Un de mes buts lors du tour du Leman avait comme point d’orgue la visite de l’atelier de restauration du retable de Konrad Witz,
« la Pêche Miraculeuse » au musée d’Art et d’Histoire de Genève.
L’exposition Konrad Witz au Kunstmuseum de Bâle en 2011 a excité ma curiosité et m’a conduite jusqu’à ce lieu. Elle en présentait une reproduction dans les dimensions originales.
Grâce à l’accueil du conservateur Victor Lopes et de son équipe, que je remercie ici, j’ai pu constater le sérieux du travail accompli et le cheminement des 8 mois qui aboutiront à la remise en état, du moins à la conservation dans les meilleures conditions du précieux retable.
Une équipe d’intervenants a été composée pour l’étude et le traitement :
1843-0010 Délivrance de St Pierre Conservation-restauration c.p. Victor Lopes
1843-0010 bis Présentation Conservation-restauration c.p. Helena de Melo
1843-0011 Pêche miraculeuse Conservation-restauration c.p. Victor MLopes
1843-0011 bis adoration des mages Conservation-restauration c.p. Mirella Bretonnière
Conservation-restauration c.p. Marine Perrin
suivi et documentation
scientifique Pedro Diaz-Berrio
1843-0010/1843-0011 support bois et encadrement
Jean-Albert Glatigny.
Bob Ghys
examen dendrochronologique Pascale Fraiture
(Bruxelles)
1843 – 0010/1843-0011 Radiographie (RX) Scanning Colette Hamard /
Pierre Grasset
1943-0010/1843-0011 Stratigraphies
(prélèvements existants) Isabelle Santoro
Matériaux de restauration Stefano Volpin
Technologie picturale Claude Yvel
ainsi qu’un Comité scientifique :
F. Elsig, C. Menz N. Schätti, J. Wirth, V. Lopes, L. Terrier.
Grâce au généreux soutien de la Fondation Hans Wilsdorf, le Musée d’art et d’histoire, en collaboration avec l’Université de Genève, entreprend cette année l’étude et le traitement de conservation des deux volets peints réalisés en 1444 par Konrad Witz.
Ces volets ont survécu à l’iconoclasme protestant de 1535, dont ils portent aujourd’hui les traces. Des hachures strient notamment les têtes des personnages, plusieurs ont été reconstituées par des repeints, visibles sur les documents d’analyse. Le visage du Christ lacéré en 1535, a été partiellement repris entre 1915 et 1917 par le restaurateur bâlois Fred Bentz .
Des fissures verticales du support en bois de sapin sont visibles. Les tensions inhérentes aux mouvements du bois ont provoqués la rupture des fibres qu’il s’agira de stabiliser. Le paysage fera l’objet d’un fixage de la couche picturale et d’un nettoyage de surface.
Ils ornaient à l’origine le retable, commandé par l’évêque François de Metz, destiné au maître-autel de la Cathédrale Saint-Pierre.
Ce projet fondamental pour les collections genevoises doit tout d’abord permettre de comprendre les étapes liées à la réalisation matérielle des panneaux, ainsi que le contexte historique et culturel qui les vit naître. Il s’agira également d’établir une «cartographie» de leur état de conservation pour définir les critères d’un traitement programmé à partir du mois de juillet. Cette intervention ainsi que l’ensemble des recherches aboutiront enfin à la publication d’un ouvrage qui accompagnera une exposition.
Le décrochage du tableau a eu lieu le 27 juin 2011 et travail de conservation-restauration durera jusqu’en mars 2012.
Pour des raisons de conservations les tableaux du retable ne quittaient plus la place qu’ils occupent au sein du musée : Le MAH. Actuellement à sa place, un panneau explicatif, montre les travaux entrepris.
De l’ensemble d’origine, deux volets peints des deux côtés, ont survécu. A ce jour on ignore quel était le sujet principal, qui ornait l’intérieur du caisson. Lorsque les volets étaient fermés, le fidèle pouvait voir sur celui de gauche la « Pêche Miraculeuse » et sur celui de droite la délivrance de St Pierre.
Ouverts ces derniers présentent une adoration des Rois mages, ainsi qu’un évêque, richement vêtu accompagné de St Pierre devant le trône de la Vierge. Le personnage agenouillé est le commanditaire du retable, François de Metz, évêque de Genève, fidèle de l’antipape du concile et crée par lui cardinal, dont les attributs figurent sur la toile. Le tableau le plus connu est le paysage au milieu duquel se déroule la Pêche miraculeuse. A cette occasion K.Witz, déplaçant la scène des bords du lac de Génésareth à ceux du Lac Leman, réalise le premier portrait d’un paysage connu. Il est d’ailleurs encore possible aujourd’hui, grâce au panorama de montagnes et au sommet enneigé du Mont-Blanc, de resituer la position exacte qui fut celle du peintre face à lui.
C’est ainsi que l’on distingue à gauche le mont Voirons, en face le Môle avec à l’arrière plan les Alpes et sur la droite le mont Salève.
Cette représentation exceptionnelle pour son époque K.Witz l’a sciemment dotée d’une inscription latine sur le cadre. Il y a fait figurer son nom, son lieu d’origine, Bâle, et l’année à laquelle il a terminé l’œuvre, 1444.
C’est la seule oeuvre datée et signée de la main de Witz, et jouit donc d’une position clé dans la recherche sur son activité artistique. Grâce à son style propre, l’artiste s’est imposé comme novateur et précurseur du paysage dans la peinture occidentale. Les peintures ont permis de redécouvrir la personnalité du peintre de le situer par rapport aux autres génies de la Renaissance :
Konrad Witz : 1400 – 1445
Léonard de Vinci 1452 – 1519
Albrecht Dürer 1471 – 1528
Mathias Gothard Nithart Grünewald 1475- 1528
photo 1 JR Itti
Photos 2/3/4/5/6 courtoisie du musée d’art et d’histoire de Genève
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Cher Monsieur,
Merci pour votre passage sur mon blog et votre commentaire.
J’étais allée à Genève pour l’occasion, mais j’habite en Alsace.
Je ne connais pas Mademoiselle Perrin, est-ce une commissaire du musée d’histoire de Genève ?
Cordialement
Elisabeth Itti
Bravo pour ce que vous faites!
Je suis d’autant plus sensible à votre reportage que je cherche à entrer en contact avec Mademoiselle Perrin que j’ai croisée il y a deux ans. Si vous avez gardé ses coordonnées, je serais votre obligé…
Merci d’avance!
Reportage très intéressant, merci
Je ne suis pas qualifiée pour ça,
je croyais que t’attaquais au Retable à Unterlinden
J’étais très étonnée par la rapidité de l’acceptation de ma chronique, certaines sont publiées sous Reflets du temps et commentées librement … à votre clavier cher Simon.
Les réactions aux chroniques sont toujours muselées, alors je réponds ici.
A en juger par vous déplacements épistolaires et physiques vous devez être très aérienne et marcher sur la pointe des pieds. Le vent doit vous faire virevolter comme une plume. Qu’un opéra s’annonce ici, qu’une exposition se prépare là et vous voilà partie… Bonne récolte de joies et de plaisirs.
Bonne soirée Simon