Barcelone

 

 

pict0085_dxo5.1227542149.jpg Ville à l’architecture réjouissante, grouillante de monde, janvier période idéale de visites, climat clément, 17 ° de moyenne, la grosse foule des touristes n’est pas au rendez-vous. Barcelone est plaisante autant par la diversité de ses quartiers,ses plaças,  la rambla, ses marchés, ses « casas »

son palais de la musique catalane, avec sa coupole en forme de goutte d’eau, style Art Nouveau un véritable coup de coeur de ma part, l’incontournable  Sagrada Familia, le parc Güell, le Musée National des Beaux Arts de Catalogne dans le palais de Monjouic, (certaines toiles importantes sont absentes, parce qu’elles sont prêtées à d’autres musées, dont cette toile de Fragonard vue à l’exposition Fragonard Jean-Claude Richard, habillé ‘à l’espagnole’ , ainsi que certains Cranach et des Durer. C’est très souvent le cas dans les musées étrangers ou provinciaux, les pièces importantes sont en prêt. Puis la Fondation Miro, avec un clin d’oeil à Lunettes Rouges

Il est prudent d’avoir sa carte d’identité à jour sous peine d’être refoulé dès le départ… Si d’aventure vous prenez une photo, ou vous activez votre caméra, lorsque vous avez repéré un point de vue digne d’être immortalisé, assurez-vous que les arbres ou les oiseaux réels ou encore les plaisantins, du magnifique park Güell, ne vous préparent pas un jet verdâtre de leur composition, surtout si votre patronyme est E.T. comble de l’ironie…. Ne jurez pas non plus que les voleurs en seront pour leurs frais ….
Site sur Barcelone
Album photos sur Barcelone (trouvé sur le ne

http://www.art-et-voyage.com/blog/index.php?2008/01/18/592-barcelone#co

Anselm Kiefer au Louvre


Lunettes Rouges avec les « blogueurs réunis » sous mon objectif attentif

Anselm Kiefer a installé une peinture originale dans un escalier du Louvre. C’est la première fois, depuis Georges Braque en 1953, qu’un artiste contemporain crée une œuvre pérenne spécialement pour le musée. Toute l’œuvre, si contemporaine d’Anselm Kiefer dit la présence de l’Orient proche, des racines du monde judéo-chrétien, des mythes égyptiens et sumériens. C’est sur ce terrain que le Louvre a engagé cet automne le dialogue avec le peintre.
Découvrir Athanor, Hortus Conclusus et Danaé exige de se perdre au préalable dans les salles du département des Antiquités orientales entre Egypte, Mésopotamie et Iran. Puis, en haut de l’escalier nord, l’ensemble composé d’une toile et de deux sculptures se dévoile enfin, isolé de toutes autres œuvres. Le choc n’en est que plus saisissant, à la mesure du talent de Kiefer.
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Athanor, la toile rappelle « J’ai vu le pays du brouillard, j’ai mangé le coeur du brouillard » dédiée à Ingebord Bachmann, vu à Monumenta, même corps allongé, immobile, mais au crâne nu, livide, la tête plus basse que le corps, comme dans une position de méditation ou d’abandon total, le corps flottant, se détachant sur la terre ocre rouge, une ligne verticale jaillit du centre du corps rejoint une immense nébuleuse grise et blanche tel un vortex, à l’image des toiles de constellations; au centre une pluie d’or, un soleil, puis une ligne horizontale, une inscription juste en-dessous, divise la toile, au-dessus la nébuleuse blanche se partage, permettant d’imaginer une sorte de croix. Autoportrait de l’artiste ? Evocation de la mort ? Thème récurrent chez Kiefer qui nous renvoie à une réflexion sur nous-mêmes.

 

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A droite, Hortus Conclusus est un bouquet de douze tournesols dont les fleurs desséchées sont tournées vers le bas. Certaines ont la tige brisée. Elles ont poussé sur un sol de glaise, magmaesque, presque un tas de boue. Sa fascination pour la nature, l’architecture naturelle des plantes suscite une admiration presque enfantine chez l’artiste. Ses oeuvres proposent de reprendre contact avec la nature, les éléments naturels : l’argile, l’eau, le bois, les feuilles, mais aussi la cendre etc… Chacune de ces sculptures semble répondre à la toile placée au centre. L’impression morbide est très forte.

 

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A gauche, dans une niche, Danaé, empilement de livres de plomb au dessus desquels se dresse une immense tige de tournesol, ensemble monochrome gris clair parsemé de pépites de tournesol tombées sur les livres. On songe évidemment à la pluie d’or du tableau, mais aussi à la magnifique bibliothèque de plomb et de verre de Chute d’étoiles. La fascination d’Anselm Kiefer pour les livres est profondément ancrée dans sa pratique artistique. De son propre aveu, s’il n’avait été peintre, il aurait été écrivain. La littérature est pour lui un territoire inépuisable pour la création de ses oeuvres plastiques.

Le mythe, la subjectivité, la passion… grâce à l’apport de l’art conceptuel, mais avec des moyens essentiellement picturaux, Kiefer tente de déconstruire et de mettre à plat un sujet délicat et ambigu : le concept de germanité, profondément enraciné dans l’idéologie allemande et mis à mal après la Seconde Guerre mondiale, pour dégager une nouvelle identité, débarrassée d’une connotation excessivement idéaliste et inhumaine, purifiée de ses tabous et de ses refoulements, déculpabilisée. De plain-pied dans l’histoire mais se situant dans le présent, l’œuvre de Kiefer, est la pluspart du temps de dimensions monumentales.
    Dérangeante et complexe, l’œuvre de Kiefer, en ne privilégiant pas la forme par rapport au contenu, en s’interrogeant au contraire sur le rôle de l’art dans la société, et de la responsabilité de l’artiste, sans en nier l’aspect esthétique, a réhabilité une peinture « porteuse de sens ».

 

 

 

 

 

 

Anselm Kiefer au Louvre

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Douleur extase et volupté

ludovicina-albertoini-le-bernin.1295999079.jpgVoici ce qu’en dit le très sérieux Guide Bleu :

ce n’est pas très glamour : Eglise San Francesco a Ripa
Reconstruite au XVIIe s, occupe l’emplacement de l’hospice
S. Biagio où séjourna St François d’Assise.
De l’intérieur assez laid, on ne retiendra que (4° chapelle g)

la statue de la bienheureuse Louise Albertoni ** oeuvre du Bernin (1674), qui par sa composition scénique et son exécution d’une virtuosité éblouissante, est à rapprocher de la Ste Thérèse de S. Maria della Vittoria.

le pudique Gallimard :

La « bienheureuse Louise Albertoni », Comme à Santa Maria della Vittoria, le Bernin a ménagé à la Chapelle Altieri, divers effets lumineux. Ainsi une lumière indirecte tombe sur la statue, au drapé mouvementé, de la bienheureuse agonisante. Le corps repose sur un matelas de marbres polychromes ourlé de franges de bronze doré. Au-dessus, un tableau de Baciccio (la Vierge à l’enfant avec Ste Anne) révèle la vision de la bienheureuse.
Dans la 1° chapelle il y a une naissance de la Vierge du français Simon Vouet.
Et pour mon amie genvoise d’origine italienne …. :
les nombreux monuments funéraires font penser à cette chronique italienne rapportée par Stendhal :

 

A minuit, dans cette même église éclairée par un millier de cierges, une princesse romaine fit célébrer un office funèbre pour l’amant qu’elle allait faire assassiner…

 

Le Hachette :
Je vous la fais courte : Une oeuvre à elle seule, justifie la visite : l’éblouissante statue de la bienheureuse Ludovica Albertoni, du Bernin, dans la

chapelle Altieri (4° gauche) coup de chance c’est la même.

Et en fin lu sur un blog :
La bienheureuse Ludovica Albertoni, dont la statue immortalisée par Bernin en 1674 gît à Rome dans l’église San Francesco a Ripa, ne lasse de me séduire et de m’intriguer.
D’un côté, l’explication officielle mettra abondamment en valeur la vie exemplaire de cette femme qui consacra sa vie au secours des pauvres du Trastevere. Toujours selon l’hagiographie officielle, c’est alors qu’elle allait être terrassée par la fièvre qui devait l’emporter en 1533, que Ludovica trouva réconfort dans l’Eucharistie, en attendant impatiemment la mort pour s’unir au Christ.
Les convulsions du corps alangui de la sainte sont, toujours selon ces sources, les signes de l’extase qui la gagne au fur et à mesure que s’approche le moment de sa délivrance dans la mort. Ludovica se laisse emporter par la vague de plaisir qui submerge sa douleur. Quant à l’artiste, le Bernin, les critiques mettront sur le compte de l’âge (c’est sa dernière oeuvre), l’expression jugée excessive de pathos.
La bouche entrouverte, les yeux clos, plaquant le drapé au bas des côtes avec sa main gauche alors qu’elle se caresse le sein de sa destre, les genoux légèrement desserrés, tout dans sa posture n’est qu’abandon et jouissance. Et comment croire, sous le soleil de Rome, que les traits transfigurés de la sainte désignent l’extase mystique qui illumine, et non pas, plus trivialement, le plaisir qui inonde ? Equivoque sublime où le Très-Haut scelle une alliance inattendue avec sa créature, où le plaisir devient trait d’union entre l’esprit qui reçoit et le corps qui se donne… à moins que ce ne soit l’Esprit qui se donne et le corps qui reçoit.
Pour ceux qui aimeraient fréquenter d’autres figures de l’ambiguïté :
1. L’extase de Sainte Thérèse d’Avila, à la chapelle Cornaro, Sainte-Marie de la Victoire, Rome, 1645 (photo ci-dessous). Pour une interpréation sensible et sensuelle, je vous renvoie au très beau texte de Katrine Alexandre — alias Mademoiselle K — initulé « Jouissance et Sainteré » et paru dans la « Vénus Littéraire
« .

photos de l’auteur sauf la 2°

Commentaires

1. Le 08 mars 2008 à 12h, par Jean-Marc

Merci Elisabeth pour la référence que vous faites au billet « Douleur et volupté » posté sur mon blog au sujet de l’agonie de la bienheureuse Ludovica Albertoni.J’en profite pour ajouter deux précisions. La première, c’est que le lien que vous indiquez sur votre billet est erroné. Il va bien pointer sur mon blog. Il va bien sur une statue du Bernin, mais par sur la douce Ludovica ; il cible sur le Rapt de Proserpine, autre oeuvre d’une confondante sensualité. A toutes fins utiles, il vous suffit de cliquer sur mon nom au dessus (ou au dessous) du présent commentaire pour accéder directement à l’article de référence.

L’autre commentaire fait lui place à un étonnement. Contrairement à ce qu’évoque le « pudique Gallimard », la statue de la Bienheureuse Ludovica Albertoni n’est pas à la Madonna dell’Orto ; elle est à San Francesco a Ripa, comme l’indique très justement le Guide Bleu. Ces deux églises sont certes toutes deux à Trastevere. Mieux : pas plus de 150 mètres ne les éloignent l’une de l’autre. Mais voilà quand même une erreur bien surprenante.

Bien à vous

Jean-Marc

2. Le 08 mars 2008 à 16h, par DominiqueL

Rfce du guide « Rome: où trouver ..Le Bernin… » Ed ScalaPour Ste Thérèse à la Chapelle Cornaro (Ste Marie de la Victoire):
« …L’extase mystique…, décrite par la réformatrice carmélite dans ses écrits, est interprétée au pied de la lettre par l’artiste, qui accentue le trouble de l’esprit et des sens. »
D’un point de vue spatial, Ste Thérèse est placée tête à droite.

Pour Ludovica Albertoni ( San Francisco A Ripa)
« La mystique des sens du Bernin est fort bien exprimée dans cette célèbre statue gisante…représentant la mort de la sainte en un abandon quasi érotique. »
D’un point de vue spatial, Ste Ludovica est cette fois-ci placée tête à gauche.

Les explications ont le privilège d’être claires…
Dans un vocabulaire quasi-médical, le moment de la jouissance est appelé « la petite mort ». Voilà une façon de retomber sur ses pieds…

Dernier détail: pour la statue de Ste Cécile,il est vrai que l’on se trouve loin de la statue de Ste Cécile de Maderno, à l’église Ste Cécile in Trastvere, où cette dernière est placée face contre terre( position inspirée de la position dans laquelle elle fut retrouvée à l’ouverture de son tombeau).

Quand la petite histoire rejoint la grande histoire…

DominiqueL.

3. Le 08 mars 2008 à 18h, par Louvre-passion

La composition de la statue de la bienheureuse Louise Albertoni est effectivement équivoque et peut aussi s’interpréter comme une manifestation de volupté. L’expression du visage, la main sur le sein…
Le Bernin a t’il laissé un sous entendu ?

4. Le 08 mars 2008 à 22h, par elisabeth

« Beata Ludovica Albertoni » est ainsi située dans la bonne église, de Francesco A Ripa, grâce à Jean-Marc que je remercie.
Bernin devait être un coquin, il a fait preuve de virtuosité et d’intelligence. Il faut toujours se situer dans le contexte de l’époque, les papes avaient des neveux sinon des enfants illégitimes, peut-être que quelqu’un en sait plus sur une ressemblance, entre cette « beata Ludovica » et une dame de la société romaine, ou peut-être les traits les plus beaux de certaines dames ont été retenus par Bernin, en esthète qu’il devait être, si l’on considère ses autres chefs d’oeuvre.
Merci à Dominique pour ses recherches (spatiales…) je reviendrai en privé avec toi sur Ste Cécile !
En tous cas, j’ai hâte d’y être et de contempler tous ces chefs d’oeuvre

Carla = Cécilia ?

la-dame-a-la-licorne-leonard-de-vinci.1233587324.jpg Ne trouvez-vous pas que la nouvelle épouse du président des français, Carla Bruni ressemble quelque peu au portrait de La Dame à l’hermine (Cecilia Gallerani), huile sur bois, 1488-1490. Musée de Cracovie, Pologne, peint par Léonard de Vinci ?La toile représente Cecilia Gallerani, la maîtresse de Ludovic Sforza, duc de Milan, qui fut d’abord son tuteur et le protecteur de Léonard. La peinture est l’un des quatre portraits de femme peints par Léonard de Vinci, les trois autres étant le portrait de Mona Lisa, celui de Ginevra de Benci et celui de la Belle Ferronière . En dépit de nombreux dommages, elle est néanmoins en meilleur état que plusieurs autres peintures de De Vinci.
Léonard a rencontré Cecilia Gallerani à Milan en 1484, lors de l’épidémie de peste, alors que tous deux habitaient au Castello Sforzesco, le palais de Ludovic Sforza, le More. Jeune et belle, âgée de seulement 17 ans, Cecilia était la maîtresse du duc.
La légende veut que dans la Vierge aux rochers, Léonard a peint l’ange à l’image du visage de Cecilia, alors qu’elle était une inconnue pour lui. Il ne l’aurait rencontrée qu’après.
Plusieurs interprétations iconographiques de l’hermine que tient la jeune femme ont été proposées. On y a vu le symbole de la pureté ou encore l’emblème du More, qui était « l’ermellino », une petite hermine. Ce pourrait être également un calembour sur son nom de famille, Gallerani, l’hermine en grec se disant galay. Ou encore un élément de la mode de l’époque, la jeune femme étant représentée avec un seul collier, alors que son protecteur et commanditaire de la toile la couvrait de bijoux. À proprement parler, l’animal du tableau semble ne pas être une hermine mais plutôt un furet blanc.
La peinture a été acquise par Adam Jerzy Czartoryski, le fils d’Izabela Czartoryska et d’Adam Kazimierz Czartoryski en Italie en 1798 et intégrée dans les collections de la famille Czartoryski en 1800. L’inscription dans le coin haut gauche de la peinture,
« La Bele Ferioniere.Leonard d’AWinci. », a été probablement ajoutée par un restaurateur peu de temps après son arrivée en Pologne. Léonard, comme c’était l’usage à cette époque ne signait pas ses toiles. Les artistes s’incluaient dans leurs tableaux, dans la représentation d’un personnage, en général caché parmis d’autres, mais très souvent, regardant le spectateur. En 1939 elle a été saisie par les nazis et envoyée au musée Kaiser Friedrich à Berlin. En 1940 Hans Frank, gouverneur général de la Pologne, a demandé qu’elle soit restituée à la ville de Cracovie et il l’accrocha, par la suite, dans ses bureaux. À la fin de la seconde Guerre mondiale, elle a été découverte par les troupes alliées dans la maison de Frank en Bavière. Elle est revenue en Pologne et est actuellement exposée au musée Czartoryski à Cracovie.
Le film polonais Vinci (2004) a pour sujet un vol du tableau.

Léonard De Vinci, La Dame à l’Hermine

Ce n’est pas l’histoire d’une toile mystérieuse mais plutôt celle d’un secret de fabrication. En 2014, le laboratoire parisien Lumieres Technology révèle que La dame à l’hermine de De Vinci a donné beaucoup de mal à l’artiste, qui à dû s’y reprendre à trois fois avant d’arriver au résultat que l’on connait. A l’origine, le portrait se passait de cette hermine mystérieuse, symbole politique, ajoutée puis retravaillée, obligeant le peintre à modifier la position du bras de son personnage ainsi que d’autres détails plus discrets.
Dama_1

 

Grünewald le Rhénan

Derniers jours à voir absolument
grunewald.1247848706.jpgdu 8/12/2007 au 2/3/08 à Colmar et à Karlsruhe Étrange lacune : bien qu’il figure parmi les chefs-d’oeuvre de la Renaissance, aucune exposition n’avait encore été consacrée au retable d’Issenheim. Ni même, en France, à son auteur. Comment Mathis Gothard Nithard, peintre franconien, actif dans le diocèse de Mayence, que la postérité retiendra sous le nom de Matthias Grünewald (1475/80-1528), a-t-il peint cette oeuvre hallucinante d’expressivité et de force pour les Antonins d’Issenheim ? Dans quels contextes artistique, religieux et social, une telle commande s’inscrit-elle ?
Ce sont des éléments de réponse qu’apportent le musée Unterlinden de Colmar et la Staatliche Kunsthalle de Karlsruhe. Le premier dispose du chef-d’oeuvre absolu de l’artiste, la seconde de quatre tableaux et un dessin – pour un catalogue raisonné limité à 25 panneaux peints, tous d’inspiration religieuse, et 37 dessins. Il convient d’emblée de lever une équivoque : il ne s’agit en rien d’une rétrospective Grünewald, quoique plusieurs originaux aient été rassemblés – la Kunsthalle réunit 9 peintures et 6 dessins, Colmar ajoute 14 dessins à son retable. Mais pour qui ira de Karlsruhe à Colmar, de Colmar à Karlsruhe, les contours de l’artiste apparaîtront plus précisément. La Kunsthalle s’attache à restituer l’esprit de ce début du XVIe siècle riche d’une nouvelle vision naturaliste de l’art – celle des Dürer, Holbein, Cranach, Altdorfer… -, tandis qu’Unterlinden se concentre sur son retable avec 50 dessins et sculptures.
Concernant ce dernier, Pantxika De Paepe, conservateur en chef d’Unterlinden, et Philippe Lorentz, historien d’art médiéval, commissaires de l’expo colmarienne, bousculent les idées reçues. A commencer par celle de la réalisation non-simultanée des peintures de Grünewald et des sculptures de Nicolas de Haguenau. Il était jusqu’alors admis que le sculpteur strasbourgeois avait travaillé en 1490, soit 20 ans avant que le peintre n’exécute ses panneaux.grunewald-colmar-karlsruhe.1247848848.jpg

« Aucune preuve convaincante n’était avancée. De telles commandes étaient toujours conçues dans leur globalité, en totale interdépendance entre sculpture et peinture », indique Pantxika De Paepe. Qui ne croit pas non plus à la version d’un Grünewald peignant à Issenheim, le regard hanté par les souffrances des malades frappés du terrible mal des ardents dont se nourrirait sa représentation du Christ en croix.
Très romantique, certes, mais il semble plus probable que Grünewald, travaillant de concert avec Nicolas de Haguenau, ait été accueilli dans l’atelier de ce dernier. Les panneaux du retable sont d’ailleurs en tilleul, très prisé des sculpteurs, quand les peintres privilégiaient l’épicéa. Grünewald se serait simplement servi auprès du sculpteur. Le retable serait donc né à Strasbourg avant d’être acheminé à Issenheim.
Avec 160 oeuvres, la Kunsthalle offre le plateau le plus conséquent, et souligne l’exceptionnelle dramaturgie du corps souffrant propre à Grünewald – Cranach ou Dürer, à côté, semblent fades. « C’est lui qui va le plus loin », observe Pantxika De Paepe. Moins tonitruante, l’exposition colmarienne se révèle émouvante : les dessins préparatoires nous font entrer dans le processus de création du peintre.
« On quitte Grünewald à jamais halluciné », écrivait Huysmans. Il n’y a là, depuis, rien à ajouter.
Serge Hartmann les DNA Un magnifique catalogue intitulé « Regards sur un chef-d’oeuvre » rédigé par Pantxika De Paepe et Philippe Lorentz a été créé pour l’occasion, j’ai eu le plaisir d’avoir une dédicace très personnelle de la part de l’auteur. curieusement c’est Lucifer l’ange déchu
qui a été choisi pour la 1e de couv,
cela change des madones de la renaissance
quoique celle de Grünewald soient belles

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Commentaires1. Le 10 décembre 2007 à , par lobitahallucinante d’expressivité et de force…
ce sont des paroles qui conviennent parfaitement à l’oeuvre de ton artiste..

.2. Le 11 décembre 2007 à , par elisabeth« Pantxika De Paepe. Qui ne croit pas non plus à la version d’un Grünewald peignant à Issenheim »
Pourtant j’ai vu de mes yeux dans l’ancien couvent des Antonins, l’endroit même, où Grünewald aurait peint le retable, c’est suffisament haut de plafond, pour que l’on puisse y croire

.3. Le 24 février 2008 à , par elisabethwww.latribunedelart.com/E…
 

Courbet c'est du c*l ?

courbet-jo.1297938127.jpg Courbet c’est du c.l ?

Voilà la conversation que tenaient mes voisins de table, dans un bistrot des Champs Elysées,
Le premier :
– J’ai vu Courbet avec ma copine
L’autre ;
– Et tu as aimé ?
– non pas trop
– pourtant c’est du cul non ?

Courbet ce sont de superbes nus en effet, grandioses,

 

courbert-la-femme-a-la-vague.1297937298.jpg

la femme à la vague, la femme au perroquet, la bacchanale, les 2 amies, tout le monde connaît l’origine du monde, et ses tribulations, on a pu voir les 2 toiles qui servaient de cache à Khalil Bey et à Jacques Lacan. Mais pas seulement, il se frotte aux scènes de genre, à la nature morte, au portrait, à toutes les catégories académiques pour mieux les transgresser. Son « Enterrement » relève autant du portrait de groupe que de la scène d’histoire, on pense à David. Son « Atelier » allie l’allégorie et le manifeste. Ce qui est absolument formidable c’est que l’on peut observer ces 2 immenses toiles à loisir, alors qu’à Orsay il faut tendre le cou de façon démesurée.
On est saisi par la véracité de sa peinture devant les courbert-les-vagues.1297937471.jpg

« Vagues » par le choix des matières. Ces paysages de la Loue, pour qui connait la région, sont si authentiques, presque abstraits, se rapprochant quelque peu des toiles d’Anselm Kiefer, ayant parcouru longuement cette région, j’en étais émue. courbet-ornans.1297937711.jpgElles évoquent par leur facture l’Origine du Monde

La belle irlandaise, Jo aurait pu poser pour l’origine du monde,

avec sa chevelure flamboyante, rappelant les belles rousses de JJ Henner, allégorie de la vanité avec son miroir, emblème du doute de soi ? Il ne s’est jamais désaisi d’une des versions de ce portrait.
Je me souviens d’une exposition au musée Courbet à Ornans
« les Nus et les Nues« ,  (actuellement au Petit Palais) je m’amusais à jouer les voyeuses, en épiant la réaction du public, car certaines toiles jugées choquantes étaient cachées derrière un rideau, belle mise en scène, certains s’attardaient, d’autres passaient rapidement leur chemin, d’autres revenaient sur leur pas…

courbet-lhomme-blesse.1297938013.jpgOn apprend que « l’homme blessé », un nu féminin à l’origine, puis un homme enlaçant sa compagne, mais lorsque celle-ci l’a abandonné, a été transformé en homme solitaire, Courbet recouvrant l’infidèle avec un pan de manteau et une dague. Il a gardé cette toile toute sa vie.
Ses paysages de chasse sont d’une grande beauté.

 

L’hallali du cerf, véritable scène de bataille, est le dernier tableau peint par Courbet. courbet-lhallali.1297938297.jpg

La truite renvoie à une autre toile de Soutine , peinte pendant son exil, mais aussi une allégorie de la destinée de l’artiste.courbet-la-truite.1297938417.jpg
Les autoportraits digne de Rembrandt. L’autoportrait, servant d’affiche à l’exposition montre l’état d’esprit de l’homme, angoissé, par son présent, son avenir d’artiste et d’homme, loin de la jov
ialité légendaire de Courbet

 

 

 

courbert-autoportrait.1297938740.jpg

 

 

 

Le 05 janvier 2008 à 11h, par Alain

C’est une très belle présentation de l’expo. Cela me met en appétit avant d’y aller bientôt. Pas de temps à perdre car cela se termine le 28 janvier.
Courbet était souvent mal perçu à son époque, et même encore aujourd’hui. Etait-ce dû à son fort caractère ou à des toiles très osées ? Certainement les deux. C’était un provocateur.
Il reste un de nos plus grands peintres français.

2. Le 05 janvier 2008 à 13h, par elisabeth

Merci pour votre commentaire.
En effet il était provocateur, mais profondément artiste avant tout. Si l’on approfondit un peu, on peut émettre des doutes sur sa participation à la destruction de la colonne Vendome. Il a servi de bouc émissaire, payant le prix fort pour son caractère entier, sans fard, orgueilleux, inconscient aussi de l’ampleur choquante pour l’époque de ses innovations.

3. Le 05 janvier 2008 à 18h, par espace-holbein

Salut Elisabeth,
je m’aperçois que tu as parlé du grand Courbet, ce que je viens de faire aujourd’hui, moi aussi…
Malheureusement cette magnifique expo se termine. Dommage.
Bonne année à toi et à ton site !

4. Le 05 janvier 2008 à 19h, par Malou

Quelle présentation ! On sent ton enthousiasme . Merci pour ce texte enflammé .

5. Le 05 janvier 2008 à 22h, par espace-holbein

Comme tout cela débute avec des mots…grossiers… ;-)

6. Le 08 janvier 2008 à 15h, par Stak

Je ne serais pas aussi enthousiaste que vous à propos de Courbet, à part quelques chefs d’oeuvres indétronables (quelques autoportraits, et portraits des gens de la rue à ses débuts, et quelques nus) une grande part de son oeuvre est médiocre (scènes de forêt, scènes de chasses à la limite du ridicule) surtout lorsque l’on regarde le vrai génie antérieur : David ou Rembrandt.
Il était aussi un arriviste forcené, état qui se vérifie dans son oeuvre. Au départ (à mon avis sa meilleure période), il représente les gens et lui même avec une certaine intensité, un dandy quelque peu enragé, puis venant la notorieté, le confort s’installe et ses toiles en pâtissent terriblement selon moi.
Génie non, grand peintre peut être.

Soutine peintre maudit ?

soutine.1297939391.jpgN’y a t’il pas du Bacon dans son Grotesque ?

Certes sa date de naissance n’est pas précise, ni le contexte familial, dans lequel il évolue, tantôt parents indignes, tantôt petits bourgeois complaisants et ravis de la vocation artistique de leur fils. Toujours est-il qu’en 1908/10, il tourne délibérément le dos au shettel et à ses origines juives. Sa peinture expressive est saisissante, éblouissante de couleurs. Son amitié houleuse avec Modigliani lui permet de rencontrer Zborowski, qui lui propose un salaire.
Installé à Ceret dans les Pyrénées, sa santé et son humeur s’assombrissent. Ses paysages sont tourmentées à l’image de son psychisme. Puis grâce à sa rencontre avec Barnes sa vie est transformée.
Il est dit aussi que c’est grâce à sa découverte de Soutine que la renommée internationale de Barnes est assurée. Soutine peut alors oublier ses années d’infortune, il est devenu un peintre recherché. Paradoxalement il est saisi d’une fièvre autodestructrice, déchire un grand nombre de ses toiles. Après la mort de Zborowski il passe son temps près de Chartres, dans un climat paisible propice au travail. Il y peint la « truite et la sieste » inspirées de Courbet.soutine.1297945677.jpg Il peint force poulets, lapins, rouges bleus, des faisans, des paysages de tempête, des portraits d’enfants, des enfants de cœur, des natures mortes au violon, l’arbre de Vence. On connaît son bœuf inspiré de Rembrandt, mais aussi un carcasse d’agneau cadrée juste dans les côtes du haut, éblouissante de rouge, couleur de passion.
Je vous cite le texte suivant qui vous en parlera beaucoup mieux que moi :

 

Elie Faure dans « Ombres Solides », écrit en 1929, célèbre Soutine comme un peintre de « l’esprit (…) un peintre pur ».

Voici un montage video, d’une toute petite partie du texte, très riche, qui je le souhaite, vous donnera l’envie de pendre un billet pour un voyage en Elie Faure avec Chaïm Soutine et la Pinacothèque de Paris, mais aussi présenté au Kunstmuseum de Bâle à partir du 16 mars 2008. Je suis curieuse (à l’avance) de voir la présentation du Kunst, car celle de la pinacothèque est absolument parfaite à mes yeux, les toiles se révèlent et se dégustent sans hâte, dans l’intimité de leur présentation. Ici point de foule péremptoire.

Voyage_en_elie_faure
envoyé par belopolie

"J'embrasse pas"

 
La riposte des artistes au baiser de Sam Rindy
A Avignon, l’exposition « J’embrasse pas » décline tous les registres du baiser et dénonce le vandalisme

Yvon Lambert

Yvon Lambert, marchand d’art, devant les « lèvres » de l’artiste Bertrand Lavier, symbole de l’exposition. © CYRIL HIELY
Dès l’entrée, les lèvres géantes de Mae West réinterprétées « à la Dali » par Bertrand Lavier, vous accueillent. L’exposition s’intitule « J’embrasse pas ». Elle est née dans l’émotion, après l’affaire du baiser au rouge à lèvres apposé le 19 juillet par une jeune martégale comme un « acte d’amour » sur une toile blanche de Cy Twombly.
« Nous avons vécu cela comme un viol », explique Eric Mézil, directeur de la collection Lambert. « Puis, nous avons vu des artistes du monde entier se manifester ». L’exposition dévoile cette riposte des artistes. « J’embrasse pas, c’est l’avertissement qu’il faudra peut-être, un jour, afficher à l’entrée des musées, comme je casse pas, je vole pas », poursuit E. Mézil.
Un baiser sur un crâne, inquiétante vanité de Douglas Gordon. Des photos qui débusquent la nature tantôt sensuelle ou violente d’une bouche, l’ambiguïté dangereuse d’un baiser. Sur une toile géante d’Anselm Kiefer, une Kalachnikov vise la palette du peintre. L’évocation de la mise en danger des oeuvres et de leur surveillance se prolonge avec les silhouettes policières grandeur nature de Xavier Veilhan, ou le coeur en matraques de Kendell Geers.
Puis l’exposition conduit le visiteur vers le blanc et le monochrome, répondant par l’exemple à la question « Une toile blanche peut-elle être une oeuvre d’art? ». Un triptyque blanc de Rynan, souillé puis restauré il y a une dizaine d’années, laisse apparaître une trace qui ressort avec les années. Face à lui devait être exposé le triptyque de Cy Twombly, estimé à 2 millions de dollars. Il n’y est pas.
« On n’arrive pas à le restaurer, l’oeuvre est fichue », se désole E. Mézil.
En guise de conclusion, des oeuvres subtiles sur la mémoire de la trace, et un minuscle « oreiller pour la mort », sorte de requiem pour une oeuvre d’art.
Collection Lambert à Avignon. Du 28 octobre au 15 janvier. Rens : 04 90 16 56 20.
Carina Istre La Provence
Si ça ce n’est pas de l’opportunité !!!

Rindy Sam "accepte la sentence"

Avocate

 
AVIGNON (AFP) — Entre « geste d’amour » et vandalisme, la justice a tranché vendredi en condamnant Rindy Sam, connue depuis l’été pour avoir laissé la trace de son rouge à lèvres sur une toile immaculée du peintre américain Cy Twombly exposée à Avignon.
La jeune femme, âgée de 31 ans et de nationalité cambodgienne, a écopé d’une peine de 100 heures de travaux d’intérêt général alors que le représentant du parquet avait requis une amende de 4.500 euros et un stage de citoyenneté.
Le tribunal correctionnel d’Avignon a par ailleurs condamné la prévenue à indemniser les parties civiles, à hauteur de 1.000 euros pour le propriétaire de l’oeuvre et 500 euros pour la Collection Lambert qui l’exposait.
Elle devra également payer un euro symbolique à Cy Twombly, artiste de renommée internationale, qui s’était dit « horrifié » par le baiser laissé en juillet sur une de ses oeuvres exposées à Avignon par la Collection Lambert.
L’affaire n’est cependant pas encore terminée, les magistrats ayant renvoyé au 28 février leur décision sur les frais de restauration, pour lesquels la Collection réclame 33.440 euros.
« Consciente d’avoir dégradé le bien d’autrui », Rindy Sam, qui peint elle-même, « accepte la sentence ».
Pour autant, elle dit ne pas regretter son geste qu’elle décrit comme un « acte d’amour et artistique ».
Une attitude que l’avocate des parties civiles, Me Agnès Tricoire, interrogée par l’AFP, a jugé « choquante ». Pour la Collection Lambert, le jugement oppose d’ailleurs un « démenti cinglant » au « prétendu geste d’amour » de la jeune femme.
« Un baiser est un acte merveilleux; un coup de marteau est un acte violent », a estimé pour sa part Pierre Pinoncelli, spécialiste des « happenings » artistiques, connu pour ses coups de marteau sur des urinoirs de Marcel Duchamp. Habitant Saint-Rémy de Provence (Vaucluse), il dit avoir assisté au procès « en curieux ».
Pinoncelli

 
L’affaire du « bisou » a fait l’objet depuis l’été d’une importante médiatisation, amplifiée début octobre, lors du procès, par la dégradation d’un tableau de Claude Monet au musée d’Orsay .
Les deux parties se sont mutuellement reproché vendredi d’avoir orchestré cette médiatisation afin d’en tirer parti.
La Collection Lambert a ainsi dénoncé dans un communiqué
« la notoriété gagnée par la vandale au détriment de Cy Twombly, et l’élan de sympathie médiatique qu’elle a suscité en surfant sur une vague fort désagréable: celle du mépris de l’art contemporain »
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La défense accuse au contraire la Collection de profiter de l’affaire via l’organisation d’une nouvelle exposition intitulée « J’embrasse pas » et présentée par Eric Mésil, directeur de la Collection Lambert, comme une « démarche didactique et pédagogique » pour comprendre ce qu’est le vandalisme.
Mais pour Me Jean-Michel Ambrosino, l’avocat de Rindy Sam, « la Collection surfe sur la vague médiatique »; la faiblesse des dommages-intérêts par rapport aux montants réclamés montre que « le magistrat l’a bien pris en compte ».
Le conseil considère d’ailleurs beaucoup trop élevé le montant des frais de restauration demandé par la Collection et regrette que le tribunal n’ait pas désigné d’expert judiciaire indépendant.
Selon lui, le montant réclamé pour la restauration se base sur un devis établi par la restauratrice exclusive de la Collection Lambert, et « il n’y a là aucune objectivité ».
Dans l’immédiat, Rindy Sam, qui élève deux enfants avec son RMI dans un logement HLM de Martigues (Bouches-du-Rhône), est prête à payer ce qu’on lui réclame.
« Je vais vendre des nems pour payer les amendes, au lieu d’acheter de la peinture », a-t-elle dit.
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