Concert – Clavecin Ruckers

Dimanche 10.09 à 15h, Dorota Cybulska – Amsler, claveciniste polonaise établie en Suisse, propose un programme pittoresque autour des compositeurs baroques viennois lors d’un concert de clavecin au Musée Unterlinden de Colmar.

Le clavecin Ruckers

Le clavecin Ruckers a été fabriqué en 1624 par Ioannes Ruckers (1578-1642),
membre de la dynastie des Ruckers, active à Anvers de 1580 à 1680.
Leur savoir-faire exceptionnel fait des Ruckers les facteurs de clavecins les plus
réputés d’Europe.
L’instrument a subi plusieurs modifications organologiques lors de son transfert en France vers 1680. C’est à cette époque qu’est peint un vaste paysage
mythologique sur l’intérieur du couvercle représentant le duel musical entre
Apollon et Pan. Vers 1720, l’étendue des claviers est augmentée pour adapter
l’instrument aux compositions du temps. Cette modification permet aujourd’hui d’y interpréter un vaste répertoire allant du 17e siècle à Jean-Sébastien Bach.
Classé au titre des monuments historiques en 1966, le clavecin a bénéficié en 1980 d’une restauration exemplaire à Paris sous la direction de Christopher Clarke avant son acquisition par le musée. Soigneusement maintenu en état de jeu, il donne lieu chaque année à des concerts et à des enregistrements.

Programme

Les compositeurs à la cour de Vienne
Dorota Cybulska – Amsler, claveciniste polonaise établie en Suisse, propose un
programme pittoresque autour des compositeurs baroques viennois.
Alessandro Poglietti ( ? – 1683)
Toccatina sopra la ribellione di Ungheria
Galop
Allemande – La Prisonie (sic)
Courante – Le Procès
Sarabande – La Sentence
Gigue – La Lige
La Décapitation
Passacaglia
Les Cloches – Requiem aeternam dona eis domine
Il Rossignolo
Ricercar per lo Rossignolo
Syncopatione del Ricercar
Cappriccio per lo Rossignolo sopra il ricercar
Aria bizzara del Rossignolo
Imitatione del medesimo ucello
Johann Joseph Fux (1660-1741)
Cappriccio et Fugue
Gottlieb Muffat (1690-1770)
Suite no.5 des “Componenti musicali” – 1739
Ouverture
Allemande
Courante
Sarabande
Menuet
Gigue

Dorota Cybulska-Amsler

Née à Varsovie, elle termine ses études à l’Académie de musique Frédéric Chopin où elle obtient le premier prix avec distinction. Lauréate du concours des jeunes musiciens polonais, elle reçoit une bourse du gouvernement français et poursuit ses études chez Huguette Dreyfus et Kenneth Gilbert. Elle finit ses études au Conservatoire de Musique de Genève dans la classe de Christiane Jaccottet et obtient le premier prix avec distinction.
Son activité musicale l’a menée dans de nombreux pays (France, Allemagne,
Suisse, Pologne, Italie) où elle a donné des récitals et des concerts dans
la formation de musique de chambre avec notamment l’Ensemble 415, Chiara
Banchini, Paolo Pandolfo, Jadwiga Rappe , « Freitags Akademie », « The Chamber Orchestra of Europe », l’Orchestre de Chambre de Lausanne, l’Orchestre de Chambre de Genève. Elle a également participé à de nombreux festivals tels que : le Festival d’Evian, le Festival Tibor Varga, le Printemps musical de Reims, le Festival de Saluzzo. Son répertoire vaste et diversifié englobe différents styles de composition pour clavecin jusqu’à la musique contemporaine.
Elle a effectué de nombreux enregistrements pour la Radio Suisse Romande ainsi que pour la Radio Polonaise.
Ses recherches sur la musique baroque l’ont amenée à effectuer l’enregistrement de transcriptions de J.S. Bach (Cascavel), des oeuvres d’Antonia Bembo (CD du livre Desperate measures , L. Fontjin, Oxford University Press, 2006), de musique ancienne polonaise, et en première mondiale, des oeuvres pour clavecin de J. J. Fux (K 617) ainsi que des cantates de Nicolò Porpora (Dux, Artur Stefanowicz contreténor).
Passionnée par l’opéra baroque, elle dirige des projets scéniques (Il Giasone
de F. Cavalli, Les Fêtes vénitiennes d’A. Campra, Passione d’A. Caldara).
Elle a également créé des concerts scéniques, comme Baroque Living Room
avec la musique contemporaine et baroque, ou Amore traditore (Philharmonie
de Varsovie, 2016), oratorio Passione d’Antonio Caldara (2018) et l’opéra de J.J. Fux Costanza e Fortezza (2019).
Dorota Cybulska a récemment enregistré les oeuvres de Franciszek Lessel,
le dernier élève de Haydn (Dux, pianoforte Fritz de Christopher Clarke), et
les oeuvres de trois Couperin – Louis, François et Louis-Armand sur trois clavecins historiques (Dux).

Matisse, Derain et leurs amis, L’avant-garde parisienne des années 1904–1908

Au Kunstmuseum Basel | Neubau, jusqu'au 21.1.2024,
Commissaires : Arthur Fink, Claudine Grammont, Josef Helfenstein
Le Fauvisme

Le Kunstmuseum Basel | Neubau consacre sa grande exposition temporaire Matisse, Derain et leurs amis au premier courant d’avant-garde du XXe siècle : le fauvisme. À travers quelque 160 oeuvres d’exception, dont plusieurs visibles pour la première fois en Suisse, elle met l’accent sur l’expérimentation de la couleur à laquelle se sont livrés Henri Matisse, André Derain, Georges Braque, Maurice de Vlaminck et d’autres artistes dans les années 1904 à 1908. Elle met en lumière le rôle des critiques et du marché de l’art lors de l’apparition et de l’affirmation de ce courant artistique auquel se rattache directement le cubisme.

Les Fauves

Le fauvisme a marqué les débats picturaux de la modernité et au-delà.
On doit le terme « fauves » au critique d’art Louis Vauxcelles lors de sa visite au Salon d’Automne de 1905. Il pointa l’emploi expressionniste de la couleur et les associations chromatiques inhabituelles qui enfreignaient de manière révolutionnaire les conventions picturales en usage. Les tableaux aux couleurs crues et choquants pour le public de l’époque présentaient en outre des motifs se référant à la peinture naïve française, ainsi que des emprunts formels à l’art non occidental et à des traditions visuelles du Moyen Âge. La qualification de
« fauves » symbolise le discrédit jeté par la haute bourgeoisie parisienne, aux goûts culturels conservateurs, sur la peinture progressiste en général. Le groupe informel d’artistes autour de Matisse et Derain s’approprie immédiatement cette désignation méprisante et tire profit de l’effet de scandale.

L’exposition

L’exposition Matisse, Derain et leurs amis met en évidence la manière dont le fauvisme s’affirme au sein d’un marché de l’art alors très instable. Les peintres ne disposent d’aucun programme esthétique précis défini par des écrits ou des manifestes ; en outre, ils appartiennent à des milieux sociaux et artistiques hétérogènes. Ils partagent toutefois le même intérêt pour la peinture postimpressionniste et néo-impressionniste de Georges Seurat, Vincent van Gogh, Paul Cezanne et Paul Gauguin.

Des couleurs pures, non mélangées

À l’été 1905, Matisse et Derain séjournent ensemble à Collioure, un village de pêcheurs dans le Sud de la France. Ils y développent les stratégies picturales qui aboutiront à la qualification de fauvisme : le refus de restituer à l’identique les couleurs ainsi que le renoncement au clair-obscur. Ils accordent une place centrale à la teneur émotionnelle du sujet qu’ils s’attachent à rendre à travers des couleurs pures, non mélangées.

                                       Derain à Collioure

Les fauves rompent avec les principes de composition traditionnels. Leurs tableaux se caractérisent souvent par l’absence d’un centre bien défini et d’un ordonnancement avec un premier plan, un milieu et un arrière-plan. Ils ne présentent ni fond, ni dessin préparatoire et, pour la première fois dans l’histoire picturale, la peinture est un matériau à part entière : son processus d’application est perceptible, tandis que les coups de pinceau possèdent une qualité haptique. Par ailleurs, les artistes font preuve d’une grande diversité thématique : rues et ports, portraits intimes de famille, scènes de la vie nocturne dissolue, culture de consommation.

                  Matisse Intérieur à Collioure

Après le scandale du Salon d’Automne de 1905, lors duquel les jeunes peintres furent qualifiés non sans retentissement de « bêtes sauvages », des artistes du Havre, en particulier Raoul Dufy, Georges Braque et Othon Friesz, se joignent à eux. Ils élaborent leur style pictural dans une approche critique de l’impressionnisme et ne cessent de se rendre sur les lieux représentés par la génération de peintres précédente, notamment la Normandie ou encore L’Estaque et La Ciotat, des villages du Midi. Pour ce faire, ils disposent des infrastructures touristiques modernes et du réseau ferroviaire en pleine extension.

                                                        Raoul Dufy

Dans le contexte du fauvisme

Le terme « fauves » revêt une connotation virile suggérant la non-inclusion des artistes femmes. L’exposition Matisse, Derain et leurs amis s’attache à rendre visible ces femmes qui ont joué un rôle primordial, mais rarement mis en lumière. Parmi celles-ci, Amélie Parayre-Matisse qui, grâce à ses dessins textiles, fournit une assise financière à la production artistique de son mari, ainsi que la marchande d’art Berthe Weill qui apporte aux fauves un soutien considérable à leurs débuts et qui organise une importante exposition peu après le scandale du Salon d’octobre 1905. En outre, Berthe Weill fut l’une des rares à soutenir les artistes femmes et à exposer très tôt des oeuvres d’Émilie Charmy et de Marie Laurencin,

toutes deux pouvant être également associées au fauvisme. Le Kunstmuseum Basel présente un portrait d’Alice Derain, épouse d’André Derain, réalisé par Marie Laurencin, surnommée aussi « la biche parmi les fauves » ou « la fauvette ». Camarade de Georges Braque et compagne de Guillaume Apollinaire, Marie Laurencin appartient au cercle des artistes d’avant-garde mais apparaît en retrait de ce groupe très masculin.

               Henri Rousseau Marie Laurencin et guillaume Appolinaire
               La muse inspirant le poète 1909

De plus, l’exposition présente le fauvisme dans le contexte de l’époque : les tableaux reflètent des phénomènes propres à la société de consommation, tandis que certains artistes également caricaturistes s’intéressaient à la publicité naissante, aux industries du loisir et du tourisme alors en rapide expansion. D’anciennes photographies représentant des rues apportent des informations sur la vie quotidienne citadine et la mode de la Belle Époque. En collaboration avec l’historienne parisienne Gabrielle Houbre, le Kunstmuseum Basel présente des sources historiques consacrées à la réalité sociale des prostitué.e.s qui posaient comme modèles pour les peintres fauves.

 

Des prêts prestigieux et des oeuvres majeures

Matisse, Derain et leurs amis présente quelque 160 oeuvres de Georges Braque, Charles Camoin, Émilie Charmy, Sonia et Robert Delaunay, André Derain, Kees van Dongen, Raoul Dufy, Othon Friesz, Marie Laurencin, Henri Charles Manguin, Albert Marquet, Henri Matisse, Jean Puy, Maurice de Vlaminck et d’autres artistes proches des fauves provenant de collections internationales publiques et privées, parmi lesquelles le Centre Pompidou de Paris, le Museum of Modern Art et le Metropolitan Museum de New York, le Musée Matisse de Nice, la National Gallery of Art de Washington, le Statens Museum for Kunst de Copenhague, la Staatsgalerie Stuttgart, la Tate Modern de Londres et le Kunsthaus Zürich.

       
L’exposition présente plusieurs oeuvres majeures d’Henri Matisse, dont Luxe, Calme et Volupté (1904), La Gitane (1905), Le Tapis Rouge et La Sieste (toutes deux de 1906). L’important ensemble sculptural exécuté à ses débuts, provenant du Musée Matisse de Nice, constitue également un temps fort de l’exposition. Dans Notes d’un peintre (1908), l’une des sources majeures sur le fauvisme dans le champ de la théorie de l’art, Matisse écrit que la représentation de la figure a toujours été au coeur de ses préoccupations artistiques.

L’exposition réunit également des tableaux d’André Derain, dont la remarquable série des Peintures de Londres ainsi que le monumental La Danse (tous de 1906) considéré comme l’oeuvre emblématique de ses débuts. Nombre des oeuvres visibles dans l’exposition n’ont pas été présentées au public depuis plusieurs décennies.

Publication

Une publication richement illustrée avec des contributions de Elena Degen, Arthur Fink, Claudine Grammont, Josef Helfenstein, Gabrielle Houbre, Béatrice Joyeux-Prunel, Peter Kropmanns, Maureen Murphy et Pascal Rousseau paraît dans le cadre de l’exposition. (Anglais ou Allemand)

Informations pratiques

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
Case postale, CH-4010 Basel
T +41 61 206 62 62
kunstmuseumbasel.ch

Vous pouvez visiter la collection gratuitement aux horaires suivants :
mar, jeu, ven : 17h00 – 18h00*
mercredi : 17h00 – 20h00 (Kunstmuseum Basel | Présent uniquement ouvert jusqu’à 18h00)
Premier dimanche du mois

*Jours fériés exclus

 

BÂTIMENT PRINCIPAL ET BÂTIMENT NOUVEAU

Fermé le lundi
Mar 10h00 – 18h00
Mercredi 10h00 – 20h00
Jeu-dim 10h-18h

 

Sommaire du mois d’août 2023

Anika YI, artiste américaine, d’origine coréenne,
à la Bourse de commerce de François Pinault

26 août 2023 : Jacobus Vrel, Énigmatique précurseur de Vermeer
24 août 2023 : Robert Gober et le motif du trou d’écoulement
21 août 2023 :  OUT OF THE BOX
20 août 2023 : Tacita Dean
17 août 2023 : Naples à Paris Le Louvre invite le musée de Capodimonte
15 août 2023 : Le 15 août : de l’Assomption de la Vierge à Napoléon
12 août 2023 : RON MUECK
04 août 2023 : Rétrospective de l’oeuvre de Norman Foster

Jacobus Vrel, Énigmatique précurseur de Vermeer

 1-Jacobus Vrel, Femme saluant un enfant à la fenêtre Huile sur bois.
– 45,7 × 39,2 cm
Paris, Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, inv. 174

EXPOSITION À LA FONDATION CUSTODIA
Après une étape initiale au Mauritshuis de La Haye, la Fondation Custodia accueille du jusqu' au 17 septembre 2023 l’exposition Jacobus Vrel. Énigmatique précurseur de Vermeer. Cet évènement se tient en parallèle de l’exposition Rein Dool. Les dessins, présentée auparavant au Dordrechts Museum.

Ce dernier se devait d’être présent dans les salles de la « maison de l’art sur papier » ainsi que Ger Luijten, regretté directeur, aimait à décrire la Fondation. En outre, la Fondation Custodia propose une immersion dans le Siècle d’or hollandais afin de mettre en relief l’originalité de Vrel : un choix de tableaux, de dessins et de gravures issus de sa propre collection est complété par de très beaux prêts de la Alte Pinakothek de Munich, du Mauritshuis, du Rijksmuseum et d’autres musées allemands et néerlandais.

Présentation

Cette première présentation monographique consacrée au peintre rassemble ses oeuvres majeures disséminées dans les plus grands musées – Amsterdam, Bruxelles, Détroit, Munich, Vienne… – et dans de prestigieuses collections particulières. On y voit aussi, bien entendu, l’une des scènes de genre les plus connues et surprenantes du peintre qui est conservée à la Fondation Custodia.

L’étape parisienne de l’exposition est très différente de celle du Mauritshuis car la sélection d’oeuvres de Jacobus Vrel a été enrichie de neuf tableaux et de
l’unique dessin connu de l’artiste.

Fondation Custodia  Jacobus Vrel – Scène de rue avec un homme
– pierre noire, encadrement à la plume et encre brune

Ressemblance ?

À première vue, rien ne semble relier Jacobus Vrel au célèbre Johannes Vermeer hormis leurs initiales « JV ». Pourtant, nombre de leurs tableaux partagent un même calme contemplatif, le rôle central joué par des figures féminines et, bien souvent, un certain mystère. Ainsi, beaucoup d’oeuvres de Jacobus Vrel furent longtemps attribuées à Vermeer.
Inconnues du grand public, elles intriguent et fascinent les historiens d’art depuis plus d’un siècle. Qui était donc ce mystérieux peintre du XVIIe siècle hollandais ?

Vrel l’énigmatique

2-Jacobus Vrel Femme à la fenêtre, daté 1654 Huile sur bois. – 66,5 × 47,4 cm
Vienne, Kunsthistorisches Museum, inv. GG 6081 © KHM-Museumsverband

Rien n’est connu de la vie de Jacobus Vrel. Seul un de ses tableaux porte une date : « 1654 », que l’on peut lire dans la partie gauche de la Femme à la fenêtre de
Vienne, juste après le nom « J. Frel » [fig. 2]. Ici, la signature de Vrel ne se détache pas sur le blanc d’un morceau de papier tombé sur le sol de la composition, contrairement à la majorité de ses scènes d’intérieur.
Car Jacobus Vrel a signé ou monogrammé presque toutes ses oeuvres connues. Étrangement – mais tout semble étrange chez Vrel – il orthographie son
patronyme de façons très variées : « J. Frel », comme à Vienne, « Vrel »,
« Vrell », « Vrelle », voire « Veerlle ».
Dans l’intérieur d’église et la Vieille femme lisant
[fig. 6], il donne également son prénom en toutes lettres : « Jacobüs Vreel ».

On ne connaît que quarante-cinq oeuvres de sa main : un unique dessin et quarante-quatre tableaux, tous peints sur panneaux de bois. Le catalogue raisonné établi par l’équipe scientifique internationale qui a porté ce projet les a tous répertoriés dans la monographie consacrée à Jacobus Vrel, publiée au printemps 2021. L’étape parisienne de l’exposition présente le dessin et vingt-deux de ces tableaux, soit plus de la moitié de la production connue de l’artiste.

3 -Jacobus Vrel Paysage avec deux hommes et une femme conversant, avant 1656
Huile sur bois. – 37 × 28 cm Vienne, Kunsthistorisches Museum, inv. GG 580
© KHM-Museumsverband

Un seul document

En dehors de ses oeuvres, on ne dispose que d’un seul document contemporain mentionnant le peintre. Il est d’une grande importance car il nous informe que
trois tableaux de Vrel se trouvaient dans une prestigieuse collection de peintures du XVIIe siècle.
Il s’agit de celle de l’archiduc Leopold Wilhelm, gouverneur des Pays-Bas du Sud (l’équivalent de l’actuelle Belgique) alors sous la tutelle de l’Espagne
des Habsbourg. Lorsque s’achevèrent ses fonctions à Bruxelles, l’archiduc rentra à Vienne et y fit envoyer sa vaste collection. C’est là qu’un inventaire détaillé fut rédigé en 1659 où l’on trouve « Deux pièces de même format à l’huile sur bois, dans l’une une cheminée hollandaise auprès de laquelle est assise une femme malade, et dans l’autre une femme qui regarde par la
fenêtre. […] Originaux de Jacob Frell. » et plus loin « Une huile sur bois, où l’on voit deux paysans et une paysanne. Par Jakob Fröll ». Dans l’inventaire aussi,
le nom du peintre fut donc orthographié de deux manières différentes.

Tableaux identifiés

Les deux premiers tableaux furent facilement identifiés dès la fin du XIXe siècle comme étant celui du Kunsthistorisches Museum de Vienne [fig. 2]
– dont le coeur est justement constitué de la fameuse collection de Leopold Wilhelm – et son pendant vendu par le musée et aujourd’hui dans la Leiden
Collection à New York.
Le troisième tableau avait en revanche été perdu de vue et c’est l’une des nouveautés apportées par le projet de recherches mené pour l’exposition que
d’avoir permis l’identification du seul paysage connu de la main de Jacobus Vrel [fig. 3]. Il est lui aussi conservé au musée de Vienne mais était depuis le XVIIIe siècle attribué à l’artiste Johannes Lingelbach (Francfort 1622 – 1674
Amsterdam). Si l’absence d’information sur le peintre – en dépit de ces trois oeuvres dans la collection de Leopold Wilhelm – n’avait pas suffi à rendre perplexes les historiens de l’art, les tableaux de Jacobus Vrel les ont aussi mis à l’épreuve. Ils sont en effet difficiles à placer au sein de la production picturale hollandaise. Ses vues de rues semblent offrir une plongée dans la vie urbaine des Pays-Bas du XVIIe siècle, mais elles intriguaient par leurs architectures inclassables. Dans la Scène de rue animée acquise récemment par la Alte Pinakothek de Munich, la gamme monochromatique et les accents géométriques paraissent même d’une étonnante
modernité [fig. 4].

                                       4- Jacobus Vrel, Scène de rue animée
Huile sur bois. – 39 × 29,3 cm
Munich, Bayerische Staatsgemäldesammlungen,
Alte Pinakothek, inv. 16502

De plus, ces représentations n’ont pas d’équivalent dans la peinture de vues de villes, un genre qui se développe surtout dans la seconde moitié du Siècle
d’or. Vrel choisit en effet de dépeindre des ruelles anonymes avec des personnages simples – ni riches, ni pauvres – contrairement à ses confrères [fig. 5].

5- Jacobus Vrel, Scène de rue, femme assise sur un banc
Huile sur bois. – 36 × 27,5 cm Amsterdam, Rijksmuseum, inv. SK-A-1592

Quant aux scènes d’intérieur peintes par Vrel, elles sont également difficiles à ordonner dans l’art hollandais.
Ces pièces vides d’objet – à l’exception du morceau de papier au sol qui porte sa signature, délimitées par des murs tout aussi vides et une fenêtre derrière laquelle on distingue une pâle figure d’enfant émergeant de l’obscurité, sont sans équivalent dans l’art de son siècle [fig. 1 et 6].


6-Jacobus Vrel, Vieille femme à sa lecture, un garçonnet derrière la vitre

Huile sur bois. – 54,5 × 40,7 cm The Orsay Collection

Scènes de genre hollandaises

D’autres intérieurs, plus proches sans doute des scènes de genre hollandaises auxquelles nous sommes accoutumés, s’en distinguent cependant par leurs
figures féminines vues de dos, dont l’expression échappe au spectateur, comme dans les compositions de Vienne [fig. 3], de Bruxelles et de Lille. Dans le très
beau tableau de Détroit [fig. 7], un garçonnet observe par une porte à deux battants un ailleurs qui demeure hors-champ tandis qu’une femme cherche des poux dans la chevelure d’une fillette et se détache sur un grand pan de mur vide d’une audacieuse modernité.

7-Jacobus Vrel, Intérieur, femme peignant une fillette, un garçon près de la porte Huile sur bois. – 55,9 × 40,6 cm
Détroit, The Detroit Institute of Arts, don de The Knoedler Galleries, 1928,
inv. 28.42

La palette restreinte, la sobriété et le silence qui se dégagent de ces scènes ont bien souvent fait comparer Jacobus Vrel au peintre danois Vilhelm Hammershøi (1864 – 1916). C’est certainement le caractère intemporel de ses oeuvres qui attira Jean Clair au début de sa brillante carrière consacrée à l’art du XXe siècle.
Son article de 1968
« Jacobus Vrel, un Vermeer du pauvre » est l’une des analyses les plus fines du travail du peintre « chroniqueur
des petites gens des villes ».
Constatant combien Vrel se distingue de ses confrères hollandais, Jean Clair montre que ses choix formels se rapprochent
de ceux de Vermeer :
aucune perspective plongeant dans les rues environnantes, dans des enfilades et des pièces qui s’emboîtent. Enfin, Jean Clair insiste très justement sur le refus de Vrel de « se laisser enfermer dans un réalisme étroit » permettant
ainsi aux spectateurs d’accéder à une forme de « ravissement intemporel ».

Le projet international de recherche : La Haye – Munich – Paris

C’est pour tenter de percer le mystère de Jacobus Vrel que la Alte Pinakothek de Munich, la Fondation Custodia et le Mauritshuis ont uni leurs forces et entrepris un projet de recherche international dès 2018. L’exploration des
archives confiée à Piet Bakker, l’un des grands spécialistes néerlandais dans ce domaine, n’a hélas livré aucune information sur les lieux de naissance et de
décès ni sur l’activité du peintre. En revanche, les analyses dendrochronologiques mises en oeuvre pour ce projet (c’est-à-dire la datation
des panneaux de bois sur lesquels sont peints les tableaux) ont établi que Vrel avait créé ses premières vues de villes autour de 1635 et ses scènes d’intérieurs
vers 1650. Cela en fait donc, non pas un suiveur comme on l’a longtemps
présumé, mais bien un précurseur de Vermeer. Vrel était généralement placé dans l’école de Delft, mais il convient désormais de l’imaginer actif dans l’est des Pays-Bas. Les historiens de l’urbanisme et de l’architecture
Boudewijn Bakker et Dirk Jan de Vries ont montré que certaines des vues de villes peintes par Vrel – comme le tableau de Hambourg [fig. 8] –présentent
des éléments qui sont tirés de la topographie et des bâtiments de la ville de
Zwolle, charmante cité où naquit le grand peintre Gerard ter Borch (1617 – 1681). C’est peut-être ce dernier qui fut le lien entre Vrel et Vermeer car un document d’archive atteste que Ter Borch et Vermeer se connaissaient.

Jacobus Vrel et le Siècle d’or hollandais

Afin de mieux faire comprendre l’originalité des oeuvres de Jacobus Vrel, la Fondation Custodia consacre trois salles de son exposition aux contemporains hollandais du peintre qui ont traité des sujets similaires : vues de villes et scènes de genre.
Si les représentations urbaines de Vrel n’ont pas d’équivalent dans l’art des Pays-Bas, il est pourtant le premier peintre du Siècle d’or à avoir choisi pour sujet des vues de rues et de bâtiments sans aucun événement historique ou marquant. C’est un type de peintures qui allait connaître un développement important dans la seconde moitié du XVIIe siècle avec des artistes qui se spécialisent dans ce genre comme Jan van der Heyden (1637 – 1712)
ou les frères Gerrit (1638 – 1698) et Job Berckheyde (1630 – 1693). De ce dernier, l’exposition montre un tableau évoquant les canaux bordés d’arbres de la ville de Haarlem prêté par le Mauritshuis. De la fabuleuse collection du musée de La Haye vient aussi la Vue d’un marché par Egbert van der Poel (1621 – 1664), un artiste qui, comme Vrel, se spécialise dans les représentations urbaines et les scènes de genre.

10- Pieter Janssens, dit Elinga (1623 – 1682), Femme à sa lecture, vers 1665-1670 – Huile sur toile. – 75,5 × 63,5 cm
Munich, Bayerische Staatsgemäldesammlungen, Alte Pinakothek, inv. 284

Les vues de villes furent aussi très prisées des dessinateurs hollandais et plusieurs feuilles remarquables de la Fondation Custodia et du Rijksmuseum mettent leur art en lumière. Le visiteur de l’exposition saisira ainsi combien les ruelles peintes par Jacobus Vrel tiennent une place à part dans la production
néerlandaise.
En revanche, lorsqu’il dépeint des intérieurs, Vrel fait appel à un répertoire
de motifs déjà bien en place dans l’art hollandais. Ses figures de femmes
cuisinant, cousant, au chevet d’une malade ou s’occupant d’enfants ont de nombreux parallèles, comme le montre l’exposition.
Pour évoquer les artistes Esaïas Boursse (1631 – 1672) et Quiringh van
Brekelenkam (après 1622 – après 1669) [fig. 9], les peintures de la Fondation
Custodia sont complétées par les généreux prêts du Rijksmuseum, du musée de Bonn et de la Alte Pinakothek de Munich. Cette dernière envoie également à Paris son magnifique tableau de Pieter Janssens, dit Elinga (1623 – 1682) [fig. 10] dont les intérieurs peuplés de figures féminines invitent à une même rêverie que ceux de Vrel.

11- Gerard ter Borch (1617 – 1681)- La Chasse aux poux, vers 1652-1653
Huile sur bois. – 33,2 × 28,7 cm
La Haye, Mauritshuis, acquis avec le soutien de la Vereniging Rembrandt,
inv. 744

Quant au Mauritshuis, il a accepté de prêter l’un de ses tableaux iconiques de Gerard ter Borch (1617 – 1681) : La Chasse aux poux [fig. 11] normalement exposé dans la salle des Vermeer à La Haye. On y retrouve le thème de l’épouillage maternel de la composition de Vrel conservée à Détroit [fig. 7] mais traité par Ter Borch de façon plus intimiste avec une attention toute particulière accordée aux expressions des visages et à la description des étoffes.

Les arts graphiques ne sont pas en reste pour cet éloge du quotidien que les artistes hollandais du XVIIe siècle ont offert à la postérité.
La Fondation Custodia est riche de dessins de Rembrandt évoquant la vie des
femmes, probablement à l’origine conservés par le maître dans un album consacré à ce thème. On peut admirer le plus beau d’entre
eux – unanimement reconnu comme l’une des feuilles majeures de l’artiste. Rembrandt y représente sa femme, Saskia, alitée, sans doute pendant l’une de ses grossesses [fig. 12]. Le motif de la malade allongée dans un lit

12.-Rembrandt Harmensz van Rijn, dit Rembrandt (1606 – 1669)
Intérieur avec Saskia alitée, vers 1640-1641
Plume et encre brune, lavis brun et gris, corrections à la gouache blanche.
– 142 × 177 mm
Paris, Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, inv. 266

Aux côtés des dessins et gravures sélectionnés dans la collection de la Fondation Custodia sont exposés de nombreux prêts du Rijksmuseum, comme la série de la graveuse Geertruydt Roghman (1625 – 1651) qui présente de frappantes similarités avec certaines scènes de Vrel [fig. 13].

13- Geertruydt Roghman (1625 – 1651) Une femme nettoyant des ustensiles de cuisine Gravure au burin. – 213 × 171 mm
Amsterdam, Rijksmuseum, Rijksprentenkabinet,
don de F. G. Waller, Amsterdam, inv. RP-P-1939-571


On peut aussi admirer le dessin dans lequel une femme vue de dos se penche par
l’ouverture d’une porte à deux battants [fig. 14], un motif très prisé par Vrel.
Longtemps attribuée à Rembrandt, cette feuille est aujourd’hui donnée à Nicolaes Maes (1634 – 1693), l’un de ses brillants élèves qui, lui aussi, a bien souvent représenté des femmes dans l’intimité de leur foyer ainsi que l’attestent d’autres dessins exposés de l’artiste.

Renseignements pratiques

Fondation Custodia
 121, rue de Lille – 75007 Paris

www.fondationcustodia.fr

Heures d’ouverture
Durant les périodes d’exposition :
tous les jours sauf le lundi, de 12h à 18h

Le billet d’entrée donne droit à la visite des 2 expositions

Transports
Métro Assemblée Nationale (ligne 12) ou Invalides (lignes 8 et 13, RER C)
Bus 63, 73, 83, 84, 94 : Assemblée Nationale

 Robert Gober et le motif du trou d’écoulement

A la Bourse de Commerce

L’œuvre de Robert Gober décrit des relations complexes entre intérieur et extérieur, caché et révélé. Les corps masculins sont présentés comme des ready-mades modifiés, tronqués, mutants et hybrides.   

Waterfall est une installation qui s’aborde à travers une simple veste, une pièce de costume masculin présentant son dos au regardeur. Elle est placée contre un mur ; de son col, dépasse un liseré blanc de chemise. Dans la partie supérieure du dos se découpe une petite ouverture carrée. Le visiteur est porté à regarder par cette ouverture : ce qu’il voit alors n’est pas, comme on pourrait s’y attendre, l’intérieur d’un corps, mais une paroi rocailleuse, mêlée de branchages et ruisselante d’eaux vives. En combinant la banalité sévère d’un vêtement urbain à une scène agreste, deux éléments du réel ordinaire appartenant à deux modes d’existence différents, Waterfall parvient à synthétiser, plus encore qu’un récit onirique dans la veine surréaliste, une mise en abîme qui renverse l’ordre établi et interchange les limites de l’intérieur et de l’extérieur. Waterfall renvoie aussi à la dernière œuvre de Marcel Duchamp, Étant donnés : 1° la chute d’eau 2° le gaz d’éclairage… (1946-1968), une installation où cohabitent le corps, la pulsion scopique du regardeur et le diorama de cascade et de verdure. Waterfall poursuit l’investigation de Gober sur la perception trouble et les aspects flottants du corps et de l’identité.

Door with Lightbulb 

L’installation Door with Lightbulb de Robert Gober immerge le spectateur dans une histoire silencieuse. Au cœur d’un espace clos et obscur, une porte apparaît encadrée de piles de journaux et aux prises avec deux sources de lumière. Alors qu’une ampoule rouge luit de façon sinistre et alarmante à son sommet, un rai de lumière brillante filtre sous elle. Attaché à la matérialité de l’objet, Gober confectionne à la main tous les éléments de cette installation, comme les journaux dont il a lui-même écrit chaque article.

Opérant une plongée dans un lieu anonyme et inquiétant, Door with Lightbulb exprime pleinement un mélange entre familiarité et étrangeté bien spécifique à l’œuvre de Robert Gober. La porte est un élément récurrent au sein de son œuvre ambiguë, apparaissant dans des environnements éclairés avec soin.

HELP ME 2020-2021

Help me de Robert Gober se compose d’un cadre de fenêtre et d’un ensemble d’objets quotidiens : des rideaux, un pot de graisse, un crayon, tous réalisés à la main par l’artiste. Si l’intérieur est visible, l’ouverture ne donne accès qu’au mur d’accroche, créant ainsi une sensation d’étouffement. La beauté calme du vent s’engouffrant dans les rideaux, le caractère domestique de l’assemblage qui donne l’impression de se retrouver face à un rebord de fenêtre d’une ferme américaine comme le suggère le pot, renforce paradoxalement l’aspect énigmatique, sinon angoissant, sensation réhaussée par le titre
(« Sauvez moi »).

Nombre d’œuvres de Robert Gober font état d’une tension entre l’intérieur et l’extérieur – l’artiste a souvent recours à l’artifice visuel des barreaux – laissant le sentiment que certaines choses restent enfouies, sous le poids des contraintes sociales, de la honte, des injonctions. Help Me, tout en laissant affleurer des questions existentielles et biographiques, arpente aussi l’histoire de l’art : le cadre de la fenêtre agit tout autant comme celui d’un tableau, interrogeant le caractère illusionniste de l’image artistique.

Au Schaulager

Sans titre 1995-1997

Cette œuvre majeure consacrée à la création de répliques de l’environnement ménager, tels que des lavabos, des cheminées, des écoulements ou des reproductions de parties du corps, ainsi que des espaces connotés par une institution ou par la religion, se voit une nouvelle fois présentée au public, dans une collaboration étroite avec l’artiste.

Le motif du trou d’écoulement, auquel il se confronte encore une fois ici, apparaît dès ses premières œuvres : à partir de 1989, Gober installe une série de simples trous d’écoulement (Drains), qu’il réalise un par un et fait mouler directement dans les murs des salles d’exposition. Le trou d’écoulement illustre la frontière entre la lumière et l’obscurité, entre ce qui est visible en surface et ce qui est souterrain, entre l’intérieur et l’extérieur.

Son installation est à lire comme un symbole de transition, elle présente des lieux qui sont invisible en eux-mêmes. Les catégories explicites du dedans et du dehors, du dessus et du dessous, ces éléments qui font notre orientation dans l’espace, disparaissent. En lieu et place, des zones inconnues apparaissent aux délimitations autres et qui ouvrent sur un domaine dont il faut faire l’expérience physique. En même temps, observée avec recul, la sculpture domine l’espace et vacille sans se fixer entre un plateau de tournage et la scène d’un crime.


Split Walls with Drains ne fait pas seulement figure d’apothéose de l’œuvre sculpturale de Gober en raison de ses exceptionnelle qualités plastiques – considérant en particulier les éviers, trous d’écoulement et urinoirs réalisés à la main –, l’œuvre occupe aussi une place à part puisqu’elle fut réalisée pour l’espace spécifique du MGK, sous et au travers duquel coule aussi d’ailleurs un ruisseau. Elle demeure ainsi enracinée dans le bâtiment de manière permanente.

Biographie
 

AMÉRICAIN, NÉ EN 1954, auteur d’une œuvre autobiographique dans laquelle se côtoient lits d’enfants, membres humains et installations à grande échelle, Robert Gober rattache ses souvenirs d’enfance à des objets de prime abord anodins mais à l’apparence troublante. En donnant une forme aux images évocatrices qui hantent son esprit, il livre un œuvre protéiforme qui questionne la sexualité, la religion, les relations humaines et la nature.

L’évocation du souvenir est indissociable chez Robert Gober d’une démarche artisanale. Ses œuvres naissent d’un travail manuel méticuleux qui implique une grande diversité de matériaux tels que cire, plâtre, papier journal, et procédés techniques. Sa grande maîtrise sculpturale lui permet d’exprimer une forme d’aliénation de l’objet au travers d’un réalisme déconcertant.

Les œuvres de Robert Gober, conservées au sein de la Collection Pinault, ont été exposées lors de l’exposition « Sequence 1 » (2007) à Palazzo Grassi, et les expositions « Mapping the Studio » (2009-2011) et « Dancing with Myself » (2018) à Punta della Dogana.

Informations pratiques

A la Bourse de Commerce

2 rue de Viarmes, 75001 Paris

Voir le plan

Ouverture

Du lundi au dimanche de 11h à 19h
Fermeture le mardi et le 1er mai.
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h.
Le premier samedi du mois, nocturne gratuite de 17h à 21h.

Au Schaulager Basel
HORAIRES D’OUVERTURES
 

Mardi-dimanche 10h-18h
Jeudi jusqu’à 20h
Fermé le lundi
Ouvert le 1er août

OUT OF THE BOX

Schaulager est fier de présenter cette année une grande exposition collective et a de bonnes raisons de se réjouir : Schaulager fête ses 20 ans ! La plupart des œuvres exposées ont été acquises ces dernières années pour la collection de la Fondation Emanuel Hoffmann. L'exposition se concentre sur les médias temporels.L’exposition a été conçue par Heidi Naef, Senior Curator, en collaboration avec l’équipe de recherche du Schaulager. Le livre d’artiste consacré à Dieter Roth a été développé et réalisé par le Schaulager, le concept visuel a été conçu par Peter Fischli. Se termine le 19 November 2023

20 ans

2023 est pour le Schaulager une année exceptionnelle : il y a 20 ans, le bâtiment inaugurait un concept innovant dans une institution unique en son genre. Avec OUT OF THE BOX, le Schaulager présente désormais une importante exposition de groupe qui réunit les oeuvres de quelque 25 artistes, dont
David Claerbout, Tacita Dean, Thomas Demand, Gina Fischli, Peter Fischli, Katharina Fritsch, Robert Gober, Rodney Graham, Gary Hill, Martin Honert, Klara Lidén, Dieter Roth, Thomas Ruff, Anri Sala, Jean- Frédéric Schnyder, Dayanita Singh, Monika Sosnowska, Jane & Louise Wilson et autres.
À cette occasion, des oeuvres médiatiques basées sur le temps sont mises en avant ; elles seront visibles dans des espaces de projection dédiés, répartis à travers l’exposition.

OUT OF THE BOX

Le titre de l’exposition correspond au programme du Schaulager depuis 20 ans. En effet, celui-ci a été fondé en 2003 dans l’idée d’associer stockage et visibilité de l’art contemporain : les oeuvres de la Fondation Emanuel Hoffmann sont conservées telles quelles, sans boîte ni caisse, et disposées au Schaulager, lorsqu’elles ne sont pas présentées dans des expositions au Kunstmuseum
Basel ou des musées du monde entier. Ce nouveau type de bâtiment a été développé et réalisé à l’époque dans une collaboration de la Fondation Laurenz avec le bureau d’architectes de renommée internationale
Herzog & de Meuron. Aujourd’hui, le Schaulager a non seulement inspiré de nombreuses autres institutions avec cette idée visionnaire, mais il s’est fait aussi une place solide au niveau international en tant qu’institution de recherche, lieu de dépôt et d’exposition. Le titre de l’exposition OUT OF THE BOX résume donc parfaitement la conception et l’idée d’origine du Schaulager, toutes deux aussi actuelles aujourd’hui qu’il y a 20 ans.

                          Katharina Fritsch, Rattenkönig

OUT OF THE BOX renvoie cependant aussi aux conditions, en constante évolution, de l’art contemporain. « Box » est ici synonyme d’« espace » et pose une notion fondamentale pour la démarche des artistes contemporaines et contemporains. Concernant les oeuvres médiatiques basées sur le temps, l’espace dans lequel elles sont présentées est un élément essentiel, auquel les artistes pensent déjà pendant la genèse de l’oeuvre : sans espace, une oeuvre ne peut pas être montrée ; l’espace marque l’oeuvre de son empreinte, même si ce que les images animées donnent à voir est en soi immatériel et ne prend place que sous forme de fichier sur un support de données. L’espace est inhérent à l’oeuvre, chaque fois que celle-ci est présentée, il est soigneusement défini et ajusté aux circonstances et aux spécifications techniques.

                                          Gary Hill Circular Breathing 1994
Ces espaces rigoureusement adaptés sont par conséquent individuels, un peu comme un vêtement confectionné sur mesure. L’architecture de l’exposition OUT OF THE BOX se compose donc de contenants plus ou moins grands placés dans l’espace. D’autres places et passages s’ouvrent entre les volumes, et
même l’architecture visible du Schaulager – lui-même une boîte géante – est intégrée dans ce paysage varié de formes et d’axes visuels.

                          Robert Gober, Untitled, 1995–1997

L’accent de cette vaste présentation est mis sur des oeuvres médiatiques grand format basées sur le temps et autres dernières acquisitions de la collection de la Fondation Emanuel Hoffmann, dont certaines sont montrées au public pour la première fois dans le contexte institutionnel d’une exposition. Par conséquent,
une multitude d’oeuvres vidéo ou cinématographiques, sculptures, peintures, dessins, et photos s’étend sur les deux grands niveaux d’exposition du Schaulager.

Les oeuvres

Chaque oeuvre est unique et a sa propre histoire au sein de la collection, mais il convient de souligner ici l’installation audio et vidéo complexe Ravel Ravel (2013) de l’artiste albanais Anri Sala, acquise après la première présentation de l’oeuvre à la Biennale de Venise en 2013. Pour OUT OF THE BOX, Sala a choisi de
présenter l’installation dans la version qu’il avait déjà expérimentée en 2017–2018 au Museo Tamayo de Mexico. Ici, il a décidé de ne pas projeter les deux vidéos l’une au-dessus de l’autre comme à Venise, mais sur deux écrans semi-transparents suspendus l’un derrière l’autre, dans un
espace insonorisé conçu par l’artiste.Ravel(vidéo)

Anri sala

S’y déplacer signifie percevoir avec tous ses sens l’intervalle acoustique, visuel et spatial entre les deux projections. L’oeuvre porte sur la composition musicale Concerto pour la main gauche (1921-1931) de Maurice Ravel, écrite par celui-ci à la demande de Paul Wittgenstein qui avait perdu son bras droit pendant la Première Guerre mondiale.

Tacita Dean

De l’artiste britannique Tacita Dean sont présentés le grand dessin à la craie sur panneau mural Inferno (2019), la photographie repeinte Purgatory (Threshold) (2020) et le film 35 mm Paradise (2021). Tacita Dean a été chargée par le Royal Opera House de Londres de concevoir les dessins et les costumes d’un nouveau
ballet intitulé The Dante Project,

dont sont issues les trois oeuvres distinctes présentées dans OUT OF THEBOX. Coproduit avec l’Opéra de Paris, avec une nouvelle musique de Thomas Adès et une chorégraphie de Wayne McGregor, le projet s’inspirait de la Divine Comédie (1307-1321) de Dante Alighieri et marquait les 700 ans de la mort du poète. Le ballet a été créé à Londres en octobre 2021 et a été présenté au Palais Garnier à Paris jusqu’en mai 2023.
Pour The Dante Project, Tacita Dean représente ces trois cercles du parcours de Dante dans une odyssée inspirée, à travers différents médiums et moyens de représentation.


Pour OUT OF THE BOX, les trois oeuvres ont été chorégraphiées de manière cohérente suivant la séquence chronologique du ballet.

David Claerbout

David Claerbout, quant à lui, place le public face à une illusion. On voit là un incendie de forêt d’une ampleur effrayante, malgré le monde virtuel dans lequel se déroule la catastrophe : le spectacle ressemble à s’y méprendre à la réalité, or il relève entièrement d’une construction numérique. En 2017 déjà, le Schaulager avait présenté de David Claerbout la grande projection Olympia (The real time
disintegration into ruins of the Berlin Olympic stadium over the course of a thousand years) (lancement en 2016), une réflexion sur le temps et sur la perception, que Wildfire (meditation on fire) (2019–2020) pousse
encore plus loin, de manière encore plus spectaculaire.David Claerbout

Klara Lidén

Un groupe d’oeuvres de l’artiste suédoise Klara Lidén a tout récemment rejoint la collection de la Fondation Emanuel Hoffmann. L’espace et le positionnement de son propre corps dans l’environnement constituent des thèmes majeurs de son travail : dans une vidéo de l’installation médiatique Closer Now (2022), l’artiste se montre elle-même descendant stoïquement une ruelle étroite en faisant des cabrioles sur l’asphalte dur. L’installation comprend également des boîtes en carton suspendues qui tournent autour de leur propre axe et reprennent ainsi le mouvement de roulement du corps dans la rue.

Dans la vidéo

grimpe en revanche sur un échafaudage qui semble tourner autour d’elle.

Conclusion

Les visiteurs réguliers des expositions passées du Schaulager tomberont sur des oeuvres d’artistes auxquels de grandes expositions monographiques ont été consacrées ici ; par exemple Monika Sosnowska, dont la sculpture d’un cube cabossé Untitled (2006) domine l’espace,

ou encore l’artiste universel Dieter Roth, auquel le Schaulager, pour son inauguration il y a 20 ans, avait consacré une rétrospective. Et pour l’occasion, une nouvelle publication du Schaulager, rend hommage à l’oeuvre
Selbstturm; Löwenturm (1969/1970-1998) de la collection de la Fondation Emanuel Hoffmann, et dont la maquette a été conçue par l’artiste Peter Fischli, paraîtra également en juin.

Dans OUT OF THE BOX, ce dernier montre différentes oeuvres, certaines datant de l’époque du duo d’artistes Fischli/Weiss, mais d’autres aussi, plus récentes, que l’artiste a réalisées seul, dont un groupe de sculptures cinétiques créé en 2023 et exposé pour la première fois.

OUT OF THE BOX invite à envisager l’art de notre époque de manière à la fois agréable et réfléchie, afin de considérer sous un angle nouveau les thèmes qui nous animent aujourd’hui. Les oeuvres médiatiques notamment supposent que l’on prenne davantage de temps. Pour cette raison, le billet d’exposition donne
droit cette année à trois entrées au Schaulager.

Autres artistes
Informations Pratiques

Schaulager
Ruchfeldstrasse 19 CH
-4142 Münchenstein
T +41 61 332 35 35 F +41 61 332 35 30
www.schaulager.org

Horaires
Tue, Wed, Fri 10 a.m. – 6 p.m.
Thu 10 a.m. – 8 p.m.
Sat, Sun 10 a.m. – 6 p.m.
Mon closed
During public holidays and Art Basel,
see www.schaulager.org
Admission Tickets valid for three visits (not transferable)
Regular CHF 18, Reduced CHF 12
Family Ticket CHF 25

 Tacita Dean

La Bourse de Commerce — Pinault Collection invite Tacita Dean à présenter une exposition constituée d’œuvres inédites, conçue en résonance avec la saison « Avant l’orage », qui se déploie dans le musée depuis le 8 février. Il s’agit de sa première exposition d’envergure dans une institution française depuis celle présentée au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 2003. L’ensemble des œuvres ont été spécifiquement réalisées pour son exposition
« Geography Biography ». Jusqu’au 25 septembre 2023

« Avant l’orage », une exposition pour nous confronter à la fragilité de la nature

Emma Lavigne commissaire de l’exposition,
l’exposition « Avant l’orage » nous alerte sur l’état de notre planète.
Emma Lavigne, commissaire de l’exposition est l’invitée du 64 minutes

« J’ai fini par penser la géographie à travers ma propre vie » Tacita Dean

L’exposition « Avant l’orage » invite à un cheminement à travers des installations et des œuvres de près d’une vingtaine d’artistes qui métamorphosent tous les espaces du musée.

Sur fond de dérèglement climatique, dans l’urgence du présent comme dans l’œil d’un cyclone, l’obscurité et la lumière, le printemps et l’hiver, la pluie et le soleil, le jour et la nuit, l’humain et le non-humain cohabitent au sein de cet accrochage inédit d’œuvres de la collection. Ces paysages instables, saisis dans une ronde désynchronisée du temps, figurent de nouveaux écosystèmes dans lesquels le visiteur est invité à s’immerger.

Articulée en deux temps, cette saison thématique est réactivée, à la fin du mois de mai, pour l’exposition consacrée à Tacita Dean, dans la Rotonde et la Galerie 2.

                                           photo yomarianablog

« Tout est intempérie sur Terre. C’est ce dont les œuvres rassemblées dans cette exposition veulent témoigner. (…) après tout, on ne sait pas vraiment si l’on est avant ou après l’orage, car le monde entier est devenu un orage. Et l’orage n’est rien d’autre que le chant de la vie. » Emanuele Coccia

Les artistes

LUCAS ARRUDA / HICHAM BERRADA / FRANK BOWLING / JUDY CHICAGO / TACITA DEAN / THU VAN TRAN / ROBERT GOBER / DOMINIQUE GONZALEZ-FOERSTER / PIERRE HUYGHE / BENOIT PIÉRON / DANIEL STEEGMANN MANGRANÉ / ALINA SZAPOCZNIKOW / CY TWOMBLY / DANH VO / ANICKA YI

Tacita Dean podcast

Pour les 20 ans du Schaulager à Basel, Tacita Dean est présentée dans la collection de la Fondation Hoffmann (90 ans)
Tacita Dean, Purgatory (Threshold), 2020

Tacita Dean, Purgatory (Threshold), 2020
Crayon de couleur sur papier Fuji Velvet marouflé sur papier, 372 × 468,5 cm, Fondation Emanuel Hoffmann, prêt permanent à l’Öffentliche Kunstsammlung Basel, photo : Stephen White and Co, Courtesy the artist and Frith Street Galerie © Tacita Dean

Tacita Dean, Inferno, 2019 (détail)

Tacita Dean, Inferno, 2019 (détail)
Craie sur isorel, 242 × 1219 cm, Fondation Emanuel Hoffmann, prêt permanent à l’Öffentliche Kunstsammlung Basel, photo : Stephen White and Co, Courtesy the artist and Frith Street Gallery © Tacita Dean

Information pratique

Respectivement :
A la Bourse de Paris François Pinault
2 rue de Viarmes, 75001 Paris

Voir le plan

Ouverture

Du lundi au dimanche de 11h à 19h
Fermeture le mardi et le 1er mai.
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h.
Le premier samedi du mois, nocturne gratuite de 17h à 21h.

Schaulager,
Ruchfeldstrasse 19,
4142 Münchenstein Suisse (Basel)
T +41 61 335 32 32, F +41 61 335 32 30,
 info@schaulager.org

HORAIRES D’OUVERTURES

Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Jeudi à 20h
Fermé le lundi
Ouvert le 1er août

 

Naples à Paris Le Louvre invite le musée de Capodimonte

A disputa do Santíssimo Sacramento, de Rafael

Jusqu'au 8 janvier 2024, Le Louvre invite le musée de Capodimonte, de Naples
Plus de soixante-dix des plus grands chefs-d’oeuvre du musée napolitain sont exposés dans trois lieux différents du Louvre
Commissariat général : Sébastien Allard, directeur du département des Peintures du musée du Louvre et Sylvain Bellenger, directeur du musée de Capodimonte.
Commissariat scientifique : Charlotte Chastel-Rousseau, conservatrice en chef au département des Peintures, Dominique Cordellier, conservateur général au département des Arts graphiques, musée du Louvre et Patrizia Piscitello, conservatrice de la collection Farnèse et des collections de peintures et de sculptures du XVIe siècle, Allessandra Rullo, directrice du département des Collections, conservatrice des peintures et des sculptures des XIIIe-XVe siècles, Carmine Romano, conservateur, responsable de la numérisation et du catalogue numérique des oeuvres, Museo e Real Bosco di Capodimonte. 

Jusqu'au 8 janvier 2024, Le Louvre invite le musée de Capodimonte, de Naples
Plus de soixante-dix des plus grands chefs-d’oeuvre du musée napolitain sont exposés dans trois lieux différents du Louvre
Commissariat général : Sébastien Allard, directeur du département des Peintures du musée du Louvre et Sylvain Bellenger, directeur du musée de Capodimonte.
Commissariat scientifique : Charlotte Chastel-Rousseau, conservatrice en chef au département des Peintures, Dominique Cordellier, conservateur général au département des Arts graphiques, musée du Louvre et Patrizia Piscitello, conservatrice de la collection Farnèse et des collections de peintures et de sculptures du XVIe siècle, Allessandra Rullo, directrice du département des Collections, conservatrice des peintures et des sculptures des XIIIe-XVe siècles, Carmine Romano, conservateur, responsable de la numérisation et du catalogue numérique des oeuvres, Museo e Real Bosco di Capodimonte. 

Présentation

Réaffirmant l’importance des collaborations entre les institutions muséales européennes, le musée du Louvre a noué pour l’année 2023 un partenariat d’une envergure inédite avecle musée de Capodimonte.

Chefs d’oeuvre

Ancienne résidence de chasse des souverains Bourbon, le palais (la Reggia en italien) abrite aujourd’hui l’un des plus grands musées d’Italie et l’une des plus importantes pinacothèques d’Europe, tant par le nombre que par la qualité exceptionnelle des oeuvres conservées. Capodimonte est l’un des seuls musées de la péninsule dont les collections permettent de présenter l’ensemble des écoles de la peinture italienne. Il abrite également le deuxième cabinet de dessins d’Italie après celui des Offices ainsi qu’un ensemble remarquable de porcelaines.

Une ambitieuse programmation culturelle donne à cette invitation, au-delà des salles du musée, les dimensions d’une véritable saison napolitaine à Paris.

« En 2023, les plus beaux chefs-d’oeuvre du musée de Capodimonte dialogueront avec ceux du Louvre, au sein même du musée, dans le cadre d’un dispositif inédit. Une programmation musicale et cinématographique foisonnante viendra enrichir cette invitation pour définitivement installer Naples à Paris pendant près de six mois. Palais royaux transformés en musées, riches de collections héritées des plus grands souverains, symboles des liens historiques entre la France et l’Italie, le Louvre et Capodimonte ont beaucoup à partager et à dire. Je veux sincèrement remercier Sylvain Bellenger, Directeur du musée de Capodimonte, qui en confiance et amitié nous fait le grand honneur d’accepter notre invitation. Cette collaboration exceptionnelle et exclusive, illustre parfaitement l’élan européen et international que je souhaite pour le Louvre. », déclare Laurence des Cars

UN DISPOSITIF EXCEPTIONNEL

Salon Carré, Grande Galerie et salle Rosa (Aile Denon, 1er étage)

La volonté des deux musées est de voir les insignes chefs-d’oeuvre de Naples se mêler à ceux du Louvre, dans une présentation véritablement exceptionnelle : la réunion des deux collections offre pendant six mois aux visiteurs un aperçu unique de la peinture italienne du XVe au XVIIsiècle, permettant également une vision nouvelle tant de la collection du Louvre que de celle de Capodimonte.

Trente-et-un tableaux de Capodimonte, parmi les plus grands de la peinture italienne,  dialoguent avec les collections du Louvre (oeuvres de Titien, Caravage, Carrache, Guido Reni pour n’en citer que quelques-uns), soit les compléter en permettant la présentation d’écoles peu ou pas représentées – notamment bien sûr, la singulière école napolitaine, avec des artistes à la puissance dramatiques et expressives tels que Jusepe de Ribera, Francesco Guarino ou Mattia Preti.

Sébastien Allard,
« l’une des premières tentatives de l’histoire de l’art pour rendre la vision perspective da sotto in sù ».


Cela est aussi l’occasion de découvrir la bouleversante Crucifixion de Masaccio, artiste majeur de la Renaissance florentine mais absent des collections du Louvre, un grand tableau d’histoire de Giovanni Bellini, La Transfiguration,

dont le Louvre ne possède pas d’équivalent ou encore trois des plus magnifiques tableaux de Parmigianino, dont la célèbre et énigmatique Antea. La confrontation de ces oeuvres avec les Corrège du Louvre promet assurément d’être l’un des moments forts de cette réunion.

PRESENTATION DU MUSEE DE CAPODIMONTE
Par Sylvain Bellenger

L’exposition Naples à Paris, Le Louvre invite le Musée de Capodimonte est une première dans l’histoire des expositions. Le sujet de l’exposition n’est ni un artiste ni un mouvement, ni même un pays, mais un musée. Le musée, on le sait depuis longtemps, et chaque jour d’avantage, n’est pas un simple contenant mais bien un acteur de l’histoire. Ses collections constituent un grand récit, avec l’exposition ce récit se transforme en dialogue, des oeuvres se rencontrent et racontent le Musée, les deux musées.

La rencontre est d’autant plus forte que l’invitation faite à Capodimonte, pendant la fermeture de ses galeries pour de grands travaux, est de s’exposer non pas isolé, mais en compagnie des collections italiennes du Louvre, dans la Grande Galerie, le Salon Carré, la salle Salvator Rosa et la salle de la Chapelle, les lieux les plus historiques et les plus illustres du musée, ainsi que dans la salle de l’Horloge. Le choix des oeuvres a été fait pour solliciter cette rencontre qui porte un éclairage nouveau sur les oeuvres mais aussi sur la collection, son esprit, son histoire.


Des histoires qui se ressemblent

L’histoire de Capodimonte est indissociable de l’histoire du royaume de Naples comme l’histoire du musée du Louvre est indissociable de la Révolution française. La création du premier est liée à la création du royaume qui occupa toute la botte italienne comme la création du second résulte de la Révolution Française. Comme le Louvre, la Reggia di Capodimonte est un des rares palais royaux à être transformé en musée.

Mais Capodimonte a la particularité d’avoir été construit pour abriter des collections, celles de la famille Farnèse qu’Élisabeth Farnèse (1692-1766), reine consort d’Espagne par son mariage en 1714 avec Philippe V d’Espagne, le petit fils de Louis XIV, donne à son cinquième fils, Charles de Bourbon (1716-1788), duc de Parme et de Plaisance quand il devient roi de Naples en 1734.

Le royaume de Naples, antique Vice-Royaume espagnol et plus récemment Vice-Royaume autrichien fut l’enjeu de toutes les convoitises des grandes puissances européennes – l’Espagne, l’Autriche et la France – pendant les guerres de succession d’Espagne (1701-1714), puis celle de Pologne (1733-1738). Il devient, grâce à l’habileté diplomatique d’Élisabeth Farnèse un royaume indépendant gouverné jusqu’á l’Unité de l’Italie par les Bourbons de Naples, une branche cadette des Bourbons d’Espagne.
Élisabeth, la dernière des Farnèse, grande famille de collectionneurs, qui depuis la Renaissance, avec le Cardinal Alexandre Farnèse, sous le Pontificat de Paul III Farnèse, avait constitué une des plus grandes collections d’antiques et d’oeuvres des grandes écoles italiennes (Venise, Bologne, Florence, Rome), commandités, hérités ou conquises, qui étaient abritées dans les grands palais familiaux, le palais Farnèse, la villa de Caprarola ou le palais de la Pilotta à Parme.

L’ensemble de cette fabuleuse collection familiale fut transporté à Naples, qui s’enrichit subitement d’une collection d’oeuvres d’art comparable à celle des grandes capitales européennes. Naples sous le règne de Charles de Bourbon devient une Capitale des Lumières que les découvertes des villes romaines d’Herculanum et de Pompéi activement promues par le nouveau pouvoir, met sur la carte du monde.

La traditionnelle vitalité de la vie musicale de la ville se développe avec la création du théâtre San Carlo, le premier théâtre d’opéra d’Europe et la création à Capodimonte d’une manufacture de porcelaine, un enjeu technologique d’avant-garde pour toute l’Europe du XVIIIe siècle qui fait de la capitale du nouveau royaume une des destinations principales du Grand Tour. Naples est alors, après Londres et Paris, la troisième ville d’Europe. La collection Farnèse est alors hébergée dans l’aile sud-ouest de la Reggia de Capodimonte, majestueuse construction située sur une des collines de la Ville, où est planté un énorme parc pour la chasse, passe-temps favori de tous les Bourbons. La collection devient une collection dynastique et Charles de Bourbon la laisse à Naples, à son fils Ferdinand IV, quand la mort de son demi-frère Ferdinand VI, en 1759, le fait monter, vingt-cinq ans après son intronisation napolitaine, sur le trône d’Espagne.

La collection Farnèse enrichie par tous les régimes politiques qui, de Joachim Murat, roi de Naples de 1808-1815, à la Maison de Savoie jusqu’à la République unitaire, dote Capodimonte d’une collection qui illustre bien au-delà de l’école napolitaine pratiquement toutes les écoles de la péninsules représentés au plus haut niveau.

En 1957, après la Seconde Guerre mondiale, Capodimonte restauré devient le Musée National de Capodimonte. La grande pinacothèque du Sud promeut de grandes expositions sur la civilisation napolitaine. En 2014, la réforme du ministre Franceschini rend le musée autonome de la Surintendance de Campanie et lui adjoint le parc royal, un jardin historique planté au XVIIIe et au XIXe siècle avec des essences qui sont souvent des cadeaux diplomatiques offerts au roi de Naples. Ce parc, le Bosco de Capodimonte, est le plus grand parc urbain d’Italie : outre la Reggia, il contient une vingtaine d’édifices qui sont placés sous la direction unique du nouveau site « Museo e Real Bosco di Capodimonte ».

Tous ces édifices font depuis 2017 partie d’un MasterPlan, qui leur attribue une destination, culturelle, éducative, sportive ou culinaire et qui entoure la grande pinacothèque d’un véritable campus culturel pluridisciplinaire : une Foresteria et Centre de recherche sur l’art et l’architecture des grandes cité portuaires, dans l’ancienne Capraia, une école de jardiniers dans l’Ermitage des Capucins, un musée de l’Arte Povera dans la Palazzina dei Principi, une école de digitalisation des biens culturels et des paysages, une Maison de la photographie, un centre de la santé et du bien-être, trois résidences d’artistes, une chapelle récemment dotée d’un décor de porcelaine réalisé par Santiago Calatrava dans les locaux même de la Manufacture Royale de porcelaine, aujourd’hui une école des métiers de la porcelaine,…
L’entrée du parc est gratuite et sa récente restauration en fait un des lieux favoris des Napolitains.

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BIENVENUE AU LOUVRE

Il y a toujours une bonne raison de venir au Louvre. Les œuvres du palais vous étonnent, vous invitent à rêver, à imaginer. Il est temps de préparer votre visite. Besoin d’inspiration ? Parcours et visites guidées vous font découvrir les lieux emblématiques. Et au cœur de Paris, les jardins vous accueillent.
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RON MUECK

Three Dogs 2023 Ron Mueck

Jusqu'au 5 novembre 2023, la Fondation Cartier pour l’art contemporain invite le sculpteur australien Ron Mueck à exposer un ensemble d’oeuvres jamais montrées en France aux côtés d’oeuvres emblématiques de sa carrière.
Commissaire d’exposition : Hervé Chandès
Commissaire associé : Charlie Clarke
Chargée du projet d’exposition : Aby Gaye
Présentation

Né en 1958 à Melbourne et vivant au Royaume-Uni depuis 1986, Ron Mueck développe une oeuvre qui touche à l’universel et renouvelle profondément
la sculpture figurative contemporaine. Il crée des oeuvres aux dimensions surprenantes et empreintes d’une inquiétante étrangeté. De nombreux mois,
et parfois plusieurs années, lui sont nécessaires pour créer chacune de ses sculptures. Ron Mueck a réalisé en un peu plus de 25 ans un corpus de quarante-huit oeuvres, dont les dernières sont achevées au printemps 2023 pour l’ouverture de l’exposition.

L’exploration d’un nouveau processus de création

                                                    Mass 2017

Par son échelle et sa facture, l’installation monumentale Mass marque un nouveau jalon dans la carrière de Ron Mueck. Cette oeuvre commandée par
la National Gallery of Victoria (Melbourne, Australie) en 2017, est la plus grande qu’il ait jamais réalisée.
Composée de cent gigantesques crânes humains, Mass est reconfigurée par l’artiste en fonction de l’espace pour chaque présentation. Elle offre une expérience physique et psychique fascinante qui nous amène à contempler les notions fondamentales de l’existence humaine. Son titre donne à lui seul une idée de la polysémie de l’oeuvre. Le mot anglais « mass », signifiant à la fois un amas, un tas, une foule mais aussi une messe, est une source d’interprétations propres à chaque visiteur. L’iconographie du crâne, elle-même, est ambigüe. Si l’histoire de l’art l’associe à la brièveté de la vie humaine, elle est aussi omniprésente dans la culture populaire.

Pour l’artiste, « le crâne humain est un objet complexe, une icône puissante, graphique, que l’on identifie immédiatement. Familier et étrange à la fois, il rebute autant qu’il intrigue. Il est impossible à ignorer, accaparant inconsciemment notre attention ».

Les crânes se présentent comme un groupe, une somme d’individus qui s’impose au visiteur. En cela, Mass se distingue des précédentes oeuvres de Ron Mueck qui avait, jusqu’alors, toujours représenté l’être humain dans son individualité.

Également exposé pour la première fois en France, Dead Weight (2021), un crâne en fonte de près de deux tonnes, contraste avec ses oeuvres
habituellement naturalistes. Les traces du moulage de cette sculpture demeurent, l’artiste ayant volontairement laissé les marques de sa fabrication et la nature brute du matériau parler d’elles-mêmes.

Le film

Ce nouveau procédé lui permet également de raconter de nouvelles histoires, de traiter des sujets différents, tels que des personnages en groupes et même en action. En les libérant d’une abondance de détails réalistes, Ron Mueck traduit d’une manière plus directe la dynamique qui les anime.
Un court film réalisé par le photographe français Gautier Deblonde dans l’atelier de l’artiste documente la création de ses deux oeuvres les plus récentes et est diffusé sur les plateformes digitales de la Fondation Cartier.

Trois oeuvres emblématiques des années 2000

Pour Baby (2000), minuscule sculpture d’un petit garçon qui vient de naître, Ron Mueck a pris pour modèle une image trouvée dans un manuel de médecine
montrant un bébé tenu en l’air par les pieds quelques minutes seulement après l’accouchement. Aux antipodes de l’installation Mass, évocation du corps post-mortem, cette minutieuse représentation des premiers instants
de la vie attire tout aussi intensément l’attention.
En inversant l’image originale et en accrochant la sculpture au mur à la manière d’un crucifix, l’artiste présente tout d’abord son oeuvre telle une icône
religieuse. Mais en l’observant de plus près, le visiteur est transpercé par le regard presque insolent du bébé.

Man in a boat (2002)

Man in a boat (2002) représente une scène particulièrement mystérieuse. Un homme dont les bras cachent la nudité est assis à la proue d’une longue barque et se penche en avant, le regard interrogatif ou scrutateur. Comme souvent chez
Ron Mueck, ce personnage semble « se retirer ou dériver dans des états intérieurs qui nous sont à peu près inaccessibles », selon les mots du critique d’art Justin Paton.

Man in a boat 2002

A Girl (2006),

Avec A Girl (2006), le visiteur se retrouve face à un gigantesque nouveau-né, qui porte son premier regard sur le monde. Maculé de traces de sang, le cordon
ombilical toujours présent, son corps est encore marqué par l’expérience de l’accouchement. L’artiste joue sur une impressionnante distorsion d’échelle pour évoquer à la fois le miracle et l’épreuve de la naissance, instant
oublié et pourtant fondamental pour chacun d’entre nous.

Girl 2006

Les oeuvres de Ron Mueck, à la fois profondément mystérieuses et réalistes à l’extrême, font surgir le rêve dans le réel et nous invitent à nous confronter à notre rapport au corps et à l’existence.

Three Dogs 2023

L’exposition dévoile également une spectaculaire sculpture représentant un groupe de chiens menaçants, créée spécialement pour l’occasion, dont Ron Mueck nourrissait déjà le projet lorsqu’il préparait son exposition monographique à la Fondation Cartier en 2013.

La forme et le mouvement

Mass marque également un tournant dans la carrière de Ron Mueck, l’expression de son ouverture à de nouvelles manières de sculpter. Depuis la création de celle-ci, l’artiste s’éloigne de sa pratique antérieure qui
s’attachait à reproduire sur ses sculptures le grain de la peau, l’implantation des cheveux, les détails des vêtements, agençant les matériaux pour obtenir
un effet de réel saisissant. En se focalisant désormais sur la forme, la composition et le mouvement, Ron Mueck souhaite amener le visiteur au plus près de ses intentions et de l’essence de son travail.

Informations Pratiques
Mimetisme

Fondation Cartier pour l’art contemporain
261 boulevard Raspail
75014 Paris

Se rendre à la Fondation Cartier

Horaires d’ouverture

Tous les jours de 11h à 20h, sauf le lundi.
Nocturne le mardi, jusqu’à 22h.
La fermeture des salles débute à 19h45 (21h45 les mardis).

Contact

Tél. +33 1 42 18 56 50

moc.reitrac.noitadnof@noitavreser.ofni

Trouver le bon interlocuteur

Rétrospective de l’oeuvre de Norman Foster

Viaduc de Millau 1993-2004 photo Daniel Jamme Eiffage

Au Centre Pompidou de Paris jusqu'au 7 août 2027
commissaire de l’exposition : Frédéric Migayrou
podcast du commissaire qui vous accompagne durant l'exposition
Livret d'aide à la visite de l'exposition
Présentation

                                                  Norman Foster

Frédéric Migayrou, commissaire nous présente cette figure majeure qui a marqué l’histoire de l’architecture mondiale, par son approche systémique et globale de la nature et de la technologie. Des extraits d’un entretien réalisé avec Norman Foster nous éclairent sur la pensée de cet architecte visionnaire et sur plusieurs projets emblématiques.
L’exposition « Norman Foster » au Centre Pompidou, sur 2200 mètres carrés, est la plus grande exposition consacrée à un architecte vivant. Elle présente son travail, son oeuvre, déroulée sur près d’une soixantaine d’années, au travers 130 projets qui touchent différentes thématiques. La scénographie est entièrement conçue par cet architecte et permet, à partir d’un cabinet de dessin, de découvrir l’ensemble de son oeuvre.

Le cabinet de dessins

L’exposition de Norman Foster commence par un grand cabinet de dessins où l’on mélange à la fois des carnets de croquis et les dessins historiques qui, depuis les années 1960, ont accompagné son oeuvre.

À la tête d’une agence de 1 500 personnes, le dessin aura, toute sa vie, été un
élément de communication, de médiation pour présenter ses projets et  de son oeuvre.

Nature et urbanité

Dès les années 1960, Norman Foster se préoccupe de la question environnementale, de l’intégration de ses bâtiments dans des contextes naturels ou urbains. La question écologique est centrale. Elle est conçue comme écologie positive, c’est-à-dire entre l’industrie, la technologie et la nature. Nombre de ses projets sont absolument innovants tout au long de sa carrière.
L’Apple Park est l’accomplissement de l’idée d’intégration des constructions dans les domaines naturels. C’est un grand bâtiment circulaire qui s’étend sur un parc de 71 hectares et qui accueille près de 12 000 employés. Les toits sont entièrement couverts de panneaux photovoltaïques qui assurent une autonomie en énergie alors que des auvents filtrent la lumière naturelle.


Les frontières entre intérieur et extérieur sont totalement brouillées. On est plongé dans la nature et l’ensemble constitue un manifeste de l’intégration paysagère des constructions architecturales.

Enveloppes et structures

Norman Foster a toujours été fasciné par la technologie – les avions et les
automobiles notamment – et pour lui l’objet architectural correspond à une espèce de structure.

Il la définit au travers de la notion de « skin and bones », la peau et les os, c’est-à-dire la structure antérieure qui permet de construire une enveloppe. Tous ses bâtiments sont conçus de cette manière.
La Hong Kong et Shanghai Bank est le premier grand concours gagné par Norman Foster. Il révolutionne complètement la typologie des grandes tours. Cette construction de 179 mètres est évidée de l’intérieur et permet, au travers un grand hall, de distribuer l’ensemble des espaces de bureaux.
La construction est élaborée selon trois tours parallèles, articulées autour d’un grand exosquelette, à savoir une structure reléguée à l’extérieur qui soutient l’ensemble du bâtiment. Pour la première fois, la climatisation est assurée par une pompe qui permet de prendre de l’eau dans le bassin du port.
C’est le premier manifeste qui révolutionne la notion de tours de grande hauteur, tours qui vont accompagner les grands projets de Norman Foster tout au long de sa vie.

Vous regardez ce bâtiment qui célèbre ses services et vous pouvez voir de l’extérieur les éléments qui chauffent et refroidissent ce bâtiment et la structure. Si vous regardez le Sainsbury Centre de cette époque, vous aviez la structure et tous les services sont intégrés dans celle-ci.
Elle est conçue pour la performance environnementale ainsi que pour la performance structurelle, mais également l’apparence et le bâtiment qui respire, qui devient ainsi un bâtiment sain.

Norman Foster

La ville verticale


Toutes les tours de Norman Foster sont construites comme des morceaux de ville. Les étages sont assemblés par groupes, séparés par des grands espaces collectifs. Cette idée amène à une compréhension de ville verticale, sachant que toute la base des bâtiments est ouverte sur la cité et accessible par le public.

La tour St. Mary Axe est un bâtiment emblématique de la ville de Londres qui est
surnommé « le cornichon » pour sa forme profilée qui correspond au fuselage d’avion.

C’est le premier bâtiment écologique construit dans la ville.

Il fait suite aux recherches du Commerzbank de Francfort ou du Climatroffice conçu avec Richard Buckminster Fuller. Sa structure en exosquelette permet de libérer totalement les espaces, et d’ouvrir à la lumière alors que l’ensemble de la construction est entièrement soumis à une ventilation naturelle.

Par exemple, la structure serait conçue non seulement pour soutenir le bâtiment, mais aussi pour contenir des vides et pour que vous puissiez distribuer les services du bâtiment à travers ces vides. C’est le contraire d’une façon traditionnelle de penser, où vous pensez la structure et ensuite vous vous suspendez en-dessous. Cela ne fonctionne pas. Donc cela produit quelque chose qui est plus performant, qui a plus de joie.
Norman Foster

Histoire et tradition

Bien que son architecture soit de très haute technologie, considérée comme high-tech, Norman Foster a toujours porté une attention très particulière au contexte historique, à l’histoire, aux bâtiments et aussi aux technologies. Son architecture réactive ces contextes, leur redonne vie et met en valeur des matériaux et des techniques souvent oubliés.


Avec le Carré d’Art de Nîmes, Norman Foster s’attaque pour la première fois à un centre historique en relation avec la Maison carrée, un temple romain du 1er siècle.
L’architecte décide de dégager l’ensemble de l’espace central autour de ce bâtiment pour en faire un morceau de ville.
La nouvelle médiathèque, à l’image de celle du Centre Pompidou, s’incarne comme un pendant du bâtiment historique et revivifie ainsi le coeur historique de la ville.
De la même manière, le British Museum, construit par Robert Smirke au 19ème siècle, ainsi que la grande rotonde, la salle de lecture construite par son frère, est recouvert d’un gigantesque toit de 6 000 mètres carrés qui rassemble l’ensemble des bâtiments.
À l’image du Crystal Palace de Robert Paxton, ce treillis de triangles transparents qui pèse près de 800 tonnes, donne une unité à ce complexe, et l’intègre dans la ville, mariant de façon très élégante, l’ancien et le moderne.

Si vous voulez regarder loin devant vous, vous regardez d’abord loin en arrière.
Vous pouvez voir dans cette approche l’empreinte de l’histoire dans des projets comme celui du British Museum. Vous remontez dans le temps et vous constatez que le coeur de ce bâtiment d’origine était une cour qui avait été perdue au fil du temps, sans rien de précieux entre la bibliothèque centrale d’origine et les façades de la cour.
Norman Foster

Sites et planification

Norman Foster est architecte, mais c’est aussi un grand urbaniste. Il s’est attaché à la reconstruction de grands plans urbains pour de nombreuses métropoles. Il s’attache aux flux, aux lieux et aux espaces publics, afin de redonner une identité à nombre de cités.
En 2011, la Communauté urbaine de Marseille veut restructurer le Vieux-Port et
demande au paysagiste Michel Desvigne ce réaménagement. Il s’associe à
Norman Foster, qui va recomposer l’ensemble des voiries et proposer, face au port, la construction d’une grande ombrière.
Cette énorme surface de 46 mètres par 22 fait effet de miroir et rassemble le public. Au final, le bâtiment actualise la conscience de l’espace public pour toutes les personnes présentes dans la cité.

L’infrastructure des espaces publics est vraiment le ciment qui lie les bâtiments individuels. Cette infrastructure détermine l’ADN d’une ville, l’identité de la ville, les identités séparées de New York, Marseille ou Londres.
Si je prends la transformation de Trafalgar Square par exemple, la fermeture d’un côté transforme non seulement cet espace, mais toute la zone, tout le quartier de la ville.
Vous pouvez quantifier après coup les avantages : moins d’accidents, c’est plus sûr, c’est plus agréable, la qualité de l’air est meilleure, c’est plus silencieux.
En outre, vous pouvez utiliser la conception anticipative, la syntaxe spatiale. Vous pouvez simuler les mouvements des piétons et explorer cela avant que la décision ne soit prise.
Norman Foster

Réseaux et mobilités

                                                       Reichstag
Norman Foster est un architecte et un ingénieur qui s’est toujours attaché à la notion de mobilité, de déplacements, de la liaison entre les territoires. Il a construit de très nombreux aéroports, des gares, des terminaux portuaires et des véhicules. Cette notion de communication, de liens entre les différentes localités, les villes et les pays l’ont amené à être un architecte de dimension planétaire.

Le viaduc de Millau

Le viaduc de Millau est un magnifique ouvrage d’art. Il s’agit d’un pont haubané qui relie les rives du Tarn et qui est conçu avec l’ingénieur Michel Virlogeux. Il participe au désenclavement de toute la région en créant un lien entre Paris et la Méditerranée.
Le pont est conçu autour de sept piles de béton d’une hauteur de 75 à 245 mètres, soit presque la hauteur de la tour Eiffel. Il est surmonté de pylônes et de haubans qui sont tendus en éventail et peints en blanc. Le viaduc trace une ligne très élégante sur l’ensemble du paysage et reconfigure tout le territoire.

Viaduc de Millau

Ces réseaux sont physiques. Il y a les réseaux invisibles dans le ciel, mais à un moment, ils se résument tous à la physicalité d’un élément construit. Dans ce monde numérique, avec ces réseaux invisibles qui nous connectent numériquement, il est extrêmement tentant d’entrer dans une architecture qui est une expérience numérique et de s’appuyer sur l’orientation par les chiffres, par les lettres de l’alphabet.
Je vois que le défi est d’en faire une expérience analogique, plutôt qu’une ère numérique. Donc, qu’il s’agisse d’un aéroport ou d’un système de métro, l’architecture devrait mener.
Norman Foster

Perspectives futures

Norman Foster a toujours été considéré comme un architecte extrêmement prospectif, envisageant le futur de nos sociétés avec des projets attachés au développement durable, à l’environnement.
Il développe avec sa fondation des projets en Afrique et en Inde mais aussi en
imaginant le développement de technologies qui permettraient des projets
extraterrestres visionnaires sur la Lune ou sur Mars.
Avec Lunar Habitat, Norman Foster s’attaque à l’idée de la construction d’un habitat sur la Lune, en coopération avec l’Agence spatiale européenne.
Foster imagine des systèmes d’habitation extrêmement simples, bien qu’étant
technologiquement extrêmement complexes. Il conçoit des gonflables qui seraient recouverts de régolithes grâce à des impressions 3D, le régolithe étant ce matériau que l’on trouve sur la Lune. On retrouve à la fois l’idée d’un habitat vernaculaire à l’image des architectures de terre en Afrique, et puis ces constructions de hautes technologies qui permettraient de développer l’idée d’une implantation lunaire.

Je suggèrerais une approche holistique pour atteindre un équilibre dans la nature.
L’énergie doit être au coeur même de cette question, parce qu’elle concerne tous les aspects du réchauffement climatique, de la pollution.
La quête d’une énergie propre n’est pas seulement pour anticiper la croissance démographique, mais également ce qu’elle implique. Si nous regardons statistiquement la forme d’énergie qui peut laisser la plus petite empreinte sur la planète, pas de pollution et le record absolu le plus sûr par-dessus tout, c’est le nucléaire et les nouvelles générations de nucléaires qui ont la promesse d’autonomie que je trouve très excitante.
Norman Foster

                                      Terrasse d’observation du Château Lacoste

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