Sommaire du mois d'avril 2015

Parlement de Budapest
Parlement de Budapest

La Sécession à Vienne
La Sécession à Vienne

01 avril 2015 : Poisson d’avril
02 avril 2015 : Ribera à Rome au Musée des Beaux Arts de Strasbourg
07 avril 2015 : Le musée des Confluences à Lyon
09 avril 2015 : Anne-Sophie Tschiegg et Jan Peter Tripp
14 avril 2015 : Véronique Arnold, Dessins d’ombre au Musée des Beaux Arts de Mulhouse
20 avril 2015 : Philippe Lepeut
22 avril 2015 :  Arnulf Rainer au musée Frieder Burda
Château de Bratislava
Château de Bratislava

27 avril au 1 mai Budapest, Bratislava, Vien
le Danube à Budapest
le Danube à Budapest

Arnulf Rainer au musée Frieder Burda

Le Musée Frieder Burdade Baden Baden consacre une grande rétrospective composée de plus de 100 oeuvres réalisées entre 1949 et ce jour,
à l’artiste autrichien Arnulf Rainer
qui vient de fêter son 85e anniversaire. L’exposition, organisée en coopération avec l’Albertina de Vienne, met une nouvelle fois en lumière toute la diversité et l’importance de l’oeuvre d’un artiste comptant parmi les figures centrales autant qu’uniques de l’histoire de l’art. Arnulf Rainer (né en 1929 à Baden  Lès Vienne) a dès le départ fait partie des plus grands noms de la Collection Frieder Burda.

 

Arnulf Rainer
Si vous êtes déprimé ce n’est pas cette exposition qui va vous remonter le moral.
Tout est conjugué avec la couleur noire, la souffrance, la douleur.
C’est l’occasion de se replonger dans le livre de l’ historien médiéviste
Michel Pastoureau  « Noir : Histoire d’une couleur, 2008« .
Rien à voir avec les Outrenoirs  abstraits de Soulages, ni avec la profondeur d’un Rothko, ici tout est cash presque trash. Il donne l’impression d’avoir vécu la passion
du Christ, les toiles montrant des croix, sont saisissantes de tragédie, tantôt avec un membre, une tête, une jambe, un coeur saignant de douleur. Rien d’étonnant lorsque l’on se penche sur sa biographie, jeunesse sous mescaline, existence de bohème.

   Arnulf Rainer Kreuzherz, 1959-1973 Öl auf Hartfaserplatten 208 x 81 cm Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau, München © Arnulf Rainer, 2015; Foto: Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau, München

Arnulf Rainer
Kreuzherz, 1959-1973
Öl auf Hartfaserplatten
208 x 81 cm
Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau, München
© Arnulf Rainer, 2015; Foto: Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau, München

L’exposition a été conçue en étroite collaboration avec l’artiste par Helmut Friedel, directeur du Musée Frieder Burda, et grand connaisseur de l’oeuvre,
et elle a déjà été montrée à l’Albertina de Vienne où elle a rencontré un grand succès.
« Nous sommes très heureux, après son passage réussi à l’Albertina, de pouvoir montrer maintenant l’exposition dans le cadre remarquable du Musée de Baden-Baden, et de la confronter à un public extérieur après cette manifestation à domicile. Les 85 ans de Rainer constituent une occasion idéale de rendre hommage à cet éminent artiste de notre temps. »

 Arnulf Rainer Übermalung, 1984/88 Öl auf Karton, aufgezogen auf Holz 51 x 73,3 cm Museum Frieder Burda, Baden-Baden © Arnulf Rainer, 2015
Arnulf Rainer
Übermalung, 1984/88
Öl auf Karton, aufgezogen auf Holz
51 x 73,3 cm
Museum Frieder Burda, Baden-Baden
© Arnulf Rainer, 2015

 
L’éventail des travaux exposés, dont certains remontent au début des années 50, s‘étend de ses premières oeuvres, les « créations centrales », « surpeintures » et crucifixions – aux masques mortuaires réalisés après 1976 et aux « peintures voilées » postérieures à 1995, en passant par les autoreprésentations des Face Farces à partir de 1969, les Body Poses et leurs remaniements.

Arnulf RAINER
Arnulf RAINER

Ailleurs, il semble manier, l’autodérision avec virtuosité, contraste incroyable avec les crucifixions.
On pourra en outre voir des travaux réalisés tout récemment. Parallèlement aux pièces exposées comptant parmi les nombreuses oeuvres de l’artiste abritées par la Collection Frieder Burda, l’exposition comprend des tableaux ayant été mis à disposition par des musées internationaux ou prêtés par des particuliers.
L’exposition s’articule autour de divers groupes d’oeuvres à chacun desquels Rainer a travaillé obsessionnellement, et permet de saisir, également dans le cadre de la présentation au Musée Frieder Burda, le parallélisme entre les diverses stratégies artistiques adoptées dans son oeuvre.
Les célèbres surpeintures (Übermalungen), qui poursuivent en un processus pictural permanent la dissolution du tableau d’origine, prennent bien souvent le propre Moi pour sujet et se transforment alors en un acte relevant de la performativité. Ce travail autocentré systématique sur son propre visage ou son propre corps ne trouve toutefois pas ses racines dans le narcissisme. Bien au contraire : l’existence artistique devient le seul moyen de légitimer l’art à l’ère de sa fin. Ces tableaux deviennent ainsi l’expression d’une certaine absence de parole :
« pour Rainer, il n’y a plus rien à communiquer si ce n’est le rappel de sa propre existence », comme le dit Helmut Friedel.

 Arnulf Rainer Gesprungenes (Ein absichtlicher Schalknarr), ohne Jahr Schwarze Kreide auf Fotografie 60,5 x 47,5 cm Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau, München © Arnulf Rainer, 2015; Foto: Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau, München
Arnulf Rainer
Gesprungenes (Ein absichtlicher Schalknarr), ohne Jahr
Schwarze Kreide auf Fotografie
60,5 x 47,5 cm
Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau, München
© Arnulf Rainer, 2015; Foto: Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau, München

La croix demeure un motif récurrent dans l’oeuvre de Rainer. L’artiste se réfère d’une part au symbolisme chrétien, y voit par ailleurs « un système central d’orientation de l’être humain, des coordonnées fondamentales
décisives »
, poursuit le commissaire d’exposition Helmut Friedel,
« sans lesquelles aucun ordre au monde ne semblerait possible ».
Les masques, et en particulier les masques mortuaires, tout comme les références aux faces grimaçantes de Franz Xaver Messerschmidt, mettent une nouvelle fois en avant une affinité latente, dans les univers picturaux de Rainer, avec les thèmes de la douleur et de la mort.
Débutant avec la représentation réalisée très tôt du « Rainer mourant » en 1949, et enchâssés dans le contexte viennois, les moments de vécu existentiel et psychologique – sinon psychotique – et leur fort potentiel créatif jouent constamment un rôle important.
« Dès le début, Rainer a été lié à l’image de la mort, la mort apparaît dans son oeuvre comme une forme ultime de la folie. L’exploration des frontières du psychique est une ligne qui traverse l’ensemble de son oeuvre »
(Helmut Friedel).

Arnulf Rainer Van Gogh (Van Gogh-Serie), 1979 Öl und Ölkreide auf Fotografie 59,8 x 48 cm Museum Frieder Burda, Baden-Baden © Arnulf Rainer, 2015
Arnulf Rainer
Van Gogh (Van Gogh-Serie), 1979
Öl und Ölkreide auf Fotografie
59,8 x 48 cm
Museum Frieder Burda, Baden-Baden
© Arnulf Rainer, 2015

Il consacre une série à van Gogh souffrant, douloureux, fou, les yeux exorbités.
Fasciné par la mort, Rainer a crée les séries de Hiroshima, des dessins sur des photographies de la ville détruite. On a le sentiment que toute la souffrance du monde
le concerne.
Rainer est resté sans jamais faillir systématiquement fidèle à sa position solitaire dans le monde de l’art international des dernières décennies. Comme le montre le catalogue détaillé, les confrontations avec des mouvements artistiques parallèles tels que l’Art informel, Zero ou même l’Actionnisme viennois ont régulièrement eu lieu, mais l’oeuvre de Rainer ne peut être comparé à aucun autre.
Peu d’autres que lui ont, dès le début, développé des manières de procéder aussi radicales dans le cadre d’une recherche sans compromis de moyens d’expression.
Aux côtés de Gerhard Richter, Sigmar Polke et Georg Baselitz, Maria Lassnig
(dont il fait la connaissance en 1947)
et Bruce Nauman ou Yves Klein, il compte ainsi parmi les artistes majeurs
de l’après-guerre jouissant d’un renom international
depuis les années soixante.
Arnulf Rainer vit et travaille en Autriche, en Allemagne et à Ténériffe.
Museum Frieder Burda ·
Lichtentaler Allee 8b ·
76530 Baden-Baden
Telefon +49 (0)7221 39898-0 ·
www.museum-frieder-burda.de
passmusées acceptés
audio-guides
images et catalogue courtoisie du musée Frieder Burda

Philippe Lepeut

Philippe Lepeut (site)
Listen to the Quiet Voice au

Philippe Lepeut
Musée d’Art moderne et contemporain
jusqu’au  31 octobre 2015
C’est une exposition  d’une grande diversité, poétique, inventive, intelligente,
qui demande que l’on s’y attarde, que l’on se pose, pour voir en détail,
la richesse de l’univers de l’artiste, qu’on prenne le temps d’écouter le bruit de vent,
(un autre monde, Le Messager) de la tempête, de l’orage en pénétrant dans les lieux mystérieux et que l’on visionne les vidéos dans l’espace aménagé par les étudiants de la HEAR.
Artiste mais aussi éditeur (pour le label Écart Production dont il est co-fondateur) et enseignant  (auprès de la Haute École des Arts du Rhin), Philippe Lepeut
(né en 1957 à Nantes) se présente volontiers sous la formule sibylline :
« Je suis nombreux ».
Il se définit comme un artiste « intermedia« , dans une généalogie lointaine mais certaine avec Dick Higgins. Il ne pratique pas de médium en particulier, pour lui, l’art est une activité en général qui permet d’activer des principes réflexifs, des processus de fabrications et des errances qui favorisent l’intuition.
Pour ouvrir l’exposition il a choisi de se mettre en scène dans une situation qui donne immédiatement le ton à son propos, en proposant l’un de ses avatars (performeur sous le nom de DoomBrain) sous l’objectif de Simon Laveuve. Portrait savamment travaillé
entre référence historique (Joseph Beuys de la « Rivoluzione siamo noi »)
et la pop culture (le fantôme de David Bowie période Heroes) a été pris au coeur de la Galerie d’Anatomie Comparée du Museum d’Histoire Naturelle, lieu fétiche de
l’artiste. Dans cette image qui se donne à lire comme une affiche de cinéma, tout est culte : le lieu, témoin d’une histoire millénaire, chargé d’histoire et de fantômes ainsi que les références, de l’artiste chaman à l’icône glam-rock. Faisant appel à la mémoire collective, Philippe Lepeut parvient à développer une oeuvre toute personnelle : c’est, en effet, son histoire qui est contenue dans cette photo : ses heures passées à arpenter le Museum étant enfant puis, plus tard, avec ses enfants ; sa curiosité pour les grands « passeurs » qui orienteront son art et son goût pour faire oeuvre différemment (via l’édition, l’enseignement) ; sa façon de bâtir son oeuvre à partir de ce qui a traversé les siècles, objets réels, reliques ou croyances, pour en tirer une nouvelle grâce qui trouve un écho avec notre époque.

Philippe Lepeut, Dante III, 2011 (n°1/5)
Philippe Lepeut, Dante III, 2011 (n°1/5)

Il construit dans l’espace public, fait des vidéos aussi bien que des aquarelles, de la radiophonie et des œuvres sonores, de la photographie et l’écriture s’installe dans sa vie, dit-il. Il est aussi enseignant en école d’art depuis 1984, éditeur depuis 2003 et c’est important.
Nombreuses sont également les facettes de l’exposition qu’il propose pour le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg ; cet ancien pensionnaire de la Villa Médicis, épris de peinture qu’il pratique jusqu’en 1991, parvient en effet, au fil
des quelque quarante oeuvres présentées (photographies, vidéos, installations sonores),
à proposer au visiteur un voyage à travers les champs visuels et sonores qu’il investit depuis maintenant 30 ans.
Philippe Lepeut détai La Suite ouzbèque
Philippe Lepeut détail La Suite ouzbèque

Plus concerné par l’intermédia que par le multimédia, Philippe Lepeut, artiste esthète voire dandy, développe une oeuvre qui, via les ondes, les pixels ou tout simplement le trait, aspire à la beauté. Une aile de papillon, une météorite, les reflets d’un cristal taillé, une voix qui hurle ou qui chuchote, deviennent autant de points départ d’oeuvres qui brillent d’une grâce discrète, non spectaculaire, telle un secret révélé à mi-voix.
Philippe Lepeut
Cette voix basse, c’est la « Quiet Voice » que le titre de l’exposition nous
suggère d’écouter, c’est là l’une des cartes du jeu Obliques Strategies, sorte de Yi King contemporain crée en 1975 par des artistes (le musicien et producteur Brian Eno et le peintre Peter Schmidt) pour les artistes. Conseil ou injonction, c’est la pierre angulaire de l’exposition, le point de départ de ce projet qui rassemble des travaux allant de 1998 à aujourd’hui et dont la plupart sont présentés pour la première fois au public.
Philippe Lepeut, On Air, pierre de galène, coquillage,  laiton, verre et système de diffusion intégré, collection de l'artiste, 2014-2015
Philippe Lepeut, On Air, pierre de galène, coquillage, laiton, verre et système de diffusion intégré, collection de l’artiste, 2014-2015

À la façon d’un vaste cabinet de curiosités, l’artiste organise, dans les 600 m2
de la salle d’exposition, un parcours où le visiteur se voit invité à rencontrer
des « oeuvres-trésors » ; le matériel y côtoie l’immatériel, le coquillage voisine avec le bruit du vent, l’imposante pierre taillée abrite un réseau de câbles qui diffusent les fréquences.
Un espace interactif est également prévu au sein même de l’exposition ; agora à vocation artistique, c’est le lieu où Philippe Lepeut, l’artiste qui aimait les artistes, convie ses pairs pour une intervention (projection, performance ou discussion) en présence du public.
Philippe Lepeut, artistes invités
L’exposition donne également lieu à plusieurs événements musicaux et cinématographiques qui, tous, contribuent à cerner cet artiste de l’oblique, auteur compositeur d’une poésie plastique qui oscille entre classicisme et nouvelles technologies.
Commissariat : Estelle Pietrzyk, Conservatrice du patrimoine, Directrice du MAMCS
Le CEAAC présente également du 17 septembre au 18 octobre 2015
« À une autre vitesse » une exposition consacrée aux aquarelles et encres de l’artiste.
INFORMATIONS PRATIQUES
Lieu : Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg
1, place Hans-Jean-Arp / tél. 03 88 23 31 31
Horaires : du mardi au dimanche de 10h à 18h. Fermé le lundi
Tarifs : 7 euros / 3,5 euros (réduit)
Philippe Lepeut
Programmation culturelle
Visites commentées « panachées »
Samedi à 15h (du 18 juillet au 29 août)
avec présentation de l’accrochage « Intérieurs »
Dimanche à 11h (du 27 septembre au 1er novembre)
avec présentation de l’exposition « Tristan Tzara »
Une heure / une oeuvre
Vendredi 29 mai à 12h30
Silencio
Temps d’une rencontre « je suis nombreux »
Samedis à 14h30
11 avril : Pierre Mercier
18 avril : Philippe Lepeut
23 mai : Tiphaine Laroque
30 mai : Alain. Declercq
6 juin : Alain Della Negra
13 juin : Manfred Sternjacob
20 juin : Marcel Dinahet
26 septembre : Patrick Javault
3 octobre : Pierre Filliquet
24 octobre : David Legrand
Événements
Nuit des musées
Samedi 16 mai à 20h et 21h
Performance Claire Serres
Journées du patrimoine
Dimanche 20 septembre à 15h
Philippe Lepeut
En parallèle à l’exposition, une large programmation culturelle est proposée à l’Auditorium, autour de figures importantes dans l’univers de Philippe Lepeut : Brian Eno, Jean-Jacques Schuhl, Werner Schroeter
et Betrand Bonello.
Cinéma :
21 avril 2015 à 19h Bertrand Bonello 1
Quelques-uns des premiers films de Bertrand Bonello
Cindy, the doll is mine, 2005, 15’
En s’inspirant de Cindy Sherman, Bonello met en scène deux femmes dont le rôle est tenu par la même actrice, Asia Argento, de part et d’autre d’un objectif photographique.
Where the boys are, 2010, 22’
Le bus d’Alice, 1995, 18’
Juliette + 2, 1994, 33’
Prix des place 6 € ; tarif réduit : 4,50 €.
En partenariat avec les cinémas Star
28 avril 2015 à 19h Bertrand Bonello 2
Quelques-uns des premiers films de Bertrand Bonello
My New Picture de Bertrand Bonello, 2006, 65’.
Ce film pour les « oreilles » décline en quatre mouvements un paysage électronique, romantique, dansant puis intime.
Prix des place 6 € ; tarif réduit : 4,50 €. En partenariat avec les cinémas Star

Véronique Arnold, Dessins d’ombre au Musée des Beaux Arts de Mulhouse

La peinture, qu’elle vienne de Pline ou de Platon, est fille de l’ombre. Elle dit ce que l’ombre lui dicte, elle montre ce qui de l’ombre se laisse capturer. Véronique Arnold nous  le démontre par un autre médium, la broderie, qu’elle déploie avec élégance, finesse,  intelligence, un art maîtrisé à travers les salles du musée des
Beaux Arts de Mulhouse, tout en se (nous) posant les questions essentielles.
jusqu’au 31 mai

Véronique Arnold - Edmondo Woerner Dessins d’ombre
Véronique Arnold – Edmondo Woerner
Dessins d’ombre

Véronique Arnold est une artiste mulhousienne qui conçoit des installations de tissus sur lesquels elle brode des textes, des images, en les reliant à des objets anciens et à des lectures. L’artiste suisse Edmondo Woerner s’associe à cette exposition en présentant des installations.
Véronique Arnold, Frémissement de l'absence, empreinte peinte, broderie de fil noir sur textile 204 85 X 250 cm
Véronique Arnold, Frémissement de l’absence, empreinte peinte, broderie de fil noir sur textile 2014
85 X 250 cm

Le mythe de Dibutade comme concept de l’exposition
« …En utilisant lui aussi la terre, le potier Butadès de Sicyone inventa le premier l’art de modeler des portraits en argile ; cela se passait à Corinthe et ce fut grâce à sa fille, qui était amoureuse d’un jeune homme ; comme il partait pour l’étranger, elle entoura avec des lignes l’ombre de son visage projeté sur un mur par la lumière d’une lanterne ; sur ces lignes son père appliqua de l’argile et fit un relief et, l’ayant fait sécher, il le mit à durcir au feu avec le reste de ses poteries. Cette oeuvre, dit-on, fut conservée au Nymphaeum jusqu’à l’époque du sac de Corinthe par Mumius… ». Texte de Pline dans « Histoire Naturelle »
Comme Butadès, Véronique Arnold met en évidence les traces de ce qui disparait. Ses oeuvres (robe brodée, toiles brodées, dessins…) font écho à des objets anciens qui, au-delà de leur matérialité, peuvent être considérés comme traces de ce qui n’est plus.
L’ombre de Darwin, Emilie Dickinson et Humboldt
L’artiste propose des installations intégrant des objets provenant du Musée Historique (armoire, machine à écrire…), de l’Ecole de Chimie (minéraux), du Musée Unterlinden à Colmar et de la Mairie de Sausheim (épées), du Musée d’Histoire Naturelle de Colmar (coraux), de VIA APIA (herbiers) mis en relation avec des grands noms de la science et de la littérature : Darwin, Emily Dickinson, Humboldt…
« Certains objets ont le pouvoir de susciter des pensées, des rêves, des songes, et par là des oeuvres… L’art comme un essai de retrouver en songes ce qui a disparu, ce qui ne cesse de disparaître à chaque instant… » Véronique Arnold
Une exposition entre rêve et réalité
Ce travail de création, totalement inédit puisqu’il n’a jamais été présenté auparavant, est aussi un travail de minutie qui a nécessité jusqu’à 5000 m de fils (fournis pour beaucoup par DMC). Des oeuvres qui dégagent une vraie poésie. Les objets anciens et les personnalités qui ont inspiré l’artiste retrouvent une seconde vie dans ce songe où les objets et les pensées dialoguent. Une exposition pleine de sensibilité dans laquelle le visiteur pourra se laisser bercer par des émotions littéraires, scientifiques et artistiques.
Cette exposition s’inscrit dans le cadre de 2015, année suisse à Mulhouse.
De nombreux partenaires s’y sont associés : la Galerie Buchmann CH-Agra/Lugano, l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Mulhouse/UHA, le Service Universitaire de l’Action Culturelle de l’Université de Haute Alsace, le Ballet de l’Opéra National du Rhin, avec le soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Alsace.
 L’exposition
Dans cette exposition, le visiteur est invité à s’immerger dans 7 ambiances oniriques dans lesquelles planent les fantômes de Darwin, Humboldt et Dickinson. Le titre même des salles entraine le public dans un univers poétique. L’artiste souhaite que le visiteur se laisse porter par ses rêves mais s’est également attachée à le guider et c’est pour cela qu’elle offre pour toutes ces ambiances féériques un guide de lecture au sein de chaque salle.
Les fiches de salle proposées par l’artiste :
Salle Dibutade : « Dessins d’ombre »
La salle Dibutade est au coeur de l’exposition « Dessins d’ombre ».
Les oeuvres présentées sont en lien avec le mythe de Dibutade. (voir ci-dessus)
Dans cette salle flottent des corps d’homme imprimés puis brodés sur du tissu.
Et un visage lumineux, un profil, imprimé puis brodé.
Véronique Arnold, dessins d'ombres,
Véronique Arnold, dessins d’ombres,


Salle Humboldt : « Le monde des phénomènes »

Alexander von Humboldt (1769-1859) était un naturaliste, géographe, géologue
et explorateur éclairé.
Il a exploré de nouveaux territoires avec passion et sans relâche.
Il n’a eu de cesse de découvrir et d’écrire le résultat de ses recherches.
Il écrivait d’une manière admirable.
Il a été l’un des premiers à dénoncer l’esclavage pendant ses voyages.
Il a été accompagné dans ses voyages par son fidèle compagnon Aimé Bonpland.
Il a envoyé de merveilleux herbiers en Europe, dont quelques-uns sont encore visibles…notamment au Museum d’Histoire Naturelle de Paris.
J’ai souhaité mettre en relation une armoire de Museum d’Histoire Naturelle contenant des pierres d’Amérique du Sud avec le dernier ouvrage rédigé par Humboldt, Cosmos.
L’oeuvre brodée est un témoignage de cet ouvrage sur organdi blanc. Elle est le fantôme-fantasme de l’incroyable aventure humaine qu’a osée Humboldt.
Au sol, des herbiers en hommage à son travail de naturaliste.
A la recherche de la pensée subtile de cet homme disparu mais dont la passion et le courage me hantent… VA
Véronique Arnold, le monde des Phénomènes, salle Humbolt
Véronique Arnold, le monde des Phénomènes, salle Humbolt

Salle Darwin : « De la branche au corail »
« Je compris bientôt que la sélection constituait la clé de voûte de la réussite humaine en matière de production d’espèces utiles, tant animales que végétales…
La solution, à ce que je crois, est la suivante : la descendance modifiée de toutes les formes dominantes et croissantes, tend à s’adapter au fur et à mesure à des situations nombreuses et diversifiées toujours possibles dans l’économie de la nature ».
Charles Darwin (1809-1882)

Les arborescences de la pensée, broderie de fil noir sur lin ancien, installation d'une branche peinte, 2015
Véronique Arnold, Les arborescences de la pensée, broderie de fil noir sur lin ancien, installation d’une branche peinte, 2015

Salle Emily Dickinson
L’installation dans la cage d’escalier est un hommage à la poétesse américaine Emily Dickinson.
Elle est en lien avec l’une des salles de l’exposition dédiée à elle.
Les deux robes sont présentes sans le corps de celle qui a été.
Ce sont des robes-traces.
Les fils tissent une toile dense. Il faut soutenir la poésie. Il faut créer un espace rassurant pour la poésie de cette femme.
Ne pas oublier les mots sublimes qu’elle a écrits.
Véronique Arnold, salle Emily Dickinson
Véronique Arnold, salle Emily Dickinson

Salle des constellations : « Il faudrait écrire le ciel »
L’image des étoiles nous apparaît alors qu’elles ont disparu depuis longtemps.
Il faudrait écrire les étoiles et le ciel et tout l’univers : il faudrait écrire ce qui disparaît depuis toujours…
Je ne cesse d’interroger le ciel : que peut-on y lire sur notre origine ? V.A.
 
Véronique Arnold, Ecrire le ciel 2015
Véronique Arnold, Ecrire le ciel 2015

Salle des épées : « Les épées emportées dans la tombe sont
enveloppées de fil »
« Les populations du début de l’âge du fer, regroupées sous le terme de « culture de Hallstatt », ne constituent pas une entité politique, ethnique ou linguistique homogène, mais forment un réseau de petites communautés qui font acte de similitudes quant aux formes d’habitat, à la culture matérielle et aux coutumes funéraires. Précisément, dans ce domaine, la rupture avec les pratiques funéraires plutôt égalitaires de l’âge du bronze, est marquée par le retour à l’inhumation et l’édification de tumuli dotés d’offrandes somptueuses. Les longues épées en fer accompagnant les défunts en témoignent ; elles attestent la nouvelle maitrise technologique en matière de métallurgie. Trois exemplaires ont été découverts dans le Haut-Rhin qui, à l’instar des situles et autres cruches en bronze, éléments de parure et de toilette, armement, mobilier et éléments de char, étaient emballés», Fabienne Médard, archéologue spécialiste des textiles anciens.
Les traces textiles que l’on peut observer sur les trois épées du 1er âge du fer en Alsace sont extrêmement émouvantes.
En les voyant, j’ai été émerveillée que ces traces aient subsisté.
Et que non seulement les corps étaient souvent entourés de fines bandes de tissus (au-dessus des vêtements des défunts), mais aussi les objets.
Cela change le statut de l’objet dans la tombe. L’objet revêt une grande importance.
J’ai eu envie de créer des bandelettes évoquant la taille supposée des bandes de tissus entourant ces objets (environ 1 cm de large sur plus de 10 mètres).
A côté de chaque épée, une bandelette brodée d’un texte de l’archéologue ayant découvert l’épée.
Il reste des traces-fantôme étonnantes des mondes disparus. VA
Véronique ArnoldVéronique Arnold
Née en 1973 à Strasbourg, Véronique Arnold a étudié la littérature française et allemande. Elle vit et travaille à Mulhouse et en Suisse (Ticino).
Edmondo Woerner
Artiste performer né en 1956, Edmondo Woerner vit et travaille à Suino, Tessin (Suisse). Il a réalisé des performances avec Bernie Schürch (ex fondateur des Mummenschanz) et avec Véronique Arnold à Beromünster, Samedan, Mulhouse et dans le Tessin.

Les rendez-vous
8 rendez-vous : des rencontres, des conférences et des spectacles
Jeudi 16 avril à 18h30
Les pratiques d’emballage dans le rituel funéraire
au premier âge du Fer en Alsace
Conférence de Fabienne MEDARD, docteur en archéologie, spécialiste des textiles anciens. Avec Muriel Roth-Zenner, docteur en archéologie, Jean-Jacques Wolf, ancien archéologue départemental et Suzanne Plouin, conservatrice au Musée d’Unterlinden (sous réserve).
Danse
Dimanche 26 avril à 15h et 16h
Dibutade
Emmanuel Eggermont,
de la Compagnie L’anthracite

Conférence
Lundi 11 mai à 18h30
Darwin (1809-1882):
Sa vie, son oeuvre scientifique, ses héritiers et les
controverses historiques et actuelles
Avec Jean-Luc Bubendorff, maître de conférences à l’UHA
Conférence proposée par le Service Universitaire de l
’Action Culturelle de l’Université de Haute-Alsace.
Conférence
Jeudi 21 mai à 18h30
Avec la traductrice Claire Malroux
et la participation de la costumière Carole Birling
Emily Dickinson et la beauté des formes

Paroles d’artiste
Rencontre
Dimanche 24 mai à 15h
Véronique Arnold et Edmondo Woerner
vous proposent un temps de rencontre
autour de leurs oeuvres.
Conférence
La pseudo Dibutade et l’invention de la peinture
Jeudi 28 mai à 18h30
Avec Françoise Frontisi-Ducroux, helléniste et
mythologue, sous-directeur de laboratoire au Collège de
France.

Traces de son amant qui s’en va
Spectacle
Samedi 30 mai à 18h30
Spectacle proposé par le Service
Universitaire de l’Action Culturelle
de l’Université de Haute-Alsace.
Olivier Gabrys /
chorégraphe et danseur
Jennifer K. Dick /
écrivain
Performance de danse et de textes
Les thématiques et les pratiques plastiques de Véronique Arnold sont explorées et développées dans cette performance collaborative, créée in situ pendant l’exposition au Musée des Beaux-Arts de Mulhouse.
4, place Guillaume Tell – 03 89 33 78 11
Ouvert tous les jours sauf mardis et jours fériés
de 13 h à 18 h 30
Entrée gratuite
—————————————————————————————

Anne-Sophie Tschiegg et Jan Peter Tripp

Mon billet de 2009, à l’occasion de sa première exposition dans ce même espace Beaurepaire (à lire ci-dessous), n’est vraiment pas daté. Qui a-t-il de changé ?

Anne-Sophie s’est arrêtée de fumer, aussi les papiers de paquet de gitane, laissent leur place à un ensemble floral de 12 tableaux, qui laisse admiratif son neveu et son cousin, petits mais connaisseurs.


Vous ne verrez cet ensemble qu’après avoir pénétré dans la galerie, parcouru le grand mur,
où sont accrochées les toiles, poussant jusqu’au fond, réservé aux nouvelles créations.
La couleur est là, au rendez-vous, traitée avec chaleur, son pinceau s’est affermi, douceur des verts tendres (que n’aime pas Hélène S 😆 ), des roses langoureux, des rouges ardents, du blanc grisé, un ensemble harmonieux, une profusion de coloris qui vous captive. Figuratif et abstraction s’entremêlent dans une symphonie de couleurs, dont Anne-Sophie a le secret.


Il y a aussi les « baby » d’Anne Sophie, ces petites peintures qui permettent aux petits budgets, de pouvoir acquérir un « Tschiegg » dans toute sa splendeur, sans se ruiner.
Puis il y a les toiles découpées, collées, d’une élégance parfaite.


C’est un poème lyrique que les 2 artistes nous offrent. L’accrochage intelligent entremêle les toiles de son ami Jan Peter Tripp avec les siennes.
Elles s’exhalent entre elles, et font ressortir fort judicieusement leur différence et leur singularité.


Jan Peter Tripp s’est confronté aux plus grands, il peint « d’après » :
Van der Weyden, John Sergent, Fernand Khnopff et bien d’autres encore.


Dès l’entrée c’est un ensemble impressionnant de regards qui vous interpellent.
L’ensemble de Jan Peter Tripp a pour origine l’amitié qui le liait au poète
allemand W. G. Sebald.
Au moment de sa mort accidentelle sur une route d’Angleterre fin 2001, l’écrivain et poète allemand W. G. Sebald a laissé trente-trois courts et derniers poèmes qu’il avait confiés au peintre Jan Peter Tripp.
Jan Peter Tripp a dû agencer seul la disposition des regards qu’il a gravés, ils sont quasi photographiques.
Les deux amis avaient en effet le projet commun d’un livre qui serait, comme le rapporte Andrea Köhler en postface de l’édition, un « poème des regards », où

« le texte et l’image ne s’explicitent ni même ne s’illustrent mutuellement, mais (…) entrent en un dialogue préservant pour l’un comme pour l’autre sa propre chambre d’écho ».


Le poème étant comme capté, au moment où il se pose, vif, sans que ne l’ait effleuré la limaille du temps.
« Nul encore n’a dit l’histoire des visages qui
se sont détournés »

photo Marie Marques

Les 2 artistes sont en osmose, vous avez jusqu’au 12 avril pour voir leurs oeuvres.
Espace Beaurepaire
28 rue du Beaurepaire
75010 Paris

Le musée des Confluences à Lyon

On ne peut pas le rater, le musée des Confluences de Lyon.(vidéo)
Facilement atteignable par les lignes de tram de la station Perrache,
il se dresse dans le paysage, nuageux le jour de ma visite,
comme un coléoptère massif, un peu lourd. De prime abord, il lui manque la grâce aérienne que Frank Gehry a su créer à la Fondation Vuitton.
musée des confluences
La construction est certes tout en vitres et inox, où par beau temps doit se refléter le soleil. Mais ce jour elle parait triste et menaçante.
Telle une figure de proue au confluent du Rhône et de la Saône, à l’entrée sud de la ville, le musée attire un public très nombreux.
Le  » Cristal Cloud » a la silhouette d’un vaisseau spatial, il accueille
désormais les collections des sciences et vie de la terre et d’ethnographie de l’ancien museum.
C’est l’agence autrichienne Coop Himmelb, connue pour son architecture déconstructiviste et Vinci construction qui sont les réalisateurs de cette prouesse architecturale.
Le bâtiment est campé sur un socle : le « nuage » drapé d’une peau métallique et le
« cristal », un savant complexe verrier à la morphologie arachnéenne. La surface du terrain est de 20 975 m2, la surface utile de 26 700 m2 .
Sous 33 mètres de verrière, le cristal a la fonction d’une place urbaine et donne accès au public. Un puits de gravité tourbillonne et porte l’ensemble de la structure et les passerelles d’accès aux étages du musée. Le nuage de 11 000 m2 abrite les salles d’exposition.
Confluence
Le musée a en héritage plus de 2,2 millions d’objets peu à peu rassemblés en une histoire d’un demi-millénaire, du XVIIe au XXIe siècle. Sa collection est
« faite de trouvailles infinies issues d’érudits ou d’amateurs passionnés, enrichie de compléments ­rationnels ou d’engouements d’une époque »,
décrit Hélène Lafont-Couturier.(vidéo)
La directrice de cette arche de Noé de l’humanité voit dans cette
« accumulation à la mesure d’une utopie » tout à la fois un « grenier de l’enfance, une boîte de souvenirs, un voyage imaginaire, une vitrine de curiosités, un réservoir de rêves, une source de connaissances et un témoignage de l’avancée des sciences ».
confluent Saône-Rhône
Il est l’héritier du musée Guimet de Lyon, fermé au public depuis juillet 2007.
Il en reprend donc toutes les collections et sera complété au fur et à mesure des acquisitions.
L’un des objectifs du musée des Confluences est de faire comprendre l’évolution de la vie et des sociétés par le biais notamment de ses expositions et de ses collections. Par cette autre perception du monde, l’art contribuera à faciliter cette compréhension. Pour conduire le citoyen à se familiariser avec ces notions imbriquées d’art et de science, dix partenaires publics et indépendants (l’établissement public du musée des Confluences, le club des entreprises partenaires du musée, l’École normale supérieure de Lyon et l’association de la Confluence des Savoirs, constituée par sept fondations lyonnaises œuvrant dans les domaines scientifique, éducatif ou culturel), organisent, depuis 2002, un cycle de conférences qui associent, sur un sujet de société des intervenants de renommée nationale et internationale, l’un scientifique, l’autre artiste.
Les 4 sections à la scénographie spécifiquement aménagée, s’adressent
à tous les publics :
squelette de camarasaurus
Origines, les récits du monde présente notamment les squelettes d’un mosasaure et d’un Camarasaurus, de trilobites mais aussi des météorites18 ;
Espèces, la maille du vivant montre des animaux momifiés datant de l’Égypte antique, mais aussi des exemplaires de dodo et de loup de Tasmanie, ainsi que des insectes18 ;
Sociétés, le théâtre des hommes expose des objets de la Chine ancienne, des monnaies des sociétés océaniennes, ainsi qu’une voiture de marque Berliet18 ;
Éternités, visions de l’au-delà, consacré à la représentation de la mort, met en avant notamment une momie péruvienne18.
Les deux premières expositions temporaires sont sur la notion de collectionner, l’une sur Émile Guimet, et l’autre sur l’histoire des cabinets de curiosités.
Merci aux Editions Flammarion pour l’envoi du catalogue
Confluences Genèse d’un musée
 
Musée des Confluences
86 quai Perrache, 69002 Lyon – France
téléphone
(+33) 04 28 38 11 90
horaires
du mardi au vendredi de 11h à 19h
samedi et dimanche de 10h à 19h
jeudi nocturne jusqu’à 22h
Tarifs individuels – droits d’entrée aux expositions
Billet unique, valable à la journée, pour la visite de l’ensemble des expositions :
le parcours permanent et les expositions temporaires.
• Adulte tarif plein – 9,00 €
• Adulte à partir de 17h00 – 6,00 €
• Jeune 18 – 25 ans – 5,00 €
 

Ribera à Rome au Musée des Beaux Arts de Strasbourg

La reconstitution de l’œuvre de Jose de Ribera (Játiva (Espagne),
1591-Naples, 1652)
 est une histoire à rebondissements.
Véritable chamboulement des études caravagesques,
Apostolado Jose Ribera
l’article de Gianni Papi en 2002 rendait au jeune espagnol l’essentiel de l’œuvre de celui que, Roberto Longhi avait nommé le Maître du Jugement de Salomon, artiste actif à Rome entre 1615 et 1625 environ, crédité d’une vingtaine de peintures et que l’on pensait français, voire nordique.
Avant son installation à Naples où il eut beaucoup de succès, Jose de Ribera
« lo Spagnoletto » résida donc à Rome où son contemporain, le biographe italien
Giulio Mancini, le cite parmi les artistes de valeur qui se sont ralliés au style de
Caravage   tout en notifiant qu’il aurait eu une vie de bohème agitée.
« Arrivé à Rome, il se mit à travailler à la journée avec ceux qui ont une boutique et vendent des tableaux, il était de mœurs peu honorables, toujours des filles au nombre de trois, sans chemise, laides, un seul lit à même le sol, où tout le monde s’entassait pour dormir, un seul plat pour la salade, le bouillon et tout le reste, une seule cruche, pas de verre, ni de serviette et la nappe du dimanche servait de support à dessins pour toute la semaine »
Consideration de la pictura, Giulio Cesare Mancini 1620.
Ribera, Deux philosophes
À Rome, Ribera peignit vite : son oeuvre complète est d’environ trois cents tableaux, plus de soixante peintures connues en sept ans à Rome, le reste en trente-sept ans pour celle napolitaine.
Les oeuvres exposées Strasbourg sont de la main d’un tout jeune artiste
– dix-huit ans quand il peint son premier apostolado,
vingt-cinq ans quand il quitte Rome
Qu’est-ce qu’un Apostolado ?
Le Christ eut douze compagnons appelés apôtres.
Ces disciples eurent pour mission d’évangéliser les nations.
Ils sont caractérisés par un attribut et se nomment :
André, Barthélemy, Jacques le Majeur, Jacques le Mineur,
Jean l’Evangéliste, Jude Thaddée, Matthias (en remplacement de Judas),
Matthieu, Philippe, Pierre, Simon, Thomas.
Souvent Paul figure dans les représentations collectives des apôtres,
bien qu’il n’en fasse pas partie ; il remplace alors un apôtre
car le nombre douze est respecté afin de symboliser les douze tribus d’Israël.
Le mot « Apostolado » désigne un ensemble de douze
à quatorze tableaux, en chevalet, de figures isolées représentant
le collège apostolique, généralement assemblé autour du Christ
et dans certains cas de la Vierge.
L’orthographe espagnole du nom semble témoigner de
l’origine ibérique du thème ou, du moins,
de la grande faveur que connut son développement dans la péninsule.
Les premiers grands exemples connus en peinture de tels cycles
avec les effigies à mi-corps semblent avoir été réalisés par le Greco,
en Espagne à la fin du XVIe siècle.
Ribera St Pierre et St Paul Musée des BA de Strasbourg
Certaines peintures exposées à Strasbourg n’avaient jamais été exposées avec d’autres tableaux de l’artiste et permettront de fructueuses comparaisons avec des oeuvres sûres afin d’avancer sur leur attribution et / ou leur datation.
L’espace de la galerie Heitz au musée des Beaux Arts de Strasbourg
a été divisé en deux sections afin de bien marquer l’articulation de l’exposition et permettre aussi les comparaisons.
La partie principale montre sept tableaux de – ou attribués à – Ribera visant à donner une idée de son activité de jeunesse à Rome. L’ambiance souhaitée est celle d’un palais italien car ces oeuvres furent peintes pour décorer les galeries ou salles de palais romains, tel le grand Christ parmi les docteurs aujourd’hui à Langres.
Ribera Langres
Le visiteur pénètre ensuite dans la « sacristie » où sont accrochées –de manière inédite- toutes les peintures connues de son Apostolado aux cartels.
(cartel – cartouches)
Grâce à deux tableaux récemment apparus et aussitôt achetés par deux musées français (Rennes et le Louvre), il s’agit de la réunion quatre cent ans après leur création des six tableaux connus. Sept manquent encore à l’appel … L’ambiance évoquée est celle d’un espace sacré, chapelle ou sacristie d’une église.
Comme les textes muraux, la salle du fond est consacrée à des approfondissements et à la médiation.
Michel Laclotte, ancien directeur du Louvre, pionnier de la redécouverte
du Maître du Jugement de Salomon, dans une église de Bretagne, à Langres,
identifie un Christ instruisant les docteurs, et le rapproche du groupe du Maître du Jugement de Salomon, puis il identifie sur le marché de l’art un St Matthieu de ce même Apostolado, dans les années 60, en Bretagne,  puis à Nivillac dans l’Eglise St Pierre un Christ, appartenant à cette même série, et encore en visitant les réserves du musée de Montauban il reconnait encore un apôtre de l’Apostolado.
Ribera Christ bénissant
il s’agit d’une seule et même série, homogène dans son style mais à l’exécution tantôt appliquée (nombreux repentirs), tantôt rapide selon les tableaux.
Ce constat invite à formuler l’hypothèse selon laquelle ce type de travail,
sans doute à vocation dévotionnelle et de nature « alimentaire »
pour l’artiste, pouvait s’étaler sur une durée longue.
Le peintre en effet ne devait pas hésiter à s’interrompre
pour répondre à une commande plus prestigieuse.
Rappelé ensuite à l’ordre par son client initial,
il lui fallait mettre les bouchées doubles et augmenter la cadence
pour terminer la série mise en sommeil.
Ribera
Mancini entreprit de construire un mythe forgé sur celui de Caravage
et faisant de Ribera un artiste bohème, vivant dans le dénuement.
On sait pourtant qu’en 1612 le peintre se portait caution d’une dette pour le compte des filles d’un certain Juan de Ribera et qu’en 1614,  il s’acquitta d’une contribution substantielle pour la construction de la nouvelle église de l’académie de San Luca.
Le grand nombre de tableaux exécutés à Rome et leur présence dans les meilleures collections romaines constituent en outre les plus sûrs indices de sa prospérité.
Il n’est pas avéré qu’il rencontra le Caravage, il a rencontré son compatriote Velazquez qui se rendit à Rome.
Ribera toiles manquantes
Ribera fut considéré de son vivant comme le premier peintre de Naples, où il s’établit rapidement, et un des plus grands dans cet âge d’or de la peinture européenne que fut le XVIIe siècle, avec ses contemporains, Rembrandt, Rubens, Velázquez, Poussin et Vouet.
La redécouverte de l’oeuvre romaine (1606 ?-1616) du jeune Jusepe de Ribera est l’aspect sans doute le plus fascinant des études menées actuellement sur le caravagisme européen. Elle est récente et encore en cours. Le Saint Pierre et saint Paul de Strasbourg est un des piliers de cette reconstruction, qui s’effectue notamment par la réapparition d’oeuvres jusque-là inconnues.
Ribera, Jesus et la Samaritaine
Comme chez Caravage il vise à transcrire la stricte réalité sur la toile.
il fait poser ses modèles sous une lumière forte, venant de l’ouverture  qu’il fit percer dans le plafond de son atelier. Comme chez Caravage, la lumière joue un rôle primordial dans son art, dans son jeu plastique des lignes, des couleurs et des formes, elle est source de drame et de salut. Il ne cherche pas à embellir les traits et semble même prendre
plaisir à détailler les rides ou à rendre la matière, tout particulièrement les étoffes
et le papier. Il y a une brutalité dans la technique romaine, où Ribera semble
peindre de manière très rapide, mais toujours avec une grande vistuosité.
il faut souligner la gamme chromatique de l’artiste alliant de profonds
et sonores verts à des rouges, jaunes et bruns.
La lecture en détail, de la vie et de la mort des apôtres démontre
la cruauté des moeurs de l’époque qui n’a rien à envier à certains
comportements outranciers actuels.
Exposition-dossier, cette manifestation veut tout à la fois faire pénétrer le visiteur dans le laboratoire d’une histoire de l’art comme lui faire ressentir la force des premières peintures caravagesques.
jusqu’ au 31 mai 2015
France Culture  regarde une peinture de l’artiste espagnol Jose de Ribera.
Cette peinture réalisée vers 1611-1612 est une huile sur toile de 126×97 cm représentant Saint Barthelemy et conservée aujourd’hui à la Fondation Longhi à Florence (podcast)
exposé actuellement au musée Jacquemart André
Commissariat : Dominique Jacquot (conservateur en chef du musée des Beaux-Arts de
Strasbourg), Guillaume Kazerouni (responsable des collections d’art ancien du musée des Beaux-Arts de Rennes) et Guillaume Kientz (conservateur de la peinture espagnole au musée du Louvre).
Conférence le 20 mai par Guillaume Kienz,
conservateur au musée du Louvre où il est chargé
des peintures et sculptures espagnoles
au MAMCS, place Hans Arp
à 19 h, autour de l’exposition
entrée libre, tel 03 88 23 31 31
Informations pratiques
Musée des Beaux-Arts, Palais Rohan
2, place du Château, 67000 Strasbourg
Tél. 03 88 52 50 00
www.musees.strasbourg.eu
Horaires : de 10h à 18h. Fermé le mardi
Tarifs :
Exposition seule (Galerie Heitz): 4 € (réduit : 2 €).
Exposition et entrée au Musée des Beaux-Arts : 6,5 € (réduit : 3,5 €)
images courtoisie du musée des Beaux Arts de Strasbourg

Poisson d'avril

Joyeux 1 avril à mes lecteurs

Pierre Bonnard (1867-1947) "Poisson sur une assiette" dét. (1921) musée des Beaux-Arts de Lyon (Rhône, France)
Pierre Bonnard (1867-1947) « Poisson sur une assiette »  (1921) musée des Beaux-Arts de Lyon (Rhône, France)

🙂