Voyages extraordinaires au CRAC Alsace

simon-faithfull2.1271106220.JPGL’exposition du CRAC est une extraordinaire invitation au voyage jusqu’en 16 mai 2010. Titre qui ne peut que me plaire.
Qui n’a jamais rêvé de partir à l’aventure, tels que ces étonnants voyageurs, en suivant sa fantaisie, ou comme dans le rêve de Philippe Schweyer, dans le numéro 7 de NOVO, en suivant le méridien de Greenwich, dans une certaine direction, à l’aide d’un GPS, en formulant le voeu de croiser son idole du moment, ou de toute une vie. Or c’est ce que réalise Simon Faithfull, suivi par une caméra pour faciliter les approches.
Ou encore faire la pluie et le beau temps, comme Christophe Keller maître de la pluie.
L’exposition Voyages extraordinaires rassemble une sélection d’oeuvres de Simon Faithfull (britannique, qui vit à Berlin) et Christoph Keller (allemand, qui vit à Berlin), la plupart récentes et inédites en France.
Les univers de ces deux artistes, bien que différents, ont en commun un intérêt pour des corpus de données relevant (plus ou moins directement) de la science ainsi que pour la façon dont ces données pouvent être rejouées dans le champ de l’art.simon-faithfull1.1271106330.JPG
Réactivateurs d’expériences ou d’aventures scientifiques (Escapes Vehicles de Simon Faithfull, Cloudbuster Project de Christoph Keller), Simon Faithfull et Christoph Keller placent la question de la découverte et de l’expédition – qu’elles soient physiques ou mentales – au coeur de leur travail.
La science à laquelle ils font référence et/ou qu’ils utilisent comme matériau est pour l’essentiel une science désuète qui fait la part belle aux mythes et aux utopies (le savant démiurge, l’inventaire du monde, la découverte de nouveaux territoires, etc.).
Ainsi, à partir d’expériences ‘proto-scientifiques’, dont la portée et l’intérêt se situent loin des contraintes de l’innovation et du résultat, ils libèrent le potentiel poétique, mythique ou philosophique de la science. Dans la lignée des récits de Jules Verne, leurs oeuvres mêlent présent (ou passé) technologique et mondes imaginaires, cependant que leurs science-simon-faithfull.1271105108.jpgfictions décalées sont à considérer comme des oeuvres d’anticipation inversées.
L’exposition s’accompagne d’événements qui lui font écho : performances du collectif Ödl autour des oeuvres exposées, conférence sur les liens entre art et science, etc.
Commissaire de l’exposition : Sophie Kaplan
Project Room n°6
En 2010, le CRAC Alsace confie pour une année son Project Room à Dixit (E. Lisa Annicchiarico, Jessica Monnin, Clarisse François), collectif de jeunes historiennes de l’art basées dans le Grand Est, et leur donne ainsi une première occasion de développer un projet curatorial dans la durée.
Le CRAC affirme ici d’une autre manière sa volonté de soutenir la jeune création et la pensée émergente.
Pour leur premier Project Room, les jeunes critiques présentent Mais Godard c’est Delacroix /
Plan 1 avec les artistes The Plug et François Génot.
Une nouveauté au CRAC le petit café dont l’ensemble des responsables se félicitent :

Le Petit Café occupe l’ancien centre de documentation. Respectant l’architecture du lieu et profitant de ses larges fenêtres qui donnent l’impression d’être à la fois à l’intérieur et à l’extérieur, le designer Fred Rieffel a imaginé un ensemble fluide et modulable dans des teintes et matériaux à la fois naturels et contemporains, s’inspirant de l’âme du lieu (un ancien lycée) autant que d’influences variées (bar lounge, bistro). img_3087.1266020292.jpg

Le Petit Café du CRAC se veut un endroit convivial, un lieu d’échanges et de culture, offrant également un nouvel espace de rencontres à Altkirch. Il est constitué de deux parties, un centre de documentation et un café permettant à tous de prolonger la visite des expositions autour d’une boisson, dans un cadre accueillant et chaleureux.

photos de l’auteur

Anne Immele à l'espace Malraux de Colmar

« Mille reflets du ciel
Promenaient, éveillés, les charmes de mes songes,
Et venaient éclipser l’étendard du réel. »
Max Jacob

Comment parler d’une artiste photographe, qui sait mieux que personne présenter son travail ?
En effet sur ses site et blog personnels, Anne Immele, parle avec sensibilité et poésie, de ses motivations, du choix de ses photos, de cette passion qui l’anime, au point de l’enseigner au Quai à Mulhouse, mais aussi à  l’université de Strasbourg. Issue de l’école d’Arles, où elle a acquis un solide bagage, l’artiste nous montre ses travaux récents qui dialoguent entre eux en silence au rythme incessant du projecteur de diapositives où l’image d’une montre sans aiguille revient sans cesse.anne-immele-montre.1270997961.jpg
« le projecteur de diapositives.  Le carrousel effectue un mouvement circulaire, il tourne et projette de manière régulière 80 diapositives, qui sont toujours identiques. Ces diapositives sont des reproductions de la même image d’une montre, qui a la particularité d’avoir perdu ses aiguilles. La montre n’indique plus le temps qui passe, le carrousel tourne, mais –  tout en avançant de manière cyclique – il revient sans cesse à la même image. Il n’y a aucune progression. L’instant n’en finit pas… de se répéter. Le son est particulièrement important : la scansion du carrousel qui avance d’une diapositive à la suivante a remplacé le tic-tac de la montre ». – Anne Immele
anne-immele-paysages-urbains.1270999089.JPGSes formats carrés mettent en avant la problématique architecturale et sa confrontation avec l’humain.
Le regard porté par Anne Immele  nous pousse au questionnement existentiel  à Colmar, à l’espace Malraux, jusqu’au 30 mai 2010.
Tout d’abord les antichambres, qui montre un état des choses, un état des lieux, ces images  qui pourraient paraître calmes, sereines, harmonieuses, or elle espère qu’il n’en est rien, car malgré leur apparence, immobile et hiératique, se sont des forces (intranquilles) agitées, qu’elle souhaite provoquer et convoquer. Les paysages urbains montrent des habitations récentes, des parkings, des chantiers, des lieux incertains, qui caractérisent ce qu’elle ne pourrait  nommer le nivellement. Souvent il s’agit d’un nivellement géographique du terme, par exemple du nivellement du sol, qui a été aplani pour construire des immeubles, mais c’est aussi le nivellement social, avec ces immeubles, qui ne sont pas là pour convoquer la diversité, la singularité, mais au contraire montrent obstinément la similitude, une sorte d’unité, qu’on pourrait qualifier de formatage méticuleusement organisé. Ces paysages urbains sont associés à des portraits.
anne-immele-portraits.1270999194.jpgDans les portraits elle joue entre la faille qui existe entre l’extériorité c’est à dire, la faille  du  visage qui est photographié et l’intériorité  de la personne qui reste toujours inaccessible, et c’est dans cette faille que se joue toute la dimension du portrait, qui est pour elle du registre qu’elle qualifie d’effondrement.
A l’étage on peut voir les paysages immobiles, images saisies, captées dans son quotidien, dans les rues et les lieux qui lui sont familiers, au jour le jour, et là encore il s’agit pour elle de scruter, ce qu’elle nomme avec  Max Jacob – « l’étendard du réel«    qui peut être mieux fixé au sein des associations photographiques.
Les memento mori où elle associe les photographies récentes  avec des petits tirages argentiques polaroïdes qui ont été réalisés pour certains depuis ses débuts dans les classes de la ville de Colmar, qui pour elle sont importants, pour ce qu’elle a pu apprendre de  la photo pas tant  du domaine technique, que du phénomène lié au temps, différentes temporalités.anne-immele-memento-mori.1270999220.jpg
Le temps du tirage photo, qui est un temps long qui est propice à la méditation, dans lequel on laisse l’image advenir, apparaître, et c’est un des sujets de memento mori, c’est principalement ce rapport au photographique et à l’apparition photographique elle-même.
La photographie a un rapport à l’instant éphémère et pourtant cet éphémère reste fixé dans un instant qui n’en finit pas, dans cette dimension temporelle là, qu’elle a voulu travailler. Il y a un autre rapport au temps, c’est celui du regard porté en arrière de manière rétroactive sur des images qui peuvent aussi être habitées par une dimension mémorielle affective, c’est aussi cette dimension là qu’elle a voulu évoquer. Ce n’est pas un hasard si ce travail de memento mori est exposé à Colmar qui est sa ville natale, c’est la conjonction de ses recherches universitaires depuis quelques mois, qu’elle ne voulait pas montrer ailleurs que dans cet espace en priorité.
photos des photos d’Anne Immelé
c’est le comble de photographier des photos, mais comment procéder autrement?
Texte largement inspiré du discours d’Anne Immelé, quasi reproduit à l’indentique.

Henri Rousseau à la Fondation Beyeler

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Jusqu’au 9 mai 2010
Dans le foyer un hommage à Ernst Beyeler décédé le 25 février de cette année.

« Tu te souviens Rousseau, du paysage aztèque, Des forêts où poussaient la mangue et l’ananas. Des singes répandant tout le sang des pastèques Et du blond empereur qu’on fusilla là-bas. Les tableaux que tu peins, tu les vis au Mexique… »
Apollinaire, Ode à Rousseau, 1908

Henri Rousseau répond de façon imaginaire à des questions qui ne se posent pas, C’est le rêve passé de l’autre côté du miroir. Ces tableaux conservent leur mystère et posent des questions insolubles.
Ses tableaux dépeignent ses rêves et un monde imaginaire. Son oeuvre est plus proche de l’art populaire que les peintures spontanées des impressionnistes. Très vite, la critique va dire du Douanier Rousseau qu’il est un naïf car il ne respecte pas les règles de la perspective, ni l’exactitude du dessin, et encore moins les proportions. Mais Alfred Jarry remarque son travail qui n’est pas si éloigné du sien. Puis c’est au tour d’Apollinaire qui noue avec lui une amitié profonde.

« Gentil Rousseau, tu nous entends – Nous te saluons – Delaunay, sa femme, Monsieur Queval et moi – Laisse passer nos bagages en franchise à la porte du ciel – Nous t’apporterons des pinceaux, des couleurs, des toiles – Afin que tes loisirs sacrés dans la lumière réélle – Tu les consacres à peindre, comme tu tiras mon portrait – La face des étoiles. »
Epitaphe gravée sur la tombe de Rousseau par Brancusi

La peinture d’Henri Rousseau (1844-1910) a fait fi des frontières établies pour s’engager dans des territoires encore inexplorés. Alors qu’il n’avait fréquenté aucune école d’art, le douanier Rousseau a peint des œuvres éloignées de toute tradition académique, ne consacrant d’abord à son art que ses heures de loisir. Longtemps méconnu en tant que peintre naïf, il s’est imposé tardivement dans les salons parisiens. Ce sont des poètes comme Apollinaire, et des artistes comme Picasso, Léger, Delaunay puis Kandinsky, qui ont été les premiers à reconnaître son importance exceptionnelle. Cent ans après sa mort, la Fondation Beyeler consacre à ce pionnier de l’art moderne une exposition regroupant une quarantaine de ses chefs-d’œuvre conservés dans des musées prestigieux et de grandes collections particulières d’Europe et d’Amérique. On découvrira les portraits insolites de Rousseau et ses images poétiques de villes et de paysages français, des œuvres dans lesquelles il rend visible la présence du mystère, au sein même du quotidien. Le sommet de l’exposition est constitué par un important groupe des célèbres tableaux de jungle de Rousseau. Il n’avait jamais vu de forêt vierge, ce qui a permis à son imagination de se déployer d’autant plus librement et dans des couleurs d’autant plus somptueuses, pour donner naissance, dans sa peinture, à une jungle peuplée d’habitants exotiques. Par ses compositions picturales merveilleuses, souvent oniriques, Rousseau incarne la redécouverte de la fantaisie au début de l’époque moderne. Il a ainsi ouvert à l’art la porte de mondes nouveaux, qui ont influencé notamment les cubistes et les surréalistes et continuent à enthousiasmer aujourd’hui les amateurs d’art, petits et grands.
Le commissariat de cette exposition a été assuré par Philippe Büttner en collaboration avec Christopher Green. Le projet a bénéficié du soutien exceptionnel du musée d’Orsay et du musée de l’Orangerie, Paris.

La muse inspirant le poète, 1909rousseau-appolinnaire-et-marie-laurencin.1270767683.jpg
Kunstmuseum, Bâle
En 1908/1909, Rousseau a réalisé deux « portraits-paysages » de son ami, le poète Guillaume Apollinaire, et de sa maîtresse, Marie Laurencin. La première version se trouve aujourd’hui au musée Pouchkine de Moscou, la seconde, présentée ici, est conservée au Kunstmuseum de Bâle depuis 1940. Elle m’a toujours fait sourire, voire plus, rien qu’à lécoute de la chanson de Jo Dassin, lorsqu’il évoque Marie Laurencin et ses aquarelles, j’étais loin de l’imaginer à la manière de Rousseau.
Cette toile de grand format nous montre le poète et sa maîtresse, la « muse » qui l’inspire, derrière une banquette de gazon, à la lisière d’une forêt qui devient de plus en plus touffue vers le fond du tableau. La poésie et — puisque Marie Laurencin était peintre — la peinture servent ainsi d’intermédiaires entre la nature mystérieuse et nous. La disposition symétrique des personnages entourés d’arbres relie également ce tableau, au-delà des limites de genre, avec des oeuvres comme La noce et Joyeux farceurs.
Joyeux farceurs, 1906
henri-rousseau-joyeux-farceurs.1270767721.jpgPhiladelphia Museum of Art, The Louise and Walter Arensberg Collection, 1950
Un an tout juste après le grand succès remporté au Salon d’Automne de 1905 par son tableau de jungle Le lion, ayant faim, Rousseau propose au public médusé une autre représentation de jungle : Joyeux farceurs. Cette fois, ce n’est pas un combat dramatique avec un fauve, une lutte à mort, qu’il représente, mais une comédie divertissante. Le décor de forêt exotique a envahi tout le tableau. Il ne reste plus grand-chose du ciel clair. Rousseau a soigneusement équilibré la moitié gauche et la moitié droite de l’image. L’oiseau est placé à droite, la fleur blanche à gauche de l’axe de composition, tandis qu’au milieu de la partie inférieure, les feuilles vertes qui s’élèvent depuis le bord du tableau s’écartent pour ménager de l’espace aux joyeux drilles de la scène centrale. Les singes-clowns ont l’air de s’amuser avec une bouteille de lait renversée et un gratte-dos rouge ( ?). À quoi peuvent-ils bien jouer ? C’est une des toiles qui a ma préférence.
Un soir de carnaval, 1886dream_01.1270767785.jpg
Philadelphia Museum of Art,
The Louis E. Stern Collection, 1963
Un soir de carnaval est l’une des premières toiles de Rousseau que l’on puisse dater avec précision. Ce chef-d’oeuvre a été présenté au Salon des Indépendants de 1886, où Camille Pissarro, le peintre impressionniste, l’admira beaucoup. Sur cette toile, le petit couple de personnages très éclairé, sans doute copié d’après une miniature, plane au-dessus du sol plongé dans l’obscurité. Les branches en filigrane de la forêt hivernale se dressent dans la hauteur infinie du ciel et se découpent avec transparence sur le firmament bleu nuit. L’éclairage, qui fait penser aux toiles du surréaliste Magritte, et les proportions des personnages, soustraits à la réalité, prêtent à cette scène un aspect onirique.
Portraits

Le portrait de femme du Musée d’Orsay offre un exemple impressionnant de « portrait-paysage », henri-rousseau-portraits_02.1270769447.jpgun genre propre à Rousseau. L’élégante vêtue de sombre ne recouvre pas seulement le feuillage du fond, mais aussi une partie des fleurs du premier plan, et surtout le chemin qui aurait dû conduire dans la profondeur de l’image. Quelle présence ! Cette femme devait être remarquablement belle et d’un chic extrême. Remarquez la position de ses mains et observez son visage. Nous ne savons pas qui elle était et son nom lui-même ne nous est pas parvenu. Nous ne connaissons d’elle que son portrait et ce visage étrange, inaccessible, peint dans le ciel. Les pointes de pied menues sous l’ourlet de la robe noire, le chaton qui joue avec une pelote de laine et les pensées soigneusement alignées au premier plan prêtent à cette figure féminine une incroyable monumentalité. Elle est présentée en contre-plongée, ce qui ne nous empêche pas de regarder par-dessus son épaule pour observer les brindilles de l’arrière-plan qui se dressent le long de sa manche avec une grande beauté formelle. Cette toile aux plages colorées clairement dessinées est purement et simplement anti-impressionniste. henri-rousseau-portraits_01.1270769339.jpgÀ titre de comparaison, jetez un coup d’oeil dans la salle Monet. On y célèbre également la monumentalité et la nature, mais de tout autre façon. Chez Monet, il n’y a pas de délimitation, pas d’éléments formels (pré)dessinés. Son objet pictural — l’étang aux nymphéas — s’est dissous en lumière et en couleur. Chez Rousseau, en revanche, tout a été délibérément appliqué dans l’image. Chaque couleur, chaque forme est établie avec précision. Le « haut » et le « bas » sont eux aussi parfaitement définis. Rousseau trace avec un soin extrême les contours de la superbe robe sombre sur le feuillage vert, et place la tête de la dame tout en haut, dans le ciel gris bleu. (certains textes proviennent  de la notice)

Images Internet et catalogues

Lucian Freud, pétrisseur de chair

lucian-freud-latelier.1270680471.jpgL’exposition sur le peintre Lucian Freud, petit fils du psychanalyste Sigmund Freud, né à Berlin en 1922, et vivant depuis 1934 en Angleterre, au centre Pompidou, se décline en 4 parties.
Les connaisseurs se souviennent de l’énorme nu de Sue Tilley (Benefits Supervisor Sleeping) qui s’est vendu plus de 33 millions de dollars à New York, acquis par le russe Roman Abramovitch,  et par la même occasion faisant de Lucian Freud l’artiste vivant le plus cher au monde
Obcène, carnation, incarnation, obésité, particularités anatomiques, disproportions prononcées, genoux cagneux, seins qui tombent ou virilités emphatiques, endormis, lourds, les qualificatifs fusent, les avis sont contrastés. C’est une peinture figurative, faite d’empâtements plus ou moins épais, les couleurs malgré le sujet du nu agressif, sont douces : ocre, gris, brun, blanc.
Intérieur/extérieur :
L’exposition ouvre sur une toile qui rappelle le cheval de  Maurizio Cattelan avec son arrière train dont là c’est la tête qui entre dans le mur  à la Dogana, ici c’est un zèbre rouge et jaune qui pénètre à travers l’ouverture blanche, d’une fenêtre  sur un mur violet, dans l’atelier du peintre, un canapé fatigué, qui fait penser à un piano, une plante, un tissu rouge abandonné, un pouf noir.
Il développe durant 3 décennies le même intérieur où il met en relation, ses personnages nus, il se concentre sur le thème de l’atelier avec les paysages urbains, sinistres, cassés, tristes, comme les corps,  les animaux, magnifiques chiens et plantes vertes.
Le corps allongé, en vue plongeante, des corps peints sans complaisance, dans leur vérité, obscène,  une scène lucian-freud-lavado-sumos.1270681621.jpg surréaliste, étrange, un homme lisant, assis, sur un canapé, le chien fidèle   couché à ses pieds, il est au premier plan, puis au second plan, un autre homme nu, donne le sein à un bébé, (Sigmund O secours ! ) dans un intérieur ocre, gris et blanc.freud-lucian.1270681002.jpg
2 lutteurs japonais au-dessus du lavabo blanc, avec des  marbrures avec les codes de couleurs de Freud comme sur les corps,  bout de carte postale coupée, montre l’art d’ un grand technicien.




Les chairs
Beauté de la ‘laideur’ de ses tableaux, il montre les chairs, distanciation et empathie,  puis l’ironie du thème du peintre surpris par une admiratrice, pathétique, thème cher à tous les peintres, avec son chevalet, elle est agenouillée et lui prend les jambes, (Zeus et Thétis), connotés, les chairs explosent. Il travaille sur les marbrures, chairs tuméfiées, yeux baissés, boîtes crâniennes. Il depeint au travers du corps les cicatrices de la vie jusqu’à la morbidité parfois, sans complaisance.
La granulosité de la peinture, trop de chair, sur la carnation la peau, la chair au sens organique, c’est aussi de l’écorché, femmes aux fesses énormes, il met à nu une réalité physique, cachée d’habitude, on en est un peu saturé, corps lourds endormis dans leur torpeur. Une impudeur qui peut coller à Freud, petit-fils de SF.
Les portraits
lucian-freud-autoportrait-aux-godillots.1270681710.jpgQuelques petits tableaux merveilleux, autoportraits, peints formats blancs à la Munch, au miroir, aux 2 enfants, portraits plus  grands, une certaine figuration d’ un travail académique, l’affiche à la Bacon n’est pas vraiment représentative de l’exposition, le reste est du Freud. Portraits toujours plus ressemblants. Autoportrait avec godillots et couteau de gladiateur
Le portrait inachevé de Bacon est éblouissant, pourquoi a t’il fini ses toiles ?.






Reprises

Il a beaucoup regardé la peinture, il reconstruit ainsi des scènes d’après des modèles célèbres :freud-d-apres-cezanne.1270681195.jpg
After Chardin, After Cézanne, d’après un tableau de jeunesse de celui-ci, dont on peut trouver une photo David Dowson assistant de Freud , Constable, Courbet.

Voici ce qu’en écrit Philippe Dagen du Monde :
« On doit admirer la constance et la lucidité de l’artiste, qui a compris que, dans la société actuelle, le but suprême est d’imposer une marque, c’est-à-dire un petit nombre de caractéristiques immédiatement identifiables par tout un chacun. Dans son cas, il y en a trois : la légende d’un personnage réputé sauvage et inaccessible, presque un maudit, mais qui a peint les portraits du baron Thyssen et de la reine Elisabeth II ; l’exhibition de nus supposés choquants – qui ne choquent plus personne depuis longtemps – ; et l’exhibition d’un travail de peinture dont le visiteur a vite fait de comprendre qu’il doit être long et pénible.
……….Mais non, ce n’est pas de la grande peinture. Ce n’en est que le simulacre, fondé sur l’académisation conjointe de l’obscénité et du matiérisme……… »

scan et images Internet

Cris et Hurlements à Tranches de Quai

img_5101.1270169900.jpg Ambiance déjantée, soirée à décibels, tranches réussies.
Si vous avez envie d’un peu de folie, de crier votre enthousiasme, votre dégoût, votre dépit, vos bonheurs, vos malheurs, de vous déhancher, vous remuer, vous secouer, vous rouler par terre, comme votre voisin ou voisine, venez à Tranches de Quai, c’est le lieu « branché » la soirée récré de l’école des beaux arts de Mulhouse.img_5123.1270206862.jpg
Entre les dessins, les vidéos, les installations, les performances, il faut signaler celle de Anne Zimmermann, en compagnie du batteur et complice Alex Kittel. Alex qui a débuté la soirée en nous gratifiant d’une étonnante musique,  avec son groupe « …… » Avec talent et brio (oui il était de la partie – — pfttt —-) Anne lit des notices dont elle a jonché le sol en début de spectacle, tout en gambadant à travers le hall, ( Nijinski en pantalon ? ) force bisous, œufs et autres ingrédients jetés sur son complice complaisant, Alex. Elle hurle (j’ai dit hurler moi ?, en fait elle ne sussure pas …) son ennui du monde, du tout bio, des vieux magazines des salles d’attente, du commerce équitable, du politiquement correct, en quelque sorte. Elle nous fait part des découvertes d’un chercheur américain sur les valeurs et qualités du sperme, et sur son mode d’emploi qui peut influer l’humeur des dames. Ceci avec démonstration à l’appui à l’aide de subterfuges naturalistes dont elle a le secret.
(point n’étant besoin d’avoir recours aux américains pour connaître une vérité vieille comme le monde …)
Hélas la vidéo étant trop lourde je ne peux vous faire profiter que de la dernière partie et fin.

Sachez que Anne Zimmermann sera à Hégenheim le 25 avril pour une autre performance, en compagnie de Frédéric Weigel, alsacien, vivant à Takasaki-shi, Gunma-Ken, au Japon, qui expose à la FABRIKculture de Hégenheim pendant son séjour en France, jusqu’au 25 avril, horaires vendredi, samedi et dimanche 11 h à 17 h, entrée libre.
Hurlements à l’extérieur, où une jeune femme armée d’un porte voix vantait les mérites de je ne sais trop quoi.
Cris et hurlements, dans les couloirs du Quai à partir de toutes les vidéos, ou encore des films documentaires projetés.

Puis un instant magique, sans cris, sans hurlements, sans un son, sans musique, une danseuse asiatique, par de simples gestes et mouvements de danse, entraîna d’autres danseurs qui se mouvaient sans un son, tout cela allant crescendo, tantôt en solo, en couple, entraînant le public conquis, pour finir en transes et applaudissements. Hélas j’ai scratché la vidéo.
Belle soirée à refaire.

Poisson d'avril ? – La petite sirène a quitté son rocher

la-petite-sirene.1269805321.jpg Non que je la considère comme un poisson, mais je voulais vous entretenir de son voyage
La Petite Sirène de Copenhague part en Chine pour son premier voyage. Le voyage de la Petite Sirène a suscité de vifs débats ces deux dernières années au Danemark, jusque dans les milieux politiques, et notamment à Copenhague, où la majorité des habitants étaient hostiles à son absence pour huit longs mois.
 
Pour « des raisons pratiques et de sécurité », la Petite Sirène, considérée comme un joyau du patrimoine, prendra l’avion jusqu’à Shanghai, les autorités danoises ayant abandonné l’idée de la transporter par bateau, comme prévu initialement.
AFP – La célèbre Petite Sirène a quitté jeudi son rocher du port de Copenhague pour l’exposition universelle de Shanghai, saluée par des danses et des chorales d’enfants danois et chinois pour son premier voyage depuis près d’un siècle hors du Danemark.
Des centaines de personnes s’étaient pressées à l’entrée du port, agitant des drapeaux, pour accompagner ce départ pour la Chine de cette statue quasi-centenaire, héroïne du conteur Hans Christian Andersen.
Sous un soleil printanier, au terme d’une cérémonie de discours, de danses, de chants et au milieu d’acclamations, « la grande dame de Copenhague », a été soulevée dans les airs par une grue géante, marquant le début d’un périple controversé jusqu’à Shanghai où elle sera le clou du pavillon danois.
Le visage ému, Christa Rindom, une institutrice accompagnée de son fils de 8 mois, reconnaît qu’elle a « un pincement au coeur » de voir partir ce symbole de Copenhague. « Elle va me manquer, même si je suis fière qu’elle voyage pour voir le monde et représenter le Danemark », confesse-t-elle à l’AFP.
Le voyage de la Petite Sirène a suscité de vifs débats ces deux dernières années au Danemark, jusque dans les milieux politiques, et notamment à Copenhague, où la majorité des habitants étaient hostiles à son absence pour huit longs mois.
Mais la mairie de Copenhague, propriétaire de la statue, a néanmoins décidé de lui offrir son premier voyage, après des mois de vive polémique.
Ce départ jusqu’en novembre montre « que les Danois veulent bien partager leurs joyaux avec les autres cultures », s’est félicité le ministre danois de l’Economie et du Commerce Brian Mikkelsen, lors de cette cérémonie.
A l’adresse de certains esprits chagrinés, le ministre a rappelé, que « contrairement au conte d’Andersen » dont elle est l’héroïne, « la Petite Sirène rentrera au port de Copenhague » à la fin de l’année.
Pour « des raisons pratiques et de sécurité », la Petite Sirène, considérée comme un joyau du patrimoine, prendra l’avion jusqu’à Shanghai, les autorités danoises ayant abandonné l’idée de la transporter par bateau, comme prévu initialement.
Le départ réel aura lieu dans les jours qui viennent, à une date gardée secrète, la statue devant être préparée et descellée des rochers où elle repose habituellement.
La sirène ne sera pas totalement dépaysée en Chine, puisqu’elle emportera avec elle des tonnes d’eau du port de Copenhague, une eau très propre où les visiteurs du pavillon danois à Shanghai pourront se baigner au cours de l’exposition universelle, du 1er mai au 31 octobre.
La sculpture de bronze d’Edvard Eriksen, de 175 kilos et de 1,65 mètre de haut, est depuis sa création en 1913 une des grandes attractions touristiques du pays scandinave.
Renversée, décapitée, amputée d’un bras, objet de multiples agressions depuis les années 1960, elle a eu une vie mouvementée, au gré de l’actualité. Elle a été aussi déguisée en musulmane voilée d’une burka, aspergée de peinture rouge, rose, verte, ou armée de jouets sexuels.
Inspirée par le conte d’Andersen, elle avait été commandée en 1909 par le fils du brasseur de la bière danoise Carlsberg, Carl Jacobsen.
La réalité a rejoint la fiction ou la rencontre des esprits farceurs ….  petite-sirene-1e-avril.1270211885.jpg
Un squelette est apparu, hier à Copenhague, à l’emplacement habituel de la célèbre statue de la Petite Sirène qui, elle, est en route pour la Chine pour y être exposée. Hanne Strager, responsable des expositions au Muséum d’histoire naturelle de Copenhague, auteur de cette blague de 1er avril, a expliqué que la figure était constituée d’une moitié de squelette humain et d’un espadon.
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Sommaire de mars 2010

02 mars 2010 : Caixaforum – Madrid
05 mars 2010 : Art Karlsruhe 2010
08 mars 2010 : Mes Femmes
10 mars 2010 : Miquel Barcelo – Caixaforum de Madrid
13 mars 2010 : Dernier carat pour le Festival Trans
15 mars 2010 : Le souffle du temps rétrospective Robert Cahen
16 mars 2010 : En vadrouille
25 mars 2010 : Week-end de l’art contemporain en Alsace
25 mars 2010 : Conférence la sculpture contemporaine, par Valérie da Costa
27 mars 2010 : Marianne Maric
28 mars 2010 : Week-end de l’art contemporain suite
29 mars 2010 : En vadrouille dans la capitale

En vadrouille dans la capitale

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Si vous me cherchez, je suis, là et ici ou encore 

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Week-end de l’art contemporain en Alsace suite.

Après une pause déjeuner, précédée d’une visite guide de l’exposition « l’ombre des mots » les peintures à l’encre de Chine de Gao Xingjian et les aquarelles de Günter Grass au Musée Wurth, nous avons poursuivi notre périple en visitant la Chaufferie, un moment de vraie jubilation devant les toiles de Christian Zimmert
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« Par l’opération du St-Esprit » se moque t’il de la culture en général ou des grands maîtres en particulier ? L’artiste n’est pas présent pour répondre à nos questions. J’ai adoré « Manipulation génétique, 1989 », (clic) parce que 2 dames n’y ont vu que leurs sempiternelles conserves, asperges et pois …. Ah souvenirs envolés …. Mais aussi  un clin d’œil spécial à mon amie Malou « Tintin au lit à Sète à 77 ans. chritian-zimmert-tintin-au-lit-a-sete-a-77-ans.1269708511.jpg
 Il faudrait les citer toutes,
c’est irrévérencieux, drôle,
autour de Latour, Poussin,
Braque, Matisse, Courbet et les autres ….
en fait je vous incite fortement à aller vous régaler.

Puis ce fut le CEAAC, ou Gérald Wagner nous invita à partager les visions ambivalentes, à la fois contemplatives et mélancoliques que portent les artistes contemporains sur notre monde post-moderne. Quelques vidéos et photos de l’exposition « En présence »  avec les oeuvres de Becky Beasley, Katinka Bock et sa ligne d’éléments naturels qui courent sur le mur, Tacita Dean ou l’histoire de la poire en bouteille,

Wolf von Kries et la vitrine de Léon Vraken, un vrai cabinet de curiosités, nous ont captivés et enchantés tout en nous questionnant  sur les inventions du futur.
Avec le Syndicat Potentiel, – accueilli, par Jean François Mugnier – le choix est autre, Cigdem Mentesoglu,  citoyenne turque, avec « made in Connotation » nous interpelle avec son installation où des images sont projetées sur un lit, entouré de barbelés, sommeil certes, mais songes ou cauchemars, souvenirs d’un ailleurs discriminant ? Métaphore de la distance dans les relations interpersonnelles écrit-elle.cigdem-mentesoglu-lit.1269708790.jpg
Des dessins suspendus le long des murs démentent la distance et nous rapprochent agréablement du propos de l’artiste. Bernard Goy, conseiller pour les arts plastiques, de la Direction Régionale des affaires culturelles, nous fit un rapide survol sur les relations DRAC/FRAC/CRAC et l’art contemporain.
Puis ce fut l’apothéose de la journée, la visite au MAMCS – Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg – de l’exposition « La photographie n’est pas l’art », collection Sylvio Perlstein 
Ce fut une déambulation dans l’histoire de la photographie, avec des œuvres de premier ordre d’une collection exceptionnelle.
Fasciné de longue date par le surréalisme, le collectionneur belgo-brésilien Sylvio Perlstein a réuni une collection exceptionnelle fortement axée autour de ce mouvement. La photographie y tient une place de première importance et Man Ray, que Sylvio Perlstein a connu et dont il possède des tirages d’époque parmi les plus célèbres (entre autres chefs d’œuvre, le Violon d’Ingres, l’Érotique Voilée ou encore La Prière), apparaît comme le cœur de cette collection très personnelle.affi_perlstein.1269708872.jpg
Man Ray est, en effet, l’artiste autour duquel la collection se constitue, donnant à Sylvio Perlstein le goût de réunir les artistes phares des premières heures du surréalisme. Ainsi, les années 1920 et 1930 sont-elles remarquablement représentées par les artistes et les œuvres les plus emblématiques du mouvement fondé par André Breton. Depuis la tonsure en forme d’étoile de Marcel Duchamp sous l’objectif de Man Ray, le même Duchamp étant présent avec une photographie « rectifiée » (le fameux L.H.O.O.Q), jusqu’à Jean Cocteau posant au milieu des masques pour Berenice Abbott, en passant par plusieurs tirages de la Poupée de Hans Bellmer ou encore un des autoportraits travestis de Claude Cahun, l’exposition concentre les plus belles images du surréalisme tout en s’intéressant aux développements contemporains que le mouvement a pu prendre.
Au fil des quelque 200 photographies réunies à cette occasion, le visiteur peut voir comment le regard du collectionneur s’est intéressé de façon très cohérente et toujours plus exigeante à un aspect précis de la création depuis les icônes de la photographie d’hier jusqu’aux créateurs d’aujourd’hui, pistoletto.1269708906.jpgle surréalisme demeurant le fil rouge de cet ensemble d’une rare qualité. L’exposition montre également quelques œuvres non-photographiques minutieusement choisies dans la collection Perlstein, notamment les œuvres de Warhol, Bruce Nauman ou encore Pistoletto.
Le groupe s’est séparé avec regret, en suggérant de renouveler l’aventure au moins deux fois l’an !
Photos  et vidéos de l’auteur sauf l’avant dernière

Marianne Maric

Vous avez pu voir ses photos dans le mensuel NOVO, la page centrale que j’avais intitulée « playmate ».
Sa Lampgirl éclairait l’intimité du Kunsthaus L 6 de Freiburg, pendant la Regionale 2010.marianne-maric-lampgirl-2009.1269695021.jpg
Déconstruire / reconstruire, une image de la femme
À dix ans, Marianne Maric s’enfuit en pleine nuit par la fenêtre de sa chambre après avoir vu L’Enfant sauvage de Truffaut à la télévision. Au bout de quelques heures passées toute seule dans la forêt de la Hardt à observer le manège des sangliers en rut et les combats de cerfs, elle s’endort au bord d’un ruisseau. Au petitmatin, elle est découverte inanimée par un garde forestier qui la ramène à la vie avant de la raccompagner chez ses parents, lesquels ne s’étaient même pas aperçus de sa disparition.
Après cet épisode marquant, Marianne se jure de tout faire pour devenir artiste, afin de réaliser ses fantasmes les plus fous, sans que plus jamais personne ne puisse la ramener à la raison. Quinze ans plus tard, une heure après avoir obtenu le diplôme de l’école supérieure des beaux-arts de Nancy qui lui ouvre grandes les portes de l’inconnu, elle croit reconnaître le garde forestier qui lui a sauvé la vie en couverture d’un magazine pornographique.
Choquée, Marianne décide de retourner au coeur de la forêt munie de son appareil photographique pour tenter de comprendre le monde cruel des hommes. C’est là le point de départ d’un travail influencé à la fois par la photo de mode adulte, les contes de fées de l’enfance et les blessures secrètes de l’adolescence.
PHILIPPE SCHWEYER

marianne-maric-loren-antoine-2009.1269695085.jpg«Depuis que j’ai commencé à faire de la photographie il y a sept ans, je prends mes amies proches pour unique modèle. Mon travail, qui consistait au départ à les photographier dans des mises en scène sophistiquées, généralement situées en extérieur, a glissé vers une approche plus tridimensionnelle du corps de la femme, que j’ai envisagé comme une sculpture. La photographie est aussi pour moi un moyen de suspendre le temps. Mes amies perdent leur identité, on ne voit jamais leur visage. Elles ressemblaient à des jouets cassés ;
poupées aux membres disloqués, petits robots brisés. Mon esprit est ensuite devenu une sorte de sanctuaire dans lequel ces corps objectivés étaient autorisés à reprendre vie. Je les imagine se mouvoir à nouveau lentement, timidement. Ces créatures, que j’ai tout d’abord décidé de figer, je leur redonne vie, au risque qu’elles semblent tout à coup pouvoir échapper à mon contrôle. J’envisage le corps à la manière de William Klein : “une extraordinaire et
fascinante architecture qui vaut vraiment la peine d’être photographiée”. Je tue d’un clic. Initialement je voulais figer ces filles vivantes, maintenant je veux donner vie à ces objets. Cela n’a qu’un seul motif : me permettre de donner une forme au sujet/objet que je veux créer.marianne-maric-lampgirl2.1269695147.jpg
Les filles lampes ont tout d’abord été une manière d’incarner une image de la femme transmise dans notre “société du spectacle”. Puis ce travail s’est inscrit dans un projet plus large, une fois le costume terminé, un modèle “vivant” s’en vêtissait puis prenait place sur une base pivotante blanche dans une salle obscure. Le publicavait le choix d’allumer ou non la lampe, la fille, la pièce… J’ai voulu immortaliser cet instant, ce moment où la femme devient une simple pièce de mobilier. C’est ainsi que sont nées ces photographies.»
MARIANNE MARIC

photo 1 de l’auteur
photos 2 et 3 courtoisie de l’artiste
extrait de la revue « Le Regardeur »

Le Regardeur, art contemporain dans le Lot
est édité par le Conseil Général du Lot et diffusé gratuitement.