Matisse – Invitation au voyage

Grand nu rose Nice 1935

À partir de septembre 2024, la Fondation Beyeler à Riehen/Bâle présente la première rétrospective consacrée à Henri Matisse en Suisse et dans l’espace germanophone depuis près de deux décennies.
L’exposition réunit plus de 70 oeuvres majeures en provenance de prestigieux musées européens et américains ainsi que de collections privées, mettant en lumière l’évolution et la diversité du travail précurseur de l’artiste. L’exposition prend pour point de départ le célèbre poème : L’invitation au voyage de Charles Baudelaire, qui contient de nombreux thèmes clé également présents dans les oeuvres de Matisse. S’inscrivant dans une lignée d’expositions hors pair telles
« Paul Gauguin » (2015), « Monet » (2017) et « Le jeune Picasso – Périodes bleue et rose » (2019), « Matisse – Invitation au voyage » sera
à voir à la Fondation Beyeler du 22 septembre 2024 au 26 janvier 2025.
Commissariat Raphaël Bouvier

Henri Matisse (1869–1954) compte parmi les artistes les plus célèbres de l’art moderne. Son oeuvre précurseur a profondément influencé des générations d’artistes, de ses contemporains à nos jours. En libérant la couleur du motif et en simplifiant les formes, il a redéfini la peinture et apporté à l’art une
légèreté nouvelle. Matisse a également innové dans le domaine de la sculpture et, avec les papiers découpés de son oeuvre tardif, il a développé une pratique unique à la croisée de la peinture, du dessin et de la sculpture.

« Ce que je poursuis par-dessus tout, c’est l’expression »
Henri Matisse

                                         Luxe Calme et volupté, centre Pompidou

L’exposition couvre toutes les périodes du travail de l’artiste. C’est un pur bonheur de se laisser guider dans l’exposition, en suivant la notice de salle fournie en diverses langues. Elle commence avec les oeuvres de ses débuts produites vers 1900, passant par les toiles révolutionnaires du fauvisme et les travaux expérimentaux des années 1910, les tableaux sensuels de la période niçoise et des années 1930, pour culminer enfin dans les légendaires papiers découpés de l’oeuvre tardif des années 1940 et 1950.
Placée sous le commissariat de Raphaël Bouvier, l’exposition réunit des oeuvres emblématiques et d’autres rarement exposées, en provenance de musées et de collections particulières de premier plan, dont le
Baltimore Museum of Art ; le Centre Pompidou, Paris ; le K20, Düsseldorf ; le Kimbell Art Museum, Fort Worth ; le Museum of Modern Art, New York ; la National Gallery, Washington ; et le San Francisco Museum of Modern Art.

« En dessinant aux ciseaux dans des feuilles de papier colorées à l’avance, d’un même geste pour associer la ligne à la couleur, le contour à la surface. »
Henri Matisse en conversation avec André Verdet, 1951

L’exposition présente des chefs-d’oeuvre tels La desserte (1896/1897), Luxe,
calme et volupté (1904), La fenêtre ouverte, Collioure (1905), Le luxe I (1907), Baigneuses à la tortue (1907/1908), Poissons rouges et sculpture (1912), Figure décorative sur fond ornemental (1925/1926),
Grand nu couché (Nu rose) (1935), L’Asie (1946), Intérieur au rideau égyptien (1948) et Nu bleu I (1952).
Cette profusion de tableaux, de sculptures et de papiers découpés de tout premier plan donne à voir l’évolution et la richesse de l’oeuvre singulier de Matisse.

                                                   Baigneuses à la Tortue

Les voyages

« J’ai souvent fait des voyages en imagination et comme le but principal de mon travail est la clarté de la lumière, je me suis demandé : Comment peut-elle être de l’autre côté de l’hémisphère? »
Henri Matisse à propos de son voyage dans les mers du Sud

L’exposition prend pour point de départ le célèbre poème L’invitation au voyage de Charles Baudelaire (1821–1867), auquel Matisse s’est référé à de nombreuses reprises. Les termes de « luxe, calme et volupté » qui y apparaissent comme motifs poétiques se retrouvent chez Matisse en tant que fils
conducteurs et quintessence de son art. Suivant le poème de Baudelaire, l’exposition à la Fondation Beyeler invite donc à un voyage au fil de l’oeuvre de Matisse, dans lequel le voyage joue également un rôle important.
C’est la quête de la lumière idéale qui incitait Henri Matisse à entreprendre ses nombreux voyages. Ayant grandi dans le nord de la France, il la trouve dans un premier temps dans le sud méditerranéen du pays, poursuit ensuite ses explorations en Italie, en Espagne et en Afrique du Nord, puis lors d’une traversée des États-Unis débutée à New York, et enfin dans le Pacifique Sud.
Au cours de ses nombreux voyages en Europe et au-delà, qui le mènent également en Russie, il fait la découverte d’environnements naturels, de
cultures et de traditions picturales qu’il incorpore à son propre travail. Le voyage et l’expérience multiple de la lumière qu’il entraîne ont été des moteurs décisifs de l’évolution artistique de Matisse, des oeuvres fauvistes révolutionnaires de ses débuts aux emblématiques papiers découpés de son oeuvre tardive.


L’expérience du voyage et l’atelier comme lieu de travail forment ainsi les deux pôles entre lesquels se déploie l’oeuvre de Matisse. La vie et l’oeuvre de l’artiste sont rythmés et influencés par un va-et-vient continu entre les déplacements en France et à l’étranger et l’investissement de différents lieux de travail.
Les expériences, les souvenirs et les objets collectés pendant ses voyages constituent des thèmes aussi centraux de ses oeuvres que l’atelier comme lieu de production artistique. La fenêtre ouverte est un motif récurrent dans l’oeuvre de Matisse. En tant que lieu d’articulation entre l’intérieur et l’extérieur, entre un ici à portée de main et un là-bas lointain, elle exprime la coexistence du chez soi et du voyage. Dans sa dimension symbolique, la fenêtre ouverte constitue tout particulièrement une invitation au voyage.

Fenêtre à Collioure

« Quand j’ai compris que chaque matin je reverrais cette lumière, je ne pouvais croire à mon bonheur. »
Henri Matisse à propos de Nice

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Un espace multimédia

Dans un espace multimédia conçu spécifiquement pour l’exposition, les voyages de Matisse sont donnés à voir et à vivre par le biais de photographies historiques animées et de panneaux muraux. Des photographies et des films offrent par ailleurs des aperçus de ses ateliers et de son processus de création.

Un catalogue d’exposition richement illustré, publié sous la direction de Raphaël Bouvier pour la Fondation Beyeler et mis en page par Bonbon, Zurich, paraît au Hatje Cantz Verlag, Berlin. De nombreux auteurs et autrices ont contribué à la portée scientifique du catalogue, en premier lieu Larissa Dätwyler, Robert Kopp et Griselda Pollock, ainsi qu’Alix Agret, Dita Amory, Patrice Deparpe, John Elderfield, Claudine Grammont, Jodi Hauptman,
Ellen McBreen et Anne Théry.

Informations pratiques

HORAIRES D’OUVERTURE:
Lundi à Dimanche 10h–18h
Mercredi 10h–20h
Friday Beyeler 10h–21h

CONTACT:
Fondation Beyeler
Baselstrasse 101
CH-4125 Riehen/Basel
Tél. +41 61 645 97 00
Fax +41 61 645 97 19
info@fondationbeyeler.ch

Depuis la gare SBB tram n° 2 descendre à MessePlatz
puis tram n° 6 jusqu’à la Fondation beyeler

MAÎTRES ET MERVEILLES

 Konrad Witz
L’Empereur Auguste et la sibylle de Tibur
Technique mixte sur bois, vers 1435, Inv. DA 161 A
Legs Marie-Henriette Dard, 1916
© Musée des Beaux-Arts de Dijon/François Jay

PEINTURES GERMANIQUES DES COLLECTIONS FRANÇAISES (1370-1530)

PARCOURS
DE L’EXPOSITION

Mosaïque de principautés, le Saint Empire romain germanique est une
entité politique mouvante selon les époques. Les puissances locales,
tant laïques que religieuses, ont une grande autonomie par rapport
à l’empereur. Dans un climat politique et social difficile – guerres,
brigandage, révoltes -, les empereurs successifs peinent à garder le
contrôle des provinces.

Pour autant, dans l’empire comme dans le reste du monde occidental,
le XVe siècle est un moment de basculement important dans les arts.
Depuis la seconde moitié du XIVe siècle dans le nord de l’Europe, les
sensibilités et les pratiques religieuses évoluent. Des foyers artisanaux
émergent et des individualités artistiques s’affirment dans toutes les
régions de l’empire, alors que s’intensifient les circulations des hommes
comme des oeuvres. Ces territoires, situés entre l’Allemagne, le nord de
la Suisse, l’Alsace et l’Autriche actuels, sont ainsi le théâtre d’une intense
activité créatrice.

Le musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon, le musée Unterlinden de Colmar, ainsi que le musée des Beaux-Arts de Dijon, en partenariat avec l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), présentent du 4 mai au 23 septembre 2024 une exposition en trois volets, consacrée à la peinture germanique de 1370 à 1550. Près de 200 oeuvres des collections françaises y sont ainsi déployées pour retracer la richesse de cette production. Aux côtés de grands maîtres, tels que Lucas Cranach, Albrecht Dürer ou Martin Schongauer, l’exposition est aussi l’occasion de découvrir des oeuvres et des artistes moins connus.

Ce projet est l’aboutissement d’un programme de recherche mené par l’Institut national d’histoire de l’art depuis 2019, qui a permis de recenser près de 500 oeuvresprésentes sur le territoire national et produites dans les régions germanophones du Saint-Empire romain germanique pendant le Moyen Âge et la Renaissance. Ce travail a consisté en une étude matérielle des peintures sur place, des collectes documentaires et bibliographiques systématiques et des recherches sur les attributions. Avec des prêts issus de musées parisiens (le musée du Louvre, le musée des Arts Décoratifs, le musée de Cluny…), de musées en région (Orléans, Lyon, Roanne, Marseille, Agen, Grenoble, Moulins, Lille, …) et d’églises (Luemschwiller, Marckolsheim, Weyersheim…), chacun des trois musées accueillant un des trois volets de l’exposition propose ainsi un axe en lien avec ses propres collections et les spécificités culturelles et historiques de son territoire.


À l’appui de sa collection exceptionnelle, le musée des Beaux-Arts de Dijonoffre ainsi un panorama de la peinture du XVe siècle jusqu’au début du XVIe siècle, au prisme d’une sélection inédite, de nouveaux rapprochements et de réattributions. À forte visée pédagogique, l’exposition propose des clés de lecture essentielles à la compréhension de la place de ces oeuvres à la fin du Moyen Âge ; elle interroge également l’évolution des modes de représentation et les particularités stylistiques de plusieurs foyers de création choisis en Allemagne et dans les marges de l’Empire.


Le musée de Besançon traite de la peinture germanique de la Renaissance en lien avec ses collections. En effet, du fait de son histoire – puisque la Franche-Comté fut rattachée au Saint-Empire du XIe au XIIIe siècle puis de 1493 à 1678 – Besançon conserve aujourd’hui un ensemble significatif d’oeuvres tant pour la peinture que pour les arts graphiques grâce aux donations successives faites à la ville. Interrogeant les notions de frontières, géographiques mais aussi symboliques entre les sphères du privé, du public et du religieux, l’exposition présentera non seulement des oeuvres des grands maîtres mais aussi d’anonymes, mystères encore manifestes de ces siècles passés, où tous travaillaient en ateliers, en corporations, en réseaux. Cette exposition a été pensée et conçue pour permettre le partage de ces connaissances à des publics variés.
La collection de peintures anciennes du musée Unterlinden émane principalement de l’art à Colmar durant les derniers siècles du Moyen Âge. L’exposition permet, grâce à des prêts généreux provenant de musées et d’églises, de l’inscrire dans le cadre géographique plus large du Rhin supérieur : ce territoire, qui correspond plus ou moins à l’actuelle Alsace, s’étend de part et d’autre du Rhin, des Vosges à la Forêt Noire, et de Strasbourg au Nord à Bâle au Sud ; il abrite des villes riches, au grand dynamisme économique, qui sont autant de grands centres de production artistique : Bâle, Colmar, Fribourg-en-Brisgau et Strasbourg. Le volet colmarien de l’exposition s’attache tout d’abord à répondre aux nombreuses questions que les visiteurs d’aujourd’hui peuvent se poser face à de telles oeuvres : comment étaient-elles réalisées aux XVe et XVIe siècles ? Quelles fonctions avaient ces peintures considérées aujourd’hui comme des oeuvres d’art ? Quelle était la nature des relations entre les peintres et leurs commanditaires ? Il invite ensuite ses visiteurs à une exploration stylistique, cherchant à leur faire saisir les spécificités de chaque centre de production, voire de chaque atelier, et les changements qui s’opèrent au fil du temps dans les goûts des commanditaires et les propositions des artistes.
Le catalogue de l’exposition, co-édité par la maison d’édition Faton et l’Institut national d’histoire de l’art, constitue à la fois un outil de diffusion des connaissances sur la peinture germanique des années 1370-1550, un ouvrage de référence sur les oeuvres des musées français et une étude sur l’historiographie des principales collections françaises de « primitifs » germaniques. De nombreuses peintures font l’objet d’études approfondies et inédites, notamment sur leur attribution à un artiste ou une école, bénéficiant des recherches récentes des spécialistes allemands, autrichiens, français et suisses sollicités pour la rédaction des 140 notices. Cet ouvrage d’environ 400 pages et richement illustré est publié en français et en allemand.
Cette exposition est placée sous le haut patronage du Président de la République française et du Président de la République fédérale allemande.
L’exposition en quelques chiffres

Trois musées

Un catalogue en français et en allemand (36 auteurs ; 9 essais ; 140 notices)

200 oeuvres

57 prêteurs
Commissariat d’exposition
Commissariat scientifique

Isabelle Dubois-Brinkmann, conservatrice en chef du patrimoine, et Aude Briau, doctorante en histoire de l’art (EPHE, PSL / Université d’Heidelberg), chargée d’études et de recherche à l’INHA
Co-commissariat
À Besançon

Virginie Guffroy, conservatrice chargée des peintures, sculptures et objets d’arts au musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon

Amandine Royer, conservatrice chargée des arts graphiques au musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon
À Colmar

Camille Broucke, conservatrice du patrimoine chargée des collections d’art ancien, directrice du musée Unterlinden de Colmar

Magali Haas, documentaliste scientifique, chargée des collections d’arts graphiques au musée Unterlinden de Colmar
À Dijon

Lola Fondbertasse, conservatrice chargée des collections médiévales au musée des Beaux-Arts de Dijon
Un programme de recherche de l’Institut national d’histoire de l’art : le Répertoire des peintures germaniques dans les collections françaises (1370-1550) 

L’exposition présente un fragment de cette histoire par le prisme des
peintures, l’un des points forts de la collection du musée grâce au legs
de Marie-Henriette Dard en 1916. Le fil du parcours est thématique. Il
propose des clés de lecture essentielles à la compréhension de la place
de ces oeuvres à la fin du Moyen Âge. Il restitue également un état des
recherches récentes sur les questions de styles et d’attributions, au
gré d’un cheminement entre l’enquête sur des « mains » et des maîtres
souvent tombés dans l’anonymat et la découverte de ces « merveilles »
rares qui continuent d’étonner et de susciter notre curiosité.

Le gothique international

Entre 1380 et 1430 environ, l’art de l’Europe centrale et occidentale partage un langage formel relativement homogène : coloris chatoyants, sinuosité des lignes, élégance des figures, raffinement ornemental et goût du détail familier. Si les origines de cette esthétique sont variées, la fusion s’est opérée dans plusieurs foyers et grands chantiers européens où travaillent ensemble des artistes flamands, ibériques, français, allemands, bohémiens ou italiens. Cette communauté de style, favorisée par l’itinérance des artistes, le commerce des oeuvres et la circulation des modèles est désignée depuis le XIXe siècle par l’expression « gothique international ». Dans l’empire, les oeuvres attribuées à Maître Bertram, actif à Hambourg, sont caractéristiques de ce mouvement.


Autriche
La Vierge à l’écritoire
Peinture sur bois (tilleul), vers 1420
Paris, musée du Louvre, inv. RF 2047
© RMN – Grand Palais (musée du Louvre) / Gérard Blot

Des peintures pour la dévotion

Nombre de ces peintures sont des fragments de tableaux d’autels aujourd’hui
démembrés et dissociés de leur contexte, ce qui empêche souvent d’en reconnaître la signification initiale. Pourtant, dans la société médiévale, elles ont un usage précis. La plupart sont des présents offerts à Dieu, pour le glorifier et obtenir ses faveurs, ou à des saints protecteurs particuliers.
Si, au XVe siècle, les commandes émanent toujoursdes religieux comme des princes, les corporations de métiers, les confréries ou les citoyens enrichis
deviennent des acteurs plus actifs. Sous l’impulsion de ces élites urbaines, la production de retables, déjà importante, se développe encore. Installé au-dessus et en retrait de l’autel, cet élément central du mobilier
de l’église bénéficie de la place croissante de l’image dans les pratiques de dévotion. Dans l’empire, il se présente souvent sous la forme dite de retable
« à transformation » : les jours liturgiques ordinaires, il est fermé par des volets mobiles peints ; lors des jours de fêtes, l’ouverture de ces derniers dévoile à l’intérieur d’autres scènes peintes ou sculptées.

Suisse
Saint Jérôme et saint Christophe avec donateurs
Peinture sur bois (tilleul), 1516
Dijon, musée des Beaux-Arts
Legs Marie-Henriette Dard, 1916, inv. DA 105 A et B
© Musée des Beaux-Arts de Dijon / François Jay

Lire la peinture

Les pratiques de dévotion du XVe siècle encouragent un rapport direct et émotionnel avec le sacré. L’image s’affirme alors comme l’outil privilégié de la prière. Le fidèle est invité à se représenter mentalement les épisodes de la vie du Christ comme s’il y assistait, notamment ceux de la Passion, afin de compatir à ses souffrances. Le goût pour la narration, l’anecdote, le détail familier et l’expression, particulièrement sensible dans la peinture germanique, sert ces pratiques. Ces scènes racontent, réconfortent et avertissent : la mort est là, qui rôde, il faut s’y préparer à tout âge. Le culte des saints, qui assurent aux fidèles protection et intercession, est également à la source de nombreuses images. Identifiables sur les tableaux grâce aux attributs liés à leur histoire, certains sont vénérés dans toute la chrétienté quand d’autres sont spécifiques à
une région.

Dans l’atelier du peintre

L’atelier d’un artisan dans la cité est, au XVe siècle, à la fois un lieu de création,
de collaboration, de formation et de commerce. Il prend généralement la forme
d’une « boutique », un magasin où sont exposées les oeuvres préalablement
réalisées dans une arrière-salle. En ce qui concerne la peinture sur panneaux de
bois, la maîtrise des différentes étapes de réalisation requiert un apprentissage
de plusieurs années auprès d’un maître. Ce dernier marque de son style
l’ensemble des oeuvres qui sortent de son atelier, auxquelles travaillent
également ses compagnons et apprentis. Son empreinte personnelle se marie
à la reprise de modèles qui circulent par l’intermédiaire de dessins et de
gravures. Plusieurs maîtres peuvent parfois coopérer. Les artistes ne signent
qu’exceptionnellement leurs créations et, aujourd’hui, leur identité est souvent
perdue.

Atelier du Maître d’Attel
(Sigmund Gleismüller ?)
La Flagellation Vers 1490 Peinture sur bois
Marseille, Musée Grobet-Labadié, inv. GL 256
© Ville de Marseille, Dist. RMN-Grand Palais / David Giancatarina

Modèles

La gravure sur bois puis sur cuivre est l’une des grandes conquêtes techniques du XVe siècle : à partir d’une matrice unique, plusieurs centaines d’exemplaires d’une même image peuvent être imprimées sur du papier dont la qualité va croissante. Mobiles, relativement peu onéreuses, ces estampes circulent facilement et sont appréciées par les artistes, qui s’en servent comme des réservoirs de compositions, de personnages et des répertoires de motifs. Elles viennent compléter des recueils de dessins déjà couramment utilisés dans les ateliers. À cette culture visuelle s’ajoutent les oeuvres vues et copiées lors des voyages. Les peintres enrichissent ce fonds de leurs propres inventions, ensuite reprises et adaptées par leurs collaborateurs et successeurs en fonction des besoins.

L’identité de l’artiste

Jusqu’au XVIe siècle, la pratique de la signature est exceptionnelle et l’identité des créateurs n’est généralement pas connue. Dans les archives figurent
des noms, qu’il est parfois possible de mettre en relation avec les tableaux conservés. Néanmoins, le plus souvent, c’est l’analyse stylistique qui permet la
formulation d’hypothèses sur leur auteur. La plupart des peintres demeurent encore anonymes et les historiens de l’art ont effectué, en comparant les
styles, des regroupements d’oeuvres qui ont donné lieu à la création de noms de convention attribués à des maîtres non identifiés (les « maîtres de… »).
Dans certains cas, il est possible de repérer à l’intérieur d’une même composition des différences de « mains », qui sont la trace visible du partage du travail au sein de l’atelier.

Hans Traut
Saint Jean l’Évangéliste
Vers 1490
Peinture sur bois (résineux), brocarts appliqués
Dijon, musée des Beaux-Arts, inv. D 4069
MNR 345 attribué au musée du Louvre par l’Office des
Biens et Intérêts Privés en 1950 ; dépôt de l’État, 1953
© Musée des Beaux-Arts de Dijon / François Jay

Peindre sur bois

Une peinture sur bois est constituée d’un support, fait de plusieurs planches collées l’une à l’autre, et d’une couche picturale. La connaissance de l’essence du bois donne des indices sur le lieu de production de l’oeuvre car l’artiste se fournit souvent localement. Dans l’empire, le chêne prédomine au Nord, le tilleul au Sud, tandis que le sapin et l’épicéa se rencontrent dans les
régions montagneuses, notamment en Bavière et en Autriche. Les artistes ne peignent jamais directement sur ce support. Après un encollage, le peintre étale
une couche de préparation, généralement blanche, composée d’un mélange de craie et de colle. Les feuilles d’or sont ensuite posées sur une sous-couche
rouge (le bol), faite d’argile et d’oxyde de fer.
Sur la préparation blanche, les artistes dessinent à la pierre noire, au fusain, au noir d’os ou de carbone.
Puis, ils appliquent les couleurs, formées d’un liant et de pigments, en général constitués de poudres de minéraux, mais parfois également de colorants
d’origine végétale ou animale. À partir de 1430, le liant le plus usuel dans la peinture germanique est l’huile, mais l’oeuf reste utilisé ponctuellement,
parfois conjointement. La peinture à l’huile, qui sèche lentement, offre la possibilité de travailler par couches successives, de moduler les tons et la transparence à l’aide de glacis ; elle permet également une meilleure
réflexion de la lumière. Des décors en relief moulés, dit « brocarts appliqués », peuvent également être ajoutés pour imiter les étoffes luxueuses. En dernière étape, la peinture est protégée par un vernis qui permet d’unifier la surface, de renforcer les contrastes et la saturation des couleurs.

Questions de style

Au début des années 1430, dans les Pays-Bas du Sud, l’art du Maître de
Flémalle, d’Hubert et Jan van Eyck, et, à la génération suivante, de Rogier van
der Weyden introduit une rupture dans la représentation du réel. Grâce à l’usage savant de l’huile comme liant de la peinture et à l’observation méticuleuse des détails, ils transcrivent une nouvelle vision du monde. Ils inspirent bientôt des artistes actifs à Strasbourg, à Bâle, comme Konrad Witz, ou à Cologne, comme Stephan Lochner. Ces peintres s’intéressent au rendu des matières et imitent des phénomènes optiques tels que la brillance ou la transparence, obtenant de séduisants effets de trompe-l’oeil. Ils restituent des volumes, des textures et des espaces profonds. Certains artistes développent une palette de tons précieux et contrastés. Des foyers et des individualités artistiques émergent dans toutes les régions de l’empire, indépendamment des divisions territoriales politiques.
Ce panneau, avec quinze
autres dispersés dans le
monde, faisait partie du
retable du maître-autel
de l’église de l’abbaye de
Marienfeld, près de Münster.
Le nom du peintre a été
retrouvé
dans les archives.
Son style se
caractérise par des contours
précis et des morphologies
allongées

Johann Koerbecke
La Résurrection du Christ
1456-1457
Peinture sur bois
Avignon, musée Calvet, inv. 834.4.5
© Ville d’Avignon / musée Calvet

Foyers de création

Dans une tentative de caractériser la géographie artistique de la peinture
germanique médiévale, les historiens de l’art des XIXe et XXe siècles ont défini
des « écoles » régionales, déterminées par une uniformité esthétique au sein
d’un territoire. Depuis quelques décennies, cette notion est remise en question
au profit d’une meilleure prise en compte de la réalité des circulations des
oeuvres et des artistes, qui expliquent le brassage des styles. Les collections
françaises, qui font l’objet d’un programme de recherche porté par l’Institut
national d’histoire de l’art, sont représentatives de cette diversité.

Maître de la Légende de sainte Ursule de Cologne
et atelier
L’envoi des ambassadeurs de la cour du roi païen
Entre 1492/93 et 1496/97
Peinture sur toile
Paris, musée du Louvre, inv. RF 969
© 2005 RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

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Informations pratiques

Musée des Beaux-Arts de Dijon
Place de la Sainte-Chapelle
21000 DIJON
03 80 74 52 09
musees@ville-dijon.fr
musees.dijon.fr
Horaires d’ouverture du musée
Ouvert tous les jours sauf le mardi
du 1er octobre au 31 mai : de 9h30 à 18h
du 1er juin au 30 septembre : de 10h à 18h30
Fermé les 1er janvier, 1er et 8 mai, 14 juillet,
1er et 11 novembre, 25 décembre
Gratuit
Toute l’année, les collections permanentes sont gratuites pour tous.

Détail sur musees.dijon.fr
Gratuité le 1er dimanche de chaque mois
Accessibilité
Le musée des Beaux-Arts est entièrement
accessible aux personnes à mobilité réduite.
Accès au musée
Navette gratuite Divia City,
arrêt Beaux-Arts ou Théâtre
Bus > Liane 6 arrêt Théâtre
Bus > Ligne 11 arrêt St Michel
Parkings : Darcy, Dauphine, Grangier,
Monge, Sainte-Anne

Hommage à l’artiste Rebecca Horn

Héritière du surréalisme, célébrée depuis plus de quarante pour ces performances et ses sculptures corporelles, l’artiste allemande Rebecca Horn est décédé à l’âge de 80 ans. En 2019, une double exposition au Centre Pompidou-Metz et au musée Tinguely de Bâle rendait hommage à son œuvre protéiforme, à la fois violente et poétique. J’avais eu la chance de voir les 2 expositions, dont vous pouvez retrouver un résumé sur mon blog.

« Mes performances ont commencé par des sculptures corporelles. Tous les mouvements de départ étaient les mouvements de mon corps et de ses extensions. »
Rebecca Horn

Elle avait fait du corps la matière première de son art. L’artiste allemande, performeuse et plasticienne Rebecca Horn, née en 1944, est décédée le 6 septembre à l’âge de 80 ans dans sa résidence de Bad König, en Allemagne, où elle avait installé sa fondation. Profondément influencée par le dadaïsme et le surréalisme, l’univers du cinéma et des automates, elle était célébrée internationalement depuis plus de quarante ans pour ses performances et ses sculptures hybrides où le vivant et l’inerte, le corps et la machine, se mêlent en de singulières métamorphoses.

Les artistes lauréats du « Nobel des arts » 2024

Mardi 10 septembre, les lauréats de la 35e édition du Praemium Imperiale ont été révélés. Sophie Calle, Doris Salcedo et Shigeru Ban ont été récompensés par le prestigieux prix.
C’est au Musée national Picasso-Paris (IIIe arrondissement),  que s’est déroulée la cérémonie d’annonce des lauréats de la 35e édition du Praemium Imperiale, considéré comme le prix Nobel des arts.

Les récipiendaires

Sophie Calle (France) a été choisie pour la catégorie Peinture.
Doris Salcedo (Colombie) s’illustre dans la catégorie Sculpture.
Shigeru Ban (Japon),
Maria João Pires (Portugal/Suisse) et Ang Lee (Taïwan) ont respectivement remporté les catégories Architecture, Musique et Théâtre-Cinéma.
Enfin, le Prix d’encouragement pour les jeunes artistes a été remis au Komunitas Salihara Arts Center (Indonésie).

Le prix

Chaque lauréat reçoit la somme de 15 millions de yens (soit environ 88 000 euros), un diplôme et une médaille remis à Tokyo le 19 novembre 2024 par son Altesse Impériale le prince Hitachi, oncle de l’empereur Naruhito du Japon et parrain d’honneur de la Japan Art Association, la plus ancienne fondation culturelle du Japon. La liste des artistes en lice est élaborée par six comités internationaux. Puis, un jury japonais procède à la sélection finale.
À ce jour, 175 artistes (dont 24 Français) ont été distingués. Parmi les précédents lauréats, on retrouve notamment Niki de Saint Phalle, Norman Foster, Frank Ghery, Pierre Soulages, David Hockney ou encore Olafur Eliasson et Robert Wilson.


Sophie Calle

                                                Portrait © Yves Géant

Sophie Calle a remporté la catégorie Peinture. Artiste conceptuelle, photographe et vidéaste, elle associe le texte à la photographie dans ses œuvres.
« Elle brouille dans ses rituels les frontières entre l’intime et le public, la réalité et la fiction, l’art et la vie, tout en laissant la place au hasard »
explique le Praemium Imperiale.
Montrée dans de nombreuses expositions à travers le monde, Sophie Calle a dernièrement présenté « Les fantômes d’Orsay » au musée d’Orsay en 2022,
« À toi de faire ma Mignonne » au Musée Picasso-Paris en 2023 ou encore
« Finir en beauté » aux Rencontres de la photographie d’Arles cet été.

Shigeru Ban 

Lauréat de la catégorie Architecture, Shigeru Ban est quant à lui connu pour son utilisation de matériaux nouveaux et conceptions originales. En France, il est notamment à l’origine duCentre Pompidou-Metz (2010),  édifice emblématique de la capitale mosellane et de La Seine Musicale(2017) à Boulogne-Billancourt, à l‘acoustique qualifiée de remarquable, qui peut accueillir 1.150 personnes.

Doris Salcedo 

 Doris Salcedo est la première Colombienne à recevoir le Praemium Imperiale. L’artiste multimédia réalise des installations et interventions in situ qui explorent les thèmes de la violence, de la perte, de la mémoire et de la douleur en utilisant des matériaux familiers du quotidien comme des meubles en bois, vêtements ou pétales de fleurs qu’elle transforme.
« Proche de la sensibilité de Joseph Beuys, son art cherche à agir sur la société », ( Liliana Padilla) , dans le Dictionnaire universel des créatrices. En 2023, les fidèles de la Fondation Beyeler ont pu voir  sa première grande exposition personnelle dans un musée en Suisse, que la fondation lui avait consacrée.

Sources : différents magazines d’art et culture, infos, actualité, internet

Le monde de l’art au Japon

Je laisse la parole à Frédéric Weigel:

Frédéric rencontré il y a quelques 15 ans à la FEW, fête de l’eau à Wattwiller

Je vis au Japon depuis une quinzaine d’années. J’y ai construit un petit centre d’art indépendant du nom de « Palais des paris » dans une ville en périphérie de Tokyo. Je me suis rendu compte qu’il était difficile de transmettre les particularités de certains phénomènes sociaux, que ce soit depuis l’Europe vers le Japon ou inversement, sans transformer grandement leurs significations. Représenter la réalité dans une culture éloignée n’est pas chose aisée. Et quand il s’agit de parler de phénomènes appartenant à un monde très opaque, comme celui de l’art contemporain, c’est encore plus difficile de communiquer une analyse qui soit vraisemblable. Quand on aborde les questions de l’art, un abîme d’interrogations s’ouvre entre ce qui serait équivalent et ce qui serait différent.

La vidéo

J’ai produit cette vidéo pour tenter de transmettre ce qui me semble être représentatif de la réalité du monde de l’art contemporain japonais que je fréquente, cela sous le biais de son existence dans l’espace public. Cette vidéo débute par ces mots :

« Quand je raconte à quoi ressemble le monde de l’art japonais auprès d’interlocuteurs européens, ils ne me croient qu’à moitié. Souvent, l’on pense que j’exagère ou que mon témoignage est trop restreint ».

Après un avant-propos mettant en exergue quelques préalables portant sur les possibilités du jugement d’un événement d’art au Japon ou à l’international, je présente 3 contextes.

Ces trois exemples se situent dans des villes de la région de Gunma dans laquelle je vis : Takasaki, Maebashi, Nakanojo. Ces différentes municipalités forment une zone urbaine d’environ un million d’habitants. Plus précisément, ces contextes qui ont été filmés en 2023 sont :
Art Projet Takasaki (APT), musée Arts Maebashi, Hotel Shiroya, Maebashi Galleria, biennale de Nakanokjo.
Les images du début et de la fin proviennent du phare de Kadowaki et de la côte Jogasaki dans la région d’Izu.

Informations pratiques

Frédéric Weigel
« Palais des paris »
Independent Art Center in Japan, Takasaki.
Résidence d’artiste.
パレ・デ・パリ – アーティスト・イン・レジデンス – 高崎 – 北高崎

Liens
pour le palais des paris :
http://palaisdesparis.org/

instagram :
https://www.instagram.com/palaisdesparis/

Chaîne Youtube :
https://www.youtube.com/@japon-critique

Vuitton La Collection RDV avec le Sport

Installation mit Kajaks » de Roman Signer

Un choix d’oeuvres de la collection est exposé à l’occasion du passage de la flamme olympique à la Fondation Vuitton.
Sont ainsi réunis de la galerie 9 à la galerie 11 les travaux de 6 artistes internationaux.
Dans leur polyphonie, ils proposent un regard poétique et décalé autour de la thématique du sport.

Des kayaks à la Fondation ?

Roman Signer s’approprie des objets du quotidien en les mettant en scène dans des installations ou des performances.
« Installation mit Kajaks » met en valeur le kayak.

Habituellement synonyme de mouvement et de vitesse, l’embarcation suspendue au plafond est ici privée de toute utilité, mais acquiert alors un statut de sculpture qui la magnifie.

 Blandine Pont, judokate classée 5e aux Championnats du Monde de Judo 2023 et vice-championne d’Europe lors des Championnats d’Europe de Judo 2024, partage avec nous son coup de cœur de l’exposition « La Collection, Rendez-vous avec le sport« , « Installation mit Kajaks » de Roman Signer.

Une nature grandiose

Dans « Engadin« , Andreas Gursky photographie les montagnes suisses sous un ciel bleu intense. Une fine ligne de skieurs représente la présence humaine, qui paraît insignifiante face à la puissance de la nature, n’existant que par sa détermination à la défier.

Marcher sur les nuages avec Abraham Poincheval

Marie Patouillet, médaillé d’or olympique aux JOP Paris 2024, cycliste médaillée paralympique à Tokyo en 2021 et détentrice de médailles d’or et d’argent aux derniers Championnats du Monde, partage avec nous son coup de cœur de l’exposition « Walk on Clouds » (2019) de Abraham Poincheval.

L’artiste  Abraham A.Poincheval, exposé à la Fondation dans le cadre de l’exposition « La Collection, Rendez-vous avec le sport« , présente son film « Walk on Clouds« , dévoile ses sources d’inspiration et explique ses méthodes de travail. La spectaculaire installation Walk on Clouds, 2019 [Marche sur les nuages, 2019], d’Abraham Poincheval montre, en Galerie 9, l’artiste arpentant la canopée des nuages. Suspendu dans le vide, il apparaît soutenu par une montgolfière munie de drones permettant de le filmer. Le film projeté résulte de cette performance. Celle-ci a exigé de l’artiste un engagement total de l’esprit et du corps, et une prise de risque telle que cette déambulation semble relever autant d’un rêve que d’un exploit sportif.

Olympic Rings

Le prêt de « Olympic Rings« , œuvre marquante de l’exposition « Basquiat x Warhol, à quatre mains », montrée en 2023 à la Fondation, a été exceptionnellement prolongé pour l’exposition.
En 1985, Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol détournent l’emblème officiel des Jeux dans la toile « Olympic Rings« . Warhol les utilise comme motif en ne respectant jamais l’ordre des couleurs d’origine et Basquiat impose un visage noir au centre de la composition.

Dans cette toile de 1983, Basquiat représente un combat de boxe marquant du XXe siècle : la défaite du boxeur afro-américain Joe Louis face à Max Schmeling, représentant de l’Allemagne nazie. Les combattants apparaissent dans la partie supérieure du tableau.

Dans le tiers inférieur, leurs noms répétés entourent un crâne qui se trouve au dessus du mot « crown », couronne d’une victoire politiquement sinistre.

Photographie de sport ou photographie d’histoire ?

La série de photographies “Diaspora” de Omar Victor Diop se déploie comme une galerie de portraits de figures africaines historiques que viennent détourner des accessoires de sports inattendus.

L’apparence codifiée de ces personnages historiques est alors perturbée par un ballon, un gant de football ou bien un carton rouge.

Informations pratiques

Fondation Louis Vuitton 
8, Avenue du Mahatma Gandhi Bois de Boulogne, 75116 Paris

dimanche
10h – 20h
Derniers accès 30 minutes avant la fermeture.

Lundi
11h – 20h
Mardi
Fermé

Accès
Métro
Ligne 1 Station Les sablons (950m)

Navette
Toutes les 20 minutes environ durant les horaires d’ouverture de la Fondation
Sortie n°2 de la station Charles de Gaulle Étoile
– 44 avenue de Friedland 75008 Paris





Sommaire du mois d’août 2024

25 août 2024 : Oro Verde
19 août 2024 : Hommage à Raymond Waydelich
15 août 2024 : Le 15 août : de l’Assomption de la Vierge à Napoléon
10 août 2024 : Disparition de Raymond Waydelich
07 août 2024 : Chefs d’oeuvre de la collection Torlonia
05 août 2024 : SECONDARY Matthew Barney

Oro Verde

Ritual Inhabitual (Florencia Grisanti et Tito Gonzalez García)
commissariat Sergio Valenzuela Escobedo
coproduction La Filature, Scène nationale de Mulhouse ; Photoforum Pasquart ; Biennale de la Photographie de Mulhouse · avec le soutien du Centre national
des arts plastiques (CNAP) ; du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) ; de l’Institut Français de l’Amérique Latine ; du Musée de l’Homme ; du Centro de estudios mexicanos y centroamericanos, Mexique (CEMCA) ; du musée du Quai Branly – Jacques Chirac ; de la Société des Amis du Musée de l’Homme, Paris (SAMNH) ; de la Société des amis du Muséum national d’Histoire naturelle et du Jardin des Plantes ; de Tamara Films.
retrouvez cette exposition sur lafilature.org

Oro Verde est un mytho-documentaire qui retrace l’histoire de la révolution du peuple Purhépecha dans la région centrale de l’État du Michoacán au Mexique. Basé sur la revendication d’autodétermination des peuples indigènes qui placent la protection de l’environnement au centre de leur organisation politique, Ritual Inhabitual a élaboré un récit de la révolte en se concentrant sur un rituel que les Purhépecha entretiennent avec les abeilles sauvages des forêts qu’ils·elles protègent.

L’origine

Oro Verde est le nom donné par les Mexicain·es au marché de l’avocat qui est en partie aux mains d’organisations criminelles dans l’État de Michoacán, et dont la production intensive a causé d’importants dommages environnementaux dans cet État. En 2011, une révolte sociale initiée par les femmes de la communauté Puréhpechas dans le village de Cherán, réussit à expulser les narcotrafiquant·es, les partis politiques et les forces de l’ordre
municipale. Depuis, les villageois·es ont fondé une communauté autonome qui place la protection de l’environnement au centre
de leur organisation politique.

Le projet Oro Verde veut restituer à la révolution des Puréhpechas de Cherán un élément de l’imaginaire à travers une enquête photographique alliant documentaire et fiction. Mêlant à leur propre interprétation artistique, esthétique documentaire, mythologie locale, les artistes créent trois personnages fictifs en collaboration avec des sculpteur·rices locaux·ales,
qui deviennent les sujets de scènes symbolisant des événements passés de Cherán. Depuis 2020, ils·elles ont réalisé trois voyages de plusieurs mois dans le village de Cherán pour mener
leurs recherches, rassembler la documentation et commencer le travail avec les membres de la communauté. Le Prix pour la Photographie 2022 leur permettra de poursuivre ce travail à Cherán, et de réfléchir plus particulièrement sur la représentation photographique du rituel.

Ritual Inhabitual

Basé·es à Paris et d’origine chilienne, Florencia Grisanti et Tito Gonzalez García fondent le Collectif Ritual Inhabitual en 2013. En recourant à différents
formats et dispositifs, leurs projets proposent une réflexion sur la place du rituel dans le monde contemporain.
Ils·elles font émerger dans leurs récits des formes de représentation de la nature, qui deviennent langage et territoire pour différentes communautés humaines au centre de conflits environnementaux.

Leurs oeuvres ont été acquises par le Fonds d’art contemporain de Seine-Saint-Denis en France, la Fondation Rothschild en Suisse et des collections privées
en Amérique du Sud. En 2021, le projet Oro Verde a été lauréat du fonds de soutien à la photographie documentaire du Centre national des Arts Plastiques
(CNAP). Ils·elles sont finalistes du LUMA Rencontres Dummy Book Award. Leur précédent travail Forêts Géométriques, luttes en territoire Mapuche a été présenté aux Rencontres d’Arles en 2022 et a fait l’objet d’une publication aux éditions Actes Sud.
www.ritualinhabitual.com

Sergio Valenzuela Escobedo

Né en 1983 à Santiago, vit et travaille entre Arles et Londres. Il est artiste chercheur et éditeur, mais aussi docteur en photographie de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles.
Après un an à l’École nationale d’art de Johannesburg (NSA), il obtient son diplôme en photographie au Chili et termine son master en beaux-arts à la Villa Arson à Nice. Il est le commissaire des expositions Mapuche
au Musée de l’Homme à Paris et Monsanto: A photographic investigation aux Rencontres d’Arles. Tuteur invité dans différentes écoles et institutions (Parsons Paris, l’ISSP et Atelier Noua), il est aussi collaborateur de

« 1000words » et cofondateur de « doubledummy »,
plateforme de réflexion critique autour de la photographie documentaire.

Biennale BPM

Biennale de la Photographie de Mulhouse 2024
MONDES IMPOSSIBLES
13 expositions à Mulhouse, Thann, Hombourg et Fribourg · en entrée libre du 13 sept. au 13 oct. 2024

La Galerie de la Filature du mardi au samedi
galerie d’exposition
13h-18h + di. 14h-18h

+ soirs de spectacles

Hommage à Raymond Waydelich

Très bel hommage à Raymond Waydelich lors de ses obsèques ce jour en la Cathédrale de Strasbourg par Frédérique Goerig-Hergott, ancienne conservatrice au musée Unterlinden et actuelle directrice des musées de la ville de Dijon.

Avec son autorisation :

Ma première rencontre avec Raymond a eu lieu dans son atelier en 2009, il y a 15 ans, donc assez récemment en regard de son âge et de sa carrière. Il avait 71 ans, soit l’âge de mon père. En tant que conservatrice, j’étais intéressée par son parcours, curieuse de l’entendre me parler de son engagement et de son travail de mémoire. Il était très touché par le fait qu’une conservatrice s’intéresse à lui, m’avouant qu’excepté Roland Recht, j’étais la première professionnelle des musées à venir le voir.

Je voulais découvrir les premières œuvres de 1973 de REW consacrées à Lydia Jacob, une jeune apprentie couturière née en 1876 : Raymond avait trouvé son manuscrit au marché aux puces à Strasbourg et avait fait d’elle l’héroïne de ses œuvres dans son célèbre cycle Lydia Jacob Story.

Nous étions tous les deux à fouiller l’atelier, exhumant des pages du manuscrit de Lydia Jacob que REW avait retravaillées, ainsi que les premières boîtes-reliquaires que je cherchais. J’ai exposé dès 2010 et fait entrer une sélection de cet ensemble dans les collections du musée Unterlinden à Colmar pour garder la trace de celui que je considérais comme l’un des plus importants artistes alsaciens vivants.

Ce qui m’intéressait chez lui ? Le sujet de l’archéologie du futur, l’exploration de la disparition de civilisations imaginaires et aussi ses préoccupations écologiques et existentielles exprimées dès 1971 dans une exposition à l’Ancienne Douane à Strasbourg :

– que laissons-nous à nos enfants,

– quel regard porteront-ils sur nous à travers les vestiges de notre histoire ?

– quelle est la part d’interprétation des archéologues de notre civilisation disparue ?

A Paris, son travail ne passait pas inaperçu.

En 1976, Suzanne Pagé présente plusieurs œuvres de REW dans l’importante exposition « Boîtes » au musée d’art moderne de la Ville de Paris aux côtés de Kurt Schwitters, Marcel Duchamp, Max Ernst, Christian Boltanski et bien d’autres. Curieusement, cet épisode de sa carrière n’apparait pas dans les ouvrages qui sont consacrés à REW et pourtant cette exposition était un événement majeur.

En 1978, Jean-Jacques Lévêque choisit Waydelich pour représenter la France à la Biennale de Venise (20 ans après un autre alsacien : Hans Arp). REW y présente L’Homme de Frédehof, 2820 après J.-C. : immense environnement à sa mesure, une archéologie du futur qui renvoyait les visiteurs à leurs responsabilités face à l’avenir de notre planète.

C’était il y a 46 ans, 8 ans avant Tchernobyl. La galerie des Offices de Florence acquiert pour ses collections le personnage central de son installation : « Autoportrait contemporain ».

Cette œuvre sera le premier jalon marquant d’un vaste travail de mémoire où se mêlent présent et avenir, à travers le regard porté par l’artiste sur les traces de notre civilisation.

Depuis, REW n’a cessé de multiplier les brouillages archéologiques, les fossilisations du temps dans des entreprises parfois hors normes, mobilisant l’enthousiasme et l’intervention de ses contemporains, la population, l’administration et les entreprises.

En 1995, son site de Mutarotnegra, 3790 après J.-C. installé place du Château à Strasbourg offre le plus remarquable témoignage culturel de l’Alsace des années 1990. 320 m3 de terre ont été évacués pour installer 14 fûts étanches remplis d’objets dans un caveau de béton destiné à être ouvert le 23 septembre 3790. A l’intérieur des fûts, un cadeau fabuleux d’une parcelle de la mémoire de l’Alsace fait aux archéologues du futur : la collecte d’une impressionnante série d’objets issus de la vie quotidienne et des messages destinés aux lointains descendants. Le 23 septembre 1995 à 17h, le « Caveau du futur » fut scellé par une plaque de commémoration en fonte.

La créativité de REW était débordante, l’artiste était chercheur, inventeur, explorateur, collectionneur, partageur. Son œuvre est foisonnante, protéiforme. Il a participé à plus d’une centaine d’expositions en France et à l’étranger, entrainant avec lui d’autres artistes. Il n’a cessé de mettre sa créativité au service de la mémoire de son temps, de la culture, de la transmission, soutenant des associations caritatives et humanitaires.

REW aimait l’humour et la dérision, ne se prenait pas au sérieux. Il avait la gouaille d’un être aussi fulgurant que délicat, aussi bruyant que discret, aussi généreux qu’effacé.

Je crois qu’il souffrait du syndrome de l’imposteur : gêné parfois par son succès, il répétait qu’il était autodidacte et ne savait pas dessiner. Je lui répondais de ne pas s’en inquiéter : Picasso peignait à 15 ans comme Raphaël et avait cherché toute sa vie à se débarrasser de ses acquis pour parvenir à peindre avec la spontanéité d’un enfant. De ce fait, Raymond avait une chance et une liberté inouïes et une sacrée longueur d’avance.

REW n’a jamais trahi ses origines, ses rêves d’enfant bercés entre les aventures de Tarzan, de Zorro, de James Bond, les Westerns et ses lectures du journal Spirou. Les découvertes d’Heinrich Schliemann, pionnier de l’archéologie grecque, ont marqué toute sa vie et son œuvre. Parmi les artistes contemporains, il admirait Marx Ernst et vénérait Marcel Duchamp, qu’il qualifiait de génie universel.

REW était tout ce que j’aime chez un artiste : le talent spontané, l’inventivité débordante, l’intelligence créative et la générosité qui caractérise les génies.

Lorsqu’il a été élu Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres, il a œuvré pour que Rémy Bucciali et moi-même recevions nos médailles d’Officier et de Chevalier en même temps que lui par Catherine Trautmann à l’Hôtel de Ville de Strasbourg.

En octobre prochain, il devait recevoir le Bretzel d’Or et nous devions nous retrouver.

J’ai aimé l’artiste, j’ai aimé l’homme. Il était un père, un frère, un ami. Il me manque, il nous manque, il manque à l’Alsace et à la Culture.

Je l’ai toujours défendu et je continuerai de le faire. J’espère que l’Alsace se mobilisera pour lui consacrer un musée et si je peux l’y aider, je le ferai.

Raymond, I love you. Help ! »

Le 15 août : de l’Assomption de la Vierge à Napoléon

               L’Assomption de la Vierge, Charles Le Brun, XVIIe siècle

Comme chaque année, le 15 août, jour férié partagé par tous les Français, sonne le cœur de l’été. Pour célébrer ce jour de fête, certaines communes organisent souvent à cette date des festivités populaires : bals ou feux d’artifice.

Mais, savez-vous quel événement particulier est commémoré le 15 août et pourquoi cette date est particulièrement célébrée en France ?

Le 15 août est avant tout une fête chrétienne (sauf chez les protestants) qui célèbre l’Assomption de la Vierge Marie, corps et âme, vers le paradis.

Cette fête ne doit pas être confondue avec l’Ascension qui rappelle la montée au ciel de Jésus-Christ, célébrée 40 jours après Pâques.

La différence sémantique s’explique par la racine latine de ces deux termes : ascension vient du verbe ascendere (monter, s’élever) qui indique donc une action volontaire, tandis que le mot assomption vient du verbe assumere (assumer, enlever), qui indique que cette élévation vers le ciel est une volonté divine.

L’Église et la fête de l’Assomption

Tympan de la Dormition de la Vierge, portail sud de la Cathédrale de Strasbourg – vers 1200

Cette Assomption n’est pas mentionnée dans les textes des premiers temps de l’Église. Cependant, cette fête mariale trouve son origine dès les premiers siècles, dans les Églises orientales, où elle porte le nom de Dormition de la Vierge. Les orthodoxes croient ainsi que Marie s’est comme « endormie », sans aucune peur, dans la mort.

D’abord célébrée mi-janvier, la montée au ciel de Marie est finalement commémorée le 15 août, selon le souhait de l’empereur romain d’Orient, Maurice (582-602).

C’est le pape Théodore (642-649), originaire de Constantinople, qui importe, en Occident, cette fête en l’honneur de la mère du Christ. Elle est finalement imposée à tous les chrétiens par le concile de Mayence en 813.

Il faut cependant attendre 1950 pour que le pape Pie XII proclame le dogme de l’Assomption de la Vierge Marie. Il réaffirme ainsi que « Marie, l’Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste ».

Fêter l’Assomption durant le règne de
Louis XIII

L’Assomption de la Vierge par Nicolas Poussin, 1649-1650, conservée au musée du Louvre

Si pendant tout le Moyen Âge, l’Assomption est vue comme une fête religieuse banale parmi les nombreuses qui rythment le calendrier annuel du royaume, cela change sous le règne de Louis XIII.

En 1637, plus de vingt ans après son mariage avec Anne d’Autriche, le roi n’a toujours pas d’héritier. Il fait alors le vœu auprès de la Sainte Vierge de lui consacrer son royaume s’il obtient enfin un fils. La reine donne naissance à Louis-Dieudonné, futur Louis XIV, le 5 septembre 1638.

Pour remercier la Mère de Dieu de l’avoir exaucé, Louis XIII demande à tous ses sujets d’organiser, tous les 15 août, des processions en l’honneur de la Vierge. Le jour devient chômé pour faciliter l’organisation de ces célébrations. L’Assomption entre alors pleinement dans l’histoire de France.

Une fête nationale sous les Empires

Portrait de Napoléon Ier, Empereur, par François Gérard, conservé à Fontainebleau

Le calendrier républicain, instauré pendant la Révolution française, supprime de nombreuses fêtes catholiques comme l’Assomption.

Cela change avec Napoléon Bonaparte, Premier Consul, qui signe un concordat avec le pape en 1801. Cet accord autorise, notamment, le retour des grandes célébrations catholiques.

En 1806, Napoléon Ier, devenu empereur, réinstaure en France le calendrier grégorien. À cette occasion, il exhume un saint ayant vécu au IVe siècle, dont le nom Neapolis, serait l’antique forme de Napoléon.

Normalement fêté le 2 mai, l’empereur ordonne de le faire célébrer le 15 août, qui est également le jour de son anniversaire.

Cette date est ainsi érigée en fête religieuse, fête nationale et fête impériale.

Abandonnée pendant la Restauration et la Monarchie de Juillet, cette fête impériale redevient uniquement l’Assomption. Le 15 août est à nouveau adopté comme fête nationale par Napoléon III et célébrée durant tout le Second Empire.

Gravure figurant la fête du 15 août 1867 sur le Trocadéro

Pourquoi le 15 août est-il un jour férié ?

Avec l’avènement de la République, qui reconnaît toujours la Vierge Marie comme sainte patronne principale de la France, le 15 août retrouve sa vocation uniquement religieuse. Il reste férié pour permettre aux catholiques de célébrer cette fête majeure.

Aujourd’hui, cette fête donne toujours lieu à de grands rassemblements pour les croyants de l’église catholique. C’est le cas notamment à Lourdesoù le pèlerinage national français rassemble chaque année près de 10 000 pèlerins.

Pour les Français n’appartenant pas au culte catholique, ce jour férié est l’occasion de prendre un peu de repos, de prolonger les vacances d’une journée ou de participer à l’une des nombreuses fêtes organisées partout dans le pays.

Lire et voir ici une autre façon de voir l’Assomption