Roni Horn

A la Fondation Beyeler, jusqu’au 1er janvier 2017
L’exposition de l’artiste américaine Roni Horn
(née à New York en 1955) réunit séries et ensembles de
pièces exceptionnelles, riches d’une grande diversité visuelle
et matérielle, couvrant les 20 dernières années.
Installations photographiques, travaux sur papier et
sculptures en verre se partagent l’espace
de six salles d’exposition dont l’ensemble peut être
appréhendé comme une unique installation.

L’exposition « Roni Horn » a été conçue en étroite
collaboration avec l’artiste et tout spécialement pour les
locaux du musée. Près de la moitié des travaux exposés
sont de nouvelles oeuvres qui sont présentées ici pour
la première fois.

Le concept d’identité et de variabilité se trouve
au centre de l’oeuvre de Roni Horn. Son travail montre
que la nature des choses ne coïncide pas obligatoirement
avec leur apparence visuelle. À travers son
travail, l’artiste s’attache à explorer subtilement
les attributions, et à mettre en évidence la mutabilité
et la diversité. Ce n’est pas un hasard si Roni Horn utilise
le verre, ou si ses motifs de prédilection sont
le climat et l’eau, dont les formes et l’état naturel
sont soumis à des changements constants.

Ses travaux sont le reflet palpable de ses réflexions en tant
qu’expériences intimes. En outre, la manipulation ludique
du langage et du texte ajoute à la compréhension
des pièces présentées.
Depuis le début des années 80, Roni Horn pratique
le dessin, et plus particulièrement la technique de
pigmentation qu’elle n’a de cesse de développer.
Dix de ses plus beaux dessins au pigment de la
dernière décennie réunis pour cette exposition proviennent
de collections suisses, mexicaines, norvégiennes et
nord-américaines.

Pour ces travaux sur papier
de grand format (environ 2 X 3 m chacun), Roni Horn prépare
plusieurs dessins abstraits similaires, les découpe très
proprement à la lame, puis les recompose dans un nouveau tableau.
Les structures linéaires d’une finesse extrême
confèrent à ces oeuvres un pouvoir attractif insolite.
Leurs surfaces à l’apparence poreuse, l’intensité
lumineuse des pigments minéraux ainsi que la délicatesse
des annotations au crayon ajoutées a posteriori renforcent
cette impression.

Roni Horn
Or 7, 2013-15
Pigment en poudre, graphite, fusain, crayon de couleur et vernis sur papier, 278,1 x 257,8 cm
Glenstone Museum, Potomac, Maryland
© Roni Horn
Photo: Tom Powel Imaging
Dans ses nouveaux travaux sur papier de la série
d’oeuvres Th Rose Prblm, 2015/16, illustrant la
confrontation créative entre langue et littérature,
Roni Horn utilise une autre technique de dessin
spécifique. Le processus de découpe et de collage est,
en revanche, identique. Il s’agit d’aquarelles
originales sur lesquelles on peut lire des locutions
nord-américaines où le mot «rose» apparaît. Pour
réaliser Th Rose Prblm, Roni Horn découpe ces aquarelles
manuscrites et les assemble pour former 48

nouvelles créations lexicales colorées et souvent surprenantes.
Un jardin de roses emplit la salle entière et fleurit devant les visiteurs.
Deux vastes installations photographiques, a.k.a., 2008/09
ainsi que ses récents travaux The Selected Gifts, (1974–2015), 2015/16,


illustrent la confrontation de Roni Horn avec le portrait en tant que
genre artistique. Quelques-fois, elle attire l’attention sur la diversité
manifeste de l’unicité d’une personne en confrontant de façon
non-chronologique des portraits photographiques d’elle-même tirés
de différentes tranches de vie. D’autres fois, un portrait plausible
de l’artiste se reflète à travers des photographies d’objets offerts par des amis et des connaissances au cours des 40 dernières années.

Roni Horn
Still Water (The River Thames, for Example), 1999 (Détail)
15 photographies encadrées, photographies et textes imprimés sur papier naturel, 77,5 x 105,4 cm chacune
Kunsthaus de Zurich, Collection graphique
© Roni Horn
La série Still Water (The River Thames, for Example),
achevée en 1999, un prêt du Kunsthaus de Zurich,
dresse également un portrait – celui d’un fleuve, à savoir, la Tamise.
Au travers de ces 15 images photographiques de la surface de l’eau,
dont la structure et la couleur semblent chaque fois
très différentes, ainsi que par le biais de textes courts,
Roni Horn se rapproche de ce fleuve, de ses
récits, de ses humeurs, de ses souvenirs.
«I think of my images of the Thames as a mirror.
All the associative images that coalesce around this work, whether
it is the similarity of the water with the desert or with aspic,
the endless range of imagery  is the result of photographing
something that is a master chameleon.
Or the ultimate mime. The ultimate mime is the thing
that keeps its distinction from everything else.
When you think about that fact – of imitation or
reflection and the possibility of losing your identity in
that connection – you realise how water
never loses its identity, it is always
discretely itself.»
[Roni Horn, 2007; fr.:
Je considère mes images de la Tamise comme un miroir.
Toutes les associations picturales rattachées à ce travail
– que ce soit la similitude entre l’eau et le désert, ou encore l’aspic,
l’éventail inépuisable d’images – sont les représentations
d’un caméléon hors pair. Ou du mime ultime.
Le mime ultime se distingue de tout le reste.
Quand on songe à cette réalité
– à l’imitation ou la réflexion en miroir, et la probabilité
de perdre son identité dans ce contexte – on se
rend compte que l’eau ne perd jamais son identité,
qu’elle reste toujours secrètement elle-même.]
La métamorphose d’un élément ou d’un motif,
telle qu’on la perçoit, par exemple, au travers de l’eau

Roni Horn
Still Water (The River Thames, for Example), 1999 (Détail)
15 photographies encadrées, photographies et textes imprimés sur papier naturel, 77,5 x 105,4 cm chacune
Kunsthaus de Zurich, Collection graphique
© Roni Horn
dans Still Water (The River Thames, for Example),
est une autre thématique présente dans les travaux
sculpturaux de Horn. Ses travaux de verre récents,
Water Double, v.1–3, 2013–16 donnent
l’impression que les objets cylindriques sont remplis d’eau.
Leurs surfaces apparaissent, dans le même
temps, transparentes, à tel point que l’on peut voir le fond,
et réfléchissantes, de telle façon que le visiteur peut y voir
son reflet. Cependant, ce n’est pas l’eau, mais les propriétés
du matériau – du verre fondu, coulé, moulé, puis refroidi
dans un état massif – qui créent l’illusion. En fonction de la lumière
changeante et des conditions météorologiques,
l’impact visuel des objets de verre se modifie, laissant
filtrer une lueur comme venue de l’intérieur.
Leur contemplation constitue une métamorphose et une
aventure spectaculaire en elle-même.

Roni Horn
Water Double, v.1, 2013-15
Blocs massifs en verre coulé et moulé, 131,3 cm (hauteur), 134,6-142,2 cm (diamètre conique) chacun
Theodora Vischer, Senior Curator à la Fondation Beyeler,
est la commissaire de cette exposition.
Née en 1955 à New York, Roni Horn a grandi dans le comté
de Rockland, dans l’État de New York.
Roni Horn partage sa vie et son travail entre New York et Reykjavik,
en Islande. Après avoir achevé ses études à la Rhode
Island School of Design (1972-1975) avec un diplôme
de Bachelor of Fine Arts, elle entreprend son premier voyage
hors des États-Unis et se rend en Islande, un pays qui aura une
grande importance pour son futur travail artistique.
En 1976-1978, elle passe à l’université de Yale
son Master of Fine Arts, spécialité sculpture.
Après ses études universitaires, elle obtient l’
Alice Kimball English Travelling Fellowship,
une bourse accordée par l’université de Yale, qui lui permet
d’entreprendre un long voyage à moto en Islande,
où elle reviendra régulièrement au cours des
décennies suivantes. La singularité de l’île, les caprices de son climat,
ses paysages abrupts, changeants et contrastés par les activités
volcaniques et géothermiques, sont pour l’artiste une source
incessante et primordiale d’inspiration.
Voici comment Horn résume sa relation avec cette île:
«I have used this place as an open-air studio of unlimited scale
and newness. In retrospect I see that I have chosen Iceland
the way another artist might choose marble as the
substance of one’s work. Iceland taught me to taste experience.
Because that’s possible here, because of the intensely physical
nature of experience on this island.»
[Roni Horn, 2006; fr.:
J’ai utilisé ce lieu comme un studio à ciel ouvert, à
l’envergure et la nouveauté infinies. A posteriori, je vois
que j’ai choisi l’Islande de la même façon qu’un autre artiste
aurait choisi le marbre comme matière première
pour son travail. L’Islande m’a donné goût à l’expérience.
Parce qu’ici, c’est possible, à cause de la nature intensément
physique de cette île.]

Commissaire Theodora Vischer, Senior Curator à la Fondation Beyeler
Commencée en 1990, la série continue de publications intitulée
To Place représente la confrontation la
plus manifeste de Horn avec l’Islande. Elle montre, entre autres,
des dessins et des photographies de geysers, fleuves glaciaires,
lave et sources thermales. Les dix volumes réalisés jusqu’ici sont
également présentés dans cette exposition.
Depuis de nombreuses années, les travaux de Roni Horn font l’objet
d’expositions dans les plus grands musées d’art moderne
et contemporains du monde entier. Ses oeuvres sont ainsi présentées
en 1995 et en 1998 au Museum Gegenwartskunst de Bâle, en 2000
au Whitney Museum of American Art de New York,
en 2002 au Dia Center for the Arts de New York,
et en 2003 au Centre Pompidou à Paris.

Roni Horn détail de collage
D’autres expositions majeures ont eu lieu en 2010 au
Kunsthaus de Bregenz, en 2012 dans la Collection Goetz,
en 2013 à la Schirn Kunsthalle de Francfort-sur-le-Main,
en 2014 à la Fundació Joan Miró de Barcelone, en 2015,
à la Fondation Vincent van Gogh d’Arles, et en début d’année au musée
De Pont de Tilburg aux Pays-Bas.
Des oeuvres de la Collection Beyeler issues de prêts de longue durée
sont présentées en parallèle à l’exposition « Roni Horn »,
reliées par un lien subtil aux travaux de Horn, ses thématiques de
prédilection et ses sources d’inspiration. Commence alors un exaltant
dialogue entre ces oeuvres remarquables issues de l’art moderne et contemporain.
Cette exposition s’accompagne de la publication d’une brochure
contenant un entretien avec l’artiste ainsi qu’un aperçu
des installations photographiées par l’artiste visuel suisse
Stefan Altenburger et présentées à la Fondation Beyeler.
Le vaste spectre thématique de l’exposition « Roni Horn » est
traité dans une série de manifestations
« Roni Horn. Focus » Des experts de domaines variés
apportent leurs éclairages sur plusieurs oeuvres
choisies de l’artiste en mettant l’accent sur les aspects
déterminants que sont l’identité, la langue,
l’eau et la perception dans l’oeuvre de Roni Horn.
Informations complémentaires sur le calendrier des
manifestations: www.fondationbeyeler.ch/fokus
L’exposition « Roni Horn » est soutenue par :
Beyeler-Stiftung Hansjörg Wyss, Wyss-Foundation
Helen et Chuck Schwab

EVA & ADELE YOU ARE MY BIGGEST INSPIRATION*

Au Musée d’art Moderne de la ville de Paris
jusqu’au 26 février 2017

EVA & ADELE (Métropolis)
YOU ARE MY BIGGEST INSPIRATION*
* Vous êtes ma plus grande source d’inspiration
EVA & ADELE,
autoproclamées The Hermaphrodit Twins in Art
(Les Jumelles hermaphrodites dans l’art),


sont un couple atypique et emblématique de l´art actuel.
Les artistes dépassent les frontières des genres dans une
transgression affirmée. Toujours vêtues de tenues identiques
surprenantes et ultra féminines, maquillées de paillettes
et le crâne rasé comme des hommes, elles cherchent à démontrer
que l’identité sexuelle n´est pas une question simple.

Tout en restant en retrait du système du marché de l’art,
EVA & ADELE sont, depuis plus de 25 ans, de tous les vernissages,
tous les lieux qu’elles considèrent comme des
« socles de représentation ».
Créant « l´événement dans l´événement »,
leurs apparitions ne relèvent pas de mondanités mais sont de
véritables performances dont chaque détail est
préalablement étudié et répété.

« Wherever we are is museum »
Tout lieu où nous sommes est musée. (E&A).

Considérant que tout ce qu’elles font est une oeuvre d’art,
EVA & ADELE fondent leur production artistique sur
des idées d’échanges permanents avec le public,
dans une véritable symbiose entre art et culture de masse,
entre vie publique et sphère privée. Leur action est basée
sur une réflexion sur le rôle social de l’artiste dans la société contemporaine.
« Coming out of the future ». Tout droit venues du futur. (E&A)
Refusant toute référence à leur passé avant leur rencontre en 1989,
EVA & ADELE déclarent être venues du futur.

Adoptant le mot « FUTURING » comme logo, les artistes
souhaitent initier de nouveaux modes de vie et de genre.
L’exposition YOU ARE MY BIGGEST INSPIRATION
est conçue à partir d’un don fait par EVA & ADELE
au Musée d’Art moderne en 2013 :
deux installations vidéo, deux sculptures et une édition.
Hellas (1989/2001/2007), installation vidéo se déployant
sur sept projections simultanées, évoque la toute première
rencontre des deux artistes et illustre leur évolution
progressive vers une identité sexuelle de plus en plus fusionnelle.


Wings I, II et III (1997/98), vidéos, relèvent
d’une démarche de répétition comme mode de progression.
Non rien de rien (1991) et Biographische Skulptur n°7 (1993/2006), deux sculptures autobiographiques, intègrent des objets personnels.


Polaroid Diary (1991/2005) est constitué de 1500 autoportraits
en polaroïd réalisés quotidiennement par les artistes,
selon un rituel très codifié avant de sortir et de se laisser
photographier par d’autres.

L’exposition est complétée par une sélection d’oeuvres phares,
représentatives de leur activité depuis près de 25 ans, tels le
camping-car rose (Biographische Skulptur n°2, B-EA 5800, 1999/2006),
le premier « double » costume en vinyl rouge (Red Vinyl Costume, 1991),
ainsi que plusieurs peintures de la série MEDIAPLASTIC.


Dans cette dernière série, EVA & ADELE interrogent
les mécanismes de la diffusion de leur image à travers les médias.
Sans sourciller, elles se confrontent aux regards, elles répondent

à l’étonnement par un immense et double sourire,
parfois par un éclat de rire. Leur différence est l’expression
de leur tolérance, leur présence, celle de la liberté.
Avec l’éclat et la perfection de leur ressemblance, elles accomplissent
une des plus belles performances d’artistes.


La première fois que je les ai vues, c’était à Art Basel,
il y a des années, elles m’ont tout de suite intriguées.
Elles sont rayonnantes, courtoises.

Depuis leur rencontre en 1989, elles vivent ensemble,
elles se sont mariées en 2011 en tant que couple
du même sexe. Ce mariage fut rendu possible parce que
la transsexualité d’Eva avait été reconnue officiellement


.
J’ai déjeuné en leur compagnie cette année 2016 durant la foire de Bâle.
C’est à Basel que nous avons eu une conversation sur le concept de
leur art, qui mélange vie et art. Elles jouent sur la différence
ou l’indifférenciation sexuelle en recourant aux codes
comportements
vestimentaires de notre société.


C’est l’interaction avec le public qui est leur motivation.
Elles envisagent de créer une fondation, pour permettre de
pérenniser leur concept par d’autres artistes.

Commissaire de l’exposition :
Julia Garimorth
Emission d’Antoine de Caunes avec Eva & Adele
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris
11 Avenue du Président Wilson
75116 Paris
Tel. 01 53 67 40 00
www.mam.paris.fr
Ouvert du mardi au dimanche
De 10h à 18h

Un catalogue est en vente à la boutique du musée
YOU ARE MY BIGGEST INSPIRATION
éditions Hirmer

Maya Rochat « META FILTRES »

à La Filature, Scène nationale – Mulhouse,
jusqu’ au dimanche 30 octobre 2016

Maya RochatMaya Rochat utilise la photographie comme outil d’investigation du réel et en fait un instrument poétique. Alliant inspiration instinctive et un important sens graphique, elle entremêle photographies, peintures, dessins et sculptures qu’elle détourne, déconstruit et recompose… pour former des ensembles visuels complexes.
À La Filature, elle invite le spectateur à inventer sa propre trame narrative.
En effet dès l’entrée la question se pose : sommes-nous dans
un magasin de décoration, une galerie d’art ?
C’est une expérience physique, sensorielle, quelques images sont
présentées de manière classique encadrées, tandis que d’autres
débordent du cadre de façon exubérante, vers l’infini.
Maya Rochat 3
Il faut s’approcher des images, en voir les détails, prendre du recul,
afin de récréer son propre univers, son histoire personnelle.
photographie, collage, peinture, installation…
Face au flux d’images qui défilent aujourd’hui dans une
sorte de bourdonnement ininterrompu, Maya Rochat
impose une rupture.
Son univers est composé de paillettes et d’autres divers objets
qui brillent, de magazines découpés, d’illustrations,
de personnages étranges…
Elle s’inspire de son environnement immédiat :
des portraits de son entourage, de paysages, des détails trouvés,
mais aussi de ses propres écrits. Tous ces
éléments forment un tissu visuel dense et intime qui compose
la base même de son travail. Avec énergie et instinct,
elle détourne, déchire, lacère, dissèque, peint, dessine,
avant de réassembler les motifs pour créer des compositions
chargées symboliquement et radicalement associatives.
Maya Rochat 2
En effet, Maya Rochat raisonne par idées qui prennent à chaque fois une forme différente : une photo, une vidéo, un collage. Et même à l’intérieur
du médium choisi, elle crée un nombre infini de déclinaisons.
S’interrogeant du consumérisme dans l’art, dû à la digitalisation
de tout ce qui nous entoure, l’artiste rajoute
un détail donnant naissance à une oeuvre nouvelle.
Réunies ensemble, ces pièces éparses donnent lieu à une
installation harmonieuse.
Maya Rochat 1
En réaction à l’immatérialité post-internet,
Maya se confronte directement aux surfaces et met ainsi en
exergue la structure et la corporalité des images en volume.
une expérience immersive
Nourrie à l’énergie de la musique métal et de l’atmosphère de ces concerts,
ses images sont suggestives, saturées, sapent les codes d’interprétation
usuels et troublent les modes de perception de ceux qui les
regardent. À l’opposé de la démarche documentaire,

Maya Rochat, Photo Samuel Antoine
Maya Rochat, Photo Samuel Antoine

Maya Rochat offre une expérience immersive qui interroge la capacité de la photographie à représenter le réel.
Il y a dans ses oeuvres bruyantes de la tension,
mais aussi une douceur que le visiteur ne trouve qu’après
avoir repoussé ses propres limites et traversé
le chaos, comme lors d’un processus cathartique.
Maya Rochat
création in situ en septembre 2016 à La Filature
Pour cette première exposition individuelle de cette envergure,
Maya Rochat était en résidence de création
du 12 au 16 septembre, avant le vernissage le 24.
L’installation qu’elle propose à La Filature est conçue in
situ, spécifiquement pour les 300m2 de la Galerie.
Elle y présente une exposition-installation associant les
images fixes (photographies, peintures) et animées (projections), collages…
Maya Rochat
Née en 1985 en Suisse et diplômée de 2 prestigieuses Écoles d’art
(HEAD de Genève et ECAL de Lausanne),
Maya Rochat travaille et vit entre Berlin et la Suisse.
Elle est membre de l’association suisse Visarte, de STATE
OF THE ART Berlin et du collectif zürichois U5.
Pendant sa formation en 2008-2009, elle effectue un séjour à l’École
supérieure d’arts appliqués de Hambourg, la Hochschule für
bildende Künste Hamburg (HFBK).
Elle obtient en 2009 un Bachelor en
communication visuelle, département de photographie à l’École
Cantonale d’Art de Lausanne (ECAL), récompensé par un prix
d’excellence. Depuis 2012, elle est diplômée d’un master avec
mention, à la Haute école d’art et de design (HEAD) de Genève. Sa
série Es stinkt der Mensch, solang er lebt a gagné plusieurs sélections,
dont le prix de l’ECAL pour l’excellence du travail.
Maya Rochat 5
Depuis 2010, Maya Rochat s’implique en parallèle de sa pratique
personnelle, dans divers projets collectifs avec l’ambition de proposer
des projets poétiques et critiques. Elle est cofondatrice de La
Minoterie, un espace d’art indépendant créé en 2010 aux anciens
Moulins Rodynam à Orbe. Elle a également été membre de NEAR,
dont membre du comité de 2011 à 2012.
www.mayarochat.com
Maya Rochat et Emmanuelle Walter
Commissaire : Emmanuelle Walter.

Sommaire de septembre 2016

Louisiana de Copenhague
au musée Louisiana de Copenhague

06 septembre 2016 : Kandinsky, Marc & Der Blaue Reiter
08 septembre 2016 : Nicolas Darrot, Règne analogue
10 septembre 2016 : Basquiat, Dubuffet, Soulages… Une collection privée
12 septembre 2016 : Eugen Gabritschevsky
18 septembre 2016 : Les voyages forment la jeunesse
23 septembre 2016 : « Lux Umbrae » d’Alberto Mecarelli

« Lux Umbrae » d’Alberto Mecarelli

Jusqu’au 30 septembre 2016
C’est un travail d’ombre et de lumière, qu’Adalberto Mecarelli
propose avec son exposition :
« Lux Umbrae » à l’abbaye de Silvacane.
 » La lumière est mon matériau, le seul absolument, dira t il ».
(comme pour tout le monde d’ailleurs,
même et surtout pour ceux qui l’ignorent).
De l’art de cet artiste naissent des sculptures éphémères,
immatérielles et cependant réelles.
Mecarelli-Lux umbrae- Ab Sylvacane-2016-A
La puissance de l’œuvre d’Adalberto Mecarelli
entraîne le visiteur dans une nouvelle relation au sacré.
Biographie :
Adalberto Mecarelli est né à Terni, en Ombrie le 25 janvier 1946.
Il est titulaire d’un diplôme de maître fondeur
de l’Institut d’Art de sa ville natale, a suivi des cours de peinture
à l’Académie des beaux-arts de Rome.
Il s’installe à Paris en 1968, alors que son œuvre est déjà repérée.
C’est une année faste sur le plan politique quant
au renouvellement des institutions artistiques.
Son intérêt pour la sociologie et les cours qu’il suit
à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes jusqu’en 1970,
confirment sa volonté de chercher encore et encore.
Mecarelli-Lux umbrae- Ab Sylvacane-2016-C.
Dès les années 1973 il engage son travail de sculpteur
dans une expérimentation plastique qui fera de la lumière
le point central de sa recherche. Il est fasciné par le double aspect de cette matière,
à la fois matériau façonnable et élément éclairant.
Son œuvre, d’une géométrie à l’esthétique rigoureuse,
se traduira dès lors par des projections lumineuses in situ.
Le dialogue avec l’architecture et le paysage urbain sera
l’élément moteur à partir duquel vont naître
des formes lumineuses qui tout en éclairant l’espace,
en prolongent les possibilités plastiques et le sens esthétique.
Parallèlement, entre 1983 et 1985, il développe ses premiers
travaux d’images de synthèse, une recherche sur
la création assistée par ordinateur qu’il poursuivra
aux Etats-Unis et au Japon jusqu’en 1985.
Mecarelli-Lux umbrae- Ab Sylvacane-2016-b.
Cette période s’achèvera avec ses premiers voyages
en Inde où il se rendra pour étudier les 5 observatoires
astronomiques de Jaipur bâtis au 18e siècle par le maharajah Jai Singh II.
Dans les œuvres de Mecarelli, le jeu de l’ombre et de la lumière,
du vide et du plein, du noir et du blanc amène physiquement
le spectateur dans l’espace de l’oeuvre. C’est un travail qui ouvre
des passages au travers desquels le visiteur découvre parfois
une plasticité à l’esthétique insoupçonnée. Une de ses réalisations a eu lieu pendant la Nuit Blanche 2012 à Paris à l’église St Eustache. Entre la tombée de la nuit et la naissance du jour suivant, un demi-cercle de lumière avait été projeté sur le toit de l’église Saint-Eustache. En fragile équilibre, la projection paraissait comme suspendue dans le vide. L’œuvre, intitulée « Luna », était visible d’un lieu particulier, sorte d’observatoire, depuis une rue du quartier.
mecarelli_s_507613466_north_205x259_white
L’œuvre de Mecarelli tient sa consistance d’une part de son expression physique, c’est-à-dire l’expression de la lumière dans son rapport dialectique avec l’ombre et d’autre part de la construction qu’elle compose avec les éléments constitutifs, au sens le plus large, de l’espace dans laquelle elle s’inscrit et habite. Nul hasard si Adalberto Mecarelli choisit si souvent dans son expression artistique, les espaces patrimoniaux. Ces lieux sont tout naturellement porteurs d’une forte charge esthétique qui nourrit à la fois le réel et l’imaginaire.
Mecarelli-Lux umbrae- Ab Sylvacane-2016-D.
A l’occasion d’une intervention dans plusieurs sites majeurs
de Terni, cité ombrienne où, il y a encore peu, des industries
métallurgiques faisaient vivre un prolétariat nombreux,
Mecarelli, originaire de cette ville, affirme :
« J’ai appris ici à fondre le métal : seul un
fondeur sait vraiment de quoi est faite la lumière. »
En réponse aux commandes qui lui sont faites,
ce ne sont donc pas des objets qu’il pose dans
l’espace mais, par la médiation de la lumière, c’est
bien avec lui qu’il entre en dialogue. Simplement,
au lieu de l’occuper de façon durable en y installant
une présence matérielle, c’est sur un mode immatériel
qu’il y introduit, au sein d’un dispositif éphémère
dont il est l’auteur, une donnée qui intègre le caractère,
le temps et l’histoire du site.
Mecarelli-Lux umbrae- Ab Sylvacane-2016-N
Le vocabulaire formel de Mecarelli, tributaire de
l’abstraction géométrique, du minimalisme et de
l’art conceptuel, couple ces héritages aniconiques
avec la lumière et, en les projetant hors les murs
des institutions artistiques, les amène à converser
avec l’architecture, les façades, la mémoire des
bâtiments et des villes. Pas d’images mais des
expérimentations, une démarche qui mobilise
la lumière à la fois comme outil d’investigation
et matériau de construction
Podcast sur France culture, entretien avec Aude Lavigne,
dans la Vignette, où l’on apprend que l’artiste a exposé au
musée de l’Electricité de Mulhouse
photos d’Adalberto Mecarelli

Eugen Gabritschevsky

Derniers jours se termine le 18 septembre 2016
La maison rouge présente pour la première fois
à Paris une grande exposition consacrée
à l’oeuvre de l’artiste russe Eugen Gabritschevsky
(1893-1979).
Eugen Gabritschevsky
Eugen Gabritschevsky
est né à Moscou en 1893 dans une famille
de cinq enfants, issue de la grande bourgeoisie,
cultivée et polyglotte, typique de la Russie tsariste.
Après des études scientifiques de haut niveau
en biologie et génétique des insectes, il quitte l’Union
Soviétique en 1924 pour rejoindre un laboratoire
de recherche de l’université de Colombia aux
États-Unis.
Eugen Gabritschevsky
Malgré sa grande intelligence, qualifiée d’originale
par son entourage, et sa vaste culture, il est sujet
à de graves troubles psychiques, qui l’empêchent
progressivement de poursuivre sa carrière
scientifique et de mener une vie affective stable.
En 1926, il rejoint Münich où vit son frère, Georges.
Eugen Gabritschevsky
En 1931, il est interné définitivement jusqu’à sa mort
en 1979.
Eugen Gabritschevsky aura donc vécu,
hormis la période de la guerre, près de cinquante ans
à l’hôpital psychiatrique de Haar-Eflingen
à la périphérie de Münich.
L’abandon de ses activités scientifiques laisse place
à l’éclosion, sur trois décennies, d’une oeuvre riche
et foisonnante, réalisée dans le silence et la solitude.
Eugen Gabritschevsky
L’exposition couvre cette période prolifique,
mais présente également, et pour la première fois,
des oeuvres réalisées avant 1929 – des dessins
au fusain sur papier de format raisin, à l’esthétique
sombre et angoissée, mystique et fantastique.
Le parcours de l’exposition est à la fois chronologique
et thématique : le paysage, habité ou désert ;
la ville et ses foules ; la nuit, ses carnavals, ses fêtes
et ses concerts ; les phénomènes de mutations,
de déformations du corps, et d’hybridations ;
les bestiaires d’êtres fabuleux. Les techniques
qu’il déploie, frottage, tamponnage, grattage, prouvent
sa liberté d’expression et la maîtrise de son art.
Eugen Gabritschevsky
C’est grâce à Jean Dubuffet, que l’oeuvre a trouvé
une visibilité. Il est informé de son existence
dès 1948, en possède 4 en 1950 et décide d’en
acheter 71 pour sa Compagnie de l’art brut en 1960.
Il avertit par la suite son ami Alphonse Chave,
galeriste à Vence, qui décide aussitôt, avec son fils
Pierre, de rendre visite à l’artiste pour acquérir
l’essentiel de sa production et l’exposer régulièrement.
La galerie Chave cèdera peu après, autour de
600 dessins à la galerie Daniel Cordier, qui défendit
l’oeuvre pendant plusieurs années, avant de faire
un don important en 1989 au Musée National d’Art
Moderne. Cet ensemble est aujourd’hui en dépôt
aux Abattoirs de Toulouse.
Eugen Gabritschevsky
De nombreux dessins ont été logiquement
dispersés dans des collections privées au cours
des années, mais l’exposition propose une sélection
qui restitue très fidèlement l’esprit de l’artiste,

Basquiat, Dubuffet, Soulages… Une collection privée

Jusqu’au 30 OCTOBRE 2016 à la Fondation de l’Hermitage de Lausanne.
La Fondation de l’Hermitage présente l’une des plus belles collections privées d’Europe, constituée depuis les années 1950 par un passionné des arts. Regroupant plus de 120 tableaux, sculptures et installations, l’exposition offre une exploration inédite de l’art occidental des XXe et XXIe siècles, à travers cet ensemble hors normes, d’une grande diversité.Hermitage
Depuis son ouverture en 1984, la Fondation de l’Hermitage a développé des liens privilégiés avec les collectionneurs, autant en Suisse qu’à l’étranger. Ces relations de confiance ont permis à l’institution d’accueillir des collections privées de grand renom : celles de Florence Gould (1985), Ian Woodner (1992), Rolf et Margit Weinberg (1997), Jean Planque (2001), Arthur et Hedy Hahnloser (2010) ou encore Jean Bonna (2015).

Keith Haring (Reading 1958-1990 New-York) End of Sale, 14 novembre 1988 gouache, encre sumi et collage sur papier, 77,2 x 101 cm collection privée
Keith Haring (Reading 1958-1990 New-York)
End of Sale, 14 novembre 1988
gouache, encre sumi et collage sur papier, 77,2 x 101 cm
collection privée

L’exposition de l’été 2016 s’inscrit dans le cadre de ces fructueuses collaborations. Proposant un regard original sur la scène artistique moderne et contemporaine, elle fait la part belle à l’art de l’après-guerre, de l’informel (Jean Dubuffet, Asger Jorn) au néo-expressionnisme (Miquel Barceló, Jean-Michel Basquiat, Anselm Kiefer).
Autres points forts de la collection, des oeuvres poétiques,
intenses, graves ou légères, de Giuseppe Penone, Bertrand Lavier, Pierre Soulages, ou encore Niele Toroni, viennent illustrer la création contemporaine européenne.
Jean-Michel Basquiat
Basquiat Jean-Michel Lobo
collection privée

A cela s’ajoute une imposante sélection d’oeuvres américaines des XXe et XXIe siècles mettant à l’honneur l’art conceptuel et minimaliste, ainsi que l’expressionnisme abstrait : Carl Andre, Jean-Michel Basquiat, Louise Bourgeois, Chris Burden, Sol LeWitt, Agnes Martin, Sean Scully, Mark Tobey ou encore Cy Twombly, autant d’accents importants dans cette collection unique, dont la présentation publique constitue un événement majeur.
Chris Burden (Boston 1946-2015 Topanga Canyon) Shoot, 1971 photographie contrecollée sur bois, 122 x 172 cm
Chris Burden (Boston 1946-2015 Topanga Canyon)
Shoot, 1971
photographie contrecollée sur bois, 122 x 172 cm

Des oeuvres classiques – des terres cuites de Jean-Antoine Houdon et de Jean-Baptiste Carpeaux, mais également d’admirables portraits par Auguste Renoir, André Derain et Chaïm Soutine –, et des incursions du côté de l’art réputé brut ou naïf (Louis Soutter, André Bauchant) complètent l’exposition, rendant compte d’un regard très personnel, et particulièrement sensible, sur l’art occidental.
Jean-Antoine Houdon (Versailles 1741-1828 Paris) Rousseau, vers 1778 plâtre patiné, 63 x 42 x 24 cm collection privée Robert Barry (New York 1936-) Sans titre, vers 1962 encre sur toile, 107 x 92 cm collection privée
JB Carpeaux
collection privée et
Robert Barry (New York 1936-)
Sans titre, vers 1962
encre sur toile, 107 x 92 cm
collection privée

Commissariat : Sylvie Wuhrmann, directrice de la Fondation de l’Hermitage, Lausanne, et Didier Semin, professeur à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts, Paris
Dans un entretien avec la journaliste Florence Grivel, le collectionneur nous livre sa vision très personnelle d’une trentaine d’œuvres.
C’est par la magie d’un audio-guide gratuit que le collectionneur vous accompagne,  pour raconter ses choix. D’une manière précise et concise, il vous promène
d’une salle à l’autre, tout en vous instruisant. Pourquoi le choix d’une oeuvre ?
il cite Laurent Fabius,
(Le Cabinet des douze . Regards sur des tableaux qui font la France ?)
Kiefer Anselm Die unge vohuile et collage sur toile 130 x 160 cm collection privée Monaco
Kiefer Anselm Die unge vohuile et collage sur toile 130 x 160 cm
collection privée Monaco

C’est le premier coup d’oeil  sur une oeuvre qui accroche, qui succite l’émotion, qui est le bon.
Le deuxième point, c’est la réflexion, il faut comprendre pourquoi on l’aime, s’attarder sur elle, la contempler, se l’approprier, la découvrir, la regarder plusieurs fois, car on y trouve chaque fois quelque chose de nouveau, la couleur, la forme, l’équilibre, le sujet.
C’est le troisième regard qui confirme pourquoi on l’aime.
Ensuite viennent les références culturelles qui permettent de comparer avec d’autres artistes, mais cela vient au dernier moment. Il ne faut surtout pas avoir une grande connaissance des choses pour aimer un tableau

Jean Dubuffet (Le Havre 1901-1985 Paris) Donnée, 1 juin 1984 acrylique sur papier entoilé, 67 x 100 cm collection privée
Jean Dubuffet (Le Havre 1901-1985 Paris) Donnée non-lieu, 1 juin 1984
acrylique sur papier entoilé, 67 x 100 cm
collection privée


Cette toile de Dubuffet, qu’il a rencontré, peu de temps avant sa mort, se trouve la plupart du temps, dans sa chambre à coucher, elle montre pour lui,
le chaos originel et celui après la mort.
L’amateur érudit, passionné, qui a réuni cet ensemble exceptionnel aime regarder l’art comme un jeu très savant. Sa collection, qui est une oeuvre ludique et raffinée, laisse deviner son portrait. Elle porte la marque d’un tempérament contemplatif, et volontiers
espiègle, raconte l’amour de l’histoire et la fascination pour les origines, elle contient au plus profond l’émotion intacte des choses vues à l’âge des premiers émerveillements, mais aussi des premières terreurs… Quelle image pourra jamais rivaliser avec l’expérience du sublime : la vision, à l’âge de quatre ans, d’un dirigeable en flammes dans le ciel, au milieu de la nuit !
Christoph Draeger (Zurich 1965-) UK Airship Disaster (The Crash of the R101, Beauvais, Oct 5th 1930), 2004 impression jet d’encre sur puzzle, 96 x 137 cm collection privée
Christoph Draeger (Zurich 1965-)
UK Airship Disaster (The Crash of the R101, Beauvais, Oct 5th
1930), 2004
impression jet d’encre sur puzzle, 96 x 137 cm
collection privée

La toile de Jean Michel Basquiat, vue chez Yvon Lambert, l’a séduit par son bleu.
Il l’a encadrée avec un cadre Renaissance qui à l’époque valait
plus que Basquiat pas très connu à cette période.
Un autre dessin de Basquiat, « Loox Real », fait de griboullis,
lui a été montré par Yvon Lambert, alors que lui-même dessinait.
Il estimait que ses dessins étaient meilleurs que ceux de JM B.
Aussi raconte t’il que ce dessin lui a été imposé, et il l’a acheté
« sous la torture ».
Jean-Michel Basquiat (New York 1960-1988 New York) Sans titre (Looks Real), 1986 crayon et crayons de couleurs sur papier, 76 x 106 cm collection privée
Jean-Michel Basquiat (New York 1960-1988 New York) Sans titre (Looks Real), 1986
crayon et crayons de couleurs sur papier, 76 x 106 cm
collection privée

Du sous-sol aux combles, on est presque atteint du syndrome de Stendhal,
tant cet amateur d’art a réuni, juxtaposé, composé des ensembles
qui se complètent et se répondent. Il montre un bel éclectisme,
une ouverture d’esprit, un choix sur, sans éprouver le besoin de
sacrifier à la mode. Il a constitué sa collection en achetant les
oeuvres aux artistes à leurs débuts.
Loin des blockbusters, il aime la découverte, l’amitié avec les artistes,
l’authenticité, l’originalité. Il aime à évoquer le passage du temps,
les regards, la mort.
Giuseppe Penone (Garessio 1947-) Propagazione, 1994 encre sur papier, 76,3 x 56,3 cm collection privée
Giuseppe Penone (Garessio 1947-) Propagazione, 1994 encre sur papier, 76,3 x 56,3 cm collection privée

Pour la toile de Keith Haring, une vanité,  il cite Antoine Blondin : « Léonard de Vingt Sous, ça vaut plus que 20 sous, mais ça vaut moins que Léonard de Vinci. »
Les nombreux portraits de la collection composent une galerie fascinante, d’une remarquable diversité, allant des bustes classiques de Jean-Antoine Houdon (1741-1828) et de Jean-Baptiste Carpeaux (1827- 1875) jusqu’au bouleversant autoportrait d’Antonin Artaud (1896-1948), en passant par l’archétype du
Chômeur d’Otto Dix (1891-1969). Les visages évanescents d’Andrew Mansfield ou puissamment expressifs de Yan Pei-Ming illustrent l’exploration du portrait dans la scène contemporaine.
Antonin Artaud (Marseille 1896-1948 Ivry-sur-Seine) Autoportrait, 22 janvier 1947 crayon de graphite sur papier, 62,6 x 47,5 cm collection privée
Antonin Artaud (Marseille 1896-1948 Ivry-sur-Seine)
Autoportrait, 22 janvier 1947
crayon de graphite sur papier, 62,6 x 47,5 cm
collection privée

Des portraits caricaturaux, qui exagèrent les traits comme ceux de Jean Dubuffet (1901-1985), côtoient des portraits réalistes par Auguste Renoir (1841-1919),
André Derain (1880-1954) et Chaïm Soutine (1893-1943).
Tout comme Andy Warhol ou Gerhard Richter, Andrew Mansfield (né en 1953) transpose les sujets de ses oeuvres à partir d’images récoltées dans la presse ou sur internet. Le rendu photographique, doublé d’un fort contraste entre la peinture noire et la couleur, troublent autant que le regard énigmatique des jeunes femmes.
Otto Dix (Untermhaus 1891-1969 Singen) Arbeitsloser, 1924 aquarelle et crayon sur papier, 61,8 x 48,8 cm collection privée et Yan Pei-Ming (Shanghai 1960-) Tête, 1989 huile sur toile, 178 x 152 cm collection privée
Otto Dix (Untermhaus 1891-1969 Singen)
Arbeitsloser, 1924
aquarelle et crayon sur papier, 61,8 x 48,8 cm
collection privée et Yan Pei-Ming (Shanghai 1960-)
Tête, 1989
huile sur toile, 178 x 152 cm
collection privée

Les tableaux de Yan Pei-Ming (né en 1960) trouvent leur lointaine origine dans les gigantesques portraits de Mao Zedong vus dans la Chine de son enfance. Ils se reconnaissent d’emblée à leur composition monumentale, leur palette réduite et leur facture vigoureuse.
Le portrait résiste par nature aux doctrines esthétiques plus que n’importe quel genre pictural, parce qu’il vise à la ressemblance d’un individu, par-delà les modes et les techniques. Toutes ces toiles nous renvoient, fondamentalement, à l’humanité du visage.
Catalogue : en coédition avec les éditions Skira, la Fondation de l’Hermitage publie un catalogue richement illustré.
Horaires
du mardi au dimanche de 10h à 18h, le jeudi jusqu’à 21h
fermé lundi, sauf le lundi 1er août et le lundi du Jeûne (19 septembre), de 10h à 18h
Animations
visites commentées publiques, les jeudis à 18h30 et les dimanches à 15h
et événements conférence (22 septembre),
atelier de peinture gestuelle
soirées art & gastronomie,
dimanches art & brunch
Animations musicales dans le cadre de Lausanne estivale
Nuit des musées (24 septembre)
Fondation de l’Hermitage
2, route du Signal
CH – 1000 Lausanne 8
tél. +41 (0)21 320 50 01
info@fondation-hermitage.ch
www.fondation-hermitage.ch

Nicolas Darrot, Règne analogue

L’exposition se termine le 18 septembre 2016
Nicolas Darrot et La maison rouge entretiennent
des liens de longue date : il est l’un des premiers
invités en 2006 à investir le patio de la fondation,
avec son installation monumentale Passage au noir.
Nicolas Darrot Passage au noirIl est présent dans la collection d’Antoine de Galbert
depuis près de 20 ans. Cette fois, Darrot produit
une grande et ambitieuse exposition monographique,
avec une vingtaine de nouvelles pièces inédites.
Sa pratique est plurielle. Elle se décline en sculptures,
installations, objets hybrides et automatisés.
Ses oeuvres mêlent une multitude de références
aux croisements de la science, de l’histoire,
des mythes et de la littérature. Rare artiste de la scène
française passionné de science et technique,
il apprend au contact de scientifiques à l’occasion
de la mise en oeuvre de ses projets toujours inspirés
par ses lectures.
Nicolas Darrot
L’exposition Règne analogue est une nouvelle narration
et une autre subdivision du monde qui naviguerait
entre animal et minéral. Elle tente une réplique du
vivant selon une autre logique échappant à l’humain,
renvoyant une image parfois angoissante mais
toujours poétique.
Nicolas Darrot
Deux immenses fantômes évanescents s’agitent dans
la grande salle accompagnés d’un acolyte chevelu,
lui aussi animé ; un cerf aux bois en feu ; un agneau
au pelage cotonneux est caressé par un rideau d’or ;
une ruche de kevlar où coule perpétuellement du
miel ; un ibis métallique picore le sol dans une ronde
infinie, tandis qu’un phare équipé d’une ampoule
colorée diffuse, pixel par pixel, une image des confins
de l’univers.
Voilà quelques-unes des images fortes et oniriques
non seulement convoquées, mais bien réalisées
par cet artiste mage, bricoleur, ventriloque qui fait
parler les bêtes et bouger les objets…
Nicolas Darrot
Le parcours permet également de retrouver des
oeuvres plus anciennes, comme la série Dronecast
(2002-2008) insectes mutants, devenus machines
de guerre ou les Curiosae, série de scènes
Nicolas Darrot
de domination entre différents groupes d’insectes
ou encore celle, pleine d’humour, des Injonctions
(2008-2009), petits théâtres de marionnettes animées
et dotées de la parole, ainsi qu’un ensemble d’oeuvres
qui, rassemblées par l’artiste, écrivent en quelque
sorte une « histoire naturelle des machines »,
et évoquent toutes un glissement du règne animal
à celui de l’artefact.
Nicolas DarrotPrès de 80 oeuvres de différentes échelles,( vidéo)
toutes
chargées d’une énergie, qui se libère à divers temps,
surprennent le visiteur à chaque instant,
le transforment. Ces objets s’apparentent à des
puissances agissantes, des fétiches contemporains
se répondant les uns les autres, pour former
une cosmogonie, le Règne analogue d’une forme
de vie émergeant de logiques inductives et poétiques.
Maison Rouge
C’est toujours un plaisir de venir à la maison rouge pour
son ambiance, son restaurant. 😀

Kandinsky, Marc & Der Blaue Reiter

Jusqu’au 22 janvier 2017 à la Fondation Beyeler
Cette exposition me fait penser à la pièce de Jean Michel Ribes, Musée Haut, Musée Bas. En effet une comédienne, en l’occurrence dans la version télévisée, c’est Muriel Robin, qui parcourait toutes les salles du musée, à la recherche des « Kandinsky ».
Il n’y avait que Kandinsky qui l’intéressait. C’est à Riehen à la Fondation Beyeler qu’il lui faut venir, car des Kandinsky, il y en a tout un choix, de toutes les tailles, des presque figuratifs, des abstraits, des cavaliers, des musicaux, en provenance de musées
prestigieux, mais aussi de collectionneurs privés.
Pourquoi ce nom de Cavalier Bleu ? Parce que Kandinsky aimait les chevaux et Mac
le bleu. aussi d’un commun accord ont-ils convenus d’appeler leur almanach :
DER Blaue Reiter.

Kandinsky, Der Blaue Berg 1808/9
Kandinsky, Der Blaue Berg 1808/9

Der Blaue Reiter : tel est le titre du légendaire almanach édité par Wassily Kandinsky (1866–1944) et Franz Marc (1880–1916), qui fut publié à Munich en 1912. Kandinsky et Marc avaient rassemblé dans ce recueil des textes et des images issus de cultures diverses, réalisés par différents artistes. Cet almanach devait être l’expression de la nécessité d’une transformation radicale des arts en ce début du XXe siècle. Il témoigne d’une nouvelle appréhension de l’art et du monde, révolutionnaire pour l’époque, qui ne s’attachait plus à reproduire la réalité visible mais à illustrer des interrogations mentales. Ce souci s’exprime avant tout par une libération de la couleur inspirée par le paysage des Pré-alpes au sud de Munich.

Wassily Kandinsky und Franz Marc (Hrsg.) Almanach Der Blaue Reiter, Munich, 1914 29,5 x 23 x 2,5 cm ahlers collection © Thomas Ganzenmüller, Hannover
Wassily Kandinsky und Franz Marc (Hrsg.)
Almanach Der Blaue Reiter, Munich, 1914
29,5 x 23 x 2,5 cm
ahlers collection
© Thomas Ganzenmüller, Hannover

Cette réflexion, qui a servi de toile de fond à l’évolution vers l’abstraction de Kandinsky et de Marc surtout, a conduit à un tournant de la conception artistique occidentale et a influencé plusieurs générations de peintres – jusqu’à nos jours.
Environ 70 oeuvres sont présentées dans l’exposition et un total de plus de 90 objets présente également l’almanach et illustre la révolution picturale qui s’est produite entre 1908 et 1914, en s’appuyant principalement sur des ensembles d’oeuvres marquantes de Kandinsky et Marc.

Membres du « Blaue Reiter » sur le balcon du 36, Ainmillerstrasse, Munich (de gauche à droite: Maria et Franz Marc, Bernhard Koehler, Heinrich Campendonk, Thomas von Hartmann, assis devant Wassily Kandinsky), 1911/1912 Photo: Gabriele Münter Gabriele Münter- und Johannes Eichner-Stiftung, Munich © 2016, ProLitteris, Zurich
Membres du « Blaue Reiter » sur le balcon du 36, Ainmillerstrasse, Munich (de gauche à droite: Maria et Franz Marc, Bernhard Koehler, Heinrich Campendonk, Thomas von Hartmann, assis devant Wassily Kandinsky), 1911/1912
Photo: Gabriele Münter
Gabriele Münter- und Johannes Eichner-Stiftung, Munich
© 2016, ProLitteris, Zurich


L’emblème du Cavalier Bleu qui aurait vu le jour par hasard, d’après Kandinsky, au cours d’une conversation avec Marc peut être considéré comme une forme de programme en abrégé : le bleu, couleur cosmique, associé à la sérénité naturelle de l’animal et à la dynamique du cavalier en saut, qui franchit toutes les barrières.
Une salle d’information multimédia spécialement conçue pour cette exposition s’attache à mettre en évidence, grâce à une « géographie du Blaue Reiter », le caractère international des artistes de ce groupe dans une Europe d’avant-garde sans frontières, à laquelle la Première Guerre mondiale a brutalement mis fin.

Kandinsky, Murnau, la place du marché avec montagnes, 1908
Kandinsky, Murnau, la place du marché avec montagnes, 1908

L’exposition prend pour point de départ chronologique l’année 1908. Cette année-là, Wassily Kandinsky et Gabriele Münter qui vivaient ensemble sans être mariés s’installèrent dans un logement commun à Munich et firent
la connaissance à Murnau, en Haute-Bavière, d’un autre couple vivant en
« union libre », Marianne von Werefkin et Alexej von Jawlensky. L’année suivante, Münter acheta dans la même localité une maison qui existe toujours et où Kandinsky et elle passèrent principalement leurs étés jusqu’en 1914.

Gabriele Münter Paysage avec cabane au crépuscule, 1908 Huile sur papier sur carton, 33 x 40,8 cm Kunstsammlungen Chemnitz - Musée Gunzenhauser Propriété de la Fondation Gunzenhauser, Chemnitz Photo: PUNCTUM / Bertram Kober
Gabriele Münter
Paysage avec cabane au crépuscule, 1908
Huile sur papier sur carton, 33 x 40,8 cm
Kunstsammlungen Chemnitz – Musée Gunzenhauser
Propriété de la Fondation Gunzenhauser, Chemnitz
Photo: PUNCTUM / Bertram Kober

Ce retour à la campagne marquait l’accomplissement du désir de mener une vie simple, anticonformiste, en harmonie avec la nature et le monde rural de Haute-Bavière. En ce sens, il faut également appréhender la démarche de Münter et Kandinsky sous l’angle d’une réforme fondamentale de l’existence, qui influença de larges fractions de la société juste avant la Première Guerre mondiale et produisit des résultats multiples : la critique de la civilisation était étroitement liée à la volonté de voir la société prendre un nouveau départ. L’intérêt de Kandinsky et de Münter pour l’art populaire, et
plus particulièrement pour la peinture sur verre typique de la Haute-Bavière rejoint leur conviction de l’égale importance de tous les arts. Plus tard, cette idée sera mise en évidence dans l’Almanach, qui associe l’art occidental à des dessins d’enfants, des images votives et des oeuvres d’art d’Afrique et d’Asie.
Blaue reiter Almanach
La collaboration de Münter, Werefkin, Jawlensky et Kandinsky et la représentation des paysages de lacs de Haute-Bavière baignés de lumière et dominés par la chaîne des Alpes inspirèrent à ces artistes un nouveau traitement chromatique, qui constitue un des temps forts de l’exposition : de couleurs pures et lumineuses étaient juxtaposées en vastes plans, la dynamique devant être communiquée par la structure visible de la touche.
Ce processus a été décrit par Gabriele Münter comme le passage
« … de la reproduction de la nature – plus ou moins impressionniste – à la sensation d’un contenu – à l’abstraction – à la restitution d’un extrait », un domaine dans lequel on n’a peut-être pas encore suffisamment reconnu, le rôle d’Alexej von Jawlensky et de ses tableaux de paysages, aux formes chromatiques d’une « simplicité » marquée.
Le traitement des plans a conduit chez Kandinsky à un affranchissement de la ligne par rapport au contour et à la libération de la surface par rapport à la figuration, dont témoignent surtout ses toiles de l’année clé que fut 1910, dont cette exposition contient une superbe sélection.

Alexej Von Jawlensky Automne à Murnau 1909
Alexej Von Jawlensky
Automne à Murnau 1909

Une des priorités des artistes rassemblés autour du Blaue Reiter , et surtout de Kandinsky, était de transmettre l’idée que l’art est synesthésique, qu’il franchit les frontières avec d’autres formes d’art.
Cette conception se reflète également dans le langage courant : quand on parle de
« composition », on pense le plus souvent à une oeuvre musicale ; mais on peut également parler de composition picturale pour désigner la structure d’une oeuvre d’art.
La couleur peut également être une couleur sonore, et un
ton chromatique peut relever aussi bien de la peinture que de la musique. Il faut garder cette réalité à
l’esprit quand on contemple les abstractions de grand format de Kandinsky, comme sa légendaire Composition VII de 1913, de la galerie Tretiakov.

Wassily Kandinsky Composition VII, 1913 Huile sur toile, 200 x 300 cm Galerie d’État Tretiakov, Moscou
Wassily Kandinsky
Composition VII, 1913
Huile sur toile, 200 x 300 cm
Galerie d’État Tretiakov, Moscou

S’y ajoute un élément particulièrement important : le
rythme, qui naît de l’activité du regard au contact du tableau.
Les tableaux de Kandinsky ne sont pas
l’expression de gestes picturaux. Mais dans l’idéal, l’interaction entre spectateur et oeuvre engendre un rythme optique, qui trouve une analogie en musique.
À partir de 1910, Franz Marc et Maria Franck vécurent ensemble à Sindelsdorf,
à 15 kilomètres de Murnau. La rencontre entre Kandinsky et Marc au début de 1911 donna l’impulsion décisive à la
publication de l’Almanach Der Blaue Reiter, que les deux hommes publièrent ensemble.
Bien qu’unis par l’aspiration à un renouvellement culturel, ils se distinguaient nettement par leurs formes
d’expression artistique. Cette différence apparaît clairement lorsqu’on observe les deux tableaux que
Franz Marc, le Rêve 1912
Marc et Kandinsky échangèrent pour sceller leur amitié et qui, pour la toute première fois, sont présentés ensemble l’exposition.
Le tableau intitulé Traum [« Rêve »] que Marc offrit à
Kandinsky et qui appartient aujourd’hui à la collection du
musée Thyssen-Bornemisza révèle par son
univers chromatique homogène, constitué d’une multiplicité de formes parmi lesquelles ses emblématiques chevaux bleus, l’intérêt de l’artiste pour la représentation d’une nature expressive.
Le présent de Kandinsky à Marc, l’Improvisation 12 au sous-titre caractéristique Der Reiter [« Le Cavalier »]
(Bayerische Staatsgemäldesammlung, Munich),
Kandinsky, Cavalier, improvisation 12
témoigne de sa volonté de traduire en image
la dynamique du geste par des couleurs éclatantes et par la dissolution de la figuration.
Marc ne s’attachait pas à la reproduction d’un animal mais à la représentation de son essence, expression d’une nature archaïque et intacte. Il faut replacer la fête de l’âme animale que célèbrent ses toiles dans le contexte de la naissance, peu avant la Première Guerre mondiale, du mouvement pour la protection animale ; ce mouvement semble incarner un monde hostile au progrès technique et coïncider ainsi avec la tendance critique à l’égard du progrès, toujours présente notamment dans la
société allemande. On peut voir dans cette exposition une sélection des principaux tableaux d’animaux de Marc et surtout une toile très rarement montrée de nos jours, véritable sommet de son art, Die grossen blauen Pferde [« Les grands chevaux bleus »] (Walker Art Center, Minneapolis).
Franz Marc
Plus encore que pour Marc, mort il y a un siècle, le 4 mars 1916, sur le champ de bataille de Verdun, ( à cheval) on éprouve une impression d’inachevé en contemplant l’oeuvre d’August Macke, tombé dès le début de la Première Guerre mondiale. Ses tableaux cherchent à associer composition chromatique abstraite et figuration. À la différence des autres représentants du Blaue Reiter, il décrit des scènes de la vie
moderne, présentées simultanément sous plusieurs angles de vue grâce à des structures chromatiques cubistes. Une salle de l’exposition est principalement consacrée à ses toiles, et notamment à des
oeuvres qui n’ont pas été exposées depuis longtemps et montrent bien le potentiel de cet artiste.
Franz Marc, le renard Bleu 1911
Franz Marc, le renard Bleu 1911


Celui-ci a également offert une des meilleures contributions à l’Almanach Der Blaue Reiter avec son texte intitulé « Masken » [« Masques »]. Des travaux de Robert Delaunay, Heinrich Campendonk, du compositeur et peintre Arnold Schönberg et de David Burljuk complètent le choix de peintres présentés.
Une salle centrale est consacrée à l’Almanach Der Blaue Reiter
qui, soucieux de créer une nouvelle vision du monde, illustre à l’aide de nombreuses reproductions les synergies entre musique et arts visuels, constituant ainsi une forme d’oeuvre d’art totale.
Une installation particulière présente un choix de combinaisons d’images juxtaposant reproductions de l’Almanach et originaux.

Bleue Reiter AlmanachLe terme chronologique de cette exposition coïncide avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914, qui marqua la fin de la collaboration du groupe.
La catastrophe à venir s’annonce particulièrement dans
l’oeuvre de Franz Marc. Sa toile de relativement grand format
Die Wölfe (Balkankrieg) [« Les loups (guerre des Balkans ») 1913,
(Buffalo, Albright-Knox-Gallery), qui fait
allusion à la situation politique des Balkans dont l’escalade
a entraîné le déclenchement de la Première
Guerre mondiale, montre des loups s’approchant,
l’échine basse, d’animaux endormis tandis que les
fleurs paraissent flétrir à leur passage : un paysage d’apocalypse.
Franz Marc, les Loups des BalkansAprès la Première Guerre mondiale Kandinsky ne retournera jamais à Munich ni à Murnau. Il devient l’une des personnalités majeures du
Bauhaus ; en 1933, il émigre en France où il meurt en 1944.
Gabriele Münter regagne Murnau en 1931 et elle y passera l’essentiel de son temps jusqu’à sa mort en 1962 . En 1956, elle fait une
donation à la Städtische Galerie im Lenbachhaus de Munich de nombreuses pièces de sa collection exceptionnelle comprenant des oeuvres personnelles mais aussi des oeuvres de Kandinsky et d’autres membres du « Blaue Reiter ».
Sa maison, restaurée dans l’état où elle était entre 1909 et 1914, a été
transformée en musée.
August Macke, Grande Promenade 1914
August Macke, Grande Promenade 1914

Une exposition dense, intelligente, riche en tableaux peu montrés, comme
la Fondation Beyeler nous a habitués.
Un catalogue publié à l’occasion de cette exposition aborde ce thème à travers plusieurs contributions scientifiques. L’ensemble des oeuvres y est reproduit.
En allemand et en anglais.
Heures d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h.
Programme de manifestations
Journée Familles « Kandinsky, Marc & Der Blaue Reiter »
Dimanche 23 octobre 2016, 10h00–18h00
Conférence de Fabrice Hergott –
« Le Blaue Reiter: une nouvelle définition des frontières de l’art »
Mercredi 2 novembre 2016, 18h30-20h00
Le conservateur français, également écrivain, historien de l’art et directeur du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris parle de l’exposition.
En collaboration avec l’ Alliance Française de Bâle et la Société d’Etudes Françaises de Bâle. La conférence aura lieu en français. La manifestation est comprise dans le prix d’entrée du musée. Il est possible de visiter l’exposition avant la conférence.
Prométhée
Vendredi 4 novembre 2016, 18h30 et 19h00
Samedi 5 novembre 2016, 12h00 / 14h00 et 17h00
Une des plus grandes oeuvres modernes opérant la fusion des sens les plus divers est le poème symphonique d’Alexandre Scriabine, Prométhée. Le Poème du feu, op. 60 pour grand orchestre, piano, orgue, choeur et clavier à lumières. Leonid Sabaneïev, ami intime du compositeur, a analysé cette oeuvre qui rompt avec toutes les idées traditionnelles de la musique, dans un article publié dans l’Almanach Der Blaue Reiter. En outre, Sabaneïev a réalisé une version de l’oeuvre pour deux pianos.
Accompagnée d’une projection lumineuse en direct du duo d’artistes Sergej et Arotin, cette
composition est exécutée au musée par le légendaire spécialiste de Scriabine Mikhail Rudy. Le spectacle dure environ 25 minutes.
Prix : CHF 30.- / Young Art Club, Art Club & Freunde CHF 5.-

Visite guidée publique en français
Dimanche, 15h00-16h00
25 septembre 2016
30 octobre 2016
27 novembre 2016
18 décembre 2016
Visite guidée dans l‘exposition « Kandinsky, Marc & Der Blaue Reiter »
Prix: Tarif d’entrée + CHF 7.-
audio-guides

Sommaire du mois d'août2016

Le 30 août c’était la journée mondiale du blog
Que dire ? Bonne continuation à tous les blogueurs.
Rien ne peut plus échapper à la mondialisation,
mais en réalité est-ce une valeur ajoutée ?
Mon blog fait partie des 6000 blogs publiés, du journal le Monde.
Il existe depuis février 2006.
Mes débuts dans cet « art » minimaliste ont commencé
en tenant le clavier du blog d’une association, 2 ans auparavant
Autant dire que je suis une blogueuse au long cours.
Mes lecteurs viennent des quatre coins du globe, cela est
plaisant et surprenant, très souvent cela concerne des
publications anciennes, au hasard de leurs recherches.
Si vous souhaitez en savoir plus sur moi il vous faut
cliquer ici
Je remercie tous mes lecteurs fidèles et occasionnels,
silencieux ou actifs, ceux qui écrivent des commentaires
ou qui m’envoient des mails, ils sont toujours les bienvenus
ladilettante@evhr.net
blogs
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12 août 2016 :Les Anges de Paul Klee
19 août 2016 : BPM – Biennale de la Photographie de Mulhouse
21 août 2016 : Un choix d’oeuvres chinoises à la Fondation Vuitton
29 août 2016 : Les Fleurs du mal de Baudelaire