Jusqu’au 29 avril 2018 à la Fondation Beyeler
« Je ressemble de plus en plus à mon père
cela m’inquiète «
dit Georg Baselitz en conclusion de la rencontre de presse
Réflexion surprenante, puis on apprend qu’il s’appelle
en réalité Kern, né le 23 janvier 1938 de
Hans-Georg Bruno Kern à Deutschbaselitz,
Saxe (Allemagne).
« J’avais pour l’essentiel deux raisons :
premièrement, je détestais mon nom, Kern.
Ce nom était synonyme de domination, une domination
énorme qui avait chez moi des effets négatifs. Les rapports
père-fils étaient absolument mauvais, avec beaucoup
d’agressivité de ma part. Cela s’expliquait aussi par le
fait que mon père était membre du Parti. Par la suite,
je suis revenu sur tout ça et je me suis excusé « .
La Fondation Beyeler consacre sa première exposition
de l’année 2018 au peintre, graphiste et sculpteur allemand
Georg Baselitz À l’occasion du 80e anniversaire de cet
artiste majeur de l’art contemporain, une vaste rétrospective
réunit de nombreuses sculptures et peintures-phares réalisées
par Baselitz au cours des six dernières décennies.
L’exposition dévoile des prêts issus d’institutions et de collections
privées européennes et nord-américaines, dont certains n’ont pas
été montrés au public depuis fort longtemps. Elle sera présentée sous
une autre forme au cours de l’été au Hirshhorn Museum and
Sculpture Garden à Washington, D. C.
Les expositions de Baselitz sont un événement rare en Suisse et
aux États-Unis. La dernière exposition monographique de l’oeuvre
de Baselitz présentée en Suisse remonte à 1990, au Kunsthaus Zürich;
et la dernière rétrospective nord-américaine date de 1995, faisant
escale, entre autres, au Musée Guggenheim de New York et au
Musée Hirshhorn de Washington.
L’exposition se concentre sur Georg Baselitz en tant qu’artiste
profondément enraciné dans l’histoire de la peinture et de la
sculpture européennes et américaines: en effet, il y occupe
une position particulière et exceptionnelle en tant que créateur
d’un langage iconographique figuratif idiosyncratique qu’il n’a de
cesse de développer. L’appropriation de modèles iconographiques
et stylistiques qui se mutent en une structure de sens complexe
et ambivalente dans ses créations picturales est l’une des
particularités de l’art de Baselitz. L’univers pictural de l’artiste
s’articule comme un palais des glaces dans lequel ses images
tirées du souvenir ou de l’imagination et empreintes de modèles
historiques et artistiques se fondent sans cesse dans de nouvelles
compositions picturales.
Dans notre monde peuplé d’images numériques et projetées,
Baselitz se préoccupe tout particulièrement
de la qualité sensuelle de l’oeuvre. Depuis ses débuts dans les années
1960, son travail témoigne de l’importance et de l’impact
puissant de la peinture; c’est l’une des raisons pour lesquelles
la pertinence de son art est si constante depuis des décennies
et nous touche encore aujourd’hui.
L’exposition a été conçue en étroite collaboration avec l’artiste.
La sélection des oeuvres et sa présentation ont été guidées par le
désir de faire émerger l’essence de plus de soixante années
d’une vaste production artistique à travers la mise en juxtaposition
de peintures et de sculptures issues de toutes les périodes créatrices
de l’artiste.
L’ordre chronologique des créations choisies fait apparaître
immédiatement et de façon tangible la singularité et l’ingéniosité
de forme et de contenu du travail de Baselitz. Le rapprochement
d’univers iconographiques à première vue hétérogènes crée une
fascination, une attraction qui captive le spectateur et le laisse
sous le charme à chaque fois. Cette expérience est en grande partie
responsable du fait que l’art polymorphe de Baselitz représente
aujourd’hui encore, tel qu’il y a 30 ou 40 ans, un défi esthétique
et intellectuel.
Organisée à la Fondation Beyeler par Martin Schwander,
Curator at Large, l’exposition rassemble environ
90 peintures et 12 sculptures réalisées entre 1959 à 2017.
Des oeuvres-clés des années 1960, telles que les séries de tableaux
Helden [Héros] et Fraktur [Fractures], Verschiedene Zeichen
[Signes divers] également, sont présentées dans cette exposition,
ainsi que plusieurs peintures à sujet renversé –
dont Porträt Elke I [Portrait Elke I] –
qui ont fait la renommée de Baselitz dans les années 1970.
«Depuis 68-69, je me suis appliqué à faire de la peinture,
mais je n’ai réellement commencé à la toucher du doigt
qu’à partir du renversement des motifs. […] Pour moi,
la problématique est d’éviter de créer des images anecdotiques
et descriptives. De plus, j’ai toujours détesté l’arbitraire
nébuleux de la théorie sur la peinture non-figurative.
Le renversement du motif dans mes tableaux m’a donné
la liberté de faire face à des problèmes picturaux.»
Je me souviens de ma première vision des sculptures
de Baselitz à la Staatlichen Kunsthalle Baden-Baden
qui faisaient suite à ses peintures renversées au musée
Frieder Burda en 2009, gigantesques, taillées à la hache,
étonnement, émerveillement, amusement.
«La sculpture est une chose miraculeuse. […]
Elle n’est pas une carcasse, elle n’est pas une coquille vide,
une enveloppe délaissée; elle s’apparente plutôt à une machine
éteinte – on y devine un esprit à l’intérieur, en attente d’un contact.»
Outre des sculptures en bois colorées de grand format telles
que Dresdner Frauen [Femmes de Dresde] et des reliefs peints,
l’exposition compte également un groupe de peintures de la série
Remix. Les peintures ainsi que les sculptures intérieures et
extérieures des deux dernières décennies complètent la vision de
l’un des artistes contemporains les plus originaux de son temps.
Un groupe d’oeuvres réalisées à l’automne 2017 et encore jamais
révélées au public conclut le parcours de l’exposition.
Le catalogue de l’exposition, publié en allemand et en anglais,
rassemble différentes perspectives sur la production artistique
multifacette de Baselitz. Auteures et auteurs européens et
américains renommés ont enrichi la publication de nouvelles
contributions à la recherche.
Demandez le tiré à part en français
Le célèbre cinéaste et écrivain allemand Alexander Kluge
(né en 1932 à Halberstadt, Saxe-Anhalt) a réalisé en l’honneur de son ami et
artiste Georg Baselitz un hommage cinématographique
qui est présenté en avant-première au sein de l’exposition.
Un autre film de 15 minutes produit par Heinz Peter Schwerfel
à l’automne 2017 donnera un aperçu sur la façon de penser et
de travailler de Baselitz. Il est pour la première fois présenté au
public à l’occasion de l’exposition à la Fondation Beyeler.
Parallèlement à l’exposition de la Fondation Beyeler, le
Kunstmuseum Basel présente une rétrospectives des
oeuvres graphiques de Georg Baselitz.
France culture : la Dispute podcast
www.fondationbeyeler.ch
Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG,
Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen
Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler:
tous les jours de 10h00 à 18h00, et le mercredi jusqu’à 20h
Télématin
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