Cy Twombly – Peinture et sculpture

Jusqu’au 13 mars 2016, le Kunstmuseum Basel présente des oeuvres de l’artiste américain Cy Twombly au Museum für Gegenwartskunst. L’exposition comprend des oeuvres de la période 1950 à 1970 issues en majeure partie de la collection du Kunstmuseum et des prêts de la Fondation Emanuel Hoffmann ainsi que de la Daros Collection. Le tableau Untitled (1969) au format portrait est entré dans les collections du Kunstmuseum en 2013 grâce à la donation de Katharina et Wilfrid Steib, il est présenté pour la première fois au public.

 Cy Twombly;
Cy Twombly;

Cy Twombly compte, avec Robert Rauschenberg et Jasper Johns avec lesquels il était très lié, parmi les principaux représentants d’une génération d’artistes qui, dans les années 1950, s’est distanciée de l’expressionisme abstrait pour développer son propre langage pictural qui influencera de nombreux artistes. Twombly est né en 1928 à Lexington, Virginie, et mort en 2011 à Rome. En 1957, lorsque le coeur de l’art moderne se déplace de Paris à New York, Twombly prend la direction opposée et s’installe à Rome. Là-bas, il découvre la lumière méditerranéenne, mais aussi l’histoire, la mythologie et la poésie de l’antiquité qui nourriront son oeuvre par association. Des champs picturaux généralement blancs sont activés par un gribouillage énergique proche de l’écriture, au moyen de traits, signes ou fragments de mots. Ce sont des traces de souvenirs personnels et de la mémoire collective où se voient associés écrit et image.
 Twombly Untitled 1985 Gaeta  82.1 x 74 x 34.2 cm; Holz, Gips, Nägel, Leim, weisse und graue Farbe, Eisenring
Twombly Untitled 1985 Gaeta
82.1 x 74 x 34.2 cm; Holz, Gips, Nägel, Leim, weisse und graue Farbe, Eisenring

Au coeur de l’exposition se trouvent des peintures des années 1950 à 1970 de la collection du Kunstmuseum complétées par des prêts de la Emanuel Hoffmann-Stiftung et la Daros Collec-tion qui possède un important ensemble d’oeuvres de Twombly. Elles illustrent l’évolution de l’artiste à ses débuts. Le tableau Untitled, de petit format, créé en 1954 à New York constitue le point de départ. La matière compacte et le coup de pinceau révèlent l’origine de Twombly, l’expressionisme abstrait.
Cy Twombly 73.8 x 91 cm; Öl auf Leinwand
Cy Twombly
73.8 x 91 cm; Öl auf Leinwand

Les tableaux suivants ont été peints pour la majeure partie à Rome à partir de 1957. Dorénavant, le fond sombre cède le pas à des toiles lumineuses librement rythmées par des lignes au crayon, à la craie ou à l’huile où les grands formats ou formats horizontaux dominent. Les tableaux semblent être les témoins de l’état d’âme vécu pendant le processus de création, même des gestes correcteurs tels des ratures et retouches ainsi que des formes inachevées restent présents. Ainsi naît une ambivalence entre dévoiler et cacher.
Cy Twombly 237.5 x 197.5 cm; Wandfarbe auf Ölbasis und Bleistift auf Leinwand
Cy Twombly
237.5 x 197.5 cm; Wandfarbe auf Ölbasis und Bleistift auf Leinwand

Le public peut admirer pour la première fois le tableau au format portrait Untitled (1969) réalisé en 1969 au Lago di Bolsena au nord de Rome. Il montre une ouverture délicate, semblable à une fenêtre composée de hachures à la mine de plomb au milieu d’un champ coloré blanc.
La donation de cette oeuvre au Kunstmuseum par Katharina et Wilfrid Steib en 2013 est à l’origine de cette manifestation. Ce cadeau complète la présence imposante de Cy Twombly à Bâle.
Dans la préface de la brochure d’exposition est retracé l’historique de la collection.
L’exposition conçue par Bernhard Mendes Bürgi  inaugurée le 11 septembre 2015 au Museum für Gegenwartskunst est ouverte au public, l’entrée est gratuite. L’exposition est subventionnée par la Stiftung für das Kunstmuseum Basel et la Isaac Dreyfus-Bernheim Stiftung.
Museum von Gegenwartskunst
L’entrée au Museum für Gegenwartskunst est gratuite pour tous les visiteurs jusqu’à la fin de l’année grâce à la prise en charge des coûts par le Fonds für künstlerische Aktivitäten im Mu-seum für Gegenwartskunst der Emanuel Hoffmann-Stiftung et la Christoph Merian Stiftung. Ce Fonds subventionne depuis plus de 20 ans le programme d’exposition du Museum für Gegen-wartskunst. Pendant cette année de fermeture du Kunstmuseum il souhaite, grâce à cette gé-nérosité, encourager la population de Bâle et des environs à découvrir le musée au bord du Rhin.
A l’occasion de l’exposition, une publication gratuite est éditée en allemand et en anglais. Elle est mise à la disposition des visiteurs au Museum für Gegenwartskunst
images courtoisie Kunstmuseum

Claire Morgan à la Fondation Fernet Branca

Jusqu’au 15 novembre 2015 à la Fondation Fernet Branca
 

Claire Morgan photo Fondation Fernet Branca
Claire Morgan
photo Fondation Fernet Branca

La Fondation Fernet-Branca accueille les oeuvres de Claire Morgan dans le cadre
d’une coproduction avec le Osthaus Museum Hagen et le Kunstsammlung Jena.
Pour chacun des lieux, l’exposition s’adapte à l’espace dédié.
A la Fondation Fernet-Branca ce sont 500 m2 qui sont consacrés à son travail.
Claire Morgan utilise la taxidermie pour questionner l’impermanence des choses, son travail consistant en des mises en scènes géométriques d’animaux empaillés.
L’artiste souhaite que ses animaux présentent un élément d’énergie, une réalité interagissant avec l’ensemble plus vaste des formes architecturales.
Elle crée ainsi des univers desquels se dégage une énergie qui est comme solidifiée :
le temps y paraît suspendu.
Claire Morgan Bound 2014 Pencil and watercolor on paper
Claire Morgan
Bound
2014
Pencil and watercolor on paper

Claire Morgan a par ailleurs coutume de jouer sur plusieurs registres pour entremêler les règnes végétal et animal : la gravité, le temps, la vie, la dégénérescence et la mort; tous ces paramètres sont communs aux deux règnes selon des rythmes différents.
La préoccupation de Claire Morgan concerne donc notre rapport à la nature et à l’écologie. Une mélancolie émane de son travail : il s’agit de questionner notre désenchantement face au monde qui nous entoure.
Ses installations empreintes de mélancolie qui mettent en scène l’animal ne sont donc en réalité qu’une représentation de nous-mêmes, face à la dégénérescence du monde.
Claire Morgan Speaking Volumes 2012 Pencil and watercolor on paper
Claire Morgan
Speaking Volumes
2012
Pencil and watercolor on paper

Jeune artiste irlandaise, Claire Morgan s’approprie la taxidermie pour mettre en
perspective « l’immortalité comme un mystère impénétrable » dans une
conscience de l’impermanence des choses.
Si la taxidermie est présente dans l’art d’après-guerre chez les artistes comme
R. Rauschenberg (les Combines de 1954 à 1962) et plus tard chez Jannis
Kounellis (1979), l’animal empaillé est fortuit. Pour Claire Morgan en revanche,
c’est lui qui mène la danse, qui est au centre de l’événement, c’est par lui que
tout arrive.
Étymologiquement, « taxidermie » signifie « la mise en ordre de la peau », il
s’agit donc d’une manière de repositionner les choses dans leur contexte.
Maurice Blanchot écrit que « la mort suspend la relation avec le lieu », que « la
présence cadavérique établit un rapport entre ici et nulle part ».
Il en va de même avec la dépouille animale. Le vivant que l’animal était est insituable,
mais le mort qu’il est devenu à beau s’être transformé en « chose », en objet de
taxidermie, c’est à partir de ce moment qu’il commence à ressembler à lui-même.
Il y a un devenir-monument de l’oiseau qui est « si absolument lui-même
qu’il est comme doublé par soi ». N’étant plus accaparé par l’action,
n’étant plus fonctionnel, il apparaît. (Antonin Artaud)
Claire Morgan Gone To Seed 2011 Thistle seeds, carrion crow (taxidermy),
Claire Morgan
Gone To Seed
2011
Thistle seeds, carrion crow (taxidermy),

L’artiste récolte elle-même des animaux morts accidentellement et les
empaille. ( les mouches ?) Ils sont ensuite mis en scène dans des constructions géométriques d’insectes, de pissenlits, de plastiques colorés, etc. Cette rencontre des plus
étranges crée une fragilité, un instant suspendu, un « arrêt sur image ».
Claire Morgan concentre dans ses installations une force et une énergie qui imposent
à elles seules une forte présence.
Le territoire devient l’espace. Espace qu‘Albert Einstein aurait peut-être défini par
« rien n’est fixe… ». Il émane cependant de cet univers une énergie qui paraît comme solidifiée.
« Mon travail traite du changement, témoigne Claire Morgan, du temps qui passe, et du caractère éphémère de tout ce qui nous entoure. Pour moi, créer des structures d’apparence solide ou des formes faites de milliers d’éléments
suspendus individuellement ont une relation directe avec mon expérience de ces forces. Il y a un sentiment de fragilité et une absence de solidité qui se retrouvent dans toutes les sculptures. Je les ressens comme si elles étaient entre le mouvement et l’immobilité, et donc remplies d’une certaine énergie. »
Claire Morgan précise que dans son travail, elle « ne veut pas que les animaux
délivrent un récit mais qu’ils présentent un élément de mouvement ou
d’énergie, une espèce de réalité interagissant avec l’ensemble plus vaste des
formes architecturales ». On retrouve cet « élément d’énergie » décrit par
Deleuze : « En art, il ne s’agit pas de reproduire ou d’inventer des formes, dit-il, mais de capter des forces ».
Claire Morgan The Owl and The Pussycat 2014 Barn owl and domestic cat (taxidermy), torn pale blue polythene, nylon, lead, acrylic
Claire Morgan
The Owl and The Pussycat
2014
Barn owl and domestic cat (taxidermy), torn
pale blue polythene, nylon, lead, acrylic

Malgré les protagonistes mis en jeux (renard, oiseaux, chat, mouche, aigrettes
de chardon et de pissenlit, nylon, polycarbonate), nous ne sommes pas face à
un événement banal. L’auteur ne nous laisse pas présager de l’action qui va
survenir, tout est énigme ; et pourtant tout est clair ou presque. Nous pouvons
penser ici à la peinture de Pompéi où Médée se prépare à tuer ses enfants. Le
temps est suspendu, comme avant l’orage, ce moment extrêmement lourd, tel
le silence avant la foudre. C’est l’instant d’avant.
Il se joue également une temporalité d’un genre double qui nous questionne
sur les rapports entre humains et non-humains, vivants et non-vivants.
Sentir le passage du temps, c’est éprouver le passage en soi, non ce qui passe.
C’est évacuer tout support, toute substance. Ni analogie, ni ressemblance
formelle, c’est une identité de fond, un affect qui circule et se mélange avec
d’autres affects pour donner une symbiose qui défait toute prévisibilité entre
les corps.
Claire Morgan If you go down to the woods today 2014 Muntjac deer (taxidermy), butterflies, torn polythene, nylon, lead, acrylic
Claire Morgan
If you go down to the woods today
2014
Muntjac deer (taxidermy), butterflies, torn
polythene, nylon, lead, acrylic

Claire Morgan joue donc sur plusieurs registres pour entremêler les règnes
végétal et animal : la gravité, le temps, la vie, la dégénérescence et la mort ; ces
paramètres sont communs aux deux règnes selon des rythmes différents. Tout
cela, elle le rend palpable et ces rythmes eux‐mêmes, visibles. Ce qui compte,
c’est le procès du monde, son déroulement conjoint avec ce qui le peuple.
Claire Morgan attache beaucoup d’importance aux titres de ses oeuvres qui, dit-elle,
« ajoutent un élément ironique ou comique permettant de les garder
ancrées dans le monde que nous humains, habitons ».
La préoccupation de Claire Morgan concerne aussi notre rapport à la nature.
Ces animaux ne sont autres que nous‐mêmes, ils ressemblent « à notre façon
de fonctionner, de vivre et de souffrir dans des environnements que nous
avons créés pour nous‐mêmes ». Une dimension écologique émane de ses
installations où tout semble possible, le bien/le mal, la vie/la mort, l’ordre/le
chaos. L’artiste vient peut‐être également mettre en garde les hommes sur le
fait que la mort est d’actualité s’ils n’adoptent pas une approche plus
écologique du monde.
Claire Morgan
Une mélancolie imprègne également le travail de Claire Morgan. Face à son
désenchantement, l’animal a une plus grande conscience du monde. Cette
préoccupation de la mort, de la dégénérescence et de la décrépitude des
choses et des êtres est très présente dans ses oeuvres.
Si l’on se souvient de la « Melancolia » de Dürer et de l’analyse de Panofsky
reprise par Jean Clair : « La conscience mélancolique […] est la conscience de
l’homme qui, sous l’influence de Saturne, est plus apte que quiconque à la
pratique des mathématiques, à l’ars geometriae, le cinquième des arts libéraux
et à leurs diverses applications ».
Chez Claire Morgan, la géométrie de ces espaces : Speaking Volumes,
Building… ainsi que les formes circulaires : Nipple, The Owl and the Pussycat,
peuvent être mis en relation avec cette entreprise de l’esprit géométrique de
l’architecture présente dans la peinture. Ici, dans une version contemporaine
 Mélancolie.
texte Pierre-Jean Sugier
Commissaire de l’exposition :  le Directeur : Pierre‐Jean Sugier

Fondation Fernet‐Branca
2, rue du Ballon
68300 Saint‐Louis
Tél . 00 33 3 89 69 10 77
Ouverture :
Du mercredi au dimanche
De 13h à 18h
Fermé le lundi et la mardi
 

Antoine Wagner, "Cadences"

Wagner-

jusqu’au dimanche 25 octobre 2015 en entrée libre, à la Filature de Mulhouse
Antoine Wagner
Dans la famille Wagner, je demande l’arrière, arrière, arrière-petit-fils.
Né en 1982, celui qui s’appelle pour l’état-civil
Antoine Amadeus Wagner
Pasquier, est un photographe et cinéaste
installé à New York, qui s’est choisi pour nom d’artiste
Antoine Wagner, du nom de jeune fille de sa mère Eva.
Il a l’aspect du « wanderer » romantique des livrets de son illustre aïeul.
Le trentenaire a déjà de nombreuses expositions à son actif, ainsi qu’une
résidence à la Villa Médicis.
Son travail est montré actuellement  au Museum für Völkerkunde Hamburg.
En 2013, Antoine Wagner part sur les lieux où son ancêtre a vécu, Zurich et Lucerne. Il rencontre historiens, musicologues, musiciens et amateurs éclairés. Puis, il se rend en haute montagne au contact d’une nature grandiose et violente, dans ces paysages qui ont été une profonde source d’inspiration pour le Maître de Bayreuth qui les admirait tant. Cette expédition a donné lieu au documentaire biographique et musical Wagner,
A Genius in Exile  (vidéo) réalisé par Andy Sommer (Bel Air Classiques), mais aussi à de nombreux projets vidéo et photo.
Antoine Wagner
Tout le travail d’Antoine Wagner depuis une dizaine d’années
pourrait se lire comme une suite d’explorations du geste musical. Ses projets, tels que Lisz[ :T :]rau ou Wagner : Common Denominator, sont marqués par cette envie de se confronter de façon formelle à la fabrication de la musique.
Avec l’exposition Cadences à La Filature, il propose aujourd’hui d’aller beaucoup plus loin dans sa démarche : il présente des oeuvres dans lesquelles il épouse les jeux de courbes et de lignes de partitions de musique classique en s’attachant à retrouver l’essence du compositeur. En parallèle, il montre des photographies de paysages dans lesquels il s’est attaché à retrouver les mouvements de plusieurs partitions qui font partie de son imaginaire depuis l’enfance. Cet ensemble cohérent se distingue par cette même recherche de la sensualité du geste créateur et son inscription dans une réalité, celle de la nature.
A Mulhouse nous pouvons suivre le périple de l’artiste, Antoine Wagner, sur les traces de son illustre trisaïeul, dans son exil en Suisse, lors de la composition de Parsifal,  drame cosmique qui marque l’ultime étape de l’écriture wagnérienne.
Cette histoire est inspirée en partie du Conte du Graal  de Chrétien de Troyes, et de l’épopée médiévale Parzival de Wolfram von Eschenbach.
Vous pouvez en lire le résumé ci-dessous.
Antoine Wagner
A la Filature son interprétation est personnelle, un Parsifal inédit, une mise en scène particulière avec des photos argentiques, avec en toile de fond la musique et un titre
 » Kundry « 

A W est parti du Journal de Cosima, et d’un livre écrit par Eva Rieger,  qui décrivent
précisément les étapes du cheminement de Richard Wagner qui lui inspira son opéra.
L’artiste a arpenté en 2011, pendant un an les lieux visités par Wagner pendant les 10 ans de son exil suisse, où ’il est confronté seul à ses panoramas,  venant d’un paysage plat, il découvre la montagne. R Wagner le dit très clairement que la force de la nature et ses paysages suisses sont l’idéal pour donner l’arrière plan à ses opéras, c’est le moment le plus inspirant de sa vie,  seul, fragilisé, sans le sou, laissant Minna  (sa première épouse) derrière lui, installé chez les Wesendonck , Mathilde W à laquelle il a dédié Tristan & Iseult, il rencontre Cosima von Bullow. Il se réconcilie avec Louis II de Bavière,  qui  lui donne accès à nouveau à l’Allemagne, et crée Bayreuth. Mais dès qu’ il a eu l’occasion de repartir quelque part, c’est la Suisse qui a eu sa préférence. La nature a toujours été sa source d’inspiration, derrière ses écrits, derrière ses visuels.
Les photos dans le couloir, se présentent comme l’ouverture de Parsifal, mystérieuses, étranges dans leur beauté singulière et atmosphère de légendes. On entend les notes s’égrener par delà, le brouillard et les nuages des Alpes suisses.
Les images sont issues  du projet « Wagner in der Schweiz »

Antoine Wagner
Certaines images viennent aussi de la côte amalfitaine, et de la Sicile sans que les
lieux ne soient précisés, alors que R W si était installé.
A W procède à une lecture symbolique de Parsifal, il a construit sa recherche pour revenir à l’essentiel, une mythologie universelle, qui trouve son essence dans la nature, bien au-delà des hommes, en privilégiant Kundry au détriment de Parsifal.
La mort du cygne est placé avant le début de l’acte 1, le drame est en place.
Aucun être vivant n’apparait, les 3 actes sont contés par les quatre éléments : l’eau, la terre, le feu, l’air.
L’agonie du Roi Amfortas installe une lumière déclinante et troublante. A l’inverse l’érotisme du dyptique incarne tout le mystère de la femme Kundry, elle devient essentielle.
Antoine Wagner
En prenant le parti de l’associer à l’eau scintillante, la sorcière, pécheresse est absoute,
Elle porte en elle la solution et envoie Parsifal  reconquérir la lance qui a tué l’animal
sacré. Les chevaliers du Graal sont placés dans cette forêt dense, aux fûts bien droits
où seul Parsifal, isolé est baigné de lumière.
Antoine Wagner
Puis vient la tentation, suave, érotique sous forme de fleurs.
Puis c’est le périple de Kundry et Parsifal, dans des paysages aux courbures féminines,
dans un nouveau dytique. La confrontation entre Parsifal et Klingsor n’est pas évoquée,
on accède tout de suite à la lance, symbolisée par la grotte où le Rhin prend sa source, au Gothard, qui baigne dans l’eau.
Antoine Wagner
Ayant résistés aux récifs, le grand rocher qui évoque l’Île aux morts de Böcklin,  les deux héros reprennent  leur route dans un paysage lunaire, infertile, terre de feu de l’Etna. Puis surgit le jardin de toutes les tentations, mais la lance résiste grâce à leur sagesse.
Il sauve Amfortas.
L’artiste place la femme au coeur du mythe, elle en est l’héroïne, l’érotisme est omniprésent. Nombreux tableaux de Kundry  sont des visions anthropomorphiques
où l’artiste cherche dans le paysage une vision mythique de la femme.
 Carole Blumenfeld : commissaire de l’exposition avec Emmanuel Walter
…. À bien des égards, le travail d’Antoine Wagner pourrait se lire comme celui d’un compositeur qui verrait le monde à travers une portée de notes. En réalité, le jeune photographe, vidéaste et installateur, va chercher dans le monde la musique de cette partition imaginaire – ou pas tout à fait – qui est au coeur de tout son processus de création. ….Carole Blumenfeld

Bernard Frize et Günter Umberg

A voir jusqu’au 4 octobre 2015 
Il s’agit de deux artistes, l’un allemand, l’autre français, issus respectivement de la culture française et allemande, que la Fondation Fernet Branca , réunit pour la première fois en France. C’est une exposition sur la peinture, la couleur, dont l’essentiel est de s’interroger sur ce que les deux artistes ont en commun, une esthétique du procédé, de la méthode.

GÜNTER UMBERG ET BERNARD FRIZE photo Fondation Fernet Branca
GÜNTER UMBERG ET BERNARD FRIZE
photo Fondation Fernet Branca

En développant une idée très particulière de la peinture, qui demande un petit effort de la part du « regardeur », alors qu’au premier abord cela semble facile. Réunir ces deux artistes revient à poser la question de la matérialité de la peinture.
Pour cette exposition, la Fondation a repeint les plafonds en blanc, changé tout l’éclairage afin de donner une excellente lumière proche de la lumière réelle. Les salles sont très lumineuses, les couleurs en sont exaltées. L’espace, qui constitue la présentation des œuvres, participe ainsi activement à la perception du spectateur.
Bernard Frize et Günter Umberg font tous deux reposer leur travail sur une approche théorique s’imprégnant d’une vision de l’histoire de la peinture.
Bernard Frize

Bernard Frize

Les deux artistes présentent en outre de nombreux points communs dans leur pratique : ils utilisent le même matériau et s’imposent des contraintes.
Cependant, leurs réalisations diffèrent à bien des égards. Chacun d’eux nous invite donc à participer à une expérience artistique qui, malgré son apparente simplicité, relève d’une extrême sophistication et renvoie à toute l’histoire de la peinture.
Bernard Frize, et Gunter Umberg, l’abstraction

Bernard Frize rejette la narration. Il s’interdit même le superflu : beaux effets de style et d’esthétique au profit d’une stricte neutralité. Il élimine ainsi tout affect et sensibilité et va jusqu’à se placer en retrait. Il laisse ‘le pinceau peindre’.

« Laisser le pinceau peindre, tel est le credo de ce puriste qui cherche à pousser la pratique picturale dans ses derniers retranchements et ne donner à voir que l’acte de peindre lui-même. Pour « fabriquer les conditions du hasard » – cette spontanéité organisée étant selon lui indissociable du processus de création –, » Bernard Frize

Gunter Umberg
Gunter Umberg

Bernard Frize s’impose de sérieuses contraintes avant d’exécuter une toile. Par exemple, le choix des couleurs ne répond pas au désir d’évoquer une ambiance ou un sentiment personnel, elles sont là parce qu’elles se distinguent les unes des autres. Idem pour la méthode d’exécution, systématique pour chaque œuvre (à une, deux ou plusieurs mains, à la brosse, au couteau ou au pinceau, etc).
Quant à la nature des matériaux, elle intervient dans le rendu, selon un processus organique : l’eau, le pigment, la pesanteur, les effets du séchage, tout cela influe et joue un rôle dans ce qu’il advient de la peinture. Le résultat ? Des toiles à la fois maîtrisées et libres, contraintes et aléatoires. Des paysages abstraits variés et, somme toute, sensibles. L’artiste, un simple artisan ? Plutôt un penseur fataliste :
« L’œuvre d’art, explique Bernard Frize, donne forme au chaos, non parce qu’elle révélerait une signification cachée du monde. La forêt est plus ou moins dense pour chacun d’entre nous, mais nous cherchons tous un chemin pour la traverser. Et si vous vous demandez pourquoi ceux qui ne sont pas artistes peuvent s’intéresser à la peinture, je suppose que la réponse est qu’ils partagent probablement ces interrogations dans leur vie et peuvent projeter sur les peintures certaines réponses à leur quête. »
origine :  Elisabeth Couturier

Il partage avec Gunter Umberg, le plaisir de construire ensemble  cette exposition.
Il trouve que « Fernet Branca est l’écrin parfait pour montrer côte à côte, leur travail respectif.
En traversant l’exposition le visiteur doit travailler lui-même
:
On peut avoir du plaisir en regardant la peinture, qui s’adresse autant à la tête qu’aux sensations et qu’il ne faut déprécier ni l’un ni l’autre« 

Le visiteur peut ainsi s’attarder devant les noirs profonds de Gunter Umberg, se laisser pénétrer par la couleur, jusqu’à voir la couleur advenir, comme dans un Soulages ou un Rothko.
Commissaire de l’exposition
Pierre-Jean Sugier, directeur de la Fondation
Fondation Fernet‐Branca – Saint‐Louis – Alsace
Ouverture :
Du mercredi au dimanche 13h-18h