Louise Bourgeois A l’infini – à la Fondation Beyeler

À l’occasion du centenaire de la naissance de Louise Bourgeois (25.12.1911 – 31.5.2010)
la Fondation Beyeler rend hommage à l’une des personnalités artistiques les plus remarquables et des plus influentes de notre temps.

Louise Bourgeois - Maman - Bronze avec patine de nitrate d’argent, acier inoxydable et marbre, 927,1 x 891,5 x 1023,6 cm

Louise Bourgeois, d’origine française, qui s’installa à New York en 1938, est devenue en quelques années un cas particulier dans l’histoire de l’art, référence majeure de l’art moderne et contemporain par son œuvre polymorphe.
Artiste aujourd’hui parmi les plus admirées, elle fut reconnue à près de soixante-dix ans. C’est selon elle, cette reconnaissance tardive qui lui permit de travailler en toute tranquillité. De ce fait elle échappe à tous les courants esthétiques : le surréalisme, l’expressionnisme abstrait, l’art conceptuel – elle ne s’est laissée séduire par aucun d’eux, et est restée rétive à toute classification. Se méfiant des concepts et théories, c’est sur son roman familial, sur sa sensibilité de femme et sur « le paradis de l’enfance », qu’elle s’appuya pour réaliser son travail. Quel que soit le mode d’expression employé, le moteur de son art réside dans l’exorcisme des traumatismes d’enfance, influencé par sa position singulière entre deux mondes, entre deux langues, entre le féminin et le masculin, ordre et chaos, organique et géométrique.
Sa sculpture hybride, témoigne de ce va-et- vient entre deux pôles opposés, de ce dédoublement.
En allant au plus profond de son inconscient, LB rejoint les mythes universels, donnant une version à la fois obscène et dionysiaque de la figure maternelle.
C’est  aussi son rapport au père, qui introduisit sa maîtresse Sadie, une jeune gouvernante anglaise, dans la maison familiale,  la mère consentante (avait-elle un autre choix ?), s’enferma dans le silence. Ils vécurent ainsi pendant une dizaine d’années. L.Bourgeois parle de cette expérience comme d’une « trahison », qui fut également la faille d’où surgissent la rage et la source créatrice. Si cela se passait dans les années trente à Paris, ce ne fut qu’en 1982 que Louise en parla et mit cette histoire en rapport avec l’œuvre, avec ses peurs et son besoin de « réparer » par la sculpture.
The Insomnia Louise Bourgeois

Cette exposition présente environ 20 pièces, pour certaines en plusieurs parties, offrant un condensé de l’oeuvre de Bourgeois qui rend compte des thèmes centraux de sa création : son intérêt pour d’autres artistes, son rapport conflictuel avec sa propre biographie et sa volonté de traduire des émotions dans des créations artistiques. Parallèlement à des oeuvres et à des séries conservées dans des musées internationaux  de renom et de grandes collections particulières, on pourra découvrir de nouveaux  travaux – dont le cycle tardif À l’infini (2008) – qui n’ont encore jamais été montrés. Des ensembles d’oeuvres  issues de la Collection Beyeler leur viennent en résonance. La rencontre avec les toiles de Fernand Léger et de Francis Bacon est particulièrement enrichissante, tout comme la juxtaposition avec les sculptures d’Alberto Giacometti. Ces artistes, avec lesquels Louise Bourgeois a entretenu une relation spéciale, ont été pour elle des présences marquantes et stimulantes. Mais aussi la juxtaposition avec la femme de Cézanne et un paysage de van Gogh.
À l’infini –  Alberto Giacometti L’homme qui marche
A l'Infini + Giacometti

Sur 14 gravures de grand format, Louise Bourgeois a donné libre cours à son imagination graphique à l’aide de couleur, de mine de plomb et d’ajouts de papier. Comme presque toutes ses œuvres, À l’infini est une sorte d’autoportrait constitué d’émotions devenues images, ou de fragments d’inconscient qui ont pris forme. Dans le thème de cette série d’aspect très poétique consacrée au principe de la vie humaine formée d’un nombre infini de configurations de rencontre analogues mais jamais identiques, les enchevêtrement de lignes d’À l’infini se rapprochent des sculptures de Giacometti. Les efforts que ce dernier fit toute sa vie durant pour représenter la complexité du mouvement, pour le concevoir comme une succession d’immobilités, ainsi que ses tentatives pour représenter la réalité essentielle d’un être humain par ses portraits travaillés de manière exhaustive, relèvent d’une prise de possession qui se rapproche de la conception de Louise Bourgeois.
L’accrochage dans cette salle est absolument remarquable, le choix des sculptures de Giacometti est à saluer.
Louise Bourgeois Portrait Photo: Jeremy Pollard copyright

Maman
Dans le parc de Beyeler,  la sculpture de bronze  est moins impressionnante qu’aux Tuileries, où elle se dressait fascinante et menaçante, elle semble protégée par les arbres. Après  la Tate Modern de Londres (2000/2007) au Jardin des Tuileries de Paris (2007/2008), au Guggenheim Museum de Bilbao (depuis 2001) et à l’Ermitage de Saint-Pétersbourg (2001,) cette sculpture a suscité l’enthousiasme du public et a attiré beaucoup de monde. Maman est montrée  en Suisse pour la première fois, Genève, Zurich, Berne, Bâle,
La statue de Louise Bourgeois représentant une araignée monumentale et intitulée Maman (927,1 x 891,5 x 1023,6 cm) est une œuvre-clé pour la compréhension de son oeuvre : il s’agit d’une part d’un hommage à la mère de l’artiste, restauratrice de tapisseries à Paris et qui ne cessait, telle l’araignée, de réparer ses toiles. Louise Bourgeois voit d’autre part dans l’araignée un symbole suprême de l’histoire infinie de la vie, dont le principe est de se renouveler constamment : ce qui est tout aussi réconfortant qu’inquiétant, car il n’existe aucune échappatoire à ce cycle éternel. Maman de Louise Bourgeois constitue donc un monument commémoratif grandiose à l’existence du changement.
The Blind Leading the Blind  vs. Barnett Newman Uriel
La version de The Blind Leading the Blind présentée à la Fondation  Beyeler date de 1947-1949. Constituée de cales de bois grandeur nature, peintes en noir et en rouge, elle présente une remarquable irrégularité régulière : irrégulière parce qu’elle est délibérément composée de morceaux similaires mais qui ne sont pas tout à fait identiques. Régulière, parce qu’elle se livre à une répétition des mêmes éléments, comme des triangles isocèles. Dans sa radicalité trigonométrique, The Blind Leading the Blind s’apparente aux inventions iconiques révolutionnaires contemporaines de Barnett Newman. D’où sa juxtaposition avec Uriel de 1955. La réduction de la peinture à la surface et à la couleur à laquelle se livre Newman trouve un écho dans la réduction de la sculpture de Louise Bourgeois à quelques formes trigonométriques de base, combinées entre elles. Mais elle peut aussi s’idenfier à un peigne, instrument de tapissier, omniprésent dans le travail de L.b
Louise Bourgeois The Blind Leading the Blind vs. Barnett Newman Uriel

 The Waiting Hours
L’un des derniers groupes d’œuvres auxquels Louise Bourgeois a travaillé est formé d’images cousues à partirdes étoffes de vêtements qu’elle a elle-même portés au cours de sa vie. À travers ses souvenirs de situations qu’elle a vécues dans certains vêtements précis, elle a créé des tableaux historiques éminemment personnels. Le temps a été un sujet de préoccupation majeur de Louise Bourgeois dans les dernières années de sa vie. Les Waiting Hours étaient pour elles avant tout les heures nocturnes durant lesquelles elle restait souvent éveillée, réfléchissant intensément à de nouvelles œuvres. The Insomnia fait aussi référence à ces heures nocturnes de réflexion.
 Est mise en regard de  ce travail dans une vitrine,  un oeuvre en tissu, faite de rondeurs grises, très connotée, arborant un sexe de couleur rose.
Louise Bourgeois The Waiting Hours
Janus fleuri, 1968
Bronze, patine dorée, pièce suspendue, 25,7 x 31,7 x 21,3 cm
Collection de l’artiste
Photo Christopher Burke
Dans la même année que Fillette, déjà vue à la Fondation, lors de l’exposition « Eros », Louise Bourgeois réalise d’autres œuvres suspendues qui sont des parties du corps humain à consonance sexuelle. Il s’agit d’une série de quatre sculptures de forme phallique, au titre évocateur de Janus parmi lesquelles Janus fleuri. Comme l’indique la référence à l’antique divinité latine, Janus, était le dieu à double visage, l’un tourné vers le passé et l’autre vers le futur, divinité des portes (janua), celles de son temple étaient fermées en temps de paix et ouvertes en temps de guerre. Tout s’ouvre ou se ferme selon sa volonté. C’est le côté bipolaire qui fascine l’artiste dans le choix du titre. « Janus fait référence à la polarité qui nous habite (…) la polarité dont je fais référence est une pulsion vers la violence extrême et la révolte (…) et le retrait », écrit l’artiste qui y voit aussi « un double masque facial, deux seins, deux genoux ».
Ici elle est mise en regard avec le nu couché jouant avec un chat de Picasso 1964

Passage Dangereux

Louise Bourgeois Passage dangeureux 1997

Les représentations les plus impressionnantes peut-être que Louise Bourgeois a données de certains aspect de son Moi sont ses légendaires Cells, dont la plus grande, Passage Dangereux de 1997, est exposée dans le Souterrain de la Fondation Beyeler. L’artiste plaçait au tout premier plan les représentations de sentiments et d’émotions. Les nombreux objets du Passage Dangereux sont les symboles d’événements conscients et inconscients de son enfance et de sa puberté — dont la magie et les drames trouvent une mise en scène imagée dans une architecture créée à cette fin, et peuvent ainsi être dépassés.
Jerry Gorovoy, voir la vidéo ici- une autre là présent vendredi et samedi, a été  l’assistant de Louise Bourgeois pendant plus de trente ans. C’est un excellent connaisseur de son œuvre, qui a joué, comme elle l’a souvent rappelé, un rôle décisif dans la genèse de ses pièces. Aux yeux de Louise Bourgeois, un grand nombre de ses œuvres n’auraient pas vu le jour sans son aide.  Son discours (en anglais) s’est  concentré particulièrement sur l’importance de  Louise Bourgeois comme artiste et comme modèle pour des générations d’artistes.
Les oeuvres ne sont pas nombreuses, mais très justement mises en adéquation avec le fonds de la Fondation Beyeler par le commissaire Ull Küster, auteur d’un livre sur Louise Bourgeois.  (anglais-allemand) On peut déplorer qu’il n’existe pas de version française, surtout étant donnée la double nationalité de l’artiste (américaine et française).
Il a eu l’occasion de préparer cette exposition avec elle.
l’exposition est visible jusqu’au 8 janvier  2012
photos courtoisie de la Fondation Beyeler

Jean-Jacques Delattre à la galerie Hors-Champs

« Quand la vie croise mon objectif, je tente de la restituer dans sa plénitude; cette vie dans ma photo, traduit alors ce bonheur qui m’a traversé, qui pourrait faire dire de moi que je suis un photographe épicurien »
Jean Jacques Delattre

JJ Delattre - Johannesburg

Comme me le faisait très justement remarquer Bernard Birsinger  – BBB   (dont je vous parlerai une autre fois) c’est une « incongruité » que de photographier des photos, mais je ne l’ai pas écouté …. 🙂
En avant première, dans le cadre du festival Photographes en Alsace, la galerie Hors-Champs présente une sélection de clichés pris à Johannesburg par Jean-Jacques Delattre. Une fois de plus le photographe nous enchante avec ces « Short stories from Johburg« , prises sur le vif,  qui racontent la vie quotidienne dans les rues de la plus grande métropole d’Afrique du Sud.
« je photographie ce que je regarde, pas ce que je vois »
JJ Delattre - Johannesburg boxe

 
« Quand je découvre une ville, je m’intéresse à tout, explique l’artiste mulhousien. Là-bas, je n’ai jamais eu l’impression d’être en Afrique… »

Telle qu’on la perçoit sur ces 25 photos, Johannesburg apparaît de prime abord comme une cité mondialisée et inégalitaire, comme on pourrait en trouver aux quatre coins de la planète. Dans le cadre de Jean-Jacques Delattre, les passants passent, une conversation se noue entre deux voisines, les enfants se dirigent vers l’école…
JJ Delattre - Johannesburg
On retrouve l’œil aiguisé de JJ Delattre, ses passants qu’il « shoote » ou isole devant un mur comme dans  Sartori & Kyoto’s Wall,  à l’espace Lézard de Colmar, sur fond de mur carrelé, le tout en noir et blanc ou encore à Fribourg lors de la Regionale
Time and Motion Study – Regionale 2011 – Kunstverein Freiburg
A l’inverse, ici les couleurs vives éclatent sur fond de bitume et de béton poussiéreux. Les rêves de chacun s’affichent en gros plan, de la victoire de l’équipe de foot à la gloire sur le ring ou à l’arrière-plan des clips vidéo. On se rapproche d’une vue d’ensemble d’un quartier de Soweto pour y discerner autant d’histoires qu’il y a de maisons.
De la petite histoire à la grande, il n’y a qu’un pas, surtout dans un pays qui n’en finit pas de panser les plaies de l’Apartheid.
« A part love, a part hate », résume une inscription dans une chambre d’hôtel où notre imagination peut galoper.
JJ Delattre - A part of love - A part of hate

L’immense représentation d’un blanc à l’allure d’homme politique afrikaner s’étale sur un immeuble, au pied duquel attend un Noir à l’expression narquoise ou résignée, suivant le point de vue de chaque visiteur… Magie des rapprochements de hasard, qui mettent à jour une réalité mieux que n’importe quelle mise en scène préparée !
horaire

Atelier Hors-Champs, 16 rue Schlumberger à Mulhouse.
Avec la présence de JJ Delattre aujourd’hui samedi  et dimanche 3 septembre de 14 à 18 h
extraits du texte de  Sylvain Freyburger – l’Alsace le Pays
n’oubliez pas de cliquer sur les images des photos pour les agrandir
 
 

Pour une République des rêves

« Visité par l’esprit qui était dans l’air, il proclama la
république des rêves, territoire souverain de la poésie… » ….
…… il imaginait aller plus loin encore « jusqu »au pays n’appartenant à personne »……………..……………..
Devenus adultes, alors qu’ils ont presque oublié ce pays, voilà qu’arrive un homme « aux yeux incroyablement bleus… »

(Bruno Schulz, La République des rêves)

Richard-Long-Cornish-Slate-Ring-1984 Frac Bourgogne

Il ne reste plus que jusqu’au 11 septembre pour vous plonger dans la belle exposition du  CRAC Alsace.
Imaginée par le philosophe et essayiste Gilles A. Tiberghien, qui signe au CRAC Alsace son premier commissariat, l’exposition Pour une République des rêves réunit plus d’une cinquantaine d’oeuvres. Ensemble, elles redessinent les limites du monde réel pour l’ouvrir sur les territoires de notre imaginaire.
Issues des collections des Fonds régionaux d’art contemporain du Grand Est, les oeuvres exposées, historiques ou récentes, cartes, photographies, vidéos, sculptures, installations, ont pour thématique commune les voyages, l’exploration d’espaces très proches ou très lointains, le déplacement, les marches, la découverte du paysage.
La République des rêves fait référence à une nouvelle éponyme de Bruno Schulz publiée dans Les Boutiques de cannelle. À l’image des enfants de la nouvelle, les artistes proposent des oeuvres placées « sous le signe de la poésie et de l’aventure ». Et, comme le héros, «régisseurs de paysages et de décors cosmiques, leur art consiste à saisir au vol les intentions de la nature, à lire dans ses aspirations secrètes ». L’exposition forme ainsi un parcours qui pose les premières pierres d’une république des rêves et invite les visiteurs à en être les premiers arpenteurs.

Holger Trützsch Mnemographie du Feuillage Frac Champagne Ardenne

Avec : Silvia Bächli, Glen Baxter, Neal Beggs, Marilyn Bridges, Elina Brotherus, Balthasar Burkhard, Jean Clareboudt, Edith Dekyndt, Marcel Dinahet, Jimmie Durham, Robert Filliou, Thomas Flechtner, Gloria Friedmann, Joan Fontcuberta, Hamish Fulton, Cyprien Gaillard, Mario Giacomelli, Isabelle Krieg, Richard Long, Philippe Mayaux, Nadia Myre, Marylène Negro, Walter Niedermayr, Bernard Plossu, Anne & Patrick Poirier, Eric Poitevin, Hugues Reip, David Renaud, Robin Rhode, Évariste Richer, Ulrich Ruckriem, Hans Schabus, Roman Signer, David Tremlett, Su-Mei Tse, Holger Trülzsch, Catharina Van Eetvelde, Xavier Veilhan et Raphaël Zarka.

Sous ce titre sont regroupées des oeuvres choisies dans les 5 FRACs Grand Est ( FRAC Alsace, FRAC Bourgogne, FRAC Champagne-Ardenne, FRAC Franche-Comté, FRAC Lorraine).

Annick et Patrick Poirier Papier Japon 1975

La thématique commune à ces oeuvres concerne le déplacement, les marches, les voyages, et l’exploration d’espaces très proches ou très lointains à travers un certain nombre de propositions, cartes, photographies, vidéos, installations, qui redessinent les limites de notre monde réel pour l’ouvrir sur les territoires de notre imaginaire.
Cette exposition, ainsi que celle de la Kunsthalle de Mulhouse « 400 Sonnets in ReverseTogether Seb Patane »
a  été réalisée en parallèle  avec  Art Basel et proposait aux visiteurs des navettes pour aller de l’une à l’autre.
Avec la complicité de Sophie Kaplan,  Gilles A. Tiberghien  a choisi une quarantaine d’artistes, des « historiques » (Richard Long, Ulrich Rückriem, Gloria Friedmann, Robert Filliou le facétieux, (La Joconde est dans l’escalier…) etc) et de nouveaux venus prometteurs comme Cyprien Gaillard, prix Marcel Duchamp 2010
vu à la Kunsthalle de Mulhouse , et excusez du peu, la vidéo ( Pruitt-Igoe Falls, 2009)  a été choisie par  François Pinault  pour « Le monde vous appartient » au Palazzio Grassi,  et l’étrange Real Remnants of Fictive War,
Un catalogue est co-édité par le CRAC Alsace et les Presses du Réel, dans la collection « Oeuvres en sociétés – Album ».
Le catalogue est une sorte de « contre allée », une exposition parallèle qui, reprenant les oeuvres de l’exposition les organise autour d’extraits inédits de carnets de voyages de Gillles A. Tiberghien et de textes écrits par des poètes, parmi lesquels Pierre Alferi, Emmanuel Hocquard, Jean-Christophe Bailly, Pascalle Monnier et Yannick Liron. Le tout est précédé d’une introduction détaillée de Gilles A. Tiberghien.
Prix de vente: 22 €
www.lespressesdureel.com
CRAC ouverture du mardi au vendredi de 10h à 18 h
– les samedis et dimanches de 14h30 à 19h
photos de l’auteur

Roman Opalka s'est arrêté de compter

Une fois n’est pas coutume, je vais parler d’une exposition que j’irai  voir dans la semaine à venir, que j’ai incluse dans mon tour du Leman :
Roman Opalka, (1931- 2011)
une vidéo reportage à voir ici (source INA)
ma vidéo à la Chapelle de la Visitation

Roman Opalka - détail

à la Chapelle de la Visitation – espace d’art contemporain
25 rue des Granges – 74200 Thonon
et à la Galerie de l’Etrave – espace Maurice Novarina
4 bis avenue d’Evian – 74200 Thonon
Le vertige de l’infini
Première des quatre expositions de la saison 2011-2012, « Opalka, le vertige de l’infini » s’inscrit dans le cadre de l’une des thématiques – à savoir ici, « Suite, série et variations » – sur lesquelles s’appuiera la programmation de la
Chapelle de la Visitation de Thonon-les-Bains au cours des trois prochaines années. Comme il en sera dorénavant chaque été, elle se développe aussi sur un autre site, la Galerie de l’Étrave-espace Maurice Novarina, permettant d’en déployer plus largement le propos.
L’exposition que la Ville de Thonon-les-Bains consacre à Roman Opalka est surtout l’occasion de rendre hommage à un artiste qui fête cette année ses 80 ans.  (décédé le 6 août 2011 à Rome) Avec tout un lot d’autres manifestations qui se tiennent à Londres, en Corée du Sud, à Venise, à Vienne, à Milan et à Anvers, elle participe de la sorte à célébrer « l’année Opalka ».
Expression majeure d’une histoire de l’art contemporain, la démarche de cet artiste relève d’un projet d’oeuvre qui égale un projet de vie. Depuis 1965, Opalka a fait le choix d’une posture radicale qui consiste à peindre l’ensemble des nombres entiers naturelssuivant un protocole qu’il s’est inventé et duquel il n’a jamais dérogé, sauf à infléchir l’une de ses modalités : toujours le même format de toile, la même qualité de peinture, le même type de pinceau ; toujours s’enregistrer énonçant en polonais – sa langue maternelle – le nombre qu’il est en train de peindre ; toujours se prendre en photo à la fin de chaque séance de travail. Enfin, si Opalka a peint le premier tableau en blanc sur fond noir, puis quelques autres sur d’autres fonds, à partir de 1972, il décide d’ajouter d’une toile à l’autre 1% de blanc au fond gris de sa toile, le conduisant aujourd’hui à travailler blanc sur blanc dans l’éclat le plus sublime de la peinture.
Roman Opalka - portraits

A la Chapelle de la Visitation, au dispositif minimal qui rassemblera une peinture, une série d’ Autoportraits photographiques et deux « cartes de voyage » – prolongement du travail jadis effectué sur de petits formats à la plume et encre noire dès qu’il était éloigné de son atelier – s’ajoutera une série d’estampes réalisées par l’artiste entre 1968 et 1970, très rarement vues en France. Celles-ci – qui font écho à l’aventure du « programme » entamé en 1965 – en disent long d’une époque charnière où l’artiste s’apprête à s’y adonner de façon exclusive.
A la Galerie de l’Étrave seront présentés différents ensembles d’oeuvres, tant dessinées que peintes, datées entre 1949 et 1964, pour la plupart jamais vues en France. Il en sera ainsi de quelques trentehuit dessins figuratifs de jeunesse, notamment quand Opalka était à l’école des Beaux-Arts de Varsovie, d’une série abstraite de grandes gouaches sur papier sur le thème : Etude sur le mouvement (1958-1960) et d’une autre plus gestuelle, à la tempera, intitulée Fonemat (1964).
Ici et là, autant d’oeuvres qui permettront d’appréhender la démarche de Roman Opalka à l’aune d’une histoire comme on ne la connaît pas généralement et qui en éclairciront la trajectoire. « Opalka, le vertige de l’infini », une exposition résolument inédite, rendue possible grâce à la complicité amicale de l’artiste.
Philippe Piguet,
commissaire d’exposition
Roman Opalka est né le 27 août 1931, de parents polonais, à Hocquincourt dans la Somme, où son père était mineur. La crise en France pousse ses parents à retourner en Pologne en 1935, où l’attend une vie extrêmement difficile car le père est au chômage, avant d’être mobilisé en 1939. La famille est déportée en Allemagne pendant toute la durée de la guerre.
Elle sera libérée en Avril 1945 par les troupes américaines et retourne en France, avant de repartir définitivement en Pologne en 1946, où l’Armée Rouge les « attendait »…
Roman Opalka suit d’abord une formation de lithographe en 1946, puis étudie à l’Ecole des Arts appliqués de Lödz et à l’Académie des Beaux-Arts de Varsovie, d’où il sort
Magister of Art.
Très vite, son travail est remarqué et reconnu en Pologne et à l’étranger, et tout d’abord en Italie. Il reçoit de nombreux prix (cf. liste jointe).
En 1975, il est invité par le DAAD à Berlin, rencontre en 1976 celle qui va devenir sa femme, Marie-Madeleine Gazeau, et s’installe définitivement en France en 1977 ; d’abord à Paris, puis en 1979 dans le sud-ouest à Bazerac.
En 2006, il découvre, enfin, dans le pays de la Loire, l’atelier de ses rêves dans une ancienne grange dîmière qu’il restaure, où il vit et travaille et dont l’espace et l’architecture lui procurent une sérénité et un bonheur sans cesse réaffirmés.
Principaux prix et titres honorifiques
1968 Grand prix de la 1e Biennale internationale d’Arts graphiques de Bradford (G.-B.).
1969 Médaille d’or du graphisme à l’exposition «Gold Bunch of Grapes» à Jelenia Gora.
1970 Prix de la 3e Biennale internationale d’Arts graphiques de Cracovie, Pologne. Prix de la 2e Biennale internationale d’Arts graphiques de Bradford, Grand-Bretagne.
Prix de la 7e Biennale internationale d’Arts graphiques de Tokyo, Japon.
Prix du Art Museum Ohara, Tokyo, Japon.
1971 Premier prix du ministère de la Culture et des Arts de Pologne.
1977 Prix de la 14e Biennale d’Arts graphiques de São Paulo, Brésil.
1991 Prix national de la Peinture, Paris, France.
1993  Kaiserring, prix de l’Art de la Ville Goslar, Allemagne.
1996 Prix spécial du ministère des Affaires Etrangères, Varsovie, Pologne.
2009 Commandeur dans l’ordre des Arts et Lettres, Paris, France.
Médaille d’or du Mérite culturel « Gloria Artis », Varsovie, Pologne.
Exposition du 2 juillet au 2 octobre 2011.
Entrée libre et visites commentées gratuites.
Ouvert du mercredi au dimanche inclus, de 14h30 à 18h.
Images  Internet et presse

Festival Météo

 

Vanitas - Presentimiento (C) Fernando Vicente

du 11 au 27 août 2011
À chaque année ses saisons. À chaque saison sa couleur, sa température
et sa lumière. Pas deux hivers pareils, pas un été qui ne
daigne commencer à la date prescrite. Toujours trop, jamais assez…
Ça fait brailler les promoteurs touristiques, mais c’est ainsi. Et
chaque année il faudrait recommencer en prenant bien soin : toujours
assez, jamais trop.
Eh bien non ! Comme un arbre qui n’attend pas qu’on lui en donne
l’autorisation ni qu’on l’y encourage, ce festival crée chaque année
ses nouvelles branches, ses nouveaux bourgeons. Il fleurit, donne
ses fruits, plus ou moins selon les années. À l’automne on l’oublie
un peu, quelques fleurs et quelques fruits sont tombés à terre et
seront la fécondité de la saison prochaine.
Ce programme n’a pas été composé autrement : au gré du vent et des
intempéries, et des fruits tombés durant 27 éditions.
Notre arbre accueille volontiers les enfants turbulents et les
oiseaux de passage, il offre un coin frais au promeneur et un grattoir
au bétail. On y croise des bûcherons hésitants et des brigands
en embuscade. On y attend sans le savoir l’amoureuse venue cueillir
quelques fruits… Sur notre arbre aucun n’est défendu : goûtez-les
tous !
Bon festival
Adrien Chiquet

Tout sur le Festival ici
Programme complet
Le Blog

RÉSERVATIONS – TARIFS


LOCATIONS, RÉSERVATIONS


Par Correspondance :

Nous faire parvenir un chèque du montant exact à l’ordre de Jazz à Mulhouse. Les billets vous seront remis à partir du mardi 23 août à 19h au Théâtre de la Sinne.
Réservations Téléphoniques :
au (+33) 03 89 45 36 67
Les billets réservés par téléphone sont à retirer au Théâtre de la Sinne le mardi 23 août à partir de 19h et jusqu’à 22h puis au Noumatrouff à partir de 20h le reste de la semaine.

TARIFS

⌘ LAISSEZ-PASSER GLOBAL >>> 75€
>>> L’INTÉGRALITÉ DU FESTIVAL
5 JOURS – 24 CONCERTS – 2 PROJECTIONS
⌘ PASS 1 SOIRÉE NOUMATROUFF >>> 20€
>>> 3 concerts (2 le samedi)
⌘ PASS 1 JOUR SAX >>> 10€
>>> 2 concerts
⌘ PASS 1 JOUR DMC >>> 10€
>>> 2 concerts (2 le vendredi et 1 le samedi)
⌘ PASS CONCERT SAINT-JOSEPH >>> 16€
>>> 1 concert
⌘ PASS CONCERT MINUIT >>> 5€
>>> dernier concert au Noumatrouff (sauf samedi)

⌘ Les concerts à la Chapelle Saint-Jean et à l’Église Sainte-Geneviève sont à entrée libre.

Tarif Carte Culture U.H.A pour tous les concerts : 5,50€.

Guillaume Barth "DEYE NAWE"

Sélestat a trouvé son petit prince, c’est ainsi qu’a présenté, la déléguée à la culture de la ville de Sélestat, Guillaume Barth . Il en a les boucles et le visage angélique.
Jamais on imaginerait un performeur  passionné,  diplômé d’Arts Plastiques  avec les félicitations du jury  en 2010, issu de l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg, sous cet aspect juvénile.
« Le projet Mermoz est l’aboutissement d’un engagement total depuis plus d’un an, au delà de l’aspect plastique de l’exposition et de l’histoire liée à l’aéropostale, il s’est construit avec une part d’inconnue, celle de l’aventure et de la traversée du Sahara entre autre qui est moteur dans mon travail.
A Sélestat c’est le résultat de l’ensemble du projet qui est présenté, le parachute par exemple a été construit avec la bâche qui recouvrait la camionnette sur le trajet retour, les nombreuses pannes ainsi que les aléas de ce dernier trajet m’ont donné l’idée de dessiner le parachute car j’ai eu le sentiment de devoir abandonner la camionnette et « Louis » à plusieurs reprises. 
Ce parachute m’a permis d’atterrir en douceur dans ma cour au 4 rue Jean Mermoz ! »
(Guillaume Barth)

parachute – Guillaume Barth


Rue au nom prédestiné, d’où il est parti le 4 janvier 2010, pour effectuer un trajet de 6900 km, traversant différents pays dont l’Espagne, le Maroc, la Mauritanie, avant d’atterrir à l’aéroport  Bango de St Louis  au Sénégal.
Ce périple a été marqué par plusieurs étapes, qui ont été consacrées à des résidences d’artistes, des collectes d’images, des enregistrements, des réalisations de maquettes, de dessins, de récupérations de matériaux en vue de la construction de l’avion. (extrait de la presse nationale « le soleil » à Dakar, du journaliste Samba Oumar Fall )
« Il a fallu deux mois et demi pour finaliser la sculpture de cet avion que j’ai baptisé
« Louis ».
L’avion a  été assemblé à Saint-Louis, avec un menuisier du nom de
Mame Sarr »
DEYE NAWE = ça vole en wolof
exposition à la Chapelle St Quirin de Sélestat
 jeudi au  dimanche 21 août 2011
de 14 h à 18 h
entrée libre

Lucian Freud est mort

Lucian Freud, peintre est  décédé mercredi 20 juillet, à son domicile de Londres. Il était âgé de 88 ans.

lucian-freud-autoportrait-aux-godillots

Vidéo ici
Harry Bellet – Le Monde
Il aimait peindre la souffrance du corps, la déliquescence des chairs. De ses pinceaux rugueux, il maltraitait hommes et femmes sans distinction. C’est pourtant « paisiblement », selon son avocate, que Lucian Freud est mort mercredi 20 juillet, à son domicile de Londres. Il était âgé de 88 ans.
Né le 8 décembre 1922 à Berlin, il était le fils de l’architecte Ernst Freud et le petit-fils du psychanalyste Sigmund Freud. Il était aussi devenu l’artiste vivant le plus cher du monde, après que le milliardaire russe Roman Abramovitch eut acquis, en 2008, un de ses tableaux pour la somme record de 34 millions de dollars.
C’était aussi, sans doute, un des plus farouches : outre-Manche, la presse avait été scandalisée par son attitude, alors qu’il devait peindre le portrait de la reine. Il avait exigé que Sa Majesté vienne à l’atelier. On ne sait si elle accéda à la demande du maître, mais le portrait qu’il fit d’elle est un des plus atroces qui soient.
la suite ici (réservée aux abonnés)
 ma visite de l‘exposition de 2010 sur mon blog

Performance – flânerie Dector et Dupuy suite

Parfait comme le cercle de Giotto et Symphonie Monoton Silence
 
Altkirch
Nous descendons comme prévu, à la gare d’Altkirch, sans perdre de temps, nos guides nous arrêtent devant un banc, où un ingénieux épicurien, mais néanmoins fainéant, a réussi à coincer la capsule d’une bouteille de vin AOC, à l‘unique endroit possible de la maintenir.
Michel Dector
Puis ils nous demandent le silence. Nous avons évité la pluie, prévue en abondance à cette heure-ci, mais l’imprévu s’est manifesté bruyamment. Nous attendons religieusement le départ de l’importun.
Et là miracle, on se croirait à la Chapelle Ste Rita, devant l’imposante cimenterie, où les 2 obliques du logo  le H et le C, répondent à la verticalité architecturale du bâtiment. Il n’y plus cette pollution de poussière grise, dont se souviennent les anciens,  les normes plus difficiles, ont contraint les propriétaires à se conformer aux obligations de 2001.
Mais il reste le son de  la cimenterie, en continue, le soir on l’entend au loin, monotone avec une  variation juste modulée par le vent , il se répand dans l’espace et sur la ville. En regard l’énorme silo et en face sur la colline avec l’église, 2 monuments complémentaires
(vidéo ici), nappe continue qui remplit l’espace,  à l’écoute de la Symphonie Monotom Silence.
Les sonneries découpent le temps. Les fils électriques devant la cimenterie d’Altkirch, sont comme la portée de cette note unique que l’on distingue de très loin.
Chemin faisant nous passons devant ce que nos interlocuteurs considèrent comme le paradis  perdu, baigné par le cours d’eau, les  couleurs des maisons à 3 étages, les  tas de bois pour l’hiver, et les barbecues d’été, un endroit harmonieux et convivial, parasité par les 2 bancs vandalisés.
Lorsque l’on grimpe dans les hauteurs de la ville, dans un
jardin, un maquette du château de Montbéliard. De  1397 1475, il appartient à la famille Montfaucon,  puis  aux Ducs de Wurtemberg.
La Tour Henriette (1424),suivie de la Tour de Frédéric (1572), sont des témoins de la Renaissance allemande
maquette du Château de Montbéliard
 
Situé à Montbéliard ce château  abrite à présent, le Musée Cuvier, où l’on peut voir les travaux du paléontologue, ainsi que de l’art contemporain, par exemple :  Jean Messagier  « Docteur ès Printemps » assimilé à l’Abstraction Lyrique,  écolo éminent, qui s’opposa fermement au  creusement du canal Rhin Rhône par la création d’une toile « Notre vallée ne doit pas mourir. » toujours exposée dans ce musée.
2 Montbéliardais illustres, (dont  le surnom des habitants est  » Trissus » …. )
Puis nous cheminons à travers une belle porte ancienne pour nous arrêter  devant une porte flanquée de poubelles. C’est là que se situe l’histoire de Giotto connu pour ses extraordinaires capacités
de dessin, parfait comme le cercle de Giotto.
Ici le trait est plus qu’ imparfait. Mais le cercle synthétise les 2 panneaux l’un de sens interdit et l’autre de stationner. Coup de force sémantique fait des 2 sens.

Plus loin un contestateur a manifesté ses idées, par un graffiti sur un mur.
Pour l’inscription de Lipp , il existe un couple  le pinceau pour écrire, le rouleau pour recouvrir.Ici c’est  la bombe pour écrire et le karcher pour décaper, donc un nouveau couple antagonique. Celui qui tente d’effacer toute l’écriture essaie plutôt de le faire en dégradé, plutôt que d’attaquer le crépi, où il resterait gravé l’inscription pérenne, subtilement il a affaibli le sens  du slogan, en nous laissant deviner l’idée et par notre inaction nous suggère d’être un peu  ses complices. ( A Bas etc …  à mort les C…  etc …)
C ? cette espèce de fantôme, qui visiblement suscita l’ inspiration générale.
Le premier lieu de la prière chrétienne de la région du Sundgau reçut le nom de « Alta kirche » (église haute) en raison de sa situation géographique. C’était il y a bien longtemps et depuis 3 édifices religieux se sont succédés. Altkirch signifie « vielle église » en alsacien, il y a cependant une possibilité pour que  le nom d’Altkirch proviennent en fait de cette Alta Kirche, qui fait donc référence à une église en hauteur, plutôt qu’à une vieille église.
Un endroit élevé où il y avait un château du 11e  s, appartenant aux comtes de Ferrette. Elle a été détruite par un tremblement de terre en 1356, qui a causé énormément de dégâts alentours,  devenue une ruine, au 19e s, elles ont été rasées pour la construction de l’église catholique Notre Dame, monumentale, néo-romane, avec de beaux vitraux.
On peut aussi y voir une belle pietà du XVème, un ensemble de 4 statues en pierre d’une grande beauté « le Christ au Mont des Oliviers », des fonds baptismaux du XIIème, une clé de voûte du XIIIème, de belles peintures de Gustave Dauphin « Assomption de la Vierge », « Le Christ mourant » de Jean-Jacques Henner« ,

Jean Jacques Henner Musée des BA de Mulhouse

« Les fiançailles de Marie et Joseph » d’après Raphael…
Les 14 stations du chemin de croix présentent une spécificité originale, certes  pas unique en Alsace :
du côté droit elles sont représentées en allemand, réalisées après 1870 quand l’Alsace est devenue allemande et  du côté gauche elles sont en français, reconstituées après destruction de la guerre de 14-18, quand l’Alsace est devenue française.
Une chose  exceptionnelle et originale est le Cromlech qui  entoure l’église. On penserait plutôt à une interdiction de stationner à la vue de ces grosses pierres qui cernent le chevet de l’église.
Un Cromlech (courbe + pierre)  étant un monument mégalithique. Les scientifiques penchent pour les observations des astres et de la lune.
L’église étant un lieu cultuel, on se trouve ici devant un composé, une sorte de collage, de 2 approches du monde, de 2 conceptions spirituelles, entre une croyance s’appuyant sur le paganisme et l’autre sur le religieux.
Le cromlech d’Alkrich en vidéo
Pérégrinations, rencontres de hasard dessinent une nouvelle manière de voir ensemble,
le terrain d’action de nos guides, la dimension performative minimale : les lieux familiers, ordinaires de notre quotidien, que l’on ne voit plus par accoutumance, par habitude.
Leur travail est un repérage, fait de recueils d’informations minimales, un partage d’imaginaires, qui leur demande tout de même une préparation et une rencontre avec les historiens et bibliothécaire des villes visitées. Chez les 2 M D&D il y a du visible qui nous  est remontré  par le langage.
Nous nous sommes quittés après une crêpes-partie au CRAC d’Alsace , où je vous invite à visiter la très belle exposition «  Pour une  République des Rêves » en nous promettant de nous retrouver, très bientôt pour une nouvelle aventure déambulatoire, satisfaits de notre fin de journée ensoleillée et contents des discussions, échanges et nouvelles rencontres toujours enrichissantes.
photos mélangées avec celles d’Elli Humbert du CRAC  et les miennes, ainsi que mes vidéos « amateur »

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Performance – flânerie Dector et Dupuy

« l’anomique d’aujourd’hui risque bien d’être le
canonique de demain » Michel Maffesoli (« Le temps des tribus« , )

le public attentif

Quel était la trame de ce jeu ? Comment qualifier la chose : flânerie, promenade, visite guidée, parcours orienté, performance, classe verte pour adultes avec enfants autorisés.
Va t’on nous distribuer un questionnaire à la fin de la sortie pour éprouver notre mémoire, nos oreilles et nos yeux, notre niveau de culture générale ? Les questions fusaient parmi les participants du parcours entre la Kunsthalle de Mulhouse et le Crac d’Alsace à Altkirch, 2 visions opposées d’architecture.
Nos guides, artistes anthropologues, sociologues les « Michel en 2 D ou M D&D » –
Michel Dector et Michel Dupuy, s’attachent à de tous petits riens, le petit détail, les bouts d’existence de nos villes les rattachant à des faits, historiques, sociologiques. Ils nous apprennent à voir et à regarder des signes discrets, souvent invisibles à l’œil et à les mettre en correspondance avec des faits, réels ou imaginés. Leur discours bien rodé, leur permet de dérouler un fil bien huilé, empreint de poésie avec 7 points précis dans les villes respectives.
7 mon chiffre porte bonheur, les 7 jours de la semaine, les 7 nains de Blanche Neige ? les 7 péchés capitaux ? les 7 femmes de Barbe bleue, les bêtes de l’Apocalypse ?

 

CRS hors de Lipp

Le premier point nous révèle une inscription à peine apparente sur un mur gris, CRS hors de Lipp, est-ce une solidarité manifestée par les syndicalistes du musée Schlumpf pour leurs collègues de  Besançon s’apparentant à une situation similaire  dans les années 70, une mémoire préservée, officielle, involontaire ? Ils utilisent un joli terme : caviar d’âge, pour dépeindre, les diverses couches, recouvrant l’inscription au fil du temps.

grille sur mur blanc rue des Jardiniers

Puis nous voilà arrêtés devant un mur surmonté d’un quadrillage de barbelés nos guides lui trouvent une beauté géométrique dans sa qualité plastique, le dessin intérieur se répétant sur le contour comme un rinceau, patiné par la rouille du temps. Croisillon unique ancien, opposé à la nouveauté du mur, sert-il de valeur pédagogique, est-il visionnaire des radars installés sur nos routes, par son incitation à ne pas franchir le mur ?
Trois beaux arbres se trouvent dans ce jardin ouvert au public où se trouve l’ancienne villa Jacquet, anciens industriels, dont le nom évoque le musée du papier peint de Rixheim.
Des essences diverses, dont un impressionnant marronnier, unique dans un jardin public de la ville, des hêtres pourpres et un cèdre de l’Atlas incitent à la quiétude. Sur le mur une inscription à peine décelable
Mur du Jardin Jacquet

Chiffres apocalyptiques ? sous l ‘oeil  de Michel D cela peut correspondre à la somme
de 22 . C’est à dire, en extrayant les 3/ 8/ 5/ 6, en les replaçant dans l’ordre numérique dans l’alphabet, cela donne le mot « chef »  attention les f….  j’ignore si j’ai saisi réellement cette explication, je suis ouverte à toute suggestion…
Puis nous tombons en arrêt devant une publicité sur un volet roulant Lakal, quésaco ?
Un palindrome s’exlament les plus savants.
Fondée en 1924 et située à la frontière franco-allemande, LAKAL bénéficie d’une double culture dont les bénéfices rayonnent sur l’ensemble de l’entreprise. Cette particularité leur permet d’appliquer à l’élaboration de leurs produits  une rigueur incomparable et une
créativité continuellement renouvelée.
Nous y voilà, cela prend forme, grille, CRS, store = frontière, slogans, murmure le groupe à l’affût …
performance Dector & Dupuy poubelle près de la chambre de commerce

Nouvel arrêt devant une poubelle par terre à l’intérieur du cercle les lettres FR à l’extérieur les lettres UE. Nos guides n’ayant pas trouvé d’explication  plausible se sont basés par analogie sur une histoire improvisée, hypothétique : l’Europe serait-elle le boulet de la France ?  autre suggestion émise par l’artiste écolo, Yves Carrey « la France serait-elle la poubelle de l’Europe ? » Toutes les suggestions seront examinées.
performance Dector & Dupuy grille devant le square de la gare

Chemin faisant, notre but étant de rejoindre la gare SNCF de Mulhouse pour nous rendre en train à Altkirch, nous traversons le square de la gare, et ô scandale l’élégante grille surmontée d’un chapeau a été victime d’un acte de vandalisme, cette césure interrompt la monotonie de l’ensemble, c’est là que trouve sa justification  la citation de Michel Maffesoli.
C’est un penseur de la post modernité, influencé entre autres par Nietszche et le situationnisme, (qu’il a fréquenté à Strasbourg).
Le désordre dionysiaque trouve ici sa part créatrice – Maffesoli suggère de rester très attentif aux conflits, aux désordres, employant une méthode de suspension morale pour comprendre ce qui est en gestation dans l’apparente décomposition des valeurs d’aujourd’hui. (merci à Michel D.)

Puis nous passons devant l’anneau brisé, sculpture de Louis Perrin, sur fonds d’un hommage à la 2e DB et aux combattants de la 2e guerre mondiale, montrant la souffrance des alsaciens et des » malgré-nous » pendant l’occupation (annexion ?),  avec la perspective de la gare en toile de fonds.
Puis nous prenons le train, c’est là que l’on nous distribue un petit papier, enfin le questionnaire attendu ? Que nenni, c’est un sondage clientèle de la SNCF, inventée pour l’occasion ? Point 7 du premier parcours ?
la suite altkirchoise dans un prochain billet.
Ayant scratché mes photos de dimanche en voulant les redimensionner, je suis retournée sur les lieux du crime, avec un seul témoin, ce qui explique que j’ai mélangé les photos d’Elli Humbert du CRAC  aux miennes, grand merci à elle.
clic sur les images pour les agrandir

 
 
 

400 Sonnets in Reverse,Together de Seb Patane

Bettina SteinBrügge et Seb Patane
La Kunsthalle Mulhouse présente 400 Sonnets in Reverse,Together, jusqu’au 28 août 2011, la première exposition consacrée à Seb Patane * dans une institution publique française. Seb
Patane est né en Italie en 1970. Après son diplôme à Goldsmiths (2002), il a très vite attiré l’attention des critiques par son travail sur de nombreux supports telsque la vidéo, la sculpture, la performance et le collage.
L’exposition de la Kunsthalle présente une sélection d’oeuvres récentes, rassemblées spécialement pour l’occasion. Le commissariat de l’exposition est assuré pour la 3e fois, par Bettina Steinbrügge.
Le titre de l’exposition de Patane à Mulhouse, 400 Sonnets in Reverse, Together, est extrait de la chanson « The Be Colony » (2099) du groupe britannique Broadcast, que l’on peut entendre à l’entrée de l’exposition. L’album d’où la chanson est tirée, Broadcast & The Focus Group Investigate Witch Cults Of The Radio Age, est
un hommage à la chanteuse Trish Keenan, décédée à la suite de complications d’une pneumonie au début 2011.Hommage à Trish Keenan
Dans son article sur l’oeuvre de Patane, Rob Young écrit :
« Profondément enfouie dans la bande sonore, on entend la voix de Patane, bien que déformée électroniquement et donc à peine reconnaissable, chantant le vers en question de manière répétitive. Le morceau est une complainte pour Keenan, mais fait également écho à sa croyance, exprimée dans plusieurs interviews avant sa mort, en la notion de psychédélisme vue comme processus d’autodétermination et de transformation ».
En plus de cette pièce sonore présentée en ouverture, l’exposition permet de voir une nouvelle oeuvre filmique, The Year of the Corn, 2011


Year of The Corn video still


Year of the Corn Installation View

The Year of the Corn, 2011 ainsi qu’une installation s’étendant d’un mur à l’autre du grand hall de la Kunsthalle et présentant, sous forme de narrations multiples,
un riche collage de divers aspects de la pensée contemporaine. Les matériaux de base qu’utilise Seb Patane sont des images de journaux ou de magazines, des pièces de contreplaqué ou des baguettes ressemblant à des accessoires de bricolage et que l’artiste a façonné en formes et structures rudimentaires, et du son fabriqué électroniquement auquel sont souvent adjoints des extraits musicaux. Dans chaque exposition, ces matériaux apparaissent dans une myriade d’oeuvres éphémères, offrant une sorte de vision formalisée du
studio de l’artiste au travail.
Des piquets en bois sont disséminés sur le sol ; des morceaux de carton découpés
semblent étayer le mur de la galerie ; un collage est disposé sur une structure simple
évoquant un chevalet, et des haut-parleurs peuvent être placés sur des supports
fonctionnels comme à un concert de rock.
vue de l'exposition
Ces dessins possèdent par ailleurs une qualité théâtrale « d’inachèvement », les
denses griffonnages à l’encre et les assemblages aux imbrications multiples venant
souvent masquer partiellement une image photographique. L’oeuvre de Patane navigue
entre figuration et abstraction, entre suggestion d’un récit et déconstruction
de celui-ci par la forme fragmentée, mais une tendance semble se dégager de son
travail au cours des dix dernières années, celle d’un retour obsessionnel (en deux
ou trois dimensions) à certaines images archétypales, comme les soldats dans « Les
Mécènes » (« The Patrons »),
Patrons Paper 298
série de quatre grandes images sur écran produites spécialement pour l’exposition de Mulhouse. Patane se livre à un jeu subtil de références, de symboles et de signes touchant des cordes sensibles qui varieront
d’un spectateur à l’autre selon sa propre histoire. La notion de présence/absence se déploie dans des rythmes et des motifs entre ordre et chaos, bruit et silence, image et effacement, aboutissant à un acte poétique au sens d’Alejandro Jodorowsky.
La ligne est un motif récurrent dans l’oeuvre de Patane. On la trouve dans les
bâtons, qui pénètrent d’un mouvement dynamique les installations vidéo et les
sculptures ; dans les collages où elle structure la disposition des tissus ou masque
les visages ; elle est présente aussi dans sa musique électronique. Mais c’est aussi
la ligne du temps qui s’écoule, donc de l’histoire, présente à travers diverses évocations
: guerres, émeutes du 19 novembre 1969 à Milan, vie à l’époque victorienne,
écrits de Trevor Nevitt Dupuy ou un livre récent d’Adi Kuntsman sur la manière
dont violence, sexualité et fait national se combinent pour faire des images de la
masculinité des synecdoques de la nation.
A Series of Graceful Juggling Tricks, Part 3
La ligne est image de la continuité, mais aussi image de violence, de vie ou de clé donnant à chacun accès à son propre psychisme.
Ses installations semblent ouvrir une scène qui analyse les comportements
de groupe à la lumière de « l’effet d’aliénation » dont parle Brecht. En ce qui concerne
les relations humaines, la ligne peut être mince entre ce qui est acceptable et ce qui
ne l’est pas. Ce qui apparaît comme transgressif pour l’un (franchir la ligne), ne l’est
pas pour un autre. Si la ligne est parfois claire, elle peut aussi être brouillée.
A l’occasion de l’exposition mulhousienne, la première monographie sur Seb Patane
sera publiée chez DISTANZ Verlag, avec entre autres des contributions de Rob
Young, Catherine Wood et Heike Munder.
Les dernières expositions monographiques de Seb Patane, dont « So this song kills
fascists », ont été présentées à Art Now, Tate Britain, en 2007, Art Statements, Arts
40 Basel et Constellations, Artissima en 2009. D’autre part, il a exposé en solo à la
Galleria Fonti de Naples en 2007, à la China Art Objects Galleries de Los Angeles
en 2008, ainsi qu’à la galerie Maureen Paley à Londres en 2009. Son travail a été
présenté lors de nombreuses expositions de groupe comme Compass in Hand :
Selections from The Judith Rothschild Foundation Contemporary Drawings Collection,
au Museum of Modern Art à New York et While Interwoven Echoes Drip into
a Hybrid Body, au migros museum für Gegenwartskunst à Zurich. Il a, par ailleurs,
été nominé pour Beck’s Futures en 2006.
texte Kunsthalle
Une performance de Charlotte Aveline illustra le thème de l’exposition lors d’un Kunstapéro. Elle sera renouvelée dimanche le 10 juillet lors de la visite guidée et performance des deux Michel Dector et Dupuy
Charlotte disparait à la fin de la performance par ce trou, en nous laissant pour seul vestige, sa moustache et ses mitaines.
photos 2- 3 et 5 visuels presse
autres photos et vidéo performance de l’auteur
* vidéo vernissage Le Furet Mulhousien