Matisse, L’Atelier rouge 

A la Fondation Vuitton jusqu'au 9 septembre 2024
COMMISSARIAT
L’exposition a été conçue par Ann Temkin, conservatrice en chef au MoMA - the Marie- Josée and Henry Kravis Chief Curator of Painting and Sculpture - et Dorthe Aagesen, conservatrice en chef au SMK, avec le concours des Archives Henri Matisse.
Présentation à Paris
Commissaire générale
Suzanne Pagé, Directrice artistique de la Fondation Louis Vuitton
Commissaire associé
François Michaud, assisté de Magdalena Gemra

La Fondation, en collaboration avec le Museum of Modern Art (MoMA), New York, et le SMK – Statens Museum for Kunst, Copenhague (Musée national d’art du Danemark), accueille l’exposition « Matisse, L’Atelier rouge », consacrée à la genèse et à l’histoire de ce célèbre chef-d’oeuvre de 1911, l’une des œuvres emblématiques du MoMA depuis son acquisition en 1949. L’artiste y représente son atelier et les peintures, sculptures et objets décoratifs qu’il contient. L’exposition réunit pour la première fois les œuvres présentes dans L’Atelier rouge depuis qu’elles ont quitté l’atelier de Matisse à Issy-les-Moulineaux. Elle s’enrichit de documents d’archive inédits et d’œuvres éclairant le contexte de création et l’aventure de cette peinture.

« L’Atelier rouge, qui a maintenant plus de cent dix ans, est à la fois un point de repère dans la tradition séculaire des peintures d’atelier et une œuvre fondamentale de l’art moderne. »

Ann Temkin

Le cœur de l’exposition est constitué de L’Atelier rouge et de six peintures, trois sculptures et une céramique reproduites dans le tableau, réalisées entre 1898 et 1911.

Certaines sont célèbres, tel Le Jeune Marin (II) (1906) – est exposé en France pour la première fois depuis trente-et-un ans -, d’autres moins connues, comme La Corse, le vieux moulin (1898) ; d’autres encore ont été identifiées récemment. Trois œuvres appartiennent au SMK- Les Baigneuses (1907), Le Luxe (II) (1907-1908) et Nu à l’écharpe blanche (1909) -, tandis que l’assiette peinte par l’artiste en 1907 figurant à l’avant-plan de L’Atelier rouge provient de la collection du MoMA.

                              L’exposition comprend également des œuvres étroitement liées à L’Atelier rouge, tels La Fenêtre bleue (1913) du MoMA et Grand Intérieur rouge (1948) du Mnam/Centre Pompidou, permettant de restituer le parcours complexe du tableau de Matisse et le contexte de son acquisition par le MoMA. Une riche sélection de documents d’archive et de photographies, dont beaucoup n’ont jamais été publiés ou exposés, éclairent l’histoire de l’oeuvre. Enfin, un film présentera les découvertes les plus récentes sur le processus d’exécution du tableau.


L’Atelier rouge de Matisse représente son environnement de travail à Issy-les-Moulineaux. Le tableau a été peint dans la suite des œuvres commandées par Sergueï Chtchoukine, le plus fidèle et le plus audacieux des premiers mécènes de Matisse. Si Chtchoukine acheta immédiatement L’Atelier rose, il refusa d’acquérir L’Atelier rouge. Le tableau resta en possession de Matisse pendant seize ans. Durant cette période, il fut présenté à la deuxième exposition post-impressionniste de Londres en 1912, puis à l’Armory Show à New York, Chicago et Boston en 1913.

Acquisition

L’Atelier rouge est acquis en 1927 par David Tennant, fondateur à Londres du Gargoyle Club où se croisent aristocrates et artistes. Le tableau demeure dans ce club jusqu’au début des années 1940, avant d’être acheté par Georges Keller, directeur de la galerie Bignou à New York. Enfin, en 1949, L’Atelier rouge entre au MoMA. Commence alors sa seconde vie. À partir de 1949, en effet, les artistes de New York et tous ceux qui sont de passage s’arrêtent devant cette peinture dont la nouveauté radicale est soudain redécouverte. Matisse lui-même est revenu à la fin des années 1940 à ce qui faisait la spécificité de l’oeuvre de 1911: son « abstraction » par la présence obsédante du rouge, en dépit d’une description précise des meubles, tableaux et objets que contenait à l’époque son atelier d’Issy-les-Moulineaux. Il conçoit une nouvelle série de peintures prenant pour sujet l’environnement familier du peintre, notamment le Grand Intérieur rouge de 1948, qui rejoint la collection du Musée national d’art moderne en 1950 après avoir été exposé à New York par son fils Pierre Matisse en février 1949. Cette oeuvre est présente dans l’exposition, permettant d’évoquer l’importance de la peinture de Matisse dans les années d’après-guerre, à Paris comme à New York, et la présence de l’artiste au Mnam
comme au MoMA

Le dialogue entre L’Atelier rouge de 1911 et le Grand Intérieur rouge de 1948 sera particulièrement mis en lumière dans l’exposition de la Fondation, montrant à près de quarante ans de distance la relecture par Matisse de ce tableau précurseur au moment où le travail du peintre connaît à nouveau une profonde mutation.

L’Atelier rouge au laboratoire

Comme son titre l’indique, L’Atelier rouge se définit d’abord par le rouge de Venise qui couvre lamajeure partie de sa surface. Cette caractéristique résulte pourtant d’une décision tardive : Matisse appliqua cette couche de rouge sur une peinture presque achevée à la palette très différente. La précédente version du tableau donnait une vision plus naturaliste de l’atelier, dont le sol et les murs étaient de couleurs différentes et les formes du mobilier plus concrètes. Dans cette vidéo, l’équipe scientifique chargée de la conservation et de la restauration des oeuvres au MoMA analyse l’évolution inattendue de l’œuvre.
(film)

Podcast France culture

Informations pratiques

L’APPLICATION DE VISITE

L’Application Fondation Louis Vuitton vous propose des rubriques exclusives pour préparer, pour s’approcher, pour visiter et pour prolonger votre expérience. Découvrez des contenus de visite inédits autour de l’exposition « Matisse, L’Atelier rouge » avec des éclairages des commissaires et des explications approfondies sur les œuvres signalées dans les parcours. Et pour appréhender les œuvres, profitez également des audiodescriptions disponibles dans l’onglet « Approcher ». Disponible en téléchargement gratuit sur l’App Store et sur Google Play

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Réservations
Sur le site : www.fondationlouisvuitton.fr
Horaires d’ouverture
Lundi, mercredi et jeudi de 11h à 20h
Vendredi de 11h à 21h
Nocturne le 1er vendredi du mois jusqu’à 23h
Samedi et dimanche de 10h à 20h
Fermeture le mardi

Accès
Adresse : 8, avenue du Mahatma Gandhi,
Bois de Boulogne, 75116 Paris.
Métro : ligne 1, station Les Sablons,
sortie Fondation Louis Vuitton.
Navette de la Fondation : départ toutes les
20 minutes de la place Charles-de-Gaulle – Etoile,
44 avenue de Friedland 75008 Paris (Service
réservé aux personnes munies d’un billet Fondation
et d’un titre de transport – billet aller-retour de 2€ en
vente sur www.fondationlouisvuitton.fr ou à bord)

Sommaire du mois de juin 2024

Les trente ans de la Filature

18 juin 2024 : Art Basel Édition 2024
9  juin  2024 : Darra, Zahra, Jabal, Younes Rahmoun
9  juin  2024 : Globus et la Fondation Beyeler annoncent un projet d’art public : Julian Charrière, «Cales for Action  »
5  juin 2024  : Mika Rottenberg. Antimatter Factory

Darra, Zahra, Jabal, Younes Rahmoun

Création graphique d’après l’oeuvre de Younes Rahmoun par le studio Constance+Ismaël

A La Kunsthalle de Mulhouse, jusqu’au 27 octobre 2024

Figure majeure de l’art contemporain au Maroc, Younes Rahmoun présente à La Kunsthalle de Mulhouse un ensemble d’oeuvres qu’il articule autour de l’idée de migration.
Entrer dans l’oeuvre de Younes Rahmoun c’est accepter de regarder en soi et de penser ce que nous sommes. Son engagement se situe dans la pensée, son travail s’inscrit dans une quête de formes humbles et transcendantes. Ses
concepts viennent habiter l’espace d’exposition du centre d’art contemporain pour nous questionner sur la notion de déplacement et interpeller nos facultés d’adaptation. Par le langage métaphorique de l’artiste, l’exposition nous interroge :

comment une graine peut prendre racine dans un sol qui n’est pas sa terre d’origine ?

Ses oeuvres sont faites de figures, de métaphores, de signes.
Il créé à partir de gestes, d’objets de préférences modestes, ceux qu’il trouve à portée de main, dans ses espaces de vie et de culture, les gestes qu’il observe ou pratique depuis toujours, les objets qu’il trouve près de chez lui, dans la
médina de Tétouan ou dans les montagnes du Riff. Prélevés et extraits du quotidien, ils deviennent son alphabet à partir du moment où il les isole, les transcende et les investi de sa conception du monde.

                           Younes Rahmoun, Hajar-Dahab (Pierre-Or), 2022.
                           Courtesy de l’artiste et de la galerie Imane Farès.

Darra – L’atome

L’atome est la plus petite partie d’un corps qui ne se décèle pas à l’oeil nu mais que l’on considère dans l’organisation de la matière. Représenté par un cercle, il incarne une forme de perfection et d’absolu. Il s’installe à l’extrémité inférieure
des valeurs et représente une limite en-deçà de laquelle on pressent une infinité insaisissable.

Zahra – La fleur

Au stade de la fleur, la graine a quitté l’obscurité et l’isolement, en sortant de terre, elle a franchi la ligne de visibilité.
Confrontée au monde, elle cherche sa place parmi les autres et apprend à composer dans un jeu aux règles plurielles.
Elle reçoit, donne, partage, compose avec la diversité et la multiplicité. La fleur est séduisante, unique mais elle est aussi fragile parce qu’elle ne vit qu’un temps avant de céder sa place au fruit qu’elle devance.

Jabal – La montagne

La montagne représente la force et l’immuable. Elle est à la fois le terreau et l’épicentre d’une vie. Repère visuel et symbolique, elle apporte de la stabilité et renvoie aux origines d’un peuple ou d’un individu. Elle accueille aussi bien les hommes que la végétation, elle les abrite et les fertilise.

A propos de l’artiste

Younes Rahmoun est un artiste marocain, né en 1975 à Tétouan
où il vit et travaille toujours actuellement. Il est l’un des artistes
nord-africains de sa génération les plus exposés. Formé à l’école
d’art de Tétouan par Faouzi Laatiris, Younes Rahmoun fait partie des premiers artistes à recevoir un enseignement formel en art contemporain au Maroc.
Younes Rahmoun s’exprime à travers de multiples supports :
installation, sculpture, dessin, vidéo, photographie… Son travail
épuré est empreint de spiritualité et invite à la contemplation. Il fait dialoguer des formes symboliques universelles agencées en série, que l’on retrouve, entre autres, dans l’art islamique, avec des technologies contemporaines.
Partir de soi, de sa culture, d’un quotidien pour interroger l’universel et créer ainsi un dialogue en constante évolution semble être la racine de cette oeuvre florissante.
Parmi ses expositions récentes, on peut citer Little Worlds, Complex Structures, VCUarts – Virginia Commonwealth University School of the Arts in Qatar (2018), De la mer à l’océan, L’appartement 22, Rabat (2016). Son travail a été montré récemment au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía (Madrid), au Palais de Tokyo (Paris), au Tripostal (Lille), au Victoria & Albert Museum (Londres), à L’heure rouge, Biennale de Dakar (2018) et à Viva Arte Viva, la 57e Biennale de Venise (2017). Il est représenté par la Galerie Imane Farès à Paris.

Informations pratiques

Adresse
La Kunsthalle Mulhouse
La Fonderie, 2ème étage, entrée par le parvis
Horaires
mercredi, jeudi, vendredi 12h – 18h
samedi et dimanche 14h – 18h
Pendant Art Basel, du 11 au 14 juin,
ouverture exceptionnelle de 10h à 18h
fermeture le 15 août
Entrée libre et gratuite
KUNSTAPERO
jeu 27.06 – 18h30-20h30

VISITE COMMENTEE
sam 29.06 – 16h

Mika Rottenberg. Antimatter Factory

Mika Rottenberg NoNoseNows 2015

Au musée Tinguely du 5 juin 2024 – 3 novembre 2024
L'exposition Mika Rottenberg. Antimatter Factory est une coopération entre le Musée Tinguely, la Kunst Haus de Vienne et le Lehmbruck Museum de Duisbourg.
Des ateliers de recyclage et fabrication d'objets en plastique régénéré sont proposés régulièrement en coopération avec Precious Basel Plastic.
Commissaire d'exposition : Roland Wetzel
Assistante : Tabea Panizzi


Avec l’une des plus vastes expositions consacrées jusqu’ici à Mika Rottenberg (née en 1976), le Musée Tinguely présente une rétrospective de son œuvre protéiforme qui a déjà retenu l’attention internationale lors de la Biennale de Venise (2015), de Skulptur Projekte à Münster (2017) et de la Biennale d’Istanbul (2019). En provoquant la surprise et le rire, les vidéos de Mika Rottenberg reflètent des situations absurdes de la logique de production capitaliste. À travers d’enivrantes cascades de couleurs à la dimension picturale, ses œuvres éveillent chacun de nos sens et naviguent d’une région du monde et d’une dimen­sion à l’autre avec une malicieuse facilité. L’exposition réunit d’importants travaux et ins­tallations vidéo réalisés entre 2003 et 2024, ainsi que son dernier long métrage REMOTE (2022).
Une sculpture-fontaine conçue pour l’exposition est présentée pour la première fois dans le parc Solitude devant le musée, tout comme de récentes sculptures hybrides ré­alisées à partir de matériaux organiques et de plastique régénéré. Des travaux cinétiques, en partie interactifs, parachèvent de couvrir le spectre de son œuvre, qui est présentée à Bâle sous le titre Mika Rottenberg. Antimatter Factory, du S juin au 3 novembre 2024.

Référence du titre

Le titre de l’exposition au Musée Tinguely, Antimatter Factory, fait référence au nom d’un dé­partement de recherche du CERN à Genève qui mène des expériences sur l’antimatière. Du­rant sa résidence d’artiste, Mika Rottenberg y a trouvé l’inspiration pour son travail Spaghetti Blockchain (2019-2024), présenté pour la première fois sous forme d’installation vidéo à trois canaux dans le cadre de l’exposition. Celui-ci est consacré à l’échange d’énergies, d’objets et de personnes; il relie le microscopique au macroscopique et déplace la matière à travers l’es­pace et le temps comme par magie. Avec ce travail, le public plonge au cœur du cosmos artis­tique de Mika Rottenberg.

Une usine produisant de l’antimatière. Cette périphrase pourrait également désigner les sculptures-machines de Jean Tinguely qui créent de la poésie plutôt que de la matière exploi­table et raillent ainsi la production industrielle de marchandises comme rapport d’exploitation entre l’homme et la machine. Le regard ironique de Mika Rottenberg poursuit cette même thématique en étudiant les relations surprenantes, pour ainsi dire souvent insolites, au sein de la production mondiale de biens. À travers son surréalisme social, l’artiste crée des paraboles de l’aliénation identifiée par Karl Marx dans la dépréciation du monde des hommes à travers la mise en valeur du monde des choses. Ce qui renforce la pertinence de la critique de Mika Rottenberg envers notre production capitaliste de marchandises c’est sa vitesse croissante, la libre circulation mondiale des marchandises (et non des personnes), ainsi que la dématériali­sation qui découple les choses de leur représentation. L’artiste se penche également sur un autre thème en résultant : la question du pouvoir d’action des choses et des matières, ainsi que la spiritualité qui leur est inhérente.

Travaux et installations vidéo

La rétrospective présente une riche sélection des travaux et installations vidéo de Mika Rottenberg. Des bruits d’éternuements émanant d’un premier travail vidéo accueillent les visi­teur.euse.s. Il s’agit de Sneeze réalisé en 2012. L’éternuement est un thème présent dans plu­sieurs travaux de l’artiste qui s’y intéresse en tant que production végétative corporelle au même titre que la croissance des cheveux, des ongles des doigts ou des orteils. Ainsi, un fil rouge se déploie tout au long de l’exposition à travers certaines thématiques récurrentes.

L’installation vidéo No Nase Knows a été créée en 2015 pour la Biennale de Venise. Elle montre les étapes de la production industrielle de perles dans une usine de Zhuji, une ville au sud de la Chine: de l’implantation d’un corps étranger à l’intérieur de l’huître qui l’enrobe de nacre, jusqu’à la ‘récolte’ et la sélection. Au moyen d’un mécanisme de rouages et d’une cour­roie de transmission, l’usine est reliée au poste de travail d’une femme dont les éternuements provoqués par des bouquets de fleurs entraînent l’expulsion de plats de pâtes, tandis que son nez ne cesse de s’allonger. La question de la productivité culmine en une réaction allergique très singulière, survenant aussi en l’absence de toute volonté.

Cheese (2008)

Pour Cheese (2008), Mika Rottenberg s’est inspirée de l’histoire de la famille des ‘Seven Suther­ land Sisters‘ qui se produisait sous la forme d’un ensemble vocal vers 1900. Dotées d’intermi­nables chevelures, ces sœurs en firent leur marque de fabrique et rencontrèrent un large suc­cès en commercialisant un produit cosmétique favorisant la pousse des cheveux.


L’étiquette
«The Lucky Number 7» apposée sur le flacon promettait non seulement la croissance capil­laire, mais aussi le bonheur. L’installation de Mika Rottenberg se compose d’un baraquement de planches labyrinthique où il est possible de circuler, et dans lequel le pouvoir des cheveux longs se conjugue à l’énergie produite par l’écume des chutes du Niagara pour fabriquer le produit capillaire. Ce récit est lié de manière surréaliste à la fabrication de fromage de chèvre au moyen d’une rampe de transmission bricolée en bois.

Cosmic Generator

Emprunter le tunnel pour entrer dans l’installation vidéo Cosmic Generator (2017) revient à entamer un voyage à travers un étroit système de tunnel éclairé par des ampoules colorées qui clignotent. Le travelling commence au centre d’une assiette décorée de motifs chinois. La bande sonore se compose d’une musique pour instruments à cordes évoquant l’ambiance d’un restaurant chinois, de grincements produits par des bruits de roulement ainsi que du grésillement de courts-circuits électriques.

Le périple débouche sur une mer bouillonnante de débris d’ampoules colorées pour se transformer aussitôt en un panorama d’un marché de gros à Yiwu, en Chine. L’exubérance visuelle des microboutiques résulte de l’uniformité et de la spécialité de chacune d’entre elles : on y voit des guirlandes en plastique de toutes les couleurs ou des guirlandes lumineuses de toutes sortes, des sapins de Noël scintillants ou des fleurs en plastique multicolores.

Ces objets fétiches du monde marchand surabondant sont contrecar­rés par les vendeuses à peine visibles qui disparaissent derrière leurs produits. Le film est ins­piré d’une visite de la ville-frontière Mexicali qui se distingue par une importante population chinoise et un nombre considérable de restaurants chinois uniformes. Avant la construction de la frontière clôturée, Mexicali était reliée à Calexico, la ville californienne voisine, par un système de tunnels. Comme dans le film où une banale ‘coupe franche’ permet de surmonter les distances et les dimensions, celui-ci peut être perçu comme une allégorie du flot mondial de marchandises et de l’assujettissement local des personnes.

Aux côtés d’autres travaux et installations vidéo à l’instar de Time and a Hait (2003), Fried Sweat (2008), Smoky Lips (2016-19) et Untitled Ceiling Projection (2018) couvrant près de vingt ans de création, l’exposition montre une sélection de sculptures cinétiques hybrides, pour certaines interactives, accompagnées de compositions fonctionnelles et matérielles surréalistes des an­nées 2020 à 2022, ainsi qu’un ensemble d’œuvres exposé pour la première fois regroupant des lampes-sculptures qui relient des structures organiques à des abat-jour colorés en plastique ré­ généré. Spécialement conçue pour l’exposition, une sculpture-fontaine haute de près de trois mètres, en forme de pied coloré crachant de l’eau, a été installée dans le parc Solitude.

Pendant toute la durée de l’exposition, le long métrage REMOTE (2022) est visible dans la salle de conférence du musée. Réalisé pendant la pandémie de Covid-19 par Mika Rottenberg en coopération avec le réalisateur et l’auteur Mahyad Tousi, ce film s’inspire de certaines de leurs discussions à l’époque du confinement physique, lorsque les moyens de communication nu­mériques revêtirent une importance nouvelle. Le film crée un récit fantastique à une époque postpandémique où interactions physiques et numériques reprennent de manière inattendue et où les distances disparaissent

Le propos

Le travail artistique de Mika Rottenberg interroge des conditions de production ne faisant ha­bituellement pas l’objet d’une remise en question ainsi que la valeur du travail au sens mar­xiste du terme avec une attention particulière portée à la main-d’œuvre féminine dans des si­tuations exacerbées, surréalistes et absurdes. Avec humour, l’artiste inverse les causes et les effets, joue avec les échelles – de la plus petite à la plus grande et vice versa – et crée une al­chimie d’énergies et de cosmologies.

Les visiteurs et visiteuses évoluent dans un monde ima­ginaire où se mêlent sensualité enivrante et illogisme déconcertant qui possède quelque chose de très libérateur. Ce sont des écosystèmes de séduction et de magie qui relient la réalité et l’imagination caractérisés par une pensée qui réfléchit la corporalité selon des critères ar­chitectoniques : espace et temps, intérieur et extérieur, haut et bas, proximité et distance, pu­reté et saleté, douceur et résistance. À travers son appropriation créative des matériaux les plus divers et leur ‘agency’ ouverts à des épistémologies alternatives, l’artiste a anticipé des évolu­tions qui sous le terme de ‘nouveau matérialisme’ explore aujourd’hui les rapports complexes entre la technologie, la nature et l’environnement.

Catalogue en ligne :

Dans le cadre de l’exposition paraît un catalogue en ligne. Il présente en anglais les principaux thèmes de l’œuvre de Mika Rottenberg au moyen d’une naviga­ tion ludique inspirée de l’esthétique de l’artiste. Parallèlement à des informa­ tions biographiques et bibliographiques ainsi que des vues d’exposition des trois institutions partenaires – le Musée Tinguely, la Kunst Haus de Vienne et le Lehmbruck Museum de Duisbourg -, cette publication en ligne réunit des ex­traits de travaux vidéo ainsi que des interviews et des textes de Chen Oiufan, Heather Davis, Hsuan L. Hsu, Gunn Khatri, Barbara Latacz, Filipa Ramos, James Taylor-Foster, Mahyad Tousi, Mika Rottenberg et Roland Wetzel.

Informations pratiques

Musée Tinguely
I Paul Sacher-Anlage 1 l 4002
Bâle
Vernissage et fête estivale: Mardi, 4 juin 2024, à 18h30

Heures d’ouverture: mardi- dimanche 11h-18h, jeudi 11h-21h I Semaine de la Art Basel: 10.06.-16.06.24: 9h-19h, 13.06. jusqu’à 21h

Curator’s Tour avec Roland Wetzel, le 22 août 2024, 19h, entrée gratuite (en allemand)

Site Internet : www.tinguely.ch I www.preciousplastic.ch

Réseaux sociaux : @museumtinguely 1  #museumtinguely 1  @mikarottenberg 1  #antimatterfactory

Sommaire du mois de mai 2024

Fontaine Tinguely, Parc de la Solitude Basel

29 mai 2024 : Une nouvelle étape pour le programme Art et Santé du Musée Unterlinden
23 mai 2024 : When We See Us Un siècle de peinture figurative panafricaine
18 mai 2024 : Dance with Daemons
11 mai 2024 : Jean Rondeau et le clavecin Ruckers
8  mai 2024  : Couleur, Gloire et Beauté
5 mai 2024   : Patricia Vest, Patty la souris
4 mai 2024 :  Gérard Willig

Une nouvelle étape pour le programme Art et Santé du Musée Unterlinden

Au mois de mai 2024, la maquette tactile du Retable d’Issenheim retrouve sa place au plus près du chef-d’oeuvre, au sein de la chapelle, marquant une nouvelle étape dans le développement du programme
Art et Santé du Musée Unterlinden. La volonté du musée est ici de mettre en avant cet outil de médiation, facilitant son accès direct à tous et plus particulièrement aux publics à besoins spécifiques.

La maquette tactile du Retable d’Issenheim

La maquette tactile du Retable d’Issenheim avait été réalisée en 2012 sous l’impulsion de Pantxika De Paepe, alors directrice et conservatrice en chef du Musée Unterlinden, aux côtés du sculpteur et menuisier Jean-Jacques Erny et de Philippe Bury, membre de l’association L’Art au-delà du Regard, afin de répondre aux besoins des visiteurs mal ou non-voyants. Composé de trois panneaux successifs, eux-mêmes divisés en trois parties, cet outil de médiation reprend les trois présentations possibles du Retable d’Issenheim.

Exposée depuis la réouverture du musée en 2015 sur la tribune de la chapelle du musée, la maquette tactile retrouve aujourd’hui la place pour laquelle elle a été intialement pensée, à proximité immédiate de l’oeuvre originale, permettant aux visiteurs qui le souhaitent de s’en emparer plus facilement.

Cette nouvelle présentation en accord avec les besoins et les attentes des visiteurs à besoins spécifiques constitue une étape supplémentaire du développement du programme Art et Santé initié lors de la réouverture
du musée.

Le programme Art et Santé du Musée Unterlinden

Comment un musée peut-il devenir un « lieu-ressource » pour l’Homme, un lieu de « refuge », un lieu de partages et d’expérimentations ? Un lieu, où l’accueil et l’écoute de la singularité, des émotions et de l’expression de chacun devient une ambition quotidienne ? C’est autour de ces réflexions que le Musée Unterlinden entreprend le programme Art et Santé en 2015.

Si les musées en France comme à l’international – notamment en Amérique du nord – déploient dès les années 80 leurs actions de médiation vers les publics dits à « besoins spécifiques » et éloignés des musées pour des raisons
de santé, sociales ou encore économiques, la pandémie de Covid 19 a eu comme effet de porter la vision du musée comme lieu du « Care », c’est à dire du
« soin », à l’ensemble des visiteurs. Le musée est ainsi devenu co-acteur du bien-être de l’Homme.

En France, plusieurs structures culturelles font figure de proue : le Palais des Beaux-Arts de Lille a récemment fait paraître le premier guide muséal pour l’accueil des personnes autistes en coopération étroite avec le Dallas Museum of Art et le Musée des Beaux-Arts de Montréal. Le Palais de Tokyo a inauguré en septembre 2023 le Hamo, un espace de médiation, d’éducation et d’inclusion. Enfin, l’IMA (Institut du monde arabe) porte une vision du musée comme
« thérapeute », affirmée par Nathalie Bondil, directrice du musée et des expositions.

Le Musée Unterlinden de Colmar poursuit actuellement de nombreux partenariats comme celui engagé avec l’IME Pays de Colmar depuis plus de sept ans et initie de nouvelles formes de médiation artistiques à destination
des publics à besoins spécifiques depuis l’année 2023, telles que la résidence d’ateliers chorégraphiques et les représentations proposées en collaboration avec la chorégraphe et danseuse Aurélie Gandit.

2024 et 2025 se veulent pour le Musée Unterlinden une période de bilan et d’analyse des différents projets menés depuis 2015, dans le but de définir les axes prioritaires d’un programme d’ampleur à l’horizon 2026.

L’association L’Art au-delà du Regard

Créée en décembre 1995, l’Association « L’Art au-delà du Regard » a pour vocation exclusive de promouvoir l’accession des publics non-voyants et mal-voyants aux émotions de la découverte de l’art, de la nature
et de la culture, sous leurs formes les plus immédiates comme les plus élaborées.

L’un des fondements de l’action de l’Association « L’Art au-delà du Regard » est de répondre à la soif de culture des non-voyants et mal-voyants, de leur permettre d’y accéder, grâce à un climat d’échanges réciproques
qu’ils enrichissent de leurs expériences, autant qu’ils en tirent profit.

L’association assure ainsi la promotion d’actions diverses en faveur du public non-voyant auprès des musées, des galeries et des institutions de France (en commençant par le Grand Est). Elle entreprend la conception, la mise au point et la réalisation de projets concrets, en collaboration avec ces différentes institutions, et participent à leur financement.

Informations pratiques

Musée Unterlinden
Place Unterlinden – 68000 Colmar
Tél. +33 (0)3 89 20 15 50
info@musee-unterlinden.com
www.musee-unterlinden.com

Horaires d’ouverture
Mercredi – lundi : 9h–18 h
Mardi : fermé
Fermé le 01.01, 01.05, 01.11, 25.12

Tarifs d’entrée du Musée Unterlinden :
Plein : 13 €
Réduit : 11 €
Jeunes (12 à 18 ans et étudiants de – de 30 ans) : 8 €
Familles : 35 €
Gratuit : moins de 12 ans
Passmusées

When We See Us Un siècle de peinture figurative panafricaine

La fête d’anniversaire – Esiri Erheriene-Essi
transfert d’huile, d’encre et de Xerox sur lin 2021
ID d’objet: 76912
Transfert de pétrole, d’encre et de Xerox sur le linge
150 x 200 cm

Du 25.5. au 27.10.2024, Kunstmuseum Basel | Gegenwart
Commissaires : Koyo Kouoh et Tandazani Dhlakama (Zeitz MOCAA, Le Cap)

Adaptée pour le Kunstmuseum Basel en collaboration avec : Anita Haldemann, Maja Wismer, Daniel Kurjakovic

Avec l’exposition When We See Us, le Kunstmuseum Basel présente un kaléidoscope qui raconte un siècle de peinture figurative noire. Il s’agit d’une reprise de l’exposition organisée au Zeitz Museum of Contemporary Art of Africa au Cap. Installée dans les espaces du Gegenwart, elle réunit plus de 150 peintures d’environ 120 artistes, jamais exposées en Suisse pour la plupart, et apporte un éclairage sur la puissance et la dimension politique de la
« Black Joy ».

Le titre de l’exposition s’inspire de la mini-série de Netflix When They See Us  (Dans leur regard, 2019). La réalisatrice afro-américaine Ava DuVernay y aborde la manière dont des Blancs perçoivent indifféremment de jeunes Noirs innocents comme de potentiels criminels constituant une menace. En remplaçant « They » par « We », l’exposition opère un changement de perspective et offre ainsi un espace aux artistes pour montrer la manière dont il voient leur condition. Elle accorde une place centrale à leur perception propre et révèle comment la vie des Noirs ne cessa d’être représentée par d’autres de manière biaisée et fausse.

When We See Us est le résultat de recherches approfondies menées par Koyo Kouoh, directrice et cheffe curatrice du Zeitz MOCAA au Cap, et son équipe. De novembre 2022 à septembre 2023, ce musée dédié à l’art contemporain africain le plus grand au monde a présenté cette vaste exposition. Celle-ci est représentative d’une nouvelle perception de soi et de l’autodétermination d’artistes noir.e.s qui, après des siècles de domination par le canon artistique blanc, écrivent leur propre histoire de l’art. Au Kunstmuseum Basel, elle succède à une série d’expositions monographiques consacrées à des artistes afro-
américain.e.s : Theaster Gates, Sam Gilliam, Kara Walker et dernièrement Carrie Mae Weems. Ces expositions et bien d’autres explorent la « Blackness » dans le monde, notamment au regard des traumatismes et des aspects du colonialisme.

D’après les commissaires Koyo Kouoh et Tandazani Dhlakama, When We See Us se concentre quant à elle sur le quotidien ainsi que sur la « puissance de la joie », éliminant ainsi les stéréotypes liés au racisme, à la violence ou aux crises. L’exposition s’attache à proposer aux individus un nouvel angle de vue tour à tour solennel, puissant et digne :
« Il faut que nous parlions beaucoup plus de nous-mêmes, d’une manière qui stimule notre esprit » disent-elles.

Six sections du quotidien

Plus de cent cinquante oeuvres d’art sont réparties en six chapitres
d’exposition : Triomphe et émancipation, Sensualité, Spiritualité, Le quotidien, Joie et allégresse et Repos. Les salles ne sont pas aménagées de manière chronologique, ni selon le pays d’origine ou le lieu de travail des artistes.
La déclinaison en des thèmes universels indique également pour la première fois que les artistes ont travaillé aux mêmes thématiques à différents endroits en Afrique et au sein de la diaspora africaine. Ainsi, des parallèles iconographiques s’esquissent entre les oeuvres de Romare Bearden (1911–1988), artiste afro-américain, et de George Pemba (Afrique du Sud, 1912–2001), ou entre le Congolais Chéri Samba (*1956) et l’Afro-Américain Barkley L. Hendricks (1945–2017).
When We See Us occupe l’ensemble des espaces du Kunstmuseum Basel | Gegenwart. Comme au Zeitz MOCAA, Ilze Wolff, associée de l’agence Wolff Architects au Cap, a été chargée de la scénographie, tandis que le musicien Neo Muyanga a conçu les stations sonores. Une frise chronologique précise le contexte de création des oeuvres exposées et un audioguide adapté pour le Kunstmuseum Basel fournit des informations sur les oeuvres.
Le programme qui accompagne l’exposition met en avant différentes voix noires à travers la musique, la littérature, des ateliers, des visites guidées, des groupes de discussion et des événements universitaires. Au rez-de-chaussée, une salle spécialement conçue pour accueillir ce programme sert de lounge public ainsi que de lieu de rassemblement et d’événements pour les ateliers, séminaires, concerts et autres.

« When We See Us », Ausstellungsansicht Kunstmuseum Basel | Gegenwart

Chapitres d’exposition et liste des artistes

Triomphe et émancipation

Le sentiment de fierté envers sa propre histoire et ses réussites malgré l’adversité et une oppression longue de plusieurs siècles figure au coeur de ce chapitre. Au rez-de-chaussée du musée, les visiteur.euse.s croisent des icônes mondialement connues, à l’instar du tableau de Chéri Chérin Obama Revolution (2009),

sur un pied d’égalité avec des figures certes anonymes, mais fortes, comme dans le Portrait of a Sudanese Gentleman (1951) d’Ibrahim El-Salahi.

Les personnes représentées s’occupent des biens culturels des ancêtres ou sont des hommes et des femmes politiques engagés et des individus ayant obtenu le succès et la reconnaissance sociale.
Artistes : Benny Andrews, Margaret Taylor Burroughs, Chéri Chérin, Kudzanai Chiurai, Aboubacar Diané, Ibrahim El-Salahi, Ben Enwonwu, Gherdai Hassell, Wifredo Lam, Akinola Lasekan, Mustafa Maluka, Eria Nsubuga ‘Sane’, Augustin Okoye, George Pemba, Chéri Samba, Mmapula Mmakgabo Helen Sebidi, Gerard Sekoto, Amy Sherald, Katlego Tlabela, Cyprien Tokoudagba

Sensualité

 Le modèle noir, d’après Félix Vallotton
 Roméo Mivekannin 2019
 Peinture acrylique sur nappes 251 x 254 cm
Copyright : © 2024, ProLitteris, Zurich
Creditline : Courtesy of Jochen Zeitz Collection
Crédit photo : Gina Folly

Sensualité présente des corps noirs de manière intime et avec aplomb comme ne l’avait guère permis le canon visuel occidental. Le modèle noir, d’après Félix Vallotton (2019) de Roméo Mivekannin fait directement écho à ce canon, de même que Reclining Nude with Lemon (2021) de Sahara Longe. Ce chapitre montre toute la palette de la sensualité, de l’amour et des relations intimes. L’ensemble des oeuvres ont en commun l’autodétermination des protagonistes.
Artistes : Nina Chanel Abney, Olusegun Adejumo, Tunji Adeniyi-Jones, Maxwell Alexandre, Tiffany Alfonseca, Dominic Chambers, Somaya Critchlow, Njideka Akunyili Crosby, Elladj Lincy Deloumeaux, Aboubacar Diané, Ibrahima Kébé, Yoyo Lander, Sahara Longe, Danielle McKinney, Roméo Mivekannin, Moké, Geoffrey Mukasa, Chris Ofili, Kambui Olujimi, Tschabalala Self, Monsengo Shula, Mickalene Thomas, Bob Thompson, Kehinde Wiley

« When We See Us », Ausstellungsansicht Kunstmuseum Basel | Gegenwart


Spiritualité
Selon les commissaires de l’exposition, il est difficile d’imaginer un quotidien noir sans spiritualité. Cette section représente le « triple héritage » décrit par l’écrivain kenyan et américain Ali Mazrui (1933-2014) dans son livre The Africans: A Triple Heritage : la « Black Life » perméable aux rituels et traditions locales, islamiques et chrétiennes. Les oeuvres présentées ici montrent une spiritualité vivante, à l’instar de Genesis Creation (1989) de Jacob Lawrence et The Dumb Oracle (2019) de Michael Armitage.
Artistes : Michael Armitage, Gerard Bhengu, Wilson Bigaud, Edouard Duval-Carrié, Aaron Douglas, Scherezade García, Jacob Lawrence, Cassi Namoda, Malangatana Ngwenya, Kambui Olujimi, Emma Pap’, Naudline Pierre, Prosper Pierre-Louis, María Magdalena Campos Pons, Cinga Samson, Gerard Sekoto, Devan Shimoyama, Alex Shyngle, Sthembiso Sibisi, Olivier Souffrant, Pamela Phatsimo Sunstrum, Nirit Takele

The Dumb Oracle (2019) de Michael Armitage


Le quotidien
Des tableaux à l’instar de Boy with a Toy Plane (1938) d’Aaron Douglas, The Reader (1939) de William H. Johnson, Gisting in the Kitchen (2018) de Joy Labinjo ou encore l’affiche publicitaire de Johnny Arts pour Ozor International Barber also Specialist in Hair Dying and Shamporing (1962) montrent la beauté de la vie quotidienne. Ce chapitre présente des scènes de la vie publique et privée avec des moments de joie ou de contemplation, que ce soit au sein de la famille ou de la communauté, à l’occasion de jeux, à l’école, lors du portage de l’eau ou de la réalisation de tresses.
Artistes : Johnny Arts, Malang Badji, Romare Bearden, Aaron Douglas, Gervais Emmanuel Ducasse, Ben Enwonwu, Ablade Glover, Gavin Janties, William H. Johnson, , Kangudia, Ibrahima Kébé, Joy Labinjo, Petson Lombe, Marvelous Mangena, Luis Meque, Moké, Meleko Mokgosi, Richard Mudariki, Theresa Mungure, Lavar Munroe, Chemu Ng’ok, Nicholous Njau, Boris Nzebo, Antoine Obin, Télémaque Obin, Bruce Onobrakpeya, George Pemba, Horace Pippin, Kingsley Sambo, Gerard Sekoto, Ancent Soi, Moustapha Souley, Edward Saidi Tingatinga, Zandile Tshabalala, Sane Wadu, Richard Witikani

2002.2.30
Aaron Douglas
Boy with a Toy Plane
Oil on canvas
1938
22 ? x 17
Documented on 2/02/11 in Jen Library at Savannah College of Art and Design.


Joie et allégresse
Cette section est consacrée aux moments d’allégresse et de loisir : d’après les commissaires, il reste toujours du temps pour une chanson ou une danse. Dans The Birthday Party (2021) d’Esiri Erheriene-Essi, on chante pour Steve Biko ; dans Un mardi de Carnaval (1960) de Philomé Obin, on participe aux célébrations au sein d’un défilé ; dans Jazz Rhapsody (1982) de Romare Bearden, on écoute les rythmes musicaux.

Artistes : Romare Bearden, Esiri Erheriene-Essi, Barkley L. Hendricks, Clementine Hunter, Jacob Lawrence, Arjan Martins, Moké, Cinthia Sifa Mulanga, Eric Ndlovu, Nicholous Njau, Nestor Vuza Ntoko, Philomé Obin, George Pemba, Chéri Samba, Matundu Tanda, Katlego Tlabela, Charles White

Repos
Le troisième étage du Gegenwart réserve une place aux moments de repos, équivalents à ceux d’allégresse. Ici, on s’étire dans un canapé dans Sundials and Sonnets (2019) de Wangari Mathenge,

on se promène dans la campagne dans Surveying the Family Seat (2017) de Toyin Ojih Odutola ou bien on savoure simplement le calme assis sur une chaise comme dans An evening in Mazowe (2019) de Kudzanai-Violet Hwami. Partout, des personnes détendues, seules ou dans une atmosphère familière.
Artistes : Cornelius Annor, Gideon Appah, Firelei Báez, Amoako Boafo, Beauford Delaney, Kudzanai-Violet Hwami, Wangari Mathenge, Neo Matloga, Sungi Mlengeya, Ian Mwesiga, Thenjiwe Niki Nkosi, Toyin Ojih Odutola, Eniwaye Oluwaseyi, Marc Padeu, Zéh Palito, Otis Kwame Kye Quaicoe, Henry Taylor, Zandile Tshabalala, Kehinde Wiley, Lynette Yiadom-Boakye

« When We See Us », Ausstellungsansicht Kunstmuseum Basel | Gegenwart
Le Kunstmuseum remercie Kadiatou Diallo, Sindi-Leigh McBride et Lorena Rizzo du Centre d'études africaines de l'Université de Bâle pour leur regard critique sur l'adaptation de l'exposition au Kunstmuseum de Bâle.

À propos des commissaires
Koyo Kouoh
Depuis 2019, Koyo Kouoh est directrice et cheffe curatrice du Zeitz Museum of Contemporary Art Africa (Zeitz MOCAA) au Cap. Elle a grandi en Suisse puis s’est installée à Dakar, au Sénégal, dans les années 1990, où elle a fondé le RAW Material Company, un centre pour l’art, le savoir et la société en 2008. Elle en fut également la directrice artistique. Avant et parallèlement à cela, elle a organisé et assuré le commissariat d’expositions majeures et de biennales dans le monde entier (notamment Ataraxia au Salon Suisse de la Biennale de Venise en 2017). Koyo Kouoh a beaucoup publié sur la portée internationale de la communauté artistique panafricaine. En 2020, elle a reçu le Prix Meret Oppenheim et a été reconnue comme l’une des personnalités les plus importantes et influentes du monde artistique. En tant que curatrice et critique ainsi que fondatrice d’institutions culturelles, elle a proposé de nouvelles formes de médiation et a fortement contribué à porter l’art africain sur la scène internationale.
Tandazani Dhlakama
Née au Zimbabwe, Tandazani Dhlakama travaille depuis 2017 au Zeitz MOCAA comme curatrice et dans le domaine de la médiation artistique. Auparavant, elle a travaillé à la National Gallery of Zimbabwe et occupé différentes fonctions lors d’expositions, de conférences et de biennales en Afrique. Tandazani Dhlakama possède un master en Art Gallery and Museum Studies de l’université de Leeds au Royaume-Uni (2015) et un bachelor en Beaux-Arts et Sciences Politiques de l’université St. Lawrence de New York aux États-Unis (2011). Dernièrement, elle a assuré le commissariat de Witness: Afro Perspectives from the Jorge M. Pérez Collection à El Espacio 23 de Miami – une exposition consacrée à l’oppression systématique, aux traumatismes intergénérationnels, aux nouvelles visions du monde, à l’identité et au territoire.

Informations pratiques
Lu fermé
Ma–Di 11 h00–18h00

Kunstmuseum Basel | Gegenwart,
 St. Alban-Rheinweg 60, 4010 Basel

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
CH-4010 Basel
Tel. +41 61 206 62 62
info@kunstmuseumbasel.ch

Dance with Daemons

Du 19 mai au 11 août 2024 à la Fondation Beyeler

Pour la première fois au cours des plus de 25 ans d’histoire de la Fondation Beyeler, l’ensemble du musée et son parc environnant seront transformés en un lieu d’exposition expérimental d’art contemporain.
Organisée par la Fondation Beyeler en partenariat avec LUMA Foundation, la manifestation réunira le travail de 30 artistes issu·e·s de différents horizons et disciplines, dont Michael Armitage, Anne Boyer, Federico Campagna, Ia Cheng, Chuquimamani-Condori et Joshua Chuquimia Crampton, Marlene Dumas, Frida Escobedo, Peter Fischli, Cyprien Gaillard avec Victor Man, Dominique Gonzalez-Foerster, Wade Guyton, Carsten Höller avec Adam Haar, Pierre Huyghe, Arthur Jafa, Koo Jeong A, Dozie Kanu, Cildo Meireles, Jota Mombaça, Fujiko Nakaya, Alice Notley, Precious Okoyomon, Philippe Parreno,
Rachel Rose, Tino Sehgal, Rirkrit Tiravanija et Adrián Villar Rojas, Félix González-Torres

Les développeurs

Développée par Sam Keller, Mouna Mekouar, Isabela Mora, Hans Ulrich Obrist, Precious Okoyomon, Philippe Parreno et Tino Sehgal en étroite collaboration avec les participants et participantes, l’exposition vise à stimuler la liberté artistique, l’échange interdisciplinaire et la responsabilité collective. L’approche, telle que formulée par Philippe Parreno et Precious Okoyomon, reconnait :

                                                          Félix González-Torres

« les complexités et les incertitudes inhérentes au rapprochement des artistes, mais considère également ces enchevêtrements comme faisant partie intégrante du processus de création ».

L’exposition est donc envisagée comme

« une proposition dynamique plutôt que statique, un projet ontologique évolutif qui reflète la complexité et la diversité inhérentes à la réunion sous un même toit de voix artistiques distinctes ».

Conçue comme un organisme vivant qui change et se transforme, l’exposition a été développée par un nombre croissant de personnes, qui ont apporté leur réflexion sur toutes les étapes de la réalisation de l’exposition, depuis sa
conception, son élaboration et sa production jusqu’à sa création et sa présentation. En particulier, Tino Sehgal a été invité à créer des éléments d’exposition transformateurs pour la présentation générale, notamment pour les oeuvres de la collection.
NB : (même pendant la présentation à la presse, on a pu voir des modifications
dans l’accrochage)

Evénements collectifs variés

À l’instar d’événements collectifs tels que « Il Tempo del Postino » (organisé par Art Basel, la Fondation Beyeler et Theater Basel avec le soutien de LUMA Foundation et commandé par le Festival international de Manchester et le Théâtre du Châtelet, à Paris) et « To the Moon via the Beach »
(commandé et produit par LUMA Foundation), le projet trace des parcours plutôt que des filiations strictes.
Tout comme l’exposition et l’expérience elle-même, le titre de cette manifestation d’été est proposé par les participants et participantes et change périodiquement.

Parmi les intervenants et intervenantes, on compte des artistes, des poètes et poétesses, des architectes, et designeuses, des musiciens et musiciennes, des compositeurs et compositrices, des philosophes et des scientifiques. Toutes et tous ont été accueilli·e·s pour transformer le site de la Fondation Beyeler,
s’étendant à travers les galeries et le foyer aux espaces annexes, comme la billetterie, le vestiaire ou la boutique, au jardin d’hiver, aux terrasses et au parc. Le public pourra redécouvrir de façon inattendue les espaces de galerie existants, mais aussi explorer des espaces qui ne lui sont pas familiers. En arrivant à des moments différents, les visiteurs et visiteuses profiteront d’expériences différentes dans les mêmes espaces. Plusieurs temporalités se chevaucheront à travers des expositions, des espaces sociaux, des spectacles, des concerts, des lectures de poèmes, des conférences et des activités communautaires, encourageant les visites multiples en offrant des billets de retour. L’architecture en labyrinthe invitera à explorer la performance de différentes manières.

Les oeuvres

Les liens et les interrelations entre les oeuvres individuelles se développent en dialogue étroit avec les artistes. Cet échange s’étend également aux oeuvres de la propre collection de la Fondation Beyeler, qui est mise à la disposition des artistes en tant que ressource et fait partie intégrante de l’exposition.
Parallèlement aux projets artistiques temporaires, des oeuvres d’artistes tels que Louise Bourgeois, Paul Klee, Claude Monet et Vincent Van Gogh seront exposées.

Alors que la première manifestation de ce projet collectif sera montrée cet été à Riehen/Bâle, en Suisse, l’exposition collective interdisciplinaire évoluera et se transformera comme un organisme vivant, et les prochains événements seront présentés sous une autre forme à Arles et dans d’autres sites LUMA.

LIT DE RÊVE

Carsten Höller (*1961) avec Adam Haar (*1992)
Chambre d’hôtel de rêve 1 : Rêver de voler avec des agarics de mouche volante, 2024

Pendant l’exposition, les visiteurs peuvent dormir dans la chambre d’hôtel de rêve 1 . Pendant les heures d’ouverture du musée, les plages horaires sont fixées à 60 minutes par personne. Le prix est inclus dans le billet d’entrée. Les créneaux ne peuvent pas être réservés à l’avance : les inscriptions se font sur place au musée selon les disponibilités. Une fois par semaine, il est possible de passer la nuit entière du vendredi au samedi dans le « Dream Bed ». L’expérience dure de 20h à 8h et ne peut être réservée qu’en ligne. Afin de rendre cette soirée au musée abordable pour tous les budgets, les prix varieront. Le personnel de sécurité du musée fournira des draps propres.

Le « Dream Bed » est un robot qui se déplace pendant le sommeil du visiteur. Les rêves sont détectés via des capteurs intégrés au matelas, qui mesurent la fréquence cardiaque, la respiration et les mouvements. Ces lectures ne sont pas enregistrées. Les différentes phases de sommeil et intensités de rêve sont synchronisées avec les mouvements du lit. Au fur et à mesure que le visiteur s’endort et se réveille, une reproduction d’un champignon rougeoyant tourne au-dessus du lit.

Les billets pour la nuitée dans le «Dream Bed» peuvent être trouvés ici .

Informations Pratiques

Fondation Beyeler
La Fondation Beyeler à Riehen près de Bâle est réputée à l’international pour ses expositions de grande qualité, sa collection d’art moderne et d’art contemporain de premier plan, ainsi que son ambitieux programme de manifestations. Conçu par Renzo Piano, le bâtiment du musée est situé dans le cadre idyllique d’un parc aux arbres vénérables et aux bassins de nymphéas. Le musée bénéficie d’une situation unique, au coeur d’une zone récréative de proximité avec vue sur des champs, des pâturages et des vignes, proche des contreforts de la Forêt-Noire. La Fondation Beyeler procède avec l’architecte suisse Peter Zumthor à la construction d’un nouveau bâtiment dans le parc adjacent, renforçant ainsi encore l’alliance harmonieuse entre art, architecture et nature. www.fondationbeyeler.ch
LUMA Foundation
LUMA Foundation a été créée en 2004 par Maja Hoffmann à Zurich, en Suisse, afin de soutenir la création artistique dans les domaines des arts visuels, de la photographie, de l’édition, des films documentaires et du multimédia. Considérée comme un outil de production pour les multiples initiatives lancées par Maja Hoffmann, LUMA Foundation produit, soutient et finance des projets artistiques qui visent à approfondir la compréhension des questions liées à l’environnement, aux droits de la personne, à l’éducation et à la culture. www.luma.org; www.westbau.com

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler

tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00
accès
depuis la gare SBB, prendre le Tram 1 ou le 2, jusqu’à Messeplatz
puis prendre le  tram 6 jusqu’à l’arrêt la Fondation

Couleur, Gloire et Beauté

Martin Schongauer (Colmar, vers 1445 – Breisach, 1491), Retable d’Orlier

L’exposition Couleur, Gloire et Beauté présentée au Musée Unterlinden au printemps-été 2024 est le volet colmarien de l’ambitieux projet
« Peintures germaniques des collections françaises (1370-1550) »
mené en partenariat avec l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA),
le Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon et le Musée
des Beaux-Arts de Dijon. Décliné sous la forme d’une exposition en trois volets, ce projet résulte du programme de recherche REPEG (Répertoire des
peintures germaniques) mené par l’INHA depuis 2019.
Visible du 4 mai au 23 septembre 2024


Commissariat d’exposition
Commissariat scientifique
• Isabelle Dubois-Brinkmann, conservatrice en chef du patrimoine, et Aude Briau, doctorante en histoire de l’art (EPHE, PSL / Université d’Heidelberg), chargée d’études et de recherche à l’INHA.
À Colmar :
Camille Broucke, conservatrice du patrimoine chargée des collections d’art ancien, directrice du Musée Unterlinden de Colmar.
Magali Haas, documentaliste scientifique, chargée des collections d’arts graphiques au Musée Unterlinden de Colmar.

Le projet

Ce projet est l’aboutissement d’un programme de recherche mené par l’Institut national d’histoire de l’art depuis 2019, qui a permis de recenser près de 500 oeuvres présentes sur le territoire national et produites dans les régions germanophones du Saint Empire romain germanique pendant le Moyen Âge
et la Renaissance. Ce travail a consisté en une étude matérielle des peintures sur place, des collectes documentaires et bibliographiques systématiques et des recherches sur les attributions.

Avec des prêts issus de musées parisiens (le musée du Louvre, le musée des Arts Décoratifs, le musée de Cluny…), de musées en région (Orléans, Lyon, Roanne, Marseille, Agen, Grenoble, Moulins, Lille…) et d’églises (Luemschwiller, Marckolsheim, Weyersheim…), chacun des trois musées accueillant un des
trois volets de l’exposition propose ainsi un axe en lien avec ses propres collections et les spécificités culturelles et historiques de son territoire.

A Colmar

La collection de peintures anciennes du Musée Unterlinden émane principalement de l’art à Colmar durant les derniers siècles du Moyen Âge. L’exposition permet, grâce à des prêts généreux provenant de musées et d’églises, de l’inscrire dans le cadre géographique plus large du Rhin supérieur : ce territoire, qui correspond plus ou moins à l’actuelle Alsace, s’étend de part et d’autre du Rhin, des Vosges à la Forêt Noire, et de Strasbourg au Nord à Bâle au Sud ; il abrite des villes riches, au grand dynamisme économique, qui sont autant de grands centres de production artistique : Bâle, Colmar,
Fribourg-en-Brisgau et Strasbourg.

Au niveau de la tribune de la chapelle, un focus est proposé sur la restauration du Retable d’Issenheim (2018-2022) et sur la manière dont elle a permis de
mieux apprécier et comprendre ses exceptionnels panneaux peints et sculptures.

Le volet colmarien de l’exposition s’attache tout d’abord à répondre aux nombreuses questions que les visiteurs d’aujourd’hui peuvent se poser face à de telles oeuvres : comment étaient-elles réalisées aux 15e et 16e siècles ? Quelles fonctions avaient ces peintures considérées aujourd’hui comme des
oeuvres d’art ? Quelle était la nature des relations entre les peintres et leurs commanditaires ? Il invite ensuite ses visiteurs à une exploration stylistique, cherchant à leur faire saisir les spécificités de chaque centre de production, voire de chaque atelier, et les changements qui s’opèrent au fil du temps
dans les goûts des commanditaires et les propositions des artistes.

Un parcours qui livre des clés de compréhension

Le préambule « Comment ? Matériaux et techniques », présente les modalités de création et de restauration des oeuvres. Une première salle, dédiée aux panneaux peints en tant qu’objets, met en évidence les matériaux utilisés par les artistes et les techniques employées.
Le choix de l’essences de bois, la préparation du panneau, la constitution de la couche picturale et l’application de l’or sont ainsi présentés à travers l’exposition de deux panneaux de retable :
• une oeuvre principale, Les Deux rencontres du Christ et de saint Pierre (église Saint-Michel, Weyersheim), autour de laquelle est explicité l’ensemble
du processus

• une secondaire, Le Martyre d’un saint (Musée Unterlinden, Colmar), proposant un focus sur sa restauration et les éléments que celle-ci a
apporté sur l’identification de l’oeuvre et son appartenance à un retable.

Pour quoi faire ? Les fonctions des peintures

Présenté dans la salle d’exposition temporaire, ce premier chapitre dévoile les différentes fonctions et usages des peintures. Principalement religieuses, celles-ci se présentaient sous la forme de retables monumentaux dans les
églises mais aussi sous la forme d’oeuvres de plus petit format destinées à une dévotion personnelle dans les monastères et chez les laïcs.
Des retables monumentaux
Le retable germanique à la fin du Moyen Âge
Le terme « retable » désigne une oeuvre peinte ou sculptée (ou les deux) qui se dresse sur l’autel ou à l’arrière de celui-ci. Caractéristiques de l’Europe
chrétienne, les premiers retables conservés datent du 12e siècle. Il n’y a pas d’explication univoque à l’apparition de ce type de mobilier liturgique,
phénomène large et multiforme. Ce qui est indéniable cependant, dans toutes les hypothèses proposées par les historiens et les historiens d’art, c’est
l’importance du rôle des images : un retable est toujours doté d’images et souvent d’images complexes. Elles reflètent et amplifient les significations de la liturgie ; le retable contribue à la véritable mise en scène des
cérémonies religieuses.

Des images pour la dévotion personnelle
Des oeuvres peintes sans l’intermédiaire de l’ Église
La religion joue un rôle encore très important à la fin du Moyen Âge. Elle est au coeur de la vie des hommes et des femmes de cette époque et rythme leur quotidien.
Après les épreuves subies par les populations dans les décennies précédentes (guerres, famines, épidémies), l’Église offre un cadre rassurant où chacun peut trouver une consolation grâce au Christ, à la Vierge et aux saints.
Ces figures servent d’intermédiaire entre les fidèles et Dieu. Cependant, l’Église est également victime de son succès : elle peine à répondre à l’enthousiasme des laïcs les plus exigeants et les plus aisés. Ces derniers aspirent à une foi plus intime et à un rapport direct avec le divin.

                                           Retable de la Vierge

Pour quoi et par qui ?
Commanditaires,artistes et ateliers

Ce second chapitre propose de découvrir les différents acteurs de la création d’un retable : sculpteur, peintre, huchier (menuisier), leurs ateliers respectifs (maître/compagnons/apprentis). Le rôle crucial des commanditaires
à l’origine des oeuvres y est également présenté.
Les retables, des oeuvres collectives
À partir des années 1450, on assiste dans la région à un net développement du retable qui gagne en ampleur et en hauteur. Progressivement, les panneaux peints sont compartimentés, encadrés, et les décors se font plus complexes (Caspar Isenmann, Retable de la Passion du Christ, Musée Unterlinden).
Différents corps de métiers tels que des peintres, sculpteurs et huchiers (menuisiers), collaborent à la réalisation de ces ensembles, qui allient peintures et sculptures au sein d’une caisse et d’encadrements mobiles réalisés sur mesure pour les accueillir.
(Retable de la vie de la Vierge, église Saint-Christophe, Luemschwiller).

Le contrat de commande
La demande d’un commanditaire, religieux ou laïc, est le préalable indispensable à toute création artistique d’importance à la fin du Moyen Âge.
L’identité des commanditaires de ces oeuvres n’est cependant pas aussi aisée à déterminer qu’on pourrait le penser. Elle peut être connue, ainsi que la teneur de la commande, grâce aux rares contrats existants qui mentionnent le ou les maître(s) d’ouvrage et le nom du ou des artiste(s) sollicité(s). Ces documents
signés par les deux parties peuvent être laconiques et se réduire au délai imparti, à l’artiste et au paiement.
À l’inverse, le commanditaire précise parfois avec beaucoup de détails ses volontés, la qualité souhaitée, l’iconographie, et peut même exiger un dessin
préparatoire qu’il doit valider avant l’exécution de l’oeuvre. Le contrat de commande du Retable de la Passion du Christ de Caspar Isenmannn est l’un des
rares contrats de commande conservés dans la région du Rhin supérieur à la fin du Moyen Âge.

Caspar Isenmann, Volets du retable de la Passion, 1465, huile et tempera
sur bois (épicéa) © Musée Unterlinden, Colmar.

Où et quand ? Centres de production et évolutions picturales

Le troisième chapitre de l’exposition permet de suivre la dynamique artistique de la production picturale dans le Rhin supérieur entre 1450 et 1540 à travers la présentation de plus d’une quarantaine d’oeuvres. Strasbourg, Bâle, Colmar et Fribourg concentrent les principaux ateliers de peintres. Ces derniers travaillent avant tout pour une clientèle locale. Leur carrière est resserrée géographiquement, ce qui atteste d’une forte demande dans la région,
mais entraîne un certain conservatisme dans leurs propositions, probablement pour se conformer aux goûts des commanditaires.
Le programme de recherche mené par l’INHA a permis de recréer des ensembles cohérents d’un point de vue géographique et chronologique (oeuvres produites dans une même région à la même époque, voire dans un même
atelier), et de reconstituer complètement ou en partie des oeuvres qui ont été démembrées.
Vers 1450-1460
Des propositions picturales entre douceur et expressivité
La production peinte de cette époque dans le Rhin Supérieur est caractérisée par une forte permanence des formules iconographiques et des modes de représentations, accompagnées de recherches encore timides sur le rendu plus
naturaliste des volumes des corps et des drapés et de la matérialité des éléments (textiles, armures, bois) ; elle se conforme probablement en cela aux demandes et aux goûts des commanditaires. Des tempéraments artistiques peuvent
néanmoins être distingués, entre douceur pour certains artistes et expressivité pour d’autres, tirant parfois à la caricature.
Dans les années 1420, certaines personnalités émergent et les particularismes régionaux s’exacerbent. Le maître de Rheinfelden actif à Bâle vers 1450, Jost Haller à Strasbourg à la même époque ou Caspar Isenmann à Colmar vers 1460
réalisent des oeuvres narratives avec un sens du détail et de
l’expressivité. (Maître de Rheinfelden, Retable Lösel : Le Baptême du Christ, Dijon, Musée des Beaux-Arts et La Mort de la Vierge, Mulhouse, Musée des Beaux-Arts).

À partir de 1470
Martin Schongauer et comparses
La personnalité du graveur et peintre colmarien Martin Schongauer (vers 1450-1491) émerge dans le paysage artistique du Rhin supérieur. Il propose une synthèse inédite entre innovations flamandes et tradition picturale locale. Ses
figures ont des attitudes délicates et des expressions douces, marquant leur caractère divin, et héritées de peintres locaux de la génération précédente. Toutefois, il sait parfaitement les mettre en volume et les positionner de manière réaliste dans un espace unifié et des compositions complexes. Il offre ainsi des scènes cohérentes, et donc très efficaces.
Par cette stratégie de changement dans la continuité, il séduit des commanditaires locaux importants. Il exerce aussi une large et longue influence sur de nombreux artistes (peintres, graveurs, sculpteurs) dans la région du Rhin supérieur. Mais cette influence s’exerce bien au-delà du territoire grâce à la diffusion de ses nombreuses gravures, d’une qualité exceptionnelle, dans l’Europe entière, grâce à l’imprimerie alors en plein essor.

Un Schongauer a été trouvé dans les réserves du musée.

Un nouveau Dürer

Ce travail de recherche initié par l’INHA a permis de découvrir un 7e Dürer (en France), une crucifixion, identifiée dans un musée de Picardie par Isabelle Dubois Brinkmann, conservatrice en  chef du patrimoine.

Vers 1500-1540
L’art singulier de Hans Baldung Grien
Au début du 16e siècle, un autre artiste se distingue : Hans Baldung Grien. Basé à Strasbourg et également actif à Fribourg-en-Brisgau, c’est un peintre à la pratique très personnelle, chez qui coexiste les sujets de tradition médiévale et l’ouverture à de nouveaux thèmes et de nouvelles formes. Il faut mentionner sa maîtrise de l’art du portrait et du paysage, ainsi que sa connaissance du maniérisme italien : cette nouvelle manière de peindre apparaît entre 1515 et 1520 et gagne rapidement l’Europe entière. Elle s’attache à afficher l’artificialité de l’art en poussant parfois jusqu’à l’invraisemblance la maîtrise de l’anatomie (corps étirés, muscles hypertrophiés), en altérant les couleurs et les drapés par rapport à la réalité. Hans Baldung Grien se convertit au protestantisme en 1529 : les commandes religieuses se faisant rares à
Strasbourg (devenue protestante dans les années 1520 et ayant ordonné le retrait des images des églises et couvents en 1530), il adapte sa production pour
continuer à satisfaire et à développer sa clientèle : il se tourne vers les sujets profanes et les portraits tout enexécutant encore des tableaux de dévotion privée.

Des dispositifs de médiation au coeur du parcours

Les dispositifs présentés dans l’exposition s’adressent prioritairement à un jeune public (7-12 ans) pour lui permettre une compréhension de ces oeuvres
d’art ancien à caractère religieux éloignées esthétiquement et iconographiquement de ses références contemporaines.
Ces outils proposent des contenus uniques, ludiques et didactiques, adaptés à ce public, en diversifiant les approches (visuelles, sonores, tactiles…) et les formes.
L’ensemble des dispositifs est accessible en trois langues: français, anglais et allemand

Informations pratiques

Musée Unterlinden
Place Unterlinden – 68000 Colmar
Tél. +33 (0)3 89 20 15 50
info@musee-unterlinden.com
www.musee-unterlinden.com

Horaires d’ouverture
Mercredi au lundi : 9h – 18h
Mardi : fermé
Fermé le 01.01, 01.05, 01.11, 25.12

Théodore Rousseau (1812-1867) la voix de la forêt

Au Petit Palais une exposition  à Théodore Rousseau (1812-1867)
jusqu'au 7 juillet 2024
Commissariat :
Annick Lemoine, conservatrice générale du patrimoine, directrice du Petit Palais, commissaire générale
Servane Dargnies-de Vitry, conservatrice peintures au musée d’Orsay, commissaire scientifique. L’exposition est organisée avec la participation exceptionnelle du musée du Louvre et du musée d’Orsay
Prologue

Théodore Rousseau, Sortie de forêt à
Fontainebleau, soleil couchant, 1848-1850, huile
sur toile. Musée du Louvre, Paris. Photo © RMNGrand
Palais (musée du Louvre) / Gérard Blot.

Le Petit Palais présente une exposition inédite consacrée à
Théodore Rousseau (1812-1867), artiste bohème et moderne, qui a fait de la nature le motif principal de son oeuvre, son monde et son refuge. Admiré par les jeunes impressionnistes comme par les photographes qui suivent sa trace en forêt, Rousseau prouve à lui tout seul la vitalité de l’école du paysage, au milieu d’un siècle marqué par la révolution industrielle et l’essor des sciences du vivant. Véritable écologiste avant l’heure, il porte un regard d’artiste sur la forêt de Fontainebleau et élève sa voix pour alerter sur la fragilité de cet écosystème.

L’exposition

L’exposition rassemble près d’une centaine d’oeuvres venant de grands musées français comme le Louvre et le musée d’Orsay, européens comme le Victoria and Albert museum et la National Gallery de Londres, la Collection Mesdag de La Haye, la Kunsthalle de Hambourg entre autres, ainsi que de collections privées. Ces oeuvres montrent combien l’artiste mérite une place de premier plan dans l’histoire de l’art et du paysage, mais aussi à quel point son oeuvre peut guider, aujourd’hui, notre relation à la nature.

Parcours

Le parcours de l’exposition suit le fil de la carrière de cet artiste singulier qui s’est toujours positionné à rebours de ses contemporains. La première section évoque son renoncement à la voie académique notamment par le refus d’effectuer le traditionnel voyage en Italie pour parfaire son apprentissage. Rousseau souhaite en effet peindre la nature pour elle-même et non comme décor pour des scènes mythologiques. Il préfère sillonner la France comme en témoignent ses oeuvres de jeunesse : Paysage d’Auvergne, 1830 (musée du Louvre) ; Village en Normandie, 1833 (Fondation Custodia, Collection Frits Lugt) ; Le Mont-Blanc, vu de la Faucille. Effet de tempête, 1834 (Ny Carlsberg Glyptotek, Copenhague). Il rapporte de ses voyages de nombreuses études qui montrent son observation attentive du visible : études de troncs, rochers, sous-bois, marais…

Au coeur de l’exposition

L’exposition montre toute la singularité de l’oeuvre de Rousseau dont le travail au plus près du motif fait partie intégrante de son processus créatif. Le peintre a besoin de s’immerger dans la nature. Il renonce à toute perspective géométrique et place le spectateur non pas en surplomb du paysage mais au coeur de cet écosystème. Il retouche ensuite ses tableaux en atelier parfois pendant plusieurs années. Sa technique très personnelle, qui contraste avec celle des autres artistes de son temps, lui vaut d’être refusé aux Salons plusieurs années de suite avant de choisir lui-même de ne plus rien envoyer, découragé. Paradoxalement, ce rejet qui lui vaut le surnom de «grand refusé» lui permet d’acquérir une notoriété et un véritable succès critique et commercial en France comme à l’étranger.

La forêt de Fontainebleau

                                               Millet et Rousseau
Le parcours met ensuite en lumière ses oeuvres peintes en forêt de Fontainebleau et son rôle décisif joué auprès des artistes et photographes qui comme lui fréquentent le village de Barbizon où il s’installe à partir de 1847. Autour de lui, se rassemblent des peintres comme Narcisse Diaz de la Peña, Charles Jacques, Jean-François Millet qui deviendra son ami le plus proche mais aussi des photographes tels Eugène Cuvelier, Charles Bodmer ou encore Gustave Le Gray. Ils arpentent inlassablement la forêt de Fontainebleau et dressent de véritables portraits d’arbres qui deviendront la signature de Rousseau. L’artiste scrute leur structure organique, la ligne de leurs branches, la forme de leurs noeuds. Il les individualise et situe précisément ses tableaux : Le Pavé de Chailly, vers 1840 (Musée départemental des peintres de Barbizon), ou encore Le Vieux Dormoir du Bas-Bréau, 1836-1837 (dépôt du Musée du Louvre au musée d’Orsay).

En parallèle, une conscience aigüe de la mise en danger des forêts se développe chez les artistes, les critiques et les écrivains dans un contexte d’industrialisation croissante. Les peintres sont les témoins de coupes massives d’arbres et s’en font l’écho. Rousseau souhaite dénoncer ces « crimes » à travers ses oeuvres. Il choisit notamment un titre qui frappe les esprits en reprenant l’épisode biblique du Massacre des innocents,1847 (Collection Mesdag, Pays-Bas)

qui représente une scène d’abattage d’arbres en forêt. En 1852, Rousseau se fait le porte-voix de la forêt au nom de tous les artistes qui la peignent et écrit au comte de Morny, ministre de l’Intérieur de l’époque. Son combat trouve sa résolution dans la création, en 1853, de la première réserve naturelle au monde, sous le nom de «réserve artistique», officialisée en 1861. En fin de parcours, une frise chronologique retrace l’histoire de la forêt de Fontainebleau et de sa sauvegarde du début du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui, rappelant l’apport décisif de Rousseau, au nom de l’art, dans l’émergence d’une conscience écologique.

VISITES LITTÉRAIRES
Les voix de la forêt

Avec Théodore Rousseau, des romantiques aux naturalistes, de Sand à Flaubert, les écrivains donnent à entendre la voix des arbres et le langage des forêts. Une conférencière propose un ensemble de textes évoquant, au fil de l’exposition, l’installation de la communauté artistique et littéraire de Barbizon, le renouveau du paysage et la défense de la forêt de Fontainebleau.
Les mardis à 12h15
7, 14, 21 et 28 mai
4, 11, 18 et 25 juin
2 juillet.

Informations pratiques

Petit Palais
Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Avenue Winston-Churchill, 75008 Paris
Tel : 01 53 43 40 00
petitpalais.paris.fr
Accessible aux visiteurs en situation de handicap.
Accès
En métro
Lignes 1 et 13 : Champs-Élysées Clemenceau
Ligne 9 : Franklin D. Roosevelt
En RER
Ligne C : Invalides
En bus
Lignes 28, 42, 72, 73, 80, 83, 93
En VÉLIB’
Station 8001 (Petit Palais)
Auditorium
Informations sur la programmation à l’accueil
ou sur petitpalais.paris.fr
Café-restaurant
Le café-restaurant du musée sera fermé pour travaux de rénovation jusqu’au 26 avril inclus.