Moi je plagie ? Rassurez-vous, il n’y a pas eu d’enterrement. C’était une belle équipée, qui partait ce 22 janvier à la découverte des joies de la capitale de la brume. Cette fois je m’étais entourée de gardes du corps et du coeur.
Pour nous mettre dans le bain, les grilles du métro se ferment, pour laisser sortir un nombre incessant de passagers et restent closes pendant un bon quart d’heure. Devant le flegme manifesté par les usagers nous en faisons autant et nous patientons. Ce qui nous fait arriver devant la Tate Modern avant l’heure. Tout d’abord nous allons au 7 ème étage pour contempler la vue, sur la cathédrale St Paul, la Tamise, mais aussi les affreuses grues qui défigurent les paysages urbains du monde entier.
La foule est là, pour admirer la réunion de 16 toiles, qui avaient été commandées au nombre de trente pour des peintures murales destinées au restaurant les quatre saisons dans le Seagram Building de Londres. Mark Rothko en avait offert 9 à la Tate Gallery. Cela me permet de dire que j’ai apprécié davantage l’intimité de la Rothko room, plus sombre, moins facile d’approche, les toiles se méritent, il faut les laisser monter vers vous, les couleurs se révèlent au fur et à mesure, il faut y revenir sans cesse, passer et repasser, les considérer sous un autre angle, se rapprocher s’éloigner, le mystère demeure, le moment est intense.
Mark Rothko renonça à poursuivre et à terminer son travail. Ses peintures sont dominées par des pigments sombres, pétries de tragique. Sa palette décline le brun, le rouge, le noir, certaines toiles paraissent singulièrement éteintes si on les compare au jaune, bleu et rose, plus connues. Parfois le contraste avec le rectangle est à peine perceptible, ainsi on comprend ce que Dore Ashton a appelé « une expression sans dieu de la divinité » L’exploration au coeur des ténèbres se poursuit dans l’exposition avec les cycle Black-Form, les oeuvres sur papier Brown on Grey et son ultime série, Black and Grey.
En 2001, la Fondation Beyeler présentait, grâce aux liens tissés avec le fils Christopher une exposition intitulée « Mark Rothko – Union approfondie entre peinture et spectateur
En 2006, La Filature de Mulhouse à l’issue d’une conférence d’Isy Morgensztern, un film écrit et réalisé par celui-ci a été projeté sur la vie et l’oeuvre de Mark Rothko, intitulé : The Rothko Chapel Project. Depuis le film existe dans le commerce.
Un concert a complété idéalement cet évènement.
En hommage à son ami disparu Mark Rothko, Morton Feldman a composé une musique en se fondant sur les quatorze grandes toiles que Rothko avaient peintes pour « la Chapelle Rothko » (Houston, Texas), lieu de culte et de recueillement. De l’espace créé par la chapelle, dans laquelle le visiteur se trouve environné par les toiles, Feldman a retenu l’essence purement émotionnelle. Gualtiero Dazzi, sans imiter Feldman, mais en se donnant comme contrainte d’employer la même distribution, donne une autre lecture sensible du lieu : il rend à son tour hommage au peintre, en introduisant dans son écriture, l’ode magnifique du poète John Taggart, dédiée aussi à la Chapelle Rothko. Enfin, Georges Bloch s’attache à ce qui, dans la musique de Feldman, s’entend sans que cela y soit : une activité intense, fébrile presque, qui se dissimule derrière la lenteur et le pianissimo. Un seul concert, trois œuvres en écho, qui permettent de comprendre que dans la peinture comme dans la musique, c’est l’émotion qui est au centre de l’œuvre. Ce que les compositeurs proposent ici est certes un hommage au peintre, mais plus encore à sa volonté d’œcuménisme : un hommage au public. Gualtiero Dazzi est un compositeur cosmopolite et polyglotte, dont on dit « qu’il vous réconcilie avec l’art lyrique ». Loin de tout refuge idéologique réducteur, il bâtit son œuvre à partir des influences les plus diverses ou sur la base de rencontres avec d’autres disciplines artistiques. Ce fut un moment de pure émotion.
Ce fut une journée pleine de joie, de bonheur et d’amitié partagés, je regrette que vous n’ayez pas participé aux évènemens antérieurs à Beyeler et à la Filature.
Pour ceux qui sont allés à la National Gallery et à la Courtauld Gallery, et celle qui a été fouillée non seulement au corps, mais dans son bagage, qui a dû abandonner son entremets, qu’elle comptait déguster en attendant l’embarquement, par la sécurité sous mon oeil connaisseur, mais néanmoins intéressé, je leur laisse la parole…
Je vous dis à bientôt pour une autre incursion dans le domaine de l’art.
photo n° 1 provient du site de la Tate, photo n° 2 de l’auteur
pour la diversité des polices je donne ma langue au chat … je plaide non coupable.
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