Le nouveau musée Courbet, à Ornans (Doubs),

Le nouveau musée Courbet, à Ornans (Doubs), a ouvert ses portes le 2 juillet 2011.
Une surface quadruplée, une scénographie résolument moderne, une ouverture sur les paysages qui ont tant inspiré le maître du Réalisme…

Musée Courbet Ornans (Doubs)

Le musée Courbet, labellisé « musée de France », constitue la pièce maîtresse du projet
« Pays de Courbet, pays d’artiste », porté par le Conseil général du Doubs.
Il offre plus de 1000 m² d’expositions permanente et temporaire. Il est empreint d’une grande modernité tout en respectant le caractère historique et intime de cet ensemble immobilier et de son environnement. Sa nouvelle configuration permet de réaliser des expositions temporaires en simultané avec l’exposition permanente. Le parcours muséographique entraîne le visiteur de l’une à l’autre, tout en lui offrant des vues inédites sur la Loue et Ornans.
Un musée à l’image de Courbet
Avec un aménagement de plus de 2000 m2 de surface totale et 22 salles d’exposition, le nouveau musée Courbet, propriété du Département du Doubs, s’étend sur trois bâtiments : la maison Borel, l’hôtel Hébert et l’hôtel Champereux.
Un musée ouvert sur les paysages d’Ornans
Ornans et ses paysages n’ont jamais cessé d’inspirer Courbet. Un lien intime et durable unissait le peintre à son « pays ». Le musée s’ouvre désormais en transparence sur les paysages environnants et offre des vues inédites sur la Loue et la ville d’Ornans grâce à une galerie vitrée, une vigie, un sol vitré au rez-de-chaussée qui invite à marcher sur la Loue…
Musée Courbet on marche sur la Loue

Presque un gadget ….
Une authenticité préservée
L’hôtel Hébert qui se parcourt en tout début d’exposition permanente, a gardé toute son
authenticité et l’atmosphère d’antan. Quant au jardin, adossé au musée, il retrouve le charme suranné des petits jardins des demeures de bord de Loue.
Un musée se veut résolument moderne. Quoique les œuvres sont toujours aussi mal éclairées et ne sont pas de premier choix.
Les volumes des maisons Champereux et Borel ont été adaptés aux exigences d’un musée
moderne à vocation internationale. Des moyens audiovisuels ont été intégrés au parcours pour une mise en valeur optimale des oeuvres et un regard en continu sur les paysages de Courbet.
Six salles consacrées aux expositions temporaires accueilleront deux fois par an des œuvres venues d’autres musées ou collections privées, sur des thèmes en rapport avec Gustave Courbet.
À l’occasion de son ouverture, le musée présente l’exposition
« Courbet-Clésinger, oeuvres croisées » du 2 juillet au 3 octobre 2011. Gustave Courbet, le peintre et Jean-Baptiste Auguste Clésinger, le sculpteur, étaient amis et partageaient les mêmes goûts artistiques pour la nature et les femmes. Leurs oeuvres mises en parallèle grâce à cette exposition révèlent leurs sensibilités communes.
C’est la première fois qu’une exposition est consacrée à Jean-Baptiste Auguste Clésinger.
L’artiste, gendre de Georges Sand, fréquentant la Bohème parisienne, a pourtant marqué le XIXe siècle, créant la polémique, à l’instar de Courbet, par ses choix et audaces réalistes.
Une cinquantaine d’oeuvres issues de musées prestigieux tels que le musée d’Orsay à Paris, le musée national d’Art occidental de Tokyo ou encore le musée cantonal des Beaux-arts de Lausanne, mettent en regard et en évidence les ressemblances artistiques de ces deux figures franc-comtoises.
Les portraits de femmes de Courbet côtoient les bustes féminins de Clésinger :
« Portrait de femme » (Courbet, musée national d’art occidental de Tokyo) et « La dame aux roses » (Clésinger, musée d’Orsay, Paris). « La femme piquée par un serpent » de Clésinger (muséed’Orsay, Paris, nu grandeur nature dont la posture suggère moins la souffrance ou la peur que la pâmoison et l’orgasme.

La critique  de l’époque, s’indigne de cette lascivité d’autant plus violemment que la rumeur révèle bientôt que l’oeuvre a été exécutée à partir du moulage du corps nu d’Aglaé-Joséphine Savatier, connue dans l’histoire des arts et des lettres sous ses surnoms de Madame Sabatier et de la Présidente, égérie des artistes et poètes modernes, dont Gautier, Nerval et Baudelaire.

Elle évoque sans conteste « La Bacchante » de Courbet (Fondation Rau pour UNICEF – Allemagne)… mais rappelle aussi « le Sommeil ou les deux amies (petit palais) On ne serait pas surpris d’y croiser ‘ « l’origine du Monde » (Musée d’Orsay)
Sous le Second Empire, les deux artistes s’écartent peu à peu l’un de l’autre, pour des raisons tant politiques qu’artistiques. Clésinger, en quête de commandes, s’efforce de plaire à Napoléon III et à sa cour, que Courbet défie ouvertement. En 1865, le sculpteur propose à l’empereur de dresser une colonne à sa gloire place de la Concorde. Elle serait parée de tout ce qu’il faut d’allégories antiques. Alors que Courbet prend totalement me contre-pied, accusé d’avoir participé à la destruction de la colonne Vendôme, il est condamné à la faire relever à ses propres frais.

L’autoportrait  (Gustave Courbet – Autoportrait à Sainte-Pélagie – Vers 1872 -musée Courbet)  dépôt de la ville d’Ornans, relate son triste séjour en prison. Privé de pinceaux et de palette, dès qu’il y a accès, il peint quelques toiles de fleurs durant son séjour forcé. Libéré de prison, il se réfugie en Suisse où il finira ses jours à la La Tour-de-Peilz (au bord du lac Léman), La toile du château de Chillon qu’il a peint en de nombreux exemplaires.
Courbet Château de Chillon

Cette exposition est organisée par le musée Courbet en collaboration avec le musée d’Orsay à Paris.
L’exposition permanente : un parcours autour de la vie et de l’oeuvre de
Courbet
La collection permanente a fait l’objet d’une restauration complète pendant la fermeture du musée. Elle est composée de 75 oeuvres (peintures, dessins, sculptures, lettres, archives) dont 41 peintures et quatre sculptures de Courbet.
Elle conserve également des oeuvres d’artistes de son entourage : ses premiers maîtres (dont Claude-Antoine Beau), ses amis (Max Claudet, Max Buchon) ainsi que ses élèves et suiveurs (Louis-Augustin Auguin, Marcel Ordinaire, Cherubino Pata).
La diversité de cette collection permet d’aborder toutes les périodes de la vie de Gustave Courbet que le visiteur découvre à travers un parcours chronologique. Sont évoqués, d’Ornans à Paris, sa carrière, la rupture esthétique qu’il mena, les milieux artistiques qu’il fréquenta, son engagement politique jusqu’à son exil et sa mort en Suisse.
La dernière salle est consacrée au peintre Robert Fernier et à son travail pour la création du musée Courbet en 1971
Après la visite du musée, le visiteur est invité à découvrir les lieux symboliques de sa vie, dans la vallée de la Loue, qui ont fortement inspiré son oeuvre :
– la ferme familiale à Flagey qui accueille un café librairie (café de Juliette), des expositions et animations et trois chambres d’hôtes quatre épis, Gîtes de France,
– le site de la source de la Loue,
– les sentiers de Courbet, des itinéraires aménagés qui parcourent les lieux d’inspiration du peintre,
– et, à venir, son dernier atelier à Ornans en cours de restauration.
Le public se précipite mais repart sur sa faim, car cela n’a  que très peu  à voir avec l’exposition Courbet au Grand Palais de 2008.
Œuvres croisées : Courbet, Clésinger », Musée Courbet, place Robert-Fernier, Ornans (Doubs). Tél. : 03-81-86-22-88. Jusqu’au 3 octobre. De 10 heures à 18 heures, en août et septembre ; puis de 10 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures. Fermé mardi.
De 4 € à 6 €. Musee-courbet.fr
Tel : +33(3) 81 86 22 88
visuels presse sauf la photo 2 de l’auteur

Splendeurs des collections du prince de Liechtenstein

Brueghel, Rembrandt, Rubens…
Jusqu’au 2 octobre 2011 – Palais Lumière Evian
 

Friedrich von Amerling Portrait de Maria Franziska von Liechntenstein

Avec Splendeurs des collections du prince de Liechtenstein, le Palais Lumière d’Évian accueille pour la première fois en France les chefs-d’oeuvre issus de la plus importante collection privée européenne à ce jour. En effet, l’activité de mécénat et de commanditaire aux plus importants artistes de leur époque remonte jusqu’à Hartmann von Liechtenstein (1544-1585). Après 1800, la collection est rendue partiellement accessible au public. Le magnifique Palais Liechtenstein à Vienne, qui date de 1700 environ, accueille de nouveau les Collections Princières depuis 2004.
Si le baroque est célébré au sein de la collection, il sera également largement représenté au Palais Lumière.
Environ 70 tableaux (dont des oeuvres de dimensions monumentales), 20 sculptures et 15 pièces de mobilier sélectionnés pour leur exceptionnelle qualité seront ainsi visibles pour la première fois en France.
Le choix des oeuvres illustre le double patrimoine du LIECHTENSTEIN MUSEUM à Vienne :
– le baroque, le sud : la peinture et sculpture italienne ;
– le baroque, le nord : la peinture flamande.
Parmi ces deux grands ensembles, on se doit de citer les grands maîtres tels que Marcantonio Franceschini,
Guido Reni, Canaletto ou encore Massimiliano Soldani Benzi. Au Nord de l’Europe, les plus brillants artistes de leur époque sont représentés : Rubens, Rembrandt ou encore Van Dyck, pour n’en citer que quelques-uns.
Une deuxième partie des oeuvres est consacrée au classicisme mais ce qui fait la particularité des Collections Princières est surtout la richesse des oeuvres dédiées au Biedermeier. Amerling, Gauermann ou Waldmüller sont les protagonistes de ce mouvement du XIXe siècle, qui témoigne non seulement d’un nouvel élan artistique, mais aussi d’un changement au sein de la société.
En guise de prologue, une salle sera consacrée à l’histoire de la Famille Liechtenstein. Des portraits des princes mécènes témoigneront d’une passion pour l’art, ininterrompue depuis plusieurs siècles.
L’exposition est accompagnée par un catalogue comprenant la totalité des oeuvres exposées, ainsi que plusieurs essais inédits. Il constituera la première publication en langue française relative aux Collections Princières.
Commissariat : Johann Kräftner, directeur du LIECHTENSTEIN MUSEUM, Caroline Messensee, historienne de l’art.

Les Collections du Prince von und zu Liechtenstein réunissent cinq siècles de chefs-d’oeuvre de l’art européen et comptent parmi les collections privées les plus importantes au monde.
Leurs naissances remontent au XVIIe siècle, elles découlent de l’idéal baroque du mécénat
princier à vocation artistique. La Maison de Liechtenstein a transmis cet idéal sans rupture
de génération en génération, complétant ses collections avec clairvoyance. Une politique
d’acquisition dynamique est aujourd’hui au service de l’élargissement du fonds. Ceci permet d’approfondir et de développer les axes majeurs de l’actuelle collection en lui adjoignant régulièrement des oeuvres d’une qualité exceptionnelle qui renforcent à long terme l’attrait du lieu d’exposition des Collections Princières,
le LIECHTENSTEIN MUSEUM.
Les Collections Princières abritent aujourd’hui environ 1 700 tableaux, des chefs-d’oeuvre
allant des tout débuts de la Renaissance au romantisme autrichien.
QUELQUES OEUVRES PHARES

Pieter Brueghel le Jeune, dit d’Enfer (c. 1564–1638), Le recensement de Bethléem
Signé et daté sur la carriole au centre du tableau : P.BRUEGHEL.16 7
Huile sur bois, 122 x 170 cm
Pierre Brueghel le Jeune
Ce tableau est une copie de l’original célèbre de Pieter Bruegel l’Ancien
conservé dans les Musées Royaux des Beaux-Arts à Bruxelles, signé et
daté 1566. Cet épisode du recensement est situé dans une scène contemporaine de
la vie quotidienne d’un village. Marie, vêtue d’une cape bleue et chevauchant une mule à droite, au premier plan, et Joseph, qui marche devant avec une scie sur son épaule, se distinguent à peine des activités hivernales de la vie villageoise. Acquis en 1820 par le Prince Johann I, le tableau est remarquable par la richesse narrative des détails et sa
représentation réaliste des nombreuses activités qui se déroulent devant le fond enneigé.
Friedrich von Amerling (1803–1887), Jeune fille au chapeau de paille, 1835
Huile sur toile, 58 x 46 cm
Friedrich von Amerling

La vente aux enchères sensationnelle de ce tableau en 2008 a augmenté d’un seul coup le grand nombre de toiles de Biedermeier dans les Collections Princières – dont environ une vingtaine sont de Friedrich von Amerling lui-même – et qui plus est, grâce à un chef
d’oeuvre absolu.
Friedrich von  Amerling a peint cette toile en 1835 au cours de sa période la plus innovante et productrice. Elle est remarquable non seulement pour la qualité de la technique picturale, en partie vernie, mais aussi par le choix du sujet. Comme dans son tableau Perdue dans ses rêves, également daté de 1835, Amerling reflète avec exactitude la mélancolie et la contemplation qui prédominent dans l’état d’âme de la jeune
femme. Cet effet est intensifié par sa tête, presque entièrement détournée du spectateur et reposant sur sa main, ainsi que son regard, légèrement tourné vers le haut. Le ruban vert de son chapeau, simplement enroulé autour de son avant bras droit, ainsi que son châle
rouge et le chapeau à large bords, accentuent et articulent la structure de la toile, vue directement d’en bas. Le tableau est impressionnant non seulement par ses couleurs mais par sa composition astucieuse.
Peter Paul Rubens (1577–1640), Esquisse pour Mars et Rhéa Silvia, c. 1616/17
Huile sur toile, 46 x 66 cm

Les Collections Princières ne sont pas seulement propriétaires de
l’oeuvre elle-même mais aussi de l’esquisse complexe à l’huile, (vers laquelle va ma préférence), de Mars et Rhea Silvia par Peter Paul Rubens – le premier tableau que le Prince Hans-Adam II von und zu Liechtenstein a acquis pour les Collections
Princières.
Le mythe classique rapporte que Mars était amoureux de Rhea Silvia,
une prêtresse de Vesta, déesse du foyer, vénérée en tant que protectrice
de la famille, de l’hospitalité et de la vie communautaire bien
organisée. Ovide raconte que Mars a vaincu la vierge vestale pendant
son sommeil.
Rubens a placé la scène dans le temple, où le dieu porté par les nuages
s’approche fougueusement de la prêtresse, qui s’éloigne atterrée, car,
en tant que vierge vestale, elle a prononcé un voeu de chasteté. Mars
s’est débarrassé temporairement de son casque et donc de ses
ambitions guerrières. Cupidon, dieu de l’amour se comporte en
entremetteur et conduit Mars vers Rhea. Le feu perpétuel de Vesta
entretenu par la prêtresse flambe sur l’autel à droite.
Des attributs inversés en miroir pour Athéna et Mars indiquent que le
tableau a servi de patron pour une tapisserie murale.
Rembrandt Harmensz. van Rijn (1606–1669), Amour avec une bulle de savon, 1634
Huile sur toile, 75 x 93 cm

Soutenu par un coussin rondouillet, le dieu de l’amour, est allongé sur un lit couvert de tissu rouge. A l’aide d’une paille, il fait une bulle dans un coquillage. Ce motif est un symbole de Vanité familier dans l’art hollandais du XVIIe siècle ; cependant la notion du caractère éphémère de la vie n’est pas habituellement associée à Cupidon. Comme d’habitude, Rembrandt trouve une solution créatrice par une association avec la mythologie, en faisant de la bulle de savon un symbole de la fragilité de l’amour. Il est certes vrai que les couples formés par Cupidon avec sa flèche ne duraient que peu de temps. Il est possible que Rembrandt ait emprunté le motif à une gravure sur cuivre
de Hendrick Goltzius (1558–1617). Le tableau est daté 1634, et asurvécu en très bonne condition ; par ses qualités picturales, il est typique de l’oeuvre de jeunesse de Rembrandt. La composition fondée sur des diagonales, la lumière forte, rasante, qui néanmoins maintient le fond sombre et les couleurs rayonnantes sont des indices typiques de
son travail au début des années 1630.
Le parcours de l’exposition a été conçu par Caroline Messensee de façon à suivre dans ses grandes lignes l’accrochage au LIECHTENSTEIN MUSEUM à Vienne, basé sur une
cohérence entre les grandes écoles, une cohérence chronologique et thématique.
En débutant sa visite, le spectateur découvre les portraits des Princes de Liechtenstein et
avec eux l’histoire de la Maison Liechtenstein et leur passion pour les arts.
Ainsi le visiteur remonte les siècles que les grands mécènes ont marqués par leurs
acquisitions et leurs commandes avant d’entrer dans le monde baroque, premier point fort
des Collections Princières et de l’exposition à Evian.
La première salle, tout comme celles qui suivront, présente des oeuvres des grands maître du Baroque, en confrontant les écoles du Nord et celles du Sud.
Ainsi Jean Evangéliste lisant de Guido Reni

C’est un portrait intimiste du jeune évangéliste qui rompt avec l’iconographie traditionnelle.
L’artiste montre St Jean en train de lire. La scène  emplit l’espace condensée dans un format horizontale et coupée par les bords du tableau. Les nuances chromatiques, rapidement appliquées, presque  non achevées sur le vêtement,  contrastent avec la partie achevée du visage. Il est ancré dans le monde d’ici-bas  et pourtant déjà inverti d’une signification initiatique spirituelle,
fait face à la monumentale
Déploration du Christ de Peter Paul Rubens.
Pierre Paul Rubens la déploration du Christ

Inspiré  mêlée des flamands et des maîtres italiens, elle se distingue par une vue rapprochée du Christ mort, il est étendu en diagonale, en une perspective exagérée, on peut le rapprocher du Christ de Mantegna, le corps supplicié,  est traité avec réalisme et sans complaisance, d’une couleur rose chaire blême , comme le visage figé de la vierge. Les autres protagonistes de la scène se laissent envahir par leur émotion.
 
La première salle, tout comme celles qui suivront, présente des oeuvres des grands maîtres
du Baroque, en confrontant les écoles du Nord et celles du Sud. Ainsi Jean Evangéliste
lisant de Guido Reni fait face à la monumentale Descente de la croix de Peter Paul Rubens.
Suit alors une salle entièrement consacrée aux scènes mythologiques avec des chefs-d’oeuvre tels que Mars et Rhea Silvia ou encore Victoire et Virtus, tous deux signés Rubens ou encore, Amour à la bulle de savon, oeuvre de jeunesse de Rembrandt.
Puis ce sont les portraits de Franz Hals et de Anthonis van Dyck qui capteront l’attention des visiteurs avant de découvrir dans la salle qui clôturera la visite du rez-de-chaussée les
paysages de Canaletto, Berckheyde ou encore Brueghel.
L’exposition se poursuit au sous-sol du Palais Lumière avec une salle consacrée à la
sculpture baroque et aux chefs-d’oeuvre de pierre-dure. Les bustes de Massimiliano Soldani Benzi seront ainsi rapprochés de ceux de Pierre Puget. Les maîtres de la pierre dure se nomment Pandolfini et Castrucci.
Suit alors un petit aperçu du baroque Autrichien avec une série de peintures sur émail par
Johann Georg Platzer et Franz Christoph Janneck et une oeuvre majeure du sculpteur
Autrichien Georg Raphael Donner, célèbre entre autre pour sa fontaine au coeur du centre
historique de Vienne.
En passant par le classicisme, illustré par des oeuvres majeures de Joseph Vernet ou encore d’Angelika Kauffmann, femme peintre rarissime pour l’époque, le visiteur termine le parcours de l’exposition avec le deuxième point fort dans les Collections Princières : le
Biedermeier. Les scènes de genre et les natures mortes de Ferdinand Georg Waldmüller, les paysages de Friedrich Gauermann ou Thomas Ender ou encore les portraits de Friedrich von Amerling donnent à voir des chefs-d’oeuvre d’une époque qui nécessite encore d’être découverte par le grand public.
 
Images Presse et catalogue

Étude et restauration du retable de Konrad Witz

Un de mes buts lors du tour du Leman avait comme point d’orgue la visite de l’atelier de restauration du retable de Konrad Witz,
« la Pêche Miraculeuse » au musée d’Art et d’Histoire de Genève.
 

atelier de restauration Genève le conservateur Victor Lopes - image JR Itti

 
L’exposition Konrad Witz au Kunstmuseum de Bâle en 2011 a excité ma curiosité et m’a conduite jusqu’à ce lieu. Elle en présentait une reproduction dans les dimensions originales.
Grâce à l’accueil du conservateur Victor Lopes et de son équipe, que je remercie ici, j’ai pu constater le sérieux du travail accompli et le cheminement des 8 mois qui aboutiront à la remise en état, du moins à la conservation dans les meilleures conditions du précieux retable.
Une équipe d’intervenants a été composée pour l’étude et le traitement :
 1843-0010 Délivrance de St Pierre  Conservation-restauration c.p.  Victor Lopes
1843-0010 bis Présentation               Conservation-restauration c.p.  Helena de Melo
1843-0011 Pêche miraculeuse           Conservation-restauration c.p. Victor MLopes
1843-0011 bis adoration des mages  Conservation-restauration c.p.  Mirella Bretonnière
                                                                 Conservation-restauration c.p.  Marine Perrin
 
                                                          suivi et documentation
                                                                                     scientifique   Pedro Diaz-Berrio
 1843-0010/1843-0011                      support bois et encadrement             
                                                                                           Jean-Albert  Glatigny.                
                                                                                            Bob  Ghys                
 
                                                    examen dendrochronologique           Pascale Fraiture 
                                                                                                                  (Bruxelles) 
1843 – 0010/1843-0011             Radiographie     (RX) Scanning         Colette Hamard /
                                                                                                                Pierre Grasset
1943-0010/1843-0011                Stratigraphies
                                                     (prélèvements existants)                     Isabelle Santoro
                                                     Matériaux de restauration                   Stefano Volpin
                                                     Technologie picturale                          Claude Yvel
 
ainsi qu’un Comité scientifique :
F. Elsig, C. Menz N. Schätti, J. Wirth, V. Lopes, L. Terrier.
Grâce au généreux soutien de la Fondation Hans Wilsdorf, le Musée d’art et d’histoire, en collaboration avec l’Université de Genève, entreprend cette année l’étude et le traitement de conservation des deux volets peints réalisés en 1444 par Konrad Witz.
visage du Christ lacéré détail copyright MAHG

 
Ces volets ont survécu à l’iconoclasme protestant de 1535, dont ils portent aujourd’hui les traces. Des hachures strient notamment les têtes des personnages, plusieurs ont été reconstituées par des repeints, visibles sur les documents d’analyse. Le visage du Christ lacéré en 1535, a été partiellement repris entre 1915 et 1917 par le restaurateur bâlois Fred Bentz .
Des fissures verticales du support en bois de sapin sont visibles. Les tensions inhérentes aux mouvements du bois ont provoqués la rupture des fibres qu’il s’agira de stabiliser. Le paysage fera l’objet d’un fixage de la couche picturale et d’un nettoyage de surface.  
évêque commanditaire du retable - François de Metz - détail copyright MAHG

Ils ornaient à l’origine le retable, commandé par l’évêque François de Metz, destiné au maître-autel de la Cathédrale Saint-Pierre.
Ce projet fondamental pour les collections genevoises doit tout d’abord permettre de comprendre les étapes liées à la réalisation matérielle des panneaux, ainsi que le contexte historique et culturel qui les vit naître. Il s’agira également d’établir une «cartographie» de leur état de conservation pour définir les critères d’un traitement programmé à partir du mois de juillet. Cette intervention ainsi que l’ensemble des recherches aboutiront enfin à la publication d’un ouvrage qui accompagnera une exposition.
Le décrochage du tableau a eu lieu le 27 juin 2011 et travail de conservation-restauration durera jusqu’en mars 2012.
Pour des raisons de conservations les tableaux du retable ne quittaient plus la place qu’ils occupent au sein du musée :  Le MAH. Actuellement à sa place,  un panneau explicatif, montre les travaux entrepris.

De l’ensemble d’origine, deux volets peints des deux côtés, ont survécu. A ce jour on ignore quel était le sujet  principal, qui ornait l’intérieur du caisson. Lorsque les volets étaient fermés, le fidèle pouvait voir sur celui de gauche la « Pêche Miraculeuse » et sur celui de droite la délivrance de St Pierre.
 Ouverts ces derniers présentent une adoration des Rois mages, ainsi qu’un évêque, richement vêtu accompagné de St Pierre devant le trône de la Vierge. Le personnage agenouillé est le commanditaire du retable, François de Metz, évêque de Genève, fidèle de l’antipape du concile et crée par lui cardinal, dont les attributs figurent sur la toile. Le tableau le plus connu est le paysage au milieu duquel se déroule la Pêche miraculeuse. A cette occasion K.Witz, déplaçant la scène des bords du lac de Génésareth à ceux du Lac Leman, réalise le premier portrait d’un paysage connu. Il est d’ailleurs encore possible aujourd’hui, grâce au panorama de montagnes et au sommet enneigé du Mont-Blanc, de resituer la position exacte qui fut celle du peintre face à lui.
détail présentant le Môle les Alpes et le Mont Salève copyright musée MAHG

 C’est ainsi que l’on distingue à gauche le mont Voirons, en face le Môle avec à l’arrière plan les Alpes et sur la droite le mont Salève.
Cette représentation  exceptionnelle pour son époque K.Witz l’a sciemment dotée d’une inscription latine sur le cadre. Il y a fait figurer son nom, son lieu d’origine, Bâle, et l’année à laquelle il a terminé l’œuvre, 1444.
 
La Pêche Miraculeuse Konrad Witz copyright MAHG 1843

 
 
C’est la seule oeuvre datée et signée de la main de Witz, et jouit donc d’une position clé dans la recherche sur son activité artistique. Grâce à son style propre, l’artiste s’est imposé comme novateur et précurseur du paysage dans la peinture occidentale. Les peintures ont permis de redécouvrir la personnalité du peintre de le situer par rapport aux autres génies de la Renaissance :
 Konrad Witz : 1400 – 1445
Léonard de Vinci 1452 – 1519
Albrecht Dürer  1471 – 1528
Mathias Gothard Nithart Grünewald 1475- 1528
 
photo 1 JR Itti
Photos 2/3/4/5/6 courtoisie du musée d’art et d’histoire de Genève
clic sur les images
 
 

Le Leman et ses musées

Si vous me cherchez je suis quelque part par là !
 

Lucian Freud est mort

Lucian Freud, peintre est  décédé mercredi 20 juillet, à son domicile de Londres. Il était âgé de 88 ans.

lucian-freud-autoportrait-aux-godillots

Vidéo ici
Harry Bellet – Le Monde
Il aimait peindre la souffrance du corps, la déliquescence des chairs. De ses pinceaux rugueux, il maltraitait hommes et femmes sans distinction. C’est pourtant « paisiblement », selon son avocate, que Lucian Freud est mort mercredi 20 juillet, à son domicile de Londres. Il était âgé de 88 ans.
Né le 8 décembre 1922 à Berlin, il était le fils de l’architecte Ernst Freud et le petit-fils du psychanalyste Sigmund Freud. Il était aussi devenu l’artiste vivant le plus cher du monde, après que le milliardaire russe Roman Abramovitch eut acquis, en 2008, un de ses tableaux pour la somme record de 34 millions de dollars.
C’était aussi, sans doute, un des plus farouches : outre-Manche, la presse avait été scandalisée par son attitude, alors qu’il devait peindre le portrait de la reine. Il avait exigé que Sa Majesté vienne à l’atelier. On ne sait si elle accéda à la demande du maître, mais le portrait qu’il fit d’elle est un des plus atroces qui soient.
la suite ici (réservée aux abonnés)
 ma visite de l‘exposition de 2010 sur mon blog

14 juillet 2011

Raoul Dufy 14 juillet à Falaise 1906

photo provenant du catalogue de l’exposition des frères Dufy au musée Marmottan en 2011

La Villa Flora de Winterthour invitée à la Fondation de l’Hermitage de Lausanne

Van Gogh, Bonnard, Vallotton…
La collection Arthur et Hedy Hahnloser
«On ne collectionne pas les amitiés, elles se rassemblent pour former le cercle dans lequel on s’épanouit», remarquait à ce propos le fils des collectionneurs Hans Hahnloser.

DU 24 JUIN AU 23 OCTOBRE 2011
La Fondation de l’Hermitage consacre sa grande exposition d’été à l’une des plus prestigieuses collections privées d’Europe : la collection Hahnloser.
Réunie entre 1905 et 1936 à Winterthour par Arthur Hahnloser (1870-1936) et son épouse Hedy Hahnloser-Bühler (1873-1952), cette collection est exceptionnelle à plus d’un titre. Elle est le fruit de rencontres et d’amitiés avec de nombreux artistes, parmi lesquels Ferdinand Hodler, Giovanni Giacometti, Félix Vallotton ou encore Pierre Bonnard, qui introduisirent les Hahnloser sur la scène artistique parisienne, les aidant et les conseillant dans leurs achats.
Pierre Bonnard nu à la toque et nu au couvre pieds 1911
La plupart des oeuvres composant la collection ont été acquises directement dans l’atelier des peintres, ou auprès des grands marchands parisiens tels Bernheim-Jeune, Ambroise Vollard ou Eugène Druet.
Le Semeur, symbole identitaire de l’artiste responsable au sens spirituel de la germination, du cycle de la naissance, de la vie, de la mort.
Les liens étroits que les Hahnloser ont tissé avec les milieux de l’art se sont aussi traduits par de nombreux séjours des artistes chez les collectionneurs, qui les accueillirent régulièrement à la Villa  Flora, leur maison de Winterthour, et dans leur résidence d’hiver, à Cannes. Plusieurs oeuvres attestent  aujourd’hui encore de ces moments d’amitié privilégiés, partagés avec Vallotton, Manguin, Vuillard ou Bonnard.
Dans cette perspective plongeante, les personnages environnants sont comme enchassés, dans une impression flottante et mobile, dans la mosaïque du damier. Une photo d’archive permet de reconnaître les particpants de la partie de dames : Tristan Bernard, André Picard, Natanson l’éditeur de la revue Blanche, Jossé hessel et sa femme Lucie, et l’actrice Marthe Mellot
Après la mort de Arthur (1936) puis de Hedy (1952), leurs descendants créèrent la Fondation Hahnloser/Jaeggli. Sous son impulsion, la Villa Flora, construite en 1858 et plusieurs fois remaniée et agrandie pour accueillir la collection, a été ouverte au public en 1995. En 1980, tous les descendants du couple de collectionneurs créent la Fondation Hahnloser-Jaeggli.
Et en 1995 s’ouvre le musée du post-impressionnisme sous le nom de
«VILLA FLORA WINTERTHUR – SAMMLUNG HAHNLOSER».
Constituées principalement de pièces tirées de ses fonds, les expositions périodiques connaissent un grand succès.
L’exposition montre, pour la première fois réunis, les chefs-d’oeuvre de la Villa Flora, associés à d’autres  joyaux de la collection Hahnloser aujourd’hui en mains privées. La manifestation regroupe ainsi plus de 150 oeuvres emblématiques de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.
S’ouvrant par de beaux ensembles de Hodler et Giovanni Giacometti, premiers peintres collectionnés par les Hahnloser, et une magnifique sélection du symboliste Odilon Redon,
Les limites de ce texte ne nous permettent pas d’étudier les oeuvres avec l’attention qu’elles méritent.
Le lecteur intéressé pourra se reporter aux chapitres dédiés aux différents artistes dans l’histoire de la collection. Nous proposons simplement un « circuit» dans l’exposition, jalonné de quelques temps forts.
Hans Hahnloser, dans Hedy Hahnloser-Bühler, introduction au catalogue de l’exposition Die Hauptwerke der Sammlung Hahnloser – Winterthur, Kunstmuseum Luzern, 1940, p. 7
vue depuis l’Hermitage vers le parc et le lac
La génération suivante fit elle aussi des legs d’une famille à l’autre. Luzia Bühler, fille d’Hermann Bühler, un cousin d’Hedy Hahnloser-Bühler, offrit ainsi plusieurs tableaux à la Hahnloser/Jäggli Stiftung.
En résumé l’exposition montre des correspondances éloquantes entre la famille et les artistes témoignant de liens étroits, des aquarelles,  33 toiles de Pierre Bonnard, 4 oeuvres dont un portrait non signé de Paul Cézanne, 2 Maurice Denis, 1 Karl Geiser, 5 Giovanni Giacometti, 8 Ferdinand Hodler, 2 toiles et 2 sculptures d’Aristide Maillol, 9 Henri-Charles Manguin, 1 sculpture de Marino Marini, 3 toiles d’Albert Marquet 9 Henri Matisse, 9 Odilon Redon, 5 Auguste Renoir , 11 Georges Rouault, 2 Touluse Lautrec, 26 Félix Edouard Valloton, 3 Vincent van Gogh, 17 Edouard Vuillard, que vous pouvez admirer en visitant l’exposition et en consultant le catalogue signalé plus haut.
Seul bémol, le sous-sol de l’Hermitage qui refroidit l’ambiance générale et n’avantage pas la présentation des oeuvres.
Angelika Affentranger-Kirchrath commissaire et conservatrice dela Villa Flora
Les images courtoisie de la Fondation de l’Hermitage et de la Villa Flora
sauf les photos 2/6/7

"Raoul et Jean Dufy Complicité et rupture"

Raoul Dufy Fête Maritime au Havre

 
Jean Dufy le Bassin de la Manche au Havre

Jusqu’au 26 juin 2011, le musée Marmottan Monet organise pour la première fois en France une exposition consacrée à Raoul (1877-1953) et Jean (1888-1964) Dufy : « Raoul et Jean Dufy, complicité et rupture« .
Contrairement à la célèbre réplique des  Tontons flingueurs : «  Y connais pas Raoul ce mec, Y va avoir des réveils pénibles » (je plagie Paulin Césari)
Dans le cas des frères Dufy c’est Jean le méconnu. Si l’on connaît bien l’oeuvre de Raoul, celle de son frère Jean, peintre lui aussi, l’est moins. Cadet de 11 ans, Jean se forme à la peinture entre 1906 et 1914, encouragé par son frère qui participe alors aux aventures fauve et cubiste.  Le bleu est leur couleur préférée, celui de la mer, du ciel, qu’ils déclinent sur tous les tons, avec des effets de transparence, des couleurs vives reflétant la joie de vivre. À partir de 1920, date de ses premières peintures, Jean produit une oeuvre riche et partage avec Raoul des préoccupations artistiques communes. Les frères sont proches et entretiennent une correspondance régulière.
Raoul Dufy la Fée Electricité 1937 Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

Raoul et Jean développent des parcours parallèles et collaborent peu, à l’exception notable de La Fée électricité (au musée d’Art Moderne de la ville de Paris). C’est ainsi qu’ à la demande de Raoul, qui pour livrer le travail en temps et en heures, se rendant compte que c’est un si gros morceau, qu’il dispose de moins d’un an, que même son fidèle assistant André Robert, ainsi que les petites mains habituelles ne suffisant pas,  que Jean participe à l’aventure. Jean abandonne ses tableaux, Il écume les musées et les bibliothèques  pour chercher la documentation et trouver les acteurs, réalise des esquisses, aide son frère à construire la maquette, puis à assembler les 250 panneaux qui constituent le chef d’oeuvre.
Ce sera aussi l’objet de leur rupture en 1937. Oeuvre de la discorde, lorsque elle est exposée, c’est une triomphe, Raoul ne prononcera pas un seul mot, pour remercier publiquement son frère.

Jean Dufy Modèle dans l'Atelier

Chacun d’eux crée une œuvre abondante (environ 2500 pièces), structurée en séries, traitant de thèmes plaisants, rendus par un sens de la couleur auquel on les identifie l’un et l’autre.

Raoul Dufy Intérieur Fleurs

Regroupant une centaine de peintures et d’aquarelles, provenant de musées et de collections particulières du monde entier, l’exposition cherche à mettre en évidence les liens qui unissent l’œuvre de Jean à celle de Raoul, comme ce qui les singularise l’une de l’autre.
Esquissant en préambule les périodes fauve et cubiste de Raoul, le parcours
présente ensuite des grands thèmes communs aux deux frères et propose de comparer leur peinture : mer, fenêtres ouvertes et ateliers constituent la première partie du parcours ; puis les thèmes se singularisent à travers deux sections parallèles : à la palette chaude et à la touche vibrante des cirques – Fratellini –  peints par Jean
Jean Dufy Promenade au Bois de Boulogne

répond la musique évoquée par Raoul, – Hommage à Bach – ;
Raoul Dufy Hommage à Bach

aux courses et paddocks de Raoul font ensuite face les allées cavalières de Jean ; enfin, les tableaux ayant pour thème Paris et Nice sont consacrés aux oeuvres tardives des deux frères et soulignent une évolution commune vers un style graphique initié par Raoul et subtilement revisité par Jean.
Cette exposition s’inscrit dans le champ des études dédiées à la filiation dans l’art et des manifestations qui lui sont consacrées depuis dix ans. Elle propose une lecture croisée de l’œuvre des deux frères et permet de mieux situer la peinture de Jean Dufy.
Musée Marmottan Monet
2, rue Louis-Boilly
75016 Paris
www.marmottan.com
commissaire de l’exposition Marianne Mathieu
images provenant du catalogue dont l’auteur est Jacques Bailly

Van Dongen fauve, anarchiste et mondain


Kees Van Dongen Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam © ADAGP, Paris 2011

Jusqu’au 17 juillet 2011
« oui j’ aime passionnément la vie de mon époque, si animée, si fiévreuse… Ah la vie, c’est peut-être encore plus beau que la peinture » Kees van Dongen

Le Musée d’Art moderne propose de redécouvrir Kees Van Dongen (1877- 1968), artiste fulgurant et déroutant qui trouva à Paris la reconnaissance artistique dans les années 20.
L’exposition restitue les multiples facettes du personnage : peintre hollandais prompt à la caricature et à la dénonciation sociale, artiste d’avant-garde et figure du fauvisme, devenu une des grandes figures de la scène parisienne des années folles. L’exposition reprend et complète l’exposition du Musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam (« All eyes on Kees Van Dongen », 18 septembre 2010- 23 janvier 2011).

20 ans après la rétrospective réalisée en collaboration avec le Musée Boijmans (« Van Dongen, le peintre », en 1990), cette exposition centrée sur sa période parisienne témoigne du succès de l’artiste. Les recherches et les expositions récentes sur le personnage, fulgurant dans ses trouvailles et déroutant par la diversité de ses sujets, ont permis de mieux comprendre l’ampleur des découvertes de l’artiste et sa stratégie artistique.
Le titre de l’exposition évoque moins une succession de périodes qu’une superposition de

Kees Van Dongen Marchande d'herbes et d'amour (1913) Collection privée, Istanbul

postures artistiques : hollandais rebelle proche des milieux anarchistes autour de 1895, prompt à la caricature et la dénonciation sociale, artiste d’avant-garde notamment du fauvisme, dans lequel il occupe une place originale et un rôle décisif quant à sa diffusion à l’étranger (Hollande, Allemagne, Russie). Fauve « urbain », Kees Van Dongen se focalise sur le corps féminin, en particulier le visage fardé jusqu’à la déformation par la lumière électrique empruntée à Degas et Toulouse-Lautrec, devenant en quelque sorte sa griffe. Il a puisé dans ses premières années parisiennes, sur la butte Montmartre dans la fréquentation de la faune de vagabonds, chiffonniers,  mais aussi dans l’inspiration des prostituées et matelots du quartier rouge,  qu’il arpenta à l’âge de 16 ans, durant 4 ans, pendant  ses études à l’Académie Royale des Beaux Arts de Rotterdam.
Elie Faure le qualifiera de « poète bestial des bijoux et des fards et de la chair profonde où la mort et la cruauté veillent sous l’ombre chaude des aisselles et les blessures du carmin »
 Il s’inspire des fêtes foraines et des coulisses des music-halls de la Butte, où il harangue les passants pour qu’ils lui achètent ses toiles.
En 1905, il est accepté pour la 2e fois par le Salon de l’Automne, en compagnie de Matisse, Vlaminck, Derain, Marquet, Valtat qui montrent également des œuvres multicolores. C’est la « cage aux fauves » se désole Louis Vauxcelles dans le Figaro. Les toiles sont bientôt
Kees Van Dongen l'Ecuyère 1920

 
montrées et appréciées par Vollard, Druet, puis Bernheim et Kanweiler. K VD s’installera au Bateau- Lavoir.
Il est exposé en Allemagne, en Grande Bretagne, puis en Russie. Il voyage en Espagne, au Maroc, en Egypte.
Partout il peint les femmes, son sujet favori, sensuelles, effrontées, désirables, pétillantes de mille feux.
De retour à Paris, il illustre l’un des contes des Mille et Une nuit et peint des nus tout rouges.
Par la couleur, Van Dongen reste l’artificier du fauvisme. Il la régénère lors de ses voyages au début des années 1910 où il réinvente l’Orient. Mais Paris reste le sujet principal de sa peinture : Montmartre – il y rencontre Picasso et Derain – au début du siècle, qui le séduit par la verve populaire et la vie de bohème ; Montparnasse, avant et après la guerre de 1914 dont il est l’un des principaux animateurs, mettant en scène une nouvelle femme à connotation plus érotique.
Et enfin, le Paris des « années folles » que Van Dongen qualifie de « période cocktail », où il se consacre exclusivement à la nouvelle élite parisienne : hommes et femmes de lettres, stars du cinéma et de la scène, aujourd’hui oubliés, annonçant avec quarante ans d’avance l’univers des « beautiful people » d’Andy Warhol.
Kees Van Dongen la femme au canapé

De la marquise de Casati à la Baronne d’Oettingen en passant par les comtesses de Noailles et de Castellane, toutes les coquettes veulent être croquées par l’artiste à la mode. La pose est outrée, le costume et l’accessoire théâtralisés révélant le factice de ses personnalités qui n’existent qu’à travers leur rôle. Il les séduit, en les représentant minces, cynique  «  après cela, il ne reste plus qu’à grossir les bijoux » dit-il. Jasmy, directrice d’une maison de couture,  parmi ses modèles devient sa seconde épouse.
Il obtient la nationalité française en 1929, lorsque la seconde guerre mondiale éclate, il vit une retraite dorée avec sa 3e épouse à Monaco, non sans avoir participé à 64 ans, au voyage organisé par Goebbels, organisé pour un groupe d’artistes bienveillants vis à vis de l’envahisseur.
Maurice de Vlaminck «  K V D ne fera plus que peindre toute la putasserie féminine de l’après guerre …. »
kees Van Dongen amusement 1914

Le succès de Van Dongen qu’on peut comparer à celui d’un Foujita et sa participation aux avant-gardes en font un artiste singulier, qui fascine encore par sa verve et sa liberté.
Malheureusement, flatté par les sollicitations, inconscience due à l’âge ? sa complaisance envers le Reich, ternit son image.
L’exposition présente environ 90 peintures, dessins et un ensemble de céramiques, de 1895 au début des années trente. Conçue par le Musée Boijmans Van Beuningen et organisée en collaboration avec le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, elle a bénéficié de prêts de grandes institutions nationales et internationales et de grandes collections privées.
commissaires de cette rétrospective (Anita Hopmans et Sophie Krebs, avec la participation de Marianne Sarkari)
la vidéo
25 mars – 17 juillet 2011
Musée d’Art moderne
de la Ville de Paris
11, avenue du Président Wilson
75116 Paris
Tel. 01 53 67 40 00
Images provenant du catalogue

De Renoir à Szafran à la Fondation Gianadda

berthe-morizot-jeune-fille-au-chat.1305422382.jpg La Fondation Gianadda a choisi d’ offrir un plaisir rare : celui de découvrir une large sélection d’œuvres appartenant à un collectionneur privé. Par souci de discrétion, celui-ci tient à garder l’anonymat. Mais, soucieux de pédagogie et conscient de la mission éducative des musées et des expositions, il a toujours généreusement accepté de soutenir les manifestations organisées par Léonard Gianadda et il a souvent participé aux expositions organisées à Martigny. Exceptionnellement, et pour la première fois, il a accepté de partager plus largement encore ses trésors et de présenter sa collection au public, le temps d’une présentation qui durera six mois. Une sélection de cent vingt œuvres environ, peintures et dessins, a été faite, de façon à raconter l’évolution de la peinture depuis Jean-Baptiste Corot et Eugène Boudin, jusqu’à nos jours. Au cours de cette période, les avancées esthétiques se sont bousculées à un rythme tel qu’on ne peut la comparer qu’à la renaissance des arts dans la Florence du XVe siècle. Cette effervescence créative correspond parfaitement au goût de notre collectionneur. pissarro-les-moutons.1305422437.jpgIl est très sensible aux charmes de la couleur en général, qu’elle soit le fruit d’une observation attentive de la nature ou d’une spéculation artistique purement abstraite. Le visiteur verra ainsi la peinture se libérer progressivement de la représentation du réel et privilégier l’expression d’une vision individuelle, de plus en plus éloignée du motif qui l’a inspirée. L’impressionnisme et le post-impressionnisme ont joué un rôle fondamental dans cette évolution. Ils sont donc particulièrement présents dans ce panorama qui retrace une brève histoire de la peinture du pré-impressionnnisme à nos jours. Les chefs d’œuvre ne manquent pas dans cette collection : Julie au violon peint en 1893 par Berthe Morisot, ainsi que Julie au chat vert, ou encore un fusain d’Edgar Degas, Les Blanchisseuses (vers 1902). Pratiquement jamais vus, il y a, parmi tant d’autres, un remarquable Maurice Denis, Avril, les anémones (1891), à la provenance particulièrement prestigieuse ou l’éblouissant pastel de Sam Szafran, Imprimerie Bellini (1972). L’intérêt d’une collection particulière se définit par sa cohérence et son exhaustivité, mais aussi par les choix qu’elle reflète et qui relèvent des préférences d’un individu. Les axes qui ont été privilégiés ici sont clairs.img_5275.1305423783.jpg Si l’impressionnisme est évoqué par une sélection d’œuvres magistrales signées Monet, Renoir, Sisley ou Morisot, le néo-impressionnisme est quant à lui plus largement représenté encore. Parmi les tableaux, un ensemble remarquable d’œuvres peintes par Signac illustre la passion de notre collectionneur pour cet artiste épris de lumière et de couleur. Depuis les tout premiers tableaux « divisés » comme Les balises, Saint-Briac (1890) ou Saint-Tropez. Après l’orage (1895), jusqu’aux œuvres pré-fauves comme L’Arc-en-ciel. Venise (1905), c’est l’ensemble de l’œuvre de Signac qui est évoqué ici. Dans celle de Camille Pissarro, ce sont deux rares exemples de la période néo-impressionniste qui ont été choisis. Mon coup de cœur va immédiatement au « Troupeau de moutons » de Pissarro, avec un bel effet de poussière dans le soleil et « devant la Briqueterie à Eragny », où l’effet de soleil est filtré par les nuages. Quant à Maximilien Luce, il est lui aussi très présent avec une sélection particulièrement pertinente de toiles, comme Le Café (1892) ou l‘éblouissant Port de Saint-Tropez (1893) qui contraste avec la poésie abstraite de Londres, Canon Street (1893), un des nocturnes chers à l’artiste. Parmi les Nabis, remarquons les audaces chromatiques de la somptueuse Marine à Cannes peinte par Bonnard en 1931. Mais c’est Maurice Denis qui est privilégié. Il est en effet très présent, avec une série de tableaux de premier plan.signac-larc-en-ciel-a-venise.1305423173.jpg Citons les trois dernières versions du Mystère catholique (1889 et 1890) qui se trouvent encore en mains privées ou Ils virent des fées débarquer sur la plage (vers 1893). Il y a encore un très beau choix de paysages peints par Emile Othon Friesz au cours des années fauves comme Port d’Anvers (1906) ou Bord de mer, Cassis (1907). Car cette période artistique où la couleur est, plus que jamais, privilégiée se devait d’être bien représentée elle aussi. Citons notamment un séduisant Van Dongen, Thé au casino (Deauville) de 1920 , et une vigoureuse marine de Valtat, Les Rochers rouges (1906). La couleur a souvent déterminé le choix du collectionneur : c’est vrai aussi parmi les dessins où elle est loin d’être absente. Le noir et blanc est évidemment à l’honneur avec, notamment, une remarquable feuille au crayon Conté par Charles Angrand, Maternité. Un éblouissant ensemble d’aquarelles peintes par Signac, ou la série des gouaches de Raoul Dufy. Kees Van Dongen n’est pas oublié, avec une rare aquarelle fauve et un ensemble inédit de gouaches peintes en 1947 pour illustrer une édition d’A la recherche du temps perdu. Emil Nolde est là aussi, avec ses paysages quasi abstraits peints à l’aquarelle… Mais, toujours dans le domaine du dessin, la séduction des pastels retient tout particulièrement. Souvent de grands formats, ils sont signés Morisot, Odilon Redon, Denis ou Szafran qui est représenté ici par une impressionnante sélection.sam-szafran-limprimerie.1305422594.jpg Ces feuilles, souvent de très grand format, montrent que la magie colorée du pastel continue d’opérer de nos jours et de retenir les talents les plus affirmés et, plus particulièrment, celui de cet artiste original, cher à la Fondation Pierre Gianadda. Ils montrent aussi que l’art actuel n’est pas oublié dans cette collection. Car les grands noms de la peinture du XXe siècle sont nombreux dans cette présentation qui compte Amedeo Modigliani, Jules Pascin, Marc Chagall, André Masson, Man Ray ou encore Pablo Picasso. Sans oublier Josef Albers dont l’Hommage au carré apparaît ici comme un clin d’œil au point néo-impresionniste. Enfin, si la peinture française ou celle appartenant plus largement à l’Ecole de Paris sont à l’honneur dans cette présentation, l’Europe du Nord, évoquée jusqu’ici par Nolde uniquement, est loin d’être absente.odilon-redon.1305422678.jpg Car la collection compte encore un important ensemble d’œuvres – peintes, dessinées ou gravées – de Lyonel Feininger, représenté ici par un choix d’œuvres peintes et d’aquarelles.
Le commissariat de l’exposition est assuré par Mme Marina Ferretti-Bocquillon.
L’exposition est visible jusqu’au 13 juin.
Les photos – courtoisie de la Fondation Gianadda