Elisabeth Louise Vigée Le Brun

Elisabeth Louise Vigée Le Brun au Grand Palais
Galeries Nationales, entrée Clemenceau, jusqu’au 11 janvier 2016

« Je n’ai eu de Bonheur qu’en peinture »
Cette première rétrospective consacrée à l’ensemble de l’oeuvre dÉlisabeth Louise Vigée Le Brun (1755-1842) montre une artiste dont la vie s’étend du règne de Louis XV à celui de Louis-Philippe (l’une des périodes les plus mouvementées et orageuses de l’histoire européenne et surtout française des temps modernes).
 

Vigee-Lebrun, Elisabeth (1755-1842): Self-Portrait.   L’Artiste exécutant un portrait de la reine Marie-Antoinette, 1790, huile sur toile ; 100 x 81 cm, Florence, Galleria degli Uffizi, Corridoio Vasariano, © Galleria degli Uffizi, Florence, Italy / Bridgeman Images
Vigee-Lebrun, Elisabeth (1755-1842): Self-Portrait.
L’Artiste exécutant un portrait de la reine Marie-Antoinette, 1790, huile sur toile ; 100 x 81 cm, Florence, Galleria degli Uffizi, Corridoio Vasariano, © Galleria degli Uffizi, Florence, Italy / Bridgeman Images


Les autoportraits de Vigée Le Brun abondent : peintures, pastels et dessins associent élégamment grâce et fierté féminines. Alors que l’Ancien Régime et son institution des beaux-arts touchent à leur fin, elle supplante la plupart de ses concurrents portraitistes.
Vigée Le Brun utilise l’autoportrait pour affirmer son statut, diffuser son image et rappeler la mère qu’elle est parvenue à devenir malgré les servitudes d’une carrière.
Son plus grand coup de force à cet égard est de
présenter au Salon de 1787 deux peintures qu’on ne peut dissocier.

 
Elisabeth Louise Vigée Le Brun, Marie-Antoinette et ses enfants, 1787, huile sur toile ; 275 x 216,5 cm, Versailles, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, © Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
Elisabeth Louise Vigée Le Brun, Marie-Antoinette et ses enfants, 1787, huile sur toile ; 275 x 216,5 cm, Versailles, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, © Photo : RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot


D’un côté, le portrait de Marie-Antoinette entourée de ses enfants, en reine soucieuse de redresser son image de libertine dispendieuse ; de l’autre,
le portrait d’une femme artiste serrant contre sa poitrine, avec une effusion raphaélesque, sa fille Julie.

 
VigÈe-Le Brun Elisabeth Louise (1755-1842). Paris, musÈe du Louvre. INV3069.
VigÈe-Le Brun Elisabeth Louise (1755-1842). Paris, musée du Louvre. INV3069.


Ce dernier tableau, l’un des plus beaux et des plus populaires parmi les nombreuses oeuvres du peintre que possède le Louvre, est resté l’emblème de la depuis sa première apparition publique. La culture des Lumières, rousseauisme oblige, (Rousseau et ses enfnats …) impose à l’artiste d’endosser ce rôle ; ce qu’elle fait de gaieté de coeur et avec un succès retentissant.

Vue de l’exposition n°4, scénographie par Loretta Gaïtis, © Didier Plowy pour la Rmn-Grand Palais, Paris 2015
Vue de l’exposition n°4, scénographie par Loretta Gaïtis, © Didier Plowy pour la Rmn-Grand Palais, Paris 2015


En contrepoint elle peint le portrait d’Hubert Robert.
Ces tableaux, véritables icônes du bonheur de vivre et du génie créateur, se parlent, se répondent et se complètent.
Les portraits sont très beaux, l’artiste a une belle palette, les visages se ressemblent, la bouche pulpeuse, le ruban retenant les cheveux en accroche coeur, finissent par lasser.
Néanmoins j’ai retenu un très beau portrait de son frère à la manière de
JS Chardin, Louis Jean Basptiste Lebrun.

 
Le frère de l’artiste 1773 Peinture à l’huile 61,6 x 50,5 cm Saint-Louis Art Museum, Missouri, USA
Le frère de l’artiste
1773
Peinture à l’huile
61,6 x 50,5 cm
Saint-Louis Art Museum, Missouri, USA


Plus notable encore est sa volonté de triompher des obstacles qui entravent ses ambitions professionnelles.
Née à Paris en 1755 dans un milieu relativement modeste, sa mère est coiffeuse et son père portraitiste de talent. Il meurt alors qu’elle est à peine adolescente. S’inspirant de son exemple, à dix-neuf ans la jeune virtuose est reçue maître peintre au sein de l’Académie de Saint-Luc. Son mariage en 1776 avec le marchand
d’art le plus important de sa génération, Jean-Baptiste Pierre Le Brun (1748-1813), l’empêche d’être admise à l’Académie royale de peinture et de sculpture, dont le règlement interdit formellement tout contact avec les professions mercantiles. Toutefois cette union a des effets bénéfiques sur sa carrière. Alors que le prix des
tableaux flamands flambe, elle apprend à maîtriser la magie des couleurs et la belle facture d’un Rubens et d’un Van Dyck. Dès 1777 la clientèle essentiellement bourgeoise s’élargit à la grande aristocratie, aux princes de sang et enfin à la reine Marie-Antoinette. Il faut cependant l’intervention de Louis XVI en 1783 pour que
la portraitiste de sa royale épouse puisse rejoindre l’Académie royale de peinture à l’issue d’une polémique.

 
Vue de l’exposition n°2, scénographie par Loretta Gaïtis, © Didier Plowy pour la Rmn-Grand Palais, Paris 2015
Vue de l’exposition n°2, scénographie par Loretta Gaïtis, © Didier Plowy pour la Rmn-Grand Palais, Paris 2015


Depuis la fondation de l’Académie royale en 1648, sous la Régence d’Anne d’Autriche, les femmes artistes ne sont reçues qu’en nombre très restreint. Non autorisées à dessiner d’après des modèles nus masculins, elles sont écartées du grand genre, la peinture d’histoire, qui nécessite une parfaite compréhension de
l’anatomie et l’assimilation des codes gestuels. Vigée Le Brun se limite donc aux portraits, malgré quelques Elisabeth Louise Vigée Le Brun
Cette exposition est organisée par la Réunion des musées
nationaux-Grand Palais, The Metropolitan Museum of Art
et le Musée des Beaux-Arts du Canada.

Quelques podcasts dont celui de
France culture :
une vie une oeuvre ici
Le secret professionnel ici
Europe 1
Au coeur de l’histoire, par Franck FERRAND
les commissaires : Joseph Baillio, historien de l’art, Xavier Salmon, conservateur général du patrimoine, directeur du
département des Arts graphiques du musée du Louvre
scénographie : Loretta Gaïtis
Elisabeth Louise Vigée Le Brun, Gabrielle Yolande Claude Martine de Polastron, duchesse de Polignac, 1782, huile sur toile ; 92,2 x 73,3 cm, Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, © Photo : Rmn-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
Elisabeth Louise Vigée Le Brun, Gabrielle Yolande Claude Martine de Polastron, duchesse de Polignac, 1782, huile sur toile ; 92,2 x 73,3 cm, Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, © Photo : Rmn-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

Devenez un portrait d’Élisabeth Louise Vigée Le Brun !
Au sortir de l’exposition Élisabeth Louise Vigée Le Brun, découvrez le photomaton qui vous permet de devenir un modèle de la célèbre portraitiste… Souriez, posez, attendez : comme dans un vrai photomaton, mais au final la photo ne sera pas un portrait banal, mais un tableau d’Élisabeth Louise Vigée Le Brun.
ouverture : tous les jours de 10h à 20h, nocturne
le mercredi jusqu’à 22h
fermé le mardi
 

À la recherche de 0,10 – La dernière exposition futuriste de tableaux

Jusqu’au 10 janvier 2016
« Lorsque l’esprit aura perdu l’habitude de voir dans un tableau une représentation d’un morceau de nature, de Vierges et de Vénus impudiques, alors seulement nous pourrons voir une oeuvre purement picturale. » (Kasimir Malevitch)
Derniere expo futuristes
Avec « À la recherche de 0,10 – La dernière exposition futuriste de tableaux », la Fondation Beyeler célèbre un moment mémorable pour l’évolution de l’art moderne et contemporain. L’exposition « 0,10 » a eu lieu en 1915 à Petrograd (nom que prit la capitale russe peu après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, pour remplacer celui de Saint-Pétersbourg, aux consonances germaniques) et allait s’affirmer comme l’une des plus marquantes du XXe siècle. Saint-Pétersbourg est ainsi devenue
le berceau de l’avant-garde russe : avec « 0,10 », et après « Venise », « Vienne 1900 » et « Le Surréalisme à Paris », la Fondation Beyeler poursuit sa série d’expositions consacrées à des villes qui ont joué un rôle déterminant dans l’évolution de l’art moderne.
« 0,10 » marque un véritable tournant dans l’histoire de l’art moderne et incarne le moment historique où Kasimir Malevitch a réalisé ses premières toiles non figuratives tandis que Vladimir Tatline se faisait connaître du public par ses contre-reliefs révolutionnaires. La plupart des autres participants de l’exposition originelle sont également représentés dans la version reconstituée de la Fondation Beyeler :
Natan Altman, Vassili Kamenski, Ivan Klioune, Mikhaïl Menkov, Vera Pestel, Lioubov Popova, Ivan Pouni (Jean Pougny), Olga Rozanova, Nadejda Oudaltsova et Marie Vassilieff.
Malevitch Footballeur
« À la recherche de 0,10 – La dernière exposition futuriste de tableaux » rend également hommage à l’oeuvre iconique de Kasimir Malevitch, « le Carré Noir » dont elle célèbre le centenaire. Cette toile monochrome relevait de la pure provocation, car elle ne montrait qu’une surface noire légèrement déformée, entourée de blanc.
Lors de l’exposition d’origine, elle était de surcroît accrochée dans ce
qu’on appelait l’angle de Dieu, où se trouvaient traditionnellement les icônes qui décoraient la maison.

Malevitch, Supremus n° 50, huile sur toile, Stedelikj Museum Amsterdam
Malevitch, Supremus n° 50, huile sur toile, Stedelikj Museum Amsterdam

Sans compromis et énigmatiques, les oeuvres du suprématisme imposèrent un brutal changement de paradigmes sur la scène artistique.
Ces oeuvres étant par ailleurs rarement prêtées, c’est la première fois qu’on pourra voir en Suisse une aussi riche présentation d’oeuvres suprématistes. Plusieurs années de recherches et de longs échanges scientifiques avec des musées russes de renom ont précédé cette collaboration en cette année du centenaire du Carré noir. C’est ainsi qu’ont eu lieu en Russie, dès 2008, dans le cadre de collaborations de très grande qualité, de premières expositions individuelles consacrées à Alberto Giacometti et Paul Klee (2013), cette dernière sous forme d’une coopération entre la Fondation
Beyeler et le Centre Paul Klee.
Carré Noir, Malevitch
Ces oeuvres et documents proviennent de musées, d’archives et de collections particulières. Outre la galerie Tretiakov de Moscou et le Musée russe de Saint-Pétersbourg, 14 musées régionaux russes ainsi que d’importants établissements internationaux comme le Centre Georges-Pompidou de Paris, le
Stedelijk Museum d’Amsterdam, le Musée Ludwig de Cologne, la Collection George Costakis de Thessalonique, l’Art Institute de Chicago et le MoMa de New York ont contribué à cette exposition en acceptant de  prêter des oeuvres rares et précieuses.
 
Vladimir Tatline, Corner relief, St Peterburg musée de la ville

Vladimir Tatline
Contre-relief angulaire, 1914
Tôle, cuivre, bois, câbles et éléments de fixation, 71 x 118 cm
Musée russe, Saint-Pétersbourg
© 2015, State Russian Museum, St. Petersburg

Pour la première fois de l’histoire des expositions russes et occidentales, ces oeuvres remarquables sont à nouveau rassemblées dans les salles de la Fondation Beyeler, complétées par des travaux des mêmes artistes, datant de la même période, afin de redonner vie à l’atmosphère tout à fait singulière et vibrante d’énergie du renouveau artistique russe des débuts du XXe siècle.
Le commissaire invité est Matthew Drutt, qui a déjà été responsable des grandes rétrospectives Malevitch du Musée Guggenheim de New York et de la Menil Collection à Houston.
On peut voir simultanément à la Fondation Beyeler l’exposition « Black Sun ». Celle-ci présente des oeuvres de 36 artistes des XXe et XXIe siècles qui utilisent des moyens d’expression aussi divers que la peinture, la sculpture, l’installation et le film, sans oublier les interventions artistiques dans l’espace public. Conçue comme un hommage à Malevitch et Tatline, « Black Sun » explore à partir d’une perspective actuelle l’immense influence, encore sensible aujourd’hui, de ces deux représentants de
l’avant-garde russe sur la production artistique. Cette exposition a été réalisée en étroite collaboration avec certains des artistes exposés.

Mikhaïl Menkov Journal, 1915 Huile sur toile, 71 x 71 cm Musée d’art régional, Oulianovsk avec le soutien du Centre d‘Etat des Musées et des Expositions ROSIZO
Mikhaïl Menkov
Journal, 1915
Huile sur toile, 71 x 71 cm
Musée d’art régional, Oulianovsk avec le
soutien du Centre d‘Etat des Musées et des Expositions ROSIZO

L’exposition d’origine « 0,10 », organisée par le couple d’artistes Ivan Pouni et Xénia Bogouslavskaïa, fut inaugurée le 19 décembre 1915 à Petrograd avec plus de 150 oeuvres de 14 artistes de l’avantgarde russe, dont la plupart étaient des partisans de Malevitch ou de Tatline. Un tiers seulement des 150 oeuvres exposées durant l’hiver 1915-1916 à Petrograd est parvenu jusqu’à nous. L’exposition se tenait dans la Galerie de Nadejda Dobytchina, considérée comme la première galeriste de Russie. Dès 1911, elle avait converti plusieurs pièces de son spacieux appartement en salles d’exposition et était très connue des milieux artistiques.
Fondation Beyeler, Supprématisme vue
Le titre « 0,10 » (zéro-dix) n’est pas une formule mathématique mais un code reposant sans doute sur une idée de Malevitch : le zéro devait symboliser la destruction de l’ancien monde – y compris celui de l’art – en même temps qu’un nouveau départ. Le chiffre dix se réfère au nombre de participants initialement prévu. Les adjectifs « dernière » et «futuriste » contiennent également un message chiffré : il s’agissait de montrer que l’on cherchait à prendre ses distances avec l’influence du futurisme italien et même à s’en libérer. Voilà qui donne la mesure de la rapidité avec laquelle les différentes orientations stylistiques se succédaient : alors qu’au début de 1915, le futurisme enthousiasmait encore, on prônait son abandon dès la fin de la même année. Des prises de position passionnées et des débats houleux avaient agité les participants avant l’exposition, dont l’organisation avait fait l’objet de modifications de dernière minute. C’est ainsi que le nombre définitif d’exposants n’était pas celui qui était annoncé dans le titre. Certains artistes firent faux bond au dernier moment, d’autres s’ajoutèrent à l’improviste. Finalement, 14 artistes exposèrent leurs travaux – 7 femmes et autant d’hommes.
Dans la Russie prérévolutionnaire, les organisateurs d’expositions tenaient en effet à la parité des sexes.
Lyubov Popova, portrait of a Lady, museum Ludwig Köln
Lyubov Popova, portrait of a Lady, museum Ludwig Köln

Les travaux de deux participants tranchaient sur les autres en s’engageant dans des voies d’une nouveauté et d’un radicalisme extrêmes qui allaient marquer durablement l’évolution artistique. Le premier était Kasimir Malevitch qui, dans le cadre de La Dernière exposition futuriste de tableaux 0,10, explorait dans ses toiles entièrement abstraites, constituées de formes géométriques, une dimension jusqu’alors inconnue des beaux-arts. Il inventa pour désigner ses créations le terme de
« suprématisme » (du latin supremus – « suprême »), exprimant ainsi sa volonté de jouer un rôle majeur dans l’art. Le second était Vladimir Tatline qui, avec ses sculptures elles aussi abstraites créées à partir de matériaux étrangers à l’art, proposait des solutions nouvelles pour une sculpture affranchie de son socle classique. Même si l’exposition d’origine était loin d’être homogène – on y observait une
grande diversité de styles artistiques et de programmes esthétiques –, elle fit l’effet d’un véritable électrochoc, sonna le glas du cubo-futurisme en tant que tendance dominante de la peinture russe et ouvrit la voie à des expériences totalement inédites. Dès le lendemain de cette manifestation, Malevitch et Tatline s’imposèrent comme les chefs de file de l’avant-garde européenne.
Nadezhda Udalstova, selfportrait galerie Tretjakow, Moscou
Nadezhda Udalstova, selfportrait galerie Tretjakow, Moscou

Le projet de la Fondation Beyeler ne peut évidemment pas prétendre proposer une reproduction fidèle de l’exposition de 1915 – un grand nombre des oeuvres exposées à cette occasion ont en effet disparu ou ont été détruites –, mais on peut y voir de nombreuses oeuvres originales de cette exposition, complétées par d’autres chefs-d’oeuvre des mêmes artistes, datant de la même période. Les visiteurs se
feront ainsi une impression très concrète de l’énergie artistique débordante de la Russie du début du XXe siècle.
Une deuxième exposition illustre l’influence que « 0,10 » exerce aujourd’hui encore sur les artistes :
Beyeler vue du Foyer
« Black Sun » reconstitue à l’aide d’oeuvres d’artistes contemporains le parcours de l’abstraction et du noir, mystérieuse « non couleur ».
 
Olafur Eliasson, Remagine, Kunstmuseum Bonn
Olafur Eliasson, Remagine, Kunstmuseum Bonn

On peut voir « À la recherche de 0,10 – La dernière exposition futuriste de tableaux » et « Black Sun » jusqu’ au 10 janvier 2016 à la Fondation Beyeler.
L’exposition « À la recherche de 0,10 – La dernière exposition futuriste de tableaux » a été réalisée grâce au soutien de :
Presenting Partners AVC Charity Foundation
Cahiers d’Art Partner Phillips est une plate-forme mondiale majeure d’achat et de vente d’art et de design des XXe et XXIe siècles.
Heures d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours 10h00–18h00,
le mercredi jusqu’à 20h00

Valérie Favre, "La première nuit du monde"

Valérie Favre au MAMCS, musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg
propose, « la première nuit du monde » jusqu’au 27 MARS 2016
Son attirance pour le théâtre et le cinéma,  explique la mise en scène de l’exposition.

Valérie Favre, Balls and Tunnels, 2015
Valérie Favre, Balls and Tunnels, 2015


En levée de rideau
, elle propose d’ouvrir l’exposition sur une oeuvre abstraite, le dernier Balls and Tunnels réalisé en 2015.
Il s’agit du nouvel opus de la série éponyme débutée il y a vingt ans pour
laquelle Valérie Favre ne réalise qu’un tableau par an et ce, jusqu’à la fin de sa vie, comme elle
l’a déjà énoncé. OEuvres rares, les Balls and Tunnels série de cosmogonies colorées sont tous réalisées selon le même
protocole, celui d’une peinture voulue
« avec le moins de décisions possibles » ; l’artiste travaille
la toile libre en laissant le hasard induire des rencontres de couleurs, sous forme de taches et de dégoulinures.
Le résultat doit à la fois au hasard et aux reprises minutieuses de l’artiste qui travaille ensuite glacis et empâtements pour réaliser une oeuvre « qui n’a plus de sens ».
Placé au tout début de l’exposition, véritable « morceau de peinture », il permet d’évacuer l’image restrictive parfois associée à l’artiste connue pour sa peinture figurative.

 
Valérie Favre, Lady Bird 2010
Valérie Favre, Lady Bird 2010

 
Les Théâtres
Vastes polyptiques s’étirant sur près de 400 cm, les Grands Théâtres ici réunis sont pour une majeure partie des travaux très récents. Décrits par l’artiste comme des grandes
« scèneries »,
les cinq formats monumentaux auxquels vient s’adjoindre un inattendu petit format, accueillent le visiteur dans une salle écarlate qui rappelle le théâtre ou le cirque. Traitant de la « folie du monde » sur le mode de la parade, ces grandes compositions entrecroisent nombre de références visuelles et allégoriques (références à l’Histoire de l’Art, au cinéma, à la mythologie,…). La figure de la Mort y est fréquente, elle côtoie un catalogue de personnages, d’animaux et de créatures hybrides réunis pour jouer la comédie ou le drame sous les feux de la rampe. Les oeuvres – toutes baptisées d’un titre qui évoque les circonstances de leur éclosion – sont porteuses de signes qui renvoient d’un tableau à l’autre.
Valérie Favre
Accrochées volontairement assez bas, ces Théâtres invitent le regardeur à entrer dans le spectacle qui se joue sous ses yeux et à rejoindre le cortège de Madame Rêve, à se pavaner aux côtés de Laby Bird, à gagner la foule qui se presse autour de La Voyante/Die Hellseherin, à se faufiler parmi les acteurs du Cristal Palace
ou encore à « perdre oeil », comme on perd pied, dans le paysage infini de Play-Back.
Odilon Redon, James Ensor, ou encore Brueghel se cotoyant.
Valérie Favre, Thomas l'Obscur
Thomas l’Obscur
Au sortir de la salle rouge, le visiteur soulève un rideau de velours qui ouvre sur une salle aux murs blancs. Là, il se trouve nimbé d’un ensemble dense de dessins accrochés selon un rythme très particulier, entrecoupé par endroits de tableaux : les dessins, comme une portée musicale, sont disposés sur plusieurs lignes et créent un vaste environnement où les tableaux surgissent comme des taches de couleurs. L’oeuvre présentée ici relève d’une démarche nouvelle de l’artiste : Valérie Favre a, en effet, opéré un copiage minutieux et intégral du roman de Maurice Blanchot, Thomas l’Obscur. Ce travail réalisé sur un grand carnet démantelé contient le texte in extenso ainsi que plusieurs dessins à l’encre et à l’aquarelle qui entrent littéralement dans les mots de Blanchot. Roman en forme de voyage intérieur, Thomas l’Obscur inspire aussi à l’artiste
plusieurs peintures où le thème de la noyade est récurrent. Férue de littérature, Valérie Favre qui se présente elle-même comme une « fausse écrivaine », s’est passionnée pour les textes de l’auteur de L’Écriture du Désastre. Elle livre ici une oeuvre d’art totale qui rencontre et prolonge le texte de Blanchot dans un déploiement, certes, monumental, mais néanmoins intime pour qui sait s’approcher tout près de ces pages manuscrites où affleure la sensibilité de leur copiste.
Valerie Favre, Thomas l'obscur détail
Les Fragments
Puis c’est un nouveau choc, on pénètre dans une salle obscurcie.
Série débutée en 2010 et close en 2012, Les Fragments, sortes de maelströms sombres qui ne sont pas sans rappeler les dessins de Victor Hugo, voient ici leur épilogue. Valérie Favre conçoit ces tableaux abstraits de dimensions différentes comme
« des morceaux d’univers ». Galaxies, constellations, trous noirs ou voie lactée, Les Fragments renvoient à ce qui nous dépasse, à ce qui se place au-delà : l’infini est malaisé, sinon impossible, à concevoir, plus encore à peindre.
Valérie Favre
L’artiste s’attaque à cette impossibilité et retient du grand tout quelques fragments. De ses tableaux, elle a fait réaliser de minuscules photographies qu’elle a fait imprimer en grande
quantité. Ces minuscules Fragments ont été soigneusement assemblés les uns avec les autres, cousus ensemble pour former un tapis aux motifs ornementaux, façon de transformer les questionnements qui nous taraudent en un élément domestique – ou magique – un tapis.
Valerie FavreLes Ghosts
Les Ghosts de Valérie Favre, série entreprise depuis 2012 et toujours en cours, revêtent plusieurs formes. Ceux qu’elle a choisi de réunir ici s’inspirent du tableau de Goya, Le Vol des Sorcières (1797/1798). Dans le tableau du Prado, trois créatures portant des chapeaux pointus portent à bout de bras le corps d’un homme nu et s’envolent dans un ciel noir, tandis qu’au sol un personnage erre à l’aveugle et qu’un autre se désole. Valérie Favre retient cette ascension du corps pour une série de tableaux de petits formats où elle opère diverses variations. Le gisant change d’apparence, de genre, d’état, les « sorcières » se font danseuses, secouristes bienveillantes ou facétieuses. Toutes ensemble, ces petites peintures forment une nuée qui décline tous les tons possibles pour jouer la même scène, telle une multitude de prises enchaînées par un acteur qui seraient vues simultanément.
Valérie Favre, les Gohsts
Les Petits Théâtres de la vie
Pratique autonome et rare de l’artiste, le dessin constitue ici un ensemble
« à portée de main » ; l’artiste a, en effet, souhaité les présenter différemment des autres oeuvres de l’exposition.
Posés sur des lutrins, les dessins invitent à une contemplation rapprochée, nécessaire tant leurs multiples détails sollicitent l’attention. Combinant écritures, collages, photocopies, dessins dans les marges, les oeuvres graphiques de Valérie Favre se présentent comme une cartographie moult fois retravaillée.
Valérie FavreOn y lit le nom de Kleist, on relève des marques d’antidépresseurs, on rencontre des animaux et des formes géométriques, agencés sur ce qui ressemble à une scène ou une piste de cirque. Une fois encore, Valérie organise à la façon d’un metteur en scène de théâtre de petites scènes peuplées de personnages et de situations improbables, coeur d’un récit qui emprunte, ça et là, des éléments de la réalité et de sa vie personnelle, tout en restant une création résolument fictive.
Un travail original, qui nécessite l’attention du regardeur, où l’ingéniosité côtoie
la diversité, l’éclat et la profondeur des couleurs, un regard aigu et ironique sur le monde.

LES VAGAMONDES

A vos agendas
LES VAGAMONDES
: festival d’arts & de sciences humaines
4e édition dédiée aux cultures du Sud
Fellag / Blitz Theatre Group / Rocío Molina / Dhafer Youssef / Emma Dante
Héla Fattoumi & Éric Lamoureux / Lina Majdalanie & Rabih Mroué
Amir Reza Koohestani / Zad Moultaka / Cie Massala / Yusuf Sevinçli
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Un focus sur la création méditerranéenne du 13 au 23 janvier où se succéderont des propositions de théâtre, danse, musique, humour, mais aussi des événements en entrée libre : rencontres avec les artistes, conférences, expositions… Pour cette 4e édition, La Filature s’associe à de nombreux partenaires et propose des rendez-vous
« sciences humaines » dans tout Mulhouse !
Une mer qui relie autant qu’elle sépare. Car la coexistence ne va
jamais de soi. Il faut la vouloir, il faut la construire, l’interroger, en
permanence. C’est bien là que réside la raison d’être de ce festival
qui, à travers les arts et les sciences humaines, nous ouvre vers la
connaissance et la reconnaissance de l’Autre dans sa diversité. Par
les arts, mais aussi la géographie, l’histoire, la géopolitique ou
encore la gastronomie et le vin, nous aborderons beaucoup des
questions de société qui animent notre actualité. Nous entendrons
parler de logique des frontières, de migration des peuples et de
mondialisation. Nous verrons également que nombreux sont les
spectacles qui questionnent – parfois avec beaucoup d’audace – la
place de la femme dans le périmètre méditerranéen.
Les vagamondes
Pour cette 4e édition, l’équipe de La Filature s’est entourée d’une multitude d’acteurs locaux à l’initiative de l’association « Les Cafés Géographiques ».
Nous oeuvrerons ainsi à ce que ce festival soit une véritable
rencontre de l’Autre. Une fête mêlant allègrement arts visuels, théâtre, cinéma, conférences, débats, danse et performances avec comme ligne de mire cette mer qui nous est donnée en partage.
mercredi 13 janv. 19h en entrée libre
INAUGURATION DU FESTIVAL + VERNISSAGE DE L’EXPOSITION DE YUSUF SEVINÇLI
mais aussi de l’installation végétale de Sophie Larger & Stéphanie Buttier dans le hall de La Filature
RESTAURATION
Du mercredi 13 au mercredi 20 janvier, l’association Épices proposera une restauration les soirs de spectacles.
Vendredi 22 et samedi 23 janvier, l’association Franco-Amazigh concoctera des spécialités berbères :
restauration, salon de thé et pâtisseries à savourer en musique ; et samedi 23, le couscous traditionnel du Nouvel An berbère.
Programme complet à consulter

Régionale 16 en 2015

jusqu’au 17 janvier à la Kunsthalle de Mulhouse
Sans titre
est une exposition qui n’a ni titre ni thème. Une exposition qui montre les oeuvres, rien que les oeuvres de cinq artistes. Ni plus, ni moins. Inutile de chercher un fil conducteur, un sens caché, rien de tel n’a guidé le choix de ces artistes. Ils sont là pour la seule et la meilleure des raisons que l’envie de mieux les rencontrer, de montrer leur travail et le partager, le temps d’une Régionale.
Ils viennent de la « Regio »
Hösl & Mihaljevic (DE), Jeannice Keller (CH), Maja Rieder (CH)
et Silvi Simon (FR)

Hösl & Mihaljevic (DE)
Stefan Hösl est né en 1956 à Bonndorf en Forêt-Noire (DE), il vit et travaille à Fribourg.
Andrea Mihaljevic est née en 1956 à Constance (DE), elle vit et travaille à Fribourg.
Depuis 2002, Stefan Hösl & Andrea Mihaljevic collaborent ensemble sous le nom de Hösl & Mihaljevic.
Kunsthalle 1Le travail d’Hösl & Mihaljevic est traversé par l’image en mouvement et l’architecture. Héritiers d’un regard constructiviste, ils n’hésitent pas à l’enrichir d’une belle part d’humanité. Leurs interventions sont souvent liées à des espaces rencontrés ou occupés qu’ils déplacent dans les lieux d’exposition.
Kunsthalle 2Jeannice Keller (CH)
Née en 1975 à Appenzell (CH), elle vit et travaille à Bâle et Paris.
Les sculptures de Jeannice Keller se déploient dans des espaces qu’elles occupent
sur le mode du dialogue. À partir de tissus et de tasseaux, elle construit des installations
de lignes strictes et de plans souples qui défient et soulignent les architectures
investies, leurs qualités mais aussi leurs failles.

Kunsthalle.JPG 3
Maja Rieder (Ch)
Née en 1979 à Kestenholz, canton de Soleure (CH), elle vit et travaille à Bâle.
Maja Rieder travaille sur papier. Que ce soit avec du graphite ou
de la peinture, sur des surfaces morcelées, multiples, pliées, petites ou
grandes, posées au mur ou au sol, elle compose avec et sur le papier.
Toutes ses oeuvres répondent plastiquement à la générosité et à
la richesse de ce support.
Kunsthalle 4Silvi Simon (FR)
Née en 1970 à Livry-Gargan (FR), elle vit et travaille à Strasbourg.
Dont vous avez pu voir le travail à la galerie Iffrig à ST-ART
Silvi SimonLa lumière est la matière de Silvi Simon, elle est aussi son outil. Que ce soit dans des installations ou dans des photos, qu’elle appelle « chimigrammes », c’est en jouant, déjouant, façonnant voire capturant la lumière qu’elle modèle des espaces et crée des images à fort pouvoir d’attraction.
Silvi Simon. laserInstallation réalisée lors d’une résidence en milieu scolaire au lycée Lumière-Beauregard de Luxeuil-les-Bains, avec le soutien de la DRAC Franche Comté.
Co-production La Grosse Entreprise, dans le cadre du projet LUX ! Année internationale de la lumière.
Remerciements à Jean-Charles Beugnot, chercheur CNRS à l’institut FEMTO-ST, Besançon.
LES RENDEZ-VOUS
Kunstapéro : le jeudi 7 janvier à 18h00
Des oeuvres et des vins à découvrir : visite guidée suivie d’une dégustation de vins, en partenariat avec
l’association Mulhouse Art Contemporain et la Fédération Culturelle des Vins de France.
Participation de 5 euros / personne, inscription au 03 69 77 66 47 / kunsthalle@mulhouse.fr
Kunstdéjeuner : vendredi 11 décembre à 12h15
Visite à thème « Questions obliques » suivie d’un déjeuner*
Sous la forme d’un jeu, les cartes de Questions obliques interrogent, de manière parfois surprenante et décalée, le visiteur sur sa perception de l’exposition. En partenariat avec l’Université Populaire.
Gratuit, sur inscription au 03 69 77 66 47 / kunsthalle@mulhouse.fr
*repas tiré du sac
Rendez-vous famille : dimanche 10 janvier à 15h00
Une visite / atelier est proposée aux enfants et à leurs parents.
A partir de 6 ans
Gratuit, sur inscription au 03 69 77 66 47 / kunsthalle@mulhouse.fr
Bus tour : dimanches  13 et 20 décembre
Plusieurs circuits en bus sont proposés au départ de Bâle, Strasbourg et Fribourg.
Dimanche 13 décembre, possibilité de visiter l’exposition « Sans titre » de La Kunsthalle
au départ de Fribourg – Konzerthaus rdv à 10h00.
Payant, réservation en ligne www.reservix.de – mot clé : Regionale
Tickets : CHF 25.- \ EUR 20.-
Informations sur www. regionale@gmx.ch
Dimanche 13 décembre au départ de Fribourg
10:00 Départ de Fribourg, Konzerthaus
11.00 Städt. Galerie Stapflehus, Weil am Rhein
12.00 Kunst Raum Riehen
13.30 Projektraum M54, Bâle
15:00 La Kunsthalle Mulhouse
16.00 La Filature, Mulhouse
17:00 Retour
18:00 Arrivée à Fribourg
Possibilité de prendre le bus en cours de route
Pour construire votre visite / parcours au sein de l’exposition :
Emilie George / Chargée des publics
emilie.george@mulhouse.fr
+33 (0)3 69 77 66 47
Éventail des visites à thème téléchargeable sur www.kunsthallemulhouse.com
À l’attention des familles et du jeune public en visite autonome :
les Ateliers Pédagogiques d’Arts Plastiques du
Pôle Education et Enfance de la Ville de Mulhouse proposent un carnet de visite disponible à l’accueil.

Andreas Gursky au Museum Frieder Burda

Exposition à Baden-Baden Jusqu’au 24 janvier 2016
« Si tant est que l’on puisse représenter la réalité,
on ne peut le faire 
qu’en la construisant. »
(Andreas Gursky)
Andreas Gursky
Il est considéré comme l’un des plus importants artistes contemporains : le photographe dusseldorfois, Andreas Gursky (né à Leipzig en 1955), élève de Bernd et Hilla Becher (décédée en 2015) . Objectif et précis, il capture l’épicentre de la vie moderne et de la réalité globale. Chacune de ses compositions d’ensemble est un chef d’oeuvre technique et pictural, inscrit depuis longtemps désormais dans la mémoire picturale collective du monde artistique. Gursky a utilisé un nouveau pinceau qu’est la photographie.
Le traitement numérique des images et la monumentalité constituent parallèlement, à l’emploi résolu de la photographie en couleurs, ses formes d’expression caractéristiques. En même temps, les oeuvres de Gursky (vidéo, à partir de 3. mn) sont toujours les témoins devenus images de ses voyages entrepris depuis des décennies dans le monde entier. Derrière ces images se cache ainsi également une carte géographique imaginaire qui retrace les itinéraires de l’artiste. Bien rares sont les artistes de notre temps ayant pratiqué avec une telle constance le voyage en tant qu’activité, et le fait que Gursky ait toujours eu en tête une description précise du monde, de sa construction et de sa constitution, apparaît de plus en plus clairement au fil du temps.
GURSKY-4
Ses travaux sont toujours une réflexion sur la vision extérieure et intérieure du monde. La beauté évidente et la perfection de ses images sont trompeuses, car c’est bien derrière ces qualités, pour ainsi dire derrière le premier regard, que se dissimule la richesse de l’espace mental de ce qui est montré. Les oeuvres de Gursky séduisent par ce qu’elles montrent, mais simultanément elles portent en elles une injonction tenace à réfléchir sur leur raison d’être.
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Des sites antiques aux univers fantastiques fictivement mis en scène en passant par les lieux situés au coeur de l’actualité politique et sociétale : les images d’Andreas Gursky s’avèrent toujours être une observation subtile de l’état de notre univers globalisé. Le Caire, la pyramide de Khéops, les boutiques Prada et Toys“R“Us, les ateliers de fabrication et les décharges, les spectacles de masse en Corée du Nord à Pyongyang, une multitude de pom pom girls,  chacune étant livrée à sa solitude, ou à l‘occasion des rassemblements des Églises, un spectacle de Madona, la mise en relief subversive de structures du pouvoir et d’ordres globalisés du monde, les bourses opérant au niveau international, les musées lieux de prétendu recueillement et les héros de BD pour représenter les mondes à venir : tout cela fait partie du répertoire de ses compositions.
Ses clichés sont minutieusement composés, retravaillés et scénarisés à l’extrême, à l’aide de logiciels, le spectateur est d’abord frappé par un tout, à la fois gigantesque et graphique,
Les lacets de la mythique montée de l’Alpe d’Huez du Tour de France, semblent d’une grande cohérence, mais cette « image est faite de soixante images juxtaposées et imbriquées » Ailleurs on se demande si Gursky a utilisé un drone pour photographier l’Artique, presque peinture, au blanc, traces, failles. L’image expurgée de toute flore,
minimaliste, géométrique, rectiligne du « Rhein ( Rhein II adjugé 4,3 millions de dollars en 2011), l’image qui désoriente,  le Lager? mémoire mise en abime impersonnelle des réserves d’un musée.
gursky_rhin
Au Vietnam à Nha Trang il photographie les conditions de production archaïques, machinales,  comme une chorégraphie de groupe. L’exploitation des sols allemands qui produisent en masse l’asperge. Avec l’image « 99 cents » ces étagères de marchandises sont  depuis longtemps devenue une icône de biens de consommation, de surproduction à outrance.
Gursky
Ruckblick 2015,  n’est pas une photo historique, mais une œuvre d’art numérique. Andreas Gursky a installé les  quatre chanceliers allemands en face d’une peinture de Barnett Newman.  L’actuelle chancelière allemande Angela Merkel est la deuxième à droite. Les autres, à partir de la gauche, sont Gerhard Schröder, Helmut Schmidt et Helmut Kohl.
Puissants et solitaires …
L’artiste semble aussi  parfois s’éloigner des clichés documentaires et spectaculaires qui ont fait sa célébrité : une surface d’eau de Bangkok évoque les Nymphéas de Monet ou une plongée en hyper gros plan au cœur d’une toile de Van Gogh. Dans l’exposition se trouvent même « trois images qui n’ont pas été retravaillées, de véritables instantanés », comme une image argentique d’un stade de football, dont le gazon possède une couleur surnaturelle.
Gursky
L’exposition du Musée Frieder Burda, qui a vu le jour en étroite collaboration avec l’artiste, permet en une sorte de rétrospective de poser un regard neuf sur le fascinant univers pictural de Gursky. Le strict sentiment « d’implication », suscité par ces images qui alimentent nos représentations et imaginations du monde, peut alors être mis en question et exploré.
Gursky
Placée sous le commissariat de Udo Kittelmann pour le Musée Frieder Burda, l’exposition couvre la période allant des travaux emblématiques plus anciens d’Andreas Gursky jusqu‘à ses toutes dernières inventions d’images. Le visiteur voit se dérouler sous ses yeux un riche panorama d’images qui d’une part analyse avec précision notre réalité, et exprime d’autre part le plaisir extrême de voir et de découvrir des images.
Une publication paraissant aux éditions Steidl thématise la sélection d’oeuvres retenue pour l’exposition de Baden-Baden et son approche artistique et curatoriale en faisant dialoguer de manière exemplaire texte et image. Le moment de la construction et de la reconstruction de la réalité inhérent aux travaux de Gursky trouve dans le catalogue un équivalent sous forme de dialogue par le biais de textes issus de la presse quotidienne nationale et internationale sélectionnés par le commissaire de l’exposition.
Museum Frieder Burda
Lichtentaler Allee 8 bD
-76530 Baden-Baden
Tel. +49 (0) 7221/3 98 98-33
Fax +49 (0) 7221/3 98 98-30
www.museum-frieder-burda.de
photos courtoisie du musée Frieder Burda

Sommaire du mois de novembre 2015

-Christine Roda, le Louvre
Anne-Christine Roda, le Louvre

l’image parle d’elle-même, les additecds des nouvelles technologies
devant la Joconde (vue à ST-ART)

02 novembre 2015 : Jour des morts
05 novembre 2015 : La Biennale de la Photographie de Mulhouse
06 novembre 2015 : Dreieckland, Franck Christen
07 novembre 2015 : Carte Blanche à François Bruetschy
13 novembre 2015  : Joseph Bey, d’un Rivage à l’Autre
29 novembre 2015 : ST-ART 2015, 20e édition

ST-ART 2015, 20e édition

A l’occasion de ses 20 ans, ST-ART met à l’honneur la photographie
ST-ART s’inscrit dans les premières foires d’art française, après la FIAC.
90 galeries dont 32 viennent pour la première fois, un tiers des exposants étant des galeries internationales avec huit pays représentés : Allemagne, Belgique, Espagne, États-Unis, France, Italie, Japon, Pologne qui pendant 4 jours exposent leurs meilleurs artistes. Côté français, l’enjeu pour ST-ART est de ménager une place importante aux galeries régionales aux côtés des galeries parisiennes, sans oublier de permettre à de jeunes galeries de montrer le travail d’artistes émergents.  Sans oublier la carte blanche donnée à la ville de Strasbourg.

Invitée d’honneur de la 20e édition de ST-ART, la MEP, Maison Européenne de la
Photographie, présente sur 100 m2 ses collections au travers un solo show consacré
à Bettina Rheims et un programme vidéo présentant le travail de trois vidéastes :
Zhenchen Liu, Clorinde Durand et Béatrice Pediconi.

Bettina Rheims, Monica Bellicci

C’est en 1978 que tout commence, lorsqu’elle rencontre des stripteaseuses et qu’elle les photographie. Cette première série fait rapidement l’objet d’expositions et marque le début d’une longue carrière. Bettina Rheims se consacre alors entièrement à la photographie et à sa passion pour l’art et pour le sujet féminin
Sa sensibilité et son approche du modèle féminin, qu’elle magnifie dans sa nudité, en font une des photographes majeures de son temps et l’amène à travailler avec
de nombreuses célébrités telles que Madonna, Charlotte Rampling, Catherine Deneuve, Marianne Faithfull, Asia Argento, …. ainsi que des mannequins de renommée internationale comme Kate Moss, Claudia Schiffer ou Naomi Campbell.
En 1995 Bettina Rheims est choisie pour réaliser le portrait officiel du Président Jacques Chirac.
Depuis les années 1980, parfois avec la complicité du romancier Serge Bramly, Bettina Rheims développe ses recherches et son discours artistique: une nouvelle approche du corps féminin, une interaction avec le modèle et le photographe qui confine à l’intime, une liberté de regard sur la place du corps et l’image sociale qu’il projette, …
La Galerie belge Mazel présente les photographies de Bruno Timmer d’Antoine Roze
Antoine Roze
Hans Sylvester, Les enfants bergers d’Ethiopie, 2014. 0 la galerie Pom Turbil
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BETTINA VON ARNIM présente le travail d’Isabelle Chapuis & Duy Nhan Duc
Isabelle Chappuis et  Duy Anh Duc
 
ainsi que l’Ecco Homo, oeuvre phare de Sébastien Salamand, dit le Turk
Bernard Kuhn avec ses photographies superposées
Bernard Kuhn
La Galerie Estampe de Strasbourg présente Hervé di Rosa, défenseur de l’art modeste, une gravure au carborundum
Hervé di Rosaainsi qu’une belle est gravure de Christophe Hohler de la cathédrale de Strasbourg
Christophe Hohler
Les Solos Schows :
Victor Matthews dans la galerie Art Passion de Pont à Mousson,
Enfant de Brooklyn, débutant sur les murs de Soho, peint et sculpte a présent tout blanc
et en studio
Victor Matthews
Pour la galerie Rendez-vous à Strasbourg Christophe Meyer et son univers de félins
Christophe Meyer
La galerie Bertrand Gillig de Strasbourg
Bertrand Gillig
la galerie de Christophe Fleurov de Strasbourg avec tableaux jouets de
Pierre Orssaud
et les poupées de Catherine Hunter
Galerie Christophe Fleurov
Galerie Radial Art Contemporain Frédéric Croizer
Radial Art Contemporain
Présentée par la Galerie No Smoking une libanaise Nosrat Aimaz
Nosrat Aimaz
La galerie Najuma de Marseille présente de très beaux Hans Hartung
ainsi que des toiles de Gaston Chaissac

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Le street-art n’est pas en reste avec la galerie Berthéas qui présente Jonone,
Miss.Tic
Miss. Tic
ou encore Christian Guémy alias C215 avec No-Sunshine
C215 No-Sunshine
On peut voir en direct l’ Intervention In situ de l’artiste Eismael Bahrani à St’art
dans le fonds de la foire
Eismael Bahrani
Mon coup de coeur personnel à la galerie Anquins’Art
un dessin au fusain de Teresa Riba
Teresa Riba
reportage sur France 3 à partir de 17  » 40
le catalogue avec un Edito de Michel Nuridsany
écrivain et critique d’art peut être consulté en ligne

Joseph Bey, d'un Rivage à l'Autre

C’est à  la galerie Cheloudiakoff 1bis rue des Capucins,
90000 Belfort – 03 84 22 64 16
que Joseph Bey nous emmène d’un Rivage à l’Autre
dans un Naufrage Céleste.
Joseph Bey
En fait de naufrage, c’est une plongée dans le noir, décliné avec les gris et les blancs de toutes les nuances.
Le noir est une couleur !
Cette assertion servit de titre, en 1946, à l’une des premières expositions d’après-guerre organisée à la galerie Maeght, à Paris: Bonnard, Matisse, Braque, Van Velde et d’autres y mêlaient leurs pinceaux.
[Révélé au XIXe siècle par les sombres visions de Goya et de Victor Hugo, justifié par les fantasmagories informes, infernales et chimériques d’Odilon Redon, retrouvé par Manet dans les ombres de Velázquez, le noir fut la paradoxale aurore du XXe siècle, alors qu’il s’annonçait comme le crépuscule du siècle précédent, symboliste et romantique.
Et puis Matisse vint et l’affirma, le théorisa précocement, et le clama comme un mot d’ordre : le noir est une couleur…..]
extrait d’un texte de Dominique Païni, (il fut à sa tête pendant une courte période)
Joseph Bey 1
Noir : Histoire d’une couleur (podcast)
Noir. Couleur des ténèbres, de la mort et de l’enfer, le noir n’a pas toujours été une couleur négative. Au fil de sa longue histoire, il a aussi été associé à la fertilité, à la tempérance, à la dignité, à l’autorité. Et depuis quelques décennies, il incarne surtout l’élégance et la modernité. Du noir des moines et des pirates au noir des peintres et des couturiers, Michel Pastoureau, dans son livre noir retrace la destinée européenne et la symbolique ambivalente de cette couleur pas comme les autres.
Du noir des moines: la galerie se situe rue des Capucins !
Les amis de Joseph ne sont-ils pas en accord profond avec la dite couleur.
Belfort (2)
 
Si vous pensez que Joseph n’utilise qu’un seul pot de couleur noire je vous invite à regarder cette vidéo (amateur) tournée dans son atelier de Riedisheim, où ce professeur de physique, nous emmène dans sa galaxie. A 14 ans il suit avec passion l’alunissage d’Apollo 11. Depuis devenu adulte sa quête de la lumière est restée intacte.
Le marcheur de Compostelle, mystique et intellectuel, pose les questions de l’espace, de la création de l’univers et du Big Bang.
On assiste d’abord au noir profond, puis à l’allumage des étoiles, à la recherche du Graal.
Colonnes du monde Joseph bey
Ses Monolithes noirs se dressent dans l’entrée de la galerie. Il faut grimper à la mezzanine
pour contempler des  toiles où l’on  voit des noirs brillants, des gris très clairs, des gris colorés de bleu, de rouge, des toiles de lumière, dont les structures de la matière animent
les toiles où scintillent les étoiles et la voie lactée. Des petites toiles alternent avec des séries, dans la même veine que les grandes créant des valeurs différentes avec la même force.
Joseph Bey
Ses colonnes sont bancales, comme les stèles chaotiques, des cimetières juifs
de Prague.

Sa dernière exposition de 2013 se veut la matérialisation du concept de matière noire, qui désigne la matière non visible indispensable à l’action de la gravitation.
Le regardeur se doit de laisser la couleur advenir, elle dynamise la surface de la toile,
sans austérité. La planète de Joseph Bey, son espace lunaire nous plonge dans des réflexions, sur l’immensité du monde et l’inanité des choses.

Joseph Bey
Jusqu’au 2 décembre 2015

Pour en savoir plus le catalogue de la FondationFernet Branca de l’exposition
Prendre le Temps

Carte Blanche à François Bruetschy

Le Séchoir, arts en mouvements à Mulhouse, a donné carte blanche à
François Bruetschy.

« La peinture, ce n’est pas seulement faire des
jolies toiles, c’est une réflexion.
C’est une façon de penser avec la main, le geste…
Et je suis mon
propre découvreur, un explorateur de ma propre pratique. » FB


Sur les cimaises de la galerie d’art, les dessins blancs sur papier noir, de François Bruetschy, sont comme des inscriptions sur des stèles, comme si l’artiste avait graphité sur des sculptures de Richard Serra. Ses formes sont issues de ses promenades, d’une mémoire visuelle, qu’il essaie d’intérioriser et tente d’exprimer dans son travail quotidien. Dans les formes, qu’il voit dans les trous noirs des arbres, lui sont apparues d’autres formes, comme des constellations. C’est une peinture intellectuelle découlant du cheminement de l’esprit, que l’on pourrait avec beaucoup de réserve, approcher de
Cy Twombly.
Il affectionne la monochromie, dans la superposition des couches
on comprend son admiration pour Bonnard.

« Le trait est la parole du peintre, ce n’est pas une gesticulation,
c’est une chorégraphie. Il faut que les choses aient une
résonance
intérieure. Cela vient avec le travail.
Beaucoup de travail. Je
suis là-dedans tout le temps,
j’en rêve la nuit… » FB

La matière du fusain (produit par la calcination des branches de saule) espèce de scintillement intérieur qui lui rappelle de la même manière, le scintillement du ciel. L’artiste procède par plusieurs couches, en partant du fusain le plus dur, pour lever la surface du papier, pour arriver à du fusain de plus en plus tendre, qui permet de créer ce velours avec le plat de la main par l’effacement, l’estompage et la préservation de la réserve, puis les formes s’imposent. Non les formes des arbres, mais celles qui se laissent voir entre les branches qui évoquent des paysages, comme des passages de nuages dans lesquels chacun se plait à trouver des formes. Ce sont comme des illustrations d’haïku ou encore des idéogrammes chinois ou japonais, de fines broderies sur coussins de velours, que l’on aime examiner attentivement.


Dans les éléments construits, c’est l’architecte qui se manifeste. Ils sont fait pour être en tension, ou en critique, une recherche entre construction et circulation à l’intérieur d’un espace.  Il y a des œuvres plus architecturales, plus monumentales, là encore on se trouve presque dans l’ornement, car elles peuvent se lire comme une tapisserie, ou un tapis suspendu.


Les formes se promènent à l’intérieur du format, indiquent la liberté du geste, la précision du pinceau, avec une ligne directrice, autour de laquelle tout s’enveloppe comme en contrepoint, comme dans un dessin entre l’abstrait et le figuratif.


Il dit avec malice, « que la peinture est aussi une sorte de désastre, parce qu’on aboutit jamais là où on voulait aboutir ».
Hélène Sturm en parle : « Le travail, c’est tout le temps. Le reste est du temps perdu, quel que soit le plaisir qu’il y prend. Les heures passées à courir ou marcher n’existent que pour que le corps peignant ne soit pas peinant et dure, et dur. Et c’est là que se font les provisions, les prévisions, les visions. Personne ne sait comment ça fonctionne. Même pas lui. Tout est dans les dessins, les peintures, les volumes, et dans certains 1 %, disparus – c’est un regret qu’il a. C’est un souci qu’il a : qu’est-ce que ça va devenir, tout ça ? La sinueuse ligne blanche qui traverse le noir du temps, il l’inventera en la suivant jusqu’au bout, qui arrivera trop tôt alors que rien ne sera achevé. Il n’arrive pas à se faire à cette idée. C’est une mauvaise idée, disent le noir à ses mains, la tache de rouge sur sa joue, quand il descend de l’atelier parce qu’il a soif et faim et qu’il s’inquiète de la marche du monde ».
Hélène Sturm son épouse, auteure de Walter et Pfff

(toujours en librairie)
« C’est toujours un plaisir de travailler avec lui, on
progresse tout le temps… On apprend des nouvelles techniques,
on réfléchit sur nos pratiques de manière très naturelle… En parlant
de poésie, de littérature, de musique… » Mathieu Stahl

A l’accueil un entretien vidéo du tac au tac, mené par Sandrine Stahl,
présidente du Séchoir, vous familiarise avec l’artiste.
Ouverture au public tous les samedis et dimanches
de 14h à 18h jusqu’au 20 décembre.