et une liberté absolues,
accomplissant la fusion, dans le pastel, du dessin et de la couleur pure.
James Tissot et Paul-César Helleu mettent sa matière souple et élégante
au service du portrait mondain, Mary Cassatt et Berthe Morisot
associent la douceur de ses modelés au monde de l’enfance.
Avec les irradiations colorées d’Odilon Redon

et les évocations brumeuses des symbolistes
(Lucien Lévy-Dhurmer, Fernand Khnopff, Jean Delville), le
pastel devient la substance des rêves et du mystère.
Légères et prêtes à l’emploi, les craies de couleur
accompagnent les paysagistes sur le motif (Edouard Vuillard,
Giovanni Giacometti, Ernest Biéler, Albert Welti).
Au XXe siècle, la puissance de ses pigments va conférer au pastel
un rôle important dans l’autonomie de la couleur, et les recherches
de l’abstraction (Augusto Giacometti, František Kupka, Paul Klee,
Aurélie Nemours, Sean Scully).
La sensualité de sa matière séduit les artistes minimalistes
(Fred Sandback, Paul Mogensen, Robert Mangold) comme les tenants
de la figuration (Sam Szafran, Tom Phillips). La flexibilité de
ce médium très polysémique l’adapte désormais à tous les usages,
et son ancrage classique fait de lui le partenaire idéal pour mettre
à l’épreuve les codes de la représentation (Roni Horn, Nicolas Party).
« De la beauté le pastel a l’éclat et la fragilité »,
écrivait en 1760 Claude-Henri Watelet dans son poème
L’art de peindre.
La délicatesse du médium, qui participe à sa séduction et que
d’innombrables tentatives de fixatifs ne sont jamais parvenues
à apprivoiser, a été reconnue dès les origines. La vulnérabilité
des oeuvres rend les expositions de pastels particulièrement rares,
et explique qu’elles se concentrent le plus souvent sur un artiste ou
sur un fonds.
Picasso Buste de Femme

Depuis une dizaine d’années, les musées démontrent
un vrai regain d’intérêt envers cette technique en construisant des
projets qui mettent en valeur leurs collections et renouvellent
fondamentalement la connaissance des oeuvres, comme en attestent
notamment Le mystère et l’éclat. Pastels du Musée d’Orsay (2008),
les rétrospectives consacrées à Maurice Quentin de La Tour
(Château de Versailles, 2004) et Jean-Baptiste Perronneau
(Musée des beaux-arts d’Orléans, 2017), ou
encore L’art du pastel, de Degas à Redon, au Petit Palais
à Paris (2017).

Sisley

Fruit d’une longue et patiente recherche à travers les
collections suisses, l’exposition de la Fondation de l’Hermitage
a été rendue possible grâce à la confiance que nous ont témoignée
de très nombreux collectionneurs et directeurs de musées, dont le
musée veut  souligner la générosité et la collégialité, et auxquels il
dit sa vive reconnaissance.
La grande complexité de cette entreprise a mobilisé les compétences
et l’expertise de bien des personnes, en particulier Olivier Masson,
Nicolas Party a conçu dans le musée une intervention murale
éphémère, au pastel à l’occasion de l’exposition, haute en couleurs.

Nicolas Party, a pris le « parti » osé de choisir le pastel, pour l’instant
il semble en être l’unique représentant du 21e siècle. Il vit et travaille
à New York.
La coordination de l’exposition et d’un magnifique catalogue
a été assurée avec un investissement par
Dominique Hoeltschi et Corinne Currat, qui ont aussi participé
activement à la réflexion autour de la sélection.
Florence Friedrich et Florence Grivel se sont impliquées avec autant
de talent que d’imagination dans l’élaboration de l’audioguide qui est
proposé aux visiteurs de l’exposition.
Les commissaires
Sylvie Wuhrmann
Directrice de la Fondation de l’Hermitage
Aurélie Couvreur
Conservatrice à la Fondation de l’Hermitage
Fondation de l’Hermitage
route du Signal 2, case postale 42
tél. +41 (0)21 320 50 01
CH – 1000 LAUSANNE 8
fax +41 (0)21 320 50 71
www.fondation-hermitage.ch
Horaires
du mardi au dimanche
de 10 h à 18 h
le jeudi jusqu’ 21 h
Accès
depuis la gare de Lausanne
prendre le bus N° 1 jusqu’à la Place François
direction Blécherettes
puis prendre la passage souterrain
pour prendre le bus n° 16 direction « Grand-Vennes ».
Descendre à l’arrêt « Hermitage »