Art/ Afrique, le nouvel atelier à la Fondation Vuitton

Jusqu’au 28/8/2017
« Art/ Afrique
, le nouvel atelier »
réunit deux expositions, pensées comme des focus,
adossées à un choix d’œuvres de la Collection de
la Fondation :
I) « Les Initiés », un choix d’œuvres (1989-2009)
de la collection  d’art contemporain africain de
Jean Pigozzi

II) « Être là », Afrique du Sud, une scène contemporaine

 III) Afrique : une sélection d’œuvres dans
la collection
de la Fondation Louis Vuitton

I) L’exposition Les Initiés réunit une sélection d’œuvres
de quinze artistes emblématiques de la collection
d’art contemporain africain de Jean Pigozzi, présentée
pour la première fois à Paris. En 1989, l’homme d’affaires
Jean Pigozzi fait appel à André Magnin comme conseiller
pour constituer sa collection. Défricheur, ce dernier arpente
le continent africain à la rencontre d’artistes travaillant
et vivant en Afrique subsaharienne
, dans les pays
francophones, anglophones et lusophones. A une époque
qui ne connaît ni téléphone portable, ni internet, ni réseaux
sociaux, rencontrer des artistes et rendre compte de
l’évidente liberté et originalité de leurs démarches,
ont été des paramètres décisifs.
La détermination et l’engagement qui ont présidé à cette
collection ont ainsi permis la constitution d’un
fonds unique, aux partis pris affirmés renvoyant
dans sa diversité à l’un des visages de la création
contemporaine en Afrique de 1989 à 2009.
Les artistes de l’exposition, tous héritiers de savoirs
spirituels, scientifiques et techniques, développent
des mondes
qui s’expriment à travers une variété
d’expressions et de supports.

Éclectique et libre, la collection ne privilégie aucun médium
et vise à représenter chaque artiste avec des ensembles
conséquents
. Elle a ainsi révélé une scène jusqu’alors
inconnue, permettant un élargissement de son audience
et de son impact international, ce qui lui confère
aujourd’hui un rôle prescripteur évident.

L’exposition réunit des œuvres de :
Frédéric Bruly Bouabré, Seni Awa Camara,
Calixte Dakpogan, John Goba, Romuald Hazoumè,
Seydou Keïta, (vu au Grand Palais) Bodys Isek Kingelez, Abu Bakarr Mansaray,
Moké, Rigobert Nimi, J.D. ‘Okhai Ojeikere, Chéri Samba,
Malick Sidibé et Barthélémy Toguo
.
À cette occasion, Pascale Marthine Tayou réalise
une intervention spécifique.

L’exposition, conçue par la direction artistique de la
Fondation Louis Vuitton, a été réalisée en étroite
collaboration avec Jean Pigozzi.


II) En complément de l’exposition Les Initiés,
La Fondation présente : Être là, une exposition collective
consacrée à l’Afrique du Sud, une des scènes les plus
dynamiques du continent africain aujourd’hui.
Révélée au monde dans les années 1990, la force de
cette scène tient aussi à l’émergence d’un nouvel écosystème,
incluant des institutions et des galeries particulièrement
impliquées, ainsi qu’au rôle très engagé des universités.
L’exposition se concentre sur un espace-temps précis,
celui d’aujourd’hui, tel qu’il se constitue à travers des
thématiques et un engagement inscrit dans une continuité
historique. Elle ne prétend en rien être un panorama
et réunit 16 artistes :

– D’un côté, des figures de référence de l’art sud-africain,
comme :
Jane Alexander, David Goldblatt, William Kentridge,
David Koloane
et Sue Williamson
qui bénéficient désormais d’une vraie reconnaissance
internationale et ont un réel impact sur la scène actuelle.
Ainsi qu’une génération née dans les années 1970,
représentée par des personnalités incontournables
telles que Nicholas Hlobo, Zanele Muholi et
Moshekwa Langa.

– D’autre part, un choix d’artistes nés dans les années
1980
dont les œuvres sont symptomatiques
de nouveaux enjeux plus de vingt ans après la fin
de l’apartheid
 : Jody Brand, Kudzanai Chiurai,
Lawrence Lemaoana, Thenjiwe Niki Nkosi,
Athi-Patra Ruga, Bogosi Sekhukhuni,
Buhlebezwe Siwani et Kemang Wa Lehulere.

Cette sélection s’étaye sur le positionnement des artistes
dans la prise en charge d’une situation – économique
et sociale – sur laquelle ils ont la conscience et la conviction
de pouvoir intervenir et jouer un rôle – ETRE LA.
Par le biais de différents médiums (installations,
photographies, peintures, œuvres textiles, vidéos…),
ces artistes revisitent l’histoire et affirment une
subjectivité propre. Participant d’un activisme social,
la génération la plus récente tire bénéfice d’une ouverture
internationale pour affirmer et revendiquer une
identité sud-africaine qu’elle contribue à redéfinir.

Prolongeant l’exposition, l’espace
« À propos d’une génération » présente le travail des
photographes
Graeme Williams, Kristin-Lee Moolman et
Musa Nxumalo
et dévoile les portraits contrastés
d’une certaine jeunesse sud-africaine, notamment
celle des « born-free ».
Un catalogue est publié (en deux versions, française et
anglaise) avec les contributions
d’Achille Mbembe, Okwui Enwezor,
Bonaventure Soh Bejeng Ndikung
ainsi que de
Rory Bester, Hlonipha Mokoena et Sean O’Toole.

Commissaires : Suzanne Pagé et Angéline Scherf
avec Ludovic Delalande et Claire Staebler.

III) C’est sur ce nouvel accrochage, déployé sur la totalité
du dernier niveau de la Fondation, que s’adossent
les deux expositions présentées simultanément.
Témoignant de la dimension internationale de la Collection,
ce parcours est consacré à des œuvres d’artistes africains
et à des regards tournés vers ce Continent.

En parallèle, a lieu un programme d’événements
pluridisciplinaires
autour de la musique, de la poésie,
de la littérature et du cinéma.
À l’occasion de cet événement,
la Fondation Louis Vuitton
s’associe à La Grande Halle de La Villette
avec la création d’un billet commun proposé
aux visiteurs de leurs expositions
Art/Afrique, le nouvel atelier et Afriques Capitales.
Commissaire général : Suzanne Pagé
Conseiller : André Magnin
Commissaires : Angéline Scherf et Ludovic Delalande
Scénographie:  Marco Palmieri

A World Not Ours

Jusqu’au 27/8/2017 à la Kunsthalle de Mulhouse

A World Not Ours est une exposition collective
consacrée à la crise actuelle des réfugiés et
les déplacements forcés de population causés par
la guerre en Syrie et dans d’autres zones de conflit.
L’exposition, dont le premier volet a été inauguré
l’été dernier à l’Espace Pythagorion de la
Schwarz Foundation, sur l’île de Samos en Grèce,
cherche à contrebalancer la vision réductrice ou
partielle d’une crise trop souvent limitée à des images
d’embarcations de fortune et de traversées périlleuses
depuis la Turquie ou la Libye.
L’idée est de se pencher sur l’avant et l’après de ces
moments dramatiques.

Alors que la première partie de l’exposition était
consacrée à l’expérience de la fuite, au voyage périlleux
et à l’économie clandestine qui entretient la précarité
des réfugiés, le volet mulhousien se penche davantage
sur l’accueil réservé aux réfugiés, sur les procédures
légales et les réalités quotidiennes auxquelles ils sont
confrontés, « la terre promise » atteinte.
Cette seconde partie s’attache également à observer
la façon dont les européens vivent la crise migratoire,
à explorer les problèmes de représentation de la
souffrance et à poser la question de la « propriété »
des images de réfugiés et du droit de les représenter.

A World Not Ours regroupe artistes, photographes,
cinéastes et militants qui pour beaucoup sont originaires
du Moyen-Orient ou du Sud-Est de l’Europe, de régions
directement confrontées au danger, à la guerre et à l’exode.
Ils ont une expérience personnelle, voire intime, du
traumatisme et de la souffrance collective.

Utilisant des médiums aussi divers que l’installation,
la photographie, la vidéo et l’art action, ils nous plongent
au cœur de la condition des réfugiés et révèlent
la complexité de l’origine du problème en le situant
dans un contexte plus large.
Les artistes participants :

Azra Akšamija (1976, Bosnie-Herzegovine)
Taysir Batniji (1966, Palestine)
Tanja Boukal (1976, Autriche)
Ninar Esber (1971, Liban)
Aslan Gaisumov (1991, Tchétchénie)
Mahdi Fleifel (1979, Emirats Arabes Unis)
Stine Marie Jacobsen (1977, Danemark)
Sven ’t Jolle (1966, Belgique)
Sallie Latch (1933, Etats-Unis)
Eleonore de Montesquiou (1970, Estonie/France)
Giorgos Moutafis (1977, Grèce)
Marina Naprushkina (1981, Biélorussie)
Juice Rap News (créé en 2009, Australie)
Somar Sallam (1988, Syrie/Algérie)
Mounira Al Solh (1978, Liban)
Diller Scofidio & Renfro, Mark Hansen, Laura Kurgan,
et Ben Rubin en collaboration avec Robert
Gerard Pietrusko et Stewart Smith, d’après une idée
de Paul Virilio (international)
Commissaire d’exposition :
Katerina Gregos, assistée de Sarita Patnaik.

≪ Et si c’était moi ? Comment réagirais-je ? ≫
Espérons que l’exposition  soulèvera la question.
Les migrations vont rester l’une des questions
brûlantes de notre époque, de plus en plus de
gens seront contraints de fuir pour des raisons environnementales, économiques ou politiques,
et nous devons repenser en termes de générosité
et d’hospitalité réciproque la notion de
cohabitation sur une planète
de plus en plus interconnectée.
C’est l’un des grands défis de
notre temps, et la solution ne peut être
une politique de division et d’exclusion.

Festival Météo
Alan Curran en workshop à La Kunsthalle
Stage de 3 jours de musique improvisée
Lundi 22 — Jeudi 24 août
Concert de clôture
Jeudi 24 août R 17:30
Cette année, La Kunsthalle est partenaire du festival
Météo et accueille un workshop d’Alvin Curran, dans
son espace d’exposition. Ouvert à 20 participants,
Alvin Curran invite les musiciens à improviser avec
la composition ou composer avec l’improvisation.
Il étudie avec eux l’influence des déplacements et
des positions ≪ assis, couche ≫ sur le type du jeu et
propose d’y inclure tous types d’objets métalliques résonnants.
Le stage donnera lieu a une représentation
publique jeudi 24 aout a 17:30.
L’atelier est réservé de préférence
aux instruments acoustiques sans amplification.
Informations, inscriptions, programme complet
du festival sur www.festival-meteo.fr

 

Jérôme Zonder. The Dancing Room

Au musée Tinguely de Bâle visible jusqu’au
1 novembre 2017,
Avec la présentation de Mengele-Totentanz (1986)
de Jean Tinguely
dans la salle nouvellement conçue à cet effet,
le Musée Tinguely lance une série d’expositions
avec de jeunes artistes qui font référence à cette oeuvre
tardive de Tinguely et en abordent l’actualité encore
aujourd’hui valable.

Le coup d’envoi est donné par Jérôme Zonder
(né en 1974 à Paris), qui compte parmi les grands
dessinateurs de sa génération. Avec ses représentations
grotesques, inspirées de Jérôme Bosch, Paul McCarthy
ou Otto Dix, il parvient à exprimer les atrocités humaines
indicibles et catastrophes humanitaires des 100 dernières
années pour en faire des « Danses macabres »
contemporaines.
Une quarantaine de dessins, une oeuvre murale
grand format et une construction sculptée composent
ainsi une vaste installation en dialogue direct avec
Mengele-Totentanz
La part politique, narrative et historique qui est très
forte, pas simplement dans le récit de la pièce,
renforce le lien qui s’établit entre les 2 espaces.
Un dessin en 3 temps : la première structure c’est la herse
que l’on aperçoit lorsque l’on arrive dans la salle, qui nous
bloque, avec sa présence menaçante, dont l’usage et le
sens nous échappe. Pour Zonder c’est une manifestation
de la grande histoire.

Le grand dessin à l’empreinte sur toile, travaillé
à la mine de plomb et à la poudre de charbon
est réalisé d’après une photo des wokings deasds,
une foule de zombis qui tendent les bras vers nous,
avatars contemporains de la danse macabre.
Cela représente le lien très fort avec le travail de
Tinguely.
Puis le grand mur d’images, une grande grille, comme
un mur Internet, un Trumbl, un album de famille privé,
axé sur la violence, la cruauté, lié à la danse macabre.
Un Pingpong, un jeu de renvoi entre l’image de la mémoire,
de la mauvaise conscience, l’album de la cruauté, du
cauchemar qui tente de nous saisir. C’est aussi un résumé
du rapport à la vanité et en même temps un appel vers
le récit de Tinguely, très littéralement
une évocation de la morbidité de sa pièce, comme si elle
nous arrivait d’entre les morts, portant un message
pour nous rappeler que nous sommes mortels.

Le souvenir à l’intérieur, sur le mur est une sélection
de dessins de 2010 a 2017 qui sont tous en rapport avec
la violence.
Il y a les 3 niveaux de référence de genre graphique
avec lequel il travaille, les images d’archives historiques,
travaillées à l’empreinte, un état de la mémoire et
du corps liés à Auchwitz, 2 images qui viennent de
Didi Huberman, les chaires grises de la maison rouge,
les premiers de la nouvelle série sur la guerre d’Algérie,
des images d’archives de 1957 d’un interrogatoire
à Constantine.
C’est le travail de cette mémoire qu’il veut saisir à bras
le corps, d’un côté les archives historiques classiques,
du côté de l’histoire de l’art, la grande peinture de
Baldung Green, Christian van Couwenbergh (1604-1667),
Le viol de l’esclave noire.

Travail sur le viol et la domination du blanc sur le noir,
une violence plus métaphorique sur la jeune fille
et la mort du Kunstmuseum de Bâle, la figure de la
domination masculine 15 e s.
D’un côté les archives, de l’autre côté les mélanges
qu’il fait avec des travaux de l’histoire ici avec
les jeux d’enfants et des dessins qui sont dans
l’immédiateté des faits d’actualité, des moments d’histoire
qui marquent.

Jerôme Zonder Tinguelys Mengele-Totentanz

Il est passé des travaux de la forme du dessin
à des travaux de forme d’écriture, à quelque chose qui
s’incarne dans la façon de travailler le matériau et
le support dans la physicalité de son travail.
Dans ses portraits en noir et blanc, l’artiste français rend
hommage aux femmes, icônes féministes ou anonymes,
les “fiancées du diable”.
Elle s’appelle Garance, comme l’héroïne des
Enfants du paradis, qui chante
« Je suis comme je suis » en arpentant le
« boulevard du Crime » dans le film de Carné et Prévert.
Soixante-dix ans plus tard, elle n’a rien perdu de son
audace en quittant le grand écran pour réapparaître
dans les dessins noir et blanc de Jerôme Zonder.

Mengele-Totentanz (1986). La sculpture-machine en 14 parties
est réinstallée dans une salle du musée spécialement conçue à
cet effet afin d’évoquer l’apparence d’une chapelle.
L’oeuvre doit son nom au maître-autel figurant au centre,
une ensileuse à maïs (tellement déformée qu’elle est presque
méconnaissable) de la marque Mengele ayant appartenu à la
famille de l’effroyable médecin nazi.
Toutes les pièces utilisées ont été récupérées après un incendie
dévastateur dans une ferme non loin de l’atelier de Tinguely,
à Neyruz, près de Fribourg.

La danse macabre constitue à Bâle un sujet de longue tradition,
qui culmina avec la fameuse Basler Totentanz, réalisée vers 1450
sur l’enceinte de l’ancien couvent des Dominicains, et maintes
fois citée et reproduite depuis. Le message de la représentation
était multiple : rappeler le caractère éphémère de la vie et
l’égalité de tous devant la mort, tout en puisant dans les motifs
et pensées des idéaux humanistes émergeant à cette époque.
Le catalogue « Jérôme Zonder » est publié par l’édition
Galerie Eva Hober, Paris.
La publication en français, anglais et allemand avec un
avant-propos de Eva Hober et des contributions de
Roland Wetzel et Catherine Francblin
le catalogue, Mengele-Totentanz (1986) de Jean Tinguely
au Musée Tinguely paraît aux Éditions Kehrer,
Heidelberg/Berlin, une publication richement illustrée,
avec des textes récents de Sophie Oosterwijk, Sven Keller
et Roland Wetzel ainsi qu’un entretien entre Jean Tinguely
et Margrit Hahnloser, enregistré en 1988.
La publication paraît en allemand, français et anglais.
Horaire du musée :
Mardi – dimanche, 11h – 18h
Accès :
Depuis la gare SBB, tram 2, descendre à Wettsteinplatz,
puis bus n° 37
 

Sommaire du mois de juillet 2017

Documenta 14, le Parthénon des livres censurés de l’artiste argentine, Marta Minujín

04 Juillet 2017 : La révolution est morte. Longue vie à la révolution !
07 juillet 2017 :  Rodney Graham. Lightboxes
10 juillet 2017 :  Véronique Arnold 
12 juillet 2017 :  Robert Cahen à Macao
14 juillet 2017 : 
15 juillet 2017 : 21 rue La Boétie au musée Maillol
17 juillet 2017 :  Alexandre Rodtchenko
 

Alexandre Rodtchenko

Jusqu’au 2.10.2017 Alexandre Rodtchenko
au musée Unterlinden de Colmar
D’entrée la scénographie, vous plonge dans le
mouvement constructiviste, de l’avant garde russe.
L’écriture cyrillique se charge du dépaysement, l’espace
est aménagé de manière à entrer dans les règles énoncées par
le maître. Le jeu des lignes, diagonales, cercles, obliques,
les codes des couleurs, jaune, rouge et bleu, délimitent
les sections de présentation, que l’on peut saisir
d’un coup d’oeil en contemplant l’ensemble de l’exposition,
du travail et des découvertes innovantes de Rodtchenko.
A
vec plus d’une centaine d’oeuvres issues de la collection
du Musée d’État des Beaux-Arts Pouchkine de Moscou,
e
lles regroupent les années charnières  entre 1917 et 1936.

Alexander Lavrentiev, commissaire de l’exposition
et petit-fils de l’artiste, Frédérique Goerig-Hergott,
conservatrice en chef au Musée Unterlinden
et commissaire se sont inspiré de la présentation de
Rodtchenko
à l’exposition universelle de 1925 au Grand Palais à Paris,
pour accrocher les travaux sur les cimaises du musée Unterlinden.

C’est ainsi que l’on peut retrouver certaines oeuvres dans l’exposition,
les affiches, la quasi totalité des travaux, mais aussi les photos
telles que Rodtchenko les a présentés.

Rodtchenko, affiche, » Il n’y a pas de meilleure tétine » slogan de Maïakovski

L’exposition inclut l’ensemble de ses travaux de recherche, la
peinture abstraite, les dessins et aquarelles, ses constructions
spatiales et projets d’architecture, ses travaux de design et de
publicité, les couvertures de livres et de magazines et bien sur
ses photographies.

Les modèles auxquels Rodtchenko se réfère dans ses premiers
manifestes sur la peinture abstraite sont Christophe Colomb,
Thomas Edison, Charlie Chaplin, tous trois découvreurs-inventeurs
de territoires tant géographique, artistique que scientifique.
La démarche artistique de Rodtchenko trouve sa synthèse dans ses
recherches théorisées dans ses manifestes et présentées en 1921 à
Moscou dans l’exposition collective 5 x 5 = 25 (avec Popova, Tatline,
Stepanova et Vesnine). Il breveta la ligne comme base de ses travaux
constructivistes, les éléments plats comme matériel pour ses
sculptures et ses architectures, la matière comme élément
constitutif de la forme et l’idée de révocation de la couleur
(au profit du noir et blanc).

Il utilise largement son principe constructiviste dans le design,
les objets (céramique, costumes…), le mobilier et la publicité,
introduisant le photomontage et la typographie dans le graphisme.
Dans la photographie, il se distingue par des cadrages aux
points de vue audacieux (jeux d’angles), la représentation en série
de bâtiments, d’objets et d’évènements, montrant l’importance
du schéma géométrique dans la composition photographique.
Représentant de l’Avant-garde russe, Rodtchenko joua
un rôle important dans la construction du Pavillon soviétique
(conception du Club Ouvrier) de l’exposition internationale
des Arts décoratifs et industriels modernes à Paris en 1925.

Fait moins connu, il apporta également dans la capitale
française l’ensemble de son travail (peintures, dessins, affiches,
livres, plans et projets) dans la perspective d’une exposition
dans une galerie.

Une partie de ces oeuvres existe toujours et a été donnée
par ses héritiers en 1991 au Musée d’État des Beaux-Arts
Pouchkine de Moscou. Depuis, le musée organise de nombreuses
expositions à travers le monde pour promouvoir l’oeuvre
de Rodtchenko.
L’exposition colmarienne est la première de cette ampleur
proposée par le musée Pouchkine et consacrée à cet artiste en France.
Commissaire de l’exposition :
Alexander Lavrentiev
Commissaires au musée Pouchkine :
Natalia Avtonomova, Alla Lukanova, Alexei Savinov
Commissaire au Musée Unterlinden :
Frédérique Goerig-Hergott assistée de Marion Sortino
Soirées Triptyk
Jeudi 24 août à 18h30
Soirée exceptionnelle
avec Gérard Leser qui vous dévoilera les histoires
fantastiques du Musée, suivie d’un dîner gastronomique
préparé par le chef Aurélien Paget au Café
Restaurant Schongauer.
Jeudi 21 septembre à 18h30Soirée Rodtchenko
avec Frédérique Goerig-Hergott, conservatrice en chef
Le Café Restaurant Schongauer du Musée Unterlinden
vous propose une soirée unique durant laquelle vous pourrez
assister à une visite guidée de l’exposition Rodtchenko
Collection Musée Pouchkine. La visite est ensuite suivie
d’un dîner gastronomique préparé par le chef Aurélien Paget.
Tarif | 50€
Places limitées, réservation indispensable
| + 33 (0)3 68 09 23 80 ou cafe@musee-unterlinden.com
Visite guidée proposée par la Société Schongauer |
Rodtchenko
Horaire : 14h
Date : 22 juillet 2017
Horaire : 14h
Date : 29 juillet 2017

21 rue La Boétie au musée Maillol

Jusqu’au 23 juillet au musée Maillol
« J’ouvre prochainement de nouvelles galeries
d’Art moderne, 21, rue La Boétie, où je compte faire
des expositions périodiques des Maîtres du XIX
e et des
peintres de notre époque. J’estime toutefois que le défaut
des expositions actuelles est de montrer isolément l’oeuvre
d’un artiste. Aussi ai-je l’intention d’organiser chez moi des
expositions d’ensemble d’Art décoratif.
Bien des personnes, qui ne sont pas assez sûres de leur goût
ou du goût des Artistes, pris séparément, verraient leur tâche
facilitée en jouissant d’un coup d’oeil d’ensemble de l’étroite
réunion de tous les Arts dans l’atmosphère d’une habitation privée. »
Paul Rosenberg (1878-1959)

Nicalas de Staël

L’exposition 21 rue La Boétie retrace le parcours singulier
de Paul Rosenberg (1881-1959), qui fut l’un des
plus grands marchands d’art de la première moitié
du XXe siècle. Elle rassemble une soixantaine de chefsd’oeuvre
de l’art moderne (Pablo Picasso, Fernand Léger, Georges Braque,
Henri Matisse, Marie Laurencin…), pour certains inédits
en France et provenant de collections publiques majeures
telles le Centre Pompidou, le Musée d’Orsay, le Musée Picasso
à Paris, ou encore le Deutsches Historisches Museum de Berlin,
ou d’importantes collections particulières comme celle de
David Nahmad. De nombreuses oeuvres sont directement liées
au marchand, pour avoir transité par ses galeries, à Paris ou
à New York, alors que d’autres renvoient au contexte historique
et artistique de l’époque.

Conçue par Tempora et réalisée par Culturespaces,
cette exposition bénéficie du soutien actif de la petitefille
de Paul Rosenberg, Anne Sinclair, auteur du livre éponyme
21 rue La Boétie (paru aux Editions Grasset & Fasquelle, 2012).
Marchand d’art passionné, homme d’affaires avisé
et amateur éclairé, Paul Rosenberg fut l’ami et l’agent
des plus grands artistes de son temps, qui allaient devenir des
maîtres incontestés de l’art moderne. Sa galerie mythique a
servi de pivot à la peinture moderne en France, et plus largement
en Europe et aux Etats-Unis.

La carrière de Paul Rosenberg permet d’appréhender sous un
prisme nouveau le double tournant, dans l’histoire de l’art, que
représentent l’émergence de l’art moderne, puis, dans la tourmente
de la Seconde Guerre mondiale, le déplacement du centre mondial
de l’histoire de l’art de Paris vers New York, en pleine crise de
la Seconde Guerre mondiale. Mêlant histoire de l’art, histoire
sociale et politique, l’exposition met en lumière un moment
crucial du XXe siècle, dont Paul Rosenberg a été un témoin
emblématique, à la fois acteur et victime.

Elle fait résonner les liens que Paul Rosenberg entretenait avec
Aristide Maillol, que le marchand défendait dans sa galerie.
Le commissariat de l’exposition est assuré par Elie Barnavi,
Benoît Remiche, Isabelle Benoit, Vincent Delvaux
et
François Henrard, de l’équipe Tempora. Elaine Rosenberg,
belle-fille de Paul Rosenberg, à New York, a permis la
mise à disposition de ses archives, et Anne Sinclair est la
marraine de l’exposition.
SCÉNOGRAPHIE : HUBERT LE GALL


Paul Rosenberg vend ce qu’il aime moins pour acheter et
défendre ce qu’il aime vraiment – une méthode qui se lit
dans l’espace de sa galerie, disposée sur deux étages où le visiteur
et acheteur potentiel est invité à aller du plus familier au plus osé.
Et, loin de tuer l’ancien pour faire place nette au nouveau, il inscrit
celui-ci dans les pas de celui-là. La trajectoire de Picasso est à cet
égard révélatrice : Picasso et le cubisme, Picasso et Ingres, Picasso
et Renoir…
Georges Braque

À travers le choix d’une vingtaine d’oeuvres de premier plan
(Picasso, Léger, Braque, Masson, Sisley, Cézanne), le
visiteur est amené à mieux comprendre dans cet espace les choix
esthétiques et commerciaux opérés par Paul Rosenberg au sein
de sa galerie et par là même, à appréhender un moment clé de
l’histoire de l’art.
L’exposition traite de l’irruption brutale de la politique dans l’art.
Si Paris est encore préservée, la menace pèse sur l’Allemagne
nazifiée des années 1930. La notion d’« art dégénéré »
(Entartete Kunst) est illustrée notamment dans la double
exposition de juillet 1937 à Munich, où l’on voit, à des fins de
propagande, « l’art allemand » opposé à un art dit « dégénéré ».
Conséquence de la politique menée par les nazis contre l’art moderne
dit « dégénéré » : la vente de Lucerne de 1939, et cette question
lancinante – faut-il acheter aux nazis ?

La position intransigeante de Paul Rosenberg se confronte à
celle, bien plus accommodante, de nombre de ses confrères,
ou encore de certaines institutions muséales (Liège, Bâle…).
Entre le goût du profit des uns, avides d’acheter des chefs-d’oeuvre
à vil prix, et le projet véritable de sauver les oeuvres, les motivations
des acquéreurs sont variées. Cependant, nombres d’acheteurs
potentiels s’entendent pour ne pas surenchérir.
Georges Braque

Partant de la France occupée, de Paris à New York en passant
par Bordeaux, avant d’embarquer pour l’Amérique,
Paul Rosenberg pense avoir mis en sécurité une partie
de ses tableaux en lieu sûr dans un coffre-fort à Libourne mais
celui-ci sera pillé par les soldats allemands.
En parallèle au parcours singulier de Paul Rosenberg est
évoquée la spoliation des oeuvres d’art par les nazis, leur
regroupement dans la salle des « Martyrs » au Jeu de Paume
puis le travail de pistage et de sauvetage des oeuvres d’art par
Rose Valland, alors attachée de conservation de cette institution.
À la même époque, cruelle ironie de l’histoire, la galerie de la
rue La Boétie est réquisitionnée par les Allemands et devient
l’Institut d’Etudes des Questions juives. A l’issue du conflit,
Paul Rosenberg reprend possession de sa galerie parisienne.
Ne pouvant se résoudre à rouvrir son commerce, il met le lieu
en vente mais prend soin, au préalable, de faire desceller les
mosaïques de marbre commandées à Georges Braque en 1929,
témoignage de leur lien d’amitié.
Pablo Picasso Madame Rosenberg et sa fille

L’histoire rocambolesque de la découverte par le lieutenant
Alexandre Rosenberg
, fils et futur successeur de Paul,
de plusieurs dizaines d’oeuvres de la collection de son père
dans un train allemand saisi par son unité au nord de Paris.
Un extrait du film de fiction de John Frankenheimer,
Le Train, illustre à sa manière cet épisode.
Il est présenté le périple en France et en Suisse que
Paul Rosenberg, accouru dès 1946 des Etats-Unis pour
récupérer ses oeuvres volées.
L’accent est plus particulièrement mis sur les vicissitudes
d’une toile depuis sa sortie des mains de l’artiste
jusqu’à sa situation actuelle.

Robe bleue dans un fauteuil ocre de Henri Matisse
sert d’exemple du trajet parfois sinueux que peut emprunter
une oeuvre. La toile fut achetée par Paul Rosenberg
au peintre en 1937, volée par les nazis quatre ans plus tard
dans le coffre-fort de Libourne et destinée à la collection
particulière de Göring, achetée dans l’après-guerre par
l’armateur norvégien Niels Onstad au marchand parisien
Henri Bénézit et installée enfin au Centre d’Art Henie-Onstad
(HOK) dans la banlieue d’Oslo avant d’être finalement restituée
à la famille Rosenberg en 2012.
De par leur destinée, ces tableaux portent en eux l’histoire du siècle.
 

14 juillet 2017

La rue Mosnier aux drapeaux, 1878
Edouard Manet

Belle fête à tous

Robert Cahen à Macao

« La musique ne doit pas être le miroir de l’image,
mais son alter ego
 »
Robert Cahen

Robert Cahen
, ce poète aux semelles de vent a été
choisi pour fêter les 30 ans de l’Alliance française à Macao.
en présence de Eric BERTI
Consul General of France in Hong Kong and Macau
La vidéo installation de Robert Cahen  » Crossing of Time « 

et de son collaborateur  Thierry Maury sera projetée
lors du vernissage au Sofitel de Macao, samedi le 15 juillet,
at 4:00pm at the lobby
and the concert of Laurent Couson & Friends
“Tribute to Gainsbourg”
Sa réputation de vidéaste n’est plus à faire.
Vidéaste, réalisateur et compositeur de formation,
Robert Cahen est issu de la traversée des frontières entre
les arts. Diplômé du Conservatoire national supérieur de musique
de Paris en 1971, il a su enrichir la vidéo des expérimentations
techniques et linguistiques de la musique concrète.

Robert Cahen & Thierry Maury photo de Jorge Luis Vaca Forero

Chercheur à l’ORTF et pionnier dans l’utilisation des
instruments électroniques, il traite les images comme les sons,
les organise, les transforme, ouvrant les possibilités d’échange
entre les modèles, les paramètres de l’image et ceux de la musique.
Son travail est reconnaissable à cette manière d’explorer le son
en relation avec l’image mais aussi de traiter les ralentis,
qui rendent visible un « temps retenu », pour construire
un véritable univers poétique. Juxtaposition d’images fixes et
en mouvement, oscillation, multiplicité des points de vue,
expérimentation physique de la vidéo dans l’espace
constituent autant de traits caractéristiques de son oeuvre.
Dès sa première vidéo, L’Invitation au voyage (1973),
il manipule l’image et la rend malléable.
Voici ci-dessous la vidéo tournée pour les 30 ans de l’Alliance
Française à Macao ici
En 1983, il réalise Juste le temps, fiction de 13 minutes
considérée comme l’une des vidéos les plus
importantes des années 1980.

Tout le monde se souvient de sa vidéo « Sanaa passage en noir »
tournée au Yemen et projetée au festival Musica.
Lauréat de la Villa Médicis Hors les murs en 1992, il a également
remporté le Grand Prix du Videokunstpreis du ZKM
de Karlsruhe pour Sept Visions fugitives,
en 1995.
Plusieurs des installations et mono-bandes de Robert Cahen
ont rejoint les collections de prestigieux musées en France et
à l’étranger.
Macao, photo Robert Cahen

De Hong Kong à Buenos Aires, Barcelone, en passant par Strasbourg,
Mulhouse, Besançon, Colmar, Grenoble, Paris, il parcourt le monde.
Son exposition « Entrevoir » au MACMS de 2015, suivi d’une autre
« Temps contre Temps » au musée du Temps de Besançon,
sa participation au Festival Musica de Strasbourg en 2013,
où il présenta Le Maître du Temps – Pierre Boulez dirige
« Mémoriale »,
qu’il a revisité pour le musée des
instruments de musique et présenté à la Philharmonie
de Paris en 2017.


Ushba et Tetnuld, est un opéra-poème multimédia de Nicolas Vérin,
qu’il illustra avec sa vidéo tournée en Géorgie.
D’Argentine en Italie, d’Afrique en Amérique, de master class
en workshop, pionnier de l’art vidéo, son oeuvre, empreinte
de thématiques universelles, s’intéresse en particulier aux questions
de temporalités et notamment au rapport musique et temps,
rythme et silence. Sa vaste production artistique, reconnue
dans le monde entier est accessible dans un coffret de DVD
D’Allemagne (ZKM) en Chine, de la Filature de Mulhouse,
à la Fonderie,
ses Paysages Urbains à Lille, du Jeu de Paume
à Paris, il est le « Juif errant » terme utilisé par lui-même dans
son allocution, lors de sa nomination en qualité de
chevalier des Arts et Lettres.

On ne peut pas oublier sa « Peinture mise en mouvement«  au
musée Unterliden de Colmar avant les travaux de rénovation.
Avec ses amis artistes il a « pris le temps » à la Fondation
Fernet Branca.

Ses yeux bleus sont toujours à l’affût de l’insolite, comme du beau,
qu’il aime partager avec nous. Ses prises de vue, ses vidéos, font
le bonheur de ses admirateurs et des suiveurs sur Facebook.
Il lui arrive aussi de faire tomber un piano (festival Chopin),
mais aussi les mots et les objets.
Tout en se souvenant de ses maîtres, il encourage les jeunes
artistes à avoir confiance en eux et à aller de l’avant.
Depuis l’année dernière c’est Jean François Kaiser
qui est devenu son galeriste à Strasbourg.
en tournage à Macao

Véronique Arnold 

« Certains objets ont le pouvoir de susciter des pensées,
des rêves,
des songes, et  par là des œuvres … l’art comme
un essai de retrouver
en songes ce qui a disparu, ce qui
ne cesse de disparaître à chaque instant
 »
Véronique Arnold.

Cette jeune femme, tout en douceur, tout en poésie,
autodidacte, se défend de faire des arts plastiques,
pour elle c’est de la littérature.
En hypokhâgne sa prédilection allait à  la civilisation
allemande.
Hanna Arendt l’inspire pour un travail sur
le totalitarisme. Elle est très sensible à son écriture
littéraire, son courage.
La situation actuelle, les diminutions des libertés
dans le monde l’inquiètent, cette période très matérialiste
semblable aux situations de troubles du passé.
Ses goûts en art sont divers : Agnes Martin, ( art concret)
Sol Lewitt, une passion pour  Louise Bourgeois, Antonio Calderara
pour sa lumière, Paul Klee, Wolfgang Laib, Rothko, Séraphine
de Senlis, Rauschenberg, les ciels d’orage de Segantini.
Sa grande passion est la littérature en générale, allemande,
anglaise, asiatique.

Comment ne pas se souvenir de son exposition au musée des
Beaux Arts de Mulhouse «  Dessins d’Ombre » où  toutes
ses œuvres  étaient inspirées par ses écrivains et poètes favoris,
Pascal Quignard, Vie secrète, « Il faudrait écrire les étoiles »
ou encore Emilie Dickison «  le Vent n’est pas venu du verger »,
sans oublier Pline l’ancien avec le mythe de Dibutade.
Sa curiosité la dirige aussi vers les scientifiques naturalistes :
Alexander von Humboldt , Charles Darwin.

Malgré son peu de goût pour la couture elle a réussi à
allier son amour de la littérature à l’art, en se servant d’un média
peu habituel, une aiguille à broder, en retraçant des textes
sur des tissus qu’elle choisit afin qu’ils correspondent à la période
évoquée. Le fil noir sa signature, le lin son tissu de prédilection.
« l’aiguille est son pinceau et le fil son encre indélébile »
Frédérique Meichler, l’Alsace
Elle a brodé de grandes feuilles abstraites, une écriture en clous
de girofles exposés à Fernet Branca dans l’exposition
« Métamorphoses« .
C’est un univers linguistique et charnel, sur l’absence, qui
redevient présence. Véronique Arnold  cherche le perpétuel
et émouvant souvenir, le dessinant encore et encore, diluant
les corps dans l’espace temps du langage. Le travail se révèle
dans l’action pour Véronique Arnold affirmant
« je brode et ça prend forme, c’est un besoin », rythmée par
la musique entêtante de la machine à coudre,
Les broderies prennent forme et advient la surprise.

Elle puise ses ressources et ses matériaux directement
dans la nature et sa contemplation.
Les titres de ses oeuvres ne sont-ils pas :
vibration, explosion, empreinte de corps, absence,
constellations, frémissement, songe, tremblement,
pensée.
Ne souhaite-t’elle pas « écrire le ciel » ou encore
tracer le fil à travers le temps.
Une gravure, une sculpture, des coquillages, évocateurs
d’un passé la font rêver et voyager dans le temps.
Sa résidence au Japon suivie de plusieurs voyages,
l’a particulièrement rendue sensible à ce pays.

Solitaire par nature, timide, elle a osé franchir une
première fois la porte de la galerie Buchmann de Lugano .
L’œuvre présentée à La galerie Stampa à Art Basel 2017,
« Concrétion de coquillages »

est un hommage à Kitagawa Utamaro, une broderie sur un
tissu de lin au fil noir, qui reforme ces ondulations de
coquillages agglutinés.
Ce peintre japonais du XVIIIe siècles était particulièrement
apprécié pour ses portraits de femmes, ornés de volutes de
faune et de flore comme en art nouveau (19e/20e) avant la lettre.
Une autre œuvre, à signaler, est inspirée du journal
d’une femme qui a vécu au 11e s, en y exprimant son intériorité,
ses souffrances lors d’un voyage effectué à l’âge de 50 ans,
« Toutes les larmes »

 » la création artistique n’est pas un lieu, c’est un
hors-de-soi… à la frontière des rêves et de la réalité,
de l’inconscient et du conscient, de la parole possible
et celle qui ne se dit pas,… créer, c’est ne pas avoir
de lieu… être à la frontière… »
Véronique Arnold

Rodney Graham. Lightboxes

Au musée Frieder Burda de Baden Baden 
jusqu’au’26 novembre 2017
La décision de mettre sa propre biographie au
service de l’art implique toujours une décision
en faveur d’un rôle précis.


Dandy ou bohémien, allié des opprimés ou pourvoyeur
des privilégiés – à l’instar de chaque profession, le statut d’artiste
véhicule aussi ses propres clichés. L’artiste canadien Rodney Graham
met en scène ces stéréotypes avec virtuosité, se demandant comment
les identités individuelles se construisent à partir de la distribution
sociale des rôles. L’obsession de la profession. Et toujours, dans le rôle
principal : lui-même.
Son médium : le classique caisson lumineux publicitaire.

Rodney Graham, Antiquarian sleeping in his shop 2017

Ainsi, l’antiquaire mis en scène avec une profusion de détails
ou encore le cowboy moderne deviennent les supports publicitaires
d’eux-mêmes.
Pourtant, sous la surface lisse et lumineuse de la photo éclairée,
derrière la scénographie perfectionniste, point toujours la mélancolie ;
on devine ce qu’il en coûte de devoir jouer à la perfection son rôle
dans le grand théâtre de la vie. À peine un sourire, on croise
rarement le regard.
Celui-ci s’échappe volontiers vers le néant, le lointain –
ou bien vers le passé.
Rodney Graham, Paradoxical Western Scene, 2006. Leuchtkasten, 147,3 x 121,9 x 17,8 cm. Courtesy Hauser & Wirth and the artist © Rodney Graham, 2017

Plus que tout autre artiste contemporain, le Canadien
Rodney Graham, qui est né en 1949 et vit aujourd’hui à Vancouver,
s’est employé à explorer les traces laissées par les univers des XIXe et
XXe siècles. Il travaille ainsi depuis les années 1970 à une oeuvre
conceptuelle au caractère rhizomique qui n’hésite pas à
sauter sans cesse d’une époque et d’un genre à l’autre,
et il associe dans son travail film, photographie, installations,
performances, peinture, littérature et musique.

Graham
qui, aux côtés d’artistes tels que Jeff Wall ou
Stan Douglas fait partie du groupe appelé « Vancouver School »,
s’approprie les styles, modes et discours des diverses époques
allant du romantisme au postmodernisme, pour les
commenter, les repenser, les réécrire en se montrant
discrètement ironique.
Ses sources d’inspiration vont des grands noms tels
que Sigmund Freud, Richard Wagner ou Edgar Allan Poe
aux figures légendaires de la pop telles que Kurt Cobain.
La perception de soi en tant qu’artiste, les postures et
les sensibilités sont tout autant révélées que dissimulées.
Rodney Graham, Newspaper Man, 2016. Leuchtkasten, 182 x 136 x 18 cm. Museum Frieder Burda, Baden-Baden © Rodney Graham, 2017

En étroite collaboration avec l’artiste, le Musée
Frieder Burda a réussi
à mettre sur pied la plus vaste
exposition récapitulative de photographies en caissons lumineux
de Rodney Graham présentée à ce jour. Les caissons – le médium
au coeur de son oeuvre complexe – ont été réalisés de 2000
à aujourd’hui.
« Les multiples mises en scène de Graham lui-même occupent
toujours une place centrale. Il fait l’effet d’un voyageur mélancolique
traversant le temps, un Buster Keaton moderne éprouvant sous
divers déguisements les errements et tourments de la culture
contemporaine, se glissant dans le rôle de producteurs,
spectateurs ou médiateurs », explique Patricia Kamp, commissaire
de l’exposition, à propos de l’oeuvre de Rodney Graham.

L’exposition s’ouvre au rez-de-chaussée du musée
sur le triptyque monumental Antiquarian Sleeping in his Shop
de 2017. Graham incarne ici un antiquaire qui s’est endormi
en lisant dans sa boutique décorée de curiosités.
On imagine bien Ambroise Vollard dans sa galerie, pleine de curiosités.
Les accessoires qui s’y trouvent ont été chinés par Graham
lui-même dans les magasins d’antiquités et autres brocantes
de Vancouver. Ce travail peut être lu comme une allégorie
complexe d’un repli sur des styles éclectiques et des univers
intérieurs nostalgiques.
Rodney Graham, Media Studies, 77, 2016, Leuchtkasten, 232,2 x 182 x 17,8 cm. Courtesy Hauser & Wirth and the artist © Rodney Graham, 2017

Ses Media Studies 77 (2016), sur la mezzanine,
font, en pleine époque de post-vérité, figure de parodie
des sciences des médias et de la pratique universitaire.
Ici, Graham endosse le rôle d’un professeur aux allures de dandy.
Si, comme le postulait en 1964 le Canadien Marshall McLuhan,
spécialiste des études sur les médias, « le message, c’est le médium »,
il s’est figé, et son discours avec lui, pour ne former qu’une simple
surface. L’écran est mort, le tableau vide, l’unique message dans
la pièce est l’auto-mise en scène de l’enseignant. Simultanément,
Graham transcrit cette scène en une composition en deux
dimensions faite d’éléments abstraits et monochromes.
L’étage supérieur abrite des oeuvres-clés réalisées
au cours de la dernière décennie :
des photos prises dans des caissons lumineux, un grand nombre
d’entre elles montrant les incarnations les plus connues de
Graham. On y trouve par exemple le peintre amateur,
le vendeur d’appareils photo, l’artisan, le « Rambling Man »
et le cowboy. Tous les détails, tous les arrangements aux allures
de nature morte renferment des citations en images.
L’artiste ne cesse de brouiller les frontières entre culture élitaire
et culture de masse, il crée des liens entre des situations
banales et quotidiennes et introduit des allusions complexes
à l’histoire de l’art et des idées.
« Par la transposition dans un langage visuel lumineux
d’images textuelles et d’étymologies, Graham se révèle
homme de lettres, allant et venant tel un somnambule
entre les genres, méthodes et figures de référence artistiques.
»
C’est ainsi que Dorothea Zwirner, connaisseuse de l’oeuvre de
Graham, décrit son travail dans le luxueux catalogue
(disponible au musée au prix de 36 euros).
Le fondateur du musée, Frieder Burda, commente ainsi
l’exposition actuelle :
« Avec Rodney Graham s’ouvre le prochain chapitre
de notre série d’expositions consacrée à la photographie.
Les travaux captivants de Gregory Crewdson, JR et
Andreas Gursky  présentés entre nos murs ont déjà
montré les processus fascinants que la photographie
est capable de déclencher. »
Museum Frieder Burda · Lichtentaler Allee 8b
· 76530 Baden-Baden Telefon +49 (0)7221 39898-0 ·
www.museum-frieder-burda.de

Pass-musées acceptés.
Horaires:
Du mardi au dimanche 10 h à 18 h, ouvert tous les jours fériés
Transports en commun
Liaison directe par autobus depuis la gare de Baden-Baden :
Lignes comportant l’arrêt « Augustaplatz/Museum Frieder Burda »
(notamment lignes 201 et 216).