Sommaire de Juillet 2012

02 juillet 2012 : Miguel Chevalier l’obsédé du Pixel
08 juillet 2012 : Philippe Parreno à la Fondation Beyeler
14 juillet 2012 :  14 juillet 2012
21 juillet 2012 :  Hommage à l’absente
23 juillet 2012 :  Collection Merzbacher – Le mythe de la couleur – Van Gogh, Picasso, Kandinsky
29 juillet 2012 :  Asger Jorn – un artiste libre
30 juillet 2012 :  L’Art d’aimer de la séduction à la volupté

L’Art d’aimer de la séduction à la volupté

« Sans imagination, l’amour n’a aucune chance.  »

Romain Gary

Troisième lieu de référence qui s’inscrit avec bonheur dans le circuit lémantique,
le Palais Lumière d’Evian. Son exposition d’été, tout à fait originale et hors des sentiers battus traite d’un thème universel : l’Art d’Aimer, de la Volupté à la Séduction, sous toutes les formes et à tous les modes. Un histoire d’amour à travers le regard des artistes.
Dominique Marny, Raphaële Martin-Pigale, Robert Rocca, commissaires de l’exposition se sont associés pour concocter cette carte du Tendre,  co-auteurs du catalogue et avec la mise en scène de Frédéric Beauclair.

Maurice Denis - Amour et Psyché - Circa 1908

 
L’exposition sur 2 étages est déclinée en 8 paragraphes et salles. :
L’amour et ses mythes (Orient et Occident), l’amour courtois (Dame, chevalier et troubadour), L’art de la galanterie (pastorales et secrets d’alcôves), l’amour au quotidien (vie à deux, petits arrangements et plaisirs),  Absence et fatalité, le Courrier du Cœur, Fantasmes sur grand écran, De l’intimité des couples,
L’art d’aimer offre à travers un choix de plus de deux cents peintures, dessins, photographies correspondances, illustrations, un panorama large et original des représentations de l’amour au fil de l’histoire de l’art et son évolution, en mêlant histoire des mentalités et des mœurs.
Parmi les artistes majeurs ont peut voir des œuvres de François Boucher, Gustave Courbet, Jean-Dominique Ingres, Auguste Rodin, Maurice Denis, Pablo Picasso, Marc Chagall, Georges Rouault, Léonard Foujita, Tamara de Lempicka, Jacques Henri lartigue, Robert Doisneau, Man Ray, Michel Haas, Pierre et Gilles. La construction du catalogue en 8 étapes thématiques suit un fil conducteur précis : la naissance de l’amour, l’attraction, la capitulation, la promesse, le tourment, l’échange, la complicité, la volupté.
Dès l’entrée, comme une mise en bouche : un bronze, le Baiser d’Auguste Rodin 1898/1918,

puis on pénètre dans l’antre oriental, avec l’un des mythes fondateur : Amour et Psyché, suivis d’Adam et Eve par Maurice Denis, puis la version Pierre et Gilles aux corps sublimés et aux  beaux visages. Schéhérazade et ses raffinements, la traduction seconde des Mille et une nuits par le Docteur Mardrus, dans des illustrations magnifiques, sur fond de chuchotements des mots du cantique des cantiques, (tu es belle …) puis Meliès et le Palais des mille et une nuits.
Le parcours continue sur fond de musique tendre, nostalgique et lancinante :  » .In the Mood For Love  » qui vous poursuit et vous reste dans la tête longtemps après la visite.
Au XIIe siècle naît l’amour courtois en France. Considérée jusque là comme quantité négligeable, la femme va connaître l’une des plus belles périodes de son histoire. Influencés par les rites des cours arabo-andalouses, les troubadours s’éprennent de Dames mariées qui répondront à leur sentiment. L’amour doit se vivre hors du couple légitime: une façon d’exorciser des unions contractées par intérêt. Grâce aux romans courtois, ces histoires de chevalerie sont arrivées jusqu’à nous, sous leur forme initiale ou réinterprétées par certains auteurs. Jean Cocteau s’est approprié Renaud et Armide pour le théâtre ainsi que Tristan et Iseut pour le cinéma! (l’Eternel Retour).
 
François Boucher - La Leçon de Musique 1749

L’art de la galanterie (pastorales et secrets d’alcôve) se développe au XIXe s, les courtisanes connaissent leur heure de gloire, sous Napoléon III. Les lieux de rencontre se multiplient au XXe s, cafés, parcs, bancs publics accueillent les rendez-vous galants.

L’amour au quotidien (vie à deux, petits arrangements et plaisirs), mariage devenu simple acte d’état civil ou cérémonie religieuse, couple sans histoire, hétérosexuel, homosexuel, avec les plaisirs simples ou les débordements voluptueux.

Tamara de Lempicka - détail Deux amies

Absence et fatalité : quiconque aime s’expose au tourment. Doute, jalousie, disputes, ruptures jalonnent les relations affectives. Pour symbolyser la fin du mariage de Johnny et Sylvie Vartan, Pierre et Gilles les ont représentés au centre d’une couronne mortuaire, avec une banderole où l’on peut lire  « Amour Défunt » Une toile qui m’a particulièrement touchée, peinte par un inconnu, Jean Broc.  Il y exalte l’amour d’Apollon pour Hyacinthe adolescent. Les deux amants jouaient au palet, quand un autre dieu :  Zéphyr, autre amant d’Apollon, fou de jalousie, souffla sur le palet, le détourna  de telle sorte qu’il frappa mortellement Hyacinthe au front. La toile le montre expirant dans les bras d’Apollon, lequel pleura son ami et le changea en fleur, la jacinthe.

Jean Broc - Apollon et Hyacinthe

Le Courrier du Cœur avec sa part d’indiscrétion, nous montrent des lettres poignantes rédigées pendant la guerre, des cartes postales naïves, des lettres enflammées, de personnages célèbres comme Edith Piaf, de Juliette Drouet à Victor Hugo, de Flaubert, de Colette, ainsi qu’un courrier de St Exupéry épris d’une belle inconnue qui ne répondit pas à sa flamme.
Lettre de St Exupéry

Puis les Fantasmes sur grand écran :
Le cinéma nous a montré de belles histoires, devenues des classiques, passionnées, émouvantes, tragiques, des baisers langoureux, des étreintes viriles, des acteurs couples à l’écran et dans la vie. La projection qui ne saurait manquer est celle de Jean Gabin et Michèle Morgan dans « Remorques », mais aussi parmi toutes ses oeuvres cinématographiques affichées « Hiroshima mon amour » et « In the Mood for Love »
Jean Delannoy

 De l’intimité des couples, des photos souvenirs de grands photographes, Man Ray, Jacques Henri Lartigue, Doisneau, Ronis, Boubat, Jahan, Dora Maar, tête à tête, promenade, moments tendres, photos dérobées.  Intensité du regard des femmes-muses, aimées, adulées par leur photographe, photos devenues célèbres qui feront le tour de la planète.
Nush Eluard par Dora Maar

Des poèmes d’Eluard célébrant l’amour, de ses compagnes de ses amis, chacun est source de poésie.
Des dessins d’anonymes, des cachets postaux en or avec des symboles de phrases, des timbres postaux, un ensemble presque exhaustif compose cette magnifique exposition.
Quelques Focus sur Picasso et la « Capitulation du 29 juillet » sur Jean Cocteau et « la Belle et la Bête », sur la série « Intimités » de Félix Valloton.
Puis à la sortie le livre d’or où un visteur (?) a écrit : L’amour n’existe pas ! Pourtant les preuves dans cette exposition y sont pertinentes.
Jusqu’au 23 septembre 2012
visites guidées
Photos de l’auteur courtoisie du Palais Lumière
 

Asger Jorn – un artiste libre

Pour la première fois en Suisse romande, la Fondation de l’Hermitage consacre une exposition au peintre Asger Jorn (1914-1973).Considéré comme le plus grand artiste danois du XXe siècle, Jorn a joué un rôle majeur dans le développement des avant-gardes européennes de l’après-guerre. Cette manifestation s’inscrit dans la prolongation de l’exposition Impressions du Nord. La peinture scandinave 1800-1915 qui, en 2005, avait permis aux visiteurs de la Fondation de découvrir l’extraordinaire vitalité des peintres nordiques au XIXe siècle.

Asger Jorn gravant une planche du portefolio Etudes et surprises

Partageant sa vie entre le Danemark, la France (il y séjourne dès 1936), la Suisse et l’Italie, Asger Jorn fonde, en 1948, avec d’autres artistes du Nord, le mouvement Cobra, dont le nom fait référence aux trois villes Copenhague, Bruxelles et Amsterdam. Dans le sillage du surréalisme, ils prônent la spontanéité, le retour à l’art populaire et au dessin d’enfant. La tuberculose qui frappe Jorn en 1951 précipite la fin de Cobra.

Asger Jorn Cobra avec Pierre Alechinsky et Christian Dotremont Le Grand Plum 1961

Après dix-huit mois passés au sanatorium de Silkeborg au Danemark, Jorn choisit, pour sa convalescence, l’air pur des montagnes et s’installe pour six mois dans un chalet de Chesières (Vaud). En Suisse, le Danois développe un langage nouveau, qui renoue avec les sensualités enveloppantes d’Edvard Munch, pionnier de l’expressionnisme moderne. Les années suivantes le conduiront à libérer progressivement et de la façon la plus radicale son art des modes et des influences, et à inventer une peinture saisissante, tantôt apaisée,
tantôt explosive, toujours colorée.
Asger Jorn La Lune et les animaux

Son oeuvre puissante, élaborée au rythme de voyages incessants à travers l’Europe, s’ancre profondément dans la culture et la sensibilité scandinaves, tout en s’imprégnant des échanges qu’il entretient avec la scène artistique internationale. La tension entre une tradition nordique enracinée dans le Moyen-Age, et une aspiration à la perméabilité des frontières et à la vitalité d’une création collective, est au coeur de la fascination que Jorn exerce aujourd’hui.
Asger Jorn Femelle Interplanétaire

Des titres intrigants, surréalistes et humoristiques parsèment son oeuvre, peinte au couteau, gravée ou en collages. Ses toiles plutôt sombres dans ses débuts, ne sont pas sans rappeler que Lausanne est la ville qui possède un très riche musée d’art brut, dont l’artiste se rapproche dans ses compostions, pour les illuminer,
dans la dernière période, de couleurs flamboyantes, que l’on peut admirer au sous-sol.
Asger Jorn

La rétrospective lausannoise couvre toutes les périodes, depuis les compositions de l’immédiat après-guerre, peuplées d’un bestiaire fantastique, jusqu’aux peintures lumineuses de la fin de sa vie, traversées de formes fluides et dynamiques. Réunissant quelque 80 peintures, l’exposition déploie en outre un bel ensemble de dessins, des estampes – entre autres l’emblématique Suite suisse, 1953-1954 –, ainsi que des sculptures, rendant compte de l’extraordinaire force expressive de Jorn dans la diversité des médiums.
Asger Jorn Image confite

L’exposition bénéficie de la participation exceptionnelle de nombreuses institutions, en premier lieu le Museum Jorn de Silkeborg, mais aussi le Louisiana Museum of Modern Art à Humlebaek, le Kunsten Museum of Modern Art à Aalborg, le ARoS Aarhus Kunstmuseum, le Statens Museum for Kunst de Copenhague, le Henie Onstad Kunstsenter à Høvikodden, la Kunsthalle Emden, le Centre Pompidou à Paris, les Musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles, ainsi que de bon nombre de prestigieuses collections privées. Enfin, l’artiste belge de renommée internationale Pierre Alechinsky, qui a entretenu depuis Cobra – il fut à 24 ans le plus jeune membre de ce mouvement – une relation privilégiée avec Jorn, encourage activement ce projet en lui ouvrant sa collection et ses archives.
 
Asger Jorn La luxure lucide de l'Hyperestésie 1970

 
Commissariat général : Sylvie Wuhrmann, directrice de la Fondation de l’Hermitage
Catalogue : reproduisant en couleur toutes les oeuvres exposées, le catalogue réunit de nombreuses contributions (Pierre Alechinsky, Troels Andersen, Rainer Michael Mason, Frédéric Pajak, Dominique Radrizzani, Didier Semin, Dieter Schwarz et Sylvie Wuhrmann), ainsi qu’une anthologie de textes d’Asger Jorn, Christian Dotremont et Jacques Prévert.
Asger Jorn - ne vous gênez pas 1971

L’exposition et le catalogue bénéficient du généreux soutien de et de la Fondation pour l’art et la culture.
Avec la Fondation Gianadda à Martigny qui présente la collection Merzbacher, c’est une immersion dans la couleur garantie.
DU 22 JUIN AU 21 OCTOBRE 2012
photos de l’auteur courtoisie de l’Hermitage

Collection Merzbacher – Le mythe de la couleur – Van Gogh, Picasso, Kandinsky…

La grande exposition d’été de la Fondation Pierre Gianadda est consacrée à une des plus importantes collections privées européennes appartenant aux très discrets Werner et Gabrielle Merzbacher. Depuis des décennies, ce couple suisse rassemble des oeuvres qui traduisent son intérêt exclusif pour la couleur. Pendant longtemps, cette collection a été un secret bien gardé. Mais en 1998, les Merzbacher ont accepté de montrer leur collection au Musée d’Israël à Jerusalem pour les cinquante ans de l’Etat d’Israël.
La Fondation Pierre Gianadda est la première fondation privée à accueillir la collection Merzbacher. Depuis lors la collection a été présentée au Japon en 2001, à Londres en 2002, à Zurich en 2006, au Louisiana Museum of Modern Art en 2010.

Vincent van Gogh - Pelouse Ensoleillée Place Lamartine 1888

Avec plus de cent oeuvres de quelque cinquante artistes, parmi les plus importants de  la période du XIXe et du XXe siècles, cette exposition montre d’une façon exhaustive l’évolution de cette partie de l’art moderne.
Une immersion dans la couleur, qui vous reste longtemps au fond des yeux.
,Maurice de Vlaminck Les Ramasseurs de Pomme de Terre vers 1905-1907, Huile sur toile

 
Il y a trente ans que Léonard Gianadda et Werner Merzbacher se connaissent, Presque depuis les débuts de la Fondation Pierre Gianadda à Martigny. Léonard a été longtemps demandeur, Werner Merzbacher souvent prêteur. Une estime et une confiance réciproque ont rendu cette exposition non seulement possible, mais presque naturelle.
Une enfance massacrée et sa rédemption pour l’art. Peut-on faire ce raccourci en parlant de Werner Merzbacher et de la collection qu’il a rassemblée avec sa femme Gabrielle ? Chacune de ces peintures pourrait être un antidote à la tristesse et à la dépression, un hymne à la joie de vivre. Les œuvres de la collection Mezbacher traduisent une passion pour la couleur et sa puissance lyrique.
Schmidt Rottluff Einfart 1910

 
Werner et Gabrielle Merzbacher rassemblent depuis plus de soixante ans les chefs-d’œuvre des mouvements qui ont libéré la couleur, le Fauvisme, l’abstraction, l’Expressionnisme. La collection fait une large place à Derain, Matisse, Kandinksy, des peintres qui ont fait changer la couleur.
Tout a commencé avec un noyau d’œuvres de très haute qualité réunies par les parents de Gabrielle Mayer autour de Picasso, Matisse, Van Gogh. Frappés au cœur par ces peintures, Werner Merzbacher, épaulé par sa femme Gabrielle, ‘est plongé avec passion dans le monde de l’art et des galeries…. Pour ne plus en ressortir.
 
Alexej von Jawlensky, Dame mit gelbem Strohhut, vers 1910, Huile sur carton

Werner Merzbacher a une double réputation : celle d’acheter des œuvres en se laissant guider par son instinct, et d’avoir des coups de cœur durables et solides. Ceux qui le connaissant décrivent un homme d’une extrême vivacité et d’un goût très affirmé. Une très rare conjonction de circonstances, financières, historiques et personnelles, ont permis que la collection Merzbacher soit devenue pour les historiens de l’art ce petit miracle, une des meilleures collections au monde.
Georges Braque Paysage à l'Estaque 1910

Werner Merzbacher est né en 1928 en Allemagne du sud. Son père, médecin, organise son départ en Suisse après la Nuit de Cristal, en novembre 1938, après laquelle les enfants juifs sont notamment interdits d’école. Enfant réfugié, Werner est placé dans une famille zurichoise. Ses parents ne réussissent pas à s’enfuir. Déportés, ils mourront à Auschwitz. En 1949, Werner Merzbacher obtient une bourse et émigre aux USA.
Là-bas, il épouse Gabrielle Mayer. Après un séjour en Alaska, où Werner Merzbacher fait son service militaire, le couple revient à New-York.
Werner entre dans le commerce de fourrure de son beau-père. Les trois enfants du couple naissent aux Etats-Unis. En 1964, la famille décide de revenir s’installer en Suisse, dans la région de Zurich où Werner avait vécu pendant la guerre et où Gabrielle est née. Werner Merzbacher devient le premier partenaire, puis en 1989, le seul propriétaire de l’entreprise Mayer and Cie AG.
Sonia Delauney Terck - le Bal Bullier 1913

 
Les Merzbacher ont formé leur goût dans les années 1960, en fréquentant les galeries new-yorkaises. Au début, ils achètent de la peinture mexicaine ou italienne, dans la veine du réalisme social. A la fin des années 1960, ils se tournent vers Vlaminck, Toulouse Lautrec, Friesz, mais aussi Monet, Sisley. Ils comprennent qu’ils sont attirés vers la couleur pure, sans savoir vraiment encore quelle est leur période préférée. L’achat de leur premier Schmidt-Rottluff est un tournant important. A partir de ce moment, le couple met en place une vraie stratégie d’achat des meilleures œuvres fauves et expressionnistes.
 
Umbertto Boccioni Forme Plastiche di un Cavallo 1913/1914

La plupart des peintures acquises par le couple sont considérées aujourd’hui comme des chefs-d’œuvre dignes des plus grands musées. Quelques-uns de meilleurs artistes de la fin XIXe et du début du XXe siècle sont documentés en profondeur, avec plusieurs œuvres qui s’intéressent aux différents aspects de leur travail.
Véronique Ribordy
Le commissariat de l’exposition est assuré par Jean-Louis Prat.
Le catalogue de l’exposition Van Gogh, Picasso, Kandinsky… Collection Merzbacher.
Le mythe de la couleur, reproduit en couleurs toutes les œuvres exposées.
du 29 juin au 25 novembre 2012
tous les jours de 9 heures à 19 heures

Hommage à l’absente

Photographies de Léonard Gianadda dédiées à son épouse Annette

Annette Gianadda

 Le 8 décembre 2011, Annette Gianadda s’est éteinte, entourée de Léonard et de leurs enfants, François et Olivier. En hommage à celle qui a été la grande rencontre de Léonard Gianadda et un pilier aussi discret qu’essentiel de ses activités, une série de portraits effectués entre 1957 et 1961 est présentée à la Fondation Pierre Gianadda, dans la galerie du Foyer. La première rencontre a lieu le 25 février 1957, au bureau de l’Association des Intérêts de Lausanne (ADIL), où Annette travaille. Léonard y vient présenter et, il l’espère, vendre les photographies de Georges Simenon qu’il a suivi durant tout un après-midi à travers Lausanne. L’histoire ne retient pas le nombre exact de clichés acquis par la Ville mais bien que Léonard et Annette se sont trouvés ; et ne se sont plus quittés. La secrétaire de l’ADIL est tout autant enthousiasmée par le photographe que par ses images. C’est à un tel point réciproque que le lendemain déjà, Léonard photographie Annette et une amie dans sa chambre d’étudiant aux murs tapissés de photographies de voyage. Dès lors, les portraits de la fiancée puis de la jeune épouse s’intercalent avec régularité entre les grands reportages effectués sur les cinq continents. Le 14 octobre 1961, dans une petite église de Lutry, Annette et Léonard se disent oui pour la vie. Le mariage est suivi d’un voyage de noces hors normes : quatre mois aux Amériques, un billet d’avion de quinze mètres, aussi haut que le premier immeuble construit par l’ingénieur-architecte à Martigny. Les deux tourtereaux commencent leur périple aux Etats-Unis, puis, d’escales en escales, ils visitent le Mexique et le Yucatan, avec ses célèbres pyramides tronquées, la région d’Atitlan au Guatemala, le canal du Panama, l’Equateur, Cuzco et Lima au Pérou, La Paz en Bolivie, Rio et Brasilia au Brésil, les Antilles… Le retour se fait par les Etats-Unis. Annette est omniprésente dans les trois albums de photographies qu’ils constituent au retour. Pour différencier les trois volumes, ils choisissent des titres mnémotechniques qui disent tout : honey – moon – trip (miel, lune, voyage).
Cecilia Bartoli et Annette et Léonard Gianadda

Présentation discrète et touchante de photos des jeunes années.
Au sous-sol une vidéo montre le couple mécène, en compagnie de Cecilia Bartoli, lors de l’inauguration d’une maison à but social à Gianadda, offerte par la Fondation Annette et Léonard Gianadda.
 

14 juillet 2012

Nicolas de Stael

Philippe Parreno à la Fondation Beyeler

L’artiste français Philippe Parreno s’est fait connaître dans les années 1990, suscitant
l’enthousiasme de la critique par une oeuvre qui recourt à une grande diversité de supports, parmi lesquels le film, la sculpture, la performance et le texte. Considérant l’exposition comme un moyen d’expression à part entière, Parreno a cherché à redéfinir l’expérience qu’elle constitue en explorant ses possibilités d’« objet » cohérent, au lieu d’en faire un assemblage d’oeuvres disparates.

Philippe Parreno - photo Claudio Cassano

 
Pour sa présentation à la Fondation Beyeler, Parreno propose deux nouveaux films qui
s’intègrent dans une mise en scène guidant le visiteur à travers tout l’espace de l’exposition à l’aide d’une chorégraphie de sons et d’images.
Le premier film, Continuously Habitable Zones aka C.H.Z. (2011), est lié à un territoire et
présente des vues d’un jardin noir créé au Portugal en collaboration avec un paysagiste, Bas Smets. Un paysage a produit un film, et un film a produit un paysage. Le paysage est
pérenne; il est ce que l’image rejette.

Le deuxième film, Marilyn (2012), est le portrait d’un fantôme. Il la fait apparaître au cours d’une séance fantasmagorique dans une suite de l’hôtel Waldorf Astoria de New York où elle a vécu dans les années 1950. Le film reproduit sa présence au moyen de trois algorithmes: la caméra devient ses yeux, un ordinateur reconstruit la prosodie de sa voix, un robot recrée son écriture. La morte est réincarnée dans une image.

 
À l’entrée du musée, chaque visiteur reçoit un DVD sur lequel il retrouvera les deux films.
Les deux films du DVD contiennent une bande-son musicale composée par le musicien Arto Lindsay. Ces versions sont différentes de celles des films de l’exposition, tout comme un souvenir peut s’éloigner de la réalité.
 
Philippe Parreno

Une salle de la collection permanente de la Fondation Beyeler est consacrée à deux
nouvelles séries de dessins liés aux films. Une série d’une trentaine de dessins à l’encre
montre dix perspectives du paysage de C.H.Z. Une autre série comprend des textes écrits
par le robot de Marilyn sur du papier à lettres de l’hôtel Waldorf Astoria.
Textes écrits par le robot de Marilyn sur du papier à lettres de Waldorf Astoria

 
Dans le jardin d’hiver, à l’entrée de la salle de projection des films, sont accrochées deux
Marquees, telles des excroissances lumineuses de l’architecture de Renzo Piano.
 
Enfin, deux installations sonores donnent au spectateur l’impression que le musée prend vie.
La première installation fait sortir les bandes-son des films de la salle de projection pour les transporter dans le jardin d’hiver. Pour la deuxième installation, des nénuphars soniques flottent aux côtés de vrais nénuphars dans le bassin qui jouxte l’entrée du musée, laissant le son de la « bête végétale » de C.H.Z. s’échapper dans le jardin.
 
Philippe Parreno est né en 1964 à Oran en Algérie. Il vit et travaille à Paris. Il a présenté
récemment des expositions individuelles à la Serpentine Gallery de Londres (2010), au CCS, Bard College de New York (2010), au Centre Georges Pompidou de Paris (2009), à l’Irish Museum of Modern Art de Dublin (2009) et à la Kunsthalle Zürich de Zurich (2009).
 
Philippe Parreno Sam Keller Michiko Kono

Cette exposition a pour commissaires le directeur de la Fondation Beyeler Sam Keller et Michiko Kono, Associate Curator.
Pour accompagner le film C.H.Z., un nouvel ouvrage publié chez Damiani, Bologne, contient des reproductions des dessins, des arrêts sur image tirés des films, des photographies aériennes et des contributions de Philippe Parreno et de Nancy Spector, Deputy Director et Chief Curator du Guggenheim Museum, New York.
CHF 48, ISBN 978-88-6208-253-2
jusqu’au 30 septembre 2012
Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG, Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen
Heures d’ouverture: tous les jours de 10 h à 18 h, le mercredi jusqu’à 20h.
photos 1 2 3 courtoisie Fondation Beyeler
4 5 6 photos des photos
 

Miguel Chevalier l’obsédé du Pixel

Miguel Chevalier - Carré Magique

C’est le thème récurrent dans le travail de Miguel Chevalier. L’idée simple qu’il veut développer, c’est « comment être de son temps » (il y parvient sans peine avec brio).  A chaque époque les artistes utilisent les moyens de leur époque, ce n’est pas qu’il n’aime pas la peinture, mais il trouvait que c’était extrêmement difficile de régénérer dans les années 80, un propos fort, dans le champ de la peinture. Aussi il a préféré aller dans un terrain semi-vierge, en explorateur et présenter à l’Espace Malraux de Colmar  (et dans le monde entier) une exposition, intitulée, « Power Pixels 2012 » – dans l’air du temps-, avec la sensation de vivre son époque à plein pixels,  et comment développer un univers poétique avec les outils d’aujourd’hui.
Dans l’annexe « Fractal Flowers » trois  sculptures de graine virtuelle extraite de l’oeuvre de réalité virtuelle Herbarius 2059 (Sculpture en stéréolithographie, résine dans boite en plexiglas transparente, (35 x 35 x 35 cm) .
Miguel Chevalier

Puis sur grand écran, le logiciel toujours en flux continu montre ces fleurs en mouvance, en devenir, ce n’est pas une répétition en boucle, mais un flux qui ne revient jamais, tout à fait fascinant.
Une vidéo montre le travail de Miguel Chevalier, où il dévoile les mystères de sa fabrication absolument fabuleuse.
Il a constitué lui même ses propres outils, qui n’existent dans aucun circuit du commerce. Il a su intégrer et faire siennes toutes les grandes découvertes technologiques. Il démontre comment par son travail, ses mondes virtuels peuvent régénérer les idées tout en ayant une filiation avec l’histoire de l’art. L’impressionnisme, le pointillisme, les aplats, l’illusionnisme optique, le dripping, les installations se trouvent dans ses œuvres.
 
Miguel Chevalier

 Il les développe dans l’espace public de façon monumentale, permettant aux passant d’intégrer l’art et la couleur dans leur quotidien.
A l’espace Malraux, les visiteurs sont partie intégrante de l’œuvre et inter-agissent avec elle en se déplaçant. Leurs mouvement latéraux selon la distance agissent sur la
« Danse du Pixel » grâce à des capteurs, en changeant de couleurs en augmentant les pixels ou en les diminuant, une vague picturale incessante, défilant à l’infini et sans cesse renouvelée. C’est en quelque sorte un trompe l’œil, un mur mouvant, donnant l’illusion d’obéir aux visiteurs.

Une application Iphone « Bee Tag » permet de lire les messages codés en pixels.
En parallèle de l’œuvre sont montrée d’autres oeuvres telles que
« Tapisserie en laine et soie »
« Pixels of Art » “Pixels Op Art » « Carré Magique ».
 
Miguel Chevalier Pixels Of Art

Son travail n’est plus fondé sur l’agrandissement de la trame comme Jacquet ou le pop art, mais sur l’agrandissement du pixel, sur la trame du pixel, devenue une écriture à part entière, une touche picturale. C’est un catalyseur de nouvelles formes d’expression qui nous aide à repenser le monde. C’est un travail absolument passionnant, fascinant et poétique.
Je vous invite à consulter son site très complet qui montre un panorama de ses œuvres, à utiliser les applications Iphone, en parcourant l’exposition.

Sommaire de juin 2012

01 juin 2012  : Vincent Odon – Terrain de Jeu
02 juin  2012 : Robert Cahen & Marie Freudenreich
04 juin 2012 :  Le Schaulager Satellite
07 juin 2012 :  dOCUMENTA (13)
10 juin 2012 :  dOCUMENTA (13) 2012
14 juin 2012 :   Art Basel 43 2012
22 juin 2012 :  Françoise Saur – les Dessous du Musée.
23 juin 2012 :  Autour du 500e anniversaire du retable d’Issenheim de Matthias Grünewald
25 juin 2012 :  In Vino Veritas de Bernard Fischbach

In Vino Veritas de Bernard Fischbach

Une lecture toute trouvée pour la plage ou les jours pluvieux, sans attendre l’automne et les vendanges :
 

Bernard Fischbach

 
Le village de Bockwiller, surnommé Boucville, est sens dessus dessous, depuis qu’une vigne a été dévastée au défoliant.
La fête des Vendanges, que tout le monde attendait, risque de ne pas avoir lieu. Le maire doit faire face aux craintes et aux attaques incessantes de certains de ses administrés. Et comme si cela ne suffisait pas, un corbeau s’amuse à dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas !
Quelles sont les motivations du saccageur de vigne, du corbeau, du maire ou encore du détective Ramon qui décide de se charger de l’affaire ?
Se basant sur des faits réels, l’auteur nous décrit des situations rocambolesques dans ce village en apparence si paisible. A mi-chemin entre le roman policier et la satire, l’intrigue est pleine de suspense. Bernard Fischbach, auteur de nombreux ouvrages sur l’Alsace aux Editions Alan Sutton, renoue ici avec son penchant pour le polar.