Entre sculpture et photographie, au musée Rodin – Paris

Suite à la réouverture du musée Rodin, cette exposition propose une autre forme
« d’ouverture » à des approches modernes de la sculpture et de la photographie.
Sur une proposition de Michel Frizot, Entre sculpture et photographie est une invitation à découvrir huit artistes de la fin du XXème siècle ayant pratiqué de front la sculpture et la photographie de manière étroitement imbriquée et même indissociable.
Sans pour cela prétendre au titre de photographe et en se limitant à prendre des clichés de leurs propres oeuvres.

Michel Frizot, historien de l’art et de la photographie
Michel Frizot, historien de l’art et de la photographie

C’est autour de 1965, dans le contexte de l’art conceptuel et du land art naissants, que de jeunes artistes ont bouleversé la notion de sculpture par des interventions sur des sites naturels tout en utilisant systématiquement la photographie pour rendre compte de ces actions de « sculpture » éphémères ou vouées à rester dans un lieu peu accessible. Il en est résulté d’étroites connexions entre sculpture et photographie, et un élargissement considérable des attendus formels et esthétiques de « sculpture » et « photographie ».
Les huit artistes présentés ici appartiennent à cette génération et dans la continuité de cette attitude innovante, ils entretiennent une proximité étroite entre sculpture et photographie, au point de ne pouvoir parfois faire la part de chaque pratique. L’exposition explore diverses voies de l’alliance et de la conjonction entre sculpture et photographie et le parcours s’ouvre, avec Richard Long et Gordon Matta-Clark, sur la conjugaison des deux médiums dès l’instant de la conception de l’oeuvre. Pour Dieter Appelt et Giuseppe Penone, il s’agit de mettre en avant la place du corps humain, ses correspondances primordiales avec la nature, ou un imaginaire commun du corps primitif.
Avec Mac Adams et Markus Raetz, on se situe dans une mise en scène de paradoxes visuels et narratifs, et dans une interrogation suspicieuse sur la « réalité » perçue par le regard. John Chamberlain recherche une continuité formelle, colorée, exubérante, entre les deux pratiques, tandis que Cy Twombly, peu connu pour ses sculptures et ses photographies, ferme le parcours avec d’impressionnantes évocations élaborées avec des moyens très frustes.
Entre sculpture et photographie associe dans le même espace trois propositions : une exposition de sculptures saisissantes, une exposition de photographies qui se dérobent aux standards artistiques, complétées d’une exposition qui développe des connexions inattendues entre les deux médiums.
Au final, ces artistes nous invitent à rompre avec les idées reçues et les acquis esthétiques, et à exercer notre vision pour entrevoir ses enjeux imaginaires, bien au-delà des registres habituels de représentation.
Vue de l’hôtel Biron et du Penseur de nuit,
Vue de l’hôtel Biron et du Penseur de nuit,

Une exposition réalisée par le musée Rodin sur une proposition de Michel Frizot.
Commissariat :
Hélène Pinet, responsable des collections de photographies du musée Rodin
Michel Frizot, historien de l’art et de la photographie
Richard Long
Artiste qui a été formé à la sculpture à Londres dans les années 1960, et l’un des initiateurs du land art, Richard Long organise sa création autour de ses longues marches soigneusement préparées, assorties de textes, de cartes et de photographies. La sculpture naît des circonstances de la marche, elle se fait avec des matériaux du lieu, comme par exemple des branches mortes ramassées et assemblées selon une forme géométrique. Cette sculpture éphémère, qui va rester sur le site, est photographiée et c’est finalement cette photographie qui témoigne de l’action de sculpture.
Richard LONG, Small Alpine Circle, 1998, Pierre,
Richard LONG, Small Alpine Circle, 1998, Pierre,

D’autres photographies montrent des assemblages de pierres in situ, des entassements de branchages, en lignes, bandes ou cercles, des traces d’actions dynamiques, avec de l’eau par exemple ou le tassement de l’herbe laissé par un passage répété. L’image tient lieu véritablement de sculpture, et c’est le regardeur qui réactive le geste de l’artiste.
Lors de ses marches, Richard Long a surtout oeuvré avec des pierres, qu’il écarte pour faire apparaître une ligne uniforme, ou qu’il amasse selon différents arrangements dont on repère immédiatement qu’ils sont faits de main d’homme.
Richard LONG, A line of Sticks in Somerset, 1974, Carré d'art –Musée d'art contemporain, Nîmes
Richard LONG, A line of Sticks in Somerset, 1974, Carré d’art –Musée d’art contemporain, Nîmes

Parallèlement, l’artiste a été amené à créer des assemblages similaires en galerie ou pour des expositions, à partir de matériaux qui ne proviennent pas de ses marches et qui sont souvent retaillés. Avec Small Alpine Circle, 1998, fait de pierres des Alpes, Richard Long recherche la rigueur géométrique, la sensation directe du matériau, l’évocation de lieux naturels :
« Une sculpture satisfait nos sens en un certain lieu alors qu’une oeuvre photographique (provenant d’un autre lieu) satisfait l’imagination »
(Richard Long).
Gordon Matta-Clark
Formé à l’architecture à Cornell University, Gordon Matta-Clark, fils de Roberto Matta, est en contact en 1969 avec les artistes de l’Earth Art ou land art qui voulaient sortir la sculpture de la galerie et agir directement sur le terrain en creusant des fossés ou en constituant des amas de matériaux. Intervenant sur des immeubles abandonnés des environs de New York, Matta-Clark découpe avec une scie à chaîne des sections rectangulaires dans les cloisons ou planchers pour ouvrir des perspectives d’une pièce à l’autre, et faire circuler le regard et la lumière (c’est l’action de « cutting »).
Ce faisant, il crée une sculpture architecturale par le creux, par l’évidement, par le négatif mais dans le même temps la découpe extraite de la cloison constitue aussi une sculpture (positive), un objet trouvé, une mise en forme de matériau.
Gordon Matta-Clark, Sauna Cut, 1971, Kunstmuseum, Lichtenstein
Gordon Matta-Clark, Sauna Cut, 1971, Kunstmuseum, Lichtenstein

Sauna Cut I, 1971, est un prélèvement de sauna dans un appartement de New York, qui a toutes les particularités d’une sculpture, avec ses deux faces différentes et sa trouée transparente.
Matta-Clark réalise systématiquement des photographies (et des films) des étapes de son travail, pour rendre compte de son action in situ. Il fait également des découpes
(cutting) de ses négatifs, en fait des tirages et les assemble parfois pour donner une idée spatiale, tridimensionnelle, des circulations qu’il a créées.

Gordon MATTA-CLARK, Office Baroque – Antwerp, 1977, FRAC Limousin, Limoges,
Gordon MATTA-CLARK, Office Baroque – Antwerp, 1977, FRAC Limousin, Limoges,

Office baroque, Antwerp, 1977, est une de ses dernières interventions qui traverse les étages d’un immeuble par des trouées circulaires qui s’entrecoupent.
Giuseppe Penone
Dès ses débuts (1968), l’artiste s’est singularisé par des « actions » sur les arbres où s’établissent les correspondances physiologiques et vitales entre son propre corps et le végétal, qui fondent sa position de sculpteur. Dans Retourner ses propres yeux (1970), le blocage du regard par des lentilles de contact argentées fait « du corps une sculpture, comme un volume fermé » qui ne vit que dans le regard de l’autre. De cette action dérive du reste Pièges de lumière, 1995,
Giuseppe PENONE, Trappole di luce, 1995, (Piège de lumière), Coll. Penone, Turin
Giuseppe PENONE, Trappole di luce, 1995, (Piège de lumière), Coll. Penone, Turin

oeuvre d’une forte présence et de signification énigmatique, qui traite en fait de la vision. Le moulage en cristal d’un tronçon d’arbre, posé sur un agrandissement photographique d’un oeil, conduit la lumière comme l’arbre conduit la sève. On retrouve cette métaphore du regard qui se propage dans d’autres oeuvres où des branches sortent des yeux de l’artiste (Regard végétal). Penone travaille aussi sur les correspondances entre la photographie et l’empreinte, entre le souffle humain et la respiration de l’arbre par les feuilles.
PenoneL’équivalence entre le positif et le négatif est fondamental en photographie comme il l’est en sculpture pour les opérations de moulage : c’est bien de cela que traite ici Géométrie dans les mains, 2005, qui montre, en photographie négative, cet espace complexe contenu entre deux mains croisées, dont par ailleurs Penone a réalisé des moulages en plâtre, qu’il a agrandis en sculpture monumentale comme on le ferait pour une photo…
John Chamberlain
L’usage systématique de tôles de carrosseries aux couleurs flamboyantes, découpées, déformées et assemblées par soudure, a fait de John Chamberlain un artiste fantasque, sorti de nulle part, qui ne se réfère à aucun lignage de la sculpture dans l’Amérique de l’expressionnisme abstrait et du pop art, des mouvements que l’on voit pourtant comme les équivalents de son esthétique baroque extravagante. Peu soucieux d’harmonie ou d’équilibre, il laisse libre cours au surgissement de formes inédites et de stridences colorées, considérant qu’il « n’y a pas de mauvaises couleurs ». Les titres des oeuvres font preuve d’humour ou dévoilent son goût pour la poésie, à l’instar de Creeley’s Lookout, 1979, (Sentinelle de Creeley) en hommage au poète Robert Creeley et à ses techniques d’écriture spontanée.
John CHAMBERLAIN, Creeley’s Lookout, 1979, Kunstmuseum Winterthur, 2014, © Schweizerisches Institut für Kunstwissenschaft, Zürich,
John CHAMBERLAIN, Creeley’s Lookout, 1979, Kunstmuseum Winterthur, 2014, © Schweizerisches Institut für Kunstwissenschaft, Zürich,

À partir de 1977, Chamberlain commence à prendre des photographies avec un appareil panoramique Widelux à objectif tournant dont l’utilisation sur un mode spontané et intuitif, à contre-emploi, laisse une large place au hasard. Il ne regarde pas dans le viseur, c’est le geste du bras qui joue un rôle primordial et ce mouvement provoque des distorsions, des étirements et des dissolutions de formes, des imbrications de couleurs éclatantes (Studio, 1994) dont on saisit d’emblée les résonances avec ses sculptures.
John CHAMBERLAIN,  La Marié
John CHAMBERLAIN, La Mariée

Mac Adams, venu à la photographie en 1971 pour documenter des essais de sculptures éphémères, se définit malicieusement comme « un sculpteur à qui il arrive d’utiliser la photographie ». Mais il est de fait un adepte de l’art narratif, c’est-à-dire qu’il construit des récits avec des images, dans un univers inspiré par le roman policier et le cinéma.
Il imagine des diptyques photographiques, Mysteries Series (1973-1980)

Mac ADAMS, Mystery, The Whisper, 1976-77 (Mysteries Series
Mac ADAMS, Mystery, The Whisper, 1976-77 (Mysteries Series

qui articulent deux images apparemment indépendantes, représentant deux moments (l’avant et l’après) d’un épisode tragique. Chaque image met en scène des pièces à conviction repérables qui constituent de fait des agencements sculpturaux jouant des effets de statisme, de lumière et d’équilibre. Il revient au regardeur de meubler l’entre-deux des images, au gré de son imagination. La série Still Life (1977) éparpille les indices dans les trois dimensions par de savants jeux de miroir.
Mac ADAMS, Rabbit, Shadow-Sculpture, 2010, Paris, Galerie GB Agency, Nathalie Bouton
Mac ADAMS, Rabbit, Shadow-Sculpture, 2010, Paris, Galerie GB Agency, Nathalie Bouton

Exploitant la part de mystère des ombres, les Shadow-Sculptures (1985) sont des assemblages volontairement hétéroclites d’objets placés dans l’espace ; ils sont conçus pour être éclairés par une source lumineuse à la verticale qui projette de manière inattendue une ombre homogène sur un plan, une ombre qui fait apparaître une forme animale – ici, un lapin – sans lien avec les objets qui en sont la cause. La sculpture entre à son tour dans la fiction narrative et se nourrit des propriétés de la photographie faite d’ombre et de lumière.
Dieter Appelt
Musicien, chanteur d’opéra, dessinateur, photographe, sculpteur, Dieter Appelt se situe volontiers à la croisée indécise de ces pratiques. Il réalise en 1976 des actions avec et sur son propre corps, dénudé, maculé de terre séchée, comme entre vie et mort, ou régressant dans un temps immémorial. Il se met ainsi en situation dans des constructions de branchages assemblés par des bandelettes de lin (La tour-oeil ; Objet-membrane, structure rituelle sur pilotis) déclinées plus tard en sculptures (Transmission). Grand lecteur de Ezra Pound, il cherche des équivalences plastiques de ses expérimentations sur le langage, sur les images mentales.
 Dieter APPELT, Aus Ezra Pound, 1981, Inv. MEP. 1987.13, Passe-partout
Dieter APPELT, Aus Ezra Pound, 1981, Inv. MEP. 1987.13, Passe-partout

La série Ezra Pound est une évocation poétique en même temps qu’une performance en hommage au poète, conduite sur les lieux où il a vécu, à Venise et à Rappalo. La photographie présentée ici est faite dans la chambre de Pound, mais elle est transformée en vue négative, ce qui donne un aspect fantomatique aux choses présentes, moitié-sculptures, moitié-ombres vaguement identifiables.
Dieter Appelt, Der Fleck auf dem Spiegel 1978
Dieter Appelt, Der Fleck auf dem Spiegel 1978

Ses sculptures sont souvent réalisées pour entrer dans un protocole d’action, qui donne lieu à des photographies. Krone n°4 (Couronne) est une forme reprise d’une action antérieure où Appelt, nu, arborait seulement une couronne de feuille de maïs comme dans un rituel de civilisation primitive.
Dieter APPELT, Krone n°4 (Couronne n°4), 2001, Collection de l’artiste, Berlin
Dieter APPELT, Krone n°4 (Couronne n°4), 2001, Collection de l’artiste, Berlin

L’objet est transposé en bois recouvert de bandes de gaze et rappelle quelque chose d’archaïque, destiné à être posé sur un crâne, mais qui serait passé par des étapes technologiques. Les photographies de Appelt sont conçues comme des concrétions de lumière et de temps, des états de conscience indiscernables, « entre perspective visuelle et prise de conscience poétique » et à l’inverse, ses sculptures sont le déploiement de stratifications imaginaires et de souvenirs.
Markus Raetz
Depuis 1970, Markus Raetz nous propose à travers une pratique très personnelle du dessin, de la gravure, de la photographie et de la sculpture, des objets de leurre se jouant de notre perception visuelle, de ses insuffisances ou de ses paradoxes. Il exploite poétiquement les incertitudes du regard et du langage, il cultive l’ambivalence des relations, dans l’espace, entre le regardeur que nous sommes et la figure qu’il saisit photographiquement ou qu’il fabrique. Avec des vues séquentielles d’une figurine de pâte à modeler, Cercle de polaroids, 1981 simule le cheminement d’un marcheur le long d’un cercle, hors de toute échelle. Avec Hecht, 1982, il donne l’impression d’un jeu de miroir sur une photo d’un homme en profil de dos, alors qu’il s’agit de deux photographies.
Markus RAETZ, Hecht, 1982, FRAC Limousin, Limoges
Markus RAETZ, Hecht, 1982, FRAC Limousin, Limoges

Dans ses recherches sur les illusions perspectives et les ambiguïtés de la perception, Markus Raetz conçoit des volumes – des sculptures, de fait – qui ne prennent sens que sous un certain angle faisant apparaître une figure déterminée, par exemple un buste d’homme à chapeau ; mais si vous tournez d’un quart de tour, vous percevez tout à coup une autre forme, celle d’un lièvre. C’est ce qui se produit dans Metamorphose II, 1992,
Markus Raetz, Metamorphose II, 1992,
Markus Raetz, Metamorphose II, 1992,

avec toutefois l’aide d’un miroir qui dévoile d’un seul coup d’oeil les deux figures primaires contenues dans la sculpture (cette pièce est aussi un clin d’oeil à l’artiste allemand Joseph Beuys, l’homme au chapeau, et à son lièvre fétiche qu’il présentait dans des performances). La sculpture, pour Raetz, joue de l’espace et des formes comme on joue avec les mots, en usant du double sens.
Cy Twombly,
Pour quiconque aura suivi le parcours de peintre et dessinateur de Cy Twombly, habité de frêles graffitis et de messages sibyllins, aucun indice ne permettait de l’imaginer préoccupé par la sculpture ou par la photographie, ce qu’il faisait pourtant en toute discrétion. Les termes d’assemblage et d’hybridation conviennent à ses créations composées d’objets trouvés, de bois de rebut, de papier, de tissu, carton et fleurs artificielles.
Cy TWOMBLY, Tulips Ces combinaisons de formes brutes, liées par du plâtre ou neutralisées par un enduit blanc (parfois tirées en bronze ultérieurement), évoquent comme ses peintures des reliques, des mythes, des objets symboliques ou archéologiques : Winter’s Passage, Louxor, 1985 évoque d’une manière très primitive à la fois un jouet fruste et la barque rituelle des morts en Egypte ; Thermopylae, 1992 est un hommage aux morts de la bataille des Thermopyles).
Cy TWOMBLY, Winter’s Passage: Luxor, 1985, Fondation Twombly
Cy TWOMBLY, Winter’s Passage: Luxor, 1985, Fondation Twombly

Cy Twombly n’a d’autre part cessé de photographier, depuis ses débuts à Black Mountain College en 1951, il privilégie le format carré du polaroid couleur, qu’il agrandit ensuite et dont il exploite le léger flou, les couleurs pastel ou parfois saturées. Ses photos rappellent par touches évanescentes les lieux où il habite, son goût pour la sculpture qu’il collectionne, pour les végétaux ou les fleurs rouges (les imposantes pivoines de ses peintures des années 2000).
Cy TWOMBLY, Tulips Ses Tulipes (1985) en plan rapproché, avec leurs couleurs stridentes qui se répandent sont bien éloignées des conventions photographiques ; hors-échelle, elles s’imposent, à l’égal de ses peintures, comme des signes tragiques.
17 juillet 2016 : Entre sculpture et photographie
MUSEE RODIN DE PARIS
77 rue de Varenne
75007 Paris
T. +33 (0)1 44 18 61 10
HORAIRES
ouvert tous les jours de 10h à 17h45, fermé le lundi.
Nocturnes les mercredis jusqu’à 20h45

François Carbonnier – Miroir de l'âme

« En forêt, tous nos sens sont éveillés,
acceptons d’ouvrir notre coeur et d’accueillir nos émotions. »
François Carbonnier  – Miroir de l’âme
François Carbonnier
C’est un moment de pur bonheur que de pénétrer dans le temple
St Etienne, cette église de la place de la Réunion que les touristes
appellent « cathédrale ». Dès l’entrée vous êtes happés par le gazouillis
des oiseaux, une partition, un concert enchanteur. Il vous faut passer lentement
d’une photographie à l’autre, cheminer de sous-bois en forêts plus touffus, parcourir les saisons, en  prenant soin de vous munir du texte qui accompagne l’exposition.
François Carbonnier, nous montre la forêt par toutes les saisons, des verts acidulés, des roux chauds, des roses, des mauves, du noir et blanc, des parterres de feuilles, des champignons.
il accompagne chaque prise de vue d’un texte choisi, soit dans la genèse, l’évangile,
ou encore parmi les auteurs qu’il aime.

Photo François Carbonnier time elapses - 4 tirages sur tissus 1,2m x 6,5m ©ADAGP 2016
Photo François Carbonnier
time elapses – 4 tirages sur tissus 1,2m x 6,5m
©ADAGP 2016

A travers son travail de photographe, il exprime les valeurs qui lui sont chères :
la liberté, la tolérance, le respect, la justice, le partage et l’amour.
Dans ses forêts à la fois réelles et imaginaires, il évoque des thèmes tels que l’absence, la solitude, la souffrance, la mémoire, le temps, la vie, la dualité.
Pour François Carbonnier l’écologie n’est pas un vain mot.
Prenez le temps de vous imprégner de ses images, posez-vous,
écouter, une paix incroyable vous pénètrera et vous vous sentirez
apaisé, heureux et léger (comme un oiseau).
La musique qui accompagne l’exposition est choisie spécialement
par le photographe. C’est une oeuvre totale, le lieu, les photographies,
l’accrochage et la conception sonore.
Francois Carbonnier 1
L’exposition du temple est en harmonie avec celle de la Filature
Le Chemin du Retour– Les univers d’Estelle Hanania et Fred Jourda
et deJérémie Gindre, Camp Catalogue à la Kunsthalle, elles se rejoigent
sur le thème de la forêt.
Une chance incroyable, le concert de ce samedi (16/4) avait pour thème,
le chant des oiseaux ! C’est évidemment Roland Kauffmann, le
dynamique pasteur de St Etienne, qui a établi ce programme,
en adéquation parfaite avec le photographe et en compagnie de
Patrick Froesch.
Pour prolonger ces moments agréables
Saint-Étienne Réunion propose :
Un récital de piano avec Augustin Voegelé.
Dans le cadre du colloque international,
« Les Voyageurs du Rhin », organisé par l’Université de Haute-Alsace
à Mulhouse du 21 au 22 avril 2016,
Augustin Voegelé propose un voyage musical au bord de l’eau
avec un programme aussi varié que la Barcarolle de Chopin,
les Jeux d’eaux à la Villa d’Este de Liszt
ou encore l’Île joyeuse de Debussy.
Au temple Saint-Étienne de Mulhouse,
le jeudi 21 avril à 20h30, entrée libre, plateau
Miroir de l’âme – jusqu’au – 01/05/16
Trichromies
Tirages palladium
Montage sonore 25′
©ADAGP 2016…
Tous les jours (sauf lundi) de 13h à 19 h

Anselm Kiefer au centre Pompidou

L’exposition se termine le 18 avril
Le Centre Pompidou propose une traversée inédite de l’œuvre de l’artiste allemand Anselm Kiefer. Cette rétrospective, la première en France depuis trente ans, invite le visiteur à parcourir toute la carrière de Kiefer, de la fin des années 1960 à aujourd’hui, avec cent cinquante œuvres dont une soixantaine de peintures choisies parmi les chefs-d’œuvre incontournables. L’œuvre de Kiefer invite avec intensité le visiteur à découvrir des univers denses et variés, de la poésie de Celan à la philosophie de Heidegger, des traités scientifiques à l’ésotérisme. Installations et peintures monumentales voisinent avec des œuvres sur papier et des objets à la résonance plus intime.

Anselm Kiefer, au peintre inconnu 1982, aquarelle et fusain
Anselm Kiefer, au peintre inconnu 1982, aquarelle et fusain

mes billets précédents sur Anselm Kiefer
au musée Würth
Anselm Kiefer Monumenta
Anselm Kiefer au Louvre

Entretien avec Anselm Kiefer par Jean-Michel Bouhours, Conservateur, chef de service des collections modernes, musée national d’art moderne, commissaire de l’exposition
sur France culture en podcast
podcast : Hors champs,
Talmudiques,
la conversation scientifique

les regardeurs

Jean-Michel Bouhours – Votre dernière exposition rétrospective à Paris remonte à 1984, une exposition conçue en Allemagne et présentée au musée d’art moderne de la Ville de Paris…
Anselm Kiefer – Il ne s’agissait pas d’une « rétrospective » parce que j’étais encore trop jeune pour cela.
JMB – L’exposition du Centre Pompidou invite pour la première fois en France à découvrir l’ensemble de votre œuvre. Quelles sont vos attentes vis-à-vis de cette exposition ?
AK – D’abord, c’est très contraignant de faire une rétrospective parce qu’il faut revoir les anciens tableaux, revenir sur le passé. Je préfère regarder le futur. Mais il y a des surprises : on voit les œuvres différemment après toutes ces années, la vision change, le public aussi. Je deviens moi-même spectateur de tableaux que j’ai peints il y a plus de quarante ans. Mon idée du temps est que plus on retourne vers le passé, plus on va vers le futur. C’est un double mouvement contradictoire qui étire le temps…
Anselm Kiefer, Resumptio 1974
Anselm Kiefer, Resumptio 1974

JMB – Le principe de l’exposition est, me semble-t-il, un exercice difficile pour vous : sortir les œuvres de l’atelier alors que votre mode opératoire consiste plutôt à les retenir, voire à les enfouir temporairement pour que le temps fasse aussi son travail…
AK – Au contraire, ça m’aide beaucoup. J’aime exposer mes œuvres. Par exemple, à Barjac, j’ai même construit des bâtiments pour exposer mes tableaux. Je trouve absolument nécessaire qu’ils sortent de l’atelier. On peut alors voir ce qui est faux, ce qui est bien.
JMB – Nécessité de la séparation avec l’œuvre, du regard des autres ?
AK – Je dirais même de la collaboration avec les autres.
JMB – Miró avait utilisé l’expression « assassiner la peinture » à un moment où il cherchait à introduire le réel dans sa peinture, sous la forme de minéraux et notamment de sable. Voyez-vous une filiation entre votre travail et ces avant-gardes historiques ?
AK – L’anti-art… À la fin des années 1960, quand j’étudiais à l’académie des beaux-arts de Karlsruhe, j’avais arpenté tous les ateliers pour les inciter à arrêter de peindre ! Parfois, il faut savoir adopter une posture radicale pour pouvoir recommencer.
Anselm Kiefer, Lilith, 1987/1990
Anselm Kiefer, Lilith, 1987/1990

JMB – Les systèmes hermétiques, l’alchimie ou la Kabbale, leur symbolique des matériaux ont enrichi votre peinture, en introduisant de nouveaux matériaux : le plomb, la cendre, la chimie électrolytique…
AK – Lorsque j’étais étudiant à Fribourg, j’ai utilisé de la nourriture, des pâtes, j’ai collé les pâtes sur la toile avec du vernis à ongles. C’était un peu pervers, n’est-ce pas ? Mais c’était pas mal. J’ai aussi utilisé des lentilles, des œufs… Cela fait très longtemps. J’ai travaillé avec des matériaux non conventionnels bien avant les années 1980. Je ne suis pas un peintre de l’art pour l’art. Je ne fais pas de la peinture pour faire un tableau. La peinture, pour moi, c’est une réflexion, une recherche […] et pas une recherche sur la peinture. J’étais très heureux, par exemple, quand j’ai découvert la mythologie juive à Jérusalem, et en même temps l’alchimie, parce que la Kabbale et l’alchimie se rejoignent… Je voyais enfin une raison de peindre. L’une de mes motivations pour peindre, c’était aussi l’histoire allemande. C’était une recherche sur moi-même, sur ce que je suis, où je suis né, etc. Et puis après j’ai cherché une autre raison parce qu’il me fallait toujours une raison. Je ne peux pas faire une peinture pour que ce soit une peinture. Matisse n’a pas fait de la peinture pour la peinture.
Anselm Kiefer, für Paul Celan, Halme der Nach, 1998/2013
Anselm Kiefer, für Paul Celan, Halme der Nach, 1998/2013

JMB – L’autoportrait est une question qui surgit à deux moments dans votre œuvre. Fin des années 1960, avec la série des « Occupations » et des « Symboles héroïques », vous endossez, vous incarnez ce que vous considérez être votre responsabilité vis-à-vis de l’histoire. Dans les années 1980, non plus « droit dans vos bottes », vous êtes couché dans une posture de yoga dite « du cadavre ». De l’un à l’autre de ces moments, n’est-ce pas toujours le travail du deuil ?
AK – En effet, c’est un travail de deuil mais c’est aussi un travail « dada »… Parce que quand j’ai la main levée, c’est un peu comme Chaplin… Ce n’est pas seulement sérieux, c’est aussi… comment dit-on ?
Anselm Kiefer, le dormeur du Val, 2013 2015
Anselm Kiefer, le dormeur du Val, 2013 / 2015

JMB – De la dérision ?
AK – Oui, une parodie, une satire… En revanche, lorsque je suis allongé dans cette posture de yoga, c’est en lien avec le bouddhisme, avec le sentiment d’être englouti dans la nature qui se reforme. Tu meurs, ton cadavre se dégrade dans la nature et nourrit l’arbre. C’est plus lié à la question des cycles biologiques, de l’histoire du cosmos, oui c’est ça, l’histoire du cosmos.
JMB – Vous êtes récemment revenu à l’histoire allemande avec « Morgenthau Plan », travaux que l’on a vus voilà trois ans à la galerie Gagosian…
AK – C’était une sorte de désespoir parce que j’avais peint des tableaux de fleurs, j’aime tellement les fleurs, des fleurs partout… Mais j’avais des remords et la combinaison avec le « Morgenthau Plan » a donné à l’ensemble une autre tournure, plus cynique. Morgenthau [NDLR : secrétaire d’État américain au Trésor sous la présidence de Franklin Roosevelt, concepteur d’un plan visant à empêcher l’Allemagne de redevenir une puissance militaire après la guerre] voulait que l’Allemagne devienne un État agricole et rien d’autre. C’est un peu le rêve des Verts aujourd’hui : les fleurs, le blé… Il y a du cynisme chez moi à vouloir traiter un épisode effrayant de l’histoire de la fin de la Seconde Guerre mondiale sous la forme d’un hymne à la beauté de la nature.
JMB – Il y a effectivement un fort contraste…
AK – Contraste ? C’est trop…
JMB – …faible ?
AK – Professionnel ! Non, c’est plutôt que j’ai ainsi redonné une raison d’être à des tableaux.
JMB – La question du cycle et du cosmos est fondamentale dans votre œuvre. Vous associez le processus de la création artistique à celui de la destruction et de la ruine…
AK – Oui, le cycle. Pas comme dans le catholicisme ou dans le communisme : il ne s’agit pas d’une ligne qui monte vers le paradis comme ça [geste vers le haut]. Ça c’est une idée eschatologique. Les catholiques ont un paradis, le communisme ça mène au paradis, c’est la fin de l’histoire. Pour moi c’est impossible. Pourquoi la fin quand on ne connaît pas le commencement ? Qu’y avait-il avant le Big Bang ? Plusieurs Big Bang ? On n’en sait rien.
JMB – Dans l’exposition, une salle est consacrée à des vitrines. Vous aviez réalisé certaines d’entre elles à la fin des années 1980 en Allemagne, un ensemble installé aujourd’hui à Höpfingen, l’un de vos anciens ateliers. Sont-elles comme une installation définitive et permanente ?
AK – Oui pour toujours, elles resteront là.
JMB – On ne pouvait donc pas les exposer à Paris ; par conséquent, vous avez décidé de relancer un cycle de création ?
AK – D’abord, je voulais faire un grand corridor avec l’Arsenal [NDLR : l’Arsenal regroupe les éléments, les matériaux stockés par Anselm Kiefer, susceptibles d’être ultérieurement utilisés dans ses œuvres], j’ai mis de l’ordre dans ma collection de choses, d’aquarelles, de toutes sortes de trucs. Cet ordre a mené aux vitrines. J’ai pensé que ce n’était pas bien de montrer l’Arsenal, je ne voulais pas montrer mes outils de cette façon. J’ai préféré utiliser l’ordre de ces collections pour réaliser des vitrines, en sélectionnant des objets qui réagissent l’un avec ou contre l’autre et me donnent des idées.
Anselm KieferJMB – La vitrine vient du cabinet d’amateur, la modernité en a beaucoup joué, des surréalistes à Joseph Beuys… Que représente la vitrine dans votre œuvre ? Pourquoi une vitrine plutôt qu’un tableau ?
AK – La vitrine, c’est comme un aperçu.
JMB – Un trait d’esprit, une fulgurance ?
AK – Un court-circuit. Lorsque je me promène dans mon atelier le soir, un peu fatigué, au moment où je ne travaille plus, je ne suis plus dans une logique, mais dans un autre monde : je vois mon atelier, je me promène dans mes cerveaux. Je vois les synapses… La vitrine, c’est un détail ou un Ausschnitt…
JMB – … un prélèvement, un extrait…
AK – … et les synapses se rencontrent. C’est ça, oui.
Anselm Kiefer, détail fleurs
JMB – Vous avez parlé de l’Arsenal comme d’un enfer, une relégation de rebuts de la société, d’objets éliminés et qui attendent une rédemption…
AK – La rédemption, c’est la découverte. Je découvre une chose, je découvre une autre chose, je les mets ensemble et parfois c’est une réussite parce que ça fonctionne.
JMB – Est-ce à dire qu’elles se chargent de sens ?
AK – Voilà. On a cherché longtemps l’entrée de l’enfer. Certains l’ont cherchée à Naples, au Vésuve, etc. Ils cherchaient vraiment et étaient déçus de ne pas la situer géographiquement. Puis, la science, Newton, tout cela est arrivé, et maintenant on ne cherche plus…
Anselm Kiefer, extases féminines
Anselm Kiefer, extases féminines

JMB – Dans le Forum, le hall d’entrée du Centre Pompidou, nous montrons une installation proche de ce qui a été édifié à Barjac. Cette œuvre fait penser au cinéma, à une sorte de grande cabine de projection avec ses bandes, ses rubans d’images…
AK – « Steigend, steigend, sinke nieder. » [« En montant, en montant vers les hauteurs, enfonce-toi dans l’abîme »]. Ce titre vient d’une citation de Goethe dans Faust, lorsqu’il descend chez les mères [NDLR : mystérieuses divinités souterraines]. J’ai collé toutes les photos que j’ai faites depuis que je fais des photos sur des rubans de plomb. Comme des films, mais c’est paradoxal parce que la raison d’être d’un film c’est d’être transparent, de laisser passer la lumière pour être projeté. Collées sur le plomb, ces images ne sont plus visionnables, visibles. C’est l’exposition de ma vie parce que ce sont des photos que j’ai prises tout au long de ma vie, des milliers de photos. Et pourtant je les cache, c’est un cache.
JMB – La pièce n’est pas visible de l’extérieur, contrairement au cinéma où justement la transparence du ruban fait que l’image s’échappe, se projette à l’extérieur…
AK – Ce n’est pas une projection, c’est une introspection pourrait-on dire.
Anselm Kiefer, Pour Madame de Staë
Anselm Kiefer, Pour Madame de Staël

Poddcast : Franck Ferrand , Madame de Staël
JMB – D’une manière générale, y a-t-il un dessein, un but eschatologique, une représentation de la fin des temps dans votre œuvre ?
AK – On en trouve des citations : Ragnarök par exemple. Dans les mythes nordiques, Ragnarök c’est la fin du monde. Mais pour moi, il ne s’agit pas de la fin, mais plutôt de cycle. Aujourd’hui, on est inquiet des changements, des animaux qui disparaissent, des bouleversements de la nature. Pourtant, il y a trente millions d’années, une météorite a fait périr les trois quarts des espèces existantes. C’était une perte de presque tout le vivant et cependant une autre évolution commençait, dont nous ignorons encore tant de choses… Un poète autrichien, Adalbert Stifter, décrit les pierres comme si c’était des hommes et les hommes comme si c’était des pierres*. Les pierres peuvent avoir une conscience que nous ne comprenons pas. Un biologiste m’a raconté un jour ses expériences sur les plantes et la musique : dans une serre, à l’aide de haut-parleurs, d’un côté il a fait jouer la musique de Mozart, de l’autre du disco. Les plantes se sont tournées vers Mozart… Cela ne veut pas dire qu’il faut préférer Mozart mais plutôt que les plantes entendent et discernent.
JMB – Le Centre Pompidou a consacré récemment une exposition à l’œuvre de Le Corbusier. Au moment clé où vous vous êtes construit comme artiste, vous avez visité Ronchamp puis passé trois semaines méditatives au monastère de la Tourette…
AK – J’ai vu la chapelle de Ronchamp en Franche-Comté quand j’avais 17 ou 18 ans. Trois ans plus tard, j’ai fait un séjour à la Tourette. Le père du monastère, un dominicain, un intellectuel, était devenu l’ami de Le Corbusier. Il n’était pas un fondamentaliste, il était ouvert et discutait avec Le Corbusier, pourtant athée. Beaucoup de détails dans ce monastère m’ont inspiré. Il y a notamment une terrasse avec un mur si haut que les moines ne voient pas le paysage, ils ne voient que le ciel. […] C’est à la fois spirituel et cynique. Un bâtiment comme Ronchamp est tellement inspirant, beau et radical, jusqu’à l’autoritarisme, une idée presque fasciste. […] Un artiste peut avoir ce type d’idées, comme Le Corbusier qui voulait niveler Paris, mais si ça devient réel, c’est idiot, monstrueux.
Anselm Kiefer, la mort de Brunehilde, 1976
Anselm Kiefer, la mort de Brunehilde, 1976

JMB – Et vous-même, une fois installé à Barjac, en 1993, introduisez dans votre œuvre ce béton auquel vous a « initié » Le Corbusier ?
AK – Oui. À Barjac, j’ai utilisé le béton pur, brut de décoffrage. Comme pour une sculpture : on fait une âme, un coffrage, on coule le béton là-dedans, puis on le découvre, le processus reste apparent, c’est intéressant. J’ai aussi utilisé des containers comme coffrages, pour créer un mur. J’ai travaillé sans ingénieur, sans architecte, j’ai élevé des bâtiments très hauts. Comme enfant, lorsque je jouais avec les briques des ruines voisines de notre maison. Par exemple, l’amphithéâtre de Barjac, qui est très grand, je voulais même que ça penche un peu… Il n’y avait pas beaucoup de fondations et donc j’anticipais ce mouvement, mais finalement ça se tient très bien. J’ai mis les containers et j’ai commencé, sans fondations, avec un assistant ou deux, d’une manière très primitive.
Anselm Kiefer, pour Paul Celan, fleurs de cendre 2006
Anselm Kiefer, pour Paul Celan, fleurs de cendre 2006

JMB – Vous faites peu référence aux sciences exactes. Sont-elles trop peu poétiques à vos yeux ?
AK – L’exactitude de la science, c’est toujours une exactitude préliminaire. Les sciences ne sont exactes qu’un certain temps, et à un certain degré de connaissance. Puis, une autre théorie dément la précédente. Mes tableaux, que je laisse exposés là, j’y cherche aussi l’exactitude finale. La science m’inspire beaucoup, même si les sciences sont aujourd’hui très séparées les unes des autres et les scientifiques aussi. Ils ne parviennent pas à articuler les deux systèmes, le macrocosme et le microcosme. Einstein n’y est pas parvenu et a cherché toute sa vie. Nous cherchons une vision complète du monde. Pour cela, il faut une prescience, une grande image.
Note * Adalbert Stifter, Cristal de roche, Pierres multicolores I, 1995 pour la version française, traduit de l’allemand par Bernard Kreiss, éditions Jacqueline Chambon
Commissaire : Mnam/Cci, Jean-Michel Bouhours

Carambolages

Carambolage (Le Littré) : (ka-ran-bo-la-j’) s. m. : terme du jeu de billard.
Coup dans lequel la bille du joueur
va toucher deux autres billes.
fig. : coup double, ricochet.

Anne et Patrick Poirier, Mnémosyme
Anne et Patrick Poirier, Mnémosyme

 
Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux-Grand Palais.
2 mars – 4 juillet 2016Commissaire
N’avez vous jamais dit ou penser qu’une oeuvre en évoque une autre, sans qu’elle présente un rapport évident à première vue, ou qu’elle soit une incongruité
avec nos réminiscences en histoire de l’art.
Bien que décriée par les imminents connaisseurs en art, j’y ai trouvé, au fur et à mesure
du parcours, beaucoup de plaisir à découvrir les juxtapositions et les liens qui existent entre elles.
Le seul inconvénient c’est que les cartels se trouvent en bout d’allée, et que les visiteurs
y font la queue pour découvrir les auteurs des oeuvres présentées, moins connues, voire inconnues.
Le commissaire, Jean-Hubert Martin souhaitait sortir des sentiers battus de la présentation muséale et permettre au public, de découvrit et de trouver, le « carambolage » entre les oeuvres, leur point d’achoppement.
Il propose une exposition inédite au concept novateur : décloisonner notre approche
traditionnelle de l’art, dépasser les frontières des genres, des époques ou des cultures et parler à l’imaginaire de chacun.
Carambolages 01L’exposition offre une traversée de l’art universel à partir d’un point de vue délibérément actuel. Plus de centquatre-vingts oeuvres, toutes époques et toutes cultures confondues, sont regroupées selon leurs affinités formelles ou mentales. Les oeuvres présentées, souvent atypiques, choisies pour leur fort impact visuel, correspondent à des interrogations ou à des choix contemporains, sans tenir compte du contexte d’origine.
Elles sont ordonnées selon une séquence continue, comme dans un film narratif, où chaque oeuvre dépend de la précédente et annonce la suivante.
Durer, Tête de Cerf percéd d'une flèche 1504
Durer, Tête de Cerf percée d’une flèche 1504

Dans un parcours laissant place à la pensée visuelle, la pédagogie du sensible et les surprises de l’art, le visiteur déambule parmi les oeuvres de Boucher, Giacometti, Rembrandt, Dürer, Man Ray ou encore Annette Messager.
Les artistes se constituent un bagage de références visuelles puisées dans l’histoire de l’art. Leur choix est libre et ne suit pas les logiques et les catégories de la connaissance. Leurs références peuvent être aussi bien formelles que sémantiques.
Ingres Leda et le cygne
Ingres Leda et le cygne

Pour Ingres, Picasso et bien d’autres, ce n’est pas tant l’authenticité de
l’oeuvre qui compte que son souvenir, sa présence obsessive et son impact. Beaucoup d’artistes constituent des collections, à l’instar d’André Breton et du rassemblement d’objets hétéroclites qui prennent sens sur le Mur de l’Atelier.
L’oeuvre tire alors une part de sa signification de ce qui l’entoure. D’autres ont donné
corps à des musées imaginaires. Daniel Spoerri a organisé une série d’expositions intitulées, « Musées sentimentaux », dont la première version fut présentée au Centre Pompidou à Paris en 1977. Les objets sont réunis pour leur capacité d’évocation et de suggestion. L’affect l’emporte sur l’esthétique. L’objet devient souvenir vivant pour l’imaginaire collectif.
Daniel SpoerriSoperri2La question d’un nouvel ordre à trouver, qui ne soit pas celui de l’histoire de l’art et de son inévitable chronologie, préoccupe de plus en plus de conservateurs. Le courant de l’histoire de l’art incarné par Warburg, Gombrich et Baltrusaïtis trouve aujourd’hui un regain d’intérêt et stimule des études et des expositions.
La conception transculturelle qu’ils ont de l’art -leur approche large ne s’arrêtant pas à l’art savant et leur usage du comparatisme- sert, autant que l’exemple des artistes, de fondement à la réflexion pour ce projet.
CarambolagesCette conception décloisonnée de l’assemblage des oeuvres, obéissant à des critères non exclusivement historiques, se retrouve très fréquemment dans les collections privées d’hier et d’aujourd’hui. Le musée y a opposé son ordre spatio-temporel, sauf dans quelques cas où des donateurs ont exigé que leur présentation
soit intégralement préservée, par exemple le Soane Museum à Londres, le Pitt Rivers Museum à Oxford, le musée Condé à Chantilly ou encore le Gardner Museum à Boston. Ces musées connaissent un regain d’intérêt aussi bien auprès du public que des experts. Tous sont sous le charme des surprises que réserve leur présentation à base d’affinités formelles ou mentales.
Carambolages
Cette exposition, affranchie du principe thématique, aborde toutes sortes de sujets qui s’enchaînent selon une logique associative. Il s’agit de la mise en forme et de l’expression d’une pensée visuelle qui constitue le fondement de la création artistique.
Les oeuvres présentées proviennent de prestigieux établissements tels que la Bibliothèque nationale de France, le Centre Pompidou, le musée du Louvre, le musée national des Arts asiatiques – Guimet, le musée du quai Branly ou encore le musée Barbier-Mueller de Genève.
CarambolagesLeur rassemblement n’a pas pour but de plonger le spectateur dans l’histoire mais plutôt de lui donner un aperçu des désirs, peurs ou espoirs de l’humanité qui font écho aux siens. Si quelques trouvailles devraient ravir les initiés, l’exposition ambitionne
de s’adresser au public le plus large, en particulier à ceux qui n’ont aucune connaissance en histoire de l’art, en suscitant choc, rire et émotion.

Grand Palais Galeries nationales
entrée Clemenceau
fermé le mardi
commissaire : Jean-Hubert Martin, historien de l’art
scénographe : Hugues Fontenas Architecte
sur France culture la Dispute – podcast
ma préférée Sur France culture les regardeurs – podcast
Jouer à l’effet dominos
 

Le Chemin du Retour

Estelle Hanania – Fred Jourda – Gisèle Vienne
jusqu’au samedi 30 avril
en entrée libre à la Galerie de la Filature, Scène nationale – Mulhouse

Estelle Hanania, Fred Jourda, photo Emmanuelle Walter
Estelle Hanania, Fred Jourda, photo Emmanuelle Walter

Les univers d’Estelle Hanania et de Fred Jourda s’unissent dans une exposition sur le thème de la forêt.
Photographies saisies dans le décor sylvestre d’un spectacle de Gisèle Vienne d’un côté, images de sous-bois du Morvan fixées par la lumière de l’autre. Le seuil des forêts – à la fois réaliste et symbolique chez Estelle Hanania, naturaliste chez Fred Jourda qui représente une frontière que l’on ne franchit pas impunément, qui nous interroge sur ce qui nous anime, sur notre instinct primitif, sur l’ivresse que peuvent générer nos
énergies et notre rapport sensoriel au monde.
Estelle Hanania.JPGAu regard de ces deux séries, on retrouve le court métrage Brando, écrit et réalisé par Gisèle Vienne pour la chanson éponyme de Scott Walker + Sunn O))). On y croise les interprètes de The Pyre dans un chalet au coeur d’une forêt inquiétante qui nous plonge dans un délicieux cauchemar.
Estelle Hanania présente principalement une série d’images prises lors de différentes
répétitions et représentations du spectacle This is how you will disappear de Gisèle Vienne (présenté en 2014 à La Filature). Cette exposition est alimentée de photographies issues d’autres séries que l’artiste aime à réactiver et confronter au fil du temps.
Estelle Hanania
ESTELLE HANANIA

Diplômée de l’École des Beaux-arts de Paris en 2006, lauréate du prix photographie du Festival d’Hyères la même année, Estelle Hanania a d’abord fréquenté la chambre noire de l’École des Beaux-arts, où elle y réalisait ses tirages couleurs grands formats. S’en suivra une expérience de directrice artistique chez Ogilvy avant qu’elle ne se lance complètement dans la photographie. Elle associe rapidement à son travail personnel des commandes pour la presse, y imprimant un style aussi poétique qu’épuré. Ses images, tantôt baignées
d’une lumière chaude, tantôt enveloppées d’un voile bleu et hivernal, oscillent entre douceur et âpreté.
Estelle Hanania
Masques et déguisements sont des motifs récurrents de son iconographie, marionnettes ou hommes des champs, hésitant eux aussi entre figures affables et créatures inquiétantes. Estelle Hanania a publié cinq livres dont trois en collaboration étroite avec la maison d’édition Shelter Press. Le dernier en date, Happy Purim sorti en octobre 2015, sera suivi d’un prochain en 2017 qui retracera la collaboration au long cours
entre la photographe et la metteuse en scène Gisèle Vienne.
Estelle Hanania
FRED JOURDA
« Je suis né à Paris en 1963.
Aujourd’hui je suis tireur couleur.
Je passe le plus clair de mon temps dans l’obscurité de ma cabine.
Je voyage à travers le monde pour trouver d’autres lumières et d’autres horizons.
Je travaille sur le paysage depuis 1996.
J’y trouve une source d’émotion, de contentement, et d’infinie tranquillité intérieure que j’essaye d’exprimer au travers de la lumière, de la couleur et du cadrage.
J’utilise un appareil de type Instamatic, qui du fait du non-contrôle de l’exposition (ouverture et temps de pose), de la mise au point fixe et de la facilité d’emploi, me permet de photographier à tout moment et rapidement, sans autre geste que celui d’appuyer sur le déclencheur.
Fred Jourda
Les pictorialistes de la fin du 19e siècle et du début du 20e comme Edward Steichen, Alfred Stieglitz, Alvin Langdon Coburn, sans oublier les pictorialistes français dont Robert Demachy, m’ont particulièrement influencé dans ma démarche. Mais c’est sans conteste le photographe Bernard Plossu qui est à l’origine de mes débuts.
Ma première exposition intitulée Minimalist s’est tenue au Cap en Afrique du Sud en février 1998, et la deuxième Dépaysage à Paris à la Galerie 213 lors du 1er trimestre 2000. J’ai aussi exposé à la Galerie Chab
Fred Jourda
Touré à Bamako au Mali pendant les 4es rencontres de la Photographie Africaine en octobre 2001. Du 15 au 30 septembre 2002, j’ai participé au 6e Festival International de Photographie d’Alep en Syrie. J’ai également exposé du 20 septembre au 19 octobre 2003 à la Galerie Segeren à Breda aux Pays-Bas dans le cadre du Festival Breda Photo 2003. Puis du 5 février au 27 mars 2004, Land & Urban Scapes, à la Galerie Acte 2, à Paris.
Parallèlement aux photographies de paysages et leurs instantanéités, j’ai travaillé sur la durée en réalisant des portraits de personnes endormies, sans lumière, que j’ai exposées à la Galerie Madé du 2 décembre 2004 au 7 janvier 2005, sous le titre Sombre.
Ces photos de visages et de « paysages intérieurs » ont été réalisées de nuit, sans lumière principale, avec uniquement la réverbération de la lumière de la rue dans la pièce où repose la personne. Personnes endormies, assoupies, en tout cas détendues. Ce qui m’intéresse, outre le fait de faire des photos de nuit, c’est de voir apparaître petit à petit leurs visages au repos, relâchés, voire tranquilles. L’abandon presque
total de la personne dans le sommeil.
Jourda Fred
Puis après plusieurs expositions collectives, j’ai participé aux 150 ans de l’Hôtel Scribe de Paris en montrant une série de paysages sous le titre Dense, du 10 décembre 2010 au 16 janvier 2011. Et dernièrement, en avril 2011, j’ai été invité au Festival Itinéraires des Photographes Voyageurs à Bordeaux, à montrer des paysages
tirés de mon premier livre, Dépaysage, publié fin 2010 aux Éditions Filigranes. »
Gisèle Vienne
GISÈLE VIENNE
Née en 1976, Gisèle Vienne est une artiste, chorégraphe et metteuse en scène franco-autrichienne.
Après des études de philosophie et de musique, elle se forme à l’École Supérieure Nationale des Arts de la Marionnette où elle rencontre Étienne Bideau-Rey avec qui elle crée ses premières pièces. Elle travaille depuis régulièrement avec, entre autres collaborateurs, les écrivains Dennis Cooper et Catherine Robbe-Grillet, les
musiciens Peter Rehberg et Stephen O’Malley, l’éclairagiste Patrick Riou et le comédien Jonathan Capdevielle.
Créée en 1999, sa compagnie compte aujourd’hui 14 pièces à son répertoire, dont 10 qui tournent régulièrement en Europe et dans le monde.
Depuis 2005, Gisèle Vienne expose régulièrement ses photographies et installations. Elle a publié le livre/CD Jerk / Through Their Tears en collaboration avec Dennis Cooper, Peter Rehberg et Jonathan Capdevielle aux Éditions DISVOIR en 2011. Le livre 40 Portraits 2003-2008, en collaboration avec Dennis Cooper et Pierre
Dourthe, sort aux Éditions P.O.L en 2012.
oeuvre présentée à La Filature
Brando (création 2014 – durée 9’28)
un court métrage écrit et réalisé par Gisèle Vienne pour la
chanson éponyme de Scott Walker + Sunn O)))
à visionner sur  ici
On y croise la mère et le fils de The Pyre dans un chalet au
coeur des montagnes. Grâce à la voix du crooner Scott Walker
et aux sonorités « drone » inquiétantes du groupe de Stephen
O’Malley, on est plongés dans un délicieux cauchemar. Un
océan de mystères entoure ces êtres, bientôt rejoints par
l’écrivaine dominatrice Catherine Robbe-Grillet.
Un clip complètement hypnotique
« Club Sandwich » :
jeudi 24 mars de 12h30 à 13h40
visite guidée le temps de la pause déjeuner avec pique-nique tiré du sac
gratuit sur inscription :
T 03 89 36 28 34 ou heloise.erhard@lafilature.org
LA GALERIE DE LA FILATURE, SCÈNE NATIONALE
20 allée Nathan Katz – 68090 Mulhouse cedex
T +33 (0)3 89 36 28 28 – www.lafilature.org
en entrée libre du mardi au samedi de 11h à 18h30,
les dimanches de 14h à 18h et les soirs de spectacles
La Filature est membre de Versant Est, Réseau art contemporain Alsace.
 

Simone Adou en a-pesanteur

Au musée des Beaux Arts de Mulhouse 
jusqu’au 15 mai 2016
C’est une mise à nu de l’artiste. Tout est dans le trait,
un travail sur le corps souffrant, en mutation, en lévitation,
à la fois masculin et féminin, animal et végétal, un corps androgyne
allant vers la lumière, la réconciliation et l’acceptation.
Elle démontre par sa création, sous forme de légèreté, la dualité
de l’être, le dur chemin du cerveau au coeur. C’est une recherche
où elle a mis son corps à contribution, où elle
s’est isolée dans la montagne, sans frivolités, sans palette,
ni tubes de couleurs.
Du dessin sous-jacent des débuts, elle arrive en 2015/16
à un dessin direct  sur lepapier ou la toile.

                                photo Pascal Bichain

Simone Adou nous livre le cheminement de sa création
s’étalant sur 26 ans.
Chez Simone Adou, la création apparait comme une catharsis,
permettant d’exorciser traumatismes et souffrances.
Sa vie est pour elle une matière première qu’elle sublime, portée
par un imaginaire fécond et une perception poétique et
métaphysique du monde.
La connaissance du bouddhisme à partir de 1999, tout d’abord
révélation d’une démarche libératrice, laisse place ensuite à une
réflexion philosophique sur l’existence. L’artiste puise dans cette
sagesse la possibilité d’une distance vis-à-vis d’elle-même, jusqu’à
observer son sujet à la manière d’un anthropologue. Loin d’être
égocentrique, la visée est au contraire centrifuge, menant à une
meilleure compréhension de l’Autre et à une connaissance de soi
en vérité. Le processus est dynamique, il tend au dépassement,
à une constante recherche de sa place dans un univers en mouvement.

Simone Adou se concentre sur les techniques graphiques et les
aborde toutes : crayon, aquarelle, sanguine, encre, lavis, pastel.
Le trait est sûr, précis, rapide ; parfois des lavis ou des taches ombrent
ou brouillent la forme. L’artiste dessine sur du papier Ingres écru,
qu’elle affectionne, pour sa fragilité et sa sensualité, à la trame visible,
et expose ses oeuvres avec un dispositif scénique de suspensions
qui les arrachent à la terre.

En apesanteur… avec des techniques mixtes écrit-elle

Les VII chambres
A l’entrée des espaces le visiteur peut  s’appuyer sur des textes poétiques écrits par l’artiste pour découvrir les sept chambres de la Villa Steinbach. Elles ne correspondent pas à un descriptif des oeuvres, mais aux émotions produites en regard des oeuvres.
Chacune de ses chambres représente un fragment de sa vie.
« Telle la musique de chambre ou le cinéma d’art et d’essai ou l’essai poétique, l’exposition est une déambulation intimiste qui nous invite là où l’on se met à nu : la chambre.
Invitation ou rituel à pénétrer dans sept chambres, sept passages symboliques d’une tranche de vie à l’autre constituant le parcours de ma vie avec un intervalle de 26 années entre la première et la dernière. Plus d’une centaine d’oeuvres presque exclusivement sur Ingres, ce papier écru si particulier où se lit la trame de la grille qui a formaté la pâte de papier, le papier semblant être un support idéal pour l’absorption de cette farandole émotionnelle… mais également une «deuxième peau» au travers de laquelle je respire et transmets mes expériences sensorielles et sensuelles.»
Simone Adou

Chambre I : La souffrance
elle s’est « amusé » à reproduire les caricatures  du public des vernissages,


les Trois Grâces évoquant pour elle l’amour, les 3 faunes, la solitude et la dissection la haine, (femme tenant à bout de bras ses entrailles) dessinés à la sanguine.
elle illustre les 4 souffrances : la saisie, la répulsion, l’orgueil, la jalousie. (Les voiles de l’esprit (VoieDuBouddha)

« Passer d’une pièce à l’autre afin de l’habiter chacune pleinement et y laisser ses mues
Y consacrer des temps différents selon la chambre où la coquille de l’instant reste intacte […..]


La fleur au scalpel, j’explore ces corps monstrueux, écorchés, étonnamment touchants, sur la table opératoire de nos émotions à la recherche d’une certaine esthétique, dans cette expression graphique presque caricaturale qui te va si bien !
Alors : toucher – enfin – la peau de tes yeux. »

Chambre II : Les entrailles

[…] Dans mon ventre quelquechose naît, picote –
Oh ! nudifier la feuille et la charger à l’extrême –
te caresser et te maltraiter jusqu’à te rendre à l’invisible –
Je le voudrais !
Je me livre et me délivre…

Chambre III : Epuration : la ligne

ils se regardèrent et ils comprirent que le reflet frontal ne pouvait les satisfaire

alors ils créèrent un miroir pour se regarder de-derrière-d’eux et aussitôt il se reconnurent…

Chambre IV : L’apesanteur
Objet, corps et reflet en lévitation, pastels secs sur vélin d’Arches noir, 2010
…[Quelle image donne-t-on à son existence ?
Il faut aller gratter l’ombre de soi-même en équilibre sur un fil pour découvrir la nature
véritable de notre âme.
Le chemin est à l’image de nos vies tels des fragments subtils s’emboitant les uns dans les
autres et se répondant en écho –
Mes couleurs sont éléments : jaune pour la terre – rouge pour le feu – bleu pour le cosmos-
Le chemin est prêt : c’est une quête.]…

Chambre V : L’équilibre

                                                          Lucy in the sky 1999

Des ékilibr, techniques mixtes sur papier Ingres, 1999
Nous naissons du «dedans» pour vivre «au dehors» –
L’illusion du grand angulaire nous rappelle que le début et la fin se touchent – Celui qui a trouvé va mourir –
Celui qui cherche va naître –
Au centre se trouve l’équilibre…
(Yves Coppens et les Beatles)

Chambre VI : Espace-temps

Ce corps et tous ces corps marchent sur la Terre et ce pas et tous ces pas résonnent en elle – chaque pas englouti grossit la fréquence de sa Mémoire – l’engrosse des consciences oubliées
– l’ensanguinise –
La Terre : «Me mettre pieds nus et marcher sur la mousse fraîche – Oui – Je le voudrais !
Je regarderais mes pieds s’imbiber de sève et s’enfoncer dans un bruit de bulle-qui-éclate
– Comme ce serait bon !»
Le Reflet :
«Avance, avance toujours et sois tout entier dans tes pas.»

Chambre VII : La conscience

Ma création s’inscrit dans tout un processus de transformation
intérieure qui aura une
répercussion directe sur ma vie artistique.
La conscience de ce qui est essentiel, le discernement, le sens
de nos propres actions et
des évènements de notre existence,
toute cette observation rigoureuse du dedans

intimement reliée au dehors, m’ouvrira la voie d’une
Porte sensorielle, m’obligera à soulever
des voiles, m’assoir à coté
de mes peurs archaïques et les reconnaître…

De cette fouille interne est née la série des « Ancêtres»
un travail sollicitant les sens et les

sensations, plongeant le regard dans l’intime, me forçant à
pénétrer, aller au travers du
Désir afin d’intercepter notre processus
mental et le forcer à se retourner pour mieux se
voir sous tous les
angles possibles.

Dans cet interstice j’ai créé des corps anthropomorphiques,
mi-homme, mi-animal, mi-déïté
issus d’un lointain passé à travers
un gigantesque arbre généalogique aux embranchements

incertains…
Cette famille d’ancêtres peuplée d’androgynes, de lycanthropes,
d’êtres cornés-passeurs
d’âmes tout droit sortis des tiroirs de
l’inconscient, renoue avec une expression graphique

presque caricaturale des débuts mais représentée avec une
grande profondeur de
sentiments. Pour exprimer cette idée,
j’ai choisi un matériau qui me colle à la peau depuis

toujours : le papier. Le papier me permet de poser mes pattes,
d’ouvrir le Geste et déployer
des constellations graphiques,
elliptiqu
es en tous genres afin de mieux m’identifier.

Simone Adou est née à Thann en 1958, formée à l’Ecole des
Beaux-Arts de Mulhouse et à l’Ecole des Arts Décoratifs
de Strasbourg, Simone Adou vit et travaille à Mulhouse,
dans son atelier du quai d’Oran.

son site : https://www.simoneadou.com/
la plupart des textes sont de Simone Adou
Les + de l’exposition
visite guidée, le 24 avril 2016
Vendredi 29 avril à 19 h
CONTES ET LEGENDES
A partir de 7 ans
La légende d’Altan
Musique nomade de Mongolie
Avec Michel Abraham du groupe URYA
Il y a plus de 2.000 ans dans les montagnes de l’Altaï, au nord-ouest
de la Mongolie vivait un garçon prénommé Altan. Ce jour-là,
il ramassait de maigres racines au bord de la rivière Eeven.
C’est qu’il vivait modestement et même si son prénom signifie
« or » en mongol, lui et sa famille étaient très pauvres.
Jeudi 12 mai 19h CINEMA
Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures
CINE-CLUB proposé par Musées Mulhouse Sud Alsace
Film thaïlandais du réalisateur Apichatpong Weerasethakul, sorti
en 2010. Il remporte la Palme d’or lors du festival de Cannes 2010.
Oncle Boonmee souffre d’insuffisance rénale grave.
A Jen, sa belle-soeur venue lui rendre visite dans la ferme
qu’il dirige, il explique qu’il dépend de l’aide que lui apporte
l’un des ouvriers immigrés laotiens qu’il a embauché sans
savoir si ses papiers étaient en règle, Jaai. Jen découvre la vie
quotidienne et le travail auprès des ruches, des abeilles et du
miel qui occupe Boonmee. Un soir qu’ils dînent sous la veranda,
la défunte épouse de Boonmee se matérialise. Puis sort des
ténèbres un être hirsute, le fils disparu de Boonmee, devenu
un singe par amour de la photographie, de la forêt et d’un
singe fantôme qu’il a suivi d’arbre en arbre…
réserver auprès du musée, places limitées 03 89 33 78 11

Un catalogue très original, au prix de 10 Euros est en vente à l’accueil du musée.
Musée des Beaux-Arts – Musées Mulhouse Sud Alsace
Horaires
Ouvert tous les jours, sauf mardis et jours fériés de 13h à 18h30
Du 1er juillet au 31 août :  de 10h à 12 h et de 13h à 18h30
entrée du musée des BA gratuite

Plongeons, Fondation François Schneider

Carte blanche à la HEAR jusqu’au 29 mai 2016
Un partenariat avec les lieux d’enseignement est une idée qui suit son chemin, et se concrétise donc avec la HEAR sur le thème du plongeon. Des travaux d’étudiants, jeunes artistes diplômés de la HEAR et artistes-enseignants constituent le contenu de cette proposition thématique.
Le commissariat est assuré par deux artistes-enseignants de l’option Art, Le Plateau à Mulhouse : Anne Immelé et Edouard Boyer.
Coordination de l’exposition Auguste VONVILLE
Clémentine IAIA, Deep End 2016                                              Titre : « DEEP END » – 2016

Clémentine IAIA
Cette installation comprend un plongeoir en verre fixé au mur à 4m de hauteur et une projection vidéo ; elle forme un ensemble avec celle d’ Elise Grenois qui expose une ligne d’eau faite de morceaux de verre assemblés.

La HEAR, Directeur David Cascaro
Établissement public, la Haute école des arts du Rhin (HEAR) dispense des enseignements supérieurs (bac+3 à bac+5) en arts plastiques (Art, Art-Objet, Communication graphique, Design, Design textile, Didactique visuelle, Illustration, Scénographie) et musique (musique classique, ancienne et contemporaine, jazz et musiques improvisées). Implantée à Mulhouse et Strasbourg, la HEAR prépare ses étudiants à devenir des créateurs, auteurs et musiciens autonomes capables d’interpréter ou d’inventer des langages artistiques. Incitant ses étudiants à acquérir une expérience internationale, la HEAR a établi des partenariats avec 80 établissements de 30 pays. La HEAR est née en 2011 de la fusion de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, de l’école supérieure d’art de Mulhouse – Le Quai et des enseignements supérieurs de la musique du conservatoire de Strasbourg.

 Léa Guzzo directrice de la Fondation Schneider
Léa Guzzo
directrice de la Fondation Schneider

Le plongeon comme événement, singulier, multiple, collectif, comme geste aussi, comme rupture, comme relation du corps à l’élément « eau », mais aussi à l’élément « air » et à l’attraction de l’élément « terre », le plongeon comme sensation donc, mais aussi comme image, le plongeon n’existe que par l’eau et figure une relation archaïque de l’homme au monde.
Lespace du Centre d’Art Contemporain de la Fondation François Schneider provoque l’imaginaire. L’exposition sera sans nul doute source de nouveaux regards et sera l’occasion de nouvelles découvertes.
Les artistes
(étudiants, jeunes artistes diplômés de la HEAR et artistes-enseignants)
Edouard Boyer, Caroline Colas, Pauline Dubost, Ivan Fayard, Bruno Grasser, Elise Grenois, Camille Grosperrin, Clémentine Iaia, Zoé Inch, Anne Immelé, Olivier Letang, Julia Mancini, Simon Morda-Cotel, Claire Morel, Raphaël-Bachir Osman, Yvan Rochette, Emilie Saccoccio, Flora Sopa, The Fine Art Collection, Gilles Toutevoix.
Quelques artistes :
Anne IMMELÉ
La mélancolie est un plongeon léger dans la pesanteur. L’agencement des photographies montre un passage depuis des lieux de l’intimité vers des lieux de l’immémorial habités par l’eau, comme une métaphore du plongeon en soi-même.
Anne Immelé            « Et la mélancolie errante au bord des eaux », 1995-2016
Installation photographique, dimensions variables
© Anne Immelé
Edouard BOYER
Titre : « PLONGEONS » – 2016
PLONGEONS est un polyptique extrait du projet COVER. COVER est une série de couples de magazines rapprochés par l’étrange similitude de leurs couvertures et scannés ensemble. COVER est une collection et une biographie : une collection des correspondances entre les époques comprises dans la période de la vie d’Edouard Boyer
Edouard Boyer

                                     « Plongeons », (détail) 2016
Tirage photographique sur papier, encadré
polyptique,              dimensions variables

© Edouard Boyer

Elise GRENOIS
En écho au plongeoir de Clémentine IAIA, j’ai souhaité réaliser cette ligne d’horizon, conçue comme une ligne d’eau, constituée de morceaux de verre. Ils sont polis par le mouvement incessant de l’eau, et racontent l’impact du temps sur les éléments. La ligne est droite, impassible, semble figée, alors que sa matière même vibre de l’incessant va et vient des vagues. Tout comme le plongeoir, cette ligne d’horizon est un artefact, témoin suspendu d’une temporalité plus large et des mouvements naturels et humains qui l’ont générée.
Elise GRENOIS                             « Mer de verre », 2016
Ligne de verre, dimensions variables
© Elise Grenois

Yvan ROCHETTE
Intéressé par les processus de modification autonome de la matière, Yvan Rochette propose une vidéo issue d’une série d’immersions dans l’eau de différents matériaux. Pour cette vidéo, il s’agit d’un bloc d’argile déshydraté qui va se désintégrer progressivement et produire une expérience sonore qui est enregistrée et restituée.

Yvan ROCHETTE « Expérience sculpturale 3.2 : 785 gramme d’argile dans 60 litres d’eau », 2016 vidéo, dimensions variables © Yvan Rochette                              « Expérience sculpturale 3.2 : 785 gramme d’argile dans
60 litres d’eau », 2016

vidéo, dimensions variables
© Yvan Rochette

Raphael-Bachir OSMAN
Un projecteur est posé sur un mur de briques de lait. La vidéo, séquence de stage diving, est diffusée en boucle et projetée en contre-plongée sur du lait contenu dans un plateau de cafétéria. Le stage diving est un plongeon dans la foule depuis la scène d’un concert.
Raphael-Bachir OSMAN « Milk Diving », 2016 Installation, dimensions variables © Raphaël-Bachir Osman                                                « Milk Diving », 2016
Installation, dimensions variables
© Raphaël-Bachir Osman

Raphael-Bachir OSMAN « Milk Diving », 2016 Installation, dimensions variables © Raphaël-Bachir Osman
Simon MORDA-COTEL
A mi-chemin entre la sculpture et l’installation, RENVERSEMENT prend la forme d’un miroir d’eau carré, encadré par une plate-forme en bois légèrement surélevée. Le spectateur est alors invité à monter sur l’oeuvre pour faire une expérience physique et visuelle.
Simon MORDA-COTEL                                                   « RENVERSEMENT » – 2016
Ivan FAYARD
Les « souffles » d’Ivan Fayard sont des « monochromes contrariés » précise l’artiste.
Il opère en soufflant sur la toile recouverte d’au minimum deux couches colorées.
La durée et la puissance de l’air expulsé produit un halo variable, qui littéralement découvre le monochrome sous-jacent.
Ivan Fayard, « Souffles » - 2016Souffles » – 2016
THE FINE ART COLLECTION
The Fine Art Collection est un binôme formant une entité depuis 2011. Le collectif, après l’obtention du DNSEP à la HEAR – Mulhouse, continue ses occupations artistiques pendant deux ans avant d’intégrer le post-diplôme à l’EMA Fructidor de Chalon-Sur-Saône.
« Ex voto suscepto » - 2016
« Ex voto suscepto » – 2016
N’a-t-on pas tous jeté une piécette, même deux, dans une fontaine ? Geste magique destiné à concrétiser nos voeux les plus ardents.
Ex voto suscepto s’offre aux visiteurs pour autoriser leurs souhaits. Après le temps de l’exposition, le trésor de ses pièces financera l’oeuvre suivante de TFAC. Ex voto suscepto est une apparition qui génère une économie que chaque geste, chaque participation accomplit.       
Visites guidées par un médiateur culturel sont programmées :
les dimanches 10 avril et 8 mai à 15h00

Visites guidées par les artistes exposés
suivie d’un concert à 16h30
proposé par l’Académie Supérieure de Musique de Strasbourg (HEAR)
les dimanches 24 avril et 29 mai à 15h00
Centre d’Art Contemporain
Fondation François Schneider
27 rue de la Première Armée 68700 Wattwiller Tel: + 33 (0)3 89.82.10.10 Fax : +33 (0)3 89.76.75.49
info@fondationfrancoisschneider.org
www.fondationfrancoisschneider.org

VAN DOESBURG au Bozar de Bruxelles

 le Stilj sur France culture en podcast
Theo Van DoesburgJusqu’au 29.05.2016
Le programme que BOZAR organise dans le cadre de la Présidence des Pays-Bas, témoigne du rôle novateur qu’ont joué l’art et l’architecture de l’avant-garde néerlandaise, vu dans un contexte européen. Par la même occasion, l’exposition établit un pont entre De Stijl et la création actuelle. En se référant au vocabulaire de De Stijl, et plus particulièrement à celui de Theo van Doesburg, dont le rayonnement a été capital, un dialogue s’établit entre l’architecture, l’urbanisme, le design, la littérature et les nouvelles technologies actuelles. C’est une opportunité pour les Pays-Bas de pouvoir mettre en évidence leur tradition culturelle, qui a toujours été ouverte au monde et à l’avenir, et qui se présente telle une véritable source d’inspiration à l’intérieur d’un contexte éminemment européen.
Theo Van Doesburg
VAN DOESBURG, Une nouvelle expression de la vie, de l’art et de la technologie
Au cours de la Première Guerre mondiale, un des mouvements artistiques les plus importants de l’époque vit le jour aux Pays-Bas. C’est dans la revue De Stijl que le groupe se manifesta d’abord. Piet Mondrian
Mondrian et Theo van Doesburg (1883-1931) en furent les fondateurs et inspirateurs. Van Doesburg devint un des représentants majeurs de ce nouveau courant qui aura un impact énorme sur l’avant-garde européenne.
Comme Piet Mondrian, Theo van Doesburg , était convaincu qu’un art nouveau mènerait à un monde nouveau et meilleur. Ils ambitionnaient une réforme radicale de l’art qui irait de pair avec les changements scientifiques et sociaux.

Van Doesburg, Stained-Glass Composition III, teacher's house in Sint Anthoniepolder, municipality of Maasdam, 1917
Van Doesburg, Stained-Glass Composition III,
teacher’s house in Sint Anthoniepolder, municipality
of Maasdam, 1917

La Nouvelle Plastique ou le Néo-Plasticisme est un art abstrait et géométrique dans lequel l’harmonie et l’équilibre priment, un art qui transgresse les frontières et qu’on retrouve également dans l’architecture, le design, la typographie, etc. Sous la conduite dynamique de Theo van Doesburg, les idées de De Stijl se propagèrent à toute allure à travers l’Europe et on assista à des pollinisations croisées avec d’autres courants artistiques.
Theo Van Doesburg, Contre-composition V 1924
Theo Van Doesburg,
Contre-composition V
1924

C’est ainsi que l’art abstrait, l’architecture moderne et le design ont connu un développement en profondeur et durable.
Aussi, peut-on dire que De Stijl aura été l’apport le plus important des Pays-Bas à l’art du XXe siècle.

Van Doesburg, Arithmetic Composition, 1929-1930
Van Doesburg, Arithmetic Composition, 1929-1930

Cette exposition kaléidoscopique, conçu par la commissaire Gladys Fabre, présente Théo van VAN DOESBURG, Une nouvelle expression de la vie, de l’art et de la technologie :
Doesburg tel un propagandiste nomade. Une personnalité fascinante, éternellement à la recherche d’une esthétique nouvelle et dynamique qui, en interaction avec la science et la technologie contemporaines, et tout en tenant compte de la complexité de la vie ainsi que de l’attitude des avant-gardistes, pourrait réformer le monde.
Bart Van der LeckL’exposition débute en 1917 avec l’explicitation de l’art et des idées du mouvement De Stijl. La revue et le courant artistique éponyme (1917-1927) ont été fondés en 1917 à Leyde. La publication peut être considérée comme le reflet exact des intentions de Van Doesburg qui voulait diffuser l’esthétique néo-plastique ainsi que sa propre esthétique, caractérisée par une liberté absolue en constante évolution. On découvre toutes les facettes de l’oeuvre multiple de l’artiste : les expressions néo-plastiques et dadaïstes (réalisées sous le pseudonyme I. K. Bonset), ensuite, en rupture avec Mondrian, l’Élémentarisme (1924-26) et finalement l’Art concret (un collectif groupé autour de l’art géométrique abstrait fondé en 1930 par Van Doesburg) .
L’accent sest également mis sur les collaborations fructueuses entre Van Doesburg et d’autres artistes éminents de l’avant-garde. L’exposition montre des oeuvres des premiers membres du De Stijl :
Mondrian, Bart van der Leck, Vilmos Huszar, J.J. Oud, Gerrit Rietvelt, Cornelis van Eesteren, Georges Vantongerloo et de certains contemporains tels El Lissitzky, Kurt Schwitters, Hans Richter, Hans Arp, Domela, Vordemberge, Gildewart, Jean Hélion, Carlsund etc…
Hans Arp
Hans Arp

Cette manifestation se focalise sur l’importance accordée à l’interdisciplinarité et au processus interactif qui contribuera au développement d’un style nouveau, en accord avec une nouvelle façon de vivre, qui réunisse en même temps l’art et l’architecture, le cinéma, la poésie, la littérature, le design, la typographie, etc. La dynamique créative de
l’avant-garde occupera donc la place d’honneur. Une dynamique qui, à travers différentes esthétiques et idéologies politico-culturelles et à partir des principes fondamentaux du Néo-Plasticisme, jettera les bases de l’art futur non plus individuel mais
universel.
Bozar Van DoesburgL’exposition se compose de plus de cent tableaux, dessins, photographies, revues, publications, meubles, maquettes et de reproductions de plans d’architecture.
La plupart de ces oeuvres provient de musées néerlandais. Il est important qu’une grande
partie du patrimoine artistique néerlandais soit exposé à Bruxelles.
Ce sera une occasion unique car l’oeuvre de Theo van Doesburg et l’avant-garde néerlandaise n’ont jamais connu de grande rétrospective en Belgique.
Gladys Fabre
Gladys Fabre est historienne de l’art, commissaire
d’expositions et auteur de nombreux ouvrages, spécialisée en l’art de l’avant-garde et du
modernisme.
En tant que commissaire et adviseur scientifique, elle a réalisé différentes expositions internationales  en France, en Allemagne, en Espagne, en Suisse et
aux État Unis.
PALAIS DES BEAUX-ARTS – BOZAR
WWW.BOZAR.BE | +32 (0)2 507 82 00

Musée Calouste-Gulbenkian à Lisbonne

Le musée Calouste-Gulbenkian (Museu Calouste Gulbenkian en portugais) est un musée situé à Lisbonne. L’institution fut fondée selon les dernières volontés de l’homme d’affaires arménien Calouste Gulbenkian, afin d’abriter et de présenter au public ses collections privées composées de plus de 6 000 pièces dont 1 000 font partie de l’exposition permanente.
edificio
Né en 1869 à Scutari, Calouste Gulbenkian était un homme d’affaires important qui fit fortune dans le domaine des industries pétrolières. Collectionneur d’une sensibilité et d’une connaissance exceptionnelles, il vécut les treize dernières années de sa vie à Lisbonne où il décéda en 1955. Manifestant le souci de voir les œuvres d’art qu’il avait rassemblées pendant près de quarante ans réunies sous un même toit, il institua une fondation portant son nom, dont les statuts furent approuvés en 1956. Situé à l’intérieur de l’un des plus beaux parcs de la capitale portugaise, le Parc de Santa Gertrudes, à l’intersection des avenues Berna et António Augusto de Aguiar, le Musée Calouste Gulbenkian fut inauguré en 1969. Le bâtiment, signé Atouguia, Cid et Pessoa, constitue une référence de l’architecture muséologique portugaise, avec de nombreuses ouvertures vers l’extérieur, permettant au visiteur d’établir un dialogue permanent entre la nature et l’art.
Visite virtuelle
Gulbenkian art moderne
En 1983 a été adjoint au musée un centre d’art moderne qui a été pendant de nombreuses années le seul d’importance au Portugal. Aujourd’hui encore, il joue un rôle important en organisant des rétrospectives et en soutenant l’activité artistique. On peut y découvrir quelques-uns des maîtres de la peinture portugaise des années 1910 à nos jours comme Eduardo Viana, Amadeo de Souza-Cardoso ou José de Almada Negreiros dont le musée conserve le célèbre Portrait de Fernando Pessoa au café Irmãos Unidos.

Les trois Grâces, Jean Goujon
Les trois Grâces, Jean Goujon

La répartition et l’articulation des galeries d’exposition permanente, toutes situées au premier étage, autour de deux patios, ont été orientées par une systématisation chronologique et géographique qui a été à l’origine de deux circuits indépendants correspondant aux deux époques traitées par le musée : le premier circuit est consacré à l’art classique et oriental (Égypte, Mésopotamie, arts d’Islam, Arménie…) tandis que le second est consacré à la sculpture et la peinture européenne, du XIe au XXe siècle.
Tasse 3e dynastie
Tasse 3e dynastie

L’éclectisme de l’ensemble reflète les préférences du collectionneur, qui s’est laissé guider en permanence par ses goûts personnels.
Le circuit se déploie à travers les galeries réservées à l’Égypte, à la Grèce et à Rome (en passant par l’Assyrie), à l’Orient islamique ainsi qu’à l’Extrême-Orient.
Vase
Les œuvres de la première salle témoignent de différents moments historiques et artistiques de la civilisation égyptienne, de l’Ancien Empire jusqu’à l’Époque romaine. L’art égyptien est représenté notamment par une riche collection de statuettes et de statues funéraires polychromes, une barque solaire en bronze (Djedher) de la XXXe dynastie et un masque de momie en argent doré. Des témoignages de l’art mésopotamien et gréco-romain, et en particulier une sélection de monnaies grecques et de médaillons d’Aboukir suivie d’un monumental bas-relief assyrien en albâtre provenant du palais de Nimrud (IXe siècle av. J.-C.), sont exposés dans la galerie suivante. On peut également admirer une tête féminine en marbre blanc attribuée au sculpteur grec Phidias (Ve siècle av. J.-C.)
barque
C’est peut-être en raison de ses origines que Calouste Gulbenkian révéla un intérêt particulier pour la production artistique de l’Orient et acquit de nombreux objets : des céramiques, des tapis, des tissus, des enluminures, des reliures et des lampes de mosquée. Ces pièces qui reflètent les tendances les plus variées des arts perse, turc, syrien, caucasien, arménien et indien, du XIIe au XVIIIe siècle, sont exposés dans la galerie de l’Orient islamique avec un choix exceptionnel de faïences d’Iznik ornées de tulipes, de jacinthes ou d’œillets, de tapis turcs et persans, de lampes de mosquées émaillées du XIVe siècle.
Tapis
À la fin de ce circuit se trouve la galerie d’art de la Chine et du Japon, avec un grand nombre de porcelaines, de pierres dures, d’objets laqués et de tissus. Le mécène était attiré par les estampes japonaises,
Biombo de "Coromandel" Gulbenkian
Biombo de « Coromandel » Gulbenkian

les paravents laqués et la porcelaine chinoise des périodes tardives (XVIIe et XVIIIe s), caractérisée par des motifs décoratifs très colorés et assez exubérants (lions, dragons verts, etc.).
Manuscrit
Le second parcours est consacré à l’art européen, avec des sections présentant des livres manuscrits enluminés, des ivoires, des peintures, des sculptures, des médailles, des tapisseries et des tissus, ainsi que des pièces de mobilier, d’orfèvrerie et de verrerie. Ces objets illustrent les manifestations artistiques qui se sont affirmées dans différentes régions, du XIe siècle jusqu’à la moitié du XXe siècle.
Dragons
Cette section débute par un ensemble d’ivoires français du XIVe siècle et de livres manuscrits enluminés, suivis d’une sélection de sculptures et de peintures du XVe au XVIIIe siècle. L’école flamande est représentée par Jean de Liège, Rogier van der Weyden et Dirk Bouts. Les artistes italiens sont illustrés par Domenico Ghirlandaio (Portrait de jeune fille), des vues de Vittore Carpaccio, Giovanni Battista Moroni. Le XVIIe siècle est surtout représenté par des peintres du Nord : Frans Hals, Jacob van Ruisdael et pour terminer, Rembrandt (Portrait de vieillard) et Pierre Paul Rubens avec le Portrait d’Hélène Fourment que Gulbenkian acquit en 1925 au musée de l’Ermitage de Leningrad, à une époque où le gouvernement soviétique, friand de devises, vendait les collections réunies par Catherine II de Russie.
Rembrandt, Hélène de Fourment
Rembrandt, Hélène de Fourment

L’art européen de la période de la Renaissance est illustré par des tapisseries de Mantoue et de Bruxelles, par une petite collection de médailles de grande valeur, comprenant un ensemble considérable d’œuvres de Pisanello, par un nombre restreint de livres imprimés, ainsi que par un ensemble de sculptures parmi lesquelles on distingue les œuvres d’Antonio Rossellino et d’Andrea della Robbia.
Gulbenkian
Calouste Gulbenkian, qui vécut longtemps à Paris, voua une attention particulière à l’art français qui occupe une place d’honneur dans les salles du musée. Les galeries du XVIIIe siècle réunissent des peintures de Nicolas de Largillierre, de Louis-André-Gabriel Bouchet (Cupidon et les Trois Grâces), d’Hubert Robert (deux études représentant les jardins de Versailles), de Jean Honoré Fragonard, de Nicolas-Bernard Lépicié, de Marc Nattier, de Maurice Quentin de La Tour, de Nicolas Lancret (Fête galante) ainsi qu’un petit tableau d’Antoine Watteau, entre autres.
Diane, J B Houdon
Diane, J A Houdon

On trouve également des sculptures de Jean-Baptiste II Lemoyne, de Jean-Baptiste Pigalle, de Jean-Jacques Caffieri et de Jean-Antoine Houdon, auteur de la statue en marbre « Diane », l’un des chefs-d’œuvre de la collection. On peut également admirer des tapisseries provenant des manufacture des Gobelins, de Beauvais et d’Aubusson ainsi qu’un ensemble de meubles des époques Régence, Louis XV et Louis XVI créés par des artistes tels que Charles Cressent, Jean-François Oeben, Jean-Henri Riesener, Georges Jacob, Martin Carlin et Claude Séné. Les collections se composent également de pièces d’orfèvrerie, œuvres des meilleurs orfèvres français tels que François-Thomas Germain, Antoine-Sébastien Durant, Louis-Joseph Lenhendrick, Jacques Roettiers et Henry Auguste ainsi que des porcelaines de Sèvres.
Corot
Le XVIIIe siècle est également mis à l’honneur dans l’espace spécialement consacré au grand peintre vénitien Francesco Guardi, avec 19 tableaux représentant des vues (vedute) et des « caprices » qui mêlent architectures réelles et imaginaires, exécutés à partir de 1760. Cet ensemble, unique au monde, illustre Venise à l’époque de sa splendeur, de ses fêtes opulentes et de ses régates sur fond de lagune ou de Grand Canal. Une de ses vedute s’inspire notamment du projet de Andrea Palladio pour le second pont sur le Rialto.
Turner, le naufrage
La salle réunit également des exemplaires des portraitistes anglais les plus réputés, comme Thomas Lawrence et Thomas Gainsborough. Joseph Mallord William Turner (Quillebeuf, Le Naufrage), avec ses motifs marins et précède les dernières salles du musée où se trouve exposé l’art du XIXe siècle. Très sensible à la nature, Gulbenkian collectionnait les peintures de l’École de Barbizon, avec des œuvres de Jean-Baptiste Corot, de Jean-François Millet, de Stanislas Lépine, de Théodore Rousseau, de Charles-François Daubigny et de Henri Fantin-Latour. Le courant impressionniste est représenté par des œuvres d’Eugène Boudin, d’Édouard Manet (La Bulle de savon), d’Auguste Renoir, de Claude Monet ou d’Edgar Degas (Autoportrait).
La bulle de savon, Edourd Manet
La bulle de savon, Edourd Manet

On peut également citer le préraphaélite Edward Burne-Jones avec Le Miroir de Vénus (1871)
Le miroir de Venus, Edouard Burne-Jones
Le miroir de Venus, Edouard Burne-Jones

Dans la collection Gulbenkian, la vision artistique du XIXe siècle est soulignée par la présentation de sculptures de Jean-Baptiste Carpeaux, Antoine-Louis Barye, Jules Dalou, Auguste Rodin.
Gulbenkian
La visite du musée s’achève dans la salle 12 consacrée à l’Art nouveau où est présenté un ensemble de bijoux, parures, verreries, ivoires de René Lalique, considéré unique au monde. Lalique fut l’unique artiste moderne dont Calouste Gulbenkian devint le client et l’ami ; il acquit 169 de ses créations entre 1895 et 1937.
Pectoral, Lalique
Pectoral, Lalique

Ce musée est une pure merveille, entouré d’un parc où il fait bon flâner
Gulbenkian
 

Daniel Buren investit le Palais des Beaux-Arts

au Bozar de Bruxelles jusqu’au 22.05.2016
Daniel Buren, artiste français de renommée internationale est connu pour ses interventions in situ, caractérisées par la présence d’un motif récurrent constitué d’une alternance de bandes blanches et colorées. Le caractère spécifique et la nature souvent éphémère des travaux de Daniel Buren (80% de ses oeuvres n’existent plus !) rendent impossible l’idée d’une rétrospective classique de son oeuvre.
Buren, Fresque Bruxelles
Avec cette exposition intitulée Une Fresque, Daniel Buren propose une réponse originale à cette problématique. Cette exposition est conçue comme une traversée visuelle et temporelle au cours de laquelle Daniel Buren instaure un dialogue entre son travail et des oeuvres choisies de plus de 70 artistes du XXe et XXIe siècle. Ces artistes qui ont marqué son propre parcours artistique, de Paul Cézanne, Fernand Léger à Pablo Picasso, en passant par Jackson Pollock, Sol LeWitt jusqu’à Pierre Huyghe et bien d’autres.
Expo Buren
En outre, une oeuvre spécifique, sous la forme d’un film réalisé par l’artiste, propose un vaste panorama de ses travaux des années ’60 à nos jours, et plus particulièrement de ses interventions éphémères. Cette véritable ‘fresque’ aux multiples écrans est constituée d’images d’archives, d’extraits de films, de commentaires et d’interviews…
En marge du circuit d’exposition, Daniel Buren va réaliser une intervention dans le Hall Horta en relation avec l’architecture du Palais des Beaux-Arts.
Daniel Buren a conçu et imaginé Une Fresque spécifiquement pour les espaces du Palais des Beaux-Arts, en collaboration avec le commissaire Joël Benzakin.
Cette exposition se veut une étape incontournable dans le parcours récent de Daniel Buren.

Buren Photo-souvenir : Les Deux Plateaux, sculpture permanente in situ, cour d'honneur du Palais-Royal, Paris, 1985-1986. Détail. © DB-ADAGP Paris
Buren Photo-souvenir : Les Deux Plateaux, sculpture permanente in situ, cour d’honneur du Palais-Royal,
Paris, 1985-1986. Détail. © DB-ADAGP Paris

Daniel Buren a également à son actif des oeuvres permanentes, conservées dans des collections publiques et privées les plus prestigieuses. L’une des plus célèbres étant Les Deux Plateaux (1986), une gigantesque installation de 3000 m² dans la cour d’honneur du Palais-Royal, à Paris. Il a ainsi investi, entre autres, le Centre Georges Pompidou en 2002, le Guggenheim de New York en 2005, et plus récemment, la nef du Grand Palais lors de Monumenta 2012.

Monumenta Paris
Monumenta Paris

Depuis 1967, Daniel Buren utilise pour ses interventions un motif récurrent inspiré des stores des magasins et bistrots parisiens : une alternance de bandes verticales blanches et colorées, chacune d’une largeur de 8,7 cm. L’artiste cherchait un signe, un outil visuel, capable de s’imposer dans et en dehors du musée. La rue ou les espaces d’exposition de toute nature sont ainsi devenus ses lieux d’intervention privilégiés, les bandes alternées n’ayant de signification que par le rapport qu’elles entretiennent avec le site où elles sont installées. L’erreur serait de ne les considérer que pour elles-mêmes, car elles ne sont qu’un moyen destiné à révéler un lieu et opérer le nécessaire déplacement du regard voulu par l’artiste.
Richard Long et Penone
Cette exposition est avant tout construite à partir du point de vue de l’artiste, de ses réponses particulières à la possibilité – compte tenu des exigences de son travail – de
« figurer » une traversée, un parcours dévoilant les relations qu’il entretient avec son époque et les différentes tendances de l’art, ou plus largement de la culture, qui ont intéressé ou influencé sa pratique. Travaillant in situ, Daniel Buren continue d’affirmer sa spécificité au travers de nombreuses interventions, la plupart du temps éphémères, qui constituent la majorité de ses travaux. Comment, dès lors, rendre compte de la richesse de ses réalisations et de leurs rapports aux contextes de leurs apparitions, qu’elles soient éphémères ou pérennes ? Cette simple question a immédiatement soulevé les problèmes posés par l’idée d’une rétrospective et de son impossibilité, comme l’avait très bien montré son exposition au Centre Georges Pompidou, « Le Musée qui n‘existait pas », en 2002.
Une Fresque cherche à répondre, d’une manière active, non chronologique et comme souvent, surprenante, à ces questions. Construite autour d’un dialogue entre l’artiste et le commissaire de l’exposition, Joël Benzakin, elle s’articule autour de deux grandes propositions : une ‘exposition collective’ et un film.

Photo-souvenir : Around the corner, travail in situ, in « The eye of the storm », Guggenheim Museum, New York, mars-juin 2005. Détail. © DB-ADAGP Paris
Photo-souvenir : Around the corner, travail in situ, in « The eye of the storm », Guggenheim Museum,
New York, mars-juin 2005. Détail. © DB-ADAGP Paris

Cette exposition de Daniel Buren constitue donc une étape incontournable pour une plus large compréhension de son travail, des enjeux esthétiques qu’il affirme et de la richesse insoupçonnée de ses nombreuses réalisations permanentes et éphémères dont la mémoire ne nous était jusqu’alors accessible qu’au travers de nombreuses publications.
Cette grande ‘fresque’ des travaux de Daniel Buren va permettre de mieux entrevoir la diversité, l’intelligence, la générosité et l’importance de son oeuvre.
Une « Exposition collective »

Mario Merz
La quasi-totalité du parcours de l’exposition et des espaces qui lui sont attribués accueille un choix d’oeuvres, non exhaustif, de plus de 70 artistes du XXe et XXIe siècle, sélectionnées et disposées par Daniel Buren. Cette proposition est conçue comme une traversée visuelle et temporelle au cours de laquelle Daniel Buren instaure un dialogue entre son travail et les oeuvres sélectionnées. Elles ont marqué d’une manière ou d’une autre son propre parcours artistique, de Paul Cézanne, Fernand Léger à Pablo Picasso, en passant par Jackson Pollock, Sol LeWitt jusqu’à Pierre Huyghe et bien d’autres.
Sophie Calle                                                     Sophie Calle
Daniel Buren :
« Chaque choix – celui d’un artiste et celui d’une oeuvre précise – a été décidé en suivant une ligne directrice articulée autour de mon propre parcours d’artiste. Je parle donc ici en termes d’admiration, d’influence, de rapprochement, d’interrogation, de stimulation et de projection, en traversant l’histoire de l’art de ces 150 dernières années. Toutes les oeuvres représentent des étapes essentielles dans ma pratique, aucune n’est anodine ou aléatoire, et je me permets d’insister sur l’apport essentiel que constitue chacune d’entre elles dans l’exposition ».

Buren Photo-souvenir : Sha-Kkei ou Emprunter le paysage, travail in situ, Ushimado (Japon), novembre 1985. Détail. © DB-ADAGP Paris
Buren Photo-souvenir : Sha-Kkei ou Emprunter le paysage, travail in situ, Ushimado (Japon), novembre 1985.
Détail. © DB-ADAGP Paris


Le film
Le second axe important de cette exposition est constitué par un film de Daniel Buren, qui est à la fois document et oeuvre à part entière. Le film réunit une très large sélection de ses interventions, depuis le début de sa carrière jusqu’à aujourd’hui, au travers d’une minutieuse sélection d’images de ses travaux et de leur contexte, d’archives audio-visuelles d’expositions, d’entretiens, d‘interviews, de débats, d’extraits de films sur Daniel Buren, d’archives sonores, radiophoniques, de commentaires et d’interviews actualisés de personnalités de différentes disciplines parlant de leur rapport aux oeuvres de Daniel Buren. Un film qui est présenté comme un mur d’images où se croisent, sans brouhaha, une multitude d’images, fixes et animées, de paroles et de sons ; le déroulement d’un parcours artistique, vu par son auteur et ouvert simultanément à d’autres points de vues : par analogie, une véritable ‘fresque’.

Photo-souvenir : Daniel Buren La Ligne rouge, travail in situ, Lac de Teda, Tianjin, Chine, septembre 2005. Détail © DB – ADAGP Paris
Photo-souvenir : Daniel Buren La Ligne rouge, travail in situ, Lac de Teda, Tianjin, Chine, septembre
2005. Détail © DB – ADAGP Paris

Daniel Buren : « Le film qui s’intitulera ‘Une Fresque’, sera la première tentative de mettre en images une sorte de rétrospective la plus complète possible de mon travail depuis les années 60 à aujourd’hui. Comme j’ai déjà effectué plus de 2.600 expositions, il ne s’agira pas d’être exhaustif, mais de remettre en mémoire une majorité d’oeuvres détruites et permettre ainsi une perspective cohérente et la plus complète possible, aux spectateurs. Ce film comportera des images d’archives, des entretiens (anciens) et d’autres réalisés spécialement pour ‘Une Fresque’, des extraits de films, des extraits de vidéos, et tout autant d’images, de sons, s’étendant sur plus d’une cinquantaine d’années de travail… »
Performance ‘Couleurs Superposées’

Buren Photo-souvenir : Couleurs superposées, Acte II 60', travail in situ, Musée Laforêt, Tokyo, octobre 1982. Détail. © DB-ADAGP
Buren Photo-souvenir : Couleurs superposées, Acte II 60′, travail in situ, Musée Laforêt, Tokyo, octobre 1982.
Détail. © DB-ADAGP

23 avril 2016
Daniel Buren présentera sa performance Couleurs superposées au Palais des Beaux-Arts lors du week-end de ART BRUSSELS (22-24 april 2016).
Couleurs superposées a été initié à Genazzano en Italie en 1982 dans le cadre du projet collectif intitulé « La zattera di Babele » (Le radeau de Babel).
Travail réalisé en public, d’une durée d’une heure, et composé d’actions successives de collage et de décollage. Pendant une quarantaine de minutes, cinq acteurs collent sur un mur des papiers rayés de blanc et de couleurs en suivant les instructions de l’artiste et en faisant se superposer exactement les bandes blanches. Les spectateurs découvrent des couleurs et des formes qui apparaissent puis disparaissent lors de chaque nouvelle superposition. Durant les vingt autres minutes, les acteurs, toujours en suivant les indications de l’artiste, déchirent les papiers qui viennent d’être collés, faisant réapparaître les couches précédentes par fragments. Les spectateurs sont les témoins de l’évolution du travail, sur un tableau qui n’est jamais fini et dont les différentes étapes ne sont retenues qu’en souvenir.

 BOZAR Palais des Beaux-Arts,
Rue Ravenstein 23 , 1000 Bruxelles
Ouvert : Mardi à dimanche, 10h > 18h (Jeudi : 10h > 21h)
Fermé : Lundi
Tickets: € 12-10 (BOZAR-friends)
Combitickets:
Daniel Buren + Theo Van Doesburg : € 16-14 (BOZAR-friends)
Comme un jeu d’enfant Daniel Buren à Strasbourg