Cellula au collège des Bernardins

cellula-brevet-rochette-bernardins.1247406048.jpgDans le collège des Bernardins, édifice exceptionnel du XIIIe siècle, restauré depuis 2008 sont organisés quatre axes complémentaires : l’art, les rencontres débats, la formation, le pôle de recherche. C’est un lieu vivant où il est bon de faire une étape, voire une pause.
Nathalie Brevet et Hugues Rochette y travaillent ensemble depuis 2001.
Ils produisent une œuvre intéressante multiple, en utilisant différents supports, des objets en les détournant de leur sens premier pour en obtenir un langage visuel qui leur est propre.
Les artistes se réapproprient cet espace en s’inspirant de son histoire et de son architecture. Cellula est imprégné à la fois des strates des différentes transformations du bâtiment, et interrogent la polysémie du mot « cellule » grâce à un vocabulaire plastique riche d’interprétations diverses.
Nathalie Brevet et Hughes Rochette réinvestissent ainsi l’ancienne sacristie en y installant un « sur-sol » éphémère qui crée un cadre modifiant la perception du lieu. Le visiteur est amené à expérimenter physiquement l’espace recomposé par un dessus-dessous et où s’instaure un dialogue entre extérieur et intérieur. L’absence de mouvement comme le déplacement dans l’espace intervient aussi dans la relation que le visiteur tisse avec le lieu. Le visiteur doit affronter d’abord, les presque ténèbres du dessous de la sacristie envahit par un échafaudage , où se trouve une pierre tombale,
Si la curiosité le pousse, il gravit l’escalier, pour arriver au « sur-sol » où il est accueilli par la luminosité du lieu, où tout contribue à l’élévation, de manière physique et symbolique, les fils électriques s’élevant vers la voûte gothique,  la vue de la rue depuis les hautes fenêtres de la sacristie,  les chapiteaux avec des anges, tout est à votre portée, chose impossible en tant normal.cellula-brevet-rochette.1247406393.JPG
Une installation électrique qui s’éteint dès que vous vous déplacez, inversion de l’application classique, vous invite à la perception de l’espace, du mécanisme lumineux, inversion du néon »18″ qui en change la lecture. Des lustres installés pendant la rénovation du bâtiment, seuls 18 câbles restent suspendus dans l’espace.  Invitation à rester immobile, à la réflexion, au calme, à la contemplation, au recueillement, comme dans  la cellule d’un moine, première destination du lieu, ou encore à l’isolement comme dans le milieu carcéral, référence faite à l’ancien usage du collège pendant la révolution. La structure lumineuse est visible de jour comme de nuit, mais entre en action seulement en l’absence de mouvement. A l’extérieur du bâtiment, sur la facade, une forme en néon rouge représente le 18. Ce numéro est à consonance géographique et historiquee l’ancienne sacristie, il s’agit du numéro de la rue et fait référence à ce qui fut l’une des occupations du bâtiment quipendant 150 ans accueillit une caserne de pompiers. Basculé à 90 ° sur le côté, ce chiffre composé de petits cercles ou plutôt de deux petites cellules prend un autre sens en laissant cellula-de-nuit-bernardins.1247408334.jpgapparaître la forme d’un infini où la couleur rouge s’entremêle avec l’idée d’urgence.
Une étudiante, si vous le souhaitez, vous accompagne pour vous rappeler les différentes déclinaisons de la cellule qui est le mot clé des 2 artistes , et l’application évidente qui en est faite dans ce lieu.
· en biologie, la cellule est l’unité vivante de base de tous les êtres, principal sujet d’étude de la biologie cellulaire ;
· une case dans une feuille de calcul d’un tableur ;
· en entomologie, une partie des ailes d’un insecte ;
· en avionique, l’habitacle est l’endroit à l’intérieur duquel les pilotes dirigent l’avion ;
· dans certains partis et mouvements politiques, une cellule est un petit groupe de militants (exemple : cellule terroriste) ; · en optique, une cellule photoélectrique est un dispositif composé d’un capteur photosensible ;
· en électricité (haute tension), armoire contenant un appareil de coupure ;
· en automatisme pneumatique, petit élément permettant d’effectuer une fonction logique.
· en géométrie et en topologie, polyèdre tridimensionnel jouant le rôle de « face » pour un objet quadridimensionnel ou plus (voir cellule (géométrie));
· dans le ciel, cumulo-nimbus (structure orageuse, pour les chasseurs d’orage).
  Déclinaison de l’humain, de l’intelect, de manière  très imaginative.

Robert Cahen – Françoise en mémoire (2007)

Le musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg le MAMCS
a acquis en 2008, Françoise en mémoire, (2007)
 une installation vidéo de Robert Cahen.
 

Cette installation est née d’une rencontre entre l’artiste et le scientifique Paul Pevet, dont les investigations portent sur le système nerveux, la mémoire, et les maladies neuro-végétatives comme la maladie d’Alzheimer. L’artiste propose ici de laisser la porte entrouverte à l’imagination de ce que peut être la perte de mémoire. Le visage serein et  parcheminé de Françoise est projeté en gros plan sur un écran suspendu, qui ajoute à cette notion de suspension dans le temps. Au sol, les mots défilent, comme scintillant sur l’eau, arrivent, se tournent, comme les mots qui tombent autre vidéo de Robert Cahen, mais verticale.
Ces mots : arbre, lecture, passage, disparaissent, pour revenir, passage du temps, de la vie à la mort,  silence, silence de la mémoire qui s’est tue,  silence de la mort. Les mots servent l’image, Robert raconte des histoires de vie, du temps qui passe, par l’image.  Après le travail sur son père, ses enfants, sa famille, Robert Cahen évoque avec tendresse et malice sa sœur Françoise.
robert-cahen.1247780677.jpg
Robert Cahen photographié par Georges Senga a Kipuchi près de Lubumbashi dans le soleil et le désert petit et artificiel car due aux eaux acides des mines de cuivre du coin! Le Katanga!
Robert Cahen raconte :
J’ai choisi de faire fonctionner ce qu’il y avait en moi, de le mettre à jour, de le dépasser. En dehors du côté esthétique, ce qui m’intéressait, c’était le côté émotionnel, le savoir, comprendre ce qui, par l’image et le son, provoque des émotions, apprendre à les restituer. Avec la musique concrète j’avais découvert le pouvoir de l’écoute. Une écoute particulière, celle des sons dé-contextés de leur causalité. Ceci m’avait ouvert un nouveau point de vue sur le monde élargissant considérablement mon champ lié à la création. La musique concrète porte en soi quelque chose de novateur au même titre que la manipulation de l’image électronique ouvre sur un monde où la narration peut se décliner autrement.
Le cinéma, je le désirais : formé par lui, je rêvais d’en faire. Mais je n’arrivais pas à raconter des histoires de la façon traditionnelle, avec un début, un milieu, une fin.
Artiste vidéo, réalisateur, compositeur de formation, Robert Cahen est issu des frontières entre les arts. Diplômé du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris en 1971 (classe de Pierre Schaeffer), il a su apporter à la vidéo les expérimentations techniques et linguistiques de l’école de la musique concrète. Chercheur à l’ORTF, Robert Cahen est un pionnier dans l’utilisation des instruments électroniques. Il traite les images comme les sons, les organise, les transforme, en offrant un exemple de la possibilité d’échange entre les modèles, les paramètres de l’image et ceux de la musique. Considéré comme l’une des figures les plus significatives dans le domaine de la création vidéo, son travail est reconnaissable à sa manière de traiter les ralentis et à sa façon d’explorer le son en relation avec l’image pour construire son univers poétique. On retrouve dans les œuvres de Robert Cahen une permanence des éléments fondamentaux traités par l’artiste : juxtapositions d’éléments fixes liés à des éléments en mouvement mis bout à bout, oscillation, multiplicité des points de vue… jusqu’à l’expérimentation physique de l’œuvre dans sa mise en espace . Dès sa première video en 1973, L’Invitation au Voyage, il manipule l’image et la rend maléable. Il réalise en 1983″ Juste le Temps » fiction vidéo de treize minutes, considerée comme une oeuvre charnière pour la vidéo des années 80. Le trait caractéristique de ce travail est le ralenti, qui rend visible un « temps retenu, bon » . Une partie de sa création s’inspire du travail d’autres artistes : tels ses vidéos sur l’art (1986 : Parti sans laisser d’adresse sur la peinture de Bernard Latuner), sur la musique (REPONS de Pierre Boulez en 1985), sur la danse ( 1984 La danse de l’Epervier de Hideyuki YANO,en 1987 Parcelle de ciel de Susan Buirge, en 1988 SOLO de Bernardo Montet) ou sur la photographie(1988 Dernier Adieu sur le photographe J.M.TINGAUD,enfin une adaptation littéraire d’un roman de Sôseki,Oreiller d’herbes avec « Corps flottants ” en 1997. L’étreinte 2003. Son oeuvre 7 visions fugitives a remporté le Grand prix du Videokunstpreis du ZKM et de la SDR en 1995 était exposée à la chapelle St Jean de Mulhouse en 2007.
Lauréat de la Villa Médicis Hors les Murs en 1992 .
Françoise en mémoire au MAMCS au 2e étage.
A voir aussi Silence de Marin Karmitz, (jusqu’au 23 août – toute l’exposition est en plusieurs vidéos) avec laquelle la vidéo de Robert Cahen est en totale résonance.
Vidéo courtoisie de Robert Cahen

Kandinsky – La saga d’Improvisation 10

Je ne vous parlerai pas de l’exposition au Centre Pompidou d’autres sites le font ici et
Je regrette juste que lors de ma visite au musée Guggenheim de New York, toutes les toiles de Kandinsky prêtées à Beaubourg étaient absentes, je n’ai vu que des choses sans intérêt dans le fonds du musée, présentées en mars 2009.
En voici  le récit lu dans le livre d’Ernst Beyeler, propriétaire de la Fondation qui porte son nom, si chère à mon coeur, extrait de : La passion de l’art
Ernst Beyeler  raconte :
kandinsky-improvisation-10.1247609988.jpgJ’ai acheté cette toile à Cologne auprès du marchand Ferdinand Moeller, qui m’avait assuré la tenir du musée de Hanovre, lequel avait dû ou voulu l’abandonner en tant qu’ « art dégénéré » Elle faisait partie d’un lot de toiles que Moeller avait sorties de leur cadre et sauvées en les roulant dans des boîtes en fer et en les enterrant dans son jardin. Il les avait emportées de Berlin à Cologne à cause des Russes qui s’approchaient de la ville. On savait que ça finirait mal. A Cologne donc, Ferdinand Moeller me la présenta parmi d’autres toiles. J’eus un vrai choc et lui dis vouloir immédiatement l’acheter, mais lui demandais de patienter un mois, pour le règlement. Je parvins dans ce délai à réunir les 18 000 frcs exigés. J’ignorais alors que cette toile, avant d’être reprise par FM, avait fait partie d’une collection privée.
Des années plus tard, Jen Lissitzky, le fils de l’ancienne propriétaire, m’a accusé et accablé. Selon lui, j’avais profité de la situation en pleine connaissance de cause. Il s’est adjoint les services d’un détective privé, pour retrouver cette toile, la récupérer et l’emporter aux Etats Unis, où il avait apparemment fait une promesse de vente. Des cabinets d’avocats m’ont menacé. Or Lissitzky n’était pas le seul héritier à pouvoir revendiquer un éventuel retour de la toile à son lieu d’origine. J’ai donc rencontré tous les héritiers. Je me suis mis à leur place et leur ai proposé un dédommagement auquel je n’étais pas contraint. Mais je ne pouvais pas me séparer de ce tableau qui constitue un des piliers de ma collection. Je me suis défendu en arguant de ma bonne foi, expliquant comment je l’avais acquis. Ce tableau aurait pu être détruit par les nazis. Il a été sauvé par Moeller, puis acheté et conservé par mes soins. Finalement j’ai pu garder cette œuvre importante.
Je n’en ai d’abord pas saisi l’importance historique, mais j’ai été sensible à son rythme fort. Sur la droite, vous voyez des lignes et trois coupoles, probablement une évocation du Kremlin. Lorsque vous regardez Improvisation 9,kandinsky-improvisation-9.1247610251.jpg qui est maintenant au musée de Stuttgart vous voyez quelque chose d’analogue, mais de très figuratif encore, avec le château et le cavalier sur les collines. Ici, ce ne sont que des formes, qui s’inscrivent autour de ce triangle jaune, dynamique qui s’ouvre. D’après une esquisse, il s’agirait d’une Résurrection de la Pâque russe. A gauche, les trois courbes peuvent être les femmes au tombeau. Tout s’organise autour du tombeau ouvert, comme éclaté. Il est très beau de fragmenter ainsi les éléments pour trouver une chemin propre singulier. Oui, cette action de résurrection probable donne toute sa force à ce tableau, l’un des premiers tableaux abstraits de l’histoire de l’art. Quand je l’ai reçu à la galerie, je l’ai tout de suite accroché.
Puis un jour arriva celle qu’il appelle la repasseuse de Winterthur.
Un dame assez simple, sans âge, regardait les toiles, parcourait les salles, au cours d’une exposition d’été et s’exclama devant le Kandinsky : « Oh, quel beau tableau ! » Je la rejoignis.
Elle me demanda combien il coûrait. Je répondis « Vingt-huit mille francs »
– je souhaite l’acheter. De qui est-il ?
–  Kandinsky
– Qui est-ce etc …

– 
Ah c’est bien, et cette aquarelle combien ? et ce tableau là combien ?
Elle avait été repasseuse à Winterthur, avait fait un héritage, et n’avait besoin de rien, voulait faire quelque chose de son argent. Elle partit avec les 3 tableaux.
Quelques années plus tard, elle est revenue à la galerie pour me proposer de reprendre les trois tableaux.  Je me suis étonnée : « Comment ils ne vous plaisent plus ?
– Oh si !  »
Mais elle avait besoin d’argent, car elle avait continué ses achats et s’était considérablement endettée.
La morale de cette histoire dit Ernst Beyeler :
 il y en a deux. La première dans l’achat de l’art il faut se fier à son instinct. La seconde : il faut garder une exigence de qualité. L’épisode marqua pour moi le retour définitif d’Improvisation 10 dans ma collection.
Je le sortis de la galerie et l’accrochai dans mon salon.

Guiseppe Penone – la Matrice de sève

penone-matrice-de-seve-1.1247353519.JPGA l’école des Beaux Arts de Paris où il enseigne, Giuseppe Penone, a installé dans la cour vitrée couverte du Palais des études, le tronc d’un sapin coupé dans la vallée des Merveilles. Cette vallée se situe, comme lui, à la frontière franco-italienne. Penone a choisi cet arbre, dans ce parc naturel qui est à la fois musée et monument historique. Les 40 000 représentations symboliques gravées découvertes en ces lieux, qu’étudie depuis trente ans le professeur Lumley, en font le plus beau sanctuaire à ciel ouvert de la protohistoire, à plus de 2000 mètres d’altitude, au col de Tende.
L’arbre, long de 23 m a été coupé en son milieu, dans le sens de la longueur. Ses branches sont devenues support à ce que Penone appelle « une longue table, un autel » A l’intérieur, il a évidé le bois. Il a créé ce qu ‘il appelle « des interruptions » en sciant l’arbre. Le tronc devient ainsi comme un moule. Les ramifications évidées, ressemblent à des évents qui permettent, dans le four du fondeur, de laisser s’échapper le métal en fusion. penone-matrice-de-seve.1247353091.JPGPenone  voit ce moule naturel comme une « matrice » et pense la sculpture, simultanément, en volume et en creux.
Dans le bois à l’intérieur de cette cavité, coule une résine rouge. Le fond de cour lui aussi est rouge sang en harmonie avec la résine.penone-matrice-de-seve2.1247353295.jpg La lumière zénithale, baigne l’arbre de Penone. Nous convie-t’il à sa table, à communier à son autel, pour une réflexion, sur le temps, l’histoire, la genèse, aux noms illustres évoqués, en lien étroit avec la nature ?
En comptant dans le bois les cercles de croissance, il armorce une remontée vers la source, l’origine. Une histoire de l’art. En effet des milliers d’artistes ont œuvré dans ses lieux, sur les murs des noms d’artistes sont inscrits. penone-matrice-de-seve-cour-vitree3.1247353994.jpgOn est capté par l’ambiance de ce sanctuaire saturé de références qui renvoie à une autre captation du temps, au silence, au repos. Tout près dans le cabinet Jean Bonna, une vingtaine de dessins nous permettent de suivre la genèse de l’œuvre.

d’autres photos sur ce site

« Am Anfang », Symbolique et démesure.

Une voix dit « Crie », et je dis : « Que crierai-je ? »

« Toute chair est de l’herbe »

et toute sa grâce est comme la fleur des champs.

l’herbe se dessèche, la fleur se fane,

quand le souffle de Yavé passe sur elles :

oui, le peuple, c’est de l’herbe,

l’herbe se dessèche, la fleur se fane,

mais la parole de notre Dieu subsiste à jamais.

Isaïe. 40. 6-6

 

am-anfang-anselm-kiefer.1247266527.jpg« Am Anfang » est né sous le sceau d’un double moment marquant dans la vie de l’Opéra Bastille. Départ d’un directeur emblématique, Gérard Mortier et célébration du 20ème anniversaire de l’institution, elle-même inaugurée pour le bicentenaire de la révolution.  Un symbolisme proche de la démesure. Dans pareil contexte, confier au plasticien allemand Anselm Kiefer, connu pour ses peintures et installations, la responsabilité d’une création mondiale relevait  de la gageure, le mot est faible.     Cela  dit, on en attendait pas moins de Gérard Mortier,  qui a brillé à la tête de l’Opéra par son sens du panache et de la provocation. « Am Anfang » est l’histoire de la destruction et du recommencement éternels, un sujet idéal pour une  fin d’époque. Il met en scène un peuple errant, incarnation du peuple juif vivant dans des décombres et tentant de vainement de reconstruire ce qui sera détruit, puis renaitra, enfin. Au milieu de ce cloaque,am-anfang-lilith.1247267909.JPG Lilith, rôle muet et cheveux roux, symbole du mal et de la destruction.  De la démesure, « Am Anfang » en est bourré, ce qui n’étonne pas lorsque l’on connaît le travail de Kiefer :  utilisation de la totalité de la scène de Bastille qui confèrent à des tours vouées à tomber tôt ou tard un air apocalyptique et lunaire ; démesure dans le rigorisme de la pièce dont les deux seules voix sont celles de Denis Podalydès et de la tragédienne Geneviève Boivin, contre lesquels vient se cogner le mutisme obstiné de femmes bâtissant un mur de pierream-anfang-le.1247267802.JPG. Si Kiefer est certes plus un artiste, voire un performer qu’un metteur en scène, la beauté plastique de son travail est stupéfiante et vient à l’aide de la récitation, ainsi que le fait l’esthétisme des personnages muets trainant dans le sable et les ruines. La musique est  de Jörg Widmann, compositeur allemand et clarinettiste de formation qui en profite pour exécuter deux solos, c’est suffisamment rare pour le signaler. Elle revêt un caractère aérien, mais inquiétant, dans lequel on reconnait le travail de l’instrumentiste à vent. On regrette qu’elle ne soit pas plus présente tout au long de la pièce.  Impressionnant pour les yeux, intrigant pour les oreilles, allez voir « Am Anfang », pour découvrir une autre facette de Kiefer, artiste adoré chez nous.
Claire S.

Am Anfang, mise en scène Anselm Kiefer, musique Jörg Widmann  jusqu’au 14 juillet à l’Opéra Bastille, entrée gratuite le 14.  

Pina Bausch

 
pina-bausch1.1247015024.jpgComme beaucoup d’entre nous, j’ai été choquée par la disparition brutale de cette grande dame, que demeure Pina Baush, que j’avais eu l’occasion de voir à la Filature de Mulhouse pour Kontatkhof.
Cette fois-là, ce sont des non-acteurs danseurs qui étaient en scène, âgés de plus de 60 ans,
Ma réflexion sur l’usure du temps me ramenait droit à l’opéra de  GF Haendel ‘Il Trionfo del Tempo e del Disinganno  (Le triomphe du Temps et de la décrépitude) et la vue de corps plus très jeunes, laissa un sentiment partagé, à la fois d’admiration devant, la performance, le courage de ces personnes qui se montraient sans fard, mais aussi de gêne et d'angoisse, pour être confrontée aux modifications du corps du à la vieillesse.
Cela valait toutes les vanités et memento mori de nos musées.

Je ne savais trop comment exprimer mon sentiment, sur le sujet, c’est sur un blog que j’ai trouvé cet hommage de Cécile et que je publie ci-dessous avec son aimable autorisation :
 Madame,
Je désirais vivement voir votre troupe danser. Un désir de quinze années. Je n'en avais jamais eu l'opportunité. Trop peu d'argent, il fut un temps, pour m'offrir ce plaisir ; impossibilité d'être en Avignon ou en Allemagne, ou de l'autre côté de l'Atlantique quand il l'aurait fallu ; le nez cogné au guichet pris d'assaut de cette forteresse qu'est le Théâtre de la ville.
Je laissais donc d'autres me raconter, partager leurs impressions et leurs émotions ; d'autres qui vous suivaient, vous critiquaient, vous admiraient, se nourrissaient de votre travail, de votre langage des corps, de votre révolution depuis vingt ans et plus. Ils semblaient vous connaître si bien. pina-bausch-2.1247055442.jpg

Par comparaison, je ne savais rien de vous, si ce n'est que j'ai toujours été intimement persuadée, au travers des mots rapportés et des photos, de la nécessité de voir, un jour, un spectacle de vous.
Cet automne, puis cet hiver 2008-2009 si froid.
La crise économique. Des rumeurs de licenciements pour les uns, pour les autres. Une accélération des restructurations douloureuses et des licenciements, de fait. Battre le pavé pour l'éducation, les droits des salariés, contre les délocalisations, les abus de pouvoir et financiers. Une grève générale, dure et violente dans les territoires d'Outre-Mer, perpétuels oubliés de la république. Des guerres épouvantables. L'Homme qui dévore l'Homme. Continuer à aimer l'art à tout prix ? Mais comment concilier, dans certaines conditions, amour de l'art et les réalité brutales du monde ? Inquiétude, impuissance, sentiment pessimiste pour la énième fois d'un monde dans l'impasse et moral en berne.

Hiver 2009 encore …
Pour la toute première fois de ma vie, avec bien du retard et beaucoup d'impatience, j'ai vu danser votre troupe. Le Tanztheater de Wuppertal.
"Wiesenland" :
Bruits d'eau. L'eau. Longues, soyeuses et fluides robes colorées. Ces femmes qui fumaient, bavardaient. Humour. De seaux déversés. Ces femmes qui se faisaient baigner le visage et tremper les cheveux. Cette femme blonde au visage atypique et aux lèvres si rouges, à la présence de gingembre. Ces hommes aux apparences désinvoltes. Parlant avec volubilité. criant. Mains dans les poches. Danse très maîtrisée. Cette femme aux cheveux fins et ternes, au visage ramassé, au profil d'oiseau, pas très belle de prime abord mais qui dégageait un charme envoûtant dès que son corps se mouvait, dansait, se déployait dans l'espace. Chaleur. Canicule. Des siestes. Des corps alanguis. Effluves d'Europe de l'Est et de Méditerranée. Vos musiques. Une table que l'on dresse, bruit de vaisselle et de verres choqués, des chaises, pas de chaises. Cette liesse. Presqu'hystérie. Cette prairie d'herbe si verte.
(Je tente simplement de rattraper l'unique souvenir qui s'effrite en bribes que j'aie de votre travail …) pina-bausch.1247015309.jpg

Vous m'avez emmenée, transportée, installée au sang, aux nerfs, au ventre, au sein, au coeur d'une beauté artistique infiniment sensuelle, folle et fulgurante. J'ai vécu grâce à vous une étreinte éphémère mais intense avec la danse. Plus que de la danse : en réalité une chance. Un de ces rares moments dont on voudrait que jamais pareil effet ne s'estompe et cesse.
A la toute fin, d'un élan, je me suis levée pour vous applaudir à tout rompre, à m'en brûler les mains. Enthousiasme et plénitude. Vouloir vous jeter des roses pâles, des pivoines, des lys, que sais-je ? Vous jeter mon coeur. Toute cette vie insufflée. Je n'étais, bien entendu, pas la seule à tanguer sur cette nef de beauté. Cet amour débordant du public pour vous, ô combien palpable et fort dans l'air de ce soir-là … Cette ferveur et cette fièvre pour votre art qui contrastait avec vous, simple silhouette noire, bien droite à quelques pas du bord de la scène, qui saluait, face à nous.

Vous êtes morte, hier, Pina Bausch. A vous qui m'avez donné, cet hiver, envie d'être, de reprendre confiance et envie de vivre, de vivre encore : MERCI.
Cécile - mercredi 1er juillet 2009


 

Sonia mon autre soeur, de Mulhouse à Tuzla,

jean-jacques-rinckenbach.1246990836.JPGContribuer au démarrage d’une usine constitue, pour Jean-Jacques Rinckenbach, une mission au demeurant banale… Sauf si l’action se situe en Bosnie-Herzégovine, à Tuzla, dans les années qui ont suivi la mort de Tito.
Tout en essayant de comprendre l’origine des problèmes liés au fonctionnement de l’usine, Jean-Jacques tissera au fil du temps des liens de plus en plus serrés avec les autochtones. Il croisera la sympathie des uns, la méfiance des autres, la volonté farouche de Nina, le désespoir de Sonia…
En opposant à la détresse ou à la cruauté l’amitié et la persévérance, Jean-Jacques parviendra aussi bien à redonner des ailes à une jeune femme au destin brisé, qu’à mettre à jour un important trafic d’armes ou à contribuer à l’essor du commerce international. Un dénouement heureux pour une histoire tragique…

« A quoi sert-il d’avoir un cœur de bulldozer,
si on n’est pas capable de niveler les malheurs ? »
 

L’auteur se trouve en proie aux violents désordres qui ont secoué ce pays, sur fond de haînes ethniques et religieuses.
Ces désordres permettent des trafics et des corruptions de tout genre, mais n’empêchent pas que des femmes et des hommes courageux se battent opiniâtrement pour tenter de se reconstruire un destin.
jean-jacques-rinckenbach-sonia-ma-soeur.1246991479.jpgEt dans ce monde de violence, des familles éclatées cherchent à se retrouver, à faire front face à l’adversité, à regarder l’avenir avec une lueur  d’espoir retrouvé.
Jean Jacques Rinckenbach a baigné pendant de longs mois dans cet univers, partageant les peines, les joies et les espoirs de la communauté de Tuzla, essayant de forcer le destin quand l’occasion lui a été donnée.
Il n’en est pas ressorti indemne, aussi dans son livre il relate cette expérience hors du commun, avec une précision chirurgicale et une empathie qui lui font honneur.
L’auteur se déplace sur demande pour parler et dédicacer son livre dans la périphérie mulhousienne, voire au-delà.

L’ ouvrage est disponible chez
Jean-Jacques RINCKENBACH
6 avenue d’Italie – 68110 ILLZACH
 
Prix : 20 €  + participation aux frais d’envoi : 5 €
e-mail :
jjrinck@wanadoo.fr
photo de l’auteur
 

Au Lohnhof – Musée des instruments de musique de Bâle

lohnhof-allegorie-de-la-musique.1246823163.JPGLe musée des instruments de musique à Bâle se trouve au centre de la vieille ville, au-dessus de la Barfusserplatz. Il s’intègre à un ensemble de bâtiments dont la partie la plus ancienne remonte à environ 1070. D’abord couvent des chanoines de Saint-Augustin, il devint plus tard un édifice municipal, appelé le lohnhof.1246820476.JPGLohnhof. L’architecture extérieure et les salles du musée lui-même témoignent encore de sa dernière utilisation en tant que prison (1835-1995).musee-des-instruments-de-musique-de-bale.1246820761.jpg Les travaux et l’aménagement du musée (1996-2000) ont été financés par les donations privées.  La plus grande collection d’instruments de musique de Suisse est exposée dans le Lonhof, avec quelques 650 instruments présentés dans 24 anciennes cellules de détenus.  « La section musique à Bâle » au premier étage replace les instruments dans leur contexte social avec une représentation des villes sur les tambours, la musique dans les milieux humanistes.
Une autre section « Concerto, chorale et danse » au 2è les expose en tant que genre musical, de la musique de chambre baroque aux instruments de couvent et d’église d’origines de Suisse.  Au troisième et dernier étage, « parade, fête et signaux » évoque les évènements où l’on joue ces instruments dans les circonstances telles que les représentations princières, la chasse, l’armée, avec également une exposition de « chapeaux chinois » et les instruments de musique turque, sans oublier les tambours européens.
Tout au long de la visite, presque conçu comme un « tour de ronde », le public peut écouter 200 extraits musicaux et recueillir des informations en trois langues (français, anglais, allemand) sur écran électronique (sources, illustrations, exemples musicaux, photos d’époque à l’appui) et choisir selon un système interactif.  Une « cellule spéciale» est consacrée au compositeur Mauricio Kagel, compositeur, chef d’orchestre et metteur en scène argentin né à Buenos Aires le 24 décembre 1931 et mort le 18 septembre 2008 à Cologne]. Il s’est principalement attaché au théâtre instrumental en renouvelant le matériau sonore (électroacoustique, sons divers).
« Un géant, en son genre, Kagel. Sobre dans ses mots. Profond dans ses pensées. Simple et lumineux. Et pédagogue dans tout son être avec cette qualité rare de respecter et d’écouter l’autre. Son « théâtre instrumental ». Très mathématique. Inimitable. Difficile, parfois. Labyrinthique Inclassable. Du Kagel, c’est du Kagel. Hors mode. Avec l’emprise et l’empreinte d’une pensée politique qui exclut les autoritarismes, les totalitarismes, questionne en permanence le pouvoir, tente de trouver du sens à l’insensé, de percer les mystères de l’ambiguïté et de résister au vertige de l’absurde. »
Il a exploré les ressources dramatiques du langage musical contemporain dans des pièces radiophoniques, des films, des œuvres électroacoustiques et des formes anciennes.   Sensible à l’humour et à la mécanique, le portrait de ce compositeur nous est dévoilé dans un espace spécialement aménagé pour les petits et les grands… un vrai moment de détente.Au carrefour de plusieurs civilisations et sollicitée par les différents styles musicaux de l’Allemagne, de la France et de l’Italie, la Suisse a connu, en musique, plus de théoriciens que de grands créateurs. La création d’un Collegium musicum à Zurich (1613) et à Winterthur (1629) marque également une étape importante dans le développement de l’activité musicale, non seulement par le soutien qu’il apportait au chant d’église et à la musique profane, mais dans l’élargissement à une association d’auditeurs de ce qui n’était jusqu’alors qu’un cercle de musiciens amateurs.lyra-flugel-1915.1246823613.JPG
Une forte tradition musicale humaniste s’est formée sur les bords du Rhin à Bâle durant les siècles précédents et jusqu’à aujourd’hui.
La visite de ce musée est un retour sur une partie de l’histoire de la musique en Suisse allemanique, dont l’influence de la musique allemande est demeurée capitale. Répartis sur trois étages, à l’éclairage tamisé et discret les instruments se révèlent dans un contexte très « cosy » d’où entre autre émerge un superbe saxophone couleur ivoire datant des années 30 et d’autres merveilles d’instruments à cordes, sculptés pour la beauté du regard.  
lonnhof-cellule-tagee.1246822673.JPGIncluant la vue d’une cellule tagée, restée intacte, ce musée est un véritable lieu de recueillement, sorte de « salon de musique » à l’ancienne dans une tour d’ivoire, dont certains ne sont sortis qu’en 1995. Côté cour, c’est idéal pour méditer. L’hôtel la brasserie Au violon qui se situe à côté dans l’entrée du Lohnhof ne demande qu’à nous faire entendre cet instrument.  

 photos et vidéos de l’auteur
les cellules sont plongées dans la pénombre aussi les vidéos sont très moyennes

Ronan Barrot

“Je peins des sujets de peinture.”
ronan-barrot-le-carre.1246540744.JPGRonan Barrot, mon premier coup d’œil à l’exposition qui lui est consacrée au Centre d’Art Contemporain Fernet Branca, a été désastreux. D’une salle, l’autre des toiles immenses, des couleurs, sombres, parsemées de bleu, de rouge, des crânes. J’ai fait rapidement le tour de peur d’être happée par un pessimisme évident. Les gardiens interloqués me voyant ressortir aussi rapidement, me disent : vous n’êtes pas la première à être choquée par ces peintures.
Moi : est-il suicidaire ?  Et bien non, car lors d’une des soirées consacrées au 10 ans du pass-musées, j’ai suivi la visite guidée, animée par Gusty Vonville,  passionné par l’œuvre de cet artiste. C’est là que j’apprends que Ronan Barrot est plutôt bon vivant (je cite GV), passionné d’histoire de l’art, effectivement dans ses peintures on retrouve des références à Goya, la grille, à Manet les déjeuners, à Courbet par la magnificence des ocres, à Rembrandt et Soutine – le bœuf écorché par l’émotion et la douleur dégagées, Cezanne pour les portraits et paysages, les références sont multiples. Ronan Barrot peint avec frénésie, la douleur, la guerre, la mort, avec lui c’est « crimes et châtiments »  dans l’exubérance des pigments et de la matière.
Pourquoi tous ces crânes dans la plupart de ses compositions ? Une manière de nous ramener à la préhistoire ai-je lu dans le catalogue, grâcieusement offert par Fernet Branca, ou vanité et memento mori.
On ne peut rester insensible devant « l’outrage » (Guantanamo), ronan-barrot-loutrage.1246540419.JPGun homme vêtu de rouge les deux mains liées,  entre deux poteaux, qui si l’on y regardent de plus près forment une croix dans le haut, les barbelés, n’étant plus que des volutes sur ses jambes, la tête inclinée sur la poitrine, tel un pendu, deux hommes de part et d’autres, une crucifixion avec les 2 centurions,
Un ciel de fin du monde, tout y est.
A ma question : Comment Ronan Barrot est-il perçu dans le monde de l’art contemporain, en tant que peintre figuratif, alors que l’air du temps veut qu’après l’holocauste on ne peint plus d’images d’où le passage  à l’abstrait ? Auguste Vonville évoque cette histoire :
Onze ans auparavant, en 1998, une conversation de  Denis Monfleur avec Yves Michaud, alors directeur de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris, tourne court
Cette conversation sort droit de l’imagination de l’enthousiaste Gusty, cette conversation sort droit de l’imagination débridée de mon lecteur enregistreur….donc acte…… Denis Monfleur n’ayant jamais rencontrer Yves Michaud, en dehors de ses lectures, mais elle aurait pu exister … aussi les guillemets se justifient d’autant plus…

 » Nous parlons de l’exposition consacrée aux diplômés de l’école, avec félicitations du jury. Je lui dis toute mon admiration pour les oeuvres d’un jeune peintre, Ronan Barrot, et lui ne cesse de vanter les qualités d’un autre artiste, François Durif, obsédé par les dessins chirurgicaux et offrant aux visiteurs des chapeaux en papier qu’il fabrique sur place car il s’est installé une chambre dans la salle d’exposition et ne quitte plus le lit. Barrot, lui, se contente de peindre : des crânes, des joueurs de foot, un autoportrait. J’épelle : Ro-nan Bar-rot, mais le directeur-philosophe, malgré toute sa bonne volonté, ne voit pas de qui je lui parle. »

Les deux témoignages ne coïncident pas tout à fait. Barrot affirme que le jury de l’Ecole des beaux-arts détestait ses tableaux, qu’il s’apprêtait à lui refuser son diplôme de fin d’études ou, au mieux, à le lui donner sans félicitations, lorsque, tel Zorro arrivant sur son fier destrier, » l’un des membres du jury, le peintre Yan Pei-Ming, sauva la situation en déclarant qu’il voulait lui acheter une des oeuvres – ce qui impressionna ses compères et les incita à se ranger à son avis. Plus mesuré, Yan Pei-Ming prétend que les autres jurés n’étaient pas hostiles à l’oeuvre du jeune peintre et qu’il n’eut aucun mal à les convaincre de le féliciter. » Selon que l’on aime ou pas le romanesque, on choisira l’une ou l’autre version. Admettons, la version de Yan pei-Ming ….
Autre toile avec une dédicace au dos « à Julien Coupat » dansronan-barrot-nous-viendrons-vous-chercher.1246540595.JPG « Nous viendrons vous chercher » un paysage de désolation, sur une terre rouge, surgissent des arbres dont on aperçoit que les troncs, au premier plan, un couple de squelettes accroupis contre le tronc, puis un homme assis parterre, de trois quart, accoudé, puis une ombre silhouette, indéfinie, loup-garou, diable, mercenaire, menaçant, tout ceci sur fond de cabanes en bois. Un ciel gris achève le côté menaçant du tableau, mais un semblant de fenêtre encadrant un bleu à la Barrot y met une touche d’espoir.
Il faudrait parler de « la main, la rencontre, les portraits, le Carré, le Cheval, Même les chiens ont faim, du honteux 17 octobre 1961,  etc… » Une exposition à voir jusqu’au 16 août.
photos de l’auteur
 

Sommaire de juin 2009

11 juin 2009 : Giacometti
12 juin 2009 : Art Basel Public Project 1
16 juin 2009 : Art Basel suite 2
18 juin 2009 : Art Basel Public Project 2 suite 3
22 juin 2009 : Art Basel suite 4
23 juin 2009 : Adieu Christine, Bonjour Frédéric
25 juin 2009 : Katharina Fritsch