Gabriel Orozco

gabriel-orozco-my-hands-are-my-heart.1281297091.jpgC’était le dernier jour de cette exposition au Kunstmuseum de Bâle, mais vous pourrez la voir à partir du 15 septembre au
Musée national d’art moderne de Paris.
Cette grande exposition propose une vue d’ensemble de l’oeuvre de l’artiste mexicain né en 1962 : des installations, sculptures, photographies, peintures et dessins qui ont tous vu le jour entre le début des années 1990 et aujourd’hui. Gabriel Orozco, qui est considéré comme l’un des artistes majeurs de notre temps, partage sa vie entre New York, Paris et Mexico-City. Caractéristique de sa génération, cette manière d’être sans cesse en déplacement, ce principe de mouvement perpétuel, se répercute de la façon la plus diverse dans son oeuvre, en parcourant un spectre qui va d’une trace de respiration que la photographie a su saisir, sur le vernis d’un piano, jusqu’à la Citroën DS reprofilée, découpée dans le sens de la longueur et réassemblée en véhicule monoplace. C’est la « DS » la voiture mythique du générale de Gaule qui acquiert ici le statut de sculpture autonome la « Déesse ».gabriel-orozco_la_ds_frontal.1281297050.jpg
Pour Four Bicycles « There is Always One Direction » l’artiste s’est procuré quatre vélos hollandais dont il a assemblé les cadres.
Les traces physiques à la surface du « Yiedling Stone » proposent des accès fondamentalement différents. La boule compacte en plastiline dont le poids correspond approximativement à celui de l’artiste, a été roulée dans la rue à l’occasion d’une performance publique. Sa surface s’est ainsi chargée des impuretés, des détritus et de la poussière. Ainsi se révèle la prédilection de GO pour la révélation du potentiel d’expressivité artistique de matériaux en apparence insignifiants et dénués de valeur.
De même que son installation  « Lintels » en salle 8, où l’on retrouve les résidus organiques, des dépôt du sèche linges, suspendus sur des fils à linges, telle une gigantesque lessive de déchets, (pourquoi ai-je mis depuis des années les miens, bêtement à la poubelle, alors que moi aussi je suis frappée par l’inanité, le côté éphémère des choses et l’illusoire vanité de la possession d’œuvres d’art)

Son regard se porte sur des situations fortuites qu’il répercute dans un contexte d’interrelations plus vastes. La subtilité de la trace de sa propre respiration sur la laque noire d’un piano à queue, photographiée, ou la drôlerie des boites de pâté pour chats, trônant sur des pastèques ventrues et rebondies dans un super marché.
gabriel-orozco-composition.1281297199.jpgLa photographie de la sculpture en terre cuite  dévoile le processus de la genèse de l’objet par l’empreinte de ses mains pressées, sur la masse molle, pour lui imprimer l’aspect souhaité, qui lui donne son titre « My hand is my heart » est mon coup de coeur !

Dans la salle 3 « Elevator » une cabine d’ascenseur démontée, inerte, dont l’intérieur immaculé, réduit à taille d’homme, donne envie d’y pénétrer et de s’y isoler.
 » Dial Tone« ,  GO a détaché les pages d’un annuaire de la ville de Monterrey et en a éliminé les noms par découpage, seules demeurent ainsi les séquences de numéros. Tels les rouleaux de la Thora, ils sont collés sur un rouleau de papier Japon de 25 mètres de long et présentés sous verre, les habitants demeurant anonymes.
Comme dans Elevator et la DS, l’intervention n’occulte pas la fonction originelle de l’objet, mais elle crée de nouveaux rapports de nature artistique.

Orozco montre une prédilection pour la force d’expression de l’éphémère, il pointe son regard sur des situations et des matériaux insignifiants, dont il s’empare avec subtilité, légèreté et souplesse, en les combinant et en les manipulant pour les inscrire dans un contexte plus large. Toute sa démarche porte l’empreinte d’un nomadisme, d’une ouverture et d’une disponibilité constantes à l’instant, qui se cristallise en une image.

gabriel-orozcoworking-tables.1281297151.jpgAinsi ses «  Working Tables  » 1991–2006, de la collection du Kunstmuseum Basel, réunissent-elles une multitude d’objets trouvés et petites sculptures exécutées à Mexico-City. Entre – vue de l’atelier et image du monde, elles déclinent toute une variété de métamorphoses organiques et témoignent de l’indéfectible dynamisme de l’artiste. Cela renvoie aux Fischli et David Weiss vus au Schaulager .
Ici ce ne sont pas des pots de peintures ou des outils, mais des objets trouvés, l’intérieur d’un ballon de football, des balles en peau d’oranges, des boites de carton, les os d’une baleine, un carré de tôle rouillé sur lequel il a collé un autoportrait jeune de Rembrandt. Vision du monde et déclinaison de travaux d’atelier et de recherche. Cette salle 4 occupe le centre de l’exposition.

Les « Spumes » suspendus au plafond, tel des objets volants, témoignent des recherches incessantes de l’artiste. La mousse de polyuréthane expansée, injectée sous forme de liquide leur donne un aspect insolite d’os ou d’un objet totalement délavé par les intempéries.gabriel-orzco-lintels.1281297670.jpg

Des formes circulaires «  Samurai’s tree »  en salle 7 font penser à des tableaux de Kandinsky, par le côté géométrique, mais aussi par la couleur intense, tantôt fond vert, noir, or, avec des cercles couleurs or, jaunes rouges et bleus.

Puis l’ »Under Elephant foot », énorme sculpture intrigante.

Artiste à la création multiple, touche à tout avec bonheur.

san de catalogues et photo Iphone la dernière

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.

16 réflexions sur « Gabriel Orozco »

  1. Dans le Art & Décoration d’avril – page 145 – une oeuvre de Gabriel OROZCO … Puis-je trouver d’autres oeuvres de ce type ?
    Merci de me renseigner …
    Micheline

  2. Ping : Anna
  3. Il est à peu près impossible de décrire l’oeuvre de Gabriel Oroz-co pour une raison simple : il n’y a rien que l’on puisse appeler son style ou sa manière ou ses habitudes. Chaque pièce est la réalisation plastique d’une idée ou d’une envie différente. Chacune répond à une impulsion venue d’une chose vue ou lue, d’un lieu ou d’une situation. Orozco, 48 ans, né au Mexique, travaille entre Mexico, New York et Paris. On ne lui connaît pas d’adresse fixe. Ce goût du déplacement est aussi sensible dans ses travaux que dans son mode de vie.
    dans La présentation de son exposition est en ce sens d’une exemplaire clarté. Sur les murs, des photographies, des dessins et des peintures se succèdent, dans l’ordre chronologique. Sur trois longues tables qui se suivent sont disposés ensemble objets, sculptures et maquettes. Sur une ligne parallèle, au sol, sont placées les pièces de plus grandes dimensions. Entre elles, comme sur les tables, sont disposées des images dans lesquelles on reconnaît des photographies de Lartigue redécoupées.
    C’est sobre, très sobre, et cette absence d’effet dans la scénographie devient l’effet le plus troublant. Le visiteur doit se faire un devoir de comprendre ce qui peut relier entre eux une abstraction de cercles colorés très soigneusement peinte, des modelages brutaux, un échiquier où toutes les cases sont occupées par des chevaux, une cage d’ascenseur posée par terre, une chaussure sans semelle, quatre vélos assemblés par leurs cadres et la pièce la plus célèbre d’Orozco, une DS Citroën qui n’a plus que ses deux ailes accolées, monoplace encore plus effilé que le modèle original et, évidemment, incapable de rouler.
    Ce début d’inventaire suggère une réponse. Orozco aime à vider les produits de l’industrie de toute utilité. Quelques manipulations, discrètes ou plus spectaculaires, les font basculer du côté de l’inerte et de l’absurde. On peut n’y voir que la réactivation – une de plus – du ready-made inventé par Duchamp. On peut penser aussi que cette activité de sabotage silencieux a des sous-entendus politiques et sociaux et qu’Orozco n’a que peu d’admiration pour le système économique dominant. Quand il entasse caisses et débris devant la skyline de Manhattan et les photographies selon un angle tel que la ligne des débris et celle des tours soient identiques, le symbolisme est évident.
    LE FANTÔME DE L’EXOTISME
    Il l’est à peine moins quand il fabrique un faux arbre aux feuilles blanches et vertes en plastique et papier, noie un coquillage dans le plâtre, enferme des insectes dans des cônes d’argile ou dessine un damier sur un crâne. La nature et le vivant ne sont pas mieux traités par lui. Il les fige et les fossilise. Marcher le long des tables couvertes de ses fabrications rappelle d’autres promenades, dans des musées d’histoire naturelle ou des beaux-arts décatis. Il n’y manque même pas le fantôme de l’exotisme : un tronc d’arbre renversé, donné pour un pied d’éléphant, est piqué d’une multitude d’yeux de verre, fixes et morts.
    Il suffit donc de rester assez longtemps dans l’exposition pour éprouver ce qui fait l’unité d’un si vaste étalage d’artefacts aussi disparates de taille, de matière et de motif : une certaine tonalité, humoristique à la surface, plus inquiète et inquiétante par en dessous. Il y a, de façon inattendue, quelque chose de comparable entre les natures mortes mélancoliques et métaphysiques de De Chirico et les installations d’Orozco, une même poétique légèrement funèbre.
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    Gabriel Orozco. Centre Pompidou, place Georges-Pompidou, Paris 4e. Mo Rambuteau. Tél. : 01-44-78-12-33. Jusqu’au 3 janvier 2011. Du mercredi au lundi, de 11 heures à 21 heures. 12 €.
    Philippe Dagen

  4. A dire vrai, j’ai trouvé pas mal Dagen sur ce coup-là : à savoir dégonfler la baudruche Freud.

  5. Dans mon billet sur l’exposition de Lucian Freud, j’ai totalement pris le contre-pied de Dagen, qui démolissait les oeuvres.
    Un jour j’écrirais un billet sur les artistes qui sont dans mon panthéon personnel, enfin très bientôt sûrement.

  6.  » je répète (bêtement) ce qui est écrit dans la notice du musée.  » (la dilettante)
    OK, mais n’hésitez pas à prendre quelque distance avec ce qui se dit et s’écrit. Par exemple, ce n’est pas parce que Philippe Dagen écrit que Vincent Corpet est un très bon peintre que celui-ci l’est.
    Bref, n’hésitez pas à faire confiance à votre ressenti. Il n’y a pas de Vérité absolu en art, les lignes ne cessant de bouger.
    Bien à vous,
    Winnetou

  7. Ce n’est pas moi qui le décrète le plus grand, je répète (bêtement) ce qui est écrit dans la notice du musée. Ce que j’ai aimé aussi c’est la DS de profil, très élancée, qui lui donne l’aspect d’une fusée. Tout est dans la manière de présenter les oeuvres dans un musée, la disposition, l’accrochage, ce n’est pas à vous que j’apprendrai cela. Je ne suis pas mécontente d’avoir vu cette exposition, quoique j’y sois allée un peu à reculons, le dernier jour, je suis toujours surprise de l’inventivité des gens, et de ce qui est considéré comme de l’art, je pars du principe qu’il faut être ouvert, sans être obligé d’adhérer à tout. Mais ce que je préfère par-dessus tout c’est les rencontres de presse avec les artistes et les curateurs.
    Puis ce que j’écris, ce n’est pas paroles d’évangile non plus, c’est juste du dilettantisme …
    merci pour votre passage.

  8. Hello.
    HUGH !
    J’avoue ne pas être trop sensible au travail de Gabriel Orozco.
    OK, la  » DS déesse  » est pas mal, mais c’est un coup, comme le ‘Rhinocéros rouge de Veilhan’ (2000) ou le ‘téléphone-homard’ de Dali, 1936 (nota bene : je ne cherche pas à dévaluer les créations de ces deux artistes car heureusement leur oeuvre ne se réduit pas à un coup. Surtout Salvador Dali, un immense artiste, dont les peintures et l’esprit surréaliste traverseront le temps ; j’étais encore à Beaubourg hier (collections permanentes), une dizaine de personnes regardaient une toile de lui pendant que les Delaunay étaient désertés par exemple ; on a toujours l’impression que les gens cherchent des trésors dans les toiles de Dali et c’est d’ailleurs ce que ce grand créateur d’images doubles souhaitait).
    Orozco, j’avoue ne pas bien comprendre de quoi il parle.
    Si c’est du rapport de l’homme à la nature, un Penone me semble beaucoup plus sensible, et expressif. « My hand is my heart » par exemple, c’est du Penone (mais c’est effectivement pour moi la pièce la plus forte d’Orozco).
    Si c’est du regard sur les autres cultures, le nomadisme, etc., Ousmane Sow ou Chéri Samba le font déjà en sculpture et en peinture, sur un versant africain.
    Et si c’est du rapport société de consommation – adhésion/résistance, Warhol et les Nouveaux Réalistes (dont les fameux déchets et poubelles d’Arman) sont passés par là. Bien avant Orozco.
    Bon, on veut me dire qu’il est un grand artiste, je veux bien l’entendre, mais j’ai envie de dire  » Preuve  » !
    Non, désolé hein, mais j’accroche pas.
    Ceci étant mon avis et non parole d’Evangile ! Mais après Deacon, Basquiat et de Staël, (cf. les 3 posts précédents) Orozsco me semble bien plus léger. Quelle déception.
    Hasta la vista,
    Winnetou, Vendredi 13

  9. Le regard de l’artiste se pose sur des fragments de la vie urbaine : un sac en plastique, un parapluie vert, une trace d’avion dans le ciel, de vues de ville, des détritus qui semblent être placés selon un certain ordre, des chiens alignés sur le trottoir, un guidon de vélo. Et tout cela a fait des oeuvres d’art..

  10. je l’ai trouvée très élégante la DS, très déesse, profilée, j’ai regretté de ne pas pouvoir prendre de photo. Au Kunstmuseum les visiteurs sont très surveillés, si vous prenez des notes avec l’Iphone, comme c’est mon cas, ils ne vous quittent pas d’une semelle, la salle 8 étant tout au bout, j’ai réussi à lasser leur attention ….
    J’apprécie que l’on ne puisse photographier, car rien n’est plus énervant que toutes ces personnes qui prennent des poses ridicules devant les oeuvres d’art.
    @ bientôt

  11. Bonjour, merci pour cette information du passage de l’ exposition à Paris à l’automne: et puis j’avais réalisé un cliché il y a quelques années de la fameuse DS étriquée( elle était exposée au dernier étage du centre Beaubourg-Pompidou )et je n’en connaissais pas le créateur,car ce jour là j’étais pressée, voilà j’en sais plus aujourd’hui, merci.
    A bientôt. Jocelyne ARTIGUE

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