Art Basel Public Art Project 2 (suite 3)

art-basel-inconnue.1245324129.JPGUne concurrence sérieuse pour Eva et  Adèle , artistes omniprésentes dans le monde de l’art contemporain ? Elle avait une telle renvie d’être vue et photographiée, qu’ici elle trouvera sa minute de célébrité
En jouant sur l’ambiguïté du titre “Hard-Pressed Cable” (2008), la contribution de Gabriel Kuri
gabriel-kuri.1245323547.JPG(Galleria Franco Noero, Turin) dévoile en grande partie la dimension du contenu de ce travail. D’une part, le titre évoque la façon dont la langue des initiés de l’industrie de la communication désigne un message instantané urgent, et d’autre part, il joue directement sur la compression physique. La sculpture se compose d’un mur d’affiches grand format vide installé sur le sol, muni de spots de lumière fluorescente contre lesquels une boîte de jus de fruits tropicaux broyée est compressée à l’aide d’une longue poutre de bois. Le contraste entre le poids physique réel de la structure et la légèreté de la boîte de jus de fruits est saisissant. Les fonctions commerciales et publicitaires du mur d’affiches subissent un processus d’appropriation artistique afin que l’image en appelle à une oasis lointaine qui repose à plat sur la ligne de fuite de sa surface. Enfin, c’est ce que j’ai lu dans la description …
La sculpture “Untitled” (2009) de Mathieu Mercier (Mehdi Chouakri, Berlin) ressemble à une ligne monochrome mathieu-mercier.1245323706.JPGmonumentale issue de recherches scientifiques sur notre sens de la vue: en observant l’espace environnant, l’œil saute de point en point, de détail en détail et ne perçoit pas d’un coup l’ensemble de la structure. A la frontière entre architecture et design, les objets-sculptures de Mercier sont profondément reliées à nos schémas de comportement habituels. cela renvoie à la ligne indéterminé de Benoît Venet.
David Zwirner, New York, présente la nouvelle installation “Liftoff” (2009) de John McCracken, une sculpture constituée d’un pilier en angle droit en acier inoxydable. john-mc-cracken.1245323826.JPGMcCracken, qui peut être rattaché aux Minimalistes de la Côte Ouest, appelle ses objets “blocs, plaques, piliers, planches. De belles formes neutres basiques”. Par leur effet de miroir sur la Place de la Foire, mais aussi sur le spectateur, les surfaces lisses et pleines de couleurs confèrent elles aussi à l’œuvre une toute nouvelle dimension.
Les passants ne manquent pas de s’y prendre en photo, peu de gens résistent à cette mise en abîme.
Ken Price (Matthew Marks Gallery, New York) présentera “Bulgogi” (2009), sa première sculpture extérieure de format monumental qui dépasse deux mètres de haut. Cette installation permettra ken-price.1245323949.JPGau spectateur d’avoir une vision complètement différente de l’œuvre de l’artiste. Elle est composée d’éléments en terre cuite recouverts de nombreuses couches de peinture très colorée. Ces couches poncées donnent à la surface des aspects très variés.
Photos de l’auteur

Art Basel suite 2


Fondée par un groupe de galeristes bâlois dont Ernst Beyeler,
Art Basel eut lieu pour la première fois en 1970. Rapidement, ce rendez-vous qui réunit toutes les formes d’expression artistique s’imposa comme un must. Aujourd’hui, pour la 40e édition, plus de 60.000 artistes, collectionneurs (l’aéroport est le rendez-vous des jets privés), galeristes, commissaires d’expositions et amateurs d’art se précipitent à Bâle tous les ans en juin. Pour retenir 280 galeries, ils n’ont que l’embarras du choix dans plus de 1100 dossiers de candidature…
Même si tout cela est très feutré, les galeries du monde entier se battent pour entrer dans ce  saint des saints du marché de l’art. Car Art 40 Basel est tout simplement la plus importante foire d’art au monde. Autrement dit, on ne fait pas mieux sur la planète dans le domaine de l’art moderne et contemporain.
Moins d’oeuvres monumentales délirantes, y compris dans la section baptisée Art Unlimited (art sans limite). Moins de prise de risque, et un retour à des talents plus sûrs, des artistes confirmés plutôt que des jeunes vedettes lancées à grand renfort de bouche-à-oreille.
brad-pitt.1245104138.jpgQuoique invitée au « First Choice » parmis la quantité de collectionneurs, j’ai manqué Brad Pitt, chemise blanche, jeans, casquette et lunettes de star, traqué par les caméras, dévalisant la galerie de la milanaise Rossana Orlandi. Il a rempli son charriot en achetant des pièces d’un tout jeune designer, Nacho Carbonell, pour un total de 84 000 dollars, et trois installations de l’atelier Van Lieshout, dont celle se trouvant à l’entrée de la foire, la Mini Capsule Hotel, qu’il destine, selon The Art Newspaper, à servir de cabine sur sa plage privée de Santa Barbara. Il aurait acquis, pour environs 1 million d’euros, une toile intitulée « Etappe » de l’artiste allemand Neo Rauch.neo-rauch-etappe.1245104648.jpg
Suivait la directrice du Garage de Moscou,  Dasha Zhukova, ayant dans son sillage, un habitué d’Art Basel, le multi-milliardaire Roman Abramovitch,qui souhaitait un Warhol pour sa nouvelle maison. Roman Abramovitch  y  faisait  ses emplettes.
Karl Lagerfeld déambulait tel un monarque tout de noir vêtu, suivi d’une cohorte de jeunes éphèbes tout en blanc .
Pour ma part, j’ai retenu Anish Kapoor, plasticien indien, dans ses oeuvres d’acier scintillantes, étincellant comme un rubis ou comme une émeuraude, présent chez quelques galeristes,  il faisait la joie des invités lors du vernissage, c’était à qui s’y mirait le mieux en une myriade d’exemplaires, comme un ciel étoilé.


Giuseppe Penone très présent aussi, avec ses toiles, aux épines d’acacias, sur cuir, ou soie, ou ses arbres sculptés, dans lesquels il incorpore du bronze. Son œuvre se caractérise par une interrogation sur l’homme et la nature, sur le temps, penone.1245107197.JPGl’être, le devenir, l’infini, le mouvement, et par la beauté affirmée de ses formes et de ses matériaux. Convaincu que le paysage est chargé de signes inscrits dans la mémoire des matières végétales, organiques et minérales, il tend dans ses œuvres à révéler une présence humaine, à l’intérieur de ces sculptures qui rappellent une virginité, une pureté de la nature. Il veut y intégrer cette sensibilité, cette culture humaine comme s’il ne faisait que la découvrir, la révéler, et il tente de la provoquer, de l’extraire, en créant des empreintes liant étroitement humanité et pureté de la nature. (par les moulages, sculptures..). Ainsi, le geste de l’artiste met en évidence dans les espaces sans culture (humaine), des signes profonds de la présence, voire du destin de l’homme. Son œuvre montre aussi la métamorphose que le temps produit sur la matière.
Pipilotti Rist avec son installation vidéo « calme à travers  le mur », l’artiste suisse incorpore dans ses vidéos des effets cinématographiques. Elle met à profit les « défauts » de l’image et utilise le brouillage, le flou, les renversements pipilotti-rist.1245107625.JPG( l’image peut se retrouver inversée ou sur le côté comme dans l’une de ses vidéos où le spectateur est invité à se coucher pour la regarder Art Basel 2008), le rythme, les plans rapides, les couleurs, les sons et la musique.
A la galerie Landau de magnifiques Giacometti homme qui marche, tête, toile, invitation à l’exposition de la Fondation Beyeler.
Un magnifique dessin de 1878 au crayon graphite sur papier, représentant un moine hindou, d’une finesse, propre à Georges Seurat.
Au premier étage The Simple Things (2008), une pièce sous vitrine et facile à trouver : il y a un agent de la Securitas qui ne la lâche pas d’un œil…
Une pièce née de la rencontre de Pharrell Williams, musicien, chanteur, star du rap et… amateur de bijoux ostentatoires et du plasticien japonais Takashi Murakami. L’Américain a choisi sept objets de son quotidien (une boîte de Coca, un paquet de chips, du lait de bébé, un préservatif, une basket…) qui ont été recouverts d’or blanc et de diamants et placés dans la « gueule » d’un murakami-the-simple-thing.1245107930.JPGmonstre coloré qui les défend…
« Beaucoup vont se déchaîner avec un énorme plaisir contre cette pièce, imagine Emmanuel Perrotin, galeriste, mais pour moi c’est de la culture, pas du bling. En ces temps de crise, le cynisme voudrait qu’aujourd’hui, on ne montre que des choses pas chères… »
Et le galeriste d’oser une comparaison :  » Un orchestre symphonique, ce serait bling et un guitariste qui fait du folk tout seul, de la culture …. « 
Photos 3/4/5 et vidéo 2 de l’auteur

Art Basel Public Project 1

Public Art Project 1
Dans l’ensemble, j’ai trouvé les installations un peu faibles par rapport aux années précédentes.
valentin-caron.1244807951.JPGLa Galerie Eva Presenhuber,  de Zurich, présente l’installation “Fosbury Flop” (2009) de l’artiste suisse Valentin Carron, une gigantesque croix en bois qui soulève des questions quant à la sublimation des objets symboliques que l’artiste trouve dans son environnement immédiat. Cette croix est une sculpture publique à laquelle se mêlent des connotations religieuses universelles, mais elle représente aussi, avec ses deux lignes entrecroisées, un relief abstrait qui renvoie à des valentin-caron-2.1244808057.JPGstratégies artistiques abstraites. Pointant vers le ciel rougeoyant à la sortie du vernissage, on peut y trouver un côté romantico-nostalgique.
A la fois objet d’art et oeuvre d’art, l’installation “AIDS sculpture” (1989) évoque la fin des années
80 et le début des années 90, qui ont vu l’épidémie de sida faire partout la manchette des journaux.La sculpture en métal laqué atteint presque deux mètres de haut. Elle a été réalisée en 1989 par AA Bronson, Felix Partz et Jorge Zontal, des artistes qui appartenaient au groupe General Idea (présenté par Esther Schipper, Berlin; Galerie Mai 36, Zurich; Galerie d’Art Contemporain Frédéric Giroux, Paris) – à une époque où peu d’œuvres d’art avaient spécifiquement pour objet le sida. Inspiré par l’oeuvre célèbre de l’artiste américain genral-idea-aids.1244809983.JPGRobert Indiana, General Idea a remplacé le mot LOVE traduit sculpturalement, par le mot AIDS, en comprimant les lettres sur deux rangées, à l’intérieur de contours formant un carré parfait. Exposée dans divers lieux depuis 1989, la sculpture a été recouverte au fil de ses pérégrinations d’une épaisse couche de graffitis qui sont devenues partie intégrante de l’œuvre, et que l’on rencontrerait plus facilement dans une banlieue que sur la sélecte place de la Foire.
Mark Handforth (Galerie Eva Presenhuber, Zurich) a intégré dans son installation “Platz” (2007)mark-hardforth.1244808183.JPG
des maillons de chaîne de taille gigantesque qui s’entrelacent et composent une forme quasiment organique. Dans son installation sculpturale, Handforth déplace des objets familiers dans un environnement inconnu pour montrer d’une nouvelle façon comment ces objets existent et fonctionnent dans notre vie quotidienne. Il les représente ainsi métamorphosés dans une nouvelle forme d’allégorie physique. Pour moi gourmande cela me fait penser à un gigantesque sorbet mangue-framboise.
“Loop Bench” (2006) de l’artiste danois Jeppe Hein (Johann König, Berlin) est une oeuvre inspirée d’un simple banc public dans sa forme initiale. De taille absurdement surdimensionnée, le banc forme une longue boucle constituée de bancs avec des lignes croisées et courbes sur lesquelles
jeppe-hein.1244808450.JPGle visiteur peut s’asseoir. Ce banc possède en même temps sa propre qualité sculpturale. Son trait caractéristique repose sur la réaction ou l’interaction qu’il suscite de la part du spectateur, et sur la manière dont cette réaction se propage et place ainsi l’installation au centre de rencontres inopinées. Selon l’heure il est tristement vide, mais surtout dès que le soleil pointe et que le public afflue il prend toute sa fonction de possibilité de communication. jeppe-hein-2.1244808862.jpgJe m’y suis posée en observatrice, je constate que les contacts entre les personnes se font plus facilement en virtuel qu’en live. Brassens était dans le vrai pour les amoureux, mais pour les solitaires point de salut, dans la vie réelle.
photos de l’auteur
à suivre