Au Musée Tinguely de Bâle jusqu’au 19 avril 2009
L’exposition au Musée Tinguely offre un aperçu de la collection excentrique de Ted Scapa. Le célèbre dessinateur humoriste suisse, né en 1931 aux Pays-Bas, collabora à la presse internationale avant de prendre en mains les rênes de la maison d’édition Benteli à Berne qu’il dirigea pendant plus de trente ans. Le programme pour enfants à la télévision suisse alémanique DRS, Das Spielhaus (La Maison du jeu), lui valut une grande notoriété dans les années 1960 et ’70. Aujourd’hui, Scapa vit et travaille comme artiste indépendant et dirige des ateliers de créativité.
L’exposition SCAPA Memories documente la relation qu’entretient Scapa avec l’art. Elle fait pénétrer le visiteur dans sa collection qui est un dialogue très personnalisé entre tradition et modernité. L’art est un besoin vital dans la vie de Scapa. Les œuvres et objets qu’il a assemblés au cours de sa vie ne traduisent pas la poursuite d’une stratégie consciente mais plutôt son intuition. Ce biotope culturel dans lequel vivent et travaillent Ted Scapa et son épouse Meret depuis plus d’un demi-siècle est le reflet de la vision et de l’expérience du monde et de l’art chez Scapa.
Le mot préféré de Scapa, « créativité », est en même temps son message et le critère de sélection qui valut pour l’assemblage de sa collection. Une autre impulsion de sa passion débordante de collectionneur sont les Memories, ses souvenirs de nombreuses rencontres avec des artistes du monde entier, tantôt ceux qui évoluèrent en des liens d’amitié de toute une vie que ceux, plus spontanés, le fruit du hasard et de son enthousiasme. Avec les années est né un bric-à-brac inspiré qui reflète tout à fait la créativité débordante de l’homme Scapa, mais aussi de l’artiste connu pour sa création de lampes et de tapis.
Son importante activité d’éditeur (env. 1500 titres) amena Scapa à faire la connaissance d’un grand nombre d’artistes, de galeristes, de collectionneurs et de gens de musées – mélange magique et stimulant. Il ne fréquenta pas seulement de grands noms tels Joan Miró ou Aimé Maeght, mais entretenait surtout des relations étroites et chaleureuses avec un groupe élargi d’êtres qui apprit à connaître son hospitalité légendaire. La publication de catalogues lui valut de rencontrer les maîtres de l’art graphique dont des peintres allemands du groupe des « nouveaux sauvages » tels Georg Baselitz, Markus Lüpertz, A. R. Penck, Jörg Immendorff, les Suisses Martin Disler, Peter Stämpfli ou Alfred Hofkunst.
Dans la collection de Scapa, qui a tout d’un cabinet de curiosités, des lettres-dessins aux couleurs intenses de son ami Jean Tinguely et une machine sculpture côtoient tout naturellement des objets rituels et des ustensiles quotidiens provenant de cultures et d’époques les plus diverses. Leur sont associées de monumentales œuvres graphiques d’artistes de renom du 20ème siècle, ainsi des exemples d’Antoni Tàpies ou Frank Stella, mais également des figures chinoises en terre-cuite et des sculptures en bois, des masques et des reliefs en provenance d’Afrique.
Dans son Eldorado, son château sur les bords du Lac de Morat, figures, objets et œuvres graphiques peuplent le salon, la salle à manger, les rebords des fenêtres et toutes les corniches, tables et armoires, linteaux de portes et paliers, les œuvres débordent depuis la cuisine jusqu’aux toilettes.
Devant les œuvres graphiques empilées le long des murs, des figures africaines d’hommes et de femmes le plus souvent nus, tantôt petites tantôt surdimensionnées, des masques et des tambours placés avec justesse devant les tableaux, auxquels parfois ils s’accordent par leurs tons ou leurs formes, ou, au contraire, posés n’importe comment, par manque de place probablement. De nouvelles acquisitions viennent rejoindre le groupe et l’œuvre d’art totale acquiert une nouvelle apparence, sans toutefois perdre de son impact.
Ce « cabinet de curiosités » est source d’inspiration pour Ted Scapa, l’instigation pour sa propre production artistique. Il est autant fasciné par les visages expressifs et souvent bizarres des objets d’art non-européens qu’il l’est par les possibilités d’expression que permet la technique de reproduction des œuvres graphiques d’artistes modernes.
Avec une insouciance nonchalante, il lui importe peu que les figures africaines soient des œuvres originales ou des copies d’après d’anciens modèles. Il ne prend pas en considération le contexte de leurs origines et encore moins une quelconque provenance scientifique prouvée. Ce qui importe pour lui c’est qu’une perfection artisanale ait été préservée, garantissant la survie sans perdre de son pouvoir d’expression. C’est ainsi que l’artiste Ted a sa propre approche à l’art, et pour Ted, le communicateur en art, qui avec son Spielhaus a réveillé l’instinct de création chez les enfants de tout un pays, une reproduction bien faite a autant de valeur que sa communication optimale. En tant qu’éditeur, qu’homme du mot écrit et exégète de l’impression, il accorde une plus grande importance à l’art reproductible.
L’exposition au Musée Tinguely présente 120 œuvres de la collection de Scapa ainsi qu’un film de Roy Oppenheim qui documente la vie de Scapa et sa relation particulière à l’art.
Artistes représentés:
Georg Baselitz / Stefan Berger-Teichmann / François Burland / Alexander Calder / Luciano Castelli / Eduardo Chillida / Christo und Jeanne-Claude / Jan Cremer / Martin Disler / Rainer Fetting / Sam Francis / Keith Haring / Alfred Hofkunst / Karl Horst Hödicke / Jörg Immendorff / Paul Klee / Bernhard Luginbühl / Markus Lüpertz / Felix Müller / Claes Oldenburg / A. R. Penck / Arnulf Rainer / James Rosenquist / Niki de Saint Phalle / Ted Scapa / Meret Schaap / Richard Serra / Peter Stämpfli / Saul Steinberg / Frank Stella / Bert Stern / Antoni Tàpies / Jean Tinguely / Bernar Venet
photos et vidéo de l’auteur
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J’ai pensé à toi en prenant certaines photos, tu t’en doutes.
Je suis allée au musée ce jeudi, à pieds depuis le Schifflande, le long du Rhin sous un grand soleil, petite pause au café chez Jeannot (Tinguely) visite et retour à pieds en croisant les joggers, les maîtres avec leurs chiens, les vélos (pas chinois cela…) C’est l’expo que nous avions vue en préparation, elle mérite que l’on si arrête, objet après objet; grâce à toi je suis plus attentive à l’art africain et océanien.
je suis retournée aussi au Beyeler pour les derniers jours de la magie des images et un autre tour chez les nagas.
Merci Lyliana, la chanson je l’ai copiée sur un blog …….
Vidéo super instructive ; et cette belle chanson de Rokia Traoré… c’est vraiment réussi.
Amitiés