C’est jusqu’au 28 OCTOBRE 2018.
La Fondation de l’Hermitage présente pour l’été 2018
une grande exposition consacrée à Henri Manguin (1874-1949)
retraçant les premières années du parcours artistique de cet
amoureux de la couleur, surnommé le « peintre voluptueux »
par Apollinaire.
Manguin un artiste de seconde zone ? Un éblouissement
de couleurs.
Il réunit et devance Matisse, Cézanne, Renoir, van Gogh
et bien d’autres.
Dans la chronologie de sa production, on suit aisément
l’histoire de l’art et sa progression.
Pourquoi cet artiste est quelque peu ignoré ?
Parce que trop de collectionneurs surtout suisses, s’y sont
intéressé et ont acquis et collectionné très vite ses toiles.
Quoique né en France à Paris, décédé à St Tropez,
il a séjourné en Suisse pendant les années de guerre,
l’exposition montre l’évolution de son art à l’abri des événements
tragiques qui frappent l’Europe.
A Lausanne, la ville où, réformé du service militaire,
Manguin put abriter sa famille au cours
de la Première Guerre mondiale, au coeur d’un pays
qu’il découvrit dès 1910 et qui, d’emblée, réserva
un accueil particulièrement enthousiaste à son art.
Les oeuvres de Manguin sont peu nombreuses dans
les collections publiques françaises.
En cohérence avec le parcours du peintre, dont les
années suisses sont évoquées ici dans l’essai de
Corinne Currat, (catalogue) l’étape lausannoise de
l’exposition est amplifiée d’une section réunissant
des oeuvres réalisées par Manguin pendant son séjour
dans ce pays.
Le peintre a très tôt conquis les amateurs les plus audacieux
de son temps, qui ont souvent choisi
d’acquérir les oeuvres phares de la période fauve.
L’Américain Leo Stein fut l’un des premiers à s’y
intéresser, avec les Russes Sergueï Chtchoukine et
Ivan Morozov.
C’est la Suisse qui a réservé le meilleur accueil à l’oeuvre
de Manguin. Grands défenseurs de l’art français,
Arthur et Hedy Hahnloser ont agi en mécènes et
ont constitué une des collections les
plus nombreuses des oeuvres de Manguin, qui fut
aussi le portraitiste attitré et l’ami de la famille.
Ainsi, la villa Flora à Winterthour fut longtemps une
destination de choix pour mieux le connaître. L’exposition
de la collection Hahnloser à la Fondation de l’Hermitage
à Lausanne en 2011 et le somptueux ouvrage
publié sous la direction de Margrit Hahnloser-Ingold ont
certainement contribué à sa redécouverte.
L’accent est mis sur la période
fauve, durant laquelle Manguin accompagne et parfois même
précède les audaces de ses amis peintres, en quête de
nouveaux moyens expressifs par le biais de la couleur.
Offrant de somptueuses harmonies chromatiques,
les toiles de cette époque témoignent d’un talent et
d’une inventivité rares.
C’est à l’Ecole des arts décoratifs que Manguin fait
en 1892 la connaissance d’Albert Marquet et
d’Henri Matisse. Ils entrent à l’Ecole des beaux-arts en
novembre 1894, dans l’atelier de Gustave Moreau,
et forment alors un groupe de jeunes peintres qui,
avec André Derain et Maurice de Vlaminck,
seront baptisés « fauves » au Salon d’automne de 1905.
Fidèle à l’expression d’une sensualité
heureuse, Manguin a pour sujets de prédilection les nus,
les paysages méditerranéens, les scènes de
la vie de famille et les natures mortes, qui sont autant
d’hommages au bonheur de vivre.
Les oeuvres peintes par Manguin au tournant du siècle
témoignent d’un talent et d’une originalité rares dans
l’organisation chromatique du tableau ainsi que d’un
hédonisme précoce. Doué pour le bonheur, doté d’une
sensibilité particulière aux promesses de la nature,
Manguin est un fauve ardent. Son instinct le porte à
privilégier d’éclatantes harmonies, sans mettre en péril
la cohésion des formes. Bien connue, la comparaison des
deux oeuvres peintes côte à côte par Manguin
(La gitane à l’atelier) et par Matisse
(La gitane, 1906, Saint-Tropez, musée de l’Annonciade,
dépôt du Centre Pompidou, musée
national d’Art moderne) est suffisamment parlante à cet égard.
Dès 1904, Manguin use de tonalités particulièrement intenses,
souvent indépendantes de la réalité observée (Devant la fenêtre,
rue Boursault, collection privée ; Saint-Tropez,
le coucher de soleil).
Il innove en privilégiant un traitement original de l’espace
où la géométrie des plans colorés brise très tôt
les conventions de la perspective linéaire traditionnelle
et compose un fond abstrait sur lequel se détache la figure
principale (La petite Italienne).
La liberté avec laquelle
Manguin décrit le port de Saint-Tropez et ses barques de
pêche pavoisées le 14 juillet 1905
(Le 14 juillet à Saint-Tropez, côté gauche,
collection privée et Le 14 juillet
à Saint-Tropez, côté droit, collection privée),
précède à l’évidence les rues pavoisées du Havre peintes
par Dufy et Marquet lors de la fête nationale de 1906
(Raoul Dufy, La rue pavoisée, 1906, Paris, Centre Pompidou,
musée national d’Art moderne, et Albert Marquet,
Le 14 juillet au Havre, 1906, Paris,
Centre Pompidou, musée national d’Art moderne).
Et que dire de l’organisation colorée magistrale dont le peintre
fait preuve dès 1905 avec Les gravures acquises par la baronne
Carmen Thyssen-Bornemisza.
Au centre de la composition, il oppose un nu en pleine
lumière et une robe noire aux reflets bleutés, en un somptueux
contraste qui s’épanouit au coeur du cercle chromatique composé
par les motifs du décor, du papier peint et des tissus chamarrés.
L’exposition compte une centaine d’oeuvres (peintures,
aquarelles et dessins) et s’ouvre avec une
section dédiée à la formation du peintre qui, très tôt,
se distingue dans l’organisation colorée de ses
compositions. La période fauve est ensuite à l’honneur
avec des oeuvres réalisées à Saint-Tropez,
dont les couleurs intenses reflètent l’éblouissement
méditerranéen. Flamboyants, ces tableaux
– essentiellement des nus et des paysages arcadiens –
disent l’exaltation de Manguin et son épanouissement
artistique au sein d’une nature édénique. Un ensemble de
dessins et d’aquarelles illustre sa pratique précoce de ces
techniques, décisives dans la recherche d’équilibre de la
composition et de la libération de la couleur à l’aube du
XXe siècle. Les années de guerre passées en
Suisse sont également évoquées, montrant l’évolution
de son art à l’abri des événements tragiques
qui frappent l’Europe.
Cette manifestation est le fruit d’un partenariat avec
le musée des impressionnismes Giverny, qui a
accueilli la première étape de l’exposition du 14 juillet
au 5 novembre 2017.
Un catalogue richement illustré est édité à cette occasion,
avec les contributions de spécialistes de
Manguin et du fauvisme : Corinne Currat, Charlotte Hellman,
Dominique Lobstein et Jean-Pierre Manguin.
Commissariat scientifique : Marina Ferretti, directrice
scientifique du musée des impressionnismes Giverny
CONFÉRENCES
Jeudi 6 septembre à 18h30
Manguin et la Suisse
par Corinne Currat, chargée de projets d’exposition à
la Fondation de l’Hermitage
Jeudi 20 septembre à 18h30
Les peintres face à la couleur (1860 – 1914)
par Michel Pastoureau, historien des couleurs,
voir et écouter sur youtube des images et des symboles
Jeudi 11 octobre à 18h30
Manguin, la volupté de la couleur
par Marina Ferretti, directrice scientifique du musée
des impressionnismes Giverny, commissaire de
l’exposition
Audioguides pour adulte
Jean-Pierre Manguin, petit-fils de l’artiste et conservateur
des archives Manguin, prend la parole au micro de la
journaliste culturelle Florence Grivel.
En français et en anglais, gratuit
L’exposition et son catalogue bénéficient du généreux soutien de :
La Fondation de l’Hermitage est généreusement soutenue par :
Fondation de l’Hermitage
direction Sylvie Wuhrmann
Route du Signal 2 tél. +41 (0)21 320 50 01
CH – 1018 LAUSANNE fax +41 (0)21 320 50 71
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