Dernière occasion de vivre dans l’ambiance hallucinatoire de
Yayoi Kusama.(vidéo) 9 janvier 2012
UN POIS, C’EST TOUT
Par Chantal Béret, Conservatrice au musée national d’art moderne.
Texte publié dans le magazine programme Code Couleur
Kusama, des pois plein la tête
De Yayoi Kusama, on connaît surtout ses spectaculaires « environnements », des salles dans lesquelles la Japonaise organise un chaos de sculptures molles constellées de son motif fétiche : des petits pois. Le mérite de cette première rétrospective est de nous dévoiler une œuvre bien plus variée : peintures abstraites, vidéos de performances engagées (réalisées dans les rues de New York dans les années 1960), sculptures en tissu rembourré… Internée à sa demande en hôpital psychiatrique à Tokyo depuis 1977, cette grande dame de l’art contemporain n’en reste pas moins active comme jamais, et cette exposition est l’occasion de le faire savoir.
Parcours et luttes de mon âme*
« Un jour, après avoir vu, sur la table, la nappe au motif de fleurettes rouges, j’ai porté mon regard vers le plafond. Là, partout, sur la surface de la vitre comme sur celle de la poutre, s’étendaient les formes des fleurettes rouges. Toute la pièce, tout mon corps, tout l’univers en seront pleins ; moi-même je m’acheminerai vers l’autoanéantissement, vers un retour, vers une réduction, dans l’absolu de l’espace et dans l’infini d’un temps éternel. […] Je fus saisie de stupeur. […] Peindre était la seule façon de me garder en vie, ou à l’inverse était une fièvre qui m’acculait moi-même. […] »
Et maintenant un art comme requiem *
« […] L’image sur laquelle je travaille actuellement est celle de la mort […]. Dans notre société d’information devenue une société de violence, dans une culture homogénéisée, dans une nature polluée, dans cette imagerie d’enfer, le mystère de la vie a déjà rendu son souffle. La mort qui va nous accueillir s’est dépouillée de sa quiétude solennelle et nous avons perdu de vue la mort sereine. […] Jusqu’ici, ma propre révolution, faite pour continuer à vivre, se dirigeait vers la découverte de la mort. Je suis arrivée à un moment de mon parcours artistique où il faut que je crée un art pour le repos de mon âme, un art qui tiendra compte de ce que signifie la mort, de la beauté de ses couleurs et de ses espaces, de la tranquillité de ses pas, du ‘ Néant ‘ qui vient après elle. »
Ce fut la salle la plus magique, car celle aux pois rouges était oppressante, un malaise s’y ressentait très vite, une perception de sa folie. Puis la suite devint répétitive.
A la sortie de l’exposition mon amie parisienne qui se reconnaîtra, s’acheta des collants à pois dans une boutique près de Beaubourg. Pour ne pas être en reste je ne sors plus sans mon parapluie mauve à pois.
* textes du site du centre Pompidou
image 1 site du centre Pompidou
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