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Catégorie : Cinéma

Jane Evelyn Atwood à la Filature

Jane Evelyn Atwood à la Filature

 

Activiste, militante, engagée, Jane Evelyn Atwood présente ses photographies de la période 1976 – 2010 à la Galerie de la Filature
de Mulhouse
, jusqu’au 8 avril 2020.

communiqué de la Filature :
malheureusement nous ne sommes pas en mesure d’ouvrir notre Galerie dès cette semaine comme nous l’escomptions. En effet l’autorisation d’ouverture des galeries d’exposition exclut dans l’immédiat la catégorie administrative dans laquelle est classée La Filature. Nous restons en attente d’une nouvelle étape du déconfinement, annoncée pour le 22 juin prochain, et ne manquerons pas de vous tenir informés de la réouverture dès qu’elle sera possible, afin de (re)découvrir l’exposition de la photographe Jane Evelyn Atwood.

Commissaire : Emmanuelle Walter

Jane Evelyn Atwood

L’exposition consacrée à la photographe américaine Jane Evelyn Atwood rend compte de 35 ans de travail. Organisée autour de séries majeures
( Les prostituées, Les aveugles, Les femmes en prison, Jean-Louis ) et d’une vingtaine de photographies inédites sur différents sujets, les nombreux tirages de l’exposition retracent le parcours d’une photographe sans concession, sensible aux destins de ceux qui ont été rejetés à la périphérie, loin des regards de la société, de par leur condition et
drames de la vie.
« À travers ses choix personnels, Jane Evelyn Atwood va toujours, semble-t-il, vers la difficulté, comme un défi, se plaçant souvent, au regard des autres, de nous, spectateurs, à la frontière de l’interdit… Toujours une histoire d’enfermement et de frontière, de gens à part, et, à chaque fois, la photographe s’immerge dans son sujet, s’y engage corps et âme, à ses risques et périls, avec un désir de témoigner ou de changer certaines idées reçues sur ces mondes clos et les drames qu’elle rencontre, en révélant à la fois la beauté et la cruauté, la mélancolie et l’ambiguïté. Complice et compatissante, curieuse et concentrée sur ses sujets, saisissant d’instinct le moment qui s’imprime, l’émotion qui s’exprime. Un regard généreux qui transforme la vie en art, le résultat d’un long parcours. »
eDuarDo manet
Extrait de sa préface pour le livre Photo Poche Extérieur Nuit
(Centre national de la photographie, 1998)

Jane Evelyn Atwood est née à New York et vit en France depuis 1971. Son œuvre traduit la profonde intimité qu’elle entretient avec ses sujets pendant de longues périodes. Fascinée par les gens et par la notion de l’exclusion, elle a réussi à pénétrer des mondes que la plupart d’entre nous ignorent ou choisissent d’ignorer. Elle décrit elle-même sa méthode de travail comme obsessionnelle. Elle continue un sujet jusqu’à ce qu’elle sente qu’elle l’a complètement compris ainsi que sa relation à celui-ci.

Jane Evelyn Atwood, rue des Lombards Paris

En 1976, elle achète son premier appareil et commence à photographier les prostituées de la rue des Lombards à Paris. Ce travail qui durera un an, toutes les nuits, deviendra son premier livre. En 1980, elle est récompensée par le premier prix W. Eugene Smith pour réaliser un sujet en profondeur sur les enfants aveugles. Dans les années qui suivent, elle s’engage dans plusieurs projets photographiques au long cours.
En 1983, elle réalise un reportage sur la Légion étrangère et suit des soldats à Beyrouth, au Liban et au Tchad durant 18 mois.

Jane Evelyn Atwood Jean Louis
En 1987, elle photographie Jean-Louis qu’elle suit durant les quatre mois qui précèdent son décès. C’est la première personne atteinte du sida en Europe qui ait accepté que son histoire soit publiée dans la presse. Malgré les milliers de morts causés par cette maladie, le sida n’avait eu auparavant aucun visage.

Jane Evelyn Atwood,
le premier convoi de femmes enchaînées, Maricopa County Jall  Arizona EU 1977

En 1989, elle se lance dans un vaste projet sur les femmes incarcérées dans plusieurs pays du monde. Elle parvient à avoir accès aux établissements pénitenciers les plus difficiles, y compris au couloir de la mort aux États-Unis. Ce travail monumental qui reste une référence, dure dix ans et révèle les conditions de détention féminine dans quarante prisons de neuf pays d’Europe, d’Europe de l’Est et des États-Unis.
Exposé internationalement, il est publié dans le livre Trop de Peines, Femmes en Prison
(Albin Michel, Paris ; Too much time , Phaidon, Londres ; 2000).

Durant quatre ans à partir de l’an 2000, elle documente les victimes des mines antipersonnel au Cambodge, en Angola, au Kosovo, au Mozambique et en Afghanistan. Puis elle passe trois ans à Haïti où elle réalise des photographies de vie quotidienne, une approche en couleur de « street photography », en rupture avec sa pratique habituelle.

Histoires De prostitution, paris 1976-1979 rue des lombards (1976-1977) pigalle people (1978-1979)
Cela a commencé comme cela, en 1976, sans expérience et sans idée préconçue. Elle avait cette envie de savoir qui étaient ces hommes, ces femmes et ces transsexuelles qui vendaient leurs corps et qu’elle côtoyait sur les trottoirs de la capitale. Cela faisait quelques années à peine que Jane Evelyn Atwood, pas encore photographe, s’était installée à Paris. Elle a alors acheté son premier vrai appareil et a rencontré Blondine

Bondine Jane Evelyn Atwood 1976 197

et les autres prostituées de la rue des Lombards, dans le quartier du futur Beaubourg. Puis plus tard, ce furent Barbara, Miranda, Nouja ou Ingrid, tout ce peuple de travestis et de transsexuelles de Pigalle. Sans le savoir, Jane Evelyn Atwood signait ses premiers reportages et débutait une œuvre poignante et magistrale guidée par la rencontre et la nécessité d’intimité avec l’autre. Histoires de prostitution
rassemble les séries Rue des Lombards (réalisée entre 1976 et 1977) et Pigalle People (produite entre 1978 et 1979).

Jean -Louis – Vivre et mourir du sida (Prix World Press Photo, 1987) est emblématique de la démarche de Jane Evelyn Atwood voulant comprendre par elle-même la réalité de cette maladie nouvelle et, plus encore, donner un visage aux malades. Elle a accompagné et photographié jusqu’à sa mort Jean-Louis, première victime de la pandémie en Europe ayant accepté d’être médiatisée.  La série, cette fois en couleur, est parue dans Paris Match en 1987.

Extérieur Nuit (1988)
Sur une période de dix ans, Jane Evelyn Atwood est entrée dans les écoles d’aveugles de France, d’Australie, d’Israël, du Japon et des États-Unis. La photographe, fascinée par le visuel, s’est passionnée pour ces jeunes aveugles qui ne peuvent pas voir et a souhaité restituer leur évolution dans un monde de voyants. Elle a su créer des portraits poignants, en noir et blanc, de ces aveugles rencontrés tout autour du monde.

Jane Evelyn Atwood Université Tsukuba de Tokyo pour aveugles

Jane Evelyn Atwood a reçu le W. Eugene Smith Award pour ce projet initié dans les années 70 et poursuivi pendant une dizaine d’années.

Trop De peines, femmes en prison (1989-2000) Dès 1989,
Jane Evelyn Atwood photographie les femmes incarcérées ; sur une période de près de dix ans, elle est parvenue à obtenir l’accès aux pires prisons du monde, y compris le quartier des condamnés à mort.

                                                       Auto-mutilations
Pour ce travail, la photographe s’est rendue dans quarante prisons situées dans neuf pays d’Europe et aux États-Unis où le nombre de femmes incarcérées a décuplé depuis les années 80. Cette plongée dans le monde carcéral féminin nous amène à poser un regard neuf sur les femmes, le crime et l’incarcération.
Divers Sélection de photographies sur divers sujets qui retracent le parcours de la photographe.

Horaires De la galerie pour cette exposition (entrée libre)
du mardi au samedi 14h-18h30 + dimanche 14h-18h +
les soirs de spectacles
la Filature scène nationale Mulhouse
20 allée nathan katz 68100 mulhouse
03 89 36 28 28
www.lafilature.org

5 RenDez-vous en entrée libre
projection en avant-première mardi 3 mars 18h
Fragments d’un Parcours : Jane Evelyn Atwood / Autour de Pigalle de Thomas Goupille suivie d’une rencontre avec Jane Evelyn Atwood

club sanDwich jeudi 5 mars 12h30 visite guidée de l’expo + pique-nique
tiré du sac
sur inscription 03 89 36 28 28
Week-enD De l’art contemporain
GranD Est du vendredi 13 au dimanche 15 mars
programme sur www.versantest.org
apéro photo mercredi 18 mars 19h15
visite guidée de l’expo + apéritif offert
sur inscription 03 89 36 28 28

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Auteur elisabethPublié le 3 mars 20202 juin 2020Catégories Art, Arts plastiques, Cinéma, France, Photographie

La Régionale à la Filature

La Régionale à la Filature

Liliane Gassiot Verte sous le givre 2018

Jusqu’au 21 décembre 2019, l’exposition dans la Galerie de la Filature
« Le propre du visible est d’être superficie d’une profondeur inépuisable » présente, dans le cadre de La Régionale 20,
les travaux de 4 photographes :

                            Florian Tiedje

Liliana Gassiot, Lukas Hoffmann, Silvi Simon, Florian Tiedje.
Les artistes comme à la Fondation Fernet Branca nous emmène
dans la nature et sa poésie.
Au-delà d’un espace géographique que partagent les quatre artistes présentés dans le cadre de La Régionale, ce qui les rassemble ici est leur quête d’une correspondance entre l’ordre de l’image et celui du monde visible. Liliana Gassiot, Lukas Hoffmann, Silvi Simon et Florian Tiedje explorent des formes qu’ils cherchent à produire matériellement, en maîtrisant la lumière et la composition, en modifiant la structure chimique de la pellicule sensible ou encore en rehaussant les photographies de couture.
Silvi Simon
Les formes visuelles qui émergent de leurs travaux, motifs végétaux, organiques ou stellaires, leur permettent de vivre une expérience esthétique – expérience qui a cette capacité extraordinaire à faire surgir des choses inattendues, fructueuses et capables de transformer notre vision de la nature.

lilianagassiot.ch
lukashoffmann.net
silvisimon.com
floriantiedje.com

Filature, Scène nationale
20 allée Nathan Katz F-68100 Mulhouse 0033 3 89 36 28 28 info@lafilature.orgwww.lafilature.org
Horaires d’ouverture
Mar–Sam : 11.00–18.30 Dim : 14.00–18.00 et les soirs de spectacle
Fermé les Lundis
Transports public
Tram : 15 min. depuis la gare, Tram 1, Tram 3 ou Tram-Train arrêt
« Porte Jeune », Tram 2 arrêt « Nordfeld »

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Auteur elisabethPublié le 10 décembre 201910 décembre 2019Catégories Art, Arts plastiques, Cinéma, Etranger, France, Photographie

Boltanski – Faire son temps

Boltanski – Faire son temps

Jusqu’au 16 mars 2020, au Centre Pompidou, dans une vaste déambulation en forme de méditation sur la vie et son cours, l’exposition de l’oeuvre de Christian Boltanski, propose un regard singulier sur l’un des principaux artistes de notre temps. Il donne à voir un art qui s’est sans cesse réinventé.

Après la première rétrospective que le Centre Pompidou lui consacrait en 1984, cette nouvelle exposition développe un,parcours de 2000 mètres carré au coeur duquel Boltanski met en scène un choix d’oeuvres par lesquelles il ne cesse d’explorer la frontière entre présence et absence.

Conjuguant mémoire individuelle et collective à une réflexion toujours plus approfondie sur les rites et codes sociaux,

Boltanski développe depuis un demi-siècle une oeuvre sensible et corrosive, tel un état de veille lucide sur nos cultures, leurs illusions et désenchantements.

« Ceux qui m’intéressent sont toujours des inconnus, des anonymes. Je pense que chacun de nous est totalement unique et extrêmement important et que tous les humains sont prodigieux, donc tous les humains méritent mon attention. »

« La grande question que je me suis posée c’est l’importance de chacun et de sa fragilité. On se souvient de son grand père mais pas de son arrière grand père : il y a le merveilleux de chacun, mais qui s’efface très rapidement. Chaque être humain mériterait d’avoir son musée après ses 60 ans. »


Depuis ses débuts, en 1967, Boltanski scrute la vie des hommes et ce qui en subsiste après la mort, une fois qu’ils ont fait leur temps. En recourant à l’inventaire et l’archive, il développe au gré d’albums photographiques ou d’objets reconstitués comme autant de souvenirs d’enfance, un essai de reconstitution de la vie des êtres pris dans l’anonymat de leur disparition. Par le biais de « petites histoires », il met en exergue tout un chacun et personne et s’attache à la mise en forme fragile et troublante d’une mémoire collective de l’humanité.

(…) D’envois postaux en documents mêlant fictions et vies réelles, d’évocations de l’enfance perdue à la suggestion de la mort latente, Boltanski a toujours mis en scène la fragilité de l’être. L’éphémère gouverne tout l’oeuvre et l’utilisation d’éléments voués à la conservation,
à  la pérennisation, tels les boîtes métalliques ou les vitrines apparaissent d’abord comme un vocabulaire plastique récurrent au coeur de ses premières oeuvres. (…)

La pratique de Boltanski concilie ainsi le caractère dérisoire de toute action avec le désir de permanence et de préservation propre à toute civilisation. Elle témoigne aussi de l’acharnement avec lequel l’art tente de réussir à se saisir de la vie et de lutter contre l’oubli.

L’art de Boltanski est d’abord un art du temps qui passe. (…)

A partir de 1984, ses oeuvres se détachent de l’ironie et de l’humour qui les constituaient et se font plus sombres. Les Monuments, les Reliquaires, les Réserves conjuguent les thèmatiques du souvenir et de la disparition. Au-delà de ses travaux liés à la mémoire du monde, les oeuvres de Boltanski tendent à montrer, de manière chorale, les structures mises en place par l’homme pour faire face à la mort. (…)

Les années 1990 voient son travail s’orienter de plus en plus vers une recherche portée par des mythes et des légendes puisant à l’imaginaire collectif. En privilégiant des projets au contenu « humaniste » comme le démontre la conception des Archives du coeur, enregistrements d’innombrables battements de coeurs, collectés, au fil du temps, à travers le monde et conservés à l’abri du temps sur l’île de Teshima, au Japon, Boltanski fait de son oeuvre une ample allégorie de l’éternité.

Dans ses oeuvres plus récentes, Boltanski explore la fatalité et questionne le hasard en construisant des dispositifs où la vie s’apparente toujours plus à une loterie. Plus près de nous encore, les immenses installations immersives de l’artiste se confrontent aux espaces du bout du monde qu’il aime désormais arpenter, à la recherche de mythes enfouis qui deviennent le support de ses propres installations. (…)

Conçue sous la forme d’un labyrinthe et comme une oeuvre en soi, l’exposition conduit le visiteur à s’immerger au coeur d’une méditation sur la préservation de l’être. Se rapprochant du champ plastique et temporel du théâtre, domaine qu’il investit depuis plusieurs années, l’artiste dresse la scène d’une grande métaphore du cycle humain, de la naissance à la disparition.

Extraits d’un entretien avec
Bernard Blistène
Directeur du Musée national d’art moderne,
Commisaire de l’exposition

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France culture
France Inter 
Centre Pompidou

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Auteur elisabethPublié le 15 novembre 20193 décembre 2019Catégories Art, Arts plastiques, Cinéma, France, Paris, Photographie, VidéoUn commentaire sur Boltanski – Faire son temps

Len Lye – motion composer

Len Lye – motion composer

L’exposition « Len Lye – motion composer» organisée au Musée Tinguely du 23 octobre 2019 au 26 janvier 2020 présente l’étendue de son œuvre en portant une attention particulière aux relations entre les différents médiums.
Le public est invité à s’immerger dans l’univers de Lye à travers un parcours avec plus de 100 œuvres et à explorer la variété des médiums dans l’œuvre de l’artiste néo-zélandais à l’aide de films, dessins et sculptures au sein d’une présentation d’une ampleur inédite en Europe. Les 23 et 24 octobre, un symposium a été organisé en collaboration avec l‘Université de Bâle pour mettre en lumière l’œuvre de cet artiste et interroger l’influence exercée par Len Lye sur les avant­ gardes du xxe siècle. L’exposition était complétée par une programmation au Stadtkino de Bâle qui a présenté quatre films réalisés par et consacrés à Len Lye.

Fountain 1959

Né à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, Len Lye (1901-1980) est une figure majeure du cinéma expérimental des années 1930 à 1950. D’abord actif en Nouvelle-Zélande et en Australie, puis à Londres partir de 1926 et à New York dès 1944, il élabore une œuvre fascinante qui englobe, en plus du cinéma, toutes les disciplines artistiques et qui reste encore largement à découvrir – à l’instar de ses sculptures cinétiques.

Les débuts en Nouvelle-Zélande
Len Lye naît en 1901 dans une famille très modeste. Après le décès prématuré de son père, il s’installe avec sa mère et son frère chez son beau-père, Ford Powell, qui travaille comme gardien de phare à Cape Campbell. Ses premières expériences avec la lumière et le mouvement – motifs auxquels il se consacrera tout au long de sa vie
– datent de cette époque. Lorsqu’il trouve le motif de son art, il songe alors aux Études de nuages du peintre John Constable qui imite le mouvement et le retranscrit. Il décrit cet instant de cette manière :

«AH of a sudden it hit me – if there was such a thing as composing music, there could be such a thing as composing motion. After an, there are melodic figures, why can’t there be figures of motion7»1

(1 « Soudain, je réalisai : s’il est possible de composer de la musique, alors pourquoi ne pas composer du mouvement? Après tout, il existe des figures mélodiques. Pourquoi n’y aurait-il pas aussi des figures cinétiques ? »)

doodles

Il commence à dessiner le mouvement sous forme de petites notes, de dessins improvisés ou <doodles> comme il aime les désigner. Au début des années 1920, Lye séjourne plusieurs mois dans les îles Samoa où il entre en contact avec les richesses culturelles des populations indigènes. Le carnet de croquis Totem and Taboo Sketchbook, transcription de Totem et Tabou de Sigmund Freud, voit le jour durant son séjour à Sydney entre 1922 et 1926. Sur les pages de gauche du carnet, il dessine des objets provenant de diverses cultures

– des Maoris de son pays natal, la Nouvelle-Zélande, des aborigènes d’Australie, des populations des Samoa et d’Afrique – et des ceuvres d’artistes constructivistes russes qui lui semblent proches d’un point de vue esthétique et du contenu. À travers son regard dépourvu d’eurocentrisme, il crée à l’époque une ceuvre sans égal qui établit un rapport entre les objets de différentes cultures, sans hiérarchisation ni classement.

Londres – <Direct films>
En 1926, Lye arrive à Londres. Bientôt, sa première ceuvre filmique voit le jour – aux côtés de peintures à travers lesquelles il explore souvent son subconscient et de batiks jouant avec l’univers formel de cultures étrangères – et pose les fondements de son succès comme cinéaste expérimental. Tusalava, film d’animation où des figures et des formes abstraites entrent en contact et se mêlent pour ne former plus qu’une entité, est présenté pour la première fois en 1929. Ce film de 10 minutes accompagné d’une musique live de Jack Ellitt (malheureusement égarée aujourd’hui) connaît un fort retentissement dans les milieux artistiques influencés par le surréalisme que fréquente Lye.


Dans le milieu des années 1930, il réalise les <direct films>. Pour ce faire, il intervient directement sur le support pelliculaire (en le peignant et en écrivant dessus) et contribue ainsi à l’émergence de la technique de l’animation sans caméra
.A Color Box (1935) est un film publicitaire pour la Poste britannique
réalisé en couleur et accompagné de musique de danse cubaine.
S’ensuivent d’autres films pour différentes entreprises qui touchent
un très large public grâce à leur diffusion au cinéma sous la forme de spots publicitaires. À l’époque, associer un film en couleur abstrait à une musique moderne présentait un aspect révolutionnaire qui a contribué, à juste titre, à la renommée de Lye comme l’inventeur du clip musical.

New York
Durant la Seconde Guerre mondiale, Lye se met au service de la propagande britannique et produit des films aboutis à l’instar de Kill or Be Killed (1942). À partir de 1944, il s’installe à New York où il poursuit dans un premier temps sa carrière de cinéaste expérimental. En 1947, il réalise une série de photogrammes. Il s’agit de portraits dans lesquels il applique à la photographie le concept du film sans caméra. Rhythm (1957) est l’un des films les plus radicaux de sa période new-yorkaise. Il y montre le fonctionnement d’une usine automobile américaine selon un rythme cadencé auquel il adjoint des percussions africaines, le tout s’apparentant à une danse de la technologie. Dans Rhythm, et plus encore dans Free Radicals (1958/1979), il utilise la technique de grattage de la bande amorce qui confère à ces films une atmosphère brute.

Tangibles & autres sculptures cinétiques de Lye
À la fin des années 1950, Lye se consacre à la sculpture cinétique et met rapidement au point des concepts pour environ 20 sculptures dites Tangibles. Actionnées par des moteurs électriques, elles exécutent des séquences de mouvements programmés reposant sur des principes simples comme la rotation d’un buisson de tiges en acier ou l’oscillation d’une immense tôle d’acier.

Avec ces sculptures, Lye capte l’air d’une époque en quête d’un art nouveau, de machines et de mouvement. Dès 1961, il parvient à présenter ses machines au Museum of Modern Art de New York à l’occasion d’une conférence-performance dans laquelle il livre ses réflexions sur la sculpture-machine programmée. Par ailleurs, Lye considère ses sculptures comme des modèles réduits destinés à être agrandis. Cependant, en raison d’un manque de connaissances techniques et de moyens financiers, la plupart de ces idées ne dépassent pas le stade de projet, même s’il exprime sa volonté de modifier la taille de ses sculptures sur tout à travers les dessins pour Sun, Land and Sea (1965), dont la réalisation ne touchera à son but que plusieurs années après sa mort en 1980.

Il ne faut pas sous-estimer l’apport de Lye à l’art cinétique des années 1960. Son intention de créer un art entièrement nouveau à l’aide de sculptures-machines programmées a ouvert la voie à quantités de choses qui nous semblent aujourd’hui évidentes et familières – dans le champ de l’art cinétique, mais surtout dans les domaines du land art et de l’installation pour lesquels Lye a joué un rôle pionnier.

Son œuvre aujourd’hui
Len Lye meurt en 1980. Se sachant condamné par la maladie, il avait créé une fondation pour l’ensemble de son œuvre et avait fait en sorte que son œuvre posthume revienne sur ses terres natales en Nouvelle-Zélande où elle est conservée et étudiée jusqu’à aujourd’hui au sein de la Govett-Brewster Art Gallery à New Plymouth. La Len Lye Foundation s’attache à préserver son œuvre et peut concevoir, dans le respect de la volonté de l’artiste, des répliques de ses œuvres cinétiques afin de rendre accessible au jeune public d’aujourd’hui ses sculptures-machines programmées.

Commissaire de l’exposition: Andres Pardey

Catalogue
Dans le cadre de l’exposition paraît un catalogue en trois volumes consacré à l’œuvre de Len Lye: un livre compilant des textes rend compte de l’état actuel de la recherche sur Lye, un second contenant des illustrations présente les œuvres de l’exposition à travers plus de 300 reproductions en couleur, et un troisième reproduit le Totem and Taboo Sketchbook sous forme d’un fac-similé et le rend ainsi accessible dans son intégralité à un large public.

Musée Tinguely I Paul Sacher-Anlage 1 l 4002 Bâle
Horaires
Du mardi au dimanche 11 – 18h

Fermé le lundi

Accès
Gare centrale de Bâle CFF / Gare SNCF :
tram no. 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz »,
puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à « Tinguely Museum ». 

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Auteur elisabethPublié le 1 novembre 2019Catégories Art, Arts plastiques, Cinéma, Conférence, Dessin, Etranger, Musique, Photographie

MIROIRS, reflets de l’être humain

MIROIRS, reflets de l’être humain

La déesse du Soleil Amaterasu sortant de la grotte
Kazu Huggler (née en 1969) 2019 Installation

Jusqu’au 22 septembre 2019 au musée Rietberg de Zurich
commissaire, Albert Lutz, directeur du Musée depuis 1998

« Miroirs, personne, jamais encore, n’a décrit sciemment ce que
vous êtes dans votre essence » Rilke, Sonnets à Orphée, II , 3.

Musée Rietberg exposition Miroirs

Intitulée Eternity now,  œuvre de la plasticienne helvète Sylvie Fleury,
est un immense rétroviseur posé sur la pelouse qui permet une saisissante vision de la Villa Wesendonck et de son parc, où est installé le Museum Rietberg, qui débute l’exposition à l’extérieur.

L’exposition commence à l’intérieur,  inévitablement par le mythe antique de Narcisse. L’histoire de ce jeune homme qui tombe amoureux de son reflet dans l’eau, mais qui, prenant conscience que cet amour est vain et dépérissant de jour en jour, finit par mourir de désespoir, a enflammé l’imagination des créateurs pendant des siècles: le mythe de Narcisse est un thème récurrent dans la littérature, la philosophie, l’art et la psychologie, à chaque fois qu’il est question d’un amour immodéré de sa propre personne, de la vie et de la mort et de l’estime de soi.                           
marbre de John Gibson

« De quoi ai-je l’air aujourd’hui? Qu’est-ce que me dit mon visage? »

Jour après jour, le miroir est l’instance qui nous permet de vérifier
notre aspect et de capter notre état d’âme. Il nous accompagne
durant toute notre vie, et nous entretenons avec lui une relation
intime, même si elle est parfois machinale et distanciée, aimée ou
haïe.
Mais au fait, que savons-nous de lui, de son histoire et de son
utilisation, et que raconte le miroir sur nous-même?

Orphée, Tokyo Rumando

Cette exposition est la plus vaste jamais présentée sur l’histoire
culturelle du miroir, qui s’étend sur plusieurs millénaires.
Que ce soit dans l’Egypte ancienne, chez les Mayas du Mexique,
au Japon ou en Italie, plus précisément à Venise, mais aussi dans
l’art et les films actuels – d’un bout à l’autre de la planète,
des miroirs ont été fabriqués dans toutes sortes de civilisations
et se sont vus attribuer des significations et des pouvoirs particuliers.

A l’aide de 220 oeuvres d’art provenant de 95 musées et collections du monde entier, l’exposition met en lumière l’évolution artisanale et technologique mouvementée ainsi que la portée culturelle et sociale de cet intermédiaire qui nous renvoie notre propre reflet. Il est question du miroir en tant qu’artefact, mais aussi de connaissance de soi, d’orgueil et de sagesse, de beauté, de mystique et de magie, ainsi que du miroir de notre époque – le « #selfie ».

Florence Henri
Sur le net, sous tous les hashtags possibles, on peut voir des millions de selfies pris à bout de bras. Si l’on saisit « miroir et selfie » dans un moteur de recherche, on se retrouve en face de photos de femmes et d’hommes qui prennent la pose dans le lieu le plus intime de leur vie privée, la salle de bains, et divulguent ces images dans le monde entier sous le mot-dièse #bathroomselfie.

Sur la voie de la connaissance de soi
Les nouveau-nés et les nourrissons s’intéressent déjà très tôt aux visages. Le visage de la mère, sa première personne de référence, est pour l’enfant son « premier miroir ». Tous deux s’imitent mutuellement, chacun reflétant les traits du visage et les émotions de l’autre. Dans un premier temps, les tout-petits interagissent avec leur reflet comme ils le feraient avec un vis-à-vis « inconnu ». Ce n’est qu’à peu près à l’âge de 18 mois que les enfants se reconnaissent eux-mêmes dans le miroir. Peu à peu, ils développent également la faculté de prise de conscience de soi en tant qu’objet et de réflexion à ce sujet.
Le philosophe grec Socrate ne recommandait-il pas à ses élèves de se regarder dans un miroir pour méditer sur la beauté et la fugacité et cultiver leur propre âme…

 Michelangelo Pistoletto, L’Etrusco.

CHANGEMENT D’IDENTITÉ
Je est un autre
Dans la célèbre formule d’Arthur Rimbaud – Je est un autre –,
le poète se considère comme un voyant, qui se transcende
lui-même et qui, s’affranchissant de sa propre personnalité,
devient un autre, et pénètre ainsi dans les domaines inconnus
de l’imagination.
.Miroir-lièvre (Hasenspiegel)
Cette oeuvre de Markus Raetz se réfère à une action de l’artiste
allemand Joseph Beuys réalisée en 1965 et intitulée:
Wie man dem toten Hasen die Bilder erklärt
(«Comment expliquer la peinture à un lièvre mort»).
La silhouette du lièvre réalisée en fil de fer reflétée dans le miroir
devient celle de quelqu’un d’autre – le profil de Joseph Beuys.

Marianne Brandt

L’exposition montre des oeuvres de vingt artistes, dont des photographes, provenant de quatre continents, sur le thème de l’« autoportrait » – des années 1920 à aujourd’hui. Cette série comprend des photographies de Claude Cahun et de Florence Henri, de Cindy Sherman et Nan Goldin, jusqu’à Amalia Ulman et Zanele Muholi, des vidéos de Bill Viola, d’Albert Lutz.  Des extraits de films – des monologues d’hommes se parlant devant le miroir ou des cowboys tirant dans un miroir – constituent un programme contrasté à la fois savoureux et qui mérite réflexion.

Zanele Muholi

de Niro

Ce tour du monde à travers l’histoire du miroir auquel nous invite l’exposition commence par un miroir en bronze égyptien du XIXe s. av. J.-C., que, selon l’inscription, un père avait fait fabriquer pour sa fille
« afin qu’elle puisse y regarder son visage ». Elle nous conduit en Grèce et en Italie, plus précisément à Rome, chez les Etrusques, les Celtes, puis en Asie, en Iran, en Inde, en Chine et au Japon. Des pièces singulières provenant du Museo Nacional de Antropología de Mexico laissent deviner le pouvoir numineux des miroirs chez les Mayas et les Aztèques. Quant aux miroirs grecs, romains ou étrusques, leur revers est orné de représentations artistiques de femmes se baignant ou se coiffant. L’exposition montre à ce sujet des chefs-d’oeuvre du Louvre, à Paris, et du Metropolitan Museum de New York.

Miroirs Rietberg

Magie et mysticisme
Le miroir peut aussi être obscur et mystérieux. Dans de nombreux
genres cinématographiques, les metteurs en scène ont recours à
des miroirs pour annoncer l’avenir ou dévoiler le passé; parfois,
la mort rôde derrière le miroir, il rend visible l’invisible. L’art du surréalisme, de Salvador Dali à Paul Delvaux, utilise le miroir pour
suggérer des phénomènes insondables, incompréhensibles ou
secrets.
L’exposition présente aussi un incroyable costume de chaman,
le plus vieil exemple au monde, provenant de Sibérie auquel
sont suspendus des miroirs en laiton. Le parcours se termin
avec l’histoire d’Alice traversant le miroir, illustrée par une
oeuvre majeure de Michelangelo Pistoletto.(ci-dessus)

Paul Delvaux, Femme au Miroir 1936

Interaction
Des extraits de certaines des scènes les plus célèbres de l’histoire
du cinéma où le miroir joue un rôle sont présentés dans une vaste
projection : l’entrée dans le monde des Enfers, tirée du film
Orphée de Jean Cocteau, le final grandiose de La Dame de Shanghai
d’Orson Welles, la scène du peep-show de Paris Texas de Wim Wenders
ou quelques autres tirées de In the Mood for Love; de Wong Kar-Wai.

Le narcisse suisse clôture l’exposition que l’on quitte avec regret, tant elle
est intelligente, riche en découvertes.

Narcisse suisse, Paul Camenisch 1944

Musée Rietberg
Les arts du monde à Zurich
Gablerstrasse 15
8002 Zurich
Suisse

Horaires
Lundi fermé
Mardi jeudi vendredi samedi dimanche 10–17h
Mercredi 10–20h

Accès tram 7 depuis gare CFF, arrêt Musée Rietberg
direction de «Wollishofen»

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Auteur elisabethPublié le 27 août 201928 octobre 2019Catégories Art, Arts plastiques, Cinéma, Dessin, Etranger, Photographie, spectacles, Vidéo, Voyages

Céleste Boursier-Mougenot

Céleste Boursier-Mougenot

Jusqu’au 22 septembre 2019 à la Fondation François Schneider
Céleste Boursier-Mougenot  : LIQUIDE LIQUIDE voir la vidéo
du vernissage

Que d’eau, que d’eau ! non rien à voir avec la citation de Patrice de Mac Mahon,
Liquide, liquide est dans le droit fil, du sujet de prédilection de la
Fondation : le thème de l’eau.
Figure majeure de la scène artistique française et internationale, Céleste
Boursier-Mougenot répond à la carte blanche proposée par la Fondation
François Schneider.
Lartiste qui représentait la France à la Biennale de Venise en 2015, s’empare avec une poésie au couteau de l’entièreté du centre d’art et imagine in situ un ensemble d’installations visuelles et sonores qui déroute le visiteur. La circulation habituelle est inversée pour créer un parcours qui remonte des profondeurs du bâtiment à son faîte.
Les matières coulent, s’échappent, se répandent. Des terrasses de la fondation jusque dans ses entrailles, le verre, l’eau, le minéral sont déployés. À la fois minimale et sophistiquée, l’oeuvre de
Céleste Boursier-Mougenot, artiste et compositeur est une savante
fusion entre science et fiction.
Précurseur de rencontres improbables du Vivant avec des objets manufacturés qui peuplent notre monde et auxquels il accorde un supplément d’âme,
Céleste Boursier-Mougenot façonne ses oeuvres hybrides avec la
maîtrise d’un artisan et «l’irrationalité» d’un  ingénieur.
Il tire de son expérience dans le théâtre une mise en scène subtile
de l’espace. Estimant que trop de bruit visuel sape
l’expérience de l’écoute, il recompose une parade sensorielle et aérienne
au coeur du centre d’art, où le visiteur devient tour à tour funambule, baigneur, cosmonaute…
En choisissant pour titre Liquide Liquide, écho au fameux groupe post-punk New-Yorkais des années 1980, Céleste Boursier-Mougenot donne le ton à l’exposition estivale de la Fondation : vibrante, alternative et libre.

Marie Terrieux directrice de la Fondation et Céleste Boursier-Mougenot

Parcours de l’exposition :
Plex3
L’accès se fait par l’extérieur, en contrebas de la Fondation, en suivant un chemin parsemé de bulles blanches. Accueilli par un guide vous pénétrez dans un étrange couloir inondé, dans l’obscurité. Des images se déforment sur les murs, vos compagnons se détachent dessus en ombres chinoises, un son qui s’amplifie, un parcours accidenté . La promenade se veut oedipienne, introspective. Je n’ai pas du me sentir très à l’aise dans le ventre maternel, car je n’ai eu qu’une hâte de me sortir de ce mauvais pas, sans tomber dans l’eau et me fouler un membre.

Plex3

Le Piano oo
Céleste Boursier-Mouginot combine le fruit de ses expériences passées pour réaliser 00. Dans une lente chorégraphie en forme de 8 , la trajectoire du piano se dilate et se rétracte au fil du vent capté par une girouette (que vous apercevrez si vous allez jusqu’à la terrasse). Il résume le mouvement des bols de clinamen qui naviguent dans le bassin entre les 2 hémisphères. Ponctuée de pauses au gré desquelles des sons émis par la porcelaine sont rejoués en écho, au grand plaisir des enfants qui tentent de le suivre.

00.2019

la plage
20 tonnes de verre  calcin blanc et répartie s en couche de 5 cm, sur 300 m
C’est une étendue de verre transparent fixée au sol, telle des critaux, du sel pétrifiéou de minuscules morceaux de banquise éclatée. Ses éclats évoluent avec la lumière naturelles et les conditions climatiques. Jeu en tre le paysage intérieur et extérieur, pont entre les jardins et le bâtiment. Le visiteur est invité à y marcher (à ses risques et périls) pour écouter le crissement sous ses pas ou l’écho provoqué par son déplacement.
(talons aiguille déconseillés)

la plage Céleste Boursier-Mougenot

Clinamen : XVIIe siècle. Mot du latin classique clinamen signifiant « déviation, inclinaison », dérivé de clinare :
« incliner ». Dans le système d’Épicure et de Lucrèce, ce terme désigne la déclinaison d’un atome qui, tombant
dans le vide, se joint à un autre atome pour former un corps.
(Source : définition du Centre Nationale de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL).
Sur la notion de déclinaison, thème central dans l’oeuvre de Céleste Boursier-Mougenot, clinamen questionne l’épuisement des possibilités d’un matériau. Fil conducteur de la pensée et de l’oeuvre de l’artiste, il interroge le dépassement de l’imagination et crée des dispositifs où les matériaux et les objets échappent à leurs fonctions.
clinamen v.6 se compose d’un grand bassin de 6,5 mètres de diamètre, empli d’eau avec un ensemble d’une centaine de récipients de porcelaine blanche immergés. Les bols évoluent sur la surface, s’entrechoquent et
tintinnabulent. L’installation captive les visiteurs et invite à la sérénité, au rêve. Sous l’effet d’un léger courant, les bols sont en mouvement. D’une simplicité apparente, le dispositif se substitue à une partition de musique.
Pivot central dans le bâtiment, les oeuvres et installations de Liquide Liquide s’articulent, se déclinent et se meuvent
en constellations de part et d’autre de cette géométrie parfaite.

clinamen

torrent, 2019.
Conçu en guise de fil conducteur à la promenade du visiteur, torrent serpente à travers les espaces du centre d’art et lie à la manière d’un cordon les oeuvres du parcours. L’eau chute du toit sur la terrasse extérieure, dans un grand bassin où le visiteur peut patauger et passer par une porte sur la mezzanine. L’eau coule à nouveau sous forme de cascade légère en léchant la grande vitre intérieure de la nef et se répand à chaque étage ainsi que dans les volées d’escalier. Tel un torrent de montagne, son chemin est ponctué d’accidents, de barrages, d’éléments placés sur son passage.

Céleste Boursier-Mougenot torrent

Dans l’auditorium,  réalisé par Enna Chaton, 4 films d’environs 12 mn
sont des actions filmés lors des performances ou d’expositions de l’artiste

Céleste Boursier-Mougenot

Divers évènements à venir à consulter sur le
site de la Fondation François Schneider

Vendredi 14 juin à 20h | Conférence L’eau et ses liaisons hydrogènes de Bénédicte Lebeau – Directeur de recherche à l’Institut de Science des Matériaux de Mulhouse, CNRS – UHA – dans le cadre de la Fête de l’Eau
de Wattwiller
Dimanche 23 juin | Entrée libre au centre d’art et parcours croisé avec la Fête de l’eau
Dimanche 7 juillet à 14h | Visite guidée & atelier famille
Maquette avec Audrey Abraham, artiste
Samedi 3 août à 20h | La Nuit Céleste –
Programme spécial pour la nuit des étoiles
Dimanche 4 août à 14h | Visite guidée & atelier famille
Des cliquetis aux tsunamis, ou le voyage poétique de l’eau avec
Stéphane Clor, musicien et artiste
Dimanche 1er septembre à 14h | Visite guidée & atelier famille Ras-le-bol !

Fondation François Schneider
27 Rue de la Première Armée, 68700 Wattwiller

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Auteur elisabethPublié le 10 juin 201926 juillet 2019Catégories Art, Arts plastiques, Cinéma, France2 commentaires sur Céleste Boursier-Mougenot

William Kentridge A Poem That Is Not Our Own

William Kentridge A Poem That Is Not Our Own

Jusqu’au 13 octobre 2019, Kunstmuseum Basel | Gegenwart
Commissaire : Josef Helfenstein
Assistance : Philipp Selzer, Eva Falge

William Kentridge

William Kentridge (né en 1955) compte parmi les figures majeures de l’art contemporain à l’échelle internationale. Depuis plus de trente ans, ce plasticien, réalisateur et metteur en scène associe dans son oeuvre protéiforme différents médias artistiques : film d’animation, dessin,
gravure, mise en scène théâtrale et sculpture.
Dans le cadre d’une exposition d’ensemble au Kunstmuseum Basel | Gegenwart, plusieurs oeuvres de l’artiste sud-africain sont visibles pour la
première fois sur le continent européen.
Élaborée en étroite collaboration avec l’artiste, l’exposition
A Poem That Is Not Our Own met en lumière les thèmes de la migration,
de l’exil et de la procession qui jalonnent son oeuvre aux côtés de dessins
et de films des années 1980 et 1990. Elle montre comment ces thématiques
présentes très tôt dans l’oeuvre dessiné de Kentridge y occupent une place grandissante au fil des années.

William Kentridge

Sa récente oeuvre performative The Head & The Load (2018) illustre bien cette progression.
Après une présentation inédite à la Tate Modern de Londres à l’été 2018,
elle sera visible au Kunstmuseum Basel sous forme d’une installation – une première en Europe. The Head & The Load aborde le rôle peu connu de l’Afrique durant la Première Guerre mondiale à travers une
procession d’un genre tout à fait singulier composée de projections de films, de jeux d’ombre et de silhouettes dansantes. Trois autres oeuvres présentes dans l’exposition explorent le thème
de la procession dans le travail de Kentridge :
les installations vidéo Shadow Procession (1999),
More Sweetly Play The Dance (2015) et Triumphs & Laments (2016) à laquelle est consacrée une salle où sont exposés, pour la première fois en Europe, des dessins et des gravures sur bois.

Kentridge

Conflits politiques et sociaux
Second temps fort de l’exposition, les conflits politiques et sociaux en Afrique du Sud et en Europe auxquels Kentridge porte un intérêt dès ses premiers films et dessins. Une salle d’exposition consacrée à l’abondant travail de Kentridge en tant que réalisateur et scénographe
présente un film documentaire aux côtés de décors scéniques de la pièce de théâtre Sophiatown (1986–1989).
Réunis pour la première fois en Europe, ces panneaux se distinguent
par leur grand format et leurs couleurs terreuses. Fruit d’une collaboration entre l’artiste et la Junction Avenue Theatre Company, cette pièce de théâtre traite de la démolition brutale de Sophiatown, haut lieu culturel de Johannesbourg, et du déplacement forcé de ses résidents entre 1955 et 1959.

Kentridge Sophiatown

Dans son oeuvre dessiné de jeunesse, Kentridge explore l’histoire souvent violente de l’Europe à partir d’une perspective sud-africaine. L’exposition rassemble des oeuvres sur papier exemplaires et marquantes provenant de collections d’Afrique du Sud réalisées pour la plupart avant la fin de l’apartheid. Elles témoignent de l’approche achronologique de Kentridge qui répond aux événements et aux anomalies de la société sud-africaine sous l’apartheid à l’aide de procédés artistiques datant du début du XXe siècle.

Kentridge

Drawings for Projection et Drawing Lessons
En 1985, William Kentridge produit l’un de ses premiers films d’animation intitulé Vetkoek/Fête Galante. Par la suite, il met au point la « poor man’s animation », une technique filmique élaborée à partir de photographies de dessins au fusain et de collages. Cette méthode donne notamment naissance à Drawings for Projection (1989–aujourd’hui), célèbre série de films en 35 mm. Ces épisodes animés mettent en scène deux personnages, Soko Eckstein et Felix Teitelbaum, dotés de traits semblables à ceux de Kentridge. Outre le lien topographique avec Johannesbourg – sa ville de naissance –, l’artiste s’appuie sur ces personnages comme toile de fond pour expliquer l’ambivalence de l’Afrique du Sud contemporaine.

William Kentridge

À travers de courtes séquences tournées dans l’atelier de William Kentridge, Drawing Lessons (2009–aujourd’hui), série de films expérimentaux entamée ultérieurement, montre la manière dont l’artiste s’amuse à questionner l’art avec humour. Une caméra immobile orientée sur une partie de son atelier détermine le cadrage de la plupart des Drawing Lessons.

Kentridge

La première Drawing Lesson bâloise (Drawing Lesson No.50) intitulée In Praise of Folly (2018) fait référence à la thèse satirique du même nom rédigée en 1509 par Érasme de Rotterdam dans laquelle il critique l’Église catholique. Le savant humaniste entretient un lien étroit avec la ville de Bâle en enseignant notamment au sein de son université. In Praise of Folly présente au second plan des croquis de Kentridge évoquant le Portrait d’Érasme de Rotterdam de Hans Holbein qui figure au sein de la Öffentliche Kunstsammlung Basel. On identifie également des croquis d’autres oeuvres connues de la collection bâloise – celles de Pablo Picasso, Paul Klee ou Matthias Grünewald –, autant de sources d’inspiration artistique qui ornent l’atelier de Kentridge telles des icônes. À la lumière de ces oeuvres, In Praise of Folly aborde l’histoire de l’art et ses figures tutélaires auxquelles les artistes d’aujourd’hui empruntent leurs inspirations.

Kentridge

L’exposition William Kentridge. A Poem That Is Not Our Own est répartie sur trois niveaux du Kunstmuseum Basel | Gegenwart ainsi que dans certaines salles du Kunstmuseum Basel | Hauptbau et Neubau.

Dans le cadre de l’exposition, un catalogue paraît. Il réunit des textes de William Kentridge, Josef Helfenstein, Ute Holl et Leora Maltz-Leca.

Voir ici la vidéo du vernissage TV

  • 47 x 66,5 cm; Charcoal on found ledger pages
  • 62 x 46,5 cm; Charcoal on found ledger pages
  • 100 x 160 cm; Charcoal, pastel and red pencil on paper

Kunstmuseum Basel | Gegenwart

Lundi  fermé
Ma–Di  11.00–18.00

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Auteur elisabethPublié le 8 juin 201926 juillet 2019Catégories Art, Arts plastiques, Cinéma, Dessin, Etranger, Photographie

Rebecca Horn

Rebecca Horn

Jusqu’au 22.9.2019 au Musée Tinguely de Bâle

Le Centre Pompidou-Metz et le Musée Tinguely de Bâle font
résonner de façon concomitante, à partir de juin 2019 deux
expositions consacrées à Rebecca Horn
.
Elles offrent des perspectives complémentaires sur l’une des artistes les plus singulières de sa génération.
Théâtre des métamorphoses à Metz
explore les processus de métamorphose, tour à tour animiste,
surréaliste et machiniste et le rôle de matrice qu’a pu avoir sa
pratique cinématographique, véritable mise en scène de ses
sculptures. À Bâle, les Fantasmagories corporelles associent les
premières réalisations performatives et les sculptures cinétiques
plus tardives, soulignant ainsi les développements au sein de son
travail pour mettre l’accent sur les processus d’altération
corporelle et de transformation des machines.

Rebecca Horn, Measure Box, 1970
Photography
Staatsgalerie Stuttgart
© 2019: Rebecca Horn/ProLitteris, Zürich

« Tout est imbriqué. Je commence toujours par une idée, une histoire qui évolue vers un texte, puis du texte viennent des croquis, ensuite un film, et de tout cela naissent les sculptures et les installations ».

Rebecca Horn –
Rebecca Horn

Féministe ? on ne peut s’empêcher de penser à Niki de St Phalle, compagne de Jean Tinguely.  Certains des travaux de Rebecca Horn renvoient aux machines de Tinguely, en plus féminin.
Mais surtout elle fait penser à Frida Kahlo, pour le corps, douloureux,
meurtri. À l’adolescence, Rebecca Horn suit les cours de la Hochschule für bildende Künste Hamburg de Hambourg, puis en 1964, elle s’installe momentanément à Barcelone, où elle attrape une infection pulmonaire. Elle doit passer un an dans un sanatorium : cette expérience de l’isolement total et de la souffrance est déterminante dans l’orientation de son œuvre.

 

Rebecca Horn

Le travail de Rebecca Horn s’inspire constamment du corps et des mouvements du corps. Dans ses premières œuvres performatives des années 1960 et 1970, cela se manifeste par le recours à des objets qui, en tant qu’extensions corporelles, ouvrent sur de nouvelles expériences perceptuelles tout en ayant un effet restrictif. À partir des années 1980, l’artiste créé alors surtout des sculptures cinétiques et des installations de plus en plus vastes qui prennent vie grâce au mouvement. Le corps agissant est remplacé par un acteur mécanique. Ces processus de transformation entre corps augmentés et machines animées, qui traversent l’œuvre de Rebecca Horn depuis presque cinq décennies, constituent le cœur de l’exposition à Bâle : des œuvres performatives y jouxtent des sculptures-machines plus tardives pour illustrer le déploiement des motifs du mouvement dans le travail de l’artiste.
Cette exposition bâloise, articulée en plusieurs histoires, retrace ainsi une évolution artistique comme « autant d’étapes dans un processus de transformation » (Rebecca Horn) à partir de quatre thèmes et montre la continuité de son travail.
« Mes performances ont commencé par des sculptures corporelles. Tous les mouvements de départ étaient les mouvements de mon corps et de ses extensions. »

Rebecca Horn

Battre des ailes

Une première série d’œuvres débute avec la performance Weisser Körperfächer (1972), dans laquelle Rebecca Horn reprend la fascination ancestrale des humains pour les créatures ailées ou à plumes. Avec des ceintures, elle a fixé sur son corps une paire d’ailes semi-circulaires en toile blanche qui se déploient en levant les bras. Un film documente les expériences motrices qu’elle a réalisées avec cet instrument corporel : l’ouverture et la fermeture, le contrôle des ailes dans le vent, les formes de dissimulation et de dévoilement. Ces modèles de mouvements, Rebecca Horn les a prolongés dans une série de sculptures, comme la Paradieswitwe (1975) qui enveloppe un corps nu, Die Pfauenmaschine (1981) qui fait la roue, le Hängender Fächer (1982) ou la roue de plumes Zen der Eule (2010).

Rebecca Horn Paradieswitw

Circuler

Différentes formes de circulation sont thématisées dans une deuxième partie de l’exposition. L’œuvre centrale est là Überströmer (1970) qui présente l’être humain comme une structure hydromécanique. Lui fait face l’installation El Rio de la Luna (1992) qui prolifère dans l’espace avec un système de tuyaux et dans les « chambres cardiaques » desquelles le mercure est actionné par des pompes. Tandis que, dans le premier cas, le mouvement interne de la circulation sanguine est déplacé vers l’extérieur, dans le second, la visualisation des flux d’énergie émotionnelle est pour Rebecca Horn au premier plan.

Rebecca Horn Überströmer

Rebecca Horn El Rio de la Luna (1992)



Inscrire

Des lignes tracées et des marques de couleur sont toujours aussi les traces de mouvements physiques. Elles constituent ainsi un autre ensemble thématique de l’exposition. Ce motif est présenté à partir Bleistiftmaske (1972), un outil porté sur la tête qui transforme le corps en une machine rythmique à dessiner. L’artiste poursuit de façon systématique l’exploration de ce thème dans des machines à peindre automatisées, dont deux types différents sont montrés ici. Les marquages y sont toujours l’expression d’émotions et de passions. Le dessin comme inscription du corps et du psychisme est repris enfin dans les travaux sur papier grand format de la série Bodylandscapes (2004-2005).

Bleistiftmaske

Tâter

Un dernier champ thématique porte sur l’extension des mains et des pieds. Avec Handschuhfinger (1972), l’artiste explore ainsi son environnement en le palpant avec des tentacules. Elle poursuit l’étude de ce sujet dans ses œuvres cinétiques tout en recourant sans cesse à des objets quotidiens tels que pinceaux, marteaux ou escarpins. Les machines à écrire avec leurs claviers sont elles aussi des instruments qui prolongent nos doigts. Rebecca Horn les utilise d’ailleurs dans plusieurs installations, dont La Lune Rebelle (1991) œuvre majeure exposée à Bâle. Les travaux de cette série donnent également une vision sociologique de la machine comme prothèse en rassemblent notamment des objets considérés comme féminins.

« Pour moi, ces machines sont animées, elles agissent, elles tremblent, elles frissonnent, elles s’évanouissent et s’éveillent soudain à une nouvelle vie. Ce ne sont en aucun cas des machines parfaites. » RH

Rebecca Horn

Un catalogue richement illustré avec des contributions de Sandra Beate Reimann, Antje von Graeventiz, Stefan Zweifel et al. paraît au Verlag für moderne Kunst :
ISBN (allemand) : 978-3-9524759-6-6
ISBN (anglais) : 978-3-9524759-7-3

Commissaire de l’exposition : Sandra Beate Reimann
6 juin 2019, 18h15
Projections au Stadtkino de Bâle
les films suivants de l’artiste seront présentés :

Der Eintänzer, 18h15, 14 CHF, en angalis, 
La Ferdinanda, 20h15, 17 CHF, en allemand

Heures d’ouverture
Du mardi au dimanche 11 – 18h
Fermé le lundi

Accès
Gare centrale de Bâle CFF / Gare SNCF : SBB
tram no. 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz »,
puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à « Tinguely Museum ». 

Oeuvre in situ Rebecca Horn

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Auteur elisabethPublié le 5 juin 20195 juin 2019Catégories Art, Arts plastiques, Cinéma, Etranger, Photographie

Clément Cogitore

Clément Cogitore (site) (* 1983, Colmar), le
Kunsthaus Baselland
présente la première exposition
personnelle en Suisse, de l’actuel lauréat
du Prix Marcel Duchamp 2018.
Exposition en deux temps.

Dans son travail, qui prend de l’ampleur au fil des ans,
le cinéaste et photographe français discute en détail
de la question du rôle des images issues de la publicité,
du divertissement, des réseaux sociaux ou même des rituels,
des secrets et des mondes illusoires, qui jouent un rôle actif
dans la construction des modes de vie.
Clément Cogitore, nous accueille avec une photographie
minimaliste,
(Photographie, C-print contrecollé sur aluminium, 110×60 cm
Courtesy de l’artiste, de la galerie Eva Hober (FR)
et de la galerie Reinhard Hauff (DE))
une fenêtre (romane ?) qui préfigure sa curiosité et son
esprit ouvert porté sur l’observation du monde,
son goût pour l’iconographie religieuse, le théâtre, le baroque.
Conteur, poète, manipulateur, cet ancien pensionnaire de la
Villa Médicis, aime confronter et mélanger le passé et le présent.


Puis avec Élégies, 2014 (vidéo)
(Vidéo HDCAM – couleur – 6 min
Courtesy de l’artiste, de la galerie Eva Hober (FR)
et de la galerie Reinhard Hauff (DE))
nous sommes plongés dans une ambiance étrange, signe
des temps, les téléphones ont remplacés les briquets.
Des centaines de petits écrans lumineux flottent au-dessus
d’une marée humaine : le public d’un concert (secret)
photographie à l’aide de téléphones portables une scène hors-champ.
Comme les sous-titres d’un chant absent, ou de la voix intérieure
d’un narrateur invisible, des vers des
“Elégies de Duino” de R.M Rilke rythment ce gigantesque
élan collectif aux airs de liturgie numérique.
Puis dans un court film couleur qui tourne en boucle de 45 secondes
Sans titre
(Courtesy de l’artiste, de la galerie Eva Hober (FR) et de la galerie
Reinhard Hauff (DE))
Le matériel de départ pour cette vidéo est un plan d’archive
de la grotte Lascaux réalisé dans les années 1980.
Ce court film montre des fresques aujourd’hui disparues ou
gravement dégradées par les champignons. Ces images sont
ensuite projetées dans une petite serre contenant une centaine
de papillons de différentes tailles avec un écran disposé au fond.
Les ailes des papillons se déploient dans la lumière du faisceau
de projection, pour accrocher l’image film au rythme de leur
battement, saisi par la pellicule. Dans cet étrange bestiaire ou
cohabitent traces et images de prédateurs millénaires et insectes
éphéméroptères, plusieurs temporalités s’entrechoquent.
extrait du texte de
Léa Bismuth, Critique d’art et commissaire d’exposition
Digital Désert


Courtesy de l’artiste et de la galerie Eva Hober.
Pour cette série, l’artiste nous propose une nature morte,
déposée en plein-air. Les différentes photographies nous
rapprochent plus ou moins des éléments photographiés.
On y découvre alors le dépôt au sol d’uniformes militaires,
dans un environnement désert. Inspiré du motif militaire
de camouflage américain « digital desert », Clément Cogitore
confond la matière des uniformes et celui du paysage.
Puis, ils se distinguent finalement par l’agrandissement du
grand format, capable de confondre la matière du paysage
et des vêtements dans une surface indéterminée constituée
des pixels.
Il interroge ainsi les questions de la visibilité
et de camouflage grâce à une représentation d’un conflit
moderne et non une image documentaire.
Le motif des uniformes militaires permet aux soldats
de ne pas être repérés par les drones.

GHOST_HORSEMAN_OF_THE_APOCALYPSE_IN_CAIRO
_EGYPT, 2017
Il s’agit d’une photographie de foule réunie sur la Place Tahrir,
lors de la révolution égyptienne qui symbolise à elle seule cette
capacité que possède le cerveau humain à créer ses propres récits
et narrations. Cette image, capture d’écran tirée d’une vidéo d’une
chaîne d’informations a circulé sur la toile pendant plusieurs jours
car certains internautes y avaient vu en son centre une figure
trouble, un halo lumineux prenant la forme d’un homme sur
un cheval et devenu soudainement sur les réseaux sociaux le
quatrième cavalier de l’Apocalypse.
La cause est simple et technique : là où certains ont détecté
rapidement un « facteur de flare », illusion optique produite
par une diffusion de la lumière à l’intérieur d’un objectif de
caméra, d’autres ont laissé courir leur imagination, teintée
du plus grand mysticisme.
extrait de Léa Chauvel-Lévy, Critique d’art
Cette image est à l’origine d’une tapisserie confectionnée
par les Tapisseries d’Aubusson, livrée cet été.
Les Indes Galantes

Cette vidéo est une confrontation de plusieurs univers dont
la symbiose offre un univers intemporel. Il s’agit de l’adaptation
d’une partie du ballet Les indes galantes de Jean-Philippe Rameau,
avec le concours de danseurs de Krump et de trois chorégraphes :
Bintou Dembele, Grichka et Brahim Rachiki.
Le Krump émerge aux Etats-Unis à la suite des émeutes raciales
de 1992. Les mouvements du Krump sont des éléments inspirés
des arrestations policières ; pacifique, le Krump est, pour ses créateurs,
un don de Dieu. Déposé sur cette musique baroque, le ballet captive
et envoute le regard.
La première séquence de l’exposition donne un aperçu de son
travail des dernières années avec différentes œuvres,
tandis que dans la seconde partie, à partir de la mi-mai,
sa nouvelle œuvre The Evil Eye, pour laquelle il a reçu
le prix Marcel Duchamp en 2018, fera pour la première fois
l’objet d’une présentation institutionnelle.

Après des études à l’Ecole supérieure des arts décoratifs
de Strasbourg, et au Fresnoy – Studio national des arts
contemporains, Cogitore développe une pratique à mi-chemin
entre art contemporain et cinéma. Mêlant films, vidéos,
installations et photographies son travail questionne les modalités
de cohabitation des hommes avec leurs images.
Il y est le plus souvent question de rituels, de mémoire collective,
de figuration du sacré ainsi que d’une certaine idée de la perméabilité
des mondes.
Clément Cogitore a été récompensé en 2011 par le
Grand prix du Salon de Montrouge, puis nommé pour
l’année 2012 pensionnaire de l’Académie
de France à Rome-Villa Médicis. Ses films ont été sélectionnés
et récompensés dans de nombreux festivals internationaux
(Cannes, Locarno, Telluride, Los Angeles, San Sebastian…).
Son travail a également été exposé et projeté dans de nombreux
musées et centre d’arts (Palais de Tokyo, Centre Georges Pompidou
– Paris, ICA Londres, Museum of fine arts – Boston, MoMA New-York…).
En 2015 son premier long-métrage « Ni le ciel, Ni la terre »
a été récompensé par le Prix de la Fondation Gan, au Festival de
Cannes – Semaine de la critique, salué par la critique et nominé
pour le César du meilleur premier film. La même année il reçoit
le Prix BAL pour la jeune création. L’année 2016, il reçoit le
Prix Science Po pour l’art contemporain et le 18° Prix de la
Fondation d’Entreprise Ricard pour l’art contemporain.
En 2018, le Prix Marcel Duchamp lui est décerné par
l’ADIAF (Association pour la Diffusion Internationale de
l’Art Français).
Pour célébrer son 350ème anniversaire, l’Opéra National de
Paris a confié à Clément Cogitore la mise en scène
de l’intégralité de l’opéra-ballet Les Indes galantes
de Jean-Baptiste Rameau. La première représentation
aura lieu en septembre 2019.
Sur une invitation de José-Manuel Gonçalvès, Clément Cogitore
devient artiste associé au 104 pour l’année 2018-2019.
Le travail de Clément Cogitore est présent dans de nombreuses
collections publiques : Centre Georges Pompidou, Musée national
d’art moderne, Fonds national d’art contemporain, Fonds
d’art contemporain de la Ville de Paris, FRAC Alsace, FRAC
Aquitaine, FRAC Auvergne, MAC VAL, Musée d’art moderne
et contemporain de Strasbourg, Daimler Art collection et
de nombreuses collections privées.
Né en 1983 à Colmar, Clément Cogitore vit et travaille entre
Paris et Strasbourg.
Représenté par la Galerie Eva Hober (Paris) et la
Galerie Reinhard Hauff (Stuttgart)

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Auteur elisabethPublié le 14 février 2019Catégories Art, Arts plastiques, Cinéma, Etranger, Photographie, Vidéo

Bruce Nauman: Disappearing Acts

C’est jusqu’au 26 août au Schaulager de Bâle
Voir ici la vidéo du vernissage
Bruce Nauman (vidéo) est sans doute l’artiste le plus influent
de notre époque.
Le Schaulager de Bâle présente la plus large rétrospective
depuis 25 ans, en collaboration avec le Moma.
C’est l’événement artistique du printemps. C’est la beauté
cruelle de l’art de Bruce Nauman depuis 50 ans. Il analyse
le plaisir et le fardeau de la condition humaine.
L’exposition réunit des œuvres rares avec des œuvres
clés connues. Il propose également une première mondiale
pour découvrir les dernières œuvres de l’artiste :
l’impressionnante sculpture Leaping Foxes (2018)
et la vidéo 3D Contrapposto Split (2017).

Installation view: Bruce Nauman, Leaping Foxes, 2018
 ProLitteris, Zurich, photo: Tom Bisig, Basel

Pour la première fois en Europe, la projection vidéo monumentale
Contrapposto Studies, créée en 2015/2016.
Parallèlement à l’exposition du Schaulager, trois œuvres de
Nauman de la collection Emanuel Hoffmann Foundation
sont présentées au Kunstmuseum Basel.
Que veut dire être un animal social, que veut dire être piégé
dans un cycle éternel de conventions, de schémas de pensées,
de processus maniaco mécaniques.
Prétentieux, existentialiste ?
C’est sûr, mais Bruce Nauman enracine son regard critique
dans l’humour noir, en en faisant un usage immodéré, il l’adoucit.
« Allez-vous en sortez de ma tête et de cette pièce ! »

C’est ce qu’il grogne en direction du visiteur.
La petite salle n’est éclairée que par une ampoule de 10 watts.
on entend une voix qui répète toujours les mêmes mots.
Mais qui peut se permettre ça ? Qui est Bruce Nauman ?
Jetons un coup d’œil.
Bruce Nauman Accession

Dans son travail, il explore des thèmes tels que la langue,
l’espace et la corporéité et explore les structures de pouvoir
et les conventions sociales. Avec sa remise en question persistante
des valeurs esthétiques et morales et des habitudes de voir,
Nauman défie constamment notre perception et notre imagination.
Nauman

C’est BN sur son cheval, c’est un excellent cavalier, il a emporté
son chapeau de cow-boy à Bâle.
Mais devoir venir montrer son œuvre Shaolin à Bâle plutôt
que de rester dans son ranch du nouveau Mexique, bien sûr
il trouve l’expo très bien, mais goûte peu le battage médiatique.
Bruce Norman est quelqu’un de très timide il n’est pas
question d’interview télé.
Installation view: Bruce Nauman, Green Horses, 1988
 © Bruce Nauman / 2018, ProLitteris, Zurich, photo: Tom Bisig, Basel

La conservatrice qui le connaît depuis longtemps :
« à mon avis il s’agit toujours de qui nous sommes dans
quelle mesure on est enraciné
dans cette terre, parfois on
a l’impression de flotter dans les espaces immenses,

et on ne sait pas dans quelle direction on va, si on est sincère
avec sa propre expérience.

Dans les espaces immenses du Schaulager, c’est une sorte
de parcours chronologique qui
est présenté.
Vidéos, sculptures, installations, les célèbres néons,
photographies,
des bruits,
des sons, des croquis,
plus de 170 œuvres
.
La surcharge visuelle est un concept, c’est une stratégie,

l’œuvre exige beaucoup de temps et de dépense physique. »
Bruce Nauman Corridor

La question du temps c’est ce qui nous fait vivre, nous existons
dans le temps, BN nous en fait prendre conscience.
Le temps est un matériau, il s’agit bien de temps et d’espace,
le jeune Bruce Nauman a été un pionnier de l’art vidéo et
de la performance. Dans une boucle éternelle il sort de son
studio où il se promène dans l’une de ses premières
installations « Couloir » (Corridor) Il filme pendant des semaines
son studio vide la nuit, en utilisant la monotonie des images,
ce qu’on croit être le non-sens , le néant, l’absurde. Il aiguise
nos sens fatigués. Une souris qui galope devient un évènement,
puis un chat.
BN est minimaliste, son domaine c’est la répétition infinie
et son modèle avoué c’est Samuel Beckett.
Bruce Nauman

Dans l’œuvre de Bruce Norman rien n’est jamais sûr.
Ce dont il doute le plus ce sont les réponses que l’on nous
donne d’autorité. Ce que veut BN, c’est que le spectateur soit
aux aguets qu’il fasse attention, en pleine conscience, ce sont des
instructions très utile pour ce moment étrange de l’histoire actuelle.
« Fais attention enfoiré »
c’est ce qu’on voit dans le miroir.
Il y a beaucoup de politique dans l’art de BN, mais il ne le dirait
pas ainsi.
Les pensées tourbillonnantes, des têtes coupées, du bétail égorgé,
torturé ou un manège d’ordures d’art animalier et d’art commercial,
penser voilà le plus grand effort de l’art.
Si nous parvenons à rester dans l’ambiguité, sans en être effrayé,
et à comprendre qu’elle nous donne accès à plus de possibilités,
à une autre vérité, nous pouvons vraiment élargir notre
horizon.
Bruce Nauman, the Heads Fontains

Physiquement il faut étendre le champ expérience, c’est ce qui se
passe quand on se glisse dans ce couloir voit on prend la place
du jeune Nauman dans sa vidéo.
Très célèbre aussi ces cages, comment ne pas penser à Guantanamo.
Bruce Nauman nous lance un défi , en temps que citoyen nous devons
rester vigilant, sur nos gardes et résistant.
Installation view: Bruce Nauman, Contrapposto Studies,  2015/2016
 © Bruce Nauman / 2018, ProLitteris, Zurich, photo: Tom Bisig, Basel

On peut spéculer aussi sur sa dernière grande vidéo,
Contrapposto Studies, dont on a pu apercevoir
un projection à Art Basel, ici il se dissout, il se désintègre, se divise
en fragments morbides d’un corps vieilli, à moins qu’il ne célèbre
la force centrifuge anarchique des parties de son corps,
est-ce l’autoportrait d’un artiste insaisissable ?
En tout cas l’exposition est très riche et dense.
Un programme de conférences, de visites
accompagne
l’exposition
Un catalogue en allemand et en anglais.
Schaulager
Ruchfeldstrasse 19
CH-4142 Münchenstein / Basel
T +41 61 335 32 32
F +41 61 335 32 30

Ouverture

Tuesday–Sunday 10 a.m.–6 p.m.
Thursday to 8 p.m.
Closed Mondays
On public holidays (Easter, 1 May, Ascension Day,
Pentecost, 1 August)
10 a.m.–6 p.m.
During Art Basel (11 – 17 June 2018)
Monday–Sunday 10 a.m.–8 p.m.
Wednesday 12–8 p.m.
Entrance tickets
Tickets valid for three visits to Schaulager incl.
one entrance to the Kunstmuseum Basel Collection
(not transferable)
regular CHF 22, reduced CHF 15
Events, guided visits and art appreciation
are included in the ticket price
Online tickets
Print-at-home-Tickets available on starticket.ch
By Train
Take tram no. 11, bound for Aesch Dorf, from the
Basel SBB station to the “Schaulager” stop (approx. 10 min).

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Auteur elisabethPublié le 10 mai 2018Catégories Art, Arts plastiques, Cinéma, Dessin, Etranger, Photographie

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