Robert Doisneau – Alsace, été 1945

Plus de 150 photographies qui dormaient dans l’atelier de Montrouge où résidait Robert Doisneau sont présentés dans notre région, soit à Strasbourg dans la salle d’exposition de la Maison de la Région, soit à Mulhouse, dans la Galerie de la Filature.
 Elles sont présentées jusqu’au 11 janvier 2009.
   Francine Deroudille et Anette Doisneau, filles de l’artiste, ont montré les archives mystérieuses qui dormaient depuis plus de 50 ans à l’atelier de leur père. Une cinquante de planches de contact accompagnées de petites feuilles de légendes, rangées dans un classeur métallique, environ 200 tirages vintages classés dans une boîte d’archives, un commentaire noté sur un petit carnet : commande de Braun en 1945, sans suite.
 doisneau-voyage-en-alsace.1228004060.jpgVladimir Vazak, grand reporter sur Arte, président du club de presse de Strasbourg , contacté par les deux oeurs, après avoir pris connaissance de ce trésor (sans suite), a raconté l’Alsace aux deux soeurs au lendemain de la guerre, les blessures, les secrets, les cicatrices encore aujourd’hui sensibles. La suite superbe s’est concrétisée par un ouvrage dont les auteurs sont Vladimir Vazak et Anka Wessang : Robert Doisneau – Alsace, été 1945, édité chez Flammarion.
On découvre un artiste à la palette d’écriture tout à fait étonnante, qui montre une réelle sensibilité aux paysages, à l’architecture, une attention particulière aux enfants, femmes, hommes croisés au cours de son périple alsacien. Robert Doisneau traverse les villages, attentif aux scènes de la vie quotidienne, réalisant des photos remarquables, avec des clair-obscur digne d’un Caravage, des ombres portées, des clins d’oeil, un tendresse portée à ses inconnus modèles d’un instant. Je n’avais jamais vraiment regardé ses photos, les amoureux de l’hôtel de ville, me paraissaient trop cliché, mais là je suis conquise, quel regard ! quel oeil !francine-doisneau-photo.1228681441.jpg                                                        
J’ai choisi quelques photos, à l’attention de ma famille et de certains amis d’enfance. Les p Continuer la lecture de « Robert Doisneau – Alsace, été 1945 »

Noir c'est Noir

« Le noir est le refuge de la couleur ».
Gaston Bachelard
 pict0020.1227653733.JPG
clic sur l'image pour l'agrandir
pour Marie-Jo et les autres ...

Bien avant d’être une couleur à la mode, le noir avait très mauvaise réputation. C’était la couleur de la mort et du deuil, celles de Satan et des sorcières, la couleur du pavillon des pirates et du drapeau des anarchistes, de l’uniforme des fascistes et des S.S, ou du blouson des jeunes rockers des années 1960. Pour les savants comme Newton qui, en décomposant la lumière avait trouvé toutes les couleurs de l’arc-en-ciel mais pas de noir, ou pour un peintre, comme Léonard de Vinci, le noir n’était même pas une couleur. Il n’était que le néant, les ténèbres à partir desquelles, selon la Bible, Dieu avait créé la lumière.
Michel Pastoureau sur France Inter

En janvier 1979, Pierre Soulages en travaillant sur un tableau ajoute, retire du noir pendant des heures. Ne sachant plus quoi faire, il quitte l’atelier, désemparé. Lorsqu’il y revient deux heures plus tard : « Le noir avait tout envahi, à tel point que c’était comme s’il n’existait plus « . Cette expérience marque un tournant dans son travail. La même année, il expose au Centre Georges Pompidou ses premières peintures monopigmentaires, fondées sur la réflexion de la lumière sur les états de surface du noir, appelé plus tard « outre-noir ».
 Quand j’ai commencé à peindre, j’avais 5 ans, j’aimais ça. Et ce qui surprenait les gens, c’est que je préférais, quand on me donnait des couleurs, tremper mon pinceau dans l’encrier… parce que j’aimais cette couleur, j’aimais le noir. » (Entretien avec Christophe Donner, Op. cit., 2007, p. 48)

  • « J’aime l’autorité du noir. C’est une couleur qui ne transige pas. Une couleur violente mais qui incite pourtant à l’intériorisation. A la fois couleur et non-couleur. Quand la lumière s’y reflète, il la transforme, la transmute. Il ouvre un champ mental qui lui est propre. » (cité par Françoise Jaunin, art. cit.)
  • « Après tout un arbre noir en hiver c’est une sorte de sculpture abstraite. Ce qui m’intéressait était le tracé des branches, leur mouvement dans l’espace…»
  • « Je veux que celui qui regarde le tableau soit avec lui, pas avec moi. Je veux qu’il voie ce qu’il y a sur la toile. Rien d’autre. Le noir est formidable pour ça, il reflète. Les mouvements qui comptent ce sont ceux de celui qui regarde. » (Entretien avec Christophe Donner, Op. cit., 2007, p. 52)

En 2007, le Musée Fabre de Montpellier lui consacre une salle pour présenter la donation faite par le peintre à la ville. Cette donation comprend 20 tableaux de 1951 à 2006 parmi lesquelles des œuvres majeures des années 1960, deux grands outre-noir des années 1970 et plusieurs grands polyptiques.

photo de l’auteur

La Harpe romantique

Par Hélène musicologue
 La harpe romantique
marielle-nodrmann.1227463008.jpgLe concert de ce week-end à la Filature de Mulhouse a permis d’entendre un concerto pour harpe, instrument qui a joué un rôle essentiel dans l’univers musical, mais aussi littéraire, mythologique et poétique et ce, depuis fort longtemps et dans les civilisations diverses (l’Egypte, Les pays bouddhistes et l’Europe).C’est vers 1800 que le célèbre facteur de pianos, Sébastien Érard, originaire de Strasbourg invente la harpe à pédales doubles et le fameux mouvement à fourchettes qui va permettre à la harpe diatonique, appelée aussi harpe de concert ou harpe d’orchestre, de rivaliser à nouveau avec les autres instruments chromatiques. Mais au 19è siècle, le style romantique requérant plus de ressources mélodiques et harmoniques le compositeur et facteur d’instruments Ignace Pleyel fonde en 1807 une entreprise de facture et son gendre Gustave Lyon en 1894 fit breveter une harpe chromatique sans pédales. Deux rangées de cordes correspondent aux touches blanches et noires du piano et se croisent au milieu. Cette harpe eut un certain succès en France et en Suisse et faillit supplanter la harpe à pédales. Des compositeurs comme Debussy commencèrent à écrire pour la harpe chromatique mais ce type de harpe ne se répandit pas. Elle disparut vers les années 30.
La harpe chromatique
Inventée en 1894 par Gustave Lyon, directeur de la firme Pleyel, pour concurrencer la harpe diatonique à pédales, elle permet l’exécution de tous les traits chromatiques avec une grande vitesse, mais contrairement à la harpe diatonique, elle ne permet pas les glissandi dans tous les modes et tonalités.Pour montrer les possibilités de l’instrument, la firme Pleyel commanda en 1904 une œuvre à Claude Debussy qui composa les Danses sacrée et profane pour harpe chromatique et orchestre à cordes. En riposte et afin de promouvoir les possibilités de la harpe diatonique, la firme Érard passa commande en 1905 d’une œuvre à Maurice Ravel qui composa l’Introduction et Allegro pour harpe avec accompagnement d’un quatuor à cordes, d’une flûte et d’une clarinette. Le compositeur Elias Parish-Alvars (1803-1848) est un célèbre harpiste et compositeur anglais. Son père, organiste lui apprit la musique puis, il apprit la harpe d’abord à Londres avec François Dizi et ensuite avec Nicholas Bochsa à Paris où une classe de harpe avait été crée au conservatoire en 1825. Il fut sans doute le plus grand virtuose de son temps et on le compara souvent à Paganini ou à Franz Liszt, à qui l’avait d’ailleurs comparé Hector Berlioz qui avait eu l’occasion de l’entendre à Vienne. Figure essentielle de l’histoire de la harpe, ses compositions sont ignorées aujourd’hui vraisemblablement en raison de leurs extrêmes difficultés techniques. En 1847, Parish Alvars est nommé Virtuose de la Chambre Impériale à Vienne, mais atteint de tuberculose, il devait y mourir deux ans plus tard. Son œuvre compte une centaine d’opus, dont: -quatre concertos pour harpe et orchestre, -un concerto pour deux harpes et orchestre -un recueil de pièces pour harpe seule intitulé « Voyage d’un artiste en Orient ». Ce recueil est basé à partir d’oeuvres populaires. Contemporain de l’essor de la harpe à double mouvement, il en révolutionna la technique en favorisant dans son jeu les sons étouffés, les gammes en tierce ou en sixte glissées, et les sons harmoniques. De ce fait, les parties solistes de ses œuvres produisent un effet extraordinaire sur le public, mais exigent d’être servies par un interprète de grande rigueur technique. D’autres compositeurs ont contribué à développer le répertoire pour harpe. Parmi eux, il y a Nicolas Bochsa né en France en 1789 et mort en Australie en 1856. Il a été un génie musical précoce devenu harpiste de premier plan, compositeur prolifique (pour la harpe, mais également de sept opéras-comiques). Réputé pour sa spécialité de la contrefaçon dans l’art, il exerçait aussi en tant que professeur, chef d’orchestre, éditeur, directeur de théâtre, imprésario, commercial, grand voyageur. Il passa presque toute sa vie hors de France, tant en Europe qu’en Amérique. Il fut très célèbre au XIXe siècle, à la fois parce que compositeur prolifique et harpiste de tout premier plan – il fut harpiste de Napoléon et de Louis XVIII –, mais aussi à cause de ses extravagances et de ses graves démêlés avec les justices française et anglaise, qui défrayèrent la chronique. Oublié injustement de l’Histoire – les dictionnaires musicaux l’omettent ou ne lui consacrent que quelques lignes — les harpistes le connaissent tous, au moins de nom, puisque ses œuvres sont encore jouées lors de concours de harpe et ses études pour harpe toujours interprétées. D’autres compositeurs à l’époque romantique contribuèrent au développement du répertoire pour harpe. Il y a le compositeur allemand Carl Reinecke, le violoniste, chef d’orchestre et compositeur Louis Spohr entre autres. La harpe connut ses lettres de noblesse avec le facteur Erard et elle devint l’instrument des amateurs dans les salons à Paris au 18 è siècle. La période romantique consacra l’instrument grâce à Parish-Alvars qui n’est pas beaucoup joué aujourd’hui en raison de la difficulté de ces oeuvres.
 C’est Marielle Nordmann, harpiste talentueuse la plus connue au monde, qui a interprété ce concerto en do mineur écrit en 1847. Cette œuvre remise à jour depuis peu est considérée comme une création européenne. Marielle Nordmann est originaire de Montpellier et a grandi dans une famille de musiciens puisqu’elle apprend la harpe avec sa grand-mère à l’âge de 6ans. Son parcours est jalonné de récompenses où après le conservatoire supérieur de Paris, elle devient l’élève d’une autre grande harpiste française d’origine russe : Lily Laskine (1893-1988).Lily Laskine entre à 16 ans à l’Opéra en tant qu’harpiste ; elle est alors la première femme admise dans l’orchestre. En 1934, elle devient harpiste soliste de l’Orchestre national de France à sa création. Sa carrière connaîtra un nouvel élan dans les années 1950. Ses disques feront le tour du monde et c’est en compagnie de son ami Jean-Pierre Rampal qu’elle enregistrera le fameux Concerto pour flûte et harpe de Mozart avec l’orchestre de Jean-François Paillard. Elle enregistre des musiques de films et des disques avec des chanteurs de variété comme Charles Aznavour et elle joue aussi pour la Comédie-Française pendant plus de 30 ans.Soliste, internationalement admirée, elle a joué avec les plus grands musiciens dans le répertoire de musique de chambre et les orchestres du monde entier sous la baguette de très grands chefs.Parallèlement à cette brillante carrière de soliste internationale, Marielle Nordmann crée depuis plusieurs années des spectacles musicaux où elle aime croiser les arts tels que le mime, la danse et la comédie. Elle y joue également le rôle de récitante : “La Musique et l’enfant”,La harpe vous connaissez ?”, “La Harpe Apprivoisée” conte musical avec masques et claquettes, “Tempéraments de feu” (2005). Son activité musicale couvre aussi bien les oeuvres originales que les transcriptions ainsi que les créations d’oeuvres contemporaines.La richesse de sa personnalité et sa générosité font d’elle une grande dame de son époque. Le concerto d’Elias Parih-Alvars a été interprété avec une exceptionnelle musicalité et une technique doublé d’une qualité de son purement incroyables. Son jeu magnifique à dévoilé une virtuosité hors norme dans le bis qui était une œuvre d’inspiration russe.

Musée Haut suivi de bas, une histoire capillotractée

cimg0003.1227490700.JPGJe reviens à l’instant de Londres, c’était une journée merveilleuse.  Dans l’express qui me mène vers l’aéroport je me dis qu’il faut absolument que je décide mon mari à m’accompagner au mois de janvier, j’ai déjà acheté mon vol, car les musées de Londres sont si riches et si beaux.
Journée qui s’est terminée de manière totalement surréaliste, tirée par les « cheveux »
Hier, 20 novembre, dès que le numéro de la porte pour le vol retour pour Bâle est affiché, je me présente  à la sécurité de l’aéroport pour le contrôle d’usage.  Au contrôle on me dit que mon sac déclenche une alarme, aussitôt on me met de côté, on sort toutes les affaires de mon sac, on les passe une à une au détecteur, puis on me questionne, puis on appelle le chef, le chef appelle une traductrice, puisque mon anglais n’est pas parfait, on me demande à qui j’ai confié mon sac dans la journée, depuis combien de temps je le possède (15 ou 20 ans) si je prends des médicaments, j’avais des Norufen dans mon sac, on m’en demande l’ordonnance, l’objet de mon voyage, si j’ai des bagages, pour la Xieme fois, je répète que je suis arrivée le matin pour voir 2 expositions et que je rentre le soir sans bagage. On appelle le boss, le boss met 20 mn à arriver, l’heure du vol arrive, j’insiste, on me dit de me calmer sinon on appelle la police, le boss arrive enfin, il me repose des questions sur ma profession, sur mon domicile, sur mon voyage, ils ont ma carte d’embarquement et mes papiers et toutes mes affaires déballées y compris ma brosse à dents et ma petite culotte (souvenir…)  Le boss : quand est-ce que vous avez teint la dernière fois vos cheveux ? Moi – la semaine dernière –  Un moment il me vient à l’esprit qu’il a compris ma traitrise que je cache des cheveux chatains parsemés de gris, sous une chevelure rousse assez flamboyante, ou encore qu’il me prend pour Marlène Jobert et qu’il veut me  faire avouer mon usurpation.
 Le boss – c’est là que ça devient surréaliste :  « c’est le pigment contenu dans votre teinture qui a interféré avec votre téléphone portable, c’est ce qui a occasionné une alarme » tout ceci traduit par l’aimable traductrice.
 Je range mes affaires en vitesse, on m’assure que l’avion m’attend, je cours comme une malade vers la porte 109, à l’autre bout de l’aéroport, avec force escalators et trottoirs roulants, Châtelet les Halles version anglaise, 1/4 h en temps normal, il me reste 1 mn, j’arrive à la porte 109, pour voir l’avion partir sans moi.
Et là je m’effondre en pleurs. Heureusement que j’avais insisté pour que la jeune femme m’accompagne. Nous sommes revenues dans le hall, par des ascenseurs inconnus du public, donc il y avait possibilité de faire plus court. Arrivées au comptoir d’assistance d’easyjet, la jeune femme qui me reçoit ne parle pas le français, elle veut bien m’envoyer à Genève. Il est 19 h je pense, je ne sais plus, elle me dit que j’ai un vol le lendemain à 8 h 20, que cela me coûtera 35 £ supplémentaires. Je lui demande où je vais dormir. Elle me propose un hôtel près de l’aéroport, à mes frais. J’appelle mon assistance, qui me dit : bureaux fermés, j’appelle mon mari, qui tente de faire quelque chose auprès de l’assurance. On me dit de rappeler demain. A l’accueil de l’aéroport on me retient un hôtel Inn, la traductrice me dit d’être le lendemain à 6 h 20 au guichet d’easjet pour payer
 les 35 £.
Le monsieur de l’accueil me propose de m’accompagner à pied à l’hôtel plutôt que de prendre le bus, il fait nuit …. Je le quitte rapidement devant l’hôtel.  72 £ la chambre, l’hôtel le moins cher. Je dors peu vous l’imaginez facilement, à 5 h 20, le 21 je prends le bus que j’ai payé à l’avance pour le terminal, il me dépose au terminal sud, panique je dois me rendre au terminal nord avec le train (gratuit) je vais au guichet d’easyjet, pour mon billet et là, c’est 100 £ ou rien…. Je paye. Je vais au contrôle de sécurité et là………………..
je vous le donne en mille …………………………………………………………………………………………………………………
je passe comme une fleur, il ne me reste plus qu’à attendre le vol de 8 h 20, porte annoncée à 8 h c’est la 109 comme hier, 1/4 pour y aller en marchant vite.
J’appelle les assurances de ma carte, la protection juridique de la carte, ma protection juridique personnelle. Et là chose prévue, la copie du papier de la sécurité m’est demandée comme preuve, or ils se sont fâchés tout rouge quand j’ai demandé un justificatif et m’ont encore menacée d’appeler les flics.
cimg0033.1227491041.JPGDonc c’est à moi de fournir des preuves, d’écrire à l’aéroport, de voir un avocat éventuellement, bref que je me dé………e toute seule. Peut-être et ce n’est pas sûr qu’à ce moment-là, la protection juridique envisagerait l’éventualité d’une tentative de remboursements de mes frais. Pour que quelqu’un me vienne en aide, j’aurai du au mieux mourir sur place, au pire me casser une jambe.
 Le stress n’est pas mesurable et n’est donc pas pris en compte, j’aurai du agresser l’agent de la sécurité, on m’aurait logée à l’oeil …..
Je ne parle pas des coups de téléphone depuis Londres et depuis M………. à des numéros surtaxés …..
Je suis morte de fatigue, si quelqu’un me racontait une histoire semblable, je ne la croirais pas et je conseillerais à la personne très sérieusement d’arrêter de fumer la moquette.

Julio Galeote Inside, out

À la manière de Georges Perec qui interroge le quotidien pour atteindre l’universel, cet artiste s’est confronté à nos « espèces d’espaces ».

Jeune photographe de la nouvelle scène artistique espagnole, membre du Grupo 594, Julio Galeote vit et travaille à Madrid. Après une formation d’ingénieur en électricité, puis des études dans une école d’art, il choisit dans un premier temps de mener de front les deux activités. Depuis peu, il se consacre uniquement à son travail photographique. L’exposition à La Filature de Mulhouse sera sa première exposition en France.
Avec la série Inside, Out, Julio Galeote mène une expérience photographique tout à fait singulière. Par une démarche qui relève à la fois du travail « classique » de photographe de studio et de l’installation proche de l’art contemporain, Julio Galeote révèle la manière dont nous marquons nos espaces, qu’ils relèvent du domaine privé ou de la sphère du travail. Pour mettre en œuvre cette approche, le photographe a fait réaliser un cube en plexiglas dans lequel il organise, de manière méticuleuse et précise, l’agencement de tous les objets présents dans la portion d’espace qu’il souhaite saisir. Cette « réorganisation » par l’artiste du rapport qu’entretiennent entre eux des objets déposés par l’occupant prend alors la forme d’une « sculpture » d’objet, mais aussi d’un tableau dans le tableau. La vue de certains tableaux de l’exposition actuelle du Kunstmuseum de Bâle , avec les cartouches, me font penser au cube, qui n’est pas carré …. de Juilio Galeote. L’opération terminée, il place la boîte au centre de l’espace pour en réaliser une photographie qui capte à la fois cette boîte et l’espace environnant. Ainsi, lorsqu’il photographie une bibliothèque, il range le contenu de cette bibliothèque dans la boîte transparente et photographie cette même boîte avec les livres qu’elle contient devant le meuble vidé de son contenu. À sa manière ludique et esthétique, Julio Galeote nous invite à une réflexion sur notre façon de nous approprier « nos espaces » et de marquer « notre territoire ». Il nous donne à voir ce qu’est l’espace dans une sorte de « neutralité » avant son appropriation, mais aussi, par les éléments de cette appropriation, une sorte de carte d’identité, composée d’une constellation d’objets, sur l’occupant des lieux. Sa technique de photographie à l’argentique, rappelle celle de Patrick Bally Maître Grand , elle en possède la chaleur, tout en procédent d’une réflexion totalement différente dans son approche du sujet choisi. La perfection est tout aussi présente que chez Andreas Gursky, mais avec des sujets de notre environnement sociétale et sans la froideur plastique de celui-ci.
Une partie de ce travail a été réalisée à Mulhouse lors d’une résidence en décembre 2007 (Musée de l’Impression sur étoffes, l’usine DMC, la salle de répétition de l’Orchestre Symphonique de Mulhouse.

Lula et le Sailor


Louise Lecavalier, longue chevelure blonde, silhouette fine et nerveuse, est danseuse depuis 1977. Longtemps égérie de la Compagnie La La La Human Steps, elle a couru les scènes du monde, depuis Montréal où elle est née, jusqu’à New York où elle a été la première Canadienne à recevoir le prestigieux Bessie Award, en passant par Paris où le public du Théâtre de la Ville l’a ovationnée. Comme bien des artistes d’exception, c’est elle qui désormais choisit ceux qui vont la faire danser. Le privilège des grands en quelque sorte ! Pour ce triptyque, elle a voulu collaborer avec trois éminents chorégraphes canadiens. Le premier spectacle, Lone Epic, est un solo conçu par Crystal Pite.Le second, un duo, Lula and the Sailor, imaginé par Tedd Robinson, enfin le dernier, le solo « I » Is Memory, inventé par Benoît Lachambre. Entre les trois propositions, un point commun : le mouvement exploré comme vecteur de l’émotion. Cette soirée est un bout à bout d’instants d’intensité et de précision, des condensés d’énergie, d’audace et de désir où le corps accomplit les pas vers l’autre et cherche l’harmonie, de la méditation à la passion. Les 2 premiers permettent d’admirer la chorégraphie impecable de la soliste, la réusssite du duo.
 C’est à la 3ième partie, que l’on est partagé, à la fois, figuratif et abstrait comme une toile cauchemardesque de Bacon, avec ces corps désarticulés, tantôt aussi danse chamanique comme un Pollock exécutant ses drippings, sans fin. On se prête à souhaiter que cette transe s’arrête, la danseuse semble s’être mise dans cet état de souffrance avec plaisir, l’ergot du sègle n’a pas fini de faire des dégâts….

Marguerite

Elle était de tous les cours, quoique ancienne enseignante elle aimait à redoubler .... , de toutes les sorties aussi, fidèle à son ancien village, à ses commerçants, en compagnie de son époux et "chauffeur" Jean Paul

« Tu sais D, c’est un bonheur pour moi d’avoir rencontré un personnage comme Catherine Koenig et aussi le peintre Christophe Hohler, duquel je « possède » un tableau TROUBLANT et SEREIN à la fois!!! 
 CHRISTOPHE HOHLER a si bien peint ce départ qui, pour moi, représente MON DERNIER GRAND VOYAGE!!!  Elle ajoutait en rigolant: mais tu sais, D, C’EST QUAND MÊME BÊTE, MA RETRAITE A ETE BEAUCOUP TROP COURTE!!
« 

vidéo de l’auteur

Commentaires

1. Le 11 novembre 2008 à , par M.W

Jr suis très émue et pourtant je n’ai pas connu Marguerite qui a l’air d’avoir effeuillé son amitié tout au long de sa vie .

2. Le 11 novembre 2008 à , par catherine Koenig

Marguerite me portait lors de mes cours. Lorsque je doutais de moi, ou j’avais moins de courage, son exemple et sa force, son courage qu’elle montrait devant le coté cruel et implacable de son cancer me tenait debout et je gardais le cap.
à toi, Marguerite, au petit nom de fleur des champs, parmi toutes les fleurs, ma préférée…

3. Le 12 novembre 2008 à , par D

Merci Elisabeth, c’est très personnel et très, très troublant…un frisson m’envahit en le lisant! Maguerite admirait ton talent d’écriture…c’était devenu sa lecture quotidienne, elle voyageait avec ce blog…. SON MONDE ETAIT DEVENU SI PETIT!!!!
Jours devenus moments, moments filés de soie. Délicieux moments, vous ne reviendrez pas.(La Fontaine) choisi ds le livre:LA VIE NE SUFFIT PAS.Elle aimait beaucoup cet écrivain Jean D’ORMESSON.
Ca me touche de relire mon texte avec ce tableau… Merci Elisabeth

4. Le 12 novembre 2008 à , par elisabeth

Elle était mon correcteur de « fôtes »
sachant qu’il y a des lecteurs si fidèles et attentifs, (les statistiques parlent d’elles -même), même s’ils ne commentent pas, cela encourage à écrire, surtout quand l’inspiration fait défaut.
Merci à toi Denise, amie si proche de Marguerite.
www.art-et-voyage.com/blo…

5. Le 12 novembre 2008 à , par elisabeth

Un preuve de son sens de l’humour
www.art-et-voyage.com/blo…

6. Le 18 novembre 2008 à , par Alain et Line Falch

C’est de notre retour du Sud-Ouest ,que nous avons appris la triste nouvelle.nous connaissions bien Marguerite car nous avions fait un cours ensemble l’année passée. Nous sommes trés touchés,elle était si gentille et passionée par l’art.
Toutes nos affectueuses pensées pour Jean -Paul.
Alain et Line

7. Le 18 novembre 2008 à , par DominiqueL.

C’est aussi ça une Association: y avoir sa place même au moment ultime. Le terme « memento mori » prend tout son sens et toute sa valeur.
DominiqueL.

8. Le 18 novembre 2008 à , par elisabeth

Marc Vella
www.art-et-voyage.com/blo…

9. Le 18 novembre 2008 à , par D

L’Alsace rend hommage aux vertus de Marguerite Menetrey… Article du 18.11.08. (Huningue et son canton).
Merci l’Alsace!!!
ça me touche beaucoup.

10. Le 18 novembre 2008 à , par elisabeth

L’Alsace le Pays édition de Huningue
C’est avec beaucoup d’émotion que nous avons appris le décès de Marguerite Menetrey.
Elle s’est éteinte la semaine dernière à l’hôpital de Sélestat, ayant livré un dernier combat contre une maladie implacable qui la harcelait inlassablement depuis plus de trois ans.
Son nom doit rappeler bien des souvenirs à de nombreux anciens enfants, devenus adultes à présent. Marguerite Menetrey fut en effet durant plusieurs décennies, institutrice à l’école Marcel Pagnol de Huningue, plus spécialement chargée des classes de cours moyens. Ses anciens et nombreux élèves se souviennent sans doute d’une maîtresse exigeante, mais surtout d’une enseignante dotée d’une très grande indulgence à leur égard, toujours prête à s’engager, surtout pour les plus nécessiteux.
Un engagement qu’elle a poursuivi dans le Bas-Rhin, où elle s’est installée à l’issue de sa vie active en 2000, proposant ses services à l’accueil des SDF de Sélestat. Une activité bénévole qui lui apporta beaucoup de satisfactions.
Amoureuse des arts
Marguerite Menetrey était aussi amoureuse des arts et revenait régulièrement à Saint-Louis pour suivre des cours d’histoire de l’art et participer à des sorties culturelles.
Elle avait aussi tissé, tout au long de ses années huninguoises, un réseau d’amitiés indéfectibles.
À son époux Jean-Paul, qui fut aussi instituteur dans le secteur des Trois Frontières et qui a soutenu son épouse jusqu’à la fin, à leurs enfants Élisabeth et Jean-Philippe, L’Alsace présente ses condoléances émues et sincères.

11. Le 20 novembre 2008 à , par Eliane

Tu as été et tu resteras toujours mon amie de tous les instants, les meilleurs comme les pires. Tu demeures si près de moi, je me sens habitée par ta présence et tes mots si réconfortants. Marguerite, merci d’avoir été si généreuse envers moi et envers les autres, si attentive et disponible. Quelle belle association au sein de laquelle tu as pu admirer tant de talents et rêver, imaginer, oublier!
Marguerite, petite fleur des champs, jamais tu ne te fâneras dans mon coeur.

12. Le 20 novembre 2008 à , par Germaine

Très émue par ton départ , tu avais toujours  » le coeur à rire moi je l’ ai à pleurer « aujourd’hui.
Toutes ma sympathie à ton époux Jean-Paul .

Tranches de Quai

 cimg0001.1227493225.JPG
A l’occasion d’une semaine d’ateliers avec des artistes invités, Le Quai, école supérieure d’art de Mulhouse, a ouvert ses portes le temps d’une soirée artistique et festive (performances, expositions, travaux d’étudiants, dégustations ???, etc.). Avec, dans le désordre, Anne Immelé, visagéité/subjectivité, Daniel Clochey, Rouge Gravure, Christian Savioz, Comics Back, Lionel Marchetti, Sonic Boom, Cécile Meynier – Dérapage, Lukas Hartmann, La grille topographique, Olivier Millagou, sans Issue et bien d’autres surprises ! Programme éclectique pour la première tranche de Quai ce jeudi, cela démarre avec un orchestre d’accordéons, de l’Ensemble Escadon, il faut prêter l’oreille pour entendre les différents airs, qui sont originaux et qui n’ont rien à voir avec ce qui est joué habituellement avec cet instrument. C’est étrange et envoutant. Puis Vincent Croguennec nous conte « une histoire à la noisette » adorable petit film fait de découpages, astucieusement monté, avec un délicieux humour. Isabelle Chaffard en soliste à l’accordéon nous interprète Ispaniada de W. Zolotarioz, dans le brouhaha de la foule, elle arrive à capter l’attention, suivi de Vegelin suite de J. de Haan par l’ensemble Escadon. Performance de « noble art » avec Hakim, Hatem, Julien, Osan de l’ASM Boxe, intitulé « des Coups, des coups et encore des coups …. fins comme des allumettes les jeunes boxeurs, ont impressionné le public et le petit chien…..
au-quai-le-6-novembre-2008-008.1227493284.jpg Puis ce fut au tour du directeur du Quai David Cascaro de nous conter en images, avec une sono stridente, le voyage en Malaisie, accompagné en musique à l’ordinateur, par d’Alex Kittel et sa composition, illustrant parfaitement la projection. Cette fable est l’histoire d’un jeune homme qui part avec sa Simca 1000, qui se crache, passe de l’autre côté du miroir, puis émerge lentement de son coma, de son voyage en Malaisie, qui peu à peu reprend conscience des personnes qui l’entourent, par flash, puis qui se rétablit, histoire qui laisse un sentiment indéfinissable.

Puis nous assistons à la conférence de Marie-Chantal – Gaëlle Fratelli, flanquée de 2 gardes du corps, costumés, lunettés, Pasquale Nocera et Fernando Pasquini. Elle nous explique que notre façon de nous vêtir dévoile notre personnalité. Puis soudain, pour illustrer son propos et nous convaincre que l’habit fait le moine … elle dévêt un des garde du corps qui rapidement se retrouve en caleçon, puis le second suit le mouvement pour ne pas être en reste. Pour corser l’affaire elle leur impose un déguisement à trouver dans un temps imparti, et les 2 compères se lancent dans une danse échevelée visible sur la vidéo ci-dessous attendez que la vidéo soit chargée entièrement pour la visionner.

la soirée s’est poursuivie au Noumatrouf 
photos et vidéo de l’auteur

Le Caravage – la course à l'abime

Ni la chaleur moite, ni la pluie, ni les manifestations gigantesques de Rome n’auraient pu m’empêcher d’aller à la rencontre de Michelangelo Merisi, dit le Caravage. C’est un bonheur, une émotion sans nom que de découvrir les oeuvres in situ, puissant disait Marie-Jo non sans raison. D’églises, en galeries, de palais en librairie, nous l’avons débusqué, admiré, que ce soit l’ange ambigu blanc aux ailes noires de la Fuite en Egypte de la galerie Pamphilij, la Madeleine Pénitente, ou son petit Saint Jean Baptiste, la Madone des Palefreniers, Saint Jérome à son écritoire, Bacchus malade, David tenant la tête de Goliath, une salle entière consacrée à sa peinture à la Galerie Borghese, mais aussi la Madone des Pèlerins, la conversion et le martyre de St Matthieu, pour conclure ce qui pour moi est le sommet de son art, 2 peintures extraordinaires à Santa Maria del Poppolo : la crucifixion de St Pierre et
   
la conversion de St Paul.


Il est inutile de décrire son art, de faire des phrases pompeuses, de jargonner, il suffit d’écarquiller les yeux et de contempler : c’est « caravagesque » virtuose, sublime. L’extase de St Paul, les bras dirigés vers le ciel peut être mis en parallèle avec les sculptures du Bernin, qui exprime lui aussi, l’extase avec virtuosité :
 Sainte Thérèse d’Avila à Notre Dame de la Victoire,

dans son petit théâtre, la famille de part et d’autre observant, regardant l’ange qui la transperce au coeur, de son dard en or, ressenti jusque dans les entrailles (d’après le récit de la sainte) ou encore la bienheureuse Ludovicina Albertoni en pamoison à San Francesco a Ripa dans le Trastevere. (où j’ai entraîné mes amis contre vents et marées sous un ciel menaçant suivi d’un semi-déluge)



Photos de l’auteur

Rome la ville éternelle

Coulisses d’un voyage
rome-mai-2008-1-forum-custom_dxo5.1227539280.jpg