La petite fille au ruban bleu

Suite à la projection sur France 5, je remonte mon article de 2009, sur le portrait d’Irène Cahen d’Anvers peint par Renoir en 1880.

J’ai été émue, mais aussi très admirative, de ce portrait croisé à la fondation Bürhle à Zurich. J’ai tenté par mes lectures d’en remonter l’histoire.

Voici ce qu’en disait Henri Michaux :

« Dans le visage de la jeune fille est inscrite la civilisation où elle naquit. Elle s’y juge, satisfaite ou non, avec ses caractères propres. Le pays s’y juge encore plus, et si l’eau y est saine, légère, convenablement minéralisée, ce qu’y valent la lumière, le manger, le mode de vie, le système social…Le visage des filles, c’est l’étoffe de la race même, plus que le visage des garçons…Le visage est leur oeuvre d’art, leur inconsciente et pourtant fidèle traduction d’un monde…visages mystérieux portés par la marée des ancêtres… visage de la jeune fille à qui on n’a pas encore volé son ciel… visage musical qu’une lampe intérieure compose plus que ses traits et dont le visage de madone serait l’heureux aboutissement »

Le portrait de Mademoiselle Irène Cahen d’Anvers, peint par Renoir en 1880, aujourd’hui unanimement reconnu comme un pur chef-d’œuvre. Traduisant avec délicatesse la rêverie mélancolique d’une jeune fille, ses grands yeux ingénus, sa chevelure rousse déployée sur le dos et ses mains sagement posées sur les genoux – « peu d’œuvres ont réussi comme celle-ci à capter tout ce qui nous demeure inaccessible du monde intérieur d’un enfant », écrit à son propos Pierre Assouline –, ce tableau n’eut pourtant pas une vie facile. Dès sa conception, l’œuvre déplaît fortement à la famille Cahen d’Anvers, et plus encore à la jeune Irène, qui déteste ce portrait d’elle-même et le détestera toute sa vie. Le chef-d’œuvre, comble d’infamie, sera relégué dans un placard, avant d’être recueilli, en 1910, par la propre fille d’Irène, Béatrice, offert par sa grand’mère la Comtesse Cahen d’Anvers.
Renoir et les Cahen d’Anvers se séparèrent dans de mauvaises conditions. Mécontents du travail de l’artiste, ils firent accrocher ces 2 tableaux (le pendant étant les 2 sœurs Elisabeth et Alice – Rose et Bleu) dans les communs de leur hôtel. On ne pouvait être plus méprisant, il mirent du retard à régler Renoir, d’autant plus qu’aucun prix n’avait été fixé par avance. Finalement avec mauvaise grâce, ils lui firent remettre 1 500 francs (1880). C’était plus qu’il n’avait jamais touché, mais nettement moins que ce qui se pratiquait ailleurs. D’autant plus que les Cahen d’Anvers étaient parmi les commanditaires présentés les plus riches.
Fort déçu de tant de pingrerie Renoir en eut des accès de mauvaise humeur antisémite que seule put tempérer la présence du portrait d’Irène dans une expositionà la galerie Durand-Ruel deux ans après.
Pour la petite fille au ruban bleu ce fut le début d’une presque légende.
Irène Cahen d’Anvers se laissa épouser par le comte Moïse de Camondo, à 19 ans le 15 octobre 1891. Elle se sépara du comte Moïse de Camondo, se convertit au catholicisme pour épouser celui qui avait entraîné les chevaux des écuries des Camondo, le comte Charles Sampieri.
C’est ainsi que la toile retourna dans la famille Cahen d’Anvers.
Trois décennies plus tard, la guerre s’abat sur les Cahen d’Anvers et les nazis raflent familles et tableaux. Le portrait de Mademoiselle Irène Cahen d’Anvers, dont la valeur, entre-temps, est devenue inestimable, (tombe entre les mains de Goering, qui le cède à un certain Georg Bührle), riche industriel suisse d’origine allemande, pourvoyeur d’armes lourdes pour la Wermacht et gros acheteur de tableaux volés. Léon Reinach époux de Béatrice de Camondo tente en vain de récupérer le tableau.
Mais à la Libération, Irène Cahen d’Anvers, ex-de Camondo et désormais comtesse de Sampieri, découvre dans l’exposition
« Chefs-d’œuvre des collections françaises retrouvés en Allemagne » une liste d’objets d’art pillés, la trace de son Renoir, et entreprend de le récupérer. La spoliation est manifeste, pour un tableau aussi connu et maintes fois exposé, et dont les légitimes propriétaires, Béatrice et Léon Reinach, ont disparu dans les camps. Aussi Irène héritière de sa fille, récupère-t-elle son tableau, mais c’est pour s’apercevoir qu’il lui déplaît toujours autant..
L’ex-épouse de Moise de Camondo, Irène devenue catholique et comtesse de Sampieri, divorcée du compte Sampieri, échappa aux nazis. Elle récupéra la fortune des Camondo par l’héritage Reinach après la guerre, et la dilapida.
Pauvre Renoir ! Rarement œuvre fut plus haïe par son modèle ! En 1949, elle le met en vente dans une galerie parisienne. Un amateur, aussitôt, s’en porte acquéreur. C’est… Georg Bürhle. Le portrait reprend le chemin de la Suisse, en toute légalité cette fois, et c’est ainsi qu’il se trouve aujourd’hui à Zurich, à la Fondation Bührle.
Dans le film que je viens de voir sur France 5, la cession par Goering à Bührle semble moins sûre.

D’après les dernières informations connues, il semblerait que c’est Irène Cahen d’Anvers qui aurait mis elle-même son  portrait en vente. Ce serait à  cette occasion que Monsieur Emil Bührle s’en est porté acquéreur. Il aurait aussi rendu les oeuvres spoliées à leurs propriétaires ou héritiers.

Kunsthaus, la Collection Emil Bührle

En 2021, à l’occasion de l’ouverture de l’extension du Kunsthaus, la Collection Emil Bührle, collection privée de renommée internationale, entrera au Kunsthaus. Le projet prévoit de placer les 166 tableaux et 25 sculptures de cette collection près de la section consacrée à l’art moderne afin d’offrir au public une continuité temporelle dans la présentation, dans un espace d’environ 1000 m2 spécialement conçu pour elles. Le regroupement des collections du Kunsthaus et de la Fondation Bührle dans un seul espace donnera naissance au plus important pôle européen de peinture impressionniste française après Paris.

Pour Zurich et la Société zurichoise des beaux-arts, la participation active d’Emil Bührle aux destinées du Kunsthaus a toujours été précieuse. Des dons comme les monumentaux tableaux de nymphéas de Claude Monet ou la Porte de l’Enfer d’Auguste Rodin sont désormais des incontournables de la collection. En finançant l’aile destinée aux expositions, Emil Georg Bührle a permis dans les années 1950 la naissance d’une plateforme dédiée à des événements originaux, où aujourd’hui encore, le public entre directement en contact avec l’art. Le travail de médiation culturelle auquel cette spectaculaire collection privée donnera lieu abordera bien sûr l’histoire de l’art, mais envisagera également la problématique des recherches de provenance, en replaçant les activités de l’entrepreneur et collectionneur Emil Georg Bührle (1890-1956) dans le contexte de l’histoire suisse.

De Holbein à Tillmans au Schaulager de Bâle

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Depuis le 4 avril, l’exposition «Holbein bis Tillmans» propose, dans le Schaulager de Bâle, 200 œuvres – peintures, sculptures, installations ou vidéos – étalées sur cinq siècles. Ces créations sont la propriété du Kunstmuseum, mais ont dû en sortir en raison de l’exposition que le musée bâlois consacre à Vincent van Gogh
A la frontière avec Bâle-Campagne, le bâtiment Schaulager, «le plus grand coffre au trésor de Bâle», monolithe signé des architectes Herzog & de Meuron, apparaît comme surgi du sol, cerné d’usines et de dépôts. On traverse la ligne de tram pour pénétrer dans une grotte de luxe. C’est ici que la commissaire et directrice des lieux Theodora Vischer a proposé ce déménagement inédit qui rapproche, par exemple, les Accidents et les  Ten-foot Flowers d’Andy Warhol des photographies du jeune allemand Wolfgang Tillmans.
Mais «Holbein bis Tillmans» est d’abord l’essai d’une rencontre entre les époques. La première œuvre, symbole de cette exposition, une photographie de l’artiste Rodney Graham représentant un savant, en selle à l’envers sur un cheval mécanique, lisant l’annuaire téléphonique de Vancouver la ville où il réside,  pour Allegory of Folly (2005), s’amuse du parallèle qui naît avec le portrait d’Erasme signé Hans Holbein (1530), vieux de cinq siècles, suspendu dans la salle contiguë. Parce que «l’art d’autrefois vu avec les yeux d’aujourd’hui peut parfois retrouver son actualité d’origine», explique Theodora Vischer.rodney-graham-allegory-of-folly.1249646830.jpg
C’est l’Etude d’un monument équestre « In the Form of a Wind Vane » L’artiste canadien reprend la pensée d’Erasme et fait allusion à son écrit provocateur, imprimé à Bâle, Das Lob der Torheit (1509) qui fit scandale à son époque. La modernité du sujet est évidente ainsi que le clin d’œil aux portraits présentés
Parmi les portraits peints par Hans Holbein le Jeune, on peut admirer celui de Bonifacius Amerbach, ami d’Erasme et de Holbein, grand collectionneur, qui céda sa collection au Kunstmuseum de Bâle en 1662.hans-holbein-portrait-de-bonifacius-amerbach.1249646913.jpg
La collection du musée des Beaux Arts de Bâle est ainsi la plus ancienne collection publique du monde.
Etrangement c’est une photo de Candida Hofer (1944) de la peinture d’un portrait de l’épouse de Holbein, en compagnie de leur fille Katharina et de leur fils Philippe, (car cette toile comme le  Christ Mort, ne doit jamais quitter le Kunst) est mise en coïncidence avec une toile de Picasso, Homme, Femme, Enfant.
Ce couloir vous conduit à l’installation de Llya Kabalov, « Mutter und Sohn » « das album meiner mutter » (1993) des lampes de poche sont à votre disposition pour découvir, ce que Beila Solodonkirna a rassemblé en souvenir de son fils, des objets usuels dérisoires, suspendus par  des fils, sur des cordes, comme une immense lessive, dans la pénombre, tout au long des murs des photos de famille.
Une autre étrangeté la vidéo «  Annex » de Tacita Deans filmant Mario Merz au visage menaçant.
La vidéo de Bill Viola, « Anthem » montre une jeune asiatique, laissant échapper un cri par moments, marchant dans une civilisation post-industrielle au son d’une étrange complainte,  seule humaine à L.A.
Les photos d’Andreas Gursky , montrant les bourses de Tokyo et de Frankfort  sont d’une technique plus actuelle.
David Claerbouts, dans sa vidéo nous emmène dans un « Happy Moment » où un groupe joue au ballon en toute quiétude.
Des tableaux noirs avec des dates d’On Kawara (1933) entourent une installation de Peter Fischli et David Weiss (1992/93) peter-fischli-david-weiss-tisch-1992-1993-detail.1249647123.jpgSur une immense table où ils ont déposé 750 objets reproduits en polyuréthane  significatifs de leur travaux en atelier.
Merian Maria Sibylla avec sa petite souris et ses fraises, voisine avec le RattenKönig de Katharina Fritsch, joli clin d’œil.
Les vanités et allégories de l’éphémère, se répondent avec le présentoir de Katatharina Fritsch, où une multitude des petits cerveaux (comme la pensée unique – formatée)katarina-fritsch.1249647514.JPG avec la toile de Remy Zaugg, gris sur gris, la vidéo de Gary Hill projetant un arbre minimaliste.
Toutes les associations ne sont pas pertinentes. Certaines toiles gagnent à être vues de loin :  telle Damascus de Frank Stella voisinant avec  Cedra de Donald Judd.
La madone de Robert Gober, transpercée par un énorme tuyau, à travers lequel apparaît un escalier où coûle l’eau purificatrice, trône toujours au-dessus de sa grille, flanquée de 2 coffres tout aussi aquatiques.
Les grands murs bénéficient d’un accrochage à touche-touche, muni d’un guide panoramique vous pouvez découvrir les noms des auteurs des toiles, quelques belles surprises.
Une exposition riche en découvertes, une occasion d’approcher les fonds souvent cachés du Kunstmuseum et de la Fondation Laroche. Il faudrait citer d’autres artistes et leurs oeuvres.
 Exposition visible jusqu’au 4 octobre.

Pas de documentation, ni de catalogue en français, vous  vous guidez seul à l’aide du texte allemand ou anglais. Encore moins de possibilité de photos.
 

Art Basel Unlimited 1

Cette année, l’exposition Art Unlimited, qui est déjà la dixième édition de ce secteur ,a  présenté
59 artistes de 24 pays. La liste des artistes qui participent à cette exposition prestigieuse, généreusement soutenue par UBS, se lit comme un gotha de la scène actuelle de l’art contemporain. De nombreux travaux exposés dans la Halle 1 ont été spécialement réalisés pour cette plate-forme. En plus de l’exposition dans la halle d’Art Unlimited, le secteur Art Statements  révèle cette année 27 expositions individuelles de jeunes artistes. Les sections Artists Books, Artists Records, une vidéothèque, Art Lobby et une librairie complètent le programme.
miss-art-basel.1247416632.jpg La conception de l’exposition de cette année, qui repose sur des propositions des exposants et correspond aux éditions précédentes quant au nombre d’artistes et au niveau qualitatif, a de nouveau bénéficié de la collaboration du Genevois Simon Lamunière, un commissaire d’exposition chevronné.
En plus de la diversité impressionnante des œuvres présentées dans les secteurs principaux de l’exposition, Art Unlimited réserve encore bien d’autres découvertes passionnantes aux visiteurs. Sur 12 000 m2, Art Unlimited offre aux artistes et aux galeries une plate-forme capable d’accueillir des créations qui dépassent les limites usuelles d’un salon d’art traditionnel, notamment des sculptures, projections vidéo, installations, peintures murales, séries de photos et performances qui trouvent ici un cadre à leur mesure.
sigmar-polke.1247415621.JPGAu cours de plus de quarante années de carrière, Sigmar Polke (Michael Werner Gallery, New York) n’a cessé de redéfinir le sens et la nature de la peinture à travers une approche radicalement personnelle des matières et procédés. Tout le parcours de l’artiste est caractérisé par l’exploration des liens qu’il laisse sous-entendre avec des “êtres supérieurs” et d’autres mondes, par le recours à des matériaux insolites comme la poussière de météorites, du graphite magnétique, du violet pur, du cinabre et des oxydes d’argent, pour n’en citer que quelques-uns. Au début des années 1990, il débuta une série monumentale de tableaux, les “Wolkenbilder” (1992), dont les séquences exposées à Art Unlimited représentent l’unique installation du genre de Polke. Ces créations reflètent le mystère et la magie d’un créateur extraordinairement vivant au sommet de son art.
“The Ballad of Sexual Dependency” (1973–1986) est la réalisation maîtresse de l’œuvre nani-goldin.1247415870.jpgde Nan Goldin (Matthew Marks Gallery, New York). Après avoir débuté en 1979 dans une boîte de nuit new-yorkaise pour une performance improvisée d’un soir, “The Ballad of Sexual Dependency” fut amené à sa forme actuelle au début des années 1980, avant d’évoluer au fil des ans vers une présentation de diapositives comprenant plus de 700 tableaux. Le portefeuille initial de tirages de la publication
ayant formé ce chef-d’œuvre n’avait jamais été exposé au public en Europe avant Art 40 Basel.
roni_horn.1247415955.jpeg“a. k. a.“ (2008/09), la dernière installation de photos de Roni Horn (Hauser & Wirth Zurich, Zurich/Londres), prolonge la ligne de travaux de portraits que Horn a définie au fil des ans dans le contexte élargi de son oeuvre. Dans chacune de ses créations, l’observateur est intégré comme un deuxième thème. La composition de paires et le dédoublement sont, depuis de nombreuses années, un leitmotiv de l’oeuvre de Roni Horn, et “a. k. a.“ illustre les dernières expressions de cet intérêt.
Quatre cubes transparents, en noir, blanc, jaune et bleu, sont disposés sous nos yeux comme un jeu d’esprit auquel Mondrian aurait lui aussi aimé jouer s’il avait eu accès à ces matières translucides. L’artiste vénézuélien Jesús Rafael Soto (Galerie Hans Mayer, Düsseldorf) s’est rendu célèbre par ses contributions à l’Op Art, ses sculptures cinétiques ainsi que par les liens qui l’unissaient à Jean Tinguely et Victor Vasarely. Mais il doit avant tout sa renommée à ses sculptures “pénétrables”, interactives, raphael-soto.1247416112.JPGqui se composent d’une succession de carrés réalisés à partir d’un accrochage de tubes étroits. L’oeuvre “Untitled” (1970) est présentée pour la première fois dans le cadre d’Art Unlimited
depuis une exposition en 1970 au Kunstverein de Mannheim.
Dans “Universum” (2008), une nouvelle œuvre complexe majeure, Stephan Balkenhol (Mai 36 Galerie, Zurich; Galerie Löhrl, Mönchengladbach; Stephen Friedman Gallery, Londres: stephan_balkenhol.1247416241.jpegGalerie Thaddaeus Ropac, Paris / Salzbourg) présente cinq immenses reliefs sculpturaux et architectoniques. En rassemblant des niveaux bi et tridimensionnels, l’artiste combine les sculptures sur bois et reliefs de son “homme ordinaire” avec des paysages, des scènes urbaines, la nature et des motifs détaillés.

Passions partagées

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« N’oublions pas que nous sommes ici face à un somptueux gâteau de fête. Normal dans ces conditions qu’il s’agisse moins d’une exposition que d’une suite de tableaux. A tout anniversaire, il faut de lumineuses bougies. »
la Tribune de Genève

Pour ses 25 ans, l’Hermitage de Lausanne a sorti le grand jeu. L’institution propose un florilège de 108 œuvres allant
 «de Cézanne à Rothko». Il s’agit de parcourir, l’art du XXe siècle. Mais les collections privées suisses, seules sollicitées, ne semblent-elles pas inépuisables?
Située dans une belle demeure du XIXe siècle, la Fondation de l’Hermitage accueille des expositions temporaires consacrées aux Beaux-Arts.cimg0006.1249129464.JPG
Elle est entourée d’un parc magnifique, ouvert en permanence au public sur lequel s’ouvrent les fenêtres et vous assistez à des tableaux sur l’extéreur au milieu des tableaux.
Vingt-cinq ans d’engagement passionné au service de l’art et des artistes, ont vu la belle demeure construite par la famille Bugnion au milieu du XIXe siècle accueillir des centaines de milliers de visiteurs enthousiastes.
A la fois directrice de l’Hermitage et commissaire de l’exposition, Juliane Cosandier accorde un reconnaissant
tribut à la clairvoyance des collectionneurs suisses.
Elle fait passer le visiteur de Renoir à Soulages et Richter en bonne maîtresse de maison. Il y en a pour tous les goûts. Aucun genre ne semble favorisé,
La Genevoise s’est pourtant offert le luxe de former quelques ensembles. On pense notamment aux quatre Braque fauves,georges-braque-paysage-a-lestaque.1249129285.jpg dont deux de toute beauté, ou aux Forêts de Max Ernst, qui datent comme par hasard des meilleures années du peintre.
Ont ainsi été favorisées les œuvres de grande taille, faites pour être vues de loin. Celles qui frappent, en un mot. Il s’agit de séduire, tout en impressionnant, mission accomplie.
Que citer : les admirables  Paul Klee ou l’inoubliable No 15 (1952) de Mark Rothko.
La petite salle du sous-sol consacrée à Giacometti est tout à fait remarquable, plaisante à retrouver même si l’on a admiré l’expostion de la Fondation Beyeler toujours en cours.
Voici la liste des artistes présentés :
Bacon, Baselitz, Braque, Bonnard, Calder, Cézanne, Dalí, Sonia Delaunay, Derain, Dubuffet, Ernst, Francis, Giacometti, Hodler, Kiefer, Klee, Klein, Léger, Magritte, Matisse, Miró, Monet, Picasso, Renoir, Richter, Rothko, Rouault, Signac, Soulages, Vallotton, Van Velde, Vlaminck, Warhol… et tant d’autres encore.

Sommaire de Juillet 2009

02 juillet 2009 : Ronan Barrot
05 juillet 2009 : Au Lohnhof – Musée des instruments de musique de Bâle
08 juillet 2009 : Sonia mon autre soeur
09 juillet 2009 : Pina Bausch
11 juillet 2009 : Am Anfang, Symbolique et démesure
13 juillet 2009 : Guiseppe Penone – La matrice de sève
15 juillet 2009 : Kandinsky – Improvisation 10
17 juillet 2009 : Robert Cahen – Françoise en mémoire (2007)
19 juillet 2009 : Cellula au collège des Bernardins
21 juillet 2009 : Le Cavalier Bleur au Frieder Burda
23 juillet 2009 : Elsa Grether, virtuose du violon
25 juillet 2009 : Robert Cahen – Sanaa
28 juillet 2009 : Titus Carmel – suite Grünewald
31 juillet 2009 : Musée Pouchkine de Moscou – de Courbet à Picasso

Musée Pouchkine de Moscou – de Courbet à Picasso

paul-gauguin-matamoe.1248968000.jpgLa Fondation Pierre Gianadda de Martigny présente les œuvres collectionnées par  Serguei Chtchoukine et Yvan Morozov prêtées par le musée Pouchkine de Moscou. Ces oeuvres taxées d’art bourgeois, par la Russie soviétique, ont été confisquées par le gouvernement par la suite. Ces deux collectionneurs ont fait preuve d’un goût sûr en s’intéressant aux impressionnistes, mais aussi pour Gauguin, Matisse et Picasso, . En moins de 25 ans Chtchoukine avait formé une collection de 259 peintures, aujourd’hui dispersées entre le musée de l’Ermitage à St Petersbourg et le musée d’état des beaux Arts Pouchkine à Moscou.
De son côté Morozov, acquiert  des œuvres de peintres russes, avant de se tourner vers la peinture contemporaine française.
C’est ainsi qu’il acquiert plus d’une dizaine de Gauguin dans la galerie parisienne , dont Matamoe (la mort) du marchand d’art Vollard. Gauguin rassemble dans la même image plusieurs symboles forts, le paon, la hache, le feu, dans un Eden verdoyant, un homme débite un arbre mort pour alimenter le feu, élément renvoyant à la vie, en présence du paon  (qui n’existe pas à l’origine en Polynésie) allusion aux vanités du monde. Gauguin tire le motif de l’homme à la hache d’un modèle antique, d’un détail de la frise du Parthénon.
Une autre toile qui n’est absolument pas mise en valeur, dans la présentation de ce lieu sombre aux murs écrasants, vincent-van-gogh-la-ronde-des-prisonniers-1890.1248968181.jpgen acquiert encore plus de gravité. C’est la « Ronde des prisonniers de Vincent van Gogh » acquise auprès  du marchand d’art Druet en 1909. Cette ronde est tirée d’une gravure de Gustave Doré,( au MAMCS) « Le Bagne » Le cercle de la ronde des prisonniers s’inscrit dans la géométrie très stricte des murs, que l’absence de ciel, comme à la Fondation, rend encore plus oppressant . Le pavement rappelle les briques des murs, contribuant ainsi l’enfermement complet des prisonniers. La gamme chromatique est réduite à des verts, des
bleus, des gris, sans aucune touche de couleur vive, l’ombre  bleus des silhouettes accentuent la géométrie du cercle. Les prisonniers sont d’anonymes silhouettes, seul un visage est apparent, tourné vers nous, rongé de tristesse, ne nous regardant pas, reflète l’inhumanité du lieu, autoportrait de Vincent, aux cheveux blonds- roux, ? Lui seul pourrait le dire. Seuls 2 papillons qui volètent contre le mur du fond offrent une touche d’espoir et de liberté.
N’est-ce pas aussi l’expression de son tourment de sa maladie, qu’il ressasse et représente ici.
J’aurai bien aimé y voir la Vigne Rouge
Jusqu’au 22 novembre.
rene-kung-roue-2005.1248968433.JPGDans le parc une nouvelle sculpture  a fait son apparition, une Roue en granit de René Küng – 2005, bizarrement abandonnée sur le gazon suisse, fraîchement tondu, enlevant tout charme de jardin un peu sauvage, la folle de Richier, la fontaine de Pol Burri, l’homme de Marino Marini avaient tous l’air un peu nu et sans défense, trop propre sur eux.
Le pavillon à côté de la fondation, s’est enrichi d’une mosaïque de Sam Szafran, auteur du mur en céramique aux Philodendrons, « Escalier, Variation I, »  dont on peut voir la déclinaison des dessins, aquarelles sur soie, empruntées aux peintres chinois, sujet qui avec les philodendrons font partie de son univers halluciné. D’autres photos, dont l’une d’Henri Cartier Bresson dont il a été le professeur de dessin, ornent les murs du passage. Sam Szafran au parcours chaotique, dormant dans le métro, passant ses journées au Louvre avec son fusain et son pastel, fréquentant St germain des Prés, galérant, jusqu’au jour où sa rencontre avec le galériste Claude Bernard met un terme à sa vie de misère.

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Titus Carmel – suite Grünewald

Une autre découverte au collège des Bernardins
(merci à Gérard, merci à Malou, merci à mon sympathique guide)
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Le retable d’Issenheim, chef-d’œuvre du peintre allemand Matthias Grünewald, créé de 1512 à 1516 pour l’église du couvent des Antonins d’Issenheim, est présenté au musée d’Unterlinden de Colmar. (Alsace)
Il s’agit d’un polyptyque à transformations formé de quatre panneaux peints représentant neufs tableaux de la vie de saint Antoine, de la Vierge et du Christ, encadrant une caisse et une prédelle sculptées par Nicolas de Haguenau, actif à Strasbourg autour de 1500.
Titus Carmel en parle :
Sa découverte suscite un choc émotionnel lié à la qualité picturale de l’oeuvre, mais aussi à sa forte expressivité et à sa monumentalité (3m30x5m90).
Contrairement à ses contemporains Dürer, Holbein et Lucas Cranach, dont on connaît les vies et l’oeuvre, le mystère qui entoure l’identité et la vie de Grünewald  ne fait qu’accentuer cet aspect pour le visiteur d’aujourd’hui.
Cette oeuvre a fasciné Huysmans, Picasso, Bacon et tant d’autres!
La peinture, de dimensions proches du panneau central de l’original, a été réalisée en même temps que les dessins, ceux-ci reprenant dans le détail tel ou tel fragment de la scène de la crucifixion, en en isolant les acteurs, tout en les situant titus-camel-dapres-le-retable-dissenheim-3.1247852158.JPGdans l’économie générale de la composition dont l’artiste met à nu, dirait-on, les lignes de force qui les commandent : il se livre à une véritable entreprise de déconstruction de la dramaturgie du tableau en en traitant les séquences à l’aide de toutes les techniques du dessin : fusain, mine de plomb, craies, pastel, encre, aquarelle. Il a aussi recours à la peinture acrylique et, très souvent, au papier collé. Certaines de ces feuilles sont d’ailleurs exclusivement consacrées au collage, spéculant sur les rehauts, les chevauchements, les transparences. Cette âpre descente vers toujours plus de gravité semble même, à certains moments, connaître une sorte de paix par la libération des formes et des gestes, et du dispositif formel qui les rassemble. L’ombre se trouve ici réinvestie par une lumière spécifique qui l’envahit toute et finit par la gagner.
 La crucifixion est à la fois abstraite et figurative, les visages ne sont pas esquissés, mais tout y est, par les pigments et par le trait. D’abord Marie Madeleine, titus-camel-dapres-le-retable-dissenheim-4.1247851737.JPGun  travail remaquarble sur  les mains, fait de collages de craie bistre, de rehauts de pierre noire sur lavis d’acrylique, Marie et Jean, on peut se reférer au magnifique ouvrage de Pantxika de Paepe, « Grünewald et le retable, regards sur un chef d’oeuvre », St Jean Baptiste avec son doigt pointé comme chez Léonard de Vinci.
Titus-Carmel propose une suite qui s’offre comme une longue méditation, marquant l’arrêt sur chacun des détails et des personnages de la Crucifixion de Grünewald. La Suite Grünewald devient ainsi, au terme de ce long travail de peinture et de dessin, une interrogation sur les enjeux mêmes de la représentation.
P. N.-D. : Pourquoi ce travail sur le retable d’Issenheim?
Gérard Titus-Carmel :
 – Depuis bien longtemps, comme beaucoup, je connaissais ce retable par des reproductions lorsque
m’a été donnée l’occasion de le contempler en réalité, seul,
souvent et longuement, à une époque où je lisais justement le très intéressant texte de Huysmans,
Trois Primitifs, qui s’attardent particulièrement sur le chef-d’oeuvre de Grünewald. La peinture, pour moi, marque dans son histoire quelques forts repères, et le retable en est un– et non des moindres –, somptueux dans sa violence comme dans sa composition, et terrible
dans la fixité de sa dramaturgie. De plus, le retable d’Issenheim s’offre à la vue par séquences, les scènes se découvrent lorsque les volets pivotent en occultant d’autres : c’est comme
feuilleter un grand livre ou comme démonter un corps en « écorché »titus-camel-dapres-le-retable-dissenheim.1247851855.jPG pour le comprendre dans sa totalité. Le panneau central, celui de la crucifixion, apparaît comme un opéra glaçant et pourtant plein de compassion. L’ensemble est d’une grande économie de couleurs– on dira essentiellement
blanc, rouge et noir –, ce qui lui confère une force et une puissance à la fois calme et solennelle.
Bien sûr, c’est le corps d’un crucifié qui est représenté là ; bien sûr, c’est la douleur et
l’imploration ; bien sûr aussi, c’est le Livre qui y est mis en scène, il n’y a pas lieu d’évacuer
le sujet. Mais bien plus qu’une terrifiante image pieuse, c’est avant tout un chef-d’oeuvre de la peinture. Et c’est en tant que peintre que je me suis interrogé sur cette oeuvre, m’intéressant avant tout à la géométrie interne qui la gouverne, à l’organisation
de l’espace et des formes, à la situation des personnages
– c’est-à-dire à l’ensemble du dispositif formel qui la commande, toutes ces exigences
rassemblées au seul service de la peinture. En tout cas,pour moi , de la haute idée que
je me fais de la peinture.
Ainsi les dessins sont devenus de plus en plus abstraits, chacun s’attachant à faire apparaître les lignes et les forces qui les faisaient si instamment participer au tableau.titus-camel-dapres-le-retable-dissenheim-2.1247851978.JPG
Et cela jusqu’au 159e où, presque à mon corps défendant– et à ma grande surprise –, je me suis vu refaire le geste du bras de saint Jean-Baptiste désignant le Christ, comme s’il récapitulait tous les autres dessins qui le précèdent,
en les pointant du doigt.Comme l’injonction d’un retour.Et pourmoi, comme une fin.
titus-camel-dapres-le-retable-dissenheim-1.1247851531.JPG
Jusqu’au 9 août au Collège des Bernardins
Photos de l’auteur

Robert Cahen – Sanaa



Robert Cahen a été primé pour sa vidéo Sanaa, passages en noir, 2007
Production : Boulevard des Productions Strasbourg, montage effets speciaux Thierry Maury
reçoit  le prix du  » documentaire le plus innovatif  » du Festival  SOLE LUNA , Festival  International du documentaire sur la Méditerranée et sur  l’Islam. Palerme, Italie
Sanaa, capitale du Yemen, où 2 femmes  voilées, silhouettes noires, passent, se fondent, croisent un personnage indifférent, sur fonds d’un extrait de la passion selon St Jean, de Jean Sebastien Bach. La vidéo n’est pas sans évoquer, chose très rare à l’heure actuelle, des religieuses de nos régions se rendant à l’office. Ceci pour mettre en exergue le commandement de la charia qui oblige les femmes à se couvrir.
En cliquant sur son nom vous pouvez écouter son explication.
La vidéo de Robert Cahen, a été projetée à la Filature de Mulhouse pendant le Festival Transes.
vidéo courtoisie de Robert Cahen

Elsa Grether, virtuose du violon

elsa-grether-1.1248295267.jpgIl semble bien que, de tout temps, l’Alsace ait été terre de musique.
Du compositeur Léon Boëllmann, né à Ensisheim, au Strasbourgeois Émile Waldteufel.
D’Albert Schweitzer
, excellent organiste, au clarinettiste mulhousien Paul Meyer ou au guitariste manouche Biréli Lagrène, natif de Soufflenheim.
Elsa Grether est de cette lignée. Et de cette autre, où s’engouffre la jeune génération des interprètes actuels. Ardents. Fougueux. Pétris de talent. Et passeurs d’émotions absolues, quand ils en arrivent à
« s’oublier jusqu’à « devenir » la musique «  qu’ils jouent, comme dit
Elsa, qui cite aussi volontiers Georges Braque :
 « Il n’est en art qu’une chose qui vaille : celle qu’on ne peut pas expliquer ».
Sur la page d’accueil de son blog, la violoniste de 29 ans a donc convié Jankélévitch et mis en exergue cette belle phrase du philosophe et musicologue russe : « Seule la musique peut exprimer l’inexprimable : elle est le logos du silence. » Une formule dont Elsa Grether a fait son viatique et qui lui va comme un gant. Ou plutôt comme une sonate de Bach ou de Szymanowski, deux de ses compositeurs de prédilection. Ou mieux encore, comme la 3e de Martinu, « une de mes pièces préférées ». Car, interroge-t-elle,
 « à quoi sert la musique, si ce n’est à extérioriser des émotions qui sont communes à tout le monde et qui ont traversé les siècles ? Paradoxalement, la musique est très
proche du silence. L’une et l’autre nous assortissent à quelque chose qui nous dépasse totalement et qui nous fait entrer en vibration avec l’essentiel.»

Belle, souriante, épanouie, toute dévouée à sa carrière et à son Landolfi de 1746, le violon italien pour lequel elle a eu le coup de foudre il y a deux ans « parce qu’il a du chien », Elsa Grether,  est une authentique fille d’Alsace et de son patrimoine musical, ouvert et inventif.

Une province qui l’a vue naître en juin 1980. Dont elle aime ce qu’elle appelle la « Gemütlichkeit » et où elle joue à chaque occasion qui se présente. La dernière fois, c’était en mars 2009, pour une
tournée de neuf concerts en compagnie de la pianiste Éliane Reyes et de la violoncelliste Béatrice Reibel, ses deux amies du trio Agapè, qu’elles ont créé il y a un an.
Une partie de sa jeune vie d’artiste est ainsi déjà gravée dans le grès des Vosges : le Concerto pour violon de Joseph Haydn en mai dernier à Sélestat, en solo et à la direction d’orchestre avec la Follia ; le Concerto en sol mineur de Max Bruch à Mulhouse, en 2008, et celui de Johannes Brahms à Strasbourg, la même année. En attendant Musica, le festival de musique contemporaine de Strasbourg, où elle interprétera le 29 septembre prochain, avec l’ensemble In Extremis, une oeuvre d’un jeune compositeur strasbourgeois de sa génération, Christophe Bertrand, à peine 28 ans.
Elle dont un des premiers maîtres, le violoniste Ruggiero Ricci, au Mozarteum de Salzbourg, avait apprécié
« le feu en elle », a fini 2008 avec une quarantaine de récitals, où la musique musique contemporaine était de plus en plus souvent présente, et poursuit 2009 avec une palanquée de rêves. Dans le désordre : rester free lance, « parce que c’est la liberté, celle, notamment, de jouer avec les gens que j’aime, comme les pianistes Delphine Bardin ou Feren Vizi », mais trouver un « bon agent ». Enseigner à mi-temps. Se lancer dans des récitals de violon seul.
Rencontrer Gidon Kremer, qu’elle « admire ». Interpréter le Concerto pour violon de Benjamin Britten, réputé injouable. Ou encore former un duo avec la joueuse de pipa (une cithare chinoise) Liu Fang.
Un autre de ses projets n’est déjà plus un rêve puisqu’il va se concrétiser en 2010, l’année de ses 30 ans : ce sera l’enregistrement de ses deux premiers disques, l’un de sonates russes, l’autre d’oeuvres d’Europe centrale, pour lesquels elle « cherche encore quelques fonds », mais apprécie le sponsoring de la Fondation Alliance à Mulhouse.
Bientôt trentenaire, donc, et un long parcours d’excellence derrière elle. Découverte sitôt passionnée du violon à l’âge de 5 ans à Mulhouse. Études musicales à Paris. Sept ans et demi à l’étranger, dont deux en Autriche et cinq aux États-Unis, qui lui apprennent à décliner ad libitum la maxime de son mentor salzbourgeois :
 « La musique, c’est comme un ascenseur, ça monte et ça descend. Rien n’est jamais acquis. »

Une formule qu’elle décline à son tour sous d’autres formes, comme
« Il faut se remettre en question constamment », ou « Savoir qu’on apprend tous les jours », en faisant référence à « l’idée de la perfectibilité de l’homme » chère à Tocqueville.
« Tout ce qui me reste de mes cours de philo », sourit-elle.
extrait du journal l’Alsace
Texte Lucien Naegelen

Photo Jean-François Frey 

La Cavalier Bleu au Frieder Burda de Baden Baden


Une belle suite à l’exposition Kandinsky du Grand Palais, si l’on peut parler ainsi de ce qui précède sa pédiode abstraite.
Jusqu’au 11 octobre 2009, environ 80 chefs-d’œuvre de la célèbre collection du Lenbachhaus à Munich sont présentés au Musée Frieder Burda. Parmi les travaux exposés se retrouvent des tableaux connus comme le « Cheval bleu I » (1911) de Franz Marc,franz-marc-le-cheval-rbleu.1248094684.jpg
« Méditation » (1918) d’Alexej von Jawlensky, « Jawlensky et Werefkin » (1909)
 de Gabriele Münter ou « Promenade » (1913) d’August Macke.

« Nous n’avons jamais prêté autant d’œuvres du mouvement Der Blaue Reiter, » souligne Helmut Friedel, directeur de la Galerie Municipale du Lenbachhaus, qui sera fermée en raison d’importants travaux de rénovation pendant les trois années à venir, Le musée Frieder Burda sera le seul lieu d’exposition en Allemagne pendant la période de rénovation.
jawlensky-meditation.1248094786.jpgLes œuvres du mouvement Der Blaue Reiter retrouvent dans ce musée entouré de nature, ouvert en plusieurs endroits sur le jardin environnant, un lieu qui reflète à merveille le caractère des tableaux, souvent peints face à la nature. Le portrait d’Alexandre Sakharoff » d’Alexej von Jawlensky est prêté pour la première fois, bien qu’il soit extrêmement fragile.  Il porte les trâces d’’un séchage trop rapide, d’une toile non finie, le danseur, ayant rendu visite à Jawlensky dans son atelier, avant une représentation, en tenue de scène, grimé de blanc, lèvres rouges, les yeux charbonneux, au physique androgyne l’emporta aussitôt peint. Helmut Friedel, qui est aussi commissaire de l’exposition  le souligne, et fait remarquer que le tableau ne sera plus jamais prêté ultérieurement.jawlensky-alexej-sacharof.1248095292.jpg Cela est aussi valable pour la toile « Das Blaue Pferd (le Cheval Bleu) » de Franz Marc, un des joyaux de la collection du Lenbachhaus.
En outre, l’exposition comprend beaucoup de portraits d’artiste que les membres du mouvement ont peint l’un de l’autre dans de différentes situations de leur vie  ( je vous la recommande) et qui traduisent leur relation intime.kandinsky-peingant-gabriele-munter-a-murnau.1248096141.jpg Ainsi, ils permettent au spectateur de connaître les artistes non seulement en tant que peintre mais aussi en tant qu’homme privé.
Le caractère intime de l’exposition est renforcé par la présentation simultanée de 64 photographies de Gabriele Münter, évoquant la vie à Murnau et les multiples rencontres amicales des artistes.  Bien qu’il s’agisse de photos à caractère plutôt privé, elles ont une valeur artistique en soi. Aucun autre mouvement d’artistes ne fut aussi bien documenté en photos que le Blaue Reiter. Elles témoignent sans pareil de l’histoire et du développement du mouvement « Der Blaue Reiter » ainsi que de la relation amoureuse de Gabriele Münter avec Kandinsky entre 1902 et 1914.

Mouvement dans lequel ils développent la conception d’art du mouvement : l’absence de toute restriction stylistique, l’inclusion de toute sorte de manisfestations créatrices – des dernières réalisations de l’Avant-garde internationale à l’art folklorique, des arts ethniques aux dessins d’enfants ou d’amateurs. Même la musique de l’époque jouait un rôle central.
On y apprend aussi que le premier cavalier a été dessiné par Gabriele Munter, représentant l’image iconographique de St Georges terrassant le dragon, il sera la couverture de l’almanach du Cavalier bleu, mais aussi très présent dans les toiles de Kandinsky.
Une exposition à voir absolument.