Conférence de Philippe Dagen et soirées de chansons de Jacques Brel à la Fondation Beyeler. L’exposition « Paul Gauguin » à la Fondation Beyeler a commencé de manière foudroyante – déjà 50 000 visiteurs ont vu les oeuvres de cet artiste français exceptionnel. Aussi diversifiées et remarquables que les chefs-d’oeuvre de Gauguin sont les manifestations organisées à l’occasion de l’exposition. Philippe Dagen, agrégé d’histoire, professeur à la Sorbonne et critique d’art, donnera une conférence intitulée «Paul Gauguin, la résurrection du primitif ?» le mercredi 11 mars 2015 à 18h30.
Paul Gauguin – la résurrection du primitif ?
Après 1900, désireux de renouveler fondamentalement l’art, de nombreux représentants de différents courants d’avant-garde ont fait des emprunts aux peuples alors dits primitifs d’Afrique ou d’Océanie. Ils ont ainsi suivi l’exemple de Paul Gauguin, que sa quête d’authenticité avait poussé à aller s’installer en Polynésie. Dans cette conférence, le célèbre historien de l’art, Philippe Dagen, écrivain et critique d’art au quotidien français Le Monde, se penche sur la question du « primitif » chez Gauguin. PAUL GAUGUIN et l’art contemporain
De nombreux artistes modernes et contemporains se sont référés à maintes reprises à l’œuvre révolutionnaire de Gauguin.
C’est ainsi que dans les années 1960, l’artiste français Martial Raysse a rendu hommage aux tableaux emblématiques de Gauguin représentant des Tahitiennes assises sur la plage dans un assemblage intitulé « Souviens-toi de Tahiti en septembre 61 ». Loin de toute illusion d’authenticité exotique, la Tahitienne de Raysse est transformée en touriste blonde et futile qui se protège de la chaleur sous un parasol.
Dans son grand « Portrait of Paul Gauguin on the Eve of His Attempted Suicide Tahiti », l’artiste australien Brett Whiteley pare la vie tragique de Gauguin d’une actualité nouvelle. Whiteley prend pour point de départ de son tableau la liberté que l’artiste est allé chercher sous les tropiques et fait de lui une figure culte de la génération hippie.
C’est à un commentaire critique sur Gauguin que se livre Sigmar Polke en 1983 dans sa toile « Die Lebenden stinken und die Toten sind nicht anwesend », où il transforme les célèbres motifs tahitiens de Gauguin en impressions pseudo exotiques de tissu décoratif bon marché.
Mais c’est sans doute la peinture de Peter Doigqui rend à Gauguin l’hommage le plus actuel. Son intensité chromatique et sa planéité, tout comme ses motifs, éveillent de nombreux échos avec des toiles de Gauguin, comme le montre bien la juxtaposition du « Cheval blanc » de Gauguin de 1898 et de la « Grande Riviere » de Doig de 2001/2002. À l’image des « paradis perdus » tahitiens de Gauguin, les paysages idylliques de Trinidad réalisés par Doig sont des collages de mondes merveilleux situés entre réalité, désir et mélancolie.
Venez constater ces similitudes par vous-mêmes en visitant l’exposition PETER DOIG ouverte jusqu’au 22 mars 2015.
Philippe Dagen
Philippe Dagen est un des meilleurs spécialistes de l’art moderne et contemporain qu’il défend souvent contre ses détracteurs. Ainsi il plaide la cause des jeunes créateurs en butte aux académismes en tout genre. Pour lui, les musées ressemblent trop souvent à des sarcophages et le culte du passé nous empêche d’apprécier les oeuvres de notre temps. Philippe Dagen a également consacré plusieurs ouvrages à l’art de la Belle Epoque et de la Première Guerre :
Pour ou contre le fauvisme, Le Silence des peintres, Les artistes face à la Grande Guerre.
Il a aussi publié quatre romans, où l’humour s’allie à l’émotion, tous publiés chez Grasset. Celles et ceux qui désirent se préparer à sa conférence se reporteront d’autant plus facilement à son étude, Le Peintre, le poète, le sauvage, les voies du primitivisme dans l’art français, qu’elle est disponible en édition de poche.
Cette conférence donnée en français est organisée en collaboration avec l’Alliance Française de Bâle et la Société d‘Études Françaises de Bâle. La présence à cette manifestation est comprise dans le prix d’entrée du musée.
Aux soirées de chansons de Jacques Brel le chanteur britannique Marc Almond et l’acteur allemand Dominique Horwitz entraînent les spectateurs dans l’univers de Jacques Brel, qui était un grand admirateur de Paul Gauguin.
Soirées de chansons de Jacques Brel
Paul Gauguin et le chanteur Jacques Brel ont été fascinés par l’île d’Hiva Oa dans les Marquises, où ils sont tous deux enterrés, à quelques mètres l’un de l’autre. Ce point commun a donné à la Fondation Beyeler l’idée de consacrer deux soirées de chansons à Jacques Brel : Marc Almond chante Jacques Brel Jeudi 12 mars 2015, 19h00
L’auteur-compositeur-interprète britannique Marc Almond a été une grande vedette des années 1980 avec son group Soft Cell et a vendu plus de 30 millions d’albums dans le monde entier. Avec les musiciens Neal Whitmore et Martin Watkins, il convie les visiteurs de la Fondation Beyeler à un voyage musical dans le temps. Tarif : CHF 85.- / ART CLUB, FREUNDE: CHF 70.- L’entrée du musée est comprise dans le prix. Dominique Horwitz chante Jacques Brel Mercredi 15 avril, 19h30
La voix de l’acteur et chanteur Dominique Horwitz entraîne les spectateurs
dans l’univers de Jacques Brel. Tarif : CHF 65.- / ART CLUB, FREUNDE: CHF 40.- L’entrée du musée est comprise dans le prix. Fondation Beyeler,
Beyeler Museum AG, Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen Heures d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours 10h00–18h00,
le mercredi jusqu’à 20h00
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Le rendez-vous de l‘art
du 5 – 8 mars 2015 au Parc des expositions Karlsruhe
Venus de onze pays, 210 galeristes, dont 32 nouveaux
participants, transforment les halls du parc des expositions
en un lieu vivant dédié à l’art. Art KARLSRUHE présente un panorama allant de l’art moderne
classique à l’art contemporain et rassemble les oeuvres
de tous les mouvements importants de cette période.
Dans les 4 halls, l’éventail s’étend de l’impressionnisme,
l’expressionnisme et la Neue Sachlichkeit au néo-expressionnisme,
au Street Art et aux récentes créations contemporaines
en passant par les courants majeurs de l’aprèsguerre
comme l’Art informel, l’Art concret, ZÉRO et le Pop Art.
La claire structure architecturale des halls, avec 160
one-artist shows, 19 espaces sculptures et de nombreuses
aires de repos, crée un paysage artistique favorable à
l’observation et la concentration pour pouvoir acquérir les
oeuvres en toute détente.
Le commissaire est Ewald Karl Schrade
Robert Capa et la photographie contemporaine hongroise/ PHOTO ART BUDAPEST, invité à art KARLSRUHE
En 2015, la photographie occupe, une fois de plus, une place majeure au salon art KARLSRUHE. En 2013, les portraits et clichés de reportages de Gisèle Freund issus de la collection Marita Ruiter connurent aussi un immense succès.
Placé lui aussi sous le signe de l’art photographique, le 12e salon art KARLSRUHE (vidéo) présente dans le hall 1 un concentré de la photographie hongroise. La Hongrie a donné naissance à plusieurs photographes de renommée internationale comme László Moholy-Nagy, André Kertész, Brassaï, Lucien Hervé ou Martin Munkacsi. Sous le titre « PHOTO ART BUDAPEST, invité à art KARLSRUHE », le Musée national hongrois,
le Robert Capa Center, la Galerie Várfok et la INDA Gallery de Budapest s’unissent pour offrir au public un regard sur cette grande tradition photographique hongroise.
Tandis que les deux galeries et le Robert Capa Center donnent un aperçu de la vitalité de la scène photographique hongroise contemporaine, le Musée national se consacre à l’œuvre d’Endre Ernö Friedmann (1913-1954), entré dans l’histoire de la photographie et du photojournalisme sous le pseudonyme de Robert Capa.
Pour art KARLSRUHE, Éva Fisli, commissaire du Musée national hongrois, rassemble huit œuvres-clés de Capa. Cette exposition, accompagnée d’une projection, de magazines originaux et de diverses publications qui témoignent de la vie mouvementée et de l’œuvre du célèbre photographe, permet aux visiteurs de découvrir les histoires derrière les images et, en particulier, le rôle de la photographie dans l’appropriation visuelle de l’histoire. Pour sa part, le Robert Capa Center, inauguré en 2013 à Budapest pour le 100e anniversaire de Capa, présente à art KARLSRUHE un solo show conçu par la commissaire Krisztina Jerger et dédié à Gábor Gerhes, photographe et artiste conceptuel né en 1962.
Les surfaces d’exposition de la INDA Gallery et de la Galerie Várfok, également dans le hall 1, montrent de manière impressionnante comment l’actuelle scène photographique hongroise reste attachée à ses racines tout en explorant de nouvelles et captivantes voies artistiques. Avec des artistes photographes tels que Lajos Csontó, Imre Drégely, Ágnes Eperjesi, Gábor Kerekes, Balázs Telek (INDA Gallery) ou Ákos Czigány, Péter Korniss, Mátyás Misetics (Várfok), c’est un large panel de la nouvelle génération de photographes hongrois qui nous invite à faire la connaissance d’un important paysage photographique encore peu connu chez nous.
Fidèle à sa tradition, art KARLSRUHE consacre en 2015 son exposition spéciale à un exemple emblématique de la vitalité des collections dans le Bade-Wurtemberg.
Minimalisme des formes, emploi de matériaux comme le métal ou les miroirs et monochromies en blanc, argent et bleu sont les caractéristiques des nombreuses oeuvres que l’entrepreneur souabe, Peter Schaufler et son épouse, Madame Christiane Schaufler-Münch, ont rassemblées pendant plus de trois décennies. Leur importante collection, présentée au SCHAUWERK, le musée privé du couple, compte plus de 3500 objets appartenant essentiellement au mouvement ZÉRO, à l’Art minimal, l’Art conceptuel et l’Art concret. Pour art KARLSRUHE, la directrice de SCHAUWERK, Barbara Bergmann, met en scène, sous le titre „Some like it cool“, 30 oeuvres majeures et représentatives de cette collection, parmi lesquelles se trouvent plusieurs travaux de Sylvie Fleury, Imi Knoebel, Thomas Ruff et Ugo Rondinone.
quelques galeristes français : JP Ritsch- Fisch de Strasbourg qui présente Paul Amar artiste de l’art brut
La galerie L’Estampe de Strasbourg, présente Christophe Hohler et Erro
La Galerie Oniris de Rennes présente l’abstraction géométrique.
Quelques galeries allemandes
Valentien de Stuttgart présente des valeurs sûres comme Horst Antes, Philipp Bauknecht, Willi Baumeister, Moritz Baumgartl, Alfred Hrdlicka, Anna Ingerfurth, Pablo Picasso,
et un « suiveur » de Lucas Chranach Jan Peter Tripp
La galerie Zaiss d’Aalen présente les derniers travaux de Raymond Waydelich (représentant la France à la Biennale de Venise en 1978)
Dans la même galerie Michel Cornu et ses délicates branches sur papier de chanvre
C’est une foire qui d’adresse à tous, amateurs comme collectionneurs, qui reviennent
fidèlement d’après les galeristes. Elle est bien agencée avec des espaces aérés, pour les galeristes, comme pour les sculptures qui y sont nombreuses.
Un shuttel conduit les visiteurs de la gare jusqu’à la foire et ceci gratuitement. photos de l’auteur
Une panne de mon fournisseur d’accès Internet m’a empêchée
d’écrire plus complètement et plus rapidement mon compte rendu,
j’en suis désolée. 😡
Presque la même chose est une tentative de comprendre l’autre.
la nouvelle exposition de la Kunsthalle de Mulhouse
Cette exposition s’inscrit ouvertement dans l’organisation d’un questionnement soumis par Umberto Eco dans « Dire presque la même chose » un essai sur ses expériences de traduction. Selon lui, traduire ne permet pas de dire la même chose, mais au mieux, presque la même chose. Et il poursuit en soulignant que c’est dans le presque que réside toute la complexité de la tâche. Ce presque, central mais indéfini, s’impose comme un adverbe élastique et extensible à utiliser sous « l’enseigne de la négociation ». Et c’est là le cœur de toute tentative de traduction. Quelle amplitude accorde-t-on au presque ? Traduire peut s’appliquer à toute forme de langage, écrit, plastique, sonore et chacune détient un périmètre de négociation qui lui est propre. C’est une exposition qui demande du temps, il vous faut vous asseoir, prendre les écouteurs, lire, déchiffrer, regarder, et vous serez conquis par l’intelligence du propos.
Umberto Eco illustre, par une série d’exemples et d’histoires vécues, les problèmes que lui a posés la traduction. Presque la même chose reprend la trame de son écrit, chapitre après chapitre, et les artistes et les œuvres tantôt apportent une réponse, tantôt rebondissent sur les interrogations soulevées par l’auteur. Le principe n’est pas de réunir un corpus d’œuvres relatives au sujet mais plutôt de poursuivre la réflexion en nous appuyant sur des recherches – formelles ou textuelles – susceptibles de nous aider à comprendre combien il est difficile de dire presque la même chose.
Avec Ignasi Aballí, Alex Baladi, Cathy Berberian, Pierre Bismuth, Julia Bodamer, Gérard Collin-Thiébaut, Nicolás Lamas, Ilan Manouach, Antoni Muntadas, Till Roeskens, Sébastien Roux, Thu Van Tran, Martina-Sofie Wildberger ;
→« De l’impossible au possible : l’expérience des langues chez Louis Wolfson. », conférence de Frédéric Martin, éditeur/Le Tripode;
→« Traduire la couleur : voir et penser autrement … », conférence d’Annie Mollard-Desfour, linguiste-lexicographe;
→ Des œuvres d’art premier.
Entre références méconnues et valeur esthétique certaine, les
oeuvres d’art premier sont par nature des objets transmis soit à
contre-sens, soit dans la perte de leur sens originel.
Le masque de l’éthnie Nalu/Baga vient de la société Banda
Kumbaruba de Guinée. Il est en bois et orné de polychromie
minérale, il date de la fin du 19ème, début 20ème siècle. Les masques
des sociétés secrètes Banda Kumbaruba sont des compositions
anthropozoomorphes se portant horizontalement sur la tête à
l’occasion de cérémonies liées à la circoncision. Ils symbolisent
l’essence de l’animisme dans le lien étroit unissant l’Homme aux
animaux et à la nature. Le masque figure le visage de l’homme,
la mâchoire du crocodile, les cornes de l’antilope, le corps d’un
serpent, la queue d’un caméléon et les oreilles du singe. Tous
ces animaux sont présents dans les récits et les fables racontant
l’histoire de la communauté dont les symboliques (à travers leurs caractéristiques propres) sont comparées ou interprétées
par l’homme.
La traduction est partout, sous toutes les formes, elle n’est ni une science, ni un instinct, elle communique la pensée, elle fait voyager. Presque la même chose rassemble des œuvres relatives au langage, écrit, plastique, sonore et à ses traductions.
En 14 chapitres : Chap 1. Les synonymes d’Altavista / Alta Vista’s synonyms
Chap 2. Du système au texte / System to text
Chap 3. Réversibilité et effet / Suprasegmental or tonemic
Chap 4. Signification, interprétation, négociation / Meaning, interpretation, negotiation
Chap 5. Pertes et compensations / Losses and gains
Chap 6. Référence et sens profond / Surface and deep stories
Chap 7. Sources, embouchures, deltas, estuaires / Source vs target
Chap 8. Faire voir / To see things and texts
Chap 9. Faire sentir le renvoi intertextuel / Intertextual irony
Chap 10. Interpréter n’est pas traduire / Rewording is not translation
Chap.11 Quand change la substance / Substance in translation
Chap 12. Le remaniement radical / Hidden verses
Chap 13. Quand change la matière / A matter of matter
Chap 14. Langues parfaites et couleurs imparfaites / La traduction est partout, sous toutes les formes, elle n’est ni une science, ni un instinct, elle communique la pensée, elle fait voyager. Presque la même chose est une tentative de comprendre l’autre. Souvenons-nous du mythe de la Tour de Babel : Nemrod, le roi souverain des descendants de Noé eut l’idée de construire, à Babylone, une tour dont le sommet devait atteindre le ciel et dans laquelle un seul peuple devait parler une seule langue. Dieu arrêta son projet de toute puissance en multipliant les langues pour mieux diviser les hommes. La langue unique apparaît comme un gage de force et de pouvoir. Elle fédère et rassemble un peuple. Elle permet la compréhension, l’entente, elle soude un groupe et lui donne confiance. Tant d’attributs attirent et effraient à la fois. Les tentatives de mettre au point un langage unique n’ont cessé de tourmenter les humanistes ou stratèges, mais la réalité de la division s’est toujours imposée au-delà de toute convention linguistique. C’est peut-être en acceptant cette division, la prenant comme postulat de départ, en l’analysant et en la dépassant, que l’on se rapprocherait le plus, non pas d’une langue partagée, mais d’une compréhension universelle qui serait le stade le plus avancé de cette quête d’unicité. Et si la traduction s’inscrivait alors à cet endroit ? Et si elle constituait une alternative raisonnable au dessein universel ? C’est une piste tentante mais autant se l’avouer de suite, elle n’est pas la clé du problème et tous ceux, qui se sont penchés sur ce qu’elle signifie et induit, se sont inclinés devant la complexité de son exercice.
Traduire ne permet pas de dire la même chose mais, au mieux, presque la même chose, pour reprendre les termes d’Umberto Eco dans son essai sur ses expériences de traduction. Il souligne que c’est dans le presque que réside toute la complexité de la tâche. Ce presque, central mais indéfini, s’impose selon lui comme un adverbe élastique et extensible à utiliser sous « l’enseigne de la négociation ». Là est le coeur de toute tentative de traduction. Quelle amplitude accorde-t-on au presque ? C’est une affaire qui concerne l’auteur et le traducteur. Tout au plus peut-on dessiner les contours de ce qui rentrerait dans le champ de la traduction et, par conséquent, énumérer les obstacles qu’elle rencontre. C’est un exercice un peu systématique mais qui ne manque pas d’intérêt car plus on explore le thème de la traduction plus on lui attribue de variétés. Il apparaît que traduire peut s’appliquer à toute forme de langage, écrit, plastique, sonore et chacune détient un périmètre de négociation qui lui est propre. Dans Dire presque la même chose, Umberto Eco illustre, par une série d’exemples et d’histoires vécus, les problèmes que la traduction lui a posés. Dans cette exposition, je me fie aux expériences de l’auteur et m’inscris pleinement dans l’organisation de son questionnement. Presque la même chose reprend la trame de l’écrit, chapitre après chapitre, et les artistes ou les oeuvres tantôt apportent une réponse, tantôt rebondissent sur les interrogations soulevées par l’auteur. Le principe n’est pas de réunir un corpus d’oeuvres relatives au sujet mais plutôt de poursuivre la réflexion en nous appuyant sur des recherches formelles ou textuelles, mais aussi sur des savoirs ou des histoires individuelles. OEuvres, conférences, portraits sont également et sans hiérarchie le contenu de cette exposition qui tente modestement de montrer combien il est difficile de dire presque la même chose. Sandrine Wymann
quelques extraits : Chapitre 12 Le remaniement radical
Il est des circonstances de remaniement plus radical, qui se placent sur une
échelle de libertés, jusqu’à franchir ce seuil au-delà duquel il n’y a plus
aucune réversibilité. De sorte que, si une machine traductrice traduisait à
nouveau, fût-ce de manière imparfaite, le texte de destination en un autre texte
de la langue source, il serait difficile de reconnaître l’original.
Au plus profond du noir / Heart of Darkness est une oeuvre basée
sur un exercice de traduction libre du texte Au coeur des ténèbres
de Joseph Conrad par Thu Van Tran. Avec la seule aide d’un
dictionnaire anglais-anglais et dans les limites de sa connaissance
de la langue, elle a traduit le récit en se fiant à sa compréhension,
souvent plus sensible qu’objective.
Le livre publié dans une seconde édition à l’occasion de
l’exposition, réunit les deux versions française et anglaise. Au plus
profond du noir se présente davantage comme une réécriture que
comme une traduction fidèle. À cela s’ajoute que pour intensifier
son rapport au texte, l’artiste a choisi d’écrire au présent, un temps
plus immédiat qui la lie intimement à l’histoire racontée.
(déjà vue à Art Basel 2013)
Chapitre 3 Réversibilité et effet Suprasegmental Plusieurs fois au cours de la traduction de ces passages, j’ai renoncé à une
réversibilité lexicale et syntaxique, car je considérais que le niveau
pertinent était le niveau métrique […]. Donc, je me souciais moins d’établir
une réversibilité littérale que de provoquer un effet identique à
celui que le texte, selon mon interprétation, voulait provoquer
chez le lecteur.
Martina-Sofie Wildberger (1985, vit et travaille à Genève), son
travail repose sur deux composantes majeures, la performance
et le texte. Par des jeux de mise en scène et d’interprétation elle
s’appuie sur la dimension sonore et rythmique de textes parlés
et les déploie en français, allemand et suisse allemand pour faire
émerger du sens.
La série de posters présente dans l’exposition est la traduction
écrite et graphique de quelques-unes de ses performances ayant
déjà eu lieu et consignées au plus près de leurs composantes
vivantes et textuelles. Chaque performance est un moment
singulier et chaque poster rend compte de la qualité éphémère et
unique du moment. Martina-Sofie Wildberger viendra rejouer les
performances consignées et donnera ainsi un nouveau support d’interprétation graphique.
Chapitre 4 Signification, interprétation, négociation
On négocie la signification que la traduction doit exprimer
parce qu’on négocie toujours, au quotidien, la signification
que nous attribuons aux expressions que
nous utilisons […] En ce sens, en traduisant,
on ne dit jamais la même chose. Pas de deux de Julia Bodamer (vidéo)(1988, vit et travaille à Zurich)
s’applique à nous faire perdre nos repères, ceux de temps et
d’espace, dans un film présentant deux femmes quasi-semblables
qui paraissent ne former plus qu’une seule entité dansante et
performative. Le spectateur est perdu par un effet de répétition
et par l’étrange impression laissée par ces deux femmes qui jouent
simultanément de leur similitude et de leur différence.
Chapitre 6
Référence et sens profond Interpréter signifie faire un pari sur le sens d’un texte. […] Bien sûr, c’est
l’histoire de toute une culture qui assiste le traducteur lorsqu’il fait ses
paris, de même c’est toute une théorie des probabilités qui assiste
le joueur devant la roulette.
Antoni Muntadas (1942, vit et travaille à Barcelone et New-
York) est internationalement reconnu pour son travail dans le
champ de l’art médiatique. Avec On Translation, série toujours
en cours, il s’intéresse depuis plus de vingt ans aux mots dans les
multimédias et à leur relation aux différents modes de traduction.
Warning, 1999-…, est une série de propositions qui relie le fait de
comprendre à la nécessité de s’engager. La phrase Attention : la
perception demande de s’engager est traduite dans de nombreuses
langues et reproduite sur des supports médiatiques aussi divers
que les affiches, autocollants, vitrines, encarts de presse, etc…
Depuis 1985, Gérard Collin-Thiébaut (1946, vit et travaille à
Besançon) construit des «Rébus» par regroupement de dessins
et photographies ou à partir d’objets assemblés sous la forme
d’installations. Ses sujets sont multiples : noms d’artistes,
citations ou encore titres d’oeuvres. Ses rébus questionnent
l’art et sa représentation, ils renvoient de manière ironique aux
interprétations érudites des historiens d’art. Bien que le public
soit sollicité pour mettre des mots sur les figures ou arrangements
constitués, Gérard Collin-Thiébaut s’applique à toujours donner
la réponse (phonétique d’abord, puis la citation) de chacun des
rébus ; l’effet recherché n’étant pas de mettre le lecteur en difficulté
mais plutôt de lui transmettre une connaissance.
Chapitre 7 Sources, embouchures, deltas, estuaires …Une traduction peut être aussi bien target que source
oriented, c’est-à-dire qu’elle peut être orientée soit au texte
source ou de départ soit au texte (et au lecteur) de destination ou d’arrivée. Ce sont là désormais les termes employés dans la théorie de
la traduction, et ils concernent, semble-t-il, la vieille question de savoir si une traduction doit conduire le lecteur à s’identifier
à une certaine époque et un certain milieu culturel – celui du texte original – ou si elle doit rendre l’époque et le milieu accessibles
au lecteur de la langue et de la culture d’arrivée. Par le biais du langage et au moyen de films, Pierre Bismuth
(1963, né à Paris, vit et travaille à Bruxelles) s’interroge dans nombre
de ses oeuvres sur les notions de transmission et de réception d’un
événement.
Dans The Jungle Book Project, il réutilise différentes versions du Livre
de la Jungle de Walt Disney en attribuant une langue différente à
chacun des 19 personnages. S’installe une forme d’incompréhension qui est contrebalancée par la célébrité du film. Malgré la pluralité
des langues le spectateur comprend l’histoire de façon presque
instinctive. Mais la perception s’en trouve sans doute légèrement
modifiée si ce n’est que parce que le résultat est à la fois drôle et
perturbant. Chapitre 8 Faire voir
On part du double principe que (1) si le lecteur naïf ne connaît pas l’oeuvre
visuelle dont s’inspire l’auteur, il doit pouvoir en quelque sorte la découvrir en
imagination, comme s’il la voyait pour la première fois ; mais aussi
que (2) si le lecteur cultivé a déjà vu l’oeuvre visuelle inspiratrice, le discours
verbal doit être en mesure de la lui faire reconnaître.
Par le langage, la représentation, par le vide ou la simple
dénomination, Ignasi Aballí (1958, vit et travaille à Barcelone)
invite le spectateur à regarder au-delà des apparences. Dans sa
série de trois oeuvres sur verre, il donne à voir au moyen de traits
qui désignent, et de mots qui décrivent, trois peintures du XVIe
siècle de Saint Jérôme.
Saint Jérôme, traducteur de la Bible depuis le grec et l’hébreu
vers le latin, père des traducteurs, est ici commémoré par l’absence.
En six langues, la composition de chacun des tableaux est
minutieusement annotée de telle sorte qu’il est possible de
reconstituer, par la mémoire ou par la fiction, les tableaux
d’origines.
« Vis à vis de Gauguin et de van Gogh, j’ai un net complexe d’infériorité parce qu’ils ont su se perdre. Gauguin par son exil, van Gogh par sa folie […..] Je pense de plus en plus que pour atteindre à l’authenticité, il faut que quelque chose craque. » Jean Paul Sartre
Carnet de la drôle de guerre
En effet, le collectionneur suisse Ruedi Staechelin et ses 18 tableaux vedettes de grands maîtres de la peinture, jusqu’alors en dépôt au Kunstmuseum, le contrat arrivé à son terme, a cessé son prêt à Bâle.
Coup de tonnerre dans le landerneau bâlois, la presse révèle qu’une pièce de la collection,
« Nafea », de Gauguin, exposée à la Fondation Beyeler, aurait été vendue pour 300 millions de dollars au Qatar par son propriétaire.
Avec Paul Gauguin (1848-1903), la Fondation Beyeler
– Vernissage- (vidéo) présente l’un des artistes les plus importants et les plus fascinants de l’histoire de l’art. Offrant ainsi l’un des grands sommets culturels européens de l’année 2015, l’exposition de la Fondation Beyeler rassemble une cinquantaine de chefs-d’oeuvre de Gauguin provenant de collections particulières et de musées
de renommée internationale. Ayant exigé plus de six ans de préparation, c’est le projet qui a exigé le plus d’investissement de toute l’histoire de la Fondation Beyeler.
Cette exposition montre aussi bien les autoportraits très divers de Gauguin que les tableaux visionnaires et d’empreinte spirituelle datant de son séjour en Bretagne. Mais surtout elle accorde une place prépondérante aux toiles connues dans le monde entier que Gauguin a réalisées à Tahiti. L’artiste y célèbre son idéal d’un monde exotique intact liant nature et culture, mysticisme et érotisme, rêve et réalité dans une parfaite harmonie. En complément à ces peintures, l’exposition présente également une sélection de mystérieuses sculptures de Gauguin, qui font revivre l’art largement
disparu des mers du Sud.
Il n’existe de par le monde aucun musée d’art exclusivement consacré à l’oeuvre de Gauguin. Aussi les précieuses oeuvres qui ont été prêtées proviennent-elles de
treize pays : de Suisse, d’Allemagne, de France, d’Espagne, de Belgique, de Grande-Bretagne, du Danemark, de Hongrie, de Norvège, de Tchéquie, de Russie, des États-Unis et du Canada.
Elles appartiennent aux plus grandes collections mondiales d’oeuvres de Gauguin, parmi lesquelles des institutions aussi prestigieuses que Musée d’Orsay de Paris, l’Art Institute de Chicago, les Musées Royaux des Beaux Arts de Belgique, à Bruxelles, la National Gallery of Scotland, à Edimbourg, le Museum Folkwang d’Essen, la Gemäldegalerie Neuer Meister der Staatlichen Kunstsammlungen de Dresde, le Wallraf-Richartz-Museum de Cologne ; la Tate de Londres, le Museo Thyssen-Bornemisza de Madrid, le Museum of Modern Art de New York, la Galerie nationale de Prague et bien d’autres encore.
La Fondation Beyeler a notamment réussi à obtenir pour cette exposition un groupe d’oeuvres de Gauguin conservées dans les légendaires collections russes du musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg et du musée Pouchkine de Moscou.
« Paul Gauguin est un personnage absolument fascinant, sur le plan artistique aussi bien qu’humain. Nous sommes heureux d’avoir réussi à rassembler à Bâle des chefs-d’oeuvre du monde entier. C’est un événement sensationnel, même pour la Fondation Beyeler, connue dans le monde entier pour la remarquable qualité de
ses expositions »
explique Sam Keller, le Directeur de la Fondation Beyeler.
Les créations uniques de Gauguin parlent de la quête d’un paradis terrestre perdu, elles évoquent la vie mouvementée d’un artiste à cheval entre plusieurs cultures, définie par la passion et la soif d’aventure.
Aucun artiste à la recherche de soi et d’un art inédit ne s’est engagé sur des voies aussi aventureuses, aucun ne s’est rendu dans des contrées aussi lointaines que Paul Gauguin. Après son enfance au Pérou, une carrière dans la marine marchande qui l’a conduit à sillonner les mers jusqu’aux aurores boréales, des expériences de courtier en bourse puis une vie de bohème dans le Paris fin de siècle qui lui a permis d’être l’ami et le mécène des impressionnistes, il a été membre de la communauté d’artistes de Pont-Aven et compagnon de Van Gogh à Arles.
Sa quête insatiable d’une île des Bienheureux, qu’il espérait trouver à
Tahiti puis en ermite sur les îles Marquises, a fait de lui le premier nomade moderne, le premier marginal critique à l’égard de la civilisation occidentale. Gauguin a découvert une nouvelle forme de sensualité, d’exotisme, d’authenticité et de liberté pour l’art moderne.
« Je pars pour être tranquille, pour être débarrassé de l’influence de la civilisation. Je ne veux faire que de l’art simple ; pour cela j’ai besoin de me retremper dans la nature vierge, de ne voir que des sauvages, de vivre leur vie, sans autre préoccupation que de rendre, comme le ferait un enfant, les conceptions de mon cerveau avec l’aide seulement des moyens d’art primitifs, les seuls bons, les seuls vrais. »
Paul Gauguin en conversation avec Jules Huret, 1891
Paul Gauguin (né en 1848 à Paris ; mort en 1903 à Atuona sur l’île d’Hiva Oa, Polynésie française), le peintre d’un monde exotique et radieux, doit sa place dans l’histoire de l’art à ses représentations somptueusement colorées des îles des mers du Sud. Ses oeuvres novatrices comptent parmi les icônes de l’art moderne. Sa grand’mère était la pasionaria Flora Tristan dont le sang devait bouillir dans ses veines.
Par leurs couleurs « pures » et éclatantes et par leurs formes planes, elles ont
révolutionné l’art et joué un rôle déterminant pour les artistes modernes de la génération suivante.
Avant Gauguin, aucun artiste ne s’était consacré à une quête aussi acharnée du bonheur et de la liberté, tant dans sa vie que dans son art. C’est également une des raisons de son immense popularité, demeurée intacte jusqu’à ce jour.
Gauguin a déjà 35 ans quand il décide de renoncer à son existence de courtier en bourse et en assurances pour se consacrer entièrement à la peinture. Le bourgeois se transforme alors en bohème.
Au cours de la petite vingtaine d’années qui suit, il produit une oeuvre d’une richesse et d’une diversité extrêmes, où peintures et sculptures côtoient dessins, gravures et écrits.
À travers des chefs-d’oeuvre uniques provenant des plus grands musées et des plus remarquables collections particulières du monde, l’exposition de la Fondation Beyeler se concentre sur la période de maturité de Gauguin, celle où l’artiste a trouvé son style personnel. Après les oeuvres novatrices réalisées en Bretagne, le parcours se poursuit par les célèbres tableaux qu’il peint en Polynésie – d’abord à Tahiti, puis dans l’archipel des Marquises.
Ce sont ces oeuvres qui font découvrir, mieux que toutes autres, les innovations formelles et la diversité de contenu du langage pictural expressif de Gauguin. Si la peinture unique de Gauguin occupe le centre de cette exposition, sa sculpture inspirée de la culture maohie se voit également accorder une place importante, un certain nombre d’oeuvres clés
engageant ainsi un dialogue avec ses célèbres toiles.
Sur le plan du contenu, l’accent est porté sur le traitement novateur de la figure et du paysage, lesquels entretiennent une interaction harmonieuse
dans l’univers pictural de Gauguin.
Dégoûté par les milieux artistiques parisiens, Gauguin décide d’explorer la Bretagne, plus proche de la nature, espérant y trouvant de nouvelles impulsions artistiques. Lors de son deuxième séjour dans le village breton de Pont-Aven, au début de 1888, il met au point son style personnel, dénommé « synthétisme ». Il y utilise des couleurs pures et lumineuses qui entretiennent de puissants contrastes,
et juxtapose des formes clairement délimitées, accentuant la planéité du tableau.
À la différence des impressionnistes, Gauguin ne cherche plus à reproduire la surface perceptible de la réalité : il se met en quête d’une vérité plus profonde, au-delà du visible. Un groupe d’artistes, connu sous le nom d’« École de Pont-Aven »,
se rassemble alors autour de lui. En Bretagne, Gauguin peint des paysages
idylliques et des scènes de la vie rurale, des représentations sacrées véritablement novatrices et des autoportraits complexes, qui révèlent l’artiste sous diverses facettes.
Cette toile ne fait-elle pas penser à la femme à l’éventail de Picasso ? Gauguin précurseur a influencé beaucoup de ses suiveurs avec
ses aplatsde couleurs
Toujours en quête d’authenticité et bien décidé à poursuivre sa démarche artistique, Gauguin décide d’émigrer à Tahiti en 1891. Il croit trouver sur cette île du Pacifique un paradis tropical intact, où il pourra se développer librement en tant qu’artiste. Mais il constate rapidement que la réalité tahitienne est loin de correspondre à ses images idéalisées ; en effet, la colonisation et la christianisation ont déjà
largement détruit le « paradis » qu’il espérait trouver. Gauguin cherche à compenser cette déception à travers son art, dans lequel il célèbre la beauté exotique rêvée des paysages polynésiens et de leur population indigène dans des toiles aux couleurs somptueuses et dans des sculptures remarquablement expressives, s’inspirant également des mythes et du langage iconographique des peuples océaniens.
Cette toile avec ses cavaliers, aussi a des airs de Degas, de même que le procédé de copié/collé d’une toile à l’autre, apparait clairement où il reprend les mêmes couples ou groupes de personnages.
Des raisons financières et des problèmes de santé obligent Gauguin à quitter Tahiti en 1893 pour regagner la France. Cependant, le public parisien ne lui accordant pas le succès espéré, il décide de regagner Tahiti dans le courant de l’été 1895. Il y réalise de nouvelles oeuvres marquantes dans lesquelles il célèbre son image idéale d’un monde intact et en même temps mystérieux, accédant ainsi à une perfection suprême.
Accablé par les difficultés de l’existence et par son état de santé délabré, et désespéré par la mort prématurée de sa fille Aline, Gauguin fait une tentative de suicide dont les conséquences le feront longtemps souffrir.
Pendant ce temps, le monde artistique commence enfin à
prêter attention à son oeuvre, ce qui lui permet de conclure en 1900 avec le galeriste parisien Ambroise Vollardun contrat lui assurant un certain revenu.
Gauguin se sent de moins en moins à l’aise à Tahiti : il trouve l’île trop européenne et la vie y est devenue trop chère. Il recherche également de nouvelles impressions artistiques. Il se rend alors en 1901 sur l’île d’Hiva Oa dans l’archipel des Marquises, à 1500 kilomètres de Tahiti, et qui passe pour
plus sauvage encore. Malgré sa santé délabrée, sa profonde désillusion et des déconvenues de toutes sortes, il réalise encore au cours de ce deuxième séjour dans le Pacifique des oeuvres qui célèbrent la richesse culturelle et la beauté naturelle de la Polynésie dans une perfection suprême allant jusqu’à la transfiguration.
Aux Marquises, comme il l’avait déjà fait à Tahiti, Gauguin prend également fait et
cause pour la population indigène, ce qui lui vaut des démêlés avec l’administration coloniale, qui aboutissent à sa condamnation à une amende et à une peine de prison. Avant que ce jugement ait pu être appliqué, Paul Gauguin meurt, le 8 mai 1903, à 54 ans, malade, solitaire et démuni sur l’île d’Hiva Oa, une vie trop vite close, où sa tombe se trouve encore aujourd’hui.
Associant sérénité rayonnante et sombre mélancolie, les tableaux de Paul Gauguin sont tout à la fois séduisants et énigmatiques. Ils nous livrent un récit fascinant de l’aspiration à un paradis terrestre perdu, d’une vie d’artiste tragique, mouvementée, toujours en voyage entre les cultures, déterminée par la joie et le désespoir, la passion et l’esprit d’aventure. Tiraillé entre une utopie rêvée et la dure réalité,
Gauguin était sans doute condamné à l’échec, mais son refus de tout compromis et la singularité absolue de son oeuvre ont fait de lui un mythe intemporel. à écouter les regardeurs France culture à propos d’ Arearea (1892) de Paul Gauguin. sur France Musique Balade dans l’art sur France Culture dans la Dispute Gauguin (porte folio) « Le musicien est privilégié. Des sons, des harmonies. Rien d’autre. Il est dans un monde spécial. La peinture aussi devrait être à part. Sœur de la musique, elle vit de formes et de couleurs. »
Paul Gauguin, manuscrit, 1893
Différentes personnalités du monde de l’art, de la musique, de la culture, de la politique et de l’économie ont composé une playlist avec des morceaux de musique de leur choix pour accompagner chacune des œuvres de Gauguin présentées dans l’exposition. Écoutez ces playlists sur #GauguinSounds et composez votre propre. Jusqu’au 28 juin 2015 Paul Gauguin – Manifestations organisées à l’occasion de l’exposition
8 février – 28 juin 2015 Lecture des textes de Gauguin Des acteurs internationaux liront des textes de l’artiste Paul Gauguin. Plus de détails en ligne sous :
www.fondationbeyeler.ch
Keanu Reeves lit des extraits de Noa Noa de Gauguin
Dimanche 8 février 2015, 15h00 L’acteur de réputation internationale Keanu Reeves, né d’un père polynésien mais élevé en Amérique, lit des extraits de l’ouvrage de Gauguin. Tarif : CHF 50.- / ART CLUB, FREUNDE CHF 40.- L’entrée du musée est comprise dans le prix. *
Conférence de Philippe Dagen : « Paul Gauguin, la résurrection du primitif ? »
Mercredi 11 mars 2015, 18h30 Après 1900, désireux de renouveler fondamentalement l’art, de nombreux représentants de différents courant d’avant-garde ont fait des emprunts aux peuples alors dits primitifs d’Afrique ou d’Océanie. Ils ont ainsi suivi l’exemple de Paul Gauguin, que sa quête d’authenticité avait poussé à aller s’installer en Polynésie. Dans cette conférence, le célèbre historien de l’art, Philippe Dagen, écrivain et critique d’art au quotidien français Le Monde, se penche sur la question du « primitif » chez Gauguin. Cette conférence donnée en français est organisée en collaboration avec l’Alliance Française de Bâle et la Société d‘Études Françaises de Bâle. La présence à cette manifestation est comprise dans le prix d’entrée du musée.
*
Soirées de chansons de Jacques Brel Paul Gauguin et le chanteur Jacques Brel ont été fascinés par l’île d’Hiva Oa dans les Marquises, où ils sont tous deux enterrés, à quelques mètres l’un de l’autre. Ce point commun a donné à la Fondation Beyeler l’idée de consacrer deux soirées de chansons à Jacques Brel :
Marc Almond chante Jacques Brel Jeudi 12 mars 2015, 19h00 L’auteur-compositeur-interprète britannique Marc Almond a été une grande vedette des années 1980 avec son group Soft Cell et a vendu plus de 30 millions d’albums dans le monde entier. Avec les musiciens Neal Whitmore et Martin Watkins, il convie les visiteurs de la Fondation Beyeler à un voyage musical dans le temps. Tarif : CHF 85.- / ART CLUB, FREUNDE: CHF 70.- L’entrée du musée est comprise dans le prix. Dominique Horwitz chante Jacques Brel
Mercredi 15 avril, 19h30 La voix de l’acteur et chanteur Dominique Horwitz entraîne les spectateurs dans l’univers de Jacques Brel. Tarif : CHF 65.- / ART CLUB, FREUNDE: CHF 40.- L’entrée du musée est comprise dans le prix.
*
Journée Familles «Paul Gauguin» Dimanche 10 mai 2015, 10h00–18h00
Visites guidées de l’exposition
« Paul Gauguin » pour enfants, jeunes, adultes et familles en
différentes langues.
Un jeu dans le musée et différents ateliers invitent le public à des expériences.
Prix : gratuit pour les enfants et pour les jeunes de moins de 25 ans ;
adultes : prix d’entrée habituel du musée.
Médiation artistique
Visites guidées publiques et manifestations Programme quotidien sur
www.fondationbeyeler.ch/informationen/agenda
Visites guidées pour groupes Information et réservation : Tél. +41 (0)61 645 97 20,
fuehrungen@fondationbeyeler.ch
Offres pour scolaires Information et réservation
sur www.fondationbeyeler.ch/Ausstellungen/Kunstvermittlung/Schulen
Billetterie en ligne pour les entrées et les manifestations sur www.fondationbeyeler.ch Ou prévente directement à la caisse du musée Informations pratiques Heures d’ouverture :
Tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00 Prix d’entrée de l’exposition : Adultes CHF 28.- Passmusées accepté
Groupes de 20 personnes et plus (avec réservation) et IV avec pièce justificative CHF 23.-
Étudiants de moins de 30 ans CHF 12.-
Passe famille (2 adultes avec au moins 1 enfant de moins de 19 ans) CHF 56.-
Jeunes de 11 à 19 ans CHF 6.-
Enfants de moins de 10 ans, membres
de l’Art Club entrée libre
Un élargissement des services de médiation couronnera le caractère exceptionnel de cet événement : pour la première fois, une salle multimédiade médiation sera ouverte dans le cadre de cette exposition autour des thèmes de la biographie de l’artiste et de son oeuvre. La salle multimédia a été réalisée par compte de et en coopération avec la Fondation Beyeler par iart.
En plus du catalogue scientifique, une deuxième publication d’accompagnement sera proposée à un vaste public.
Pour pouvoir accueillir le grand nombre de visiteurs attendu, la Fondation Beyeler optimisera ses services. Une Boutique Gauguin aménagée pour l’occasion offrira de nombreux articles nouveaux et intéressants rattachés à la vie et à l’oeuvre de l’artiste.
commissaires : Raphaël Bouvier et Martin Schwander Catalogue exceptionnellement en français, anglais, allemand
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Si vous avez soif de pureté, c’est à Wattwiller qu’il vous faut aller. Non seulement pour la qualité de son eau, mais pour la nouvelle exposition de la Fondation Schneider, « La Collection » dont le commissaire et scénographe est Gusty Vonville, le nouveau directeur artistique et culturel.
Le jardin de sculptures propose ainsi une exposition permanente des oeuvres emblématiques de la Fondation, que l’exposition la Collection permet de redécouvrir.
Toutes les oeuvres extérieures démontrent ainsi à quel point l’eau est synonyme de jeu et l’on voit apparaitre régulièrement la main de l’artiste qui cherche à canaliser, à transvaser, à remplir, à verser, à éclabousser, donnant ainsi une allure tantôt tumultueuse, tantôt calme avec ce secret désir de revenir au mythe de Narcisse.
Pour l’ancien de Fernet Branca, son premier essai à la Fondation François Schneider est transformé en coup de maître.
Associant des oeuvres issues de la collection, à des oeuvres prêtées par les artistes, ou des créations nouvellement présentées, Gustave Vonville, réalise une présentation fluide et intelligente avec des cartels soulignant la luminosité et permettant une approche littéraire et poétique de l’exposition.
Vous avez pu voir, les expositions passées, consacrées à Fabrizio Plessi, les Talents contemporains 2012 et encore Narcisse, la Fondation choisissant parmi les jeunes artistes émergeants les nouveaux talents, les incluant dans son fonds et leur consacrant des expositions, puis en créant dans le futur une vente aux enchères, qui leur permettra d’être cotés. C’est lors du vernissage du 27 février qu’ont été révélés les nouveaux talents 2013, qui seront présentés en 2015.
PourPatrick Bailly-Maître-Grand, l’exposition La Collection dévoile des photographies récentes de l’artiste et une installation, Boule d’eau, (ci-dessus) acquise en 2013 par la Fondation François Schneider. Dans cette installation, la science, l’optique, et l’art se mêlent pour créer un objet fascinant, réceptacle du décor qui l’entoure, telle une photographie. D’autres oeuvres de PBMG prêtées par l’artiste vous permettront de mieux connaître l’inventivité de l’artiste, surtout si vous avez manqué sa dernière exposition au MAMCS et en simultané au musée Nicéphore Niépce en 2014.
C’est sûrement à sa première formation d’architecte que le sculpteur Thierry Dufourmantelle doit sa passion pour la science des matériaux. Lors d’une résidence à la Casa Vélasquez en 1986, il commence à mettre au point la technique du ciment cloisonné : des formes évocatrices, telles que des croissants ou des silex, sont coulées en ciments, maintenues par des barres d’acier soudées. Leurs surfaces sont traitées d’enduits pigmentés avant d’être poncées. Ces éléments subtilement modelés sont suspendus à une structure rigide par des tiges en métal traçant ainsi un dessin dans l’espace. Dans La Cascade, la sensation de mouvement suggéré par ce dispositif est encore accentuée par la descente progressive des formes. De fer et de ciment, les gouttes aux formes étranges que l’on croit parfois reconnaître descendent en cascade. Elles restent suspendues dans l’espace à des tiges métalliques, comme des marionnettes enfermées dans leur cage en attente de la représentation.
Thierry Dufourmantelle, la Cascade 1988
Installée en France depuis une vingtaine d’année, l’une des préoccupations majeures du travail d’Ilana Isehayek (les toupies d’eau, en lien vidéo plus haut) est de créer un lien entre le passé et le présent, l’histoire et le vécu. A travers un langage sobre, utilisant le bois et l’acier, elle a développé un langage très personnel où les éléments comme les toupies sont récurrents, créant un univers du jeu et de l’aléatoire.
Gigi Cifali, finaliste du concours Talents contemporains 2012 de la Fondation François Schneider, travaille sur la mémoire des lieux liés à l’eau. Dans sa série, Absence of water, il dépeint l’état de délabrement des piscines et bains publics construits à l’époque victorienne au Royaume-Uni. Ces endroits en vogue au début du XXe siècle, témoignent des changements de conditions de vie et de l’évolution des goûts. Dans cette série, l’absence est ressentie de manière poignante, provoquant un sentiment de nostalgie pour un passé révolu.
Après la nostalgie, on baigne dans la poésie de Sylvie de Meurville (le Mont d’ici) Sculpteur multimédia, scénographe, directrice artistique, Sylvie de Meurville s’attache aux lieux pour lesquels elle crée mettant ainsi en évidence dans ses créations les particularités de ceux-ci. Conçu en lien étroit avec l’architecture de la Fondation François Schneider,
Le Mont d’ici évoque une géographie immergée faisant référence au Hartmannswillerkopf, sommet qui surplombe le Centre d’Art de la Fondation. Cette montagne fut l’un des principaux lieux de combats de la Première Guerre mondiale.
Les lignes de crête étaient alors désignées par « cuisse gauche » ou « cuisse droite » tant le paysage était devenu intime aux soldats bloqués sur ce sommet. Sensible à cette personnification de la nature, l’oeuvre prend l’échelle humaine. L’eau arrive par des résurgences capillaires, elle baigne le corps de la montagne puis se déverse dans un bassin inférieur.
Son oeuvre prêtée est toute de délicatesse, le Molkenrain, 2014, ainsi que tous les paysages
stratifiés blancs.
Dans ses Recherches photographiques, Meei-Ann Liu, mêle photographie et calligraphie créant ainsi des paysages imaginaires. Dans cette série, elle a juxtaposé le motif de l’eau avec une vue qui ressemble à la surface d’un rocher tout en rappelant une vue aérienne.
Ce jeu savant avec le réel repose sur des différences d’échelle et sur l’association entre certaines formes de la nature, des topographies de paysage abstraites.
Toujours dans la totale poésie, le mur de larmes et Danaé, ainsi que L’exil et le royaume,
ou encore Le chant des sirènes d’ Hélène Mugot
Dans Mur de larmes – une installation composée d’environ 400 gouttes de cristal de tailles différentes piquées dans un mur –, une lumière extérieure naturelle ou artificielle devient partie intégrante d’un paysage de transparence, l’artiste jouant précisément sur les reflets et scintillements de cet élément. Pour Danaé, elle met en scène l’image de la surface de la mer, la source lumineuse provenant cette fois de l’intérieur même de l’oeuvre.
The last but not the least, l’incroyable Laurence Demaison, digne compagne de Patrick Bailly Maître Grand, par son art de la photographie, dont le travail photographique est exclusivement dévolu à l’autoportrait depuis 1993. Dans une relation tendue, voire sévère, elle déforme sa propre image, la transforme et la recrée, usant des vastes possibilités qu’offre l’outil photographique. Son objectif tente de matérialiser des images mentales, sans manipulations ultérieures aux prises de vue. Les procédés qu’elle utilise pour nous offrir ces images étranges sont exclusivement ceux de la photographie argentique classique, sans aucun recours à des artifices numériques.
L’ensemble Les Eautres est constitué de 90 photographies qui représentent le reflet du visage de l’artiste dans l’eau en mouvement. Les ondulations de la surface créent des déformations infinies. Avec son appareil photographique, Laurence Demaison a tenté de saisir leurs images à la surface de l’eau,
Pluie 2012 5 photographies, 83 x 60 cm
– Les sources 6 photographies, 120 x 50 cm
– L’eau de là 173 x 93 cm
De Cézanne à Richter – Chefs d’oeuvres du Kunstmuseum Basel
au Museum für Gegenwartskunst Basel, 14 février 2015 – 21 février 2016
Pendant la fermeture d’une année du bâtiment principal du Kunstmuseum Basel à partir du 2 février 2015, ce dernier propose au Museum für Gegenwartskunst un programme d’expositions très riche, inauguré par une exposition-phare spéciale : De Cézanne à Richter – Chefs d’oeuvre du Kunstmuseum Basel.
L’exposition, dont le commissaire est le directeur du Kunstmuseum Bernhard Mendes, permet d’apprécier de manière immédiate les développements artistiques essentiels dans la peinture européenne jusque dans les années soixante-dix.
Sous peine de succomber au syndrome de Stendhal, vous pourrez admirer,
accrochées aux cimaises, de la grande salle et dans les salles adjacentes, sorte de White cube du 2e étage, à éclairage zénithal, du Museum für Gegenwartskunst.
Ces oeuvres vous les connaissez pour la plupart. Elles sont à portée de vue, si proches, toute distance abolie, que cela surprend et enlève de leur solennité.
Sont présentées environ 70 oeuvres, entres autres de Cézanne, Pissarro, Monet, Degas, Renoir, van Gogh, Modersohn-Becker, Böcklin, Hodler, Braque, Picasso, Kandinsky, Mondrian, Klee, Miró, Fontana, Palermo, Tanguy et Richter.
C’est précisément dans les domaines du 19e siècle finissant et des classiques modernes que la Öffentliche Kunstsammlung Basel revêt une importance décisive.
Il s’agit d’une vue d’ensemble panoramique qui permet d’apprécier de manière immédiate les développements artistiques essentiels de la peinture européenne jusque dans les années 1970. La ligne directrice de cette présentation de près de 70 tableaux est la chronologie qui, plutôt que d’établir une juxtaposition didactique de courants artistiques successifs, permet de montrer la simultanéité de l’un ou l’autre mouvement, significative de l’art moderne.
Ce sont d’abord des artistes français qui ouvrent l’exposition, tels Camille Pissarro, Claude Monet, Edgard Degas, Auguste Renoir et Paul Cézanne, tous engagés dans une démarche d’exploration de nouveaux langages picturaux dépassant les canons de la peinture académique. L’oeuvre de Paul Cézanne est à ce titre exemplaire d’un cheminement opiniâtre de recherche artistique. Il est l’un des pionniers qui ont révélé de manière transparente qu’un tableau est composé d’une accumulation de traits de pinceau?
de cylindres et de taches de couleurs distincts. Camille Pissarro, Claude Monet et Edgar Degas étaient liés d’amitié avec Cézanne. Ils s’encourageaient mutuellement dans leurs démarches respectives, très différentes les unes des autres.
Pendant son séjour à Paris, Vincent Van Gogh a fait la connaissance de ce cercle d’artistes à l’occasion des expositions des impressionnistes, organisées par les artistes eux-mêmes. Il a radicalisé bon nombre de leurs idées et inspiré de par son art plusieurs générations de peintres du 20e siècle, dont également les expressionnistes allemands Paula Modersohn-Becker, Franz Marc, Ernst Ludwig Kirchner et Emil Nolde.
Pour Pablo Picasso et Georges Braque, qui ont inventé ensemble le cubisme au début du 20e siècle, Paul Cézanne constituait en quelque sorte la figure du père. Ses réflexions interrogatrices sur les formes artistiques les encourageaient dans leur démarche de décomposition des objets traditionnels des tableaux en de multiples facettes.
Le Poète, de Picasso, présente certes tous les éléments constitutifs du portrait classique d’un aède, mais pour ainsi dire explosés et décalés les uns par rapport aux autres, transformant la tête en une composition de formes partielles abstraites.
Une étape révolutionnaire et marquante dans la peinture du 20e siècle a été l’abstraction, qui s’est affranchie de la représentation de la réalité visible – sous la forme d’une expressivité puissamment colorée chez Wassily Kandinsky, d’une réduction constructive chez Piet Mondrian, ou d’associations lyriques avec éléments figuratifs chez Paul Klee ou Joan Miró.
Avec son Concetto Spaziale, Lucio Fontana marque dans les années cinquante un tournant dans l’histoire de la peinture ; il entaille en effet la toile conçue comme support d’illusions picturales et ouvre ainsi l’espace situé à l’arrière de celle-ci.
Dans les années soixante et soixante-dix, les artistes commencent à porter de manière récurrente un regard interrogateur et critique, voire désillusionné sur les possibilités de la peinture, et à la pratiquer en partie avec des moyens non picturaux, ainsi Blinky Palermo avec son tableau en tissu.
Parallèlement au développement de la peinture abstraite, la tradition figurative s’est maintenue pendant tout le 20e siècle. Elle est représentée au commencement de cette exposition par les peintres suisses Arnold Böcklin et Ferdinand Hodler.
Böcklin a posé les jalons d’une peinture de figures issues de l’imagination, voire fantastiques, qui a inspiré les surréalistes, ainsi par exemple Yves Tanguy.
L’exposition se termine par le cycle de L’Annonciation d’après Titien, de Gerhard Richter, récemment acquis. Dans plusieurs versions, l’appropriation picturale d’un tableau de Titien se dilue en espaces colorés abstraits. Richter renvoie aussi bien à l’histoire de la peinture qu’à la dialectique dominante au 20e siècle entre abstraction et figuration, qu’il fusionne en une nouvelle synthèse.
Le Kunstmuseum se réjoue particulièrement de la gratuité de la visite du Museum für Gegenwartskunst à partir de février 2015 jusqu’à la fin de l’année pour tous les visiteurs. Gratuité rendue possible grâce à la prise en charge des coûts par le
« Fonds pour les activités artistiques au MGK de la Fondation Emanuel Hoffmann et de la Fondation Christoph Merian ». Depuis plus de vingt ans, ce fonds soutient régulièrement le programme des expositions du MGK et souhaite, par cette généreuse initiative, inviter en particulier la population de Bâle et de la région à découvrir le musée des bords du Rhin et à le visiter plus souvent. Öffentliche Kunstsammlung Basel Kunstmuseum Basel and Museum für Gegenwartskunst
St. Alban-Graben 8, Postfach CH-4010 Basel
Le bâtiment principal du Kunstmuseum Basel est fermé jusqu’à mi-avril 2016 pour cause de travaux de rénovation. D’importantes collections de la Öffentliche Kunstsammlung sont montrés à Bâle au Museum für Gegenwartskunst et au Museum der Kulturen Basel, ainsi qu’à Madrid au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía et au Museo Nacional del Prado. Les collections de la Emanuel Hoffmann Stiftung seront présentées à partir de juin 2016 au Schaulager. Les inaugurations simultanées du nouveau bâtiment et de l’agrandissement auront lieu mi-avril 2016. Pour aller au Gegenwart, en partant du Kunstmuseum, sur la gauche du musée, contournez les travaux et suivez les panneaux, continuez à pied 5 à 7 minutes par St. Alban-Vorstadt – Mühleberg – St. Alban-Rheinweg – Rheinpromenade, pour arriver au bord du Rhin, le musée se trouve sur votre droite, avant le Papiermühle – Moulin du papier. Publication
Une publication gratuite paraît à l’occasion de l’exposition, que les visiteurs peuvent se procurer au Museum für Gegenwartskunst. Photos courtoisie du Kunstmuseum
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Belle Haleine – L’odeur de l’art
Musée Tinguely, Bâle, du 11 février au 17 mai 2015
Le Musée Tinguely a conçu un projet d’exposition,
dont le but est de mettre en lumière le thème complexe
des cinq sens humains et leur représentation dans l’art.
La première de cette série d’expositions s’intitule » Belle Haleine «
– L’odeur de l’art » ou en allemand « Der Duft der Kunst »
et se consacre au phénomène à la fois fascinant et fugitif
de l’odeur, dépassant donc l’approche muséale habituelle de l’art
qui sollicite davantage la vue.
Sur plus de 1 200 m2, « Belle Haleine – l’odeur de l’art » présente des installations multimédias, vidéos, sculptures et objets, œuvres conceptuelles, dessins, photographies
et gravures des artistes suivants : John Baldessari, Bernard Bazile, Louise Bourgeois, Marcel Broodthaers, Carlo Carrà, Marcel Duchamp, Peter de Cupere, Sylvie Fleury, Jaromír Funke, Raymond Hains, Carsten Höller, Bruno Jakob, Oswaldo Maciá, Piero Manzoni, Jenny Marketou, Cildo Meireles, Kristoffer Myskja, Ernesto Neto, Markus Raetz, Man Ray, Martial Raysse, Fran-çois Roche, Dieter Roth, Ed Ruscha, Valeska Soares, Daniel Spoerri, Gerda Steiner & Jörg Lenzlinger, Jana Sterbak, Jean Tinguely, Sissel Tolaas, Clara Ursitti, Ben Vautier, Bill Viola, Claudia Vogel, Meg Webster, Yuan Gong et Anna-Sabina Zürrer.
Dans la première salle de l’exposition, on pourra voir également un choix de réalisations allégoriques d’artistes comme Cornelis Dusart, Pieter Jansz. Quast, Jan Saenredam, Jacob Fransz. van der Merck des XVIe et XVIIe siècles.
L’exposition met l’accent sur le potentiel olfactif de notre perception esthétique tout en soulevant les questions suivantes : Quelle est l’odeur de l’art ? Que se passe-t-il lorsque notre nez devient soudain le vecteur principal de notre expérience artistique ? Des oeuvres d’art peuvent-elles activer l’olfaction chez l’observateur sans dégager d’odeur ? Les odeurs peuvent-elles être décrites et transcrites en images ? Les odeurs peuvent-elles servir à l’expression artistique et à la créativité ?
Des oeuvres d’artistes au rayonnement international montrent que ces expériences existent bel et bien et que la notion d’art peut être élargie à la dimension olfactive, laquelle a d’ailleurs connu ces dernières années une importance croissante.
L’odorat est un sens biochimique qui compte parmi nos capacités sensorielles les plus anciennes. En tant que sensorium corporel, il permet d’expérimenter directement l’environnement puisque et permettant d’intégrer dans le moment présent des informations sur des événements passés.
Les parfums évoquent donc subjectivement et culturellement des émotions très diverses, des souvenirs et associations qui varient aussi au fil de l’Histoire.
L’utilisation de stimuli olfactifs en art a souvent des accents subversifs et rompt avec certains tabous. Une odeur donnée nous attire ou nous répugne. Les odeurs peuvent être provocantes, elles stimulent et nous influencent de façon directe. C’est à ces éléments que certains artistes recourent pour replacer au coeur de leur travail les grandes questions de notre époque et de notre monde.
Dans une première salle, des représentations allégoriques de l’odeur à l’ère baroque constituent le prologue de l’exposition. Elles côtoient des oeuvres et documents d’artistes essentiels du XXe siècle, tels que Marcel Duchamp, Man Ray ou Carlo Carrà, qui traitent de diverse manière l’haleine et l’aspect volatil du parfum. Avec l’émergence des avant-gardes au début du XXe siècle, le thème de l’odeur est devenu d’actualité dans les arts plastiques. Les artistes aspiraient alors à la synesthésie. Même plus tard, Raoul Hausmann, artiste Dada et poète, resta convaincu que notre pensée est fortement marquée par les cinq sens. Dans son livre La Sensorialité excentrique (1969),
il évoquait ainsi une capacité sensorielle devant dépasser tout ce qui avait existé jusqu’alors et annonçant une nouvelle civilisation. À partir des années 1960, en ouvrant encore davantage le concept de l’art aux choses quotidiennes et au contact direct avec le spectateur, cette quête se fit encore plus tenace.
Des artistes de la génération de Tinguely, dans les cercles du Nouveau Réalisme,
du pop art, de l’art conceptuel ou de Fluxus, tentèrent ainsi d’attiser et de placer au
premier plan tous les sens de l’individu, au-delà de la seule perception visuelle.
L’exposition porte principalement sur un choix d’oeuvres d’art de ces vingt dernières années, dans lesquelles la perception sensorielle olfactive est sollicitée de différentes manières. Certaines oeuvres traitent du hiatus important entre le naturel et l’artificiel, révélant combien une perception plus sensible de l’environnement par l’odorat est aujourd’hui d’actualité.
Un thème important ici est notre rapport ambivalent au corps humain, ses odeurs naturelles et émanations que nous cherchons à influencer en les désodorisant.
Dans son oeuvre Aura Soma (2002) – 102 flacons remplis d’huiles et eaux de différentes couleurs –, Sylvie Fleury interroge la tendance actuelle à l’ésotérisme et l’olfactothérapie. Piero Manzoni, représentant majeur de l’art conceptuel italien, a fait de son propre corps le vecteur de son art et a créé ainsi Merda d’artista (1961) et Fiato d’artista (1960). Dans un geste extrêmement provocateur, Dieter Roth a imprégné son oeuvre littéraire Poemetrie de 1968 d’un mélange de pudding et d’urine. Jana Sterbak, avec sa Chemise de Nuit (1993) et son Container for Olfactive Portrait (2004), traite de la complexité de l’attirance corporelle, érotique et sexuelle.
L’installation participative et performative The FEAR of Smell – the Smell of FEAR (2006–2015) de Sissel Tolaas, artiste norvégienne et spécialiste des
odeurs, aborde en revanche davantage le rapport entre peur, odeur et dégoût et les réactions que cela induit chez nous.
À ces oeuvres font face le travail monumental Mentre niente accade/While nothing happens (2008) d’Ernesto Neto, celui de Valeska Soares, Fainting Couch (2002) avec ses apparences constructives et minimalistes, et les travaux monochromes sur papier de Meg Webster ainsi que son Moss Bed (1986/2005-2015) qui utilise des matières authentiques, épices, lis et mousse, pour éveiller en nous le désir de nature et d’états paradisiaques.
Dans l’installation Volátil (1980–1994) de Cildo Meireles, le visiteur qui pénètre est directement pris à partie dans une expérience physique – et tout particulièrement olfactive – qui le renvoie brusquement à des émotions fortes. Nuage de talc, bougie, additifs odorants à base de composé soufré dans le gaz de ville pour prévenir de fuites éventuelles font aussitôt surgir des associations qui renvoient aux atrocités de l’holocauste, contrecarrées par le sentiment positif de marcher comme au-dessus des nuages.
Ce sont des émotions tout autres que suscite l’installation vidéo et sonore Il Vapore (1975) de l’artiste américain Bill Viola. Le visiteur est enveloppé d’une odeur forte de vapeur d’eucalyptus qui remplit toute la salle. En faisant se superposer différents niveaux de temps et de réalités, l’artiste représente la transformation physique de l’eau, d’abord matière liquide puis vapeur gazeuse éphémère. Viola « dépeint » ainsi la qualité méditative et transcendantale de l’eau en tant que matière universelle.
De nombreuses questions en rapport avec l’odorat dans l’époque actuelle sont également
soulevées dans les dix interviews du travail vidéo Smell You, Smell Me (1998) de l’artiste grecque Jenny Marketou, présenté au centre de l’exposition. (voir plus haut)
« Belle Haleine – L’odeur de l’art » n’est pas une exposition sur les parfums. Elle n’entend pas non plus constituer une manifestation chronologique et collective qui serait exhaustive en termes d’histoire de l’art. Elle se veut volontairement expérimentale et souhaiterait encourager la réflexion sur une faculté sensorielle cruciale et pourtant souvent négligée.
Une programmation parallèle est également proposée, telle que la première «Phéromones party » de Bâle (Saint-Valentin, 14 février 2015), un symposium interdisciplinaire (17-18 avril 2015) avec des intervenants internationaux de renom dans les domaines des sciences sociales et des sciences naturelles, des conférences, visites guidées, animations dominicales pour les familles et ateliers (entre autre avec Sissel Tolaas le 19 avril 2015) qui accompagneront l’exposition au Musée Tinguely.
L’exposition a été conçue par Annja Müller-Alsbach.
Musée Tinguely – Informations pratiques
Horaires :
Mardi-dimanche : 11 – 18h (fermé le lundi)
Horaires spéciaux :
Lundi, 23 février 2015, fermé
Vendredi, 3 avril 2015, fermé
Dimanche, 5 avril 2015, 11 – 18 h
Lundi de Pâques, 6 avril 2015, 11 – 18 h
Ascension, 14 mai 2015, 11 – 18 h
Tarifs :
Adultes : 18 CHF
Scolaires, étudiants, apprentis, IV : 12 CHF
Groupe, à partir de 12 personnes : 12 CHF (par personne)
Moins de 16 ans : entrée gratuite
Passmusées
photos courtoisie musée Tinguely
De Raphaël à Gauguin, Trésors de la collection Jean Bonna
DU 6 FÉVRIER AU 25 MAI 2015
C’est le terme exact le collectionneur Jean Bonna est l’heureux propriétaired’une fabuleuse collection,
qui contient des trésors, ceux qui se rendront à l’Hermitage de Lausanne seront des privilégiés.
La Fondation de l’Hermitage accueille plus de 150 chefs-d’oeuvre de la
prestigieuse collection Jean Bonna. Réunissant les génies du dessin, ce magnifique ensemble se distingue par sa variété, qu’il s’agisse des artistes, des techniques utilisées ou encore des époques de création, depuis la Renaissance italienne jusqu’au début du XXe siècle.
Le musée inscrit ainsi un nouveau chapitre à l’exploration des grandes collections privées suisses, qu’il mène depuis plus d’une quinzaine d’années : collection Weinberg (1997), Jean Planque (2001), Arthur et Hedy Hahnloser (2011).
On peut aussi voir en Suisse à Martigny la collection de Bruno Stefanini.
La Suisse n’est pas seulement le pays des banques, mais aussi celui des collectionneurs et des musées, publics, et des fondations privées.
Tout d’abord bibliophile, Jean Bonna est un amoureux du papier, une passion qui l’a mené du livre aux ouvrages illustrés, puis à l’estampe, et enfin au dessin ancien. Pour le seul plaisir des yeux, sans souci d’exhaustivité, il réunit depuis trente ans des oeuvres graphiques de très haute qualité, qui composent désormais un ensemble remarquable, digne des plus grandes collections privées constituées en Europe depuis le XVIe siècle.
D’une richesse exceptionnelle, ce « musée secret » révèle une prédilection pour les oeuvres très achevées et harmonieuses, et un goût marqué pour la grâce féminine, la nature somptueuse et tranquille, le monde enchanteur des animaux.
Après quelques expositions retentissantes, notamment à l’Ecole nationale supérieure des beauxarts de Paris (2006), au Metropolitan Museum de New York (2009) ou à la National Gallery d’Edimbourg (2009), la collection Jean Bonna trouve un nouvel écrin à la Fondation de l’Hermitage.
Le parcours offre l’occasion unique de découvrir des trésors rarissimes et méconnus des écoles italienne, française et nordique, pour se conclure avec une sélection remarquable d’oeuvres impressionnistes et symbolistes. Les grands maîtres de l’histoire de l’art sont ainsi mis à l’honneur, à travers leurs plus belles pages graphiques : Boucher, Canaletto, Cézanne, Chardin, Degas, Delacroix, Dürer, Gauguin, Géricault, Goya, Liotard, Lorrain, Manet, Parmigianino, Raphaël, Redon, Rembrandt, Renoir, Tiepolo, Van Gogh ou encore Watteau.
Jean Bonna ponctue la présentation de sa collection avec des anecdotes aussi plaisantes, que variées en compagnie de la commissaire de la Fondation Bonna : Nathalie Strasse. Avec d’immenses connaissances en histoire de l’art, il se penche sur la « traçabilité »
des oeuvres, leur origines, leurs transmissions et leurs acquisitions.
A t’il des oeuvres préférées ?
Il fonctionne au coup de coeur.
– La Sainte Famille de Parmigianino, qui n’est pas dans la sélection de l’exposition.
sa plus belle histoire de collectionneur :
une étude préparatoire de Raphaël à une tapisserie de la Chapelle Sixtine dont le carton est perdu :
Pierre Rosenberg, dans sa lettre à Jean Bonna, qualifie la collection d‘encyclopédique.
Jean Bonna se défend d’avoir amassé ses trésors selon des critères tels que l’inscription ou l’importance de l’objet dans le processus créatif de l’artiste, sans fil conducteur, mais bien en suivant instinctivement son goût personnel, celui de dessins aboutis et souvent colorés, à l’instar de petites peintures, une curiosité intellectuelle et un amour passionné, pour la création artistique, où le plaisir visuel et l’émotion prédominent.
Comme ce buste de jeune fille, une délicate étude de tête, de François Boucher, associée à trois compositions mythologiques de l’artiste toutes exécutées vers 1742 : Vénus désarmant Cupidon, la toilette de Psyché et la toilette de Vénus.
Toutes les oeuvres de la collection ressortent pourtant de l’art du dessin – ce dernier étant défini par la technique utilisée, c’est-à dire tous les médiums solides et liquides hormis l’huile, et par son support, à savoir le papier ou le parchemin.
Son premier grand dessin présente 2 têtes de chevaux du Cavalier d’Arpin (attribué)
La Fondation présente d’ailleurs au dernier étage, dans une vitrine tous les médiums du dessin avec la définition de toutes les techniques.
Si la présentation de ces dessins suit, aux murs de la Fondation de l’Hermitage, la classification traditionnelle des différentes écoles, elle a tenté d’offrir ici quelques rapprochements au coeur de la sélection, pour montrer que la collection de belles feuilles de Jean Bonna se fonde sur un rapport personnel à la forme, à la grâce des femmes, à l’harmonie d’un paysage, à la beauté d’un animal.
L’exposition et le catalogue bénéficient du généreux soutien de
et de la Fondation pour l’art et la culture.
CATALOGUE
L’exposition est accompagnée d’un ouvrage richement illustré, avec les contributions de Dominique Radrizzani, spécialiste du dessin, directeur artistique de BD-FIL, Pierre Rosenberg de l’Académie française, Président-directeur honoraire du musée du Louvre et Sylvie Wuhrmann, directrice de la Fondation de l’Hermitage, sous la direction de Nathalie Strasser, conservatrice de la collection Jean Bonna et commissaire de l’exposition.
Le catalogue est publié en co-édition avec La Bibliothèque des Arts, Lausanne
256 pages, 29 x 24 cm, 158 illustrations couleur
Prix : CHF 49.-
Possibilité de commander le catalogue sur
www.fondation-hermitage.ch
ou au +41 (0)21 320 50 01 sur France Musique VISITES COMMENTÉES PUBLIQUES
Les jeudis à 18h30 et les dimanches à 15h
Prix : CHF 5.- (en plus du billet d’entrée) / gratuit pour les Amis de l’Hermitage
Sans réservation, nombre de participants limité VISITES COMMENTÉES MUSICALES Dimanche 8 mars à 11h, dimanche 3 mai à 11h, samedi 18 avril à 16h
Découvrez les liens entre peinture et musique, grâce à une visite commentée ponctuée d’extraits musicaux.
Prix : CHF 5.- (en plus du billet d’entrée) / gratuit pour les Amis de l’Hermitage
Sur réservation au +41 (0)21 320 50 01, nombre de participants limité
CONFÉRENCE, ATELIER « Bonnacadémie » « Fusain malin ! »
« Noir, c’est (pas) noir ! » PâKOMUZé
« Top chrono croquis ! » SOIRÉES ART & GASTRONOMIE
retrouvez sur www.fondation-hermitage.ch
Est-ce la maturité ? 💡 J’ai enfin découvert Germain Muller, cet homme qui m’apparaissait comme un ogre, débitant en bas-rhinois
des histoires qui me semblaient très loin de moi.
C’est en écoutant ce podcast sur France Inter que j’ai pris la mesure de son intelligence, de son humour bien alsacien et j’ai réalisé, qu’il parlait un français parfait. Un parcours en 3 volets lui est consacré à Strasbourg, du 30 janvier au 5 juillet 2015 « Germain Muller. Enfin…Redde m’r devun ! Enfin…Parlons-en ! »
« Le contraire est aussi vrai »
esprit alsacien (à traduire en alsacien)
Auteur, acteur, metteur en scène, homme politique…Germain Muller (1923-1994) est une figure majeure du XXe siècle alsacien, que Strasbourg célèbre cette saison. Autour du mythique cabaret satirique du Barabli,le Musée Alsacien a choisi de mettre en valeur l’impact de son oeuvre artistique sur l‘identité alsacienne de l’après-guerre et sa résonance contemporaine.
Découvrir ou redécouvrir les textes de Germain Muller, c’est être frappé par leur qualité, leur impertinence et leur persistante pertinence. C’est embarquer sur une nef navigant du rire aux larmes, de la farce à l’audace. C’est aussi s’immerger dans l’univers d’un spectacle à la fois proche et professionnel qui a marqué une génération et a fait émerger de brillants successeurs.
C’est enfin, dans un musée de société, « miroir tendu aux autres et à soi-même », toucher au coeur de l’identité régionale, d’une manière ludique, ouverte et conviviale.
Du 30 janvier au 5 juillet, trois Musées de la Ville de Strasbourg s’associent pour présenter un parcours en trois volets autour de la figure de Germain Muller et de son oeuvre.
Au Musée Alsacien :
« L’Alsace de Germain » Du 30 janvier au 1er juin 2015
Au fil d’un parcours mêlant document multimédias et objets sont présentés :
•la personnalité de Germain Muller : enfance et formation, souvenirs personnels…
•le cabaret satirique du Barabli : origine, costumes et accessoires…
•des sketchs du Barabli en lien avec l’identité culturelle alsacienne : la langue et l’accent, la vie domestique, le costume régional, les conscrits, le vin…
En point d’orgue de la visite, un espace interactif permet aux visiteurs de :
•se mettre dans la peau d’un acteur du Barabli : essayage de costume, choix de décors, karaoké
•découvrir un musée virtuel de Germain Muller, sur une table tactile multitouch réunissant près de 200 documents
•déposer un témoignage sur Germain Muller ou l’exposition dans un « Vidéomaton » conçu en collaboration avec l’association Horizome
Au Musée Historique :
« Germain Muller revisite l’histoire de Strasbourg »
Du 30 janvier au 1er juin 2015
Au fil de la visite du musée, le visiteur découvre :
•des sketchs portant sur la fondation de la ville à l’époque romaine, le rattachement de Strasbourg au Royaume de France ou encore les institutions européennes
•mais aussi l’activité de Germain Muller adjoint au maire chargé de la culture avec la création de l’Opéra du Rhin et du Centre dramatique de l’Est Au Musée Tomi Ungerer– Centre international de l’Illustration :
« André Wenger, l’affichiste du Barabli »
Du 6 mars au 5 juillet 2015
Le musée présente une sélection d’affiches et de programmes réalisés par André Wenger et prêtée par les Archives municipales de Strasbourg (dépôt Association Barabli-Mario Hirlé) et un collectionneur privé. Le dessinateur d’humour André Wenger (1927-1991) a été, entre autres, le caricaturiste politique des DNA dans les années 1980 et a illustré des ouvrages comme les Facéties alsaciennes d’Auguste Wackenheim en 1977. Entre 1969 et 1988, il a également réalisé des décors pour la revue du Barabli ainsi que des affiches et des programmes.