Füssli, Drame et Théâtre

Jusqu’au 10 février 2019, au Kunstmuseum Basel | Neubau
Pour la première fois, le Kunstmuseum Basel consacre
une grande exposition monographique à l’artiste suisse
Johann Heinrich Füssli (né à Zurich en 1741, décédé à
Putney Hill en 1825).

Füssli et Bodmer et le buste d’Homère
tableau qui n’est pas dans l’exposition, vu à la Kunsthalle de Zurich

Ses jeunes années se passent à Zurich jusqu’en 1761.
Puis à Rome de 1771 à 1779 où il apprend la peinture.
Il est éduqué par un père érudit, un précepteur et mentor
Johann Jacob Bodmer et un parrain Salomon Gessner
qui lui enseignent, le latin, la mythologie et la bible, la divine
comédie.
Füssli compte parmi les peintres les plus novateurs du
XVIIIe siècle. Et parmi les plus marginaux.
À cheval entre les Lumières et le Romantisme,
il témoigne des antagonismes de l’époque, tiraillée entre
raison et déraison.

Près de 70 tableaux mettent en lumière deux de ses sources
d’inspiration majeures : la littérature et le théâtre.
C’est l’un des créateurs les plus fascinants de la fin du 18e s.
Dans une période sombre, la révolution française, la Terreur
la mort de Louis XVI, de Marat, puis de Robespierre,
la fermeture des académies, des université, des musées,
le patriotisme prend la place de la culture.
L’Europe est dans la tourmente. Les valeurs occidentales
sont en train de se lézarder.
Alors qu’en Amérique est érigé le Capitole symbole du
nouveau monde et de la liberté, en Angleterre Georges III
sombre dans la démence. Ce monde sombre, contemporain
alimente la création surréaliste et  onirique de Füssli.
Féru de littérature l’artiste s’installe à Londres de 1781 à 1825.
A la Royale académie c’est Füssli qui est célébré avec Titania.
(1793/94). Il découvre Shakespeare et Milton.
Füssli, Titania

L’exposition Füssli, Drame et Théâtre s’intéresse aux
sources littéraires de ses peintures ainsi qu’aux moyens
stylistiques mis en oeuvre.
L’oeuvre entière de Füssli est parcourue par son intérêt
pour la grande littérature à laquelle il s’initie durant ses
années d’études à Zurich. Il emprunte des motifs à
la mythologie antique, au Paradis perdu de John Milton et
aux drames de Shakespeare dont il propose une mise
en scène « théâtralisée ».
Füssli, Paradis Perdus Milton

De remarquables compositions
montrent les corps tendus à rompre de héros et de femmes
vierges éclairés d’une lumière crue, tandis que des visions
spectrales, anges déchus, fées et autres apparitions surnaturelles
déploient un fantastique spectaculaire, souvent sombre.
À la croisée du classicisme et du romantisme, Füssli délaisse
les conventions artistiques et se voue au royaume de son
imagination fantasque.
« Shakespeare de la toile »

Après un séjour de plusieurs années à Rome, comme beaucoup
d’artistes de l’époque il fait le « grand tour« , Füssli fait fureur
à Londres à partir des années 1780 avec ses peintures
consacrées à des oeuvres shakespeariennes.

L’exposition présente notamment des grands formats
de Songe d’une nuit d’été, Macbeth et Hamlet que l’artiste
autodidacte réalise pour deux galeries littéraires et qui lui
valent bientôt le surnom de « Shakespeare de la toile ».
Des oeuvres majeures issues de son projet d’une
galerie Milton à laquelle il se consacre entre 1790 et 1800
sont également présentées.
L’image de « Suisse sauvage » excentrique, tel que Füssli
fut surnommé à Londres, est jusqu’à aujourd’hui fortement
marquée par Der Nachtmahr, tableau au succès scandaleux,
dont l’exposition montre la version d’une collection particulière
bâloise.
Ainsi, le public perçoit surtout le peintre comme le précurseur
du romantisme noir du « Gothic Horror ».
L’exposition au Kunstmuseum Basel étoffe cette image
en présentant Füssli comme un artiste extrêmement lettré
doué d’une imagination géniale. Elle donne à voir au visiteur
des matières épiques devenues tableaux et explore aussi bien
l’univers littéraire que l’imaginaire dramatique de Füssli.
Les sources d’inspiration de Füssli sont présentées à travers des
sections consacrées à des légendes antiques et médiévales,
à son étude d’oeuvres plus récentes et contemporaines,
comme Oberon de Christoph Martin Wieland, à des
tragédies et comédies de Shakespeare ainsi qu’au
Paradis perdu, poème épique de John Milton.
Füssli, Oberon

Une autre section est dédiée aux images d’auteur et aux
inventions de Füssli – des peintures qui ne s’inspirent pas
directement d’une oeuvre littéraire existante mais qui
représentent « la personnification des sentiments » que l’artiste
intègre de temps à autre à des contextes narratifs de sa propre
invention.
Füssli, Amour et Psyché

International et multimédia
À l’instar de Füssli, l’exposition Drame et Théâtre aspire
également à produire une vive impression en mettant
l’accent sur la peinture, médium qui suscite l’admiration.
Près de 70 oeuvres présentent les mondes picturaux à la fois
spectaculaires et intellectuellement exigeants élaborés par
Füssli durant ses décennies londoniennes.
Aux côtés des sept peintures du Kunstmuseum Basel
figurent des prêts généreux du Kunsthaus Zürich, de la
Folger Shakespeare Library de Washington, du Yale
Center for British Art de New Haven
, du Louvre, de la
Tate London et du Metropolitain Museum of Art in
New York
ainsi que d’autres musées suisses et internationaux
et de collections particulières.

Thom Luz, régisseur au Theater Basel, parvient dans
un travail vidéo à réunir les univers de la littérature, du théâtre
et de l’art au sein du musée en menant une réflexion du point
de vue du théâtre contemporain sur l’atmosphère et la
dimension parfois mystérieuse de l’oeuvre de Füssli.
Commissaire : Eva Reifert


En outre, l’audioguide propose au visiteur de se laisser
guider personnellement par Füssli à travers les salles
d’exposition.
Podcast le paradoxe Füssli, l’art est la matière
Publication
Dans le cadre de l’exposition, un catalogue paraît aux éditions
Prestel Verlag. Il propose une approche interdisciplinaire et
donne la parole aux sciences littéraires et théâtrales.
Ainsi, Alexander Honold se penche sur les enseignements
poétologiques de Johann Jakob Bodmer et de Johann Jakob
Breitinger auprès desquels Füssli a étudié à Zurich et explore
les sources de sa conception de l’art.
Pour sa part, Beate Hochholdinger-Reiterer montre comment
l’artiste entre en contact avec l’oeuvre de Shakespeare
et la manière dont le théâtre londonien a exercé une influence
sur son art à partir des années 1760.
Citons enfin d’autres contributions de Eva Reifert, Bodo Brinkmann,
Claudia Blank, Gabriel Dette, Thom Luz et Caroline Rae.
Catalogue qui n’existe hélas qu’en allemand ou en anglais.
Kunstmuseum Basel | Neubau,
St. Alban-Graben 16, 4052 Basel
du mardi au dimanche 10.00–18.00
Mercredi jusqu’à 20h

depuis la gare SBB tram n° 2 arrêt Kunstmuseum
 

Mon Nord est Ton Sud

Jusqu’au 11 novembre 2018 à la Kunsthalle de Mulhouse
L’objet de l’exposition Mon Nord est Ton Sud, n’est pas de
développer une analyse sur ce qui rapproche ou éloigne
Mulhouse et Freiburg im Breisgau mais de prendre le
prétexte de ces deux villes pour observer des réalités plurielles
et développer une réflexion sur ce qui différencie deux sujets,
deux situations a priori proches voire confondues.
Sandrine Wymann

Katrin Ströebel

L’exposition est construite autour d’une autre idée de
l’exotisme : il existe plusieurs espaces qui se côtoient, dont
l’espace géographique à l’intérieur desquels les objectifs,
les visées ou les attentes sont pluriels parfois même
contradictoires.
les artistes :
Bertille Bak – Chto Delat – Gil & Moti – Jan Kopp
Georg ia Kotretsos – Katrin Ströbel -Clarissa Tossin
– Maarten Vanden Eynde

Gil & Mot
i
(nés respectivement en 1968 et 1971 en Israël, ils vivent
et travaillent aux Pays Bas)

Ce duo d’artistes masculins affiche clairement son identité :
couple homosexuel, ex-juifs israéliens immigrés aux Pays-Bas.
De là découle tout leur travail qui prend la forme d’installations,
de peintures, dessins, films et photographies. Réunis depuis 1998, ils
partagent tout, chaque moment, mêmes vêtements, mêmes clés,
même portefeuille… À eux deux, ils se sont fabriqué une nouvelle
individualité hors norme, bien décidés à explorer sans concession les
thèmes socio-politiques qui les animent, comme celui des minorités
discriminées, du racisme, de l’altérité.
En 2014 est né le projet Dutch Volunteers. La première
condition pour pouvoir s’inscrire comme volontaires
d’une ONG néerlandaise et partir dans les territoires Cisjordaniens
afin d’apporter leur aide aux palestiniens, était
qu’ils abandonnent leur nationalité israélienne pour devenir
des citoyens néerlandais. Cette nouvelle nationalité
obtenue, ils ont pu se rendre à la fois dans les territoires
occupés et en Israël. Les oeuvres présentées dans Mon Nord
est Ton Sud sont des témoignages de plusieurs communautés
qui se côtoient sans savoir se rencontrer.
Jan Kopp (né en 1970, il vit et travaille
à Lyon en France)

Dessin, vidéo, sculpture, performance, l’ensemble de ces médiums
sont présents dans la pratique de Jan Kopp, pourvu qu’ils
lui laissent la possibilité de prolonger une rencontre.
L’« être ensemble » est un thème qu’il explore sous
différentes formes aussi bien participatives que
contemplatives. Il s’intéresse à la ville qui est un
vivier formidable d’architecture mais aussi de
chaos, d’organisations sociales et de personnes.
Elle lui offre des espaces à arpenter et des détails
à observer.
Utopia House est un projet et une oeuvre nés de l’écoute et
de la rencontre. La commande initiale était de réhabiliter un foyer
décati d’élèves de lycée, d’offrir à de jeunes adolescents un espace
de vie agréable. En les écoutant, Jan Kopp s’est aperçu
que l’envie d’évasion était au moins aussi forte que
la demande d’un nouveau lieu de convivialité.
À ce message, il a répondu par Utopia House, une
sculpture habitable qui est à la fois un bateau et
une habitation. Construite collectivement par une
mise en commun de savoir-faire et d’immenses
énergies, l’oeuvre a ensuite navigué pendant
plusieurs semaines de Mulhouse à Lyon, aller retour.
Georg ia Kotretsos (née en 1978 à Thessalonique en Grèce,
elle vit et travaille à Athènes)
Georgia Kotretsos, a grandi
en Afrique du Sud, étudié aux Etats-Unis puis est
revenue travailler en Grèce. De là, elle développe
une oeuvre très inscrite dans l’actualité du monde
qu’elle observe à partir de son statut de femme
artiste grecque. La question du savoir, de son
partage et le débat sont au coeur de son engagement.
Activiste, elle a un travail de photographie, de
dessin, de sculpture mais elle est aussi à l’initiative
de rassemblements, de conférences, de textes qui
traduisent autant sa parole que celles de ceux qu’elle
engage à ses côtés.
En avril 2016, elle entreprend la première
expédition liée à son projet The Phototropics. En
partant sur l’île d’Ithaki, l’objectif est de mener un
voyage de recherche pour explorer le phénomène
du phototropisme appliqué aux mouvements
humains. Sur place, elle déploie des gestes
éphémères, comme inscrire le mot « HELP » en
anglais et en arabe sur les plages avec les parasols
des vacanciers. Les expéditions suivantes la mènent
au Maroc à Merzouga dans le désert, autre point
stratégique de la migration humaine, puis aux
grottes d’Hercule point de départ de nombreux
migrants. Les photographies et dessins présentés
dans Mon Nord est Ton Sud documentent les
voyages successifs tandis que les sculptures
attenantes rappellent la fragilité des états jamais
définitivement installés.
Pour construire votre visite / parcours au sein de
l’exposition :
Emilie George / Chargée des publics
emilie.george@mulhouse.fr
+33 (0)3 69 77 66 47
Éventail des visites à thème téléchargeable sur
www.kunsthallemulhouse.com

Miro au Grand Palais de Paris

Le Grand Palais, à Paris, présente dans  une rétrospective dédiée
au grand maître catalan Joan Miró (1893-1983),
près de 150 oeuvres,  jusqu’au 4 février 2019.

Miro Peinture Poème

ceci est la couleur de mes rêves

« Il m’est difficile de parler de ma peinture, car elle est
toujours née dans un état d’hallucination, provoqué
par un choc quelconque,
objectif ou subjectif, et duquel je suis entièrement
irresponsable.

Quant à mes moyens d’expression, je m’efforce d’atteindre
de plus
en plus le maximum de clarté, de puissance et
d’agressivité plastique,

c’est-à-dire de provoquer d’abord une sensation physique,
pour arriver ensuite à l’âme. »
« Déclaration », Minotaure : revue artistique et littéraire,
n° 3-4, décembre 1933, p. 18, dans Joan Miró :
Écrits et entretiens
, Margit Rowell (éd.),
Paris, Daniel Lelong, 1995, p. 132
Miro Autoportrait

Les oeuvres sont réunies afin de donner à cet oeuvre unique
et majeure toute la place qui lui revient dans la
modernité.  Des prêts exceptionnels, provenant de grands musées
internationaux, européens et américains, ainsi que de grandes
collections particulières mettent l’accent sur les périodes
charnières de Miró qui déclarait :
« Les gens comprendront de mieux en mieux que
j’ouvrais des
portes sur un autre avenir, contre toutes
les idées fausses,
tous les fanatismes ».
La création de cet artiste protéiforme, colorée, poétique,
d’exception irrigue l’art de tout le XXe siècle, irradiant de sa
puissance et de sa poésie près de sept décennies avec une
générosité et une originalité inégalées.
Miro, la Ferme 1921 / 22

Dans une scénographie, créée tout spécialement pour les
espaces du Grand Palais et rappelant l’univers
méditerranéen de Miró, des oeuvres majeures (peintures
et dessins, céramiques et sculptures, livres illustrés)
se côtoient afin de mettre en lumière cet itinéraire marqué
de renouvellements incessants.
Miro le Carnaval d’Arlequin 1924/25

L’exposition débute au premier étage, avec les périodes
fauve, cubiste et détailliste, suivie de l’époque surréaliste où
Miró invente un monde poétique, inconnu jusqu’alors
dans la peinture du XXe siècle. Ces périodes fécondes
mettent en évidence les questionnements de l’artiste, ses
recherches ainsi que sa palette de couleurs toujours au
service d’un vocabulaire de formes inusitées et nouvelles.
Miro , l’Addition 1925

C’est un esprit rebelle et libre qui crée un langage propre
Ni abstrait ni figuratif, riche de multiples inventions, c’est
dans un parcours poétique que l’on découvre le langage
résolument neuf que n’a eu de cesse de développer
Miró. Son art prend ses sources dans la vitalité du quotidien
pour s’épanouir dans un monde jusqu’alors méconnu où les
rêves du créateur occupent une place privilégiée.

« Il me faut un point de départ, explique Miró, ne serait-ce
qu’un grain de poussière ou un éclat de lumière. Cette forme
me procure une série de choses, une chose faisant naître
une autre chose. Ainsi un bout de fil peut-il me déclencher
un monde. »
La montée du fascisme, dans les années 1930, le voit s’engager
dans une lutte sans fin pour la liberté. Des peintures dites
« sauvages » illustrent la force étrange et inédite qu’il donne
à son oeuvre dans ces moments de tension extrême.

Pour l’exposition universelle de 1937, il expose à côté de Guernica
son oeuvre , le Faucheur, un paysan avec une faucille.
Oeuvre malheureusement perdue, qu’il avait donnée aux espagnols.
Dans les années 1940, l’apparition des Constellations, une série
de petits formats exceptionnelle exécutée à Varengeville-sur-Mer,
en Normandie, livre un dialogue avec des rêves inassouvis.
Bientôt ce sera l’interrogation sur la céramique qui donnera
naissance à une sculpture qui témoigne, là aussi, de cette passion
pour la réalité et une part de rêverie qui n’était pas a priori
imaginable dans cette discipline.

Miró
transforme le monde avec une apparente simplicité
de moyens, qu’il s’agisse d’un signe, d’une trace de doigt ou de celle
de l’eau sur le papier, d’un trait apparemment fragile sur la toile,
d’un trait sur la terre qu’il marie avec le feu, d’un objet insignifiant
assemblé à un autre objet.

Il fait surgir de ces rapprochements étonnants et de ces mariages
insolites un univers constellés de métamorphoses poétiques qui vient
réenchanter notre monde.
« Pour moi, avoue Miró, un tableau doit être comme
des étincelles.

Il faut qu’il éblouisse comme la beauté d’une femme ou
d’un poème ».

Miro et Prévert

Les dernières salles sont consacrées aux vingt-cinq dernières années
de la création du peintre. Dans son grand atelier de Palma de Majorque
construit par son ami l’architecte Josep Lluis Sert, Miró peint
des oeuvres de plus grands formats qui donnent une ampleur
nouvelle à un geste toujours aussi méticuleusement précis.
Le vide s’empare d’une grande partie des toiles longuement
méditées. Miró déploie une énergie nouvelle

avec des signes et des formes mettant en évidence une création
toujours en éveil. De grandes sculptures en bronze, parfois peintes,
disent, aussi à cette époque, la juxtaposition heureuse entre
le réel et l’irréel. Dans cette oeuvre ultime où le noir surgit
souvent avec une force nouvelle, le tragique frôle toujours
l’espoir.
Ainsi Miró investit-il l’univers pictural et sculptural avec une
acuité attisée par le temps qui passe.
Jean-Louis Prat

commissariat :
Jean-Louis Prat, ancien directeur de la fondation Maeght
(1969-2004), historien de l’art,
membre du Comité Joan Miró et ami de l’artiste
scénographie : Atelier Maciej Fiszer

Podcast les Constellations avec Jean Louis Prat
Il y évoque aussi les toiles sur le prisonnier qui attend son execution

 

Sommaire du mois de septembre 2018

01 septembre 2018 : Balthus à la Fondation Beyeler
12 septembre 2018 : 150 ans du zoo de Mulhouse, Cinq regards – Robert Cahen
17 septembre 2018 : The Music of Color – Sam Gilliam, 1967–1973
19 septembre 2018 : Nagasawa Rosetsu – D’un pinceau impétueux
23 septembre 2018 : Mondes intérieurs au Kunstmuseum de Bâle
26 septembre 2018 : Alphonse Mucha
28 septembre 2018 : Eblouissante Venise au Grand Palais

Eblouissante Venise au Grand Palais

Jusqu’au 21 janvier 2019 au Grand Palais
L’exposition semble un peu sombre lorsqu’on y pénètre,
mais c’est pour mieux révéler les splendides toiles vénitiennes
que l’on peut découvrir au long du parcours. Si on a de la
chance, des musiciens du conservatoire vous accompagnent
en musique.
Héritière d’une tradition multiséculaire, la civilisation
vénitienne brille de tous ses feux à l’aube du XVIIIe siècle,
dans le domaine des arts plastiques autant que dans ceux
des arts décoratifs, de la musique et de l’opéra.

Francesco Guardi

Grâce à la présence de très grands talents, parmi lesquels,
pour ne citer qu’eux, les peintres Piazzetta et Giambattista Tiepolo,
le vedutiste Canaletto, les sculpteurs Corradini et Brustolon,
Venise cultive un luxe et une esthétique singuliers.
La musique y vit intensément à travers les créations de
compositeurs comme Porpora, Hasse, Vivaldi, servies par
des chanteurs de renommée internationale comme le castrat
Farinelli ou la soprano Faustina Bordoni.
Farinelli

Au sein des « Ospedali » les jeunes filles orphelines ou pauvres
reçoivent une éducation musicale approfondie et leur virtuosité
les rend célèbres dans toute l’Europe.
Dans la cité, pendant le Carnaval, le théâtre et la farce sont
omniprésents, la passion du jeu se donne libre cours au
« Ridotto » .
Francesco Guardi

La renommée internationale des peintres et sculpteurs vénitiens
est telle qu’ils sont invités par de nombreux mécènes
européens. La portraitiste Rosalba Carriera, Pellegrini,
Marco et Sebastiano Ricci, Canaletto, Bellotto, voyagent
en Angleterre, France, dans les pays germaniques et en Espagne
où ils introduisent un style dynamique et coloré qui prend
la forme de la rocaille en France, du Rococo dans les pays
germaniques et contribuent à former de nouvelles générations
de créateurs. L’immense chef d’œuvre de Giambattista Tiepolo,
la voute de l’escalier d’honneur de la Résidence de Wurzbourg
est exécuté entre 1750 et 1753.

Cependant la situation politique et économique de Venise
devient de plus en plus fragile et un essoufflement se fait
sentir à partir de 1760 même si la Sérénissime demeure la
destination privilégiée des voyageurs du grand tour qui constitue
une clientèle attitrée pour les « Vedute » de Canaletto,
Marieschi et Francesco Guardi.
Pietro Longhi

Tout au long du XVIIIe siècle, le mythe de Venise, cité unique
par son histoire, son architecture, son mode de vie, sa vitalité festive,
se développe peu à peu. De grands peintres s’expriment encore,
dans la ville elle -même et sur la terre ferme.
Canaletto

Avec Giandomenico Tiepolo et Pietro Longhi, la peinture
incline progressivement vers la représentation plaisante d’un
quotidien vivant, coloré, sonore, peuplé d’étranges figures masquées.
Le carnaval bat son plein et Goldoni restitue par le théâtre
sous forme comique, les travers et les contradictions de la société
contemporaine. De plus en plus, derrière les fastes des cérémonies publiques, l’organisation oligarchique de l’Etat et l’économie se sclérosent
dangereusement. L’intervention de Napoléon Bonaparte
provoque la chute de la République en 1797.

L’exposition est un hommage à cette page d’histoire artistique
de la Serenissima, en tout point remarquable, par le choix des
peintures, sculptures, dessins et objets les plus significatifs
ainsi que par la présence de comédiens et musiciens se produisant
in situ.
Marionette Brighella

Un pas de côté!
Macha Makeïeff a imaginé des espaces à la fois pour un récit
vivant de cette Venise éclatante mais aussi pour une traversée
de sensations et d’étonnements : échos de musique, de danse et
de scène, rendez-vous nocturnes réguliers pour un public désireux
de remonter le temps dans la lagune (programme détaillé à venir).
Week-end à Venise avec Macha Makeïeff
podcast France culture
Antonio Corradini, Allégorie de la Foi

Avec la complicité du Conservatoire national supérieur de musique
et de danse de Paris, des théâtres Gérard Philipe à Saint-Denis
et de La Criée à Marseille, et du Pavillon Bosio, école supérieure
d’Arts plastiques de la Ville de Monaco, qui se prêtent au jeu
des mélanges heureux.
Podcast L’art est la matière France culture
Venise l’Insolente Arte

Alphonse Mucha

Jusqu’au 27 janvier 2019 au Musée du Luxembourg
19, rue Vaugirard, 75006 Paris
Alphonse Mucha (1860-1939) est un artiste à la fois célèbre
et méconnu. Célèbre pour avoir parfois donné son nom à
l’Art nouveau, dont il fut sans doute le représentant le plus
populaire. Méconnu pour son immense ambition de peintre voué
à la cause nationale de son pays d’origine, qui ne s’appelait pas
encore la Tchéquie, et des peuples slaves.

L’exposition du Musée du Luxembourg, la première consacrée à
l’artiste dans la capitale depuis la rétrospective du Grand Palais
en 1980, se propose donc de redécouvrir le premier Mucha et de
découvrir le second, de redonner à cet artiste prolifique toute sa
complexité artistique, politique et spirituelle.
Né en 1860 en Moravie, Mucha arrive à Paris en 1887 et
commence une carrière d’illustrateur.

Alphonse Mucha reste indissociable de l’image du Paris 1900
En décembre 1894, c’est sa rencontre avec la grande tragédienne,
Sarah Bernhardt, qui lance sa carrière d’affichiste. Il réalise pour
elle l’affiche de Gismonda, une pièce de Victorien Sardou,
première d’une longue série d’affiches publicitaires, ou simplement
décoratives, variant à l’infini un répertoire de figures féminines
entremêlées de fleurs et de volutes graphiques, qui lui apporteront
une immense notoriété et l’amitié d’artistes comme Gauguin ou
Rodin. Il est parallèlement sollicité pour des travaux de décoration,
par le joaillier Georges Fouquet, ou d’illustration pour des livres.
Mais dès 1900 et à l’occasion de l’Exposition universelle,
il entreprend de concevoir un projet qui dépeint l’histoire et la
civilisation du peuple tchèque et des peuples slaves.

On passe d’un artiste décoratif, à un artiste spirituel et politique.
Au travers de toutes ces œuvres, c’est la figure d’un homme
qui se dessine, mystique et visionnaire, animé d’une véritable
pensée politique, à l’heure du renouveau national tchèque et
de l’éclatement de l’Empire austro-hongrois.

Tout le travail préparatoire pour L’Épopée slave qui l’occupe
entre 1911 et 1928 témoigne de son attachement à son pays
natal et de son rêve d’unité entre les peuples slaves.
Au-delà du maître de l’Art nouveau, c’est donc l’œuvre
foisonnante et la personnalité singulière de cet artiste
que l’exposition entend révéler aux visiteurs.

Cette entreprise, teintée d’une philosophie humaniste,
franc-maçonne, va l’occuper les trente dernières années
de sa carrière et le conduire à peindre des toiles gigantesques,
pour lesquelles il produit une abondante quantité d’études
préparatoires au dessin virtuose.

Cette rétrospective montre donc non seulement les affiches qui
ont fait sa gloire, mais aussi ses merveilleuses planches d’illustrateur,
ses peintures, ses photographies, bijoux, sculptures, pastels
qui permettent aux visiteurs de découvrir toute la diversité
de son art.
commissaire : Tomoko Sato, conservateur de la Fondation Mucha,
Prague

Mondes intérieurs au Kunstmuseum de Bâle

Mondes intérieurs
Donation Betty et Hartmut Raguse-Stauffer

Jusqu’au 6 janvier 2019,
au Kunstmuseum Basel | Hauptbau, entresol

Hartmut Raguse-Stauffer et la commisaire Anita Haldemann

Depuis 2014, le Kupferstichkabinett du Kunstmuseum Basel
a accepté environ 300 oeuvres sur papier des domaines de
l’expressionnisme et de l’art contemporain pour l’essentiel,
dans le cadre d’une généreuse
donation de Betty et Hartmut Raguse-Stauffer.
Une sélection de ces oeuvres est présentée pour la première fois
au public.
La donation de Betty et Hartmut Raguse-Stauffer
reflète une remarquable activité de collectionneur longue
de quarante ans.
Emil Nolde

Celle-ci témoigne non seulement d’un attachement
inconditionnel à l’art, d’une expertise confirmée et d’une
intuition fine pour la qualité, mais elle est aussi l’expression
de la relation profonde entre deux individus qui ont mené
une existence commune durant de longues années.
Donation Betty et Hartmut Raguse-Stauffer s’attache
à honorer l’engagement généreux de ce couple de collectionneurs
et rend hommage à Betty Raguse-Stauffer disparue en 2015.
Betty et Hartmut Raguse-Stauffer acquièrent
leur première oeuvre un dessin de A.R. Penck
à l’occasion de leur mariage en 1976.
A.R. Penck Ohne Titel, ca. 1970 Aquarell
Blatt: 29.5 x 21 cm
Kunstmuseum Basel / Geschenk Betty und Hartmut Raguse-Stauffer

L’année suivante, l’acquisition d’une eau-forte d’Emil Nolde marque
l’entrée d’une seconde oeuvre dans la collection qui sera suivie
d’autres, nombreuses. Dès les premières années, les deux intérêts
principaux des collectionneurs se profilent : ils montrent un attachement
pour les artistes expressionnistes, en particulier Emil Nolde, qui comme
Hartmut Raguse est originaire du Nord de l’Allemagne ;
Emil Nolde, Paysage 1942

d’autre part, ils suivent les développements de l’art contemporain
et se passionnent pour des artistes figuratifs tels que A.R. Penck,
Jonathan Borowski, Marlene Dumas et Rosemarie Trockel.
Jonathan Borofzsky, 1942

Le couple de collectionneurs apprécie également les artistes suisses
des années 1980 comme Silvia Bächli, Miriam Cahn et
Josef Felix Müller dont il fait donation à
l’Aargauer Kunsthaus d’Aarau
où nombre d’entre elles furent
présentées dans l’exposition Wild Thing à l’hiver 2017-2018.
Betty et Hartmut Raguse ne s’attachaient pas à collectionner
certains artistes ou courants artistiques en particulier. En revanche,
ils accordaient de l’importance à l’oeuvre elle-même et au motif
qui reflétait leurs sensibilités et intérêts : les expériences humaines
existentielles telles que l’amour et la mort, la religion et la
spiritualité, ainsi que la musique.
Jonathan Borofzky

Dans le choix des feuilles transparaissent la profession
de Hartmut Raguse, théologien et psychanalyste, mais aussi
sa passion pour la musique, de même que le métier de sa femme,
psychanalyste.
Le lien émotionnel avec une oeuvre, sa force
expressive et le contexte de la collection ont toujours
constitué des fils conducteurs.
Helmut Middendorf Sensenmann, 1987 Aquarell

Grâce à leur enthousiasme et ténacité,
Betty et Hartmut Raguse-Stauffer ont acquis une
impressionnante collection au long des années.
Depuis 2014, le Kupferstichkabinett
du Kunstmuseum Basel
a bénéficié d’une donation
de 126 dessins, 157 gravures, 9 livres et 18 photographies
provenant de cette collection
.
Dans cette exposition le Kunstmuseum présente une sélection
d’environ 70 dessins et aquarelles issus de ce fonds abondant
et varié.

Commissaires : Anita Haldemann, Ariane Mensger

Horaires d’ouverture
Hauptbau & Neubau
Lundi fermé Ma 10.00–18.00
Me 10.00–20.00 – Je–Di 10.00–18.00
A partir de la gare CFF (Bahnhof SBB)

Tram n°2 en direction de «Eglisee/Badischer Bahnhof»,
descendre à l’arrêt «Kunstmuseum» (environ 4 min.)

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
CH-4010 Basel
Tel. +41 61 206 62 62

Nagasawa Rosetsu – D’un pinceau impétueux

Le tigre le plus célèbre du Japon – et, avec lui,
un temple tout entier
– est l’hôte exclusif du
Musée Rietberg à Zurich
pendant huit semaines.
Jusqu’au 4 novembre 2018

Muryoji_tiger
Tigre
Nagasawa Rosetsu (1754-1799). Détail d’une série de six panneaux coulissants; encre sur papier,

En 1786, au cours d’une seule et même nuit, l’artiste japonais
Nagasawa Rosetsu (1754–1799) aurait peint ce tigre
monumental et son pendant – un dragon – sur les
panneaux coulissants du temple Muryōji à Kushimonto, préfecture
de Wakayama.
Les remarquables peintures murales du temple ainsi que
d’autres chefs-d’oeuvre tout aussi époustouflants de Rosetsu sont,
pour la première fois, présentées hors du Japon.
L’exposition «ROSETSU – D’un pinceau impétueux» donne un
aperçu du travail fascinant de cet artiste japonais peu conventionnel.
Nagasawa Rosetsu, considéré comme l’un des artistes les plus
excentriques et novateurs du début de l’art moderne nippon, a réalisé
au cours de sa courte carrière de très nombreuses peintures qui
restent mémorables en raison de leur caractère visionnaire.
Les oeuvres originales de Rosetsu, visuellement fascinantes et
hautement fantasques, échappent à toute classification.
Il a su effectuer simultanément différentes techniques picturales
dans une variété de formats et changer fréquemment de style de
peinture au cours de sa courte carrière. Rosetsu a peint des
images remplies de dynamisme et d’humour à coups de pinceaux
virtuoses ou de ses doigts nus, mais aussi des compositions délicates
et élégantes tracées au pinceau fin trempé dans des pigments de
couleurs vives.
La sélection des oeuvres proposées offre une vue d’ensemble sur
ses motifs préférés et sur le large éventail de son répertoire
stylistique et formel. Les tableaux, quelques fois extraordinairement
réalistes, d’autres fois étonnamment modernes et presque abstraits,
mettent en lumière sa biographie entourée de légendes et son lien
avec le bouddhisme zen.
L’exposition nous emmène dans un voyage sur les traces de
Rosetsu à travers un Japon pré-moderne, jusqu’ici peu
connu, et qui reste étonnamment proche de notre époque.

L’exposition au Musée Rietberg comprend près de
60 travaux issus de multiples temples et de musées renommés
au Japon, en Allemagne et aux États-Unis. Un grand nombre
des pièces exposées sont enregistrées en tant que
«biens culturels importants» [patrimoine culturel du
Japon]
ou «oeuvres majeures»
[trésors nationaux du Japon].

Outre des peintures d’oiseaux et de fleurs riches en détails et
hautes en couleurs, ou encore des portraits de dames distinguées
dessinées sur des rouleaux suspendus (kakejiku) ou des
rouleaux horizontaux (makimono), le public peut admirer des
scènes panoramiques peintes sur des panneaux et des paravents
représentant des paysages fantastiques, des sages à l’air renfrogné,
ou encore des scènes de la vie quotidienne.

Grâce à la composition iconographique peu conventionnelle
des peintures de Rosetsu et ses coups de pinceaux dynamiques,
les motifs traditionnels de la peinture asiatique connaissent une
interprétation nouvelle qui ne cesse de surprendre, divertir et
fasciner le spectateur.
Lorsqu’il peint avec les doigts ou travaillait au moyen de pinceaux
émoussés, Rosetsu est un artiste impétueux et excentrique.
Mais lorsqu’il représente des chiots, des singes ou des enfants,
c’est avec délicatesse qu’il applique l’encre de Chine sur
le papier à l’aide de son pinceau fin, avec grande précision et
une attention aux moindres détails.
Au coeur de cet événement, on retrouve les 48 panneaux peints
– dont le tigre et le dragon – ainsi que des rouleaux
suspendus que Rosetsu a réalisé en 1786 pour la résidence
de l’abbé de Muryōji, un temple Zen
de Kushimoto (préfecture de Wakayama).
Ils n’ont, jusqu’à présent, jamais été vus ailleurs dans leur
intégralité. À Zurich, ils sont mis en scène dans une reconstruction
du temple et offrent au public une expérience unique ainsi que la
possibilité de profiter de la peinture dans son contexte architectural
d’origine.
Les peintures murales du temple Muryōji sont accompagnées
de nombreuses oeuvres exceptionnelles:
toutes ces images peintes sur des paravents, des rouleaux
suspendus (kakejiku), des rouleaux horizontaux
(makimono), des albums et des éventails illustrent de façon
impressionnante la carrière productive et variée de Rosetsu.
Le sens de l’humour unique de Rosetsu et ses compositions
avant-gardistes nous montrent un autre aspect, encore inconnu,
de la peinture japonaise en particulier, et de la culture japonaise
du XVIIIe siècle en général.
Pour des raisons de conservation, l’exposition dure deux mois.
Certaines pièces exposées seront échangées avec d’autres au bout
de quatre semaines.Issu d’une lignée de Samouraï, Rosetsu a suscité l’attention de
son vivant. De part sa personnalité débridée et son talent
extraordinaire, il a fait sensation dans les cercles artistiques
de la capitale impériale de Kyoto et des régions environnantes
de l’ouest du Japon. Reconnu depuis longtemps comme
l’un des disciples les plus talentueux du célèbre peintre influent
Kyoto, Maruyama Ōkyo (1733-1795), le nom de Rosetsu est
étroitement associé à la «généalogie des excentriques» parmi
lesquels on retrouve des artistes plus anciens tels que
Itō Jakuchū et Soga Shōhaku.
Commissaires de l’exposition
Dr. Khanh Trinh, conservatrice du département d’art japonais et
coréen au Musée Rietberg à Zurich
Dr. Matthew Mc Kelway, Professeur d’histoire de l’art japonais
à Université Columbia de New York et directeur du Centre d’art
japonais Mary Griggs Burke
Catalogue de l’exposition
Dans le cadre de l’exposition, un catalogue est à paraître aux
Éditions Prestel, en allemand et en anglais,
avec des essais scientifiques et des textes sur toutes les pièces
exposées, ainsi que des illustrations en couleurs de tous les objets.
Le catalogue présente les recherches les plus récentes;
c’est, en outre, la première publication la plus complète sur
Nagasawa Rosetsu en langues occidentales.

Visites guidées privées et publiques, ainsi que des ateliers
à l’attention des groupes scolaires, sont adossées à l’exposition et
complétées par un riche programme de manifestations.
Cette exposition est réalisée en coopération avec l’Agence pour
les affaires culturelles du gouvernement japonais (Bunkachō)

The Music of Color – Sam Gilliam, 1967–1973

Jusqu’ 30 septembre 2018, au
Kunstmuseum Basel | Neubau

Commissaires : Jonathan Binstock, Josef Helfenstein

Avec The Music of Color, le Kunstmuseum Basel organise
la première exposition individuelle et institutionnelle en Europe
consacrée à l’artiste Sam Gilliam (né en 1933). L’équipe
curatoriale internationale propose d’apporter un éclairage sur
les années 1967–1973, soit la période de création la plus radicale
de l’artiste américain qui
fut le premier Afro-Américain à représenter
les États-Unis à la Biennale de Venise.

Sam Gilliam

Une sélection resserrée de 45 oeuvres provenant de collections
particulières et publiques du monde entier offre aux visiteurs un
aperçu de l’oeuvre singulière de ce peintre influent pourtant inconnu
en Europe et permet, dans le même temps, d’aborder l’histoire de la
peinture abstraite dans les années 1960 et 1970 sous un angle nouveau.
À travers ses oeuvres souvent monumentales et dotées de couleurs
vives, Sam Gilliam ouvre un débat artistique et théorique en
interrogeant la séparation communément admise entre peinture,
sculpture et architecture. Pour l’exposition bâloise, l’artiste a repensé
certains de ses travaux afin de répondre aux particularités
architecturales du Neubau.

Sam Gilliam

Lorsqu’il emménage à Washington D.C. en 1962, Gilliam se
rapproche de la color field painting, raison pour laquelle les
historiens de l’art l’associent souvent à la Washington Color School.
Cependant, Gilliam ne tarde pas à délaisser la voie tracée par
Mark Rothko, Louis Morris et Kenneth Noland pour affirmer son
indépendance. Deux ensembles d’oeuvres majeurs –
les Slices (ou beveled-edge paintings) et
les Drapes (ou Drape paintings) – permettent de saisir la
diversité de sa pratique artistique et le caractère novateur
de ses travaux réalisés entre 1967 et 1973.

Sam Gilliam, Lady Day

En 1967, Gilliam commence à réaliser les beveled-edge paintings.
Sa technique consiste à verser de la peinture acrylique largement
diluée sur la toile non apprêtée, puis à la plier et à la froisser tandis
que la peinture est encore fraîche. Il tend ensuite la toile sur un
châssis incliné qui confère à l’oeuvre des qualités spatiales semblables
à celles d’un objet. Malgré leurs dimensions considérables, les
oeuvres paraissent flotter à quelques centimètres du mur.
Les slices of color – motifs et lignes aléatoires résultant du
séchage – forment des textures contingentes. L’application gestuelle
de la couleur renvoie au processus pictural et à la matérialité de la
toile et de la peinture, non au peintre lui-même.
Ce faisant, Gilliam prend le contre-pied des représentants du
Minimal Art et du Pop Art qui se prononcent alors contre le geste
expressif de l’expressionnisme abstrait.

Gilliam réalise sa performance artistique la plus radicale
avec les Drapes qu’il débute en 1968
. Il continue à employer
de la peinture acrylique largement diluée et des toiles non apprêtées,
mais il renonce au châssis. Présentant des formes et des formats
les plus divers, les Drapes semblent onduler dans l’espace, glisser
sur les murs et s’apparenter aux angles d’une salle, à des rideaux,
des vêtements ou bien des voiles de bateaux. Gilliam parvient ainsi
à maîtriser le champ d’action de ses peintures, à jouer avec le
plafond, le sol et les murs de l’espace d’exposition et à proposer
aux visiteurs de nouvelles expériences esthétiques. Ainsi libérés,
les Drapes se renouvèlent sans cesse et enveloppent l’espace
d’exposition de manière performative. En jouant avec des éléments
figuratifs, certains Drapes présentent des caractéristiques florales
ou anthropomorphes.

The Music of Color aborde également la dimension politique
et historique de l’oeuvre de Gilliam. Même s’il est rare que l’artiste
s’exprime personnellement sur la politique, l’exposition présente
des travaux des séries Martin Luther King et Jail Jungle qui
font écho aux émeutes raciales de 1968. De plus, l’oeuvre intitulée
Composed (formerly) Dark as I am (1968–1974) aborde,
non sans ironie, la polarisation du débat autour du Black Art et
le rôle des artistes noirs dans la peinture abstraite dans les
États-Unis des années 1960 et 1970.

Pour la première fois, l’oeuvre Rondo (1971) est présentée dans
l’exposition. Grâce au soutien du Arnold Rüdlinger-Fonds
de la Freiwillige Akademische Gesellschaft pour la collection
du Kunstmuseum Basel, cette oeuvre a pu être acquise
en 2017. Des prêts d’exception provenant de collections
particulières et publiques du monde entier, dont celles du
Museum of Modern Art (New York), du Metropolitan Museum
of Art (New York) et du Smithsonian American Art Museum
(Washington DC), viennent compléter l’exposition.
Dans le cadre de l’exposition, la publication The Music of Color,
Sam Gilliam 1967–1973 paraît aux éditions
Buchhandlung Walther König avec des contributions de
Josef Helfenstein, Jonathan Binstock, Sam Gilliam,
Rashid Johnson et Lynette Yiadom Boakye.
une partie des photos crédit du Kunstmuseum

150 ans du zoo de Mulhouse, Cinq regards – Robert Cahen

« Voir, entendre, découvrir le zoo autrement”
et « Sons en liberté  »
deux installations pérennes de Robert Cahen,
Cinq gros tubes, en PVC posés sur des pieds en bois de châtaignier,
sorte de longues-vues géantes disposés dès l’entrée, du côté
du Vortex.  Mêmes longues vues que celles exposées à Colmar
Robert Cahen proposait par le même procédé :
« La peinture en mouvement – Les œuvres du musée Unterlinden »
C’est une première approche du parc qui s’offre à nous.

Thierry Maury, Robert Cahen, Brice Lefaux, vétérinaire, directeur du Parc zoologique & botanique de Mulhouse et Pierre Louis Cereja

Pour les 150 ans du zoo de Mulhouse, Pierre-Louis Cereja
ancien journaliste à « L’Alsace » Monsieur Cinéma,
Extérieur jour, et Thierry Maury, de Pixea Studio,
producteur,
complice de Robert Cahen, vidéaste à la réputation internationale
qui pose son regard poétique sur le parc.
C’est un rêve d’enfance, que les 2 anciens « gamins » réalisent, alors
qu’ils se promenaient auprès de la fosse aux ours en compagnie
de leurs parents. Ils se sont rencontrés adulte, mais ont constaté
qu’ils avaient la même fascination pour le zoo, ses animaux,
sa nature, ses sons. Ils ont décidé de mettre en forme leur rêve.
Ensemble ils ont soumis leur projet à Brice Lefaux,
(le directeur du parc),
qui a immédiatement bien accueilli leur idée et soutenu
le projet.
Cigognes noires

Projetés sur une toile depuis le fond du tube grâce à un
pico projecteur”,
cinq montages de 9 minutes chacun, diffusés en boucle,
dévoilent de courtes scènes, les museaux terreux des suricates,
la moue d’un chameau, le ballet aquatique de l’ours Vicks,
les cigognes sur leur nid avec vue imprenable sur Mulhouse,
des allées verdoyantes et secrètes, des sculptures enfouies.
photo Thierry Maury

« On essaie d’emporter le visiteur-spectateur dans des choses
qu’on avait envie de mettre en valeur »
,
commente Robert Cahen.
photo Eliane Goepfert

Filmé à la fois dans ce qu’il est, ce grand parc zoologique où la nature
entoure si bien les animaux, se révèle dans les aspects les plus cachés,
secrets, voire magiques.
Entre réalité et imaginaire, une création originale,
plus expérimentale,
que documentaire, dans laquelle le visiteur se
laisse entrainer dans une
promenade poétique et un dialogue
intime avec l’image

(Robert Cahen)
un petit aperçu juste pour vous faire envie, un autre,
un dernier pour la route, la réalité est nettement meilleure.
Un barrissement d’éléphant (alors que cet animal n’y a jamais mis
sa trompe), des coassements de grenouilles (alors que ces amphibiens
ne grenouillent pas beaucoup au zoo) ou le chant des gibbons
(bien présents, eux, mais pas vraiment dans ce coin-là) :
voilà qui peut plonger dans un certain trouble et éveiller la curiosité
et l’écoute.
Cinq sources sonores disposées et dissimulées dans le parc.
Diffusion aléatoire de son d’animaux, en cinq boucles de 20 mn
Panda roux

zoo-mulhouse.com
03 69 77 65 65
51 rue du jardin zoologique
68100 Mulhouse