Bijoy Jain / Studio Mumbai

A la Fondation Cartier jusqu'au 21 avril 2024
avec les artistes :
Alev Ebüzziya Siesbye et Hu Liu
Commissaire de l’exposition : Hervé Chandès,
Directeur Général Artistique de la Fondation Cartier
Commissaire associée : Juliette Lecorne,
conservatrice à la Fondation Cartier

En tant qu’architecte, j’apporte la plus grande
considération à la façon dont sont créées les choses.
L’essentiel est d’être attentif à l’environnement naturel,
aux matériaux et aux habitants.
L’espace et l’architecture doivent être inclusifs.
Bijoy Jain

Du 9 décembre 2023 au 21 avril 2024, la Fondation Cartier
pour l’art contemporain présente Le souffle de l’architecte,
une exposition spécialement créée pour l’institution par
larchitecte Bijoy Jain, fondateur du Studio Mumbai en Inde.
Il est l’auteur d’une oeuvre témoignant d’une profonde préoccupation pour la relation entre l’homme et la nature, et dont le temps et le geste sont des facteurs essentiels.
Il est l’auteur d’une oeuvre témoignant d’une profonde préoccupation pour la relation entre l’homme et la nature,
et dont le temps et le geste sont des facteurs essentiels.
Explorant les liens entre l’art, l’architecture et la matière, Bijoy Jain propose à la Fondation Cartier une création totale :
un espace de rêverie et de contemplation en dialogue avec
le bâtiment iconique de Jean Nouvel.

Le souffle de l’architecte

Bijoy Jain imagine une exposition qui se vit comme une expérience
physique et émotionnelle.
Le souffle de l’architecte offre aux visiteurs une véritable
invitation à respirer, à errer en toute quiétude, à redécouvrir
le silence :
« Le silence a un son, nous l’entendons résonner
en nous. Ce son connecte tous les êtres vivants. C’est le souffle
de la vie. Il est synchrone en chacun de nous. Le silence, le
temps et l’espace sont éternels, tout comme l’eau, l’air et la
lumière, qui sont notre construction élémentaire. Cette abondance
de phénomènes sensoriels, de rêves, de mémoire, d’imagination,
d’émotions et d’intuitions provient de ce réservoir d’expériences,
ancré dans les coins de nos yeux, dans la plante de nos pieds,
dans le lobe de nos oreilles, dans le timbre de notre voix, dans
le murmure de notre souffle et dans la paume de nos mains
Convoquant l’ombre et la lumière, la légèreté et la gravité,
le bois, la brique, la terre, la pierre ou encore l’eau,
l’architecte dessine une traversée sensorielle, en résonance
avec la matière. Élaborée au rythme du souffle et façonnée
à la main, l’exposition déploie une installation composée
de fragments architecturaux.

Sculptures en pierre ou en terracotta, façades d’habitats
vernaculaires indiens, panneaux enduits, lignes de pigments
tracées au fil, structures en bambou inspirées des tazias
– monuments funéraires portés sur les épaules à la mémoire d’un
saint lors des processions musulmanes chiites – ces constructions
transitoires et éphémères présentent un monde à la fois infini
et intime et nous transportent dans des lieux aussi proches
que lointains.

Bijoy Jain convie également l’artiste chinoise vivant à Pékin
Hu Liu et la céramiste danoise d’origine turque demeurant
à Paris Alev Ebüzziya Siesbye. Accordant la même importance
à la maîtrise rituelle du geste, à la résonance et au dialogue
avec la matière, tous trois partagent le même ethos et la même
sensibilité. Les dessins monochromes noirs de Hu Liu sont
entièrement réalisés au graphite, par l’itération d’un même
mouvement, afin de révéler l’essence d’éléments naturels :
l’herbe caressée par le vent, le ressac des vagues ou la
silhouette des branches d’un arbre.

Les céramiques d’Alev Ebüzziya Siesbye, comme en apesanteur,
sont également le fruit d’une grande dextérité et d’un dialogue
intense avec la terre.


Pour Bijoy Jain, le monde physique que nous habitons est
un palimpseste de notre évolution culturelle. L’humanité
traverse un paysage en constante évolution, dont les écritures
successives s’entremêlent.

Le souffle de l’architecte tente de donner un aperçu, aussi
fugace soit-il, de la sensorialité qui émane de l’architecture,
de la force intuitive qui nous lie aux éléments et de notre
rapport émotionnel à l’espace.

Bijoy Jain et le Studio Mumbai

Né en 1965 à Mumbai, en Inde, Bijoy Jain a étudié l’architecture à l’Université
de Washington à Saint-Louis, aux États-Unis.
Entre 1989 et 1995, il développe sa pratique architecturale à Los Angeles
dans l’atelier de maquettes de Richard Maier pour le Getty Museum, tout en
étudiant sous la direction de Robert Mangurian, fondateur de Studio Works.
Il a également travaillé à Londres avant de retourner en Inde en 1995.
Les créations de Studio Mumbai ont fait l’objet d’expositions dans
de nombreuses galeries à travers le monde, ainsi que d’acquisitions dans
les collections permanentes du Canadian Centre for Architecture, du MOMA à San Francisco et du Centre Pompidou à Paris.


Le travail de Studio Mumbai a fait l’objet d’expositions internationales notamment au Victoria and Albert Museum de Londres
en 2010, mais aussi à la Biennale de Sharjah en 2013, à Arc en rêve centre
d’architecture à Bordeaux en 2015, ainsi qu’à la Biennale d’architecture
de Venise en 2010 et 2016.
la Grande Médaille d’or de l’Académie d’Architecture de Paris (2014), le BSI
Swiss Architecture Award (2012), le Spirit of Nature Wood Architecture Award, décerné en Finlande (2012), le Aga Khan Award for Architecture (2010) dont il était finalistepour la 11e édition, et le Global Award in Sustainable Architecture (2009).

Informations pratiques

Visites guidées
LES MATINÉES GUIDÉES
Un moment privilégié hors des horaires
d’ouverture pour explorer en groupe l’exposition
en compagnie d’un médiateur culturel.
– Les mercredis, jeudis et vendredis matin à 10 h
Horaires d’ouverture
Tous les jours de 11 h à 20 h, sauf le lundi.
Nocturne le mardi, jusqu’à 22 h.
La fermeture des salles débute à 19 h 45
(21 h 45 les mardis).
Fondation Cartier
261 bld Raspail Paris

Art Paris, Fragiles utopies

Deux thématiques :
Fragiles utopies. Un regard sur la scène française
Art & Craft
Deux secteurs :
Solo Show
Promesses

 « Les arts visuels n’ont pas pour seules fonctions de représenter ou décorer. Ils proposent également des modèles pour la perception, pour la pensée, pour l’action : des utopies en construction. Celles-ci peuvent s’incarner dans toutes les formes et tous les mediums, mais, dans une période marquée par le doute et la fin des grands systèmes, elles prennent souvent un caractère provisoire, précaire : ce sont des utopies fragiles. »
Éric de Chassey, directeur général de l’Institut national d’histoire de l’art, professeur à l’École normale supérieure de Lyon et commissaire d’expositions, livre sa vision de la scène hexagonale à travers une sélection de 21 artistes parmi les galeries participantes sur le thème Fragiles utopies.

 

Du 4 au 7 avril 2024, Art Paris réunit 136 galeries d’art moderne et contemporain de 25 pays. À la fois régionale et cosmopolite, cette 26e édition présente une sélection de 17 solo show. Disséminées au sein de la foire, ces expositions individuelles permettent au public de découvrir ou redécouvrir en profondeur le travail d’artistes modernes, contemporains, ou émergents.

SOLO SHOW
Les historiques

Parmi les historiques, la galerie Patrice Trigano rend hommage à Jean Hélion (1904-1987) à l’occasion de la rétrospective au Musée d’Art Moderne de Paris qui retrace le parcours de ce peintre qui fut un pionnier de l’abstraction dans les années 1930 avant d’évoluer vers une figuration personnelle.

La galerie Capazza dédie un mini-rétrospective aux pionniers de la céramique contemporaine française, Jacqueline (1920-2009) et Jean (1913-1992) Lerat, dans le cadre du focus Art & Craft confié à Nicolas Trembley.

La galerie JP Ritsch-Fisch propose un solo show de l’artiste italien Carlo Zinelli (1916-1974), figure emblématique de l’art brut. 

Les contemporains

Du côté des contemporains, la galerie Modesti Perdriolle réexplore l’œuvre de Samantha McEwen, artiste anglo-américaine née en 1960 à Londres, proche de Keith Haring et de Jean-Michel Basquiat, en réunissant des œuvres exceptionnelles des années 1980 à nos jours.

La galerie Huberty & Breyne consacre un solo show à Gilles Barbier en dévoilant quatre séries étroitement liées dont « Still memories », « still man »,
« Equilibrium » et « Entre les plis les souvenirs »,

tandis que Nil Gallery propose une exposition individuelle de Fathi Hassan, premier artiste à représenter l’Afrique à la Biennale de Venise en 1988,  intitulée Goodbye Nubia.

Au fil de ma visite

« Le temps est venu de ralentir le regard » Eric de Chassey
le président de l’Institut national de l’histoire de l’art, conseillant de se pencher sur des créateurs négligés faute d’appartenir au catalogue des standards de l’art contemporain. Le charme d’Art Paris est justement de faire émerger le travail singulier.
C’est ainsi que le juif errant de Gérard Garouste, personnage étrange, à la fois inquiétant et familier, est résumé en un mot « Guer », tiré du langage biblique originel, à la Galerie Templon.

Dans la même galerie, un jeune tireur à l’arc, Timo du belge Hans Ob de Beeck pointe sa flèche vers  une toile de prunier de Philippe Cognée.

Immense, rougeoyant. Impossible de rater le Bouddha de Yan Pei-Ming sur le stand de Rodolphe Janssen marchand bruxellois.

Les 3 grâces d’Adel Abdessemed ne manquent pas d’attirer mon regard à la
Galeriacontinua

Conclusion

Il y avait une place à prendre depuis la disparition de la FIAC en 2022. Sans s’épuiser à concurrencer Paris+ par Art Basel, Art Paris se veut ouverte mais ancrée. « Nous représentons la voix française, qui n’est pas une voix chauvine », dixit , Guillaume Piens.

Les exposants tricolores peuvent y défendre des artistes d’ici, sans craindre de paraître franchouillards. Les enseignes en région, comme Oniris (Rennes) ou Catherine Issert (Saint-Paul-de-Vence, dans les Alpes-Maritimes), n’ont pas à s’excuser de n’avoir pas de succursales à Londres ou à Shanghaï. Et, pour le jour de l’ouverture, les cartes VIP sont accessibles à tous les collectionneurs sérieux, sans qu’ils aient besoin de justifier de plusieurs millions d’euros d’achats comme les « high net worth individuals », ces ultrariches courtisés à Miami, Bâle ou Hongkong.
Rendez-vous est donné à l’année prochaine, fort de la réussite et de la fréquentation de ce millésime.

Sommaire du mois de mars 2024

Carreau du Temple Paris

30 mars 2024 : La Vierge Du Chancelier Rolin
29 mars 2024 : Drawing Now Art Fair
18 mars 2024 : MINISTÈRE DE L’IMPRESSION
13 mars 2024 : L’Olympisme, une invention moderne, un héritage antique
10 mars 2024 : NELKEN LINE
7 mars 2024  : Femmes de génie – les artistes et leur entourage
6 mars 2024  : Dan Flavin dédicaces en lumière
4 mars 2024  : Holbein et la Renaissance au Nord

La Vierge du chancelier Rolin

du 20 mars –au  17 juin 2024 au musée du Louvre
AILE SULLY,
1ER ÉTAGE,
SALLE DE LA CHAPELLE
Commissariat :
Sophie Caron, conservatrice au département des Peintures du musée du Louvre

Œuvre majeure de l’art occidental, à la dimension fortement méditative,
la Vierge Rolin peut aujourd’hui sembler difficile à comprendre.
C’est pourquoi l’exposition est
guidée par des questions, qui sont autant d’étapes du regard sur le tableau : pour quel(s) usage(s)
Van Eyck a-t-il conçu cette œuvre
si spéciale, à l’intention de Nicolas Rolin, chancelier du duché de Bourgogne ?
Pourquoi a-t-il peint à
l’arrière-plan un paysage tellement miniaturisé qu’il en est presque invisible ? Comment comprendre les deux petits personnages du jardin ? Quels dialogues l’œuvre entretient-elle à la fois avec l’art de l’enluminure et les bas-reliefs funéraires sculptés ? Peut-on savoir comment les artistes du XVe siècle ont compris cette œuvre ?

Le parcours déploie une narration en six sections permettant au visiteur d’entrer plan par plan dans le tableau, à la manière d’une lecture, La Vierge du chancelier Rolin étant placée au centre de la salle. Quatre de ces parties s’articulent autour d’au moins une œuvre de Jan van Eyck.

La première section est consacrée à la rencontre entre Nicolas Rolin et la Vierge à l’Enfant, ce dernier étant figuré de manière très inhabituelle en Salvator Mundi nu. L’œuvre est une scène de présentation à la Vierge particulièrement audacieuse, dans laquelle Rolin se fait représenter à la même échelle, à la même hauteur et dans le même espace que la Vierge et le Christ, qui le bénit, et ce sans être introduit par son saint patron. Le spectateur est exclu de la scène. Le prêt exceptionnel de la Vierge de Lucques du Städel Museum de Francfort offre un saisissant contrepoint, en plaçant le même spectateur dans la position de Rolin, à genoux et en prière devant la Madone.

Dans ce face-à-face, le visage fortement individualisé de Rolin est l’élément le plus frappant du tableau et la deuxième section permet de s’arrêter sur la question du portrait, si centrale dans l’art de Van Eyck et de ses grands contemporains comme Robert Campin ou Rogier van der Weyden. Deux des autres effigies de Rolin exposées sont d’ailleurs de la main de ce dernier (panneau du polyptyque du Jugement dernier des Hospices de Beaune et le manuscrit enluminé des Chroniques de Hainaut de la Bibliothèque royale de Belgique). La singularité de la représentation de Rolin par Van Eyck s’exprime aussi dans le somptueux costume, tout à fait inhabituel, dont Van Eyck a vêtu son commanditaire. Ce rapprochement d’œuvres d’artistes en constante émulation les uns avec les autres est encore enrichie par la présentation du Portrait de Baudoin de Lannoy (Berlin, Gemäldegalerie), autre dignitaire de la cour bourguignonne, qui est probablement le portrait eyckien le plus proche, par sa technique, de celui de Nicolas Rolin. Dans les deux cas, l’impression de vie est stupéfiante et
se manifeste par la représentation du passage du temps sur les visages.

Mais ces personnages se rencontrent dans un lieu par rapport auquel elles sont clairement disproportionnées. La troisième section s’attache à l’architecture peinte par Van Eyck, qui crée un lieu purement imaginaire, précieux et onirique mélange d’église romane et de palais aux touches méditerranéennes. Il s’agit avant tout d’un décor, conçu pour souligner le caractère hors normes de la rencontre. Les chapiteaux, qui n’imitent pas vraiment des chapiteaux romans réels, représentent des épisodes de la Genèse et évoque les fautes commises par les hommes, peut-être pour guider la prière de Rolin. La sublime Annonciation (Washington, National Gallery of Art), bien que d’une composition très différente de la Vierge Rolin, témoigne d’un répertoire commun dans le traitement de l’architecture par Van Eyck.

Par les trois arches aux chapiteaux richement ouvragés, le regard plonge dans le paysage, élément essentiel de la composition et sur lequel est centrée la quatrième section. Dans aucune autre de ses œuvres peintes, y compris le Saint François recevant les stigmates (Philadelphie, Museum of Art), Van Eyck n’a déployé un paysage d’une telle ampleur, d’un telle profondeur et d’une telle richesse de détails.

                                                              clic

Avec toute la virtuosité de son talent de miniaturiste, il crée un territoire dans lequel Rolin peut se projeter de façon à la fois familière et idéalisée. Il ne s’agit pas, en effet, d’un lieu réel mais seulement vraisemblable, qui permet une immersion presque hypnotique, favorable à la prière. L’œil peut se promener très précisément dans cette ville idéale des Pays-Bas bourguignons, guidé en un crescendo émotionnel et spirituel, à mesure qu’il se déplace de la gauche (derrière Rolin) vers la droite (derrière la Vierge et l’Enfant). Dans la Vierge Rolin, le paysage n’est pas plus miniaturisé que dans le bas de page du manuscrit dit des Heures de Turin-Milan de la main du maître.

L’avant-dernière section revient sur le plan médian du tableau, à savoir le jardin et les petits personnages qui ont fait couler tant d’encre.

Le jardin intérieur est marqué par une échelle incongrue par rapport aux autres plans du tableau, ce qui souligne le côté autonome et transitionnel de cet espace. Allusion au thème traditionnel de la Vierge dans un jardin clos, peuplé d’animaux et de plantes réels peints avec un souci illusionniste, cet espace est l’occasion de rapprochement avec l’art des peintres de Cologne, première source de la culture visuelle de Van Eyck mais aussi avec celui des orfèvres, notamment pour les petits objets émaillés qui connaissent, vers 1400, leur apogée technique, et avec celui de son contemporain, Pisanello.
Quant aux deux petits personnages, dont la taille dans le tableau ne dépasse pas deux centimètres de haut, ils sont issus de la tradition médiévale, tant littéraire que figurée dans les manuscrits, dans laquelle déjà ils orientent le regard du lecteur. Ici, ils nous invitent littéralement à plonger dans le paysage. L’homme au turban rouge, allusion possible et probable à l’artiste, semble être le guide de cette exploration. Un demi-siècle plus tard, des artistes comme Hieronymus Bosch (Ecce Homo, Francfort, Städel Museum) détourneront leur signification en la moralisant : ils deviennent ceux qui se détournent de l’essentiel en ignorant la scène principale.

La redécouverte la plus notable de la restauration est celle du revers peint représentant en un trompe-l’œil éblouissant un faux marbre vert que l’on peut aujourd’hui attribuer avec certitude au pinceau de Van Eyck. Il appuie l’hypothèse selon laquelle le tableau avait vocation à être manipulé et à être vu sur ses deux faces. La dernière section de l’exposition aborde donc cette question des deux fonctions de l’objet, probablement conçu pour deux rôles successifs : un tableau de dévotion mobile, proche de l’esprit des petits livres orfévrés, pouvant accompagner le chancelier Rolin dans ses incessants déplacements dans le vaste duché de Bourgogne, ayant à terme vocation à lui servir d’épitaphe dans l’église de Notre-Dame du Châtel à Autun. La composition du panneau révèle des affinités profondes avec les épitaphes sculptées et présente des enjeux similaires de représentation, tels que le montrent deux bas-reliefs de Tournai présentés dans l’exposition.

A la fin du parcours, grâce au projet closertovaneyck, conduit à l’initiative de l’Institut royal du Patrimoine artistique belge (KIK-IRPA), les visiteurs pourront s’immerger grâce à des images de très haute définition dans le paysage créé par Van Eyck, comme pouvait le faire Nicolas Rolin, penché sur son tableau.

La Vierge du chancelier Rolin cristallise à bien des égards les tensions qui traversent l’art flamand dans le premier tiers du XVe siècle, entre tradition médiévale et expérimentations révolutionnaires. En favorisant les rapprochements et comparaisons éloquentes, l’exposition lui permet d’exprimer au mieux à la fois sa singularité et son inscription dans son époque, et contribue à enrichir notre compréhension des dialogues menés par Van Eyck avec les artistes de son temps.

Seul tableau de Jan van Eyck (vers 1390/95-1441) conservé en France, la Vierge du chancelier Rolin est l’un des chefs-d’œuvre des peintures du Louvre. Il est pourtant aujourd’hui étonnamment méconnu.
La restauration dont il vient de faire l’objet au Centre de recherche et de restauration des musées de France est historique : l’œuvre n’avait jamais été restaurée depuis son entrée au musée en 1800. L’allègement des couches de vernis oxydés qui assombrissaient la peinture offre une redécouverte spectaculaire du tableau.
Le Louvre consacre une exposition exceptionnelle à cet événement, mêlant la présentation d’œuvres prestigieuses prêtées par de grands musées internationaux et un dispositif d’immersion numérique permettant de plonger le regard au cœur du tableau de Van Eyck. Une occasion de revoir la Vierge d’Autun et d’interroger autrement ce que l’on pensait savoir de cette œuvre iconique.

Informations pratiques

Horaires et jours d’ouverture
Le musée du Louvre est ouvert tous les jours, sauf le mardi.
La dernière admission se fait 1 h avant la fermeture. L’ évacuation des salles commence 30 min avant la fermeture.
9HT à 18H
lundi, mercredi, jeudi, samedi et dimanche
9HT à 21H45
vendredi
L’entrée principale du musée est la Pyramide du Louvre.
Elle se répartit en 4 files : les visiteurs sans billet, les visiteurs avec billet, les porteurs de carte (adhérents, ministère de la Culture, Pass Éducation, ICOM, etc.) et les accès prioritaires (PMR, personnels, etc.).
En cas d’affluence, un accès est aussi possible par le Carrousel du Louvre, le passage Richelieu ou la porte des Lions, en fonction de votre profil. Pensez à vérifier sur le plan ci-dessous la praticabilité de l’accès choisi :

EN MÉTRO

Lignes 1 et 7, station « Palais-Royal / Musée du Louvre »
Ligne 14, station « Pyramides »

EN BUS

N° 21, 27, 39, 67, 68, 69, 72, 74, 85, 95

Drawing Now Art Fair

Le Carreau du Temple, 2024 © Grégoire Avenel – Agence Coolhunt paris

le salon du dessin contemporain a redonné des couleurs au printemps !

Valérie Sonnier
Le bassin des Beaux Arts, 2024
Fusain et acrylique sur papier coréen
150 x 210 cm

« Heureux d’être là », les galeries et les nombreux visiteurs, amateurs, collectionneurs et institutions du monde entier, n’ont pas manqué d’exprimer leur plaisir de se retrouver au Carreau du Temple à l’occasion de la
 17e édition de Drawing Now Art Fair, du 20 — 24 mars 2024

Les participants

Dans les allées se sont croisées de nombreux représentants d’institutions françaises : Centre Pompidou (Laurent le Bon, Xavier Rey, Claudine Grammont et Anne Lemonnier), Ministère de la culture (Edward de Lumney), Palais de Tokyo (Daria de Beauvais), Espace Jacques Villeglé à Saint-Gratien (Carine Roma-Clément), Musée de Grenoble (Sébastien Gökalp), Fondation Carmignac, Hermès, Frac Normandie Grand Large (Keren Detton), Frac Réunion, Fondation Salomon, Mac de Lyon (Isabelle Bertolotti et Mathieu Lelièvre), Frac Montpellier (Eric Mangion), Institut français (Marie-Cécile Burnichon), Fondation Maeght, Fondation Giacometti, Cnap (Béatrice Salmon et Simon
André-Deconchat), Frac Picardie (Pascal Neveux), MAMAC (Hélène Guenin)…
Mais également d’institution internationales : Cartoonmuseum Basel (Anette Gerhrig), Musée Jenisch Vevey (Pamella Guerdat et Nathalie Chaix), Museo Civico Villa dei Cedri (Carole Haensler) Horniman Museum and
Gardens (Errol Reuben Fernandes), Graphische Sammlung ETH Zürich (Linda Schädler), Université de West England (Anouk Mercier), Museum of Applied Arts à Vienne (Marlies Wirth), Kunstmuseum Basel (Anita Haldemann)
… préfigurant de futures collaborations.
Les collectionneurs et les amateurs fidèles, nationaux et internationaux, étaient au rendez-vous : Laurent Fiévet, Antoine de Galbert, Caroline Bourgeois, Alexis Kolnikoff, Marc Pottier, Evelyne et Jacques Deret, Florence et Daniel Guerlain, François et Martine Bordry, Bernard et Michèlle Millet, Guillaume de Saint-Seine, Frédéric de Goldschmidt… S’ils se sont montrés plus réfléchis, ils n’ont finalement pas manqué de concrétiser de nombreux achats.

Rodion Kitaev

Plusieurs personnalités, parfois habituées, étaient présentes : Guillaume Durand, Jacques Toubon, Jérôme Duval Hamel, Aline Asmar d’Amman, Mathieu Lehanneur, Yves Mirande…
Les amis des musées : ADIAF, Amis du Musée d’Art Moderne de Paris, Amis du Quay Branly, Amis des Beaux-Arts de Paris, Amis du Palais de Tokyo, Amis de la Maison européenne de la photographie, Amis du Musée d’Orsay,
le Frac Plateforme, Jeunes amis et Amis du Musée de la Chasse étaient également au rendez-vous et ont eu de nombreux coups de coeur.
La présence de nombreux commissaires indépendants a également été appréciée : Carine Roma, Fabienne Bideaud, Nicolas Bourriaud, Grégory Lang, Jean-Marc Dimanche, Marc Donnadieu, Lauranne Germond, Jean de
Loisy, Alfred Pacquement, Karine Tissot, Alexandra Fau, Klaus Speidel, Isabelle Dervaux, Philippe Piguet…

Vue du salon Drawing Now Art Fair 2024 © Grégoire Avenel
– Agence Coolhuntparis

La foire a été l’occasion de découvrir ou de redécouvrir des corpus d’oeuvres d’artistes reconnus et de montrer que le dessin devenu oeuvre autonome n’est décidément plus seulement que le crayon mais très ouvert vers d’autres pratiques artistiques.
Près de 18.000 visiteurs se sont pressés dans les allées du Carreau du Temple, il n’était pas rare d’entendre « c’est mon salon préféré » !
La ministre de la culture Rachida Dati était enchantée de ses échanges et découvertes, elle a rappelé le rôle fondamental des galeries dans l’accompagnement et la promotion des artistes.

Drawing Now Art Fair 2024 (de gauche à droite : Claudine Papillon, Marion Papillon, Rachida Dati, Carine Tissot, Christine Phal et Aurélien
Véron) © Olivier Boulet – Agence Coolhuntparis

Le symposium s’est tenu le jeudi 21 mars, dans l’auditorium du Carreau du Temple, mis à disposition par la Ville de Paris, et avec le soutien de Pro Helvetia, curateur•trice•s, directeur•trice•s institutionnel•lle•s et indépendant•
te•s se sont réuni•e•s et ont dressé un état des lieux complet du dessin aujourd’hui à travers les thématiques de la bande dessinée, des outils d’apprentissage, des collections et les questions écologiques.

                                                 Abdelkader Benchamma
Collectionneurs, artistes, amateurs et étudiants en art ont rempli les rangs de l’auditorium. Ils ont également assisté nombreux aux différentes tables rondes proposées par Drawing Now Art Fair pour sa 17e édition, marquant
une année particulièrement réussie pour ce format.
Tatiana Wolska est la lauréate du Prix Drawing Now 2024, elle est représentée par la Irène Laub Gallery. Le prix, soutenu par la Drawing Society, est doté de 15 000 € : 5 000 euros de dotation pour l’artiste, 10 000 euros
d’aide à la production pour une exposition de 3 mois au Drawing Lab et l’édition d’un catalogue monographique.
L’année prochaine, Drawing Now Art Fair, le salon du dessin contemporain revient du jeudi 27 au dimanche 30 mars au Carreau du Temple en synergie avec le Salon du dessin qui se tiendra lui au Palais Brongniart du 26 au 31 mars.
D’ici là, le Printemps du dessin contemporain se poursuit dans toute la France jusqu’au 21 juin, vous pouvez trouver toute la programmation sur : www.printempsdudessin.com.

Tatiana Wolska, Remise du Prix Drawing Now 2024
© Credit photo Say Who / Ayka Lux

Quelques dessins

Information pratiques

Drawing Now Art Fair
Du jeudi 27 au dimanche 30 mars 2025 de 11h à 20h (jusqu’à 19h le dimanche)
drawingnowartfair.com
info@drawingnowartfair.com
+ 33 (0)1 45 38 51 15
Le Carreau du Temple
4, rue Eugène Spuller — 75003 Paris
L’équipe
Christine Phal,
Fondatrice de Drawing Now Art Fair et Drawing Lab
christine.phal@drawingsociety.org
Carine Tissot,
Directrice générale
carine.tissot@drawingsociety.org
Joana P. R. Neves,
Directrice artistique
joana.neves@drawingnowartfair.com
Steven Vandeporta,
Directeur communication et projets artistiques
steven.vandeporta@drawingsociety.org
Leena Szewc,
Chargée de projet web art
leena.szewc@drawingsociety.org
Sophie Fremont,
Chargée des actions culturelles
sophie.fremont@drawingsociety.org
Manon Topalovic,
Référente relations exposants
manon.topalovic@drawingnowartfair.com
Clémentine Demonin,
Assistante communication web
clementine.demonin@drawingsociety.org
Ysée Rocheteau Szkudlarek,
Assistante coordination
ysee.rocheteau@drawingsociety.org
Cosme Baudesson
Assistant coordination et communication
évènementielle
cosme.baudesson@drawingsociety.org
Soutenu par
HOTELS COLLECTION
L’économie de

MINISTÈRE DE L’IMPRESSION

Atelier sérigraphie et édition de la Haute école des arts du Rhin, Mulhouse
coproduction La Filature, Scène nationale de Mulhouse ; Haute école des arts du Rhin · dans le cadre des 30 ans de l’atelier sérigraphie et édition de la Haute 
école des arts du Rhin, Mulhouse · retrouvez cette exposition sur lafilature.org

Le Ministère de l’Impression, atelier de sérigraphie et d’édition du site d’arts plastiques de Mulhouse de la Haute école des  arts du Rhin, célèbre ses 30 ans et avec cette exposition une longue amitié avec La Filature.


L’atelier de sérigraphie de la HEAR-Mulhouse est un lieu unique de réflexion et de production qui a vocation à établir un courant continu et transversal entre les étudiant·es de toutes les années des options art, design et design textile proposées à l’école d’art. Il est une zone d’effervescence où les rencontres, les apprentissages et les expériences s’éprouvent au quotidien sous l’égide des artistes et praticien·nes Christian Savioz (successeur en tant que responsable de l’atelier à son fondateur Daniel Burgin) et Claire Morel à qui nous avons spontanément confié la conception de cette exposition.
La proposition qu’ils ont faite est d’une élégante générosité. Sa conception même, les étudiant·es et artistes qu’elle convie, les travaux qu’elle rassemble – choisis parmi ceux archivés depuis la création de l’école –, en font une exposition qui révèle avec éclat les enjeux de l’atelier.
Au Ministère de l’Impression, les études permettent l’approche d’une technique mécanique, c’est-à-dire exacte, de production d’objets conformes en termes de matières, de proportions, de couleurs ou encore de textures. La sérigraphie y est envisagée comme médium mais aussi comme pensée, champ de recherche et moyen d’expression. Impression de film pour typon, enduction, insolation, dégravage d’écran, sérigraphie, polymérisation ultraviolette… induisent un agencement de techniques et de gestes qui se succèdent, dont l’enchaînement dicte autant la cohérence pour l’objet manufacturé que la fluidité pour l’acte créateur. Au sein de l’atelier, la sérigraphie contribue à élargir la possibilité de diffuser des idées à travers l’image imprimée (souvent un multiple – idée sociale généreuse !). Et tout tend à s’imprimer au Ministère : posters, fanzines, livres, métrages textiles, jeans, culottes, casquettes, plaques de zinc, de cuivre, d’acier, d’aluminium, de plâtre, de béton, de bois, de plexiglass, linoléum, miroirs, bouteilles de bière, boîtes de conserve, pain d’épices, hosties, tablettes de chocolat, corps humain, peaux de bêtes…

Les infinies ressources dont l’atelier recèle sont révélées dans un journal de bord publié chaque année, où sont méticuleusement consignés les détails de son activité, avec les mêmes exigences journalières que celles du métier de sérigraphe.

Déployés dans l’exposition à La Filature, des exemplaires de ce journal intègrent un ensemble d’œuvres, non pas simplement transférées de l’atelier, mais issues des imaginaires individuels ou collectifs où elles  ont d’abord été élaborées. Émancipées des classifications conventionnelles, les images circulent d’un support à l’autre (affiche, papier peint, carrelage, t-shirt,
mémoire d’étudiant·e), d’un langage à l’autre (construit autour de lignes et de formes ou constitué d’un vocabulaire de motifs et de couleurs).

Posant des questions aussi bien esthétiques qu’éthiques, les œuvres, parfois
subversives, nous invitent à développer des dimensions cognitives particulières, à être spectateur·rice et sujet d’expérimentations tout autant graphiques et chromatiques que sociétales et politiques. Un objet en
témoigne en particulier : un prototype de canoë en bois et en carton, vestige d’un workshop au cours duquel les élèves étaient invité·es à courir une régate dans des embarcations de leur fabrication, est ici posé au sol, comme une incitation à nous rêver réhabitant·es de nos espaces de vies.
Emmanuelle Walter, responsable arts visuels à La Filature, Scène
nationale de Mulhouse

Photos Anne-Catherine Goetz

LES RENDEZ-VOUS

EXPOSITION du ma. 12 mars au sa. 18 mai 2024
du ma. au sa. de 13h à 18h + di. de 14h à 18h + soirs de spectacles
VERNISSAGE ma. 12 mars 19h
en présence des artistes · avec un DJ & VJ set par Fleur en strass, Aimée et 16@
CLUB SANDWICH je. 11 avril 12h30
visite guidée de l’expo + pique-nique tiré du sac + Food Truck sur le parvis de La Filature (gratuit sur inscription au 03 89 36 28 28)
VISITES GUIDÉES sur rendez-vous
edwige.springer@lafilature.org ou 03 89 36 28 34

L’Olympisme, une invention moderne, un héritage antique

Catalogue officiel de l’exposition « L’Olympisme. Une invention moderne, un héritage antique » du 24 avril au 16 septembre 2024 au Musée du Louvre.

Grâce à la découverte d’archives inédites – issues du fonds de l’artiste Émile Gilliéron – et au réexamen d’oeuvres emblématiques, cet ouvrage revient sur le contexte politique et sur les enjeux de la création de l’olympisme moderne.
Il permet ainsi d’analyser la fabrique de la première iconographie olympique. Le lecteur comprendra alors comment cette réinvention repose sur une combinaison orientée des sources antiques (textes, images et vestiges), faisant de l’olympisme moderne une illusion collective mais efficace.
L’ouvrage rappelle également que Paris, trois fois capitale olympique (1900, 1924, 2024), a été le berceau où est née en 1894 l’idée de l’olympisme moderne.
Cette réinvention, qui s’appuie elle aussi sur une manipulation des sources, a entraîné des dérives nationales ou internationales, des exclusions ou des stéréotypes dont les études classiques ont été d’une certaine manière les victimes.
L’ensemble des textes qui composent ce volume fournissent ainsi les clés pour comprendre l’histoire méconnue de l’olympisme moderne. Par sa matière inédite et son angle d’approche original, ce catalogue s’adresse à tous et permet d’explorer les jeux Olympiques modernes, leur genèse et leur signification.
Cet ouvrage est une coédition Musée du Louvre/Éditions Hazan

INFOS CLÉS

Volume : relié Format : 23 x 28 cm ISBN : 9782754113830
336 pages illustrées
Prix : 45€ TTC Mise en vente : 24 avril 2024

• Catalogue officiel de l’exposition « L’Olympisme. Une invention moderne, un héritage antique » du
24 avril au 16 septembre 2024 au Musée du Louvre.
• Cet ouvrage revient sur le contexte politique et sur les enjeux de la création de l’olympisme
moderne.
• Ce catalogue s’adresse à tous et permet d’explorer les jeux Olympiques modernes, leur
genèse et leur signification.

NELKEN LINE

« Dansez, dansez, sinon, nous sommes perdus. » Pina Bausch

Pour célébrer ses 30 ans, La Filature, Scène nationale a accueilli en octobre dernier le spectacle Vollmond (Pleine Lune) de l’immense Pina Bausch.
Dans la continuité de cet événement, en collaboration avec l’ESPACE 110 – Centre Culturel d’Illzach et le CCN·Ballet de l’Opéra national du Rhin, un projet participatif issu du travail de la chorégraphe allemande verra le jour cette saison : la Nelken line, phrase chorégraphique issue de son spectacle éponyme, à reproduire seul·e ou collectivement.
À l’image des « guirlandes humaines » qui sont la signature de Pina Bausch dans la plupart de ses œuvres, la Nelken line est une marche / procession agrémentée de gestes simples illustrant les quatre saisons.
Grâce au tutoriel vidéo réalisé par nos équipes, nous invitons le public à apprendre la chorégraphie et à rejoindre l’aventure.

DEUX TEMPS D’INITIATION

MA. 20 FÉV. 19H15 à La Filature
ME. 21 FÉV. 19H15 à La Filature

DEUX MOYENS DE PARTICIPER

se filmer
dans la rue, à la campagne, dans son salon ou sa salle de bain, en suivant le tutoriel, puis partager sa Nelken line sur les réseaux sociaux avec le #nelkenlinemulhouseillzach et en taguant les comptes de @lafilature_sn et @espace110_illzach !

et/ou rejoignez-nous sur place
avec d’autres participant·es, lors de trois rendez-vous à La Filature et à l’ESPACE 110 en amont de plusieurs spectacles de La Quinzaine de la Danse :
JE. 7 MARS 19H15 à La Filature
VE. 15 MARS 20H à l’ESPACE 110
MA. 26 MARS 19H15 à La Filature

Femmes de génie – les artistes et leur entourage

Elisabetta Sirani, la pénitente Marie Madeleine, 1663
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie

Jusqu'au 30.6.2024, au Kunstmuseum Basel | Hauptbau
Commissaires : Bodo Brinkmann, Katrin Dyballa (Bucerius Kunst Forum), Ariane Mensger
Prologue

L’exposition Femmes de génie propose un nouvel éclairage sur l’histoire de l’art de l’Époque moderne en présentant une centaine d’oeuvres d’artistes femmes ayant rencontré du succès entre le XVIe et le XVIIIe siècle ainsi que de leurs proches masculins. Elle réunit des portraits, des peintures d’histoire, des natures mortes, des dessins et des oeuvres graphiques de la Renaissance, du baroque et du classicisme.
Entre 1500 et 1800, il y avait, au Nord comme au Sud de l’Europe, bien plus de femmes peintres, instructrices, éditrices et graveuses qu’on ne l’imaginerait. Certaines d’entre elles furent comblées de succès. Même s’il n’était pas impossible pour une femme de mener une carrière d’artiste, des conditions favorables devaient être réunies car cela allait à l’encontre du rôle de la femme dans la société.
L’exposition Femmes de génie retrace pour la première fois le parcours de plusieurs artistes femmes à travers de pertinentes mises en regard avec des oeuvres de leurs pères, frères, époux et rivaux et les intègrent dans le contexte des siècles prémodernes. Des rapprochements d’oeuvres concis révèlent de manière fascinante les correspondances et les divergences de contenu et de traitement. Le contexte social et familial est également mis en lumière. En outre, l’exposition offre l’occasion de découvrir, aux côtés d’oeuvres de peintres plus connues, celles d’artistes femmes tombées dans l’oubli, mais travaillant souvent à un haut niveau d’exigence.

Filles, épouses et peintres de cour

                                      Catharina van Hemessen (1528 – après 1565
Les corporations et les académies refusèrent longtemps l’accès aux femmes. Ainsi, les artistes étaient très souvent issues de familles d’artistes où elles étaient formées. Catharina van Hemessen (1528 – après 1565), qui réalisa à l’âge de 20 ans le premier autoportrait connu d’une artiste au travail figurant aujourd’hui au sein de la collection du Kunstmuseum Basel, apprit sans doute à peindre dans l’atelier de son père Jan Sanders van Hemessen (vers 1500 – vers 1556). Par ailleurs, nous savons que Marietta Robusti, dite la Tintoretta (vers 1554/55–1614), a, très jeune, assisté son père Jacopo Robusti, dit Tintoretto (1518/19–1594), dans la réalisation d’oeuvres de commande avant de devenir elle-même une peintre à succès.

                   Marietta Robusti, dite la Tintoretta (vers 1554/55–1614)
D’autres femmes eurent moins de chance et travaillèrent dans l’ombre des membres de leur famille. Leur style est souvent difficile à repérer, celui-ci se mêlant aux oeuvres de leurs maîtres selon les habitudes alors en vigueur dans les ateliers.
Michaelina Wautier (1604–1689) fut l’une d’entre elles. D’autres encore se marièrent avec un artiste. Rachel Ruysch (1664–1750) épousa le peintre Juriaen Pool (1666–1625) qui lui permit non seulement de peindre, mais on sait également que les natures mortes de Rachel se vendaient même mieux que les siennes et qu’il la soutenait véritablement dans son travail. Elle fut la première femme à être admise au sein de la guilde des peintres de La Haye

                                                           Rachel Ruysch (1664–1750)
En règle générale toutefois, le mariage entraînait l’abandon du métier exercé par la femme et la subordination à son époux, comme ce fut le cas pour Judith Leyster (1609–1660). Certes, la femme pouvait apporter en maints endroits son soutien à celui-ci dans son atelier, mais ses responsabilités familiales figuraient en réalité bien souvent au premier plan. Dès lors, des artistes comme Maria van Oosterwijk (1630–1693) choisirent de ne pas se marier.
Bien qu’il s’agisse de cas plus rares, il est intéressant de remarquer ces femmes artistes nées loin de la profession qui apprirent pourtant à peindre. Elles appartenaient à la noblesse, à la bourgeoisie comme au milieu de l’artisanat. Sofonisba Anguissola (1532–1625) fut l’une d’entre elles. Formée par le peintre Bernardino Campi (1522–1591), elle fut en engagée comme peintre à la cour d’Espagne grâce à son père qui fit sa promotion de manière ciblée. Leur lien avec la cour permettait aux femmes artistes de connaître la gloire et les honneurs en toute autonomie, plus tard cela leur facilitait l’accès à l’académie. Katharina Treu (1743–1811) fut ainsi la première femme disposant d’un titre de professeure au sein d’une académie allemande grâce au soutien du prince-électeur Charles-Théodore du Palatinat. L’enseignante la plus connue parmi ces artistes femmes est peut-être Angelika Kauffmann (1741–1807) qui fut, entre autres, membre de la Royal Academy de Londres. Toutefois, sans le soutien d’un entourage masculin, ces femmes n’auraient jamais connu le succès.

Au cours de ces siècles, les thèmes du portrait et de la nature morte florale prédominent chez les artistes femmes. Néanmoins, des exceptions pouvaient se produire : la peinture d’histoire, le plus noble des genres, constituait parfois le sujet du tableau. Il n’existe pas de thème « typiquement féminin », les motifs étant surtout l’expression du lieu de la pratique artistique et de l’époque où vivait chaque artiste. Le cercle des commanditaires déterminait également le sujet : tandis que la bourgeoisie s’affermit comme commanditaire aux Pays-Bas et en Allemagne, la noblesse conserva sa suprématie en Italie et en Espagne où s’ajoutaient des commandes ecclésiastiques encore plus importantes. Ces commandes déterminaient également les formats. Ainsi, le tableau de genre (d’un rang inférieur) s’imposa dans certaines régions du Nord à partir du XVIIe siècle face au tableau d’histoire qui perdura dans le Sud. Le portrait et la nature morte florale se retrouvent toutefois de la même façon chez les artistes du Nord comme du Sud.

De l’Italie à l’Allemagne

Les 19 artistes femmes sont regroupées selon leur origine géographique dans les cinq salles d’exposition au rez-de-chaussée du Kunstmuseum Basel | Hauptbau. Une première salle spacieuse est consacrée aux peintres italiennes Sofonisba Anguissola, Lavinia Fontana (1552–1614), Marietta Robusti, dite la Tintoretta, et Elisabetta Sirani (1638–1665).

Fedele Gallicia

Anne Vallayer-Coster

Une seconde salle, plus petite, expose des natures mortes romanes de Fede Galizia (vers 1574/78–1630), Louise Moillon (vers 1610–1696) et Anne Vallayer-Coster (1744–1818), avant une troisième qui présente les peintres flamandes Catharina van Hemessen, Michaelina Wautier et Judith Leyster. La quatrième salle se concentre sur les natures mortes du Nord avec Rachel Ruysch, Maria van Oosterwijk, Maria Sibylla Merian (1647–1717) et Alida Withoos (1662–1730), tandis que la cinquième salle se referme sur Katharina Treu et Dorothea Therbusch (1721–1782) originaires d’Allemagne, ainsi qu’Anna Waser (1678–1714), Anna Barbara Abesch (1706–1773) et Angelika Kauffmann natives de Suisse.
L’exposition réserve, en outre, une place aux femmes graveuses. Au sein des ateliers de gravure sur cuivre où se pratiquait aussi la gravure à l’eau-forte, les femmes travaillaient également dans le cercle familial avant tout. Comme il était habituel de munir les gravures d’informations détaillées sur le fabricant, le nom de ces femmes nous sont parvenus. Au sein des cabinets d’art graphique situés au premier étage du bâtiment principal du musée, des études de cas présentent trois des représentantes majeures de ce type d’art : Diana Mantovana (vers 1547–1612) issue de la famille éponyme de graveurs de Mantoue et de Rome, Magdalena de Passe (1600–1638) qui joua un rôle des plus actifs dans l’atelier de son père Crispijn de Passe à Cologne puis à Utrecht, ainsi que Maria Katharina Prestel (1747–1794) qui se maria avec son maître, Johann Gottlieb Prestel, avec lequel elle se lança, avec succès, dans le commerce alors florissant de la gravure de reproduction.

Des prêts internationaux

L’exposition est le fruit d’une coopération entre le Bucerius Kunst Forum d’Hambourg et le Kunstmuseum Basel, quoique l’étape bâloise plus circonscrite ne présente qu’une sélection des oeuvres exposées à Hambourg et publiées dans le catalogue accompagnant l’exposition. Elle rassemble des prêts d’oeuvres de collections publiques et privées internationales, dont la Galerie degli Uffizi à Florence, le Kunsthistorisches Museum à Vienne, le Rijksmuseum Amsterdam, les Staatliche Museen de Berlin, le Städel Museum de Francfort, la Staatsgalerie Stuttgart et la Gemäldegalerie Alte Meister à Dresde.
La publication richement illustrée contenant des contributions de Bodo Brinkmann, Katrin Dyballa, Sabine Engel, Ariane Mensger, Rahel Müller, Sandra Pisot, Sarah Salomon, Andreas Tacke, Iris Wenderholm et Seraina Werthemann a paru aux éditions Hirmer Verlag.

Informations pratiques

Kunsmuseum-neubau
St. Alban-Graben 8, Postfach
CH-4010 Basel
Tel. +41 61 206 62 80

Depuis la gare SBB tram n° 2 arrêt Kunstmuseum

Dan Flavin dédicaces en lumière

Jusqu'au 18.8.2024, au Kunstmuseum Basel | Neubau
Commissaires : Josef Helfenstein, Olga Osadtschy, Elena Degen
L’art minimal


La grande exposition temporaire Dan Flavin. Dédicaces en lumière auKunstmuseum Basel | Neubau présente unpionnier de l’art minimal :, artiste états-unien devenu célèbre au début des années 1960 pour son travail avec des tubes fluorescents fabriqués de manière industrielle. 58 de ses travaux, certains visibles pour la première fois en Suisse, mettent en lumière son oeuvre à nulle autre pareille à travers un parcours thématique et chronologique. L’exposition – la première d’envergure consacrée à Dan Flavin en Suisse depuis douze ans – met l’accent sur des oeuvres que l’artiste a dédiées à des personnes ou à des événements.

Images gazeuses

En élaborant une nouvelle forme d’art, Dan Flavin écrit un nouveau chapitre de l’histoire de l’art. Au moyen d’oeuvres conçues à partir de lumière, il libère la couleur du champ de la peinture et la transpose dans l’espace tridimensionnel. En utilisant des tubes lumineux du commerce, il s’oppose aux représentations habituelles du statut d’auteur.e et des processus de production dans l’art : sa décision de faire de l’art à partir d’un objet usuel du quotidien retint l’attention de ses contemporains et demeure, encore aujourd’hui, radicale. Après les premières expositions de ses oeuvres lumineuses à New York, Dan Flavin suscite l’enthousiasme des artistes et des critiques d’art pour son purisme,
ses « images gazeuses » (un terme que l’artiste se plaisait à utiliser) et l’immédiateté de leur brillance.

Les tubes fluorescents de Dan Flavin évoquent des usines, des établissements de restauration rapide ou encore des parkings. L’artiste utilise délibérément cet effet de même qu’une palette réduite imposée par le mode de fabrication des lampes fluorescentes : bleu, vert, rouge, rose, jaune, ultraviolet et quatre tons différents de blanc. Au cours de sa carrière, il transforme des lampes et de simples arrangements géométriques en de complexes travaux architectoniques et des séries élaborées composées de plusieurs parties. Flavin s’oppose vigoureusement au fait que ses oeuvres soient considérées comme des sculptures ou des peintures et les qualifie plutôt de « situations ». Dans ses écrits et autres déclarations, il souligne en outre l’objectivité de son oeuvre. Dans le catalogue consacré à l’exposition de l’un de ses premiers grands travaux institutionnel au Stedelijk Van Abbemuseum en 1966 il écrit :

« Electric light is just another instrument. I have no desire to contrive fantasies mediumistically or sociologically over it or beyond it. (…) I do whatever I can whenever I can with whatever I have wherever I am. »

L’oeuvre de Dan Flavin s’inscrit dans la catégorie de l’art minimal du fait de sa volonté de se limiter strictement au travail avec un objet de facture industrielle ainsi que de la sérialité de ses oeuvres. Carl André, Donald Judd, Sol LeWitt et Robert Morris sont considérés à ses côtés comme les principales figures de ce courant artistique – chacun d’entre eux réfutant toutefois plus ou moins clairement cette appartenance.

Les dédicaces
Dan Flavin préconise un art n’ayant pas de portée psychique et spirituelle profonde, mais qu’il s’agirait d’appréhender de manière spontanée. L’artiste lui-même nie toute teneur symbolique et fait fi de l’effet parfois subtil de son oeuvre. De nombreux critiques d’art ont tout de même attiré l’attention sur sa dimension christique et métaphysique, de même que sur une allusion à des espaces de recueillement et à des lumières votives. Ce à quoi l’artiste répond avec ironie :
« It is what it is and it ain’t nothin’ else».
Cependant, il ne fait aucun doute que Dan Flavin a pratiqué la dédicace tout au long de sa vie et qu’il a associé ses oeuvres à des personnes ou à des événements, souvent de manière sentimentale et emphatique. Les installations de lumière fluorescente réalisées à partir de 1963 sont fréquemment dédiées à des amis artistes tels que Jasper Johns, Sol LeWitt ou Donald Judd. Des artistes d’art moderne à l’instar d’Henri Matisse, Vladimir Tatlin et Otto Freundlich apparaissent également dans des titres d’oeuvres. Ces dédications contrebalancent l’anonymité du matériau. Au travers de ces titres augmentés, l’artiste ancre ces travaux non narratifs et impersonnels dans un contexte esthétique, politique et social.
Le rôle fondamental du titre se précise également lorsque Dan Flavin se réfère à des événements politiques. Ainsi, des travaux évoquant les atrocités de la guerre se lisent à la lumière de sa position contre la guerre au Vietnam, à l’instar de monument 4 for those who have been killed in ambush (to P.K. who reminded me about death) qu’il présente en 1966 dans l’exposition Primary Structures. Younger American and British Sculptors au Jewish Museum de New York, l’une des premières expositions institutionnelles consacrée à l’art minimal, courant artistique encore nouveau à l’époque.

Les oeuvres de Dan Flavin dédiées

Les oeuvres de Dan Flavin dédiées à des individus l’ayant accompagné dans son travail ne sont pas moins remarquables. L’exposition convoque par exemple untitled (to you, Heiner, with admiration and affection), oeuvre dédiée à Heiner Friedrich, légendaire marchand d’art allemand. Après avoir immigré aux États-Unis, Friedrich fonde en 1974 l’influente Dia Art Foundation qui s’engage pour que des oeuvres d’un groupe d’artistes des années 1960 et 1970 soient installées durablement et accessibles au public.

L’oeuvre de Flavin provenant de la Pinakothek der Moderne de Munich est de type « barrière », c’est-à-dire conçue pour limiter l’accès du public à une partie de la salle d’exposition.
Ces dédicaces polymorphes confèrent une dimension émotionnelle à l’oeuvre de Flavin et servent de cadre de référence artistique, littéraire et personnel. L’exposition au Kunstmuseum Basel s’attache en particulier à révéler cette dimension de son oeuvre.
En outre, des dessins de Dan Flavin sont présentés aux côtés d’installations, pour certaines de grandes dimensions. Ils contiennent des portraits encore peu connus, des représentations de la nature, ainsi que des croquis d’oeuvres et des diagrammes. Outil essentiel pour Flavin, ses petits carnets constituent une sorte d’archive de son oeuvre s’étendant sur plus de trente ans. L’exposition se penche également sur le contexte socio-historique qui vit éclore ses premiers travaux avec la lumière si déterminants pour la suite de sa carrière.

Une histoire bâloise

Grâce à l’engagement de Carlo Huber, directeur de la Kunsthalle Basel, et de Franz Meyer, directeur du Kunstmuseum Basel, une double exposition de l’artiste a été organisée au sein des deux institutions muséales en 1975. Enthousiasmé par l’ « essentialité » avec laquelle Dan Flavin manie la lumière, Carlo Huber présente Fünf Installationen in fluoreszierendem Licht et reconnaît qu’il s’agit d’
« une oeuvre très personnelle et d’une grande autorité ».

De son côté, Franz Meyer sélectionne environ 277 travaux sur papier avec Dan Flavin : dessins, eaux-fortes et plans techniques ainsi que plusieurs oeuvres d’Urs Graf, artiste suisse de la Renaissance, pour lequel Flavin se prend d’affection durant son séjour à Bâle.

Depuis 1975, la cour intérieure du Kunstmuseum Basel | Hauptbau abrite untitled (in memory of Urs Graf), une oeuvre que Dan Flavin a spécifiquement conçue pour ce lieu. Impossible de s’imaginer aujourd’hui la cour sans ce jeu de lumières rose, jaune, verte et bleue dégageant une atmosphère vibrante. Pourtant, jusqu’à la fin des années 1970, des dissensions subsistent au sein de la commission artistique du musée pour déterminer si l’oeuvre doit rester sur place. Il faudra attendre sa donation par la Dia Art Foundation pour confirmer son maintien. Toutefois, on se refusera pendant longtemps à l’allumer. Cette anecdote illustre que la survenue d’un changement radical des habitudes de perception et des opinions nécessite du temps. L’exposition organisée actuellement au Kunstmuseum Basel présente également des documents d’archive des musées mettant cela en évidence.

Informations Pratiques

Kunsmuseum-neubau
St. Alban-Graben 8, Postfach
CH-4010 Basel
Tel. +41 61 206 62 80

Depuis la gare SBB tram n° 2 arrêt Kunstmuseum