Sommaire de décembre 2012


01 décembre 2012 : Anne-Sophie Tschiegg à la Chapelle des Annonciades de Haguenau
05 décembre 2012 : Ça vous regarde
09 décembre 2012 : Marcel Imsand et la Fondation Gianadda
18 décembre 2012 : Cours Publics – Thème 2013 : L’ART IMMATERIEL
23 décembre 2012 : Joyeux Noël
26 décembre 2012 : Le retable de Konrad Witz
 
 

Le retable de Konrad Witz,

Le retable de Konrad Witz, œuvre majeure du patrimoine genevois, est de retour au Musée d’art et d’histoire (MAH). Depuis juillet 2011, cette pièce de 1444 a été soustraite au regard du public pour bénéficier d’importants travaux de restauration et de conservation.
 

 
Je rappelle ici ma visite au conservateur du Retable à Genève, Victor Lopez et de son équipe  en 2011.
Cette œuvre, d’autant plus exceptionnelle qu’elle date d’avant la Réforme, elle  a marqué l’histoire de la peinture, a rappelé jeudi le conseiller administratif en charge de la culture Sami Kanaan. L’un de ses quatre panneaux, la Pêche miraculeuse.
A cette occasion K.Witz, déplaçant la scène des bords du lac de Génésareth à ceux du Lac Leman, réalise le premier portrait d’un paysage connu. Il est d’ailleurs encore possible aujourd’hui, grâce au panorama de montagnes et au sommet enneigé du Mont-Blanc, de resituer la position exacte qui fut celle du peintre face à lui.
C’est ainsi que l’on distingue à gauche le mont Voirons, en face le Môle avec à l’arrière plan les Alpes et sur la droite le mont Salève.
Cette représentation  exceptionnelle pour son époque K.Witz l’a sciemment dotée d’une inscription latine sur le cadre. Il y a fait figurer son nom, son lieu d’origine, Bâle, et l’année à laquelle il a terminé l’œuvre, 1444.
C’est la seule oeuvre datée et signée de la main de Witz, et jouit donc d’une position clé dans la recherche sur son activité artistique. Grâce à son style propre, l’artiste s’est imposé comme novateur et précurseur du paysage dans la peinture occidentale. Les peintures ont permis de redécouvrir la personnalité du peintre de le situer par rapport aux autres génies de la Renaissance :
 Konrad Witz : 1400 – 1445
Léonard de Vinci 1452 – 1519
Albrecht Dürer  1471 – 1528
Mathias Gothard Nithart Grünewald 1475- 1528
« Le travail fantastique de l’équipe de restauration a permis de redécouvrir totalement l’icône du musée, une réalisation essentielle, très fragile », s’est réjoui Jean-Yves Marin, directeur du Musée d’art et d’histoire. Œuvre de référence, le retable du peintre bâlois est toujours cité et très demandé, a-t-il expliqué. « Le musée est sollicité environ une fois par semaine pour un prêt. » Le retable a en effet miraculeusement traversé les siècles. Initialement placé dans le maître-autel de la cathédrale Saint-Pierre, il a en grande partie échappé à l’iconoclasme protestant qui s’est abattu sur la ville dès 1535.

Konrad Witz – visage du Christ lacéré détail MAHG ©

Marqués par les années, ayant connu des restaurations plus ou moins heureuses, les quatre volets du retable ainsi que leurs cadres devaient être restaurés. L’aspect structurel posait notamment problème, avec pas moins de 29 fissures. Les restaurateurs se sont penchés sur l’œuvre avec les plus grandes précautions, documentant au fur et à mesure toutes les étapes de leur travail.
 
Aujourd’hui le retable est à redécouvrir, au musée d’art et d’histoire de Genève, avec sa nouvelle chromatique et des éléments mis à jour. Sa restauration, d’un montant de 200 000 CHF (166 000 €), a été réalisée grâce au soutien de la Fondation Hans-Wilsdorf.
 
Photos courtoisie du conservateur et restaurateur Victor Lopez du  MAHG
 
 

Joyeux Noël

Le Caravage ‘ Le repos pendant la fuite en Egypte Galerie Pamphili Rome

Réflexions de Michel Serres

Cours Publics – Thème 2013 : L’ART IMMATERIEL

Vous avez apprécié les cours du Louvre en 2012, vous êtes impatient de connaître les nouveautés de 2013, en voici le programme, présenté par Sandrine Wymann, directrice de la Kunsthalle et Isabelle Lefèvre de l’Université de Haute Alsace.
Cours Publics est un cycle de cours proposé conjointement par le Service Universitaire de l’Action  Culturelle de l’Université de Haute-Alsace, la Haute école des arts du Rhin et La Kunsthalle.
Autour d’une thématique, quatre intervenants présentent un courant artistique, un pan de l’histoire de l’art permettant de re-contextualiser la création contemporaine.
Les cours, assurés par des personnalités universitaires ou du monde de l’art sont ouverts à tous, sur inscription.
Thème 2013 : L’ART IMMATERIEL
Depuis le XXème siècle, des artistes tendent à faire disparaitre la matière de l’oeuvre. Quels sont les mouvements, les formes qui incarnent cette évolution immatérielle de l’art ? Quels perceptions et rapport à l’oeuvre cette dématérialisation induit-elle ?
Cycle thématique de 4 séances de 1h30 heure de 18:30 à 20:00 – La Fonderie / Grand Amphithéâtre
1 – Jeudi 14 février 2013 / Les situationnistes : au-delà de l’art ?
par Patrick Marcolini

2 – Jeudi 7 mars 2013 / L’art performance : débordements et immatériel par Michel Collet
3 – Jeudi 14 mars 2013 / Exposer l’immatériel par Mathieu Copeland
4 – Jeudi 21 mars 2013 / Des révélations autour d’une collection invisible ! par Béatrice Josse
Jeudi 14 février 2013 : Les situationnistes : au-delà de l’art ? par Patrick Marcolini
Le mouvement situationniste, lorsqu’il apparaît au début des années 1950, a pour ambition de transférer les capacités de création des artistes à l’ensemble de la population, et de les exercer non plus sur des oeuvres mais sur la vie quotidienne elle-même.
Cela est toutefois impossible à réaliser sans une révolution qui sortirait les masses de la passivité où les maintient le capitalisme avancé. Dans ces conditions, quel statut donner aux activités du mouvement : art politique, art sans oeuvres, art contextuel ? Ou bien s’agit-il d’un dépassement de la sphère artistique elle-même ?
Patrick Marcolini est conservateur de bibliothèque, docteur en philosophie et chercheur à l’Université de Toulouse II-Le Mirail. Il a publié Le mouvement situationniste. Une histoire intellectuelle (éditions L’Echappée, 2012).

Jeudi 7 mars 2013 : L’art performance : débordements et immatériel par
Michel Collet
La performance constitue une référence essentielle de l’art contemporain. Son histoire turbulente est aujourd’hui en cours de réévaluation. Historiquement rebelle aux tentatives d’assignation, la performance produit des gestes prodigieux ou si dérisoires parfois qu’ils peuvent être confondus avec le banal de la vie. Au centre de cet art immatériel : l’action. Nous nous attacherons à relever les lignes de sens qui traversent la performance comme art dé-spécialisé, véritable nébuleuse, née il y a un siècle avec les Futuristes et Dada et dont la vitalité étonnante est aujourd’hui réactivée par de nouvelles propositions…
Michel Collet est théoricien, il est responsable du Pôle Corps de l’artiste à l’ISBA Besançon. Performeur & curateur de nombreux événements en performance notamment de Locus Metropole en Europe, et à New York il est responsable avec Patrice Lerochereuil d’un événement dédié à l’art action, intitulé Blago Bung, à la Fondation Emily Harvey.

BlagoBung-performance-de-Lary-Litt-NY-2010-Balgo-Bung-Event

Jeudi 14 mars 2013 : Exposer l’immatériel par Mathieu Copeland
A travers ses projets d’exposition Mathieu Copeland s’intéresse à la dimension immatérielle et éphémère des oeuvres. Ne produisant pas de traces, ces oeuvres n’existent que dans le temps nécessaire de leur perception et de leur interprétation. Leur pérennisation n’est effective qu’en se fixant dans la mémoire. En outre, elles renégocient les rapports avec le spectateur et le lieu.
Mathieu Copeland, commissaire d’exposition indépendant, cherche à subvertir le rôle traditionnel des expositions. Il est notamment co-commissaire de « VIDES, Une Rétrospective – 2009 » au Centre Pompidou Paris et à la Kunsthalle de Bern, il a organisé de nombreuses expositions dont « Soundtrack for an Exhibition » et « Alan Vega » au Musée d’Art Contemporain de Lyon, « Une Exposition Chorégraphiée » à la Kunsthalle de St Gall (CH) et à La Ferme du Buisson à Noisiel (FR), et a initié les séries « Exposition
parlée », et « Exposition à Être Lue ».
Sur le passage de quelques personnes à travers une assez courte unité de temps (1959)

Jeudi 21 mars 2013 : Des révélations autour d’une collection invisible ! par Béatrice Josse
En proposant l’acquisition d’oeuvres protocolaires et performatives, le Fonds régional d’art contemporain de Lorraine tente de revendiquer le peu de place laissé aux pratiques éphémères dans les collections alors même qu’elles ont une longue histoire derrière elles. Comment acquiert-on une performance, quelles sont les contraintes de conservation et comment les montre-ton ?
Autant de questions que vous vous posez sans jamais avoir eu de réponse.
Béatrice Josse est directrice du FRAC Lorraine. Avec une large place faite aux pratiques performatives, aux oeuvres protocolaires, la collection du Frac Lorraine constitue un véritable espace de réflexion et d’expérimentation, ouvert à la danse comme au cinéma.
Modalités d’inscription
Inscription uniquement par courrier auprès du Service Universitaire de l’Action Culturelle de l’Université de Haute-Alsace –
Maison de l’Etudiant – Campus Illberg -1, rue Werner 68100 Mulhouse
Tarif plein : 25 euros / tarif réduit 10 euros pour l’ensemble des conférences.
Bulletin téléchargeable ici : Bulletin d’inscription cours publics 2013 ou
sur : www.kunsthallemulhouse.com  (à venir)
Pour tout renseignement concernant l’inscription s’adresser au Service Universitaire de l’Action Culturelle de l’Université de
Haute-Alsace : 03 89 33 64 76 / isabelle.lefevre@uha.fr
 

Marcel Imsand et la Fondation Gianadda

« L’alchimie qui se passe entre deux êtres n’appartient pas forcément à l’ordre des sens. C’est un climat qui naît de confiances réciproques et instantanées. (…) Sans cette alchimie, il n’y a pas de bon portrait. » (Confidences, 2006) Marcel Imsand

Calvignac, 1985 © Marcel Imsand, Fondation Pierre Gianadda

Tout commence avec Auguste Rodin. Mis au défi par
Léonard Gianadda, Marcel Imsand présente sa première exposition personnelle à la Fondation en 1985.
Il enchaîne en interprétant, avec son regard, les sculptures de Giacometti, exposées en 1986. Des liens étroits se tissent. Marcel Imsand devient un familier des lieux, croque les moments forts des vernissages et des concerts, fixe pour la postérité les artistes qui défilent à Martigny et, surtout, capte une atmosphère, une ambiance. Devant son objectif, les Anne-Sophie Mutter, Isaac Stern, Barbara Hendricks, ou Teresa Berganza traversent les jardins et le parc de sculptures sur un petit nuage ; ils font vibrer les milliers de spectateurs venus les applaudir à la Fondation.

Concert d’Anne-Sophie Mutter à la Fondation Pierre Gianadda, 5 septembre 1986 © Marcel Imsand, Fondation Pierre Gianadda

Et, à chaque fois, Marcel offre à son ami Léonard une série de tirages si caractéristiques dont il a le secret et qu’il réalise dans la pleine maîtrise de son art.
En 1996, le photographe, a de nouveau les honneurs des cimaises de la Fondation.
Pour les grands anniversaires de la Fondation, Marcel Imsand offre à Léonard et Annette ce qu’il pouvait donner de meilleur. Il commence, pour les vingt-cinq ans, avec la série originale des photographies de Luigi le berger ; il poursuit, pour les trente ans, avec les originaux des reportages effectués durant trois décennies sur leur ami commun, Maurice Béjart.
En souvenir d’Annette, Marcel remet à Léonard une collection qui reflète les préoccupations d’une vie d’artiste et qui est constituée de quatre séries : Paysages, Portraits, Artistes, Les vieux amis.
Au total, plus de 500 chefs-d’oeuvre ont trouvé le chemin de la Fondation Pierre Gianadda ; les plus représentatifs y sont  présentés et mis en scène.
L’EXPOSITION EST ORGANISÉE AUTOUR DES GRANDES COLLECTIONS OFFERTES :
vue d’ensemble de l’exposition Marcel Imsand

En rouge, les séries offertes en 2003 :
1.  Luigi le berger (1989-1991) 87 photographies en 2003, dont 50 photos exposées ;
2. Maurice Béjart (1975-1995), 63 photographies en 2009 ;
dans la salle Franck
3. Giacometti (1984-1986), 56 photographies en 2011 ;
En blanc avec des tirages numériques
4. Reportages sur les vernissages et les concerts (1982-1992), 100 photographies données
au fur et à mesure des événements ;
En vert, les photographies offertes à Léonard Gianadda en souvenir de son épouse Anette décédée en 2011.
5. Collection personnelle (1960-2000), quatre séries remises en 2011-2012.
L’ensemble constitue un témoignage d’une amitié indéfectible  de 30 ans, et surtout, un condensé d’une oeuvre artistique de premier plan.
LE COMMISSARIAT de l’exposition est assuré par Jean-Henry Papilloud et Sophia Cantinotti.
Marcel Imsand Lénoard Gianadda et les commissaires

LE CATALOGUE DE L’EXPOSITION Marcel Imsand et la Fondation Pierre Gianadda reproduit les
photographies exposées. Egalement disponibles : Luigi le Berger et Maurice Béjart. Prix de vente
CHF 45.– (env. € 37.50.–).
LA VIE ET SES SURPRISES
Entre Marcel Imsand et Léonard Gianadda, c’est une longue histoire. Une histoire jalonnée de rencontres amicales, de nombreuses lettres, dont on peut en voir quelques unes dans la salle Frank, et évidemment de photographies.
On connaît avant tout le photographe vaudois pour ses célèbres portraits de
Paul et Clémence, Les Dailles© Marcel Imsand, Fondation Pierre Gianadda

Paul et Clémence (1982), Luigi le berger (1991), Les Frères (1996), mais également pour ses longues amitiés avec Barbara, Maurice Béjart ou Jorg Donn, pour les « Instantanés » publiés dans la Feuille d’Avis de Lausanne, puis dans le Sillon Romand ; sans oublier ses collaborations avec le C.I.O., le Grand Théâtre de Genève ou le Théâtre de Beaulieu.
Fils d’un ouvrier socialiste et d’une couturière habitant Broc, un petit village de Gruyère, rien ne prédestinait Marcel Imsand à embrasser une carrière de photographe. A quinze ans, désireux de voler de ses propres ailes, il entre dans la vie professionnelle comme livreur de pain à Lausanne.
Puis, après un début d’apprentissage de pâtissier à Vevey, il s’oriente finalement vers la mécanique de précision et part pour Neuchâtel. C’est là qu’il découvre la joie de voir apparaître une photo dans le bac du révélateur. Quinze ans plus tard, Marcel sait qu’il désire vivre de la photographie.
Couvent de Géronde © Marcel Imsand, Fondation Pierre Gianadda

Léonard Gianadda, lui, est connu pour ses nombreuses constructions à Martigny, mais surtout pour la célèbre Fondation Pierre Gianadda, ouverte en 1978, en souvenir d’un frère trop tôt disparu. Une fondation visitée par des centaines de milliers de personnes chaque année : pour ses expositions et ses concerts prestigieux, son parc de sculptures unique en Suisse, son musée de l’automobile.
Fils d’un entrepreneur italien, petit-fils d’un émigré piémontais, qui aurait pu imaginer que Léonard Gianadda serait un jour un mécène et un entrepreneur culturel disposant d’un réseau de relations et de contacts envié par tous les responsables de musées ?
Curieusement, c’est lorsque la carrière photographique de l’un s’arrête que celle de l’autre prend son envol. A la fin des années 1950, après huit années de reportages passionnants, Léonard laisse de côté ses appareils photo et investit toute son énergie dans son métier d’ingénieur et d’architecte. A l’inverse, en 1964, Marcel démissionne de son poste de chef d’atelier dans une usine de moteurs de camions pour s’adonner entièrement à la photographie, un pari fou pour un jeune père de famille. Comme s’il suffisait souvent d’oser un grand pas pour que tout se mette en marche, et que l’impensable devienne réalité.
MARCEL, ARTISAN DU NOIR ET BLANC
Secondé par sa femme Mylène, Marcel peut enfin s’adonner à une passion qui occupait
auparavant ses nuits et ses week-ends. Très rapidement, osant s’aventurer dans les coulisses du Théâtre de Beaulieu, il réussit à tirer le portrait de grands artistes de passage (Rubinstein, Brassens, Brel, Barbara, Béjart…). Son audace, mais également les hasards de la vie lui ouvrent peu à peu des portes : il trouve un atelier, Rue de l’Ale 9 à Lausanne, publie un premier livre, Lausanne 1000, décroche un contrat avec La Feuille d’Avis de Lausanne pour publier chaque jour un instantané, devient le photographe officiel du Grand Théâtre de Genève. Dans les années 1970, sa carrière photographique est en plein essor : il est le photographe attitré de l’Encyclopédie illustrée du Pays de Vaud en douze volumes, il expose dans des galeries et publie des livres qui font sa renommée.
Maurice Béjart, Lausanne© Marcel Imsand, Fondation Pierre Gianadda

RENCONTRE
En février 1982, Marcel Imsand expose à Lausanne les tirages de Paul et Clémence. Série
photographique marquante, il y dévoile une profonde amitié tissée durant douze ans avec deux personnes âgées qui vivent retirées dans une ferme vaudoise, aux Dailles. Un livre paraît en décembre. Le succès est tel que l’ouvrage doit déjà être réédité en janvier 1983.
Si quelques images de reportage indiquent la présence de Marcel à la Fondation Pierre Gianadda en septembre 1983, à l’occasion d’un concert de la pianiste Brigitte Meyer, ce n’est qu’en novembre que la véritable rencontre entre Léonard et Marcel a lieu, lors d’un repas chez un ami commun.
Marcel Imsand et Léonard Gianadda, 1989 © France Vauthey Brun, Fondation Pierre Gianadda

Entre les deux hommes, le courant ne passe pas d’emblée. Seraient-ils de caractères trop
différents pour réussir à s’apprécier ? Et pourtant, quelques mois plus tard, Léonard Gianadda demande à Marcel Imsand de photographier les oeuvres présentées à Martigny dans l’exposition Rodin, afin d’en tirer des posters et des cartes postales. Marcel relève le défi avec brio. Le succès de la manifestation donne à la Fondation sa stature internationale et les cartes de Marcel sont dans toutes les mains.
Cette réussite encourage sans doute Léonard à programmer, avec les oeuvres de Marcel Imsand, la première exposition de photographies à la Fondation Pierre Gianadda. Du 7 novembre au 15 décembre 1985, l’artiste présente plus de cent oeuvres en noir-blanc. Le public est au rendez-vous et l’accueil de la presse est enthousiaste, à l’exemple de la Gazette de Lausanne qui note le 16 novembre :
Romont 1978 © Marcel Imsand, Fondation Pierre Gianadda

« A travers ces nombreuses photographies se révèle une fois de plus la magie Imsand, cette mystérieuse et inimitable touche qui fait que l’on reconnaît son style, sans pouvoir vraiment expliquer pourquoi. C’est une mélange de poésie intimiste, de pudeur tendre, de sensibilité esthétique raffinée ».
A partir de cet instant, les deux hommes vont collaborer régulièrement. Entre eux s’établit un lien de confiance nourri par une admiration mutuelle. Leur sensibilité, leur curiosité, leur soif de rencontres et de partage sont finalement à l’unisson et constituent autant de portes ouvertes sur un monde où les miracles ne sont pas exclus.
Vernissage de l’exposition Toulouse-Lautrec à la Fondation Pierre Gianadda, 16 mai 1987 © Marcel Imsand, Fondation Pierre Gianadda

Avec son Leica, discrètement, Marcel suit plusieurs fois par année les vernissages et concerts de la Fondation Pierre Gianadda, sans oublier les soupers d’après-concert. Il en rapporte des photographies de qualité et les transmet au fur et à mesure à Léonard. C’est ainsi qu’une collection de tirages originaux prend corps et s’étoffe au fil des années. On y retrouve le vernissage Alberto Giacometti, les concerts d’Anne-Sophie Mutter et Barbara Hendricks en 1986, la prestation des danseuses du Moulin-Rouge de Paris à l’occasion du vernissage de Toulouse-Lautrec, la venue de Yehudi Menuhin et de Teresa Berganza en 1987, la présence d’Isaac Stern en 1988, pendant Les Trésors du Musée de São Paulo… Des moments inoubliables sont interprétés par un des plus grands photographes suisses. Au-delà de l’aspect documentaire de ces clichés, c’est la force des moments partagés, des émotions vécues qui est transmise, restituée dans les tirages de Marcel :
Salle Louis et Evelyn Franck Fondation Pierre Gianadda Alberto Giacometti Marcel Imsand

« La grâce est un déclic. Comme si tu allumais une allumette, il y a une lumière.
Donc quelque chose s’allume en toi, tu es ému, tu es touché, tu es bouleversé. C’est un moment bref et il faut être conscient qu’il ne dure pas. Ce sont des instants d’étincelles […] Tant de rencontres ont été belles » confie-t-il à sa fille Marie-José.
En novembre 1996, dix ans après la première exposition, la Fondation met à nouveau à l’affiche des oeuvres de Marcel Imsand. Quatre séries de photographies, fruit d’un travail de plusieurs années, se déploient autour du temple gallo-romain : Les Frères, Luigi le berger, la vie dans les couvents, Maurice Béjart en création.
« Ce sont des années de travail qui m’ont permis d’arriver à cela, dit alors Marcel Imsand à Philippe Dubath du Matin, et je constate en regardant ces photos que ce travail n’était pas vain. Parce que je me retrouve totalement dans ces sujets, parce que dans ces photos, oui, il y a ma foi à moi. Je la montre comme je la ressens. »
Luigi le berger, © sur la route, 1990 Marcel Imsand Fondation Pierre Gianadda

La plupart des tirages exposés intègreront la collection de la Fondation Pierre Gianadda : Luigi le berger (résultat d’une des plus belles aventures du photographe), en 2003 ; Maurice Béjart en 2008 ; puis, en 2011 et 2012, la collection Giacometti, les négatifs de tous les vernissages et concerts suivis à Martigny, ainsi que quatre séries de portraits et de paysages. Au final, ces donations successives représentent un ensemble fort et cohérent de plus de cinq cents photographies, témoignage d’une amitié indéfectible et, surtout, condensé d’une oeuvre artistique de premier plan.
« Il est troublant, l’amour que ce paysage inspire, mais il faut aller plus loin. Pouvoir le partager ! C’est à cela qu’on rêve. » (Confidences, 2006)
Partager une émotion, un instant, un regard… voilà un des mots-clés de Marcel, mais également de Léonard, pour qui il était devenu évident qu’une large sélection de cette grande collection photographique devait être montrée au public. Ce sera chose faite dès le 7 décembre prochain.
Présentées deux fois aux côtés d’autres artistes, en 1985 et 1996, les oeuvres de Marcel Imsand occupent cette fois-ci toutes les cimaises de la Fondation, comme si le moment était enfin venu de dévoiler à tous une fidélité, une générosité et une amitié réciproques qui durent depuis trente ans.
Sophia Cantinotti
Jean-Henry Papilloud
Commissaires de l’exposition

FONDATION PIERRE GIANADDA
Rue du Forum 59
1920 Martigny, Suisse
RENSEIGNEMENTS
Tel : + 41 27 722 39 78
Fax : + 41 27 722 52 85
Contact : info@gianadda.ch
site : www.gianadda.ch
HORAIRES DE L’EXPOSITION
Tous les jours : 10h à 18h
à l’invitation de la Fondation Gianadda, texte et photos courtoisie de la Fondation
+ 3 photos de l’auteur

Ça vous regarde

En 2013, le Frac Alsace fête ses trente années d’activité et met à l’honneur les œuvres de sa collection en lançant dès novembre 2012 un programme intitulé Elsass Tour.
Ce programme propose pendant 14 mois plus de 30 expositions et rendez-vous artistiques sur l’ensemble du territoire alsacien.

Bernard Calet, Constructions mobiles Frac Alsace

 
À cette occasion, La Kunsthalle et le Service Universitaire de l’Action Culturelle de l’Université de Haute-Alsace ont choisi de s’associer et d’accueillir pendant toute une année universitaire trois oeuvres de la collection du FRAC Alsace.
L’exposition Ça vous regarde regroupe les œuvres de Bernard Calet, Constructions mobiles, de Gérard Collin-Thiébaut, Distributeur automatique de Carnets d’images et d’Alain Séchas, Le chat bowling.

 
De 2012 à 2013, tout comme les Fonds régionaux d’art contemporain (Frac) de chacune des 22 autres régions de France métropolitaine et de la Réunion, le Frac Alsace fête son 30e anniversaire.
L’action d’un Frac se déploie en priorité dans sa région, et pour cet anniversaire, en parallèle de manifestations collectives des Frac à l’échelle nationale et internationale, le Frac Alsace met à l’honneur les œuvres de sa collection en lançant dès novembre 2012 un programme intitulé Elsass Tour.
Alain Séchas le Chat Bowling collection FRAC Alsace

Pensé comme une tournée artistique fédératrice, allant à la rencontre des publics, ce programme propose pendant 14 mois plus de 30 expositions et rendez-vous artistiques sur l’ensemble du territoire alsacien. Elsass Tour permettra ainsi d’embrasser la diversité et la richesse de l’art contemporain : un art vivant, dont la recherche esthétique reflète l’engagement dans le monde d’aujourd’hui. Mais Elsass Tour, c’est aussi une dynamique d’engagement et de partage de valeurs avec plus de 30 acteurs culturels régionaux, appartenant au milieu universitaire et scolaire (lycées, collèges, écoles), au milieu associatif et autres bibliothèques, médiathèques, centres culturels et musées. Car tous réunis, le Frac Alsace et ses partenaires mutualisent la totalité des circuits d’enseignement, de production et de diffusion de l’art contemporain en Alsace.
Alain Sechas Le chat Bowling

Elsass Tour est une ambitieuse mise en partage de la collection et des savoir-faire du Frac Alsace en même temps que l’affirmation de son lien au territoire, pour célébrer 30 années de soutien aux artistes, 30 années de circulation des œuvres et 30 années de proximité avec les publics. Que soient ici remerciés les soutiens institutionnels du Frac, ces acteurs culturels partenaires, ainsi que toutes leurs équipes impliquées dans la mise en œuvre de l’Elsass Tour.
 
Elsass Tour

 
En octobre 2013, en prolongement de ce projet territorial, s’ouvrira Pièces Montrées, vaste projet institutionnel d’exposition conçu à partir de la collection du Frac Alsace, en partenariat avec le Musée d’Art moderne et contemporain de la Ville de Strasbourg (MAMCS), le Musée Historique de la Ville de Haguenau / Chapelle des Annonciades et la Fondation Fernet-Branca à Saint-Louis.
La collection du Frac Alsace comporte environs 1000 oeuvres,provenant de près de 500 artistes, régionaux, nationaux, internationaux. 30 % de cette collection sont présentés dans divers lieux de culture, musées, bibliothèques, médiathèques, écoles, centres d’art….

Il y a trente ans naissaient dans le paysage culturel français les Frac. Les Frac ont été conçus comme un dispositif d’aménagement culturel du territoire visant à multiplier en région les rencontres entre l’art contemporain et la population.
Structures légères et réactives, ils sont une manière efficace et unique d’aller au plus près des publics et de soutenir la création d’aujourd’hui. L’idée force était que ces collections constituées au fil du temps soient nationales, internationales et en mouvement, au service d’une région et dans un esprit de rayonnement sur tout leur territoire : centres d’art, écoles d’art et musées mais surtout établissements scolaires et universitaires, services publics, monuments historiques, hôpitaux, prisons…

Frac Alsace

En 30 ans, les 23 Fonds régionaux d’art contemporain ont acquis plus de 26 000 oeuvres représentant environ 4 200 artistes (dont 56,5% français). Chaque année, l’ensemble de leurs projets (480 en 2010) s’adresse à plus d’un million de personnes.

Avec le soutien de l’Etat et des collectivités territoriales qui en assurent elles-mêmes la maîtrise d’ouvrage, les Frac sont engagés dans la réalisation de nouveaux équipements confiés à des architectes de renommée internationale. Le Frac Alsace bénéficie en plus du soutien de la ville de Sélestat.

Les 23 Fonds Régionaux d’art contemporain sont réunis dans une entité « Platform »

autres projets et rendez-vous du FRAC Alsace, dans le cadre de ses 30 ans

Le deuxième rendez-vous des 30 ans se tiendra dans l’ensemble des régions à partir du printemps 2013 et par chapitres successifs. Le trentième anniversaire des Frac leur donne l’opportunité d’affirmer leur présence et leurs missions en régions. A cette occasion, chaque Frac donnera une carte blanche à un créateur qui choisira des oeuvres parmi sa collection et inventera un dispositif original (scénographique ou performatif, matériel ou immatériel) pour les présenter.
Cette invitation témoigne de la volonté des Frac de montrer combien l’artiste est au coeur de leurs activités, de la collection à la production d’oeuvres, en passant par l’exposition, la médiation et la diffusion. Les propositions conçues par les créateurs invités seront montrées dans un premier temps en région.

Dans un second temps, ces propositions seront réunies à l’occasion d’une exposition collective qui constituera le troisième rendez-vous des 30 ans. Cette exposition nationale, la première du genre à associer tous les Frac en un seul site, ouvrira ses portes à Toulouse, au Musée d’Art Moderne et Contemporain / Les Abattoirs, en septembre 2013.

Ce programme sera complété par un projet éditorial consacré aux usages et expérimentations des Frac à partir de leurs collections et donnera lieu à des rencontres publiques autour de l’art contemporain dans les régions.
L’aventure du trentième anniversaire des Frac se poursuivra par des expositions à l’international à partir de 2014, d’abord au Van Abbemuseum Museum à Eindhoven (Pays-Bas), puis en Asie du sud-est.

La programmation des 30 ans des Frac est organisée par les 23 Frac et coordonnée par PLATFORM, Regroupement des Fonds régionaux d’art contemporain
(32, rue Yves Toudic / 75010 Paris / T. : 01 42 39 48 52 / www.frac-platform.com

 
Texte et photo 1 Frac
autres photos de l’auteur
 

Anne-Sophie Tschiegg à la Chapelle des Annonciades de Haguenau


Pour sa première exposition après rénovation, la Chapelle des Annonciades du musée historique de Haguenau nous a gratifié d’une exposition magnifique de couleurs.
Anne-Sophie Tschiegg, coloriste de talents, nous a émerveillés une fois de plus, en nous montrant toute l’ampleur de son imagination. Des fleurs sur fond de rayures, des gammes, des pluies, des collages, passant avec virtuosité de l’abstraction à la figuration, organique ou végétale , avec poésie, délicatesse et générosité, elle est conforme à sa réputation de dompteuse de la couleur. Un ingénieux cabinet de curiosités montrait les sources de son inspiration, mais aussi son environnement, ses maîtres. Cette fois les 365 ou 366 ciels sur papier de paquets gitanes ont laissé la place à de somptueuses toiles de pluies et d’orages, sur des campagnes magnifiées.


Le lieu empreint de (presque) religiosité se prêtait à merveille, et donnait un cachet tout à fait particulier à ce vernissage. Les discours des diverses personnalités reflétaient l’étroite complicité entre Anne Sophie et Haguenau depuis de très longues années, dans le domaine culturel, en illustrant de sa touche personnelle les affiches et magazines de la ville, petit Lautrec à sa manière.

Avis aux amateurs, les toiles ont eu un grand succès, fleurs ou paysages de pluies, il n’y en aura pas pour tout le monde………
Après son exposition à l’espace Beaurepaire à Paris, son exposition à la Galerie Hagen à Offenbourg, à Brumath, à Art Karlsruhe galerie Vayhinger, (ne manquez pas la photo d’Anne-So), sa participation à la nuit blanche de Paris, son exposition au musée des Beaux Arts de Mulhouse, elle repart vers d’autres projets, munie de sa palette et de ses pinceaux magiques.


du mercredi au dimanche de 14 h à 18 h
www.wille-haguenau.fr  03 88 90 29 39
jusqu’au 20 janvier 2013

photos de l’auteur