Ivan Fayard au T 66 de Freiburg ( Allemagne) Regionale 10

Dans le cadre de la Regionale 10, le T66 Kulturwerk de Freiburg – Allemagne a fait le choix de présenter un seul artiste Ivan Fayard, un français, né en 1967, diplomée DNSEP de l’Ecole des BA de Lyon, en 1997. Après une résidence en 1998, à Fès au Maroc dans le cadre des programmes cultures France,  en 2003 il est pensionnaire hors les murs, de la Villa Médicis, au 18  de l’Art Street Center de Los Angeles. Il est enseignant au Quai à Mulhouse (école des BA). Il travaille et vit essentiellement à Paris.yvan-fayard-kunshaus-l-6-fribourg-reg-10-3.1260231369.jpg
Pour son exposition personnelle Surfacing, Ivan Fayard, le peintre, élargit sa pratique artistique à la réalisation d’oeuvres sur papier et à une sculpture. Ce qu’il donne à voir : des jeux de matière, de reflet, de surface ; Les oeuvres présentées à T66 Kulturwerk oscillent entre nature et artifice, réalité et fiction. Usant du détail infime, de la répétition du geste, l’artiste trace une voie poétique dans la physique des images ordinaires par la révélation de leur matérialité.
Fragile et monumentale, désuète, anachronique et contemporaine, exubérante et minimale, originale et usurpatrice, la peinture d’Ivan Fayard est fragmentée tel un kaléidoscope, un miroir brisé trop vite recollé. Ces différentes séries, sortes de juxtaposition de temporalités et d’identités multiples, sont hantées par 1’histoire de l’art, visitées par d’incessantes intrusions contemporaines.
Parce qu’elle est poreuse, perméable, sa peinture ne peut se contenter d’une signature artistique particulière. Ces éclats
d’identités, ces déguisements incomplets puisés dans les « poubelles » de l’abstraction et de la figuration sont des aspirations, yvan-fayard-kunshaus-l-6-fribourg-reg-10-6.1260231550.jpgdes interrogations et des réflexions menées plutôt que des affirmations péremptoires ou guidées par un on-ne-sait-quoi idéologique. Parce qu’Ivan Fayard préfère jouer, circuler entre ces différents moments artistiques pour en déplacer les enjeux, l’essentiel de son oeuvre interroge quelle est sa part d’implication personnelle et quelles sont celles, fictives, pouvant s’inscrire dans une oeuvre polymorphe. En s’interrogeant sur ces questions de l’assimilation,
de la mémoire, d’un vécu spécifique, on entrevoit dans sa pratique artistique une affirmation troublante de l’existence
constituée de masques derrière lesquels il pourrait se cacher, sorte d’identités artistiques inventées.
extrait du catalogue Regionale 10

Entretien avec Ivan Fayard
Intrigante, érotique, drôle, déroutante, multiple, tantôt nuage atomique, gnome, femme  en extase se livrant à l’art de l’onanisme , empreintes, mais aussi vanités, Eros et Thanatos,  dessins oeuvres sur papier, Sepia, lavis bruns,  telle est l’oeuvre d’ Yvan Fayard, qui a oublié de se servir du medium favori de la Regionale : le mètre pliant -;)))
IF : Cycles des Instantanés

Ces images semblent réalisées avec de l’encre Sépia. Or, il n’en est rien. C’était un piège.
J’ai en fait, introduit un procédé (en référence à la stéganographie, cet art du secret) qui participe de cet art de la dissimulation utilisé dans l’espionnage: Il s’agit d’encre sympathique (pas le jus de citron, trop instable). Pline, dès le 1er siècle av. J.-C. décrit comment fabriquer de l’encre invisible.
Dans la vanité à 4 crânes, vous avez du remarquer deux trous en guise d’orbites oculaires: ce sont les conséquences du feu que j’ai utilisé pour faire apparaitre ces images en les brulant. Sauf qu’ici, la flamme a traversé le papier: Un indice humoristico-macabre.yvan-fayard-kunshaus-l-6-fribourg-reg-10.1260269656.jpg
Ces oeuvres sont regroupées sous le terme du Cycle des Instantanés (les images apparaissent soudainement sous le passage du feu). Les images sont précises, détaillées, elles ont été réalisées par ce qui constitue toutefois une action paradoxale: l’utilisation du feu (destructeur par nature) comme acte créateur.
ps: au paragraphe 35 du livre V de son Enquête, l’historien Hérodote fait référence à la stéganographie, cet art du secret : Histiée incite son gendre Aristagoras, gouverneur de Milet, à se révolter contre son roi, Darius, et pour ce faire,
 « il fit raser la tête de son esclave le plus fidèle, lui tatoua son message sur le crâne et attendit que les cheveux eussent repoussé ; quand la chevelure fut redevenue normale, il fit partir l’esclave pour Milet ».
 
Cycle des Musca

Les cibles sont issues du Cycle des Musca (mouche en latin).
Ces peintures renouent avec la focalité en peinture et le choix de la mouche comme unité dont la répétition forme le motif du tableau n’est pas innocent.
Symbole de la vanité ou élément du maquillage des élégantes au XVIIIe siècle, les mouches sont alternativement blanches et noires. Cette alternance dessine des rayures concentriques
qui forment sur le voile gris du monochrome une cible. Mais cette cible est comme corrompue. Le va-et-vient entre l’échelle réduite des insectes et celle, beaucoup plus grande, de la cible contribue à la dynamique du tableau.
Si je restaure une certaine peinture géométrique en introduisant un virus dans le monochrome gris argenté, je prend en même temps mes distances avec elle en l’abordant avec ironie.yvan-fayard-kunshaus-l-6-fribourg-reg-10-10.1260231675.jpg


Cycle des Reliefs

Imaginez un tatouage réalisé sans encre, dont il ne resterait que les trous laissés par le passage de l’aiguille dans votre peau. C’est ce que vous avez vu avec le cycle des Reliefs.
ps: A la Renaissance, en Italie centrale, on introduit l’emploi du carton préparatoire pour réaliser des fresques murales. La fresque entière est figurée grandeur nature sur le carton. Les lignes qui en composent le dessin sont formées par des points perforés. Une fois appliqué le carton sur l’intonaco frais, on projette une très fine poudre de charbon. yvan-fayard-kunshaus-l-6-fribourg-reg-10-14.1260293490.jpg
Ainsi la poudre, passant à travers les petits trous, laisse la trace à suivre dans le travail au pinceau. Cette technique est appelée « spolvero ».
 

photos de l’auteur

vous pouvez retrouver les dates et les horaires de visites et les parcours indiqués sous Regionale 10

Grand merci à Ivan Favard pour le temps qu’il m’a accordé