Sommaire du mois d’octobre 2025

29 octobre 2025 : RÉUNIS : SÉPARÉS Pierre Coulibeuf et Jérôme Game
27 octobre 2025 : Art Basel Paris  2025
25 octobre 2025 : Vassily Kandinsky, la musique des couleurs
19 octobre 2025 : Gerhard Richter à la Fondation Vuitton
18 octobre 2025  : Un dimanche sans fin-Maurizio Cattelan et la collection du Centre Pompidou
12 octobre 2025   : « Une petite histoire de l’art du point » Yayoi Kusama à la Fondation Beyeler
02 octobre 2025 : Marie Paule Bilger
02 octobre 2025 : Un livre d’artiste pour le bestiaire de Marie-Paule Bilger
01 octobre 2025 : DE REMBRANDT À VAN GOGH COLLECTION ARMAND HAMMER Hammer Museum, Los Angeles

DE REMBRANDT À VAN GOGH COLLECTION ARMAND HAMMER Hammer Museum, Los Angeles

Paul Gauguin, Bonjour Monsieur Gauguin, 1889

Oil on canvas and panel. 29 1/2 x 21 9/16 x 3/4 in. (74.9 x 54.8 x 1.9 cm). The Armand Hammer Collection, Gift of the Armand Hammer Foundation. Hammer Museum, Los Angeles.



A la FONDATION PIERRE GIANADDA, MARTIGNY SUISSE
DE REMBRANDT À VAN GOGH-COLLECTION ARMAND HAMMER
Hammer Museum, Los Angeles, jusqu'au – 2 décembre 2025

Commissariat de l’exposition
Cynthia Burlingham, directrice adjointe, responsable des collections
Naoko Takahatake, directrice, conservatrice en chef, Grunwald Center for the Graphic Arts

LA FONDATION PIERRE GIANADDA À L’HEURE CALIFORNIENNE

Cet été, la Fondation Pierre Gianadda, s’offre un petit air californien. En effet une quarantaine d’œuvres de peintres célèbres traversent l’Atlantique, certaines pour la première fois, pour faire vibrer les cimaises de la Fondation avec un panel impressionnant de tableaux allant de Rembrandt à Van Gogh !
Les grands artistes de la peinture française représentent avec brio cette collection tels Fragonard, Chardin, Corot, Boudin, Manet, Degas, Renoir, Monet, Sisley, Bonnard, Vuillard et bien d’autres encore, notamment Américains, tous issus du Hammer Museum de l’université de Californie à Los Angeles. (UCLA)

LA COLLECTION ARMAND HAMMER AU MUSÉE HAMMER DE L’UNIVERITÉ DE CALIFORNIE À
LOS ANGELES : UN GRAND VOYAGE DANS LE TEMPS

Le musée Armand Hammer de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA) héberge de remarquables œuvres d’art européennes et américaines qui reflètent la vision et la passion de son fondateur Armand Hammer (1898-1990), homme d’affaires et philanthrope. Ce dernier achète tout au long de sa vie des peintures, des sculptures, des pastels, des gravures etc. qui constituent aujourd’hui la collection Armand Hammer et la collection Armand Hammer
Daumier et ses contemporains, dont la Fondation présente une sélection.
Cet ensemble permet de traverser les grands mouvements de l’art occidental depuis la Renaissance jusqu’au début du XXe siècle. Toutes ces œuvres témoignent de leur époque, du contexte social, économique et politique comme des grandes innovations et découvertes.
Pour Armand Hammer, sa collection exprime 


« une tentative de réunir certaines des représentations de la condition, des plaisirs et des rêves humains ».
Il précise :
« J’éprouve le profond besoin de partager avec d’autres le magnifique spectacle, l’enthousiasme et la joie que ces œuvres d’art m’ont procurés ».

ARMAND HAMMER UN DESTIN HORS DU COMMUN, AMATEUR D’ART ET GALERISTE

Hammer naît à New York en 1898 d’une mère russe et d’un père russo-américain de la première génération. Doté d’un diplôme de la faculté de médecine et de chirurgie de l’université de Columbia, il se rend au début des années 1920 en Union soviétique. Il y représente les intérêts de la compagnie pharmaceutique familiale. Sa mission consiste également à fournir une assistance médicale lors d’une épidémie de typhus dans l’Oural, pour
laquelle il apporte une ambulance et un hôpital de campagne achetés au gouvernement américain. Très vite, il prend conscience de la famine qui frappe la région et de la nécessité d’une aide alimentaire. Avec l’accord du soviet local, il négocie un accord commercial en vertu duquel il importe des céréales des Etats-Unis en échange de produits russes acheminés outre Atlantique. Hammer passe neuf ans en Union soviétique avant de s’établir brièvement à Paris
puis rentrer dans son pays. Durant son long séjour moscovite, il réside dans un palais loué et cherche de quoi garnir des vastes pièces et décorer des murs vierges. Ainsi naît sa passion de la collection qu’il qualifiera plus tard de
« chasse » et de « joie ». Son jeune frère Victor, diplômé en histoire de l’art de l’université de Princeton, le conseille dans ses premiers achats, notamment des meubles français du XVIIIe siècle, de la porcelaine de Sèvres et de la joaillerie
de Fabergé. Vers 1928 les deux frères associés à une galerie new-yorkaise, la reprennent en leur nom et donnent ainsi naissance aux Hammer Galleries dirigées par Victor jusqu’à sa mort en 1985.

ARMAND HAMMER UN HOMME D’AFFAIRES DYNAMIQUE, COLLECTIONNEUR PASSIONNÉ
ET MÉCÈNE

Au fil des ans, Armand Hammer se lance dans de multiples affaires : il distille du whisky, produit des aliments pour bétail dont il pratique l’élevage, fabrique des stylos, fore des puits de pétrole…Mais il se consacre aussi à sa collection d’œuvres d’art, dont la qualité grandit à mesure des achats et des ventes. C’est auprès de galeries parisiennes et new-yorkaises, notamment chez Knoedler, celle de Georges Petit, chez Wildenstein et dans les grandes maisons de vente aux enchères comme Christie’s, Parke-Bernet et Sotheby’s qu’il fait ses
emplettes ! Hammer constitue sa collection dans l’intention de l’ouvrir au public et de la faire voyager, ce qui donne lieu à de maintes expositions. Il effectue également des dons importants aux musées et d’autres institutions.

LE MUSÉE HAMMER ET SES COLLECTIONS : DE LA RENAISSANCE AU DÉBUT DU XXe SIÈCLE

La collection Armand Hammer et la collection Armand Hammer Daumier et ses
contemporains, concourent à la création du musée Hammer qui a été créé au décès de Armand Hammer en 1990. Exposées au départ au musée d’art du comté de Los Angeles, à l’heure actuelle, toutes ces œuvres exceptionnelles se trouvent dans le musée Hammer construit par le collectionneur en 1988 et inauguré en 1990. Il se situe dans le quartier de Westwood et le bâtiment, conçu par Edward Larrabee Barnes affiche une façade quelque peu austère, mais à l’intérieur on découvre une sorte de palais avec des galeries centrées autour
d’une cour.
Le large spectre et la variété des œuvres présentées témoignent de la quête très personnelle d’Armand Hammer et la nature de ses goûts. En effet, la collection parcourt quatre siècles, de la Renaissance au début du XXe siècle, avec une prédominance à l’art français, surtout celui du XIXe siècle. Des artistes américains remarquables complètent cet ensemble. Quelques œuvres
anciennes signées de peintres majeurs tels Titien (1488-1576), Rembrandt (1606-1659), Chardin (1699-1779), Fragonard (1732-1806) ou Goya (1746-1828) apportent un intérêt supplémentaire à la collection. 

LA COLLECTION ARMAND HAMMER DAUMIER ET SES CONTEMPORAINS

Cette collection s’inscrit aussi dans le fonds permanent du musée Hammer de l’UCLA et recèle quelques quatre mille lithographies et avec ses sept mille cinq cents œuvres, il s’agit, hors de la France, de l’un des fonds les plus importants de peintures, de dessins, de sculptures et lithographies de Daumier. Cet incroyable patrimoine de ce caricaturiste de génie, participe du désir d’Armand Hammer de rassembler un témoignage le plus exhaustif possible de l’œuvre
de Daumier.

DE QUELQUES TABLEAUX : REMBRANDT : JUNON PROCHE D’UN TEMPLE DÉDIÉ
NOTAMMENT À MERCURE

Junon, déesse romaine, épouse de Jupiter, protectrice du mariage, peinte en majesté par Rembrandt, peut-être est-ce la première fois qu’elle règne sur des cimaises, proche d’un temple gallo-romain, d’une stèle dédiée à Mercure, de statues en marbre d’Hercule et d’Apollon ! La voilà représentée dans un format presque carré, une huile sur toile datée vers 1662-1665. Imposante, habillée et couronnée comme une princesse néerlandaise du XVIIe siècle, une chaire lumineuse mise en exergue par ce fond sombre, tenant son sceptre, Symbole
de son autorité en tant que reine des dieux et, à l’époque de Rembrandt, symbole de richesse (avec le paon).

VAN GOGH : ADMIRATEUR DE SON COMPATRIOTE REMBRANDT

On enchaîne avec Van Gogh, dont on connaît l’admiration pour le rendu de la lumière chez Rembrandt. Foin de mythologie avec le peintre d’Arles et son tableau Le Semeur, huile sur toile de 1888. Van Gogh interprète la peinture éponyme de Millet. En action, une silhouette brossée avec un trait dynamique et elliptique qui répand, avec un geste ample, une terre dans les tons bleus tracés avec des coups de pinceaux énergiques. Une ligne d’horizon portée très
haut, avec des cheminées fumantes qui témoignent de l’industrialisation, en contraste avec l’humilité du Semeur, en communion avec son champ.

LA COLLECTION SE CONJUGUE AVEC DE GRANDS ARTISTES FRANÇAIS

Jean-Siméon Chardin, artiste hors du temps, présent avec Les Attributs de la peinture, 1730/1732. Il met en valeur ses pinceaux, ses pots et une toile roulée en attente, dans une nature morte révélée avec une harmonie discrète en nous convoquant dans son monde silencieux.

On avance dans le temps avec Eugène Boudin, peintre reconnu pour ses marines et surtout précurseur des impressionnistes, un des premiers pleinairistes, signe un tableau
Des Voiliers dans le port, 1869, où les bateaux sont à quai dans une mer menacée par de lourds nuages. Camille Corot, un des fondateurs de l’école de Barbizon, avec sa Vue lointaine sur la cathédrale de Mantes, peint cette cathédrale devinée au fond d’un paysage, point de vue assez courant chez Corot. Et puis Gustave Moreau, surnommé « le prince des symbolistes français » avec une représentation palpitante de Salomé dansant devant Hérode, 1876, nous
entraîne dans un monde féérique, orientalisant, ornementé d’orfèvrerie dans un décor mauresque !

LES VIBRATIONS IMPRESSIONNISTES PRÉSENTES CHEZ HAMMER

Et, nous voilà avec quelques impressionnistes célèbres : Claude Monet, avec Vue sur Bordighera, 1884, livre ici un paysage luxuriant, une végétation dense qui domine cette ville haute de Bordighera baignée d’une lumière méditerranéenne ; la mer et le ciel ferment le paysage, le tout exprimé avec la touche fragmentée et dynamique de ce peintre de Normandie.

Changement de décor avec Boulevard de Montmartre, Mardi gras, 1807, œuvre
de Camille Pissarro qui brosse avec une belle expressivité l’animation de la
« procession » du mardi gras. Les danseuses, thème privilégié d’Edgar Degas, qu’il aime montrer sans artifice souvent loin des feux de la scène. Avec La Loge du théâtre au premier plan, en contrepoint une spectatrice dans sa loge dans l’ombre, puis un cadrage surprenant dévoile des ballerines en « grappe », toutes en mouvement et en grâce !

FANTIN-LATOUR, GAUGUIN

Passons à un artiste, éloigné des innovations artistiques, Henri Fantin-Latour qui signe une nature morte Pivoines dans un vase bleu et blanc, 1872, dont le dépouillement met mieux en valeur le rendu admirable de la texture des fleurs. Paul Gauguin séjourne en Bretagne où se trouve un cercle d’artistes. Au Pouldu, en 1889, avec Bonjour Monsieur Gauguin, faisant allusion bien sûr à l’œuvre de Courbet, mais la rencontre se révèle ici moins chaleureuse,
l’artiste dans son grand manteau, solitaire, ne s’intéresse pas à la Bretonne. Une clôture les sépare. Des touches dynamiques en faisceau contrastent avec les aplats.
Cézanne


Et encore Henri de Toulouse-Lautrec et ses thèmes qui fleurent bon l’ambiance des maisons closes, les nabis Edouard Vuillard et Pierre Bonnard. Ce dernier nommé le « nabi japonard » en raison de son goût pour l’art japonais. Sa Scène de rue de 1902, par son jeu de composition novateur et sa palette caractéristique représente un lieu et un moment définis. Sa peinture épasse la simple transcription d’une expérience visuelle. 

UN ENSEMBLE EXCEPTIONNEL DE SCULPTURES DE DAUMIER

Honoré Daumier l’observateur pointu de la vie sociale et politique de la France du XIXe siècle, conçoit ces figures en terre. Les seize personnages exposés à la Fondation, se révèlent une partie d’un ensemble de trente-six pièces fondues en bronze entre 1929 et 1948 dans les moules de FixMasseau. Daumier caricature les politiciens du début de la Monarchie de Juillet qui porte
Louis-Philippe au pouvoir (1830-1848). Il s’agit de portrait-charge exécuté par Daumier avec son réalisme outrancier et son esprit républicain.

Ce lot exceptionnel de bronzes de Daumier, participe du fonds permanent du Hammer Museum rassemblé par Armand Hammer avec passion.
Et enfin la divine Sarah Bernhardt admirablement brossée par le Belge Alfred Stevens en 1885.

De Rembrandt à Van Gogh, une exposition qui se parcourt comme une balade éclectique dans les siècles et au cours de laquelle, le public peut admirer des toiles renommées de maîtres européens et américains embellissant les cimaises de la Fondation Pierre Gianadda. Toutes ces œuvres honorent le collectionneur et mécène Armand Hammer.
Antoinette de Wolff

Informations pratiques

Fondation Pierre Gianadda Téléphone : +41 (0) 27 722 39 78
Rue du Forum 59   Site internet : www.gianadda.ch Mail : info@gianadda.ch
1920 Martigny (Suisse)
Jours et horaires d’ouverture
Tous les jours de 9h00 à 18h00
Visites commentées en principe les mercredis à 19h00
Au tarif normal, sans supplément (dates à consulter sur notre site Internet)

Fantômes – Sur les traces du surnaturel

Jusqu'au 8 mars 2026, le Kunstmuseum Basel | Neubau, présente Ghosts
Curatrice : Eva Reifert directrice Elena Filipovic

« Les fantômes sont les miroirs de l’époque. Ils reflètent nos inquiétudes, évoluent avec le flot des tendances culturelles et se fondent dans l’ambiance de l’époque. »
Susan Owens

Thomas Schütte

Les fantômes sont omniprésents. Ils abondent dans la culture visuelle, des blockbusters hollywoodiens à l’instar de Ghostbusters (1984) au cinéma indépendant comme All of Us Strangers (2023). Ils hantent les écrans, les scènes de théâtre et les livres : la littérature, le folklore et les mythes sont habités par des esprits qui refusent de nous laisser en paix.
De tout temps, ils ont également hanté l’art. Êtres de l’entre-deux, les fantômes sont des intermédiaires entre les mondes, entre le haut et le bas, la vie et la mort, l’horreur et l’humour, le bien et le mal, le visible et l’invisible. Chaque tentative de les représenter, de les enregistrer ou de communiquer avec eux relève ainsi d’un défi cognitif et provoque des émotions fortes.
Cet automne et cet hiver, le Kunstmuseum Basel consacre une exposition temporaire d’envergure à ces êtres insondables. Avec plus de 160 œuvres et objets conçus ces 250 dernières années, Fantômes. Sur les traces du surnaturel explore la riche culture visuelle qui s’est développée autour des fantômes dans le monde occidental au 19e siècle.

Ryan Gander
– sous l’impulsion de la fusion de la science, du spiritualisme et des médias populaires, qui n’a cessé depuis d’inspirer les artistes.
Aujourd’hui, le 19e siècle est principalement perçu comme l’âge d’or de la rationalité, de la science et de la technologie, mais la croyance aux fantômes et aux apparitions y était également à son apogée. Dans la seconde moitié du siècle, les fantômes devinrent un moyen de se rapprocher de l’exploration de la psyché et d’ouvrir de nouveaux accès à la vie intérieure humaine. Le romantisme ayant éveillé le désir de spectacles et d’émerveillement, la croyance aux fantômes fut accompagnée d’innovations technologiques et de techniques d’illusion, à l’instar de la technique théâtrale du
Pepper’s Ghost.

Photo Paul Benney
L’invention de la photographie vers 1830 favorisa l’essor de la photographie de fantômes avec des représentants majeurs comme William H. Mumler aux États-Unis et plus tard William Hope en Angleterre. Leurs photographies, qui font réapparaître des personnes bien-aimées et qui semblent promettre une vie après la mort, influencent sensiblement la manière dont nous nous représentons les fantômes aujourd’hui encore.

Albert Freiherr von Schrenck-Notzing,

« baron des fantômes » munichois – et sans doute le parapsychologue le plus célèbre –, associa les nouvelles techniques photographiques à une approche quasi scientifique afin d’apporter des preuves des apparitions surnaturelles qui survenaient pendant ses séances de spiritisme (qu’un écrivain, et non des moindres, du nom de Thomas Mann a rapportées).

Par conséquent, la photographie de fantômes constitue un chapitre important de l’exposition. Les captations et les images créées par les médiums spirites pour saisir le  contact direct avec le monde des esprits proposent un autre accès. Compte tenu de la proximité entre fantômes et situation psychique exceptionnelle, l’exposition explore en outre le phénomène des apparitions – avec des fantômes dans ses salles. Elle suit les multiples traces visuelles et histoires d’épouvante dans la culture occidentale du 19e siècle, dont les artistes se sont emparés plus tard. Elle intègre avec curiosité des univers
visuels s’étendant au-delà des beaux-arts qui sont devenus des sources d’inspiration particulières pour l’art du 20e siècle.

L’exposition Fantômes. Sur les traces du surnaturel et la publication au look de
magazine qui l’accompagne ont été élaborées en étroite collaboration avec Andreas Fischer et Susan Owens. Fischer travaille à l’IGPP (Institut für Grenzgebiete der Psychologie und Psychohygiene) de Fribourg, en Allemagne. Il est considéré comme l’un des principaux experts dans le domaine de la photographie de fantômes et des phénomènes de matérialisation. En 2017, l’historienne de l’art britannique Susan Owens a écrit le livre The Ghost: A Cultural History dans lequel elle définit avec justesse les fantômes comme « des ombres de l’humanité ». Le projet expositionnel suit les traces de
cette composante humaine sans tenir compte des anges, des esprits de la nature, des démons, etc. À la place, il se concentre sur le potentiel poétique de ce thème, sa force d’inspiration et la fonction métaphorique des fantômes qui permettent de réagir avec critique face au monde contemporain et font surgir le refoulé.


Le fait que les apparitions dont il est question ici interagissent en permanence avec notre imaginaire collectif, voire avec notre inconscient culturel, fait des esprits et des fantômes des êtres d’une puissance immuable – et de l’exposition une expérience surprenante, stimulante et remarquable.
La scénographie a été conçue par Alicja Jelen et Clemens Müller de please don’t touch (Dortmund). Elle vise à ouvrir les sens à de subtiles transformations et à des expériences extrêmes.

Katharina Fritsch
Informations Pratiques

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
Case postale, CH-4010 Basel
T +41 61 206 62 62
kunstmuseumbasel.ch
Lu fermé
Ma 10h00–18h00
Me 10h00–20h00
Je–Di 10h00–18h00
tram n 2  depuis la gare SBB arrêt Kunstmuseum

Culture-Peinture

🎨

Vous qui parcourez les musées, les foires d’art, les ateliers d’artistes, suivez les conférences en live ou en visioconférence, vous qui avez gardé une âme d’étudiant, (ce qui est mon cas), vous qui crayonnez, dessinez, peignez, exposez,
vous qui désirez approfondir vos connaissances, votre pratique dans le domaine de l’art, vous qui êtes novice et curieux :

« Culture-peinture » est pour vous.

Gilbert Wolfisberg a créé l’école Culture-Peinture en 2019 pour rendre accessible des principes des principes élaborés par les grands maîtres et artistes au cours des siècles.

Il s’agit d’une série de vidéos théorique et pratique pour s’initier à la peinture, accessible en ligne, complétée par un groupe Facebook dynamique et des propositions de formations en présentiel pour ceux qui le souhaitent.

Culture-Peinture a pour mission d’expliquer les principes qui régissent ce que l’on appelle le langage de la peinture.

Les vidéos s’adressent à toute personne qui souhaite s’initier, se perfectionner ou découvrir les « secrets de la peinture« .

C’est ainsi que dans la foulée et l’enthousiasme des participants qu’est née

 l’association “Les compagnons de Culture Peinture”

Vidéo ici

Ils ont interviewé Gilbert pour qu’il leur en dise davantage sur lui, sa formation, l’enseignement de Culture Peinture et l’intérêt selon lui de faire partie de l’association des élèves.

Gilbert est président d’honneur de l’association.

Vous ne pouvez pas être là en live ?
Aucun souci !
Des replays sont envoyés aux participants pour leur permettre de bien s’imprégner et ingérer les cours.

Le 2e stage annuel 

Le stage intensif “Ambiguïté Spatiale & Nombre d’Or” vient tout juste de se terminer… et quelle belle aventure !


Infos pratiques

 info@culturepeinture.com

Parcourez le site internet : https://www.les-compagnons-de-culture-peinture.com/fr/

Un accrochage estival conséquent en marge de l’exposition

La nouvelle présentation de la collection qui accompagne l’exposition « Vija Celmins » à la Fondation Beyeler est entièrement consacrée à la peinture. Des salles dédiées à des artistes individuel·le·s présentent des oeuvres ayant marqué ce médium traditionnel de leur empreinte particulière et ouvert des perspectives nouvelles. L’exposition donne à voir des oeuvres de Jean-Michel Basquiat, Mark Bradford, Marlene Dumas, Wade Guyton, Pablo Picasso, Gerhard Richter, Mark Rothko, Wilhelm Sasnal, Wolfgang Tillmans et Andy Warhol. Cette nouvelle présentation réunit des oeuvres majeures de l’art moderne et contemporain en des mises en relation inédites et saisissantes. Parmi les temps forts de l’exposition figure la première présentation muséale de la projection numérique de Gerhard Richter Moving Picture (946-3), Kyoto Version, 2019–2024.
Cette année, la salle Daros de la Fondation Beyeler est consacrée à Mark Bradford.
L’accrochage inclut par ailleurs le tableau monumental d’Andy Warhol Sixty Last Suppers, 1986(vidéo), en provenance de la Nicola Erni Collection.

Enfin, l’accent est également mis sur Pablo Picasso avec une présentation de plus de 30 de ses tableaux et sculptures.

Pendant Art Basel 2025

Pendant Art Basel 2025, la Fondation Beyeler offre une rare occasion de découvrir le travail exceptionnel de l’artiste états-unienne Vija Celmins. En parallèle, le musée accueille la toute première présentation de Little Room, nouvelle installation de réalité virtuelle de l’artiste Jordan Wolfson, basé à
Los Angeles. Cette œuvre immersive convie les visiteurs·ses à pénétrer dans un environnement expérimental, au sein duquel leur revient un rôle central.
Jordan Wolfson : Little Room
1 juin – 3 août 2025

Une nouvelle présentation de la collection est entièrement consacrée à la peinture, avec entre autres des tableaux de grand format de l’artiste étatsunien Mark Bradford en provenance de la Daros Collection,

ainsi qu’une nouvelle projection numérique de Gerhard Richter.

Dans le cadre du « Globus Public Art Project », l’artiste suisse Urs Fischer, également installé à Los Angeles, investit différents sites autour du Marktplatz de Bâle.


Stand Art Basel
En guise d’avant-goût de la rétrospective Cézanne qui se tiendra en début d’année prochaine, une exposition monographique. Le stand Art Basel de la Fondation Beyeler est consacré au peintre français Paul Cézanne.
Comme peu d’autres artistes Cézanne a marqué l’art moderne et l’a révolutionné par sa nouvelle conception de l’image. Il a donné une signification nouvelle et propre au processus de création derrière le tableau, au-delà du motif, et a ainsi influencé de nombreuses générations d’artistes ultérieures. Pablo Picasso le qualifiait d’ailleurs comme « père de nous tous ».
Cezanne occupe une place particulière dans la Collection Beyeler, étant l’un des premiers artistes représentés et figurant en bonne place avec sept œuvres tardives majeures. Parmi celles-ci, plusieurs paysages illustrent clairement sa manière de peindre innovante.

Informations pratiques

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler pendant la semaine d’Art Basel (15–22 juin) : tous les jours 9h–19h
Conversations
Artist Talk avec Jordan Wolfson
Mercredi 18 juin, 18h–19h, Fondation Beyeler, Riehen/Bâle
– Artist Talk avec Urs Fischer
Vendredi 20 juin, 18h–19h, Fondation Beyeler, Riehen/Bâle

60 ans d’hyperréalisme avec l’artiste Vija Celmins

Fusain sur papier, 56,5 x 64,9 cm, Tate, ARTIST ROOMS, Londres, Royaume-Uni, © Vija Celmins, Courtesy Matthew Marks Gallery, Photo: Tate

A la Fondation Beyeler jusqu’au 21 septembre 2025
Commissaire :  Theodora Vischer, Chief Curator de la Fondation Beyeler, et de l’écrivain et commissaire d’exposition James Lingwood.

Voir la vidéo
L’exposition bénéficie du généreux soutien de : Beyeler-Stiftung
Hansjörg Wyss, Wyss Foundation Thomas und Doris Ammann Stiftung, Zurich
Renato F. Bromfman et Vania F. Rolemberg Claire Sturzenegger-Jeanfavre Stiftung
Erica Stiftung Agnes Gund Famille Jeans Suisse Patronnesses de la Fondation Beyeler Wyeth Foundation for Americ

Prologue

Cet été, la Fondation Beyeler présente l’une des plus importantes expositions personnelles jamais consacrées à l’artiste américaine Vija Celmins (*1938, Riga) en Europe. Connue pour ses peintures et ses dessins envoûtants de galaxies, de surfaces lunaires, de déserts et d’océans, Celmins nous invite à ralentir, à observer de près et à nous immerger dans les surfaces captivantes de ses œuvres. Telles des toiles d’araignée, elles nous happent et nous incitent à contempler les tensions entre surface et espace, proximité et distance, immobilité et mouvement. Organisée en étroite collaboration avec l’artiste,
l’exposition réunit environ 90 œuvres, principalement des peintures et des dessins, de même qu’un petit nombre de sculptures et d’œuvres graphiques.

Biographie

Née à Riga (Lettonie) en 1938, Celmins fuit son pays natal en 1944 avant d’émigrer avec sa famille aux États-Unis en 1948. Elle grandit à Indianapolis puis part suivre des études d’art à Los Angeles, avant de s’installer au Nouveau-Mexique, à New York et enfin à Long Island, où elle vit et travaille aujourd’hui. Son travail, tenu en très haute estime, est prisé tant par les musées que par les collections privées de tout premier plan. Cependant, les occasions de face-à-face approfondi avec ses œuvres sont extrêmement rares, dû entre autres au fait qu’au fil de sa carrière l’artiste n’a réalisé qu’environ 220 peintures, dessins et sculptures. Vija Celmins a toujours travaillé à son propre rythme, refusant de se plier aux courants dominants du monde de l’art et maintenant une attention résolue à sa pratique minutieuse.

L’exposition

L’exposition propose un aperçu très complet d’une carrière remarquable qui s’étend sur six décennies, présentant des ensembles soigneusement sélectionnés de peintures, de dessins, d’œuvres graphiques et de sculptures. S’ouvrant sur une sélection d’importantes peintures d’objets du quotidien datant des années 1960, l’exposition culmine avec une salle de magistrales peintures récentes de neige tombant d’un ciel nocturne, qui évoquent tout le mystère du cosmos.

L’exposition débute avec les peintures réalisées par Celmins de 1964 à 1968, lorsqu’elle vivait dans un atelier sur Venice Beach à Los Angeles. À la différence de nombreux·ses artistes travaillant dans la ville dans les années 1960, Celmins n’était pas attirée par la lumière et les couleurs éclatantes de Californie.
Son univers personnel était principalement d’ordre intérieur. En 1964, elle réalise un ensemble de tableaux représentant chacun un objet ou un appareil du quotidien, parmi eux une assiette, un radiateur, une plaque chauffante et une lampe. Inspirée par les œuvres de Giorgio Morandi et Diego Velázquez vues lors
d’un voyage en Italie et en Espagne en 1962, et prenant ses distances avec les couleurs vives du pop art, elle utilise une palette sourde de bruns et de gris, agrémentée d’occasionnels éclairs de rouge électrique.

Pendant les deux années suivantes, de 1965 à 1967, Celmins réalise plusieurs peintures basées sur des images de la Seconde Guerre mondiale et d’autres conflits trouvées dans des livres et des magazines ; des bombardiers suspendus dans un ciel gris ou écrasés au sol, un homme en feu s’enfuyant d’une voiture
embrasée, les émeutes raciales de Los Angeles en couverture du magazine Time. Silencieux et statiques, ces tableaux inquiétants évoquent à la fois la mémoire de la guerre et une réalité plus récente, dans laquelle l’omniprésence des images produit un effet de distanciation.

De 1968 à 1992, Celmins se consacre presque exclusivement au dessin. Elle continue de travailler à partir de photographies, trouvées dans des livres et des magazines ou prises par elle-même. Ses sujets sont les nuages ainsi que la surface de la lune, du désert et de l’océan. Elle commence avec un ensemble de
dessins de paysages lunaires basés sur des images prises à la fin des années 1960 par les sondes lunaires américaines, qui rapportent dans les foyers de nombreux·ses habitant·e·s de la planète des gros plans d’un lieu jusqu’alors inaccessible. En 1973 s’ensuivent de premiers dessins de galaxies basés sur des images des télescopes de la NASA. Ces photographies incitent Celmins à créer des images qui transforment en expérience visuelle la tension entre la profondeur de ces espaces et la surface de l’image – un élan qui anime encore et toujours son travail.

Pendant ses années de résidence à Los Angeles, Celmins arpente les déserts de Californie, du Nevada et du Nouveau-Mexique, où elle réside également plusieurs mois. Fascinée par ces paysages démesurés, elle commence à représenter par le dessin le silence et la sensation de temps suspendu qui les caractérisent.
Vers la fin des années 1970, Celmins crée une sculpture qui donne une forme nouvelle à sa confrontation avec la réalité. To Fix the Image in Memory I-XI, 1977–1982, comprend onze pierres différentes ramassées dans le désert du Nouveau-Mexique, présentées côte à côte avec leurs doubles ; onze copies de bronze, peintes de telle manière que l’original et sa réplique puissent à peine être distingués à l’œil nu.

Les images de Celmins sont basées sur des photographies ou, dans le cas de ses rares sculptures, sur des objets servant de modèles. Celmins use de ces matrices comme d’un outil, qui lui permet de ne pas avoir à se soucier de questions de composition et de cadrage. Cependant, elle ne réalise pas de copie d’un
original ; il ne s’agit pas de photoréalisme. On pourrait plutôt dire que Celmins recrée ou reconstitue l’original. Ses images sont construites d’innombrables couches de graphite ou de fusain sur papier et de peinture à l’huile sur toile. C’est comme si Celmins cherchait à saisir et à tracer l’inconcevable immensité à
la main. Ceci apparaît tout particulièrement dans ses nombreuses peintures de ciels nocturnes étoilés, un motif qui fascine Celmins depuis ses débuts.

En 1992, Celmins tombe sur des illustrations de toiles d’araignée dans un livre. Attirée par leurs fils fragiles et leurs formes concentriques, elle réalise un ensemble de peintures et de dessins au fusain. Cette exploration se poursuit avec des peintures d’objets aux surfaces texturées ; la couverture d’un livre
japonais, l’émail craquelé d’un vase coréen, la surface éraflée d’ardoises dénichées dans des brocantes à Long Island, la forme grêlée d’un coquillage travaillé par l’érosion – chacune de ces peintures proposant une méditation exquise sur le passage du temps.


Dans la dernière salle de l’exposition, cette méditation se poursuit avec les tableaux les plus récents de Celmins, qui sont parmi les plus vastes qu’elle ait jamais réalisés. Basés sur des photographies de flocons de neige illuminés dans un ciel nocturne, ils véhiculent un sens profond de silence et de révérence
émerveillée.

Pour accompagner l’exposition, la Fondation Beyeler présente « Vija », un court-métrage des cinéastes de renom Bêka & Lemoine. En 30 minutes, le film dessine un portrait tout en spontanéité de l’artiste, qui partage ses réflexions sur la pratique de toute une vie, ouvrant les portes de son atelier et les tiroirs de ses archives. Le portrait entraîne les spectatrices et les spectateurs dans un voyage au fil des formes, des images et des pensées qui nourrissent la sensibilité incomparable de Vija Celmins.


Un catalogue richement illustré, réalisé sous la direction de Theodora Vischer et James Lingwood pour la Fondation Beyeler et conçu par Teo Schifferli, est publié au Hatje Cantz Verlag, Berlin. Sur 208 pages, il réunit « Notes » de Vija Celmins et de brèves contributions de Julian Bell, Jimena Canales, Teju Cole,
Rachel Cusk, Marlene Dumas, Katie Farris, Robert Gober, Ilya Kaminsky, Glenn Ligon et Andrew Winer, avec une introduction de James Lingwood.

Notice de salle

Informations pratiques

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours 10h – 18h,
le mercredi jusqu’à 20h

Accès
depuis la gare SBB, tram n°2 jusqu’à Messeplatz, puis ° 6 jusqu’à La Fondation Beyeler

Le programme de médiation artistique et l’accès gratuit au musée pour les enfants et les jeunes personnes
jusqu’à 25 ans sont rendus possibles avec l’aimable soutien de la Thomas und Doris Ammann Stiftung,
Zurich.

Julian Charrière. Midnight Zone

Commissaires: Roland Wetzel, Tabea Panizzi (assistante curatoriale)
Au musée Tinguely de Bâle jusqu'au 2 novembre 2025
L'exposition Julian Charrière. Midnight Zone est produite par le Musée Tinguely, Bâle, en coo­pération avec le Kunstmuseum Wolfsburg.

« L’eau n’est pas un paysage, elle est la condition de toute vie, la première enveloppe de la Terre, le moyen de notre devenir. » Julian Charrière

Introduction

Une des préoccupations centrales de l’artiste franco-suisse Julian Charrière est la question de savoir comment l’homme habite le monde et comment celui-ci nous habite à son tour. Dans le cadre d’une vaste exposition individuelle, le Musée Tinguely présente des photo­ graphies, des sculptures, des installations et de nouvelles œuvres vidéo qui traitent de notre relation à la Terre en tant que monde de l’eau – cet élément qui recouvre la majeure partie de notre planète, avec ses mers, ses lacs et ses glaces, à la fois habitat d’une myriade d’organismes et hôte de systèmes circulatoires essentiels à la stabilité de notre climat. Dé­ployée sur trois étages, l’exposition Midnight Zone explore les écologies sous-marines, de l’influence locale du Rhin aux océans lointains, tout en analysant la complexité de l’eau en tant que milieu élémentaire affecté par les altérations anthropiques. Par la réflexion qu’elle mène sur le flux et la matérialité de l’eau, sur sa profondeur et ses implications politiques, sur ses dimensions à la fois profanes et sacrées, cette exposition personnelle agit comme un kaléidoscope et nous invite à nous immerger pleinement.

Développement

Dans Midnight Zone, Julian Charrière invite le public à penser et à ressentir l’eau, comme atmosphère, comme mémoire, comme mouvement et parenté. Entre descente sous-marine et suspension cryosphérique, l’exposition évolue comme une réflexion immersive sur les mondes fluides – non pas la mer comme surface, mais comme une matière où les frontières se dissolvent. Pour l’artiste, cet espace est non seulement comme un lieu dans lequel on peut pénétrer, mais aussi un monde dans lequel on peut s’immerger et se mouvoir, pour devenir perméable à ses pressions, ses profondeurs, ses rêves.
Midnight Zone rassemble une série d’investigations fondamentales : des œuvres antérieures côtoient de nouvelles commandes majeures qui retracent la longue exploration de Charrière sur les seuils environnementaux.

L’exposition

Répartie sur trois niveaux, l’exposition ne s’intéresse pas à l’eau comme motif, mais comme médium : la matière à travers laquelle les histoires sédimentent, les crises adviennent et les formes changent d’état. Le titre fait référence à la zone bathypélagique de l’océan, où la lumière du soleil disparaît et la vision s’amoindrit.

Les films

Dans le film éponyme Midnight Zone (2025), une lentille de Fresnel – utilisée pour les phares et donc pour guider à distance – est inversée et descendue dans les abysses. Filmée à l’aide d’un véhicule sous-marin télécommandé, cette descente est à la fois littérale et métaphysique, un voyage dans un espace qui échappe à toute orientation, où des nodules polymétalliques – objets de désir industriel – reposent au milieu d’écologies ancestrales. Ici, la lumière ne révèle pas, elle fracture. L‘œuvre oscille parmi les rêves tout éclairant les angles morts de notre quête de progrès.

Dans Albedo (2025), filmé sous l’océan Arctique entre des icebergs, le regard se déplace à nou­ veau. Cette fois, le public suit l’eau tandis qu’elle évolue entre solide, liquide et vapeur, comme une chorégraphie de changements d’état en temps réel. Plutôt que de présenter la fonte comme une catastrophe, le film résiste au sublime. Il propose plutôt une étude du flux, des at­mosphères et des absences. Il révèle la mer comme une sorte de pensée, illimitée, déstabili­sante, impossible à contenir. La caméra flotte, elle recadre et libère. Il n’y a pas de perspectives fixes – seulement dérive, suspension, dispersion.

Ces deux films ancrent l’exposition, laquelle se conçoit tel un système hydrologique, évoluant entre états matériels, logiques spatiales et registres émotionnels. Avec Bâle et son histoire flu­viale en toile de fond, Midnight Zone a trait à la présence politique et infrastructurelle de l’eau. Comme un lien entre glaciers et océans, le Rhin coule tranquillement près du musée, à la fois vecteur d’échanges commerciaux et filon sensible au climat.

Le son, lui aussi, se déplace tel un courant à travers l’exposition – subtil, immersif et subaqua­tique. Il façonne une expérience synesthésique qui invite le public non seulement à regarder, mais à écouter, à ressentir et à se connecter à un autre mode de perception : un mode plus proche du repos, suspendu, comme sous l’eau.

À travers le film et la vidéo, la sculpture, la photographie et l’installation, la pratique multidisci­plinaire de Charrière est marquée par des projets immersifs basés sur un travail de terrain au sein de sites chargés d’écologie et de symboles: glaciers, volcans, zones d’essais nucléaires et écosystèmes sous-marins. Au fil de ces rencontres intimes avec des environnements fragiles, il explore la manière dont l’activité humaine s’inscrit dans la structure de la planète tout en modifiant subtilement ses surfaces, son atmosphère et son avenir.

Mêlant observation scientifique et poésie spéculative, ses œuvres mettent en avant les paysages comme des processus physiques, dépositaires de la mémoire et vecteurs de l’imagi­naire culturel. Plutôt que d’illustrer directement les crises environnementales, Charrière crée des espaces où l’émerveillement et l’inquiétude cohabitent, pour permettre au spectateur d’ex­périmenter les contradictions et les tensions de notre condition actuelle. Sa pratique explore les héritages coloniaux et extractivistes ancrés dans les actes d’exploration, la représentation du paysage et les technologies de la vision. Dans l’exposition Midnight Zone, le travail de Charrière entend offrir un mode de savoir sensoriel, une façon d’habiter les conditions li­ quides de notre planète. Ici, l’eau n’est pas considérée comme le théâtre d’un drame humain, mais comme une protagoniste.

Roland Wetzel directeur du musée Tinguely

« Une des qualités particulières du travail de Julian Charrière est de transposer la recherche artistique en des univers visuels qui permettent d’accéder par les sens à des thèmes complexes. Dans notre exposition, c’est le « sentiment océanique » qui nous immerge visuellement et physiquement, en déclenchant simultanément une ré­flexion sur les enjeux écologiques pressants de notre époque.»                                           

Julian Charrière

« Bien que l’océan représente 95 % du volume habitable de la Terre, nous continuons de vivre comme si la planète s’arrêtait à ses côtes. Mon travail part de cette dissonance, entre l’échelle de la mer et les limites de notre imaginaire culturel. La science peut cartographier et mesurer les profondeurs, mais ne peut nous les faire ressentir. Nous n’avons pas seule­ ment besoin de connaissances, mais d’une culture de proximité – une culture qui nous lie émotionnellement et imagi­ nairement à ce vaste monde vital. L’art, je crois, peut servir de lien. Il nous invite à habiter les profondeurs non pas comme une abstraction ou une ressource, mais comme un espace vital dont notre survie dépend intimement. »

Elle est perçue comme archive, miroir, solvant et signal conservant la mémoire des glaciers et des minéraux de demain. Il souhaite montrer comment elle relie notre respiration à la bios­phère et révèle la fragilité d’un monde façonné par l’évaporation, la fonte et la sédimentation.

L’exposition nous rappelle que l’océan n’est pas l’opposé de la Terre, mais sa condition préa­lable. L’humanité est suspendue à ses flux – biologiques, historiques et imaginaires. Dans les œuvres présentées à Bâle, l’artiste n’entend pas nous montrer la mer, mais la laisser parler, vi­brer et respirer à travers l’image, le son et une chorégraphie élémentaire. Il en résulte non pas une représentation, mais une résonance : un état d’intimité atmosphérique, une invitation à voir à travers ses courants.

Biographie

Julian Charrière (né en 1987) est un artiste franco-suisse basé à Berlin. Il s’inté­resse aux histoires culturelles et environnementales ancrées dans les paysages naturels. Ses œuvres bousculent les échelles de temps géologiques et humaines, elles révèlent les forces lentes et souvent invisibles qui façonnent et remodèlent les terrains et les imaginaires histo­riques. Diplômé de la Universitat der Künste (UdK) de Berlin, Charrière a collaboré avec l’Insti­tut für Raumexperimente (Institut d’expérimentation spatiale) d’Olafur Eliasson. Ses œuvres ont été exposées au niveau international, avec des expositions personnelles notamment au Danemark, ARKEN Museum of Contemporary Art (2024), en France, Palais de Tokyo (2024), aux États-Unis, San Francisco Museum of Modern Art (2022-2023) et Dallas Museum of Art (2021), en Allemagne, Berlinische Galerie (2018-2019) et Langen Foundation (2022-2023), en Italie, Museo d’Arte Maderna di Balogna (MAMbo, 2019), en Suisse, Aargauer Kunsthaus (2020) et au Royaume- Uni, Parasol Unit (2016). Son travail a également été présenté en France, Centre Pompidou (2021-2022), en Suisse, Parcours d’Art Basel (2023) et Fondation Beyeler (2024), au Japon, Mori Art Museum (2023-2024), ainsi que plusieurs fois à la Biennale de Venise. Charrière est le premier lauréat du Eric and Wendy Schmidt Environment and Art Prize décerné en 2024 par le Museum of Contemporary Art (MOCA) de Los Angeles.

Informations pratiques

 Musée Tinguely
I  Paul Sacher-Anlage 1 l 4002 Bâle

Heures d’ouverture:
mardi- dimanche 11h-18h, jeudi 11h-21h
Semaine de la Art Basel:
16.06.-22.06.25: 9h-19h, 13.06. jusqu’à 21h

Site Internet : www.tinguely.ch

Réseaux sociaux : @museumtinguely 1  #museumtinguely 1  #midnightzone 1  @julian.charriere

Miriam Cahn, l’urgence du geste

A la Bourse de Commerce, Pinault, dans la Galerie 6, l’installation
RITUALS de Miriam Cahn se présente comme une méditation sur la fragilité de l’existence et les rituels quotidiens qui accompagnent les derniers jours de son père. L’artiste substitue à l’unicité de l’œuvre, un rythme quasi organique d’images qui évoque le cycle de
«La Frise de la vie» d’Edvard Munch.
C’est comme si le corps de Miriam Cahn dans l’acte pictural avait lui-même accouché de ses œuvres.


«Une exposition est une œuvre en soi et je l’envisage comme un performance», précise l’artiste. Les liens qu’elle tisse entre les œuvres sont parfois si essentiels, consubstantiels comme ici, qu’elle invente des espaces symboliques, des chambres pour protéger l’intimité qui les relient et qui forment aussi un petit théâtre.
«Je m’intéresse aux échanges entre l’image et le spectateur»,
confie Miriam Cahn qui relate souvent combien, jeune artiste, elle souhaitait traduire dans son œuvre
«cet état d’enthousiasme éprouvé à l’époque de mes soirées théâtrales

Podcast

Née en 1949 à Bâle (Suisse), Miriam Cahn se forme au graphisme, puis s’en détourne pour le dessin.
Qu’ils soient exécutés à la craie—sur les murs des galeries et dans l’espace public—ou au fusain—sur de grands cahiers posés au sol—, ses premiers
dessins de la fin des années 1970 manifestent une expression véhémente, violente, transgressive.
L’artiste ne tarde pas à utiliser son propre corps comme matériau dans des performances vidéo. Elle ne veut pas se perdre dans une trop grande maîtrise technique comme on le lui a appris, elle voit autour d’elle des artistes performer qui l’ont convaincu que l’instantanéité dans l’art permet d’exprimer de grandes choses, au fond ce qu’elle veut c’est trouver dans l’art cet état d’enthousiasme qu’elle a éprouvé dans le théâtre, trouver une jubilation, un rire tout en dénonçant, tout en résistant, tout en partageant. Mais elle est jeune et personne ne l’attend, alors elle défit son père de lui donner cinq ans un soutien financier. Pendant cinq années elle s’est fait, dit-elle, un plan quinquennal; au bout de cinq ans elle veut vivre de son art elle se l’ai juré, son père accepte. Alors Myriam arpente les galeries et les foires, affine sa pratique, définit son style. Il n’a pas fait cinq ans, seulement trois. En 1976 la galerie Stampa à Bâle accueille sa première exposition, et elle le dit elle-même ce fut le début. Voilà comment a commencé la vie d’artiste de Myriam Cahn, qui s’est construit en Suisse dans la après guerre, avec une profonde conscience de l’état du monde et en ayant compris aussi que l’espace accordé aux femmes était beaucoup trop restreint. Son travail politique et sociale et le prix d’un geste artistique intime, intense, c’est un cri de colère, une réaction.

« être Artiste pour Myriam Cahn ce n’est pas un choix, c’est un fait :
je voulais devenir artiste, devenir Picasso, Munch, Goya, Michel-Ange, créer des colonnes infinies comme Brancusi, des animaux comme Franz Marck, être artiste, impérativement, absolument, libre, vivre comme un homme, mais sans jamais être un homme, je voulais être femme et vivre comme un homme, travailler comme un homme, ne jamais être au service de quiconque, jamais jamais jamais, vouloir devenir épouse, amie, partenaire jamais jamais jamais »

Miriam Cahn est une artiste associée à la cause féministe. La guerre, le sexe et la mort sont ses principaux thèmes de prédilection. Influencée par l’esprit égalitaire et utopiste de mai 68, son propos féministe se fait ressentir dans ses tableaux et dans son cheminement réflexif :

« Une artiste a besoin d’une bonne dose de conscience féministe, écrit-elle. Je ne veux pas généraliser mais du moment que je représente des corps, je suis tout de même obligée de lui accorder sa place ».

Elle questionne le rôle du corps dans la vie sociale et culturelle. En peignant des personnages asexués, Cahn s’impose comme une activiste féministe. Elle réinterprète les sujets classiques de la peinture en cherchant à atteindre un monde d’avant la culture où l’homme, la femme et les animaux n’étaient pas encore distingués et séparés.

Sa participation à la dOCUMENTA de Cassel en 1982, est fondée sur l’image du corps, plus précisément sur les conditions de son apparition: son surgissement,
son trouble, sa disparition. Un mirage dans un paysage évanescent, le saisissement mystérieux d’une silhouette, le spectre d’un visage hagard
et diaphane.

Militante des droits des femmes

Elle milite pour les droits des femmes et réagit aux conflits politiques à travers son art qui devient alors une force de résistance. Pour cela, elle se concentre sur l’humain et engage son corps dans ses œuvres comme elle le fait avec les peintures Sarajevo ou Mare Nostrum. La scénographie de ses expositions relève également de son expression artistique ainsi que le mode de fabrication des œuvres qu’elle veut toujours instantané.

Palais de Tokyo 2023 clic

Quant aux êtres qu’elle représente, Cahn opte pour le flou des silhouettes plutôt que pour les contours marqués qui distinguent généralement la forme de l’environnement dans lequel elle se trouve. Cahn privilégie les transitions entre les personnages au lieu de les contraindre à leurs frontières. Ce dernier point s’explique probablement par son intérêt pour les problématiques liées à la guerre du Golf, des Balkans ou à l’immigration. La peinture permet à l’artiste de témoigner de sa solidarité sans tomber dans ce qu’elle appelle le « kitch politique ». Elle préfère traiter de ce genre de sujet en restant poétique et abstraite.

Informations pratiques

Bourse de Commerce—Pinault Collection
2, rue de Viarmes, 75001 Paris (France)
Tel +33 (0)1 55 04 60 60
www.boursedecommerce.fr
Ouverture tous les jours (sauf le mardi),
de 11h à 19h et en nocturne le vendredi, jusqu’à 21h

Suzanne Lacy: By Your Own Hand

Performance, Plaza Belmonte bullring, Quito, Ecuador
Commissaire : Dr Sandra Beate Reimann
au Musée Tinguely jusqu'au - 7 septembre 2025

Du 9 avril au 7 septembre 2025, le Musée Tinguely de Bâle présente dans une exposition personnelle l’installation vidéo De tu pufio y letra (By Your Own Hand; 2014-2015/2019) de la célèbre artiste américaine Suzanne Lacy.
Il s’agit là de l’une de ses œuvres centrales abordant les violences liées au genre. Le travail de Lacy, pionnière dans l’art de la perfor­mance féministe et activiste depuis les années 1970, combine art et engagement social. Ses œuvres relèvent de la Social Practice, elles sont souvent réalisées en collaboration avec les communautés locales et portent sur les injustices sociales : violence domestique, discrimi­nation liée à l’âge et migration.

Avec l’exposition Suzanne
Lacy: By Your Own Hand, le Mu­sée Tinguely rend hommage à une œuvre hautement pertinente due à l’une des artistes féministes majeures de notre époque et instaure en même temps un espace de réflexion, de dialogue et de responsabilité sociale.

Une installation vidéo : une  confrontation qui bouscule

On voit dans l‘installation vidéo De tu puno y letra (By Your Own Hand; 2014-2015/2019) des personnes de genre masculin qui apparaissent les unes après les autres en lisant factuelle­ ment des extraits de lettres. Ces témoignages choquants de violences brutales, sexualisées et domestiques, qui vont de l’agression sexuelle au viol collectif et au féminicide, laissent un profond sentiment de malaise. Le film a été tourné dans les arènes de Quito, un espace con­noté masculin, marqué traditionnellement par la violence et la domination. L’agencement cir­culaire des projections place le public de l’exposition lui-même au centre de l’arène pour le confronter directement aux paroles et aux regards des acteurs. La représentation grandeur na­ture rend palpable le défi physique et émotionnel de l’intervention.

La décision délibérée de confier à des personnages de genre masculin la lecture de témoi­gnages de victimes de violences à caractère sexiste souligne le rôle du patriarcat comme fon­dement structurel de cette violence. Dans le même temps, le hiatus entre les voix masculines et les expériences féminines constitue un élément primordial qui stimule la pensée et permet une réflexion sur le genre, le pouvoir, la crédibilité. La projection se termine par un message essentiel qui rehausse la perspective du niveau individuel au niveau sociétal :

« It’s necessary not to be afraid, I told myself, necessary to write in order to heal, share the pain with others. »

L’art comme pratique sociale

L’installation vidéo reprend une performance participative et dialogique que l’artiste a réalisée en 2015. Lacy avait été invitée alors à concevoir une performance qui attirerait l’attention et la reconnaissance du public sur les lettres collectées dans le cadre de la campagne Cartas de Mu­jeres (2011-2012), projet lancé par la Ville de Quito, le Centro de Arte Contemporaneo de Quito, UN Women et l’organisme allemand Gesellschaft für internationale Zusammenarbeit (GIZ) en Équateur pour lutter contre les violences faites aux femmes. La performance s’est déroulée à Quito sous forme d’événement en cinq actes, avec la participation d’environ 600 personnes de genre masculin, le 25 novembre 2015, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Cette intervention avait été précédée d’ateliers avec des hommes de tout âge sur la violence liée au genre et la construction sociale de la masculinité.

Pionnière de l’art féministe

Les œuvres participatives de Suzanne Lacy montrent le pouvoir transformateur de l’art et son potentiel à susciter des débats de société. Comme l’une des principales voix du mouvement artistique féministe des années 1970, l’artiste a développé avec la Social Practice un nouveau modèle combinant art et action sociale. Très tôt déjà, dès le début des années 1970, le travail de Lacy a abordé le thème des violences sexualisées. En 1972, elle a monté la performance Ablu­tions (avec Judy Chicago, Sandra Orgelet Aviva Rahmani), l’une des premières œuvres d’art sur le thème du viol du point de vue des personnes de genre féminin.

À souligner aussi, Three Weeks in May de 1977, une performance de trois semaines centrée sur les viols à Los Angeles (avec Leslie Labowitz et Ariadne: A Social Art Network). Avec ces premières œuvres, Lacy et ses collègues étaient des pionnières non seulement artistiques mais aussi sociales, car elles abordaient publiquement les violences liées au genre dans une perspective résolument fémi­nine. Leurs travaux donnaient enfin voix aux femmes concernées et identifiaient les causes sociales et patriarcales de cette violence.

Le contexte de la présentation au Musée Tinguely

L’exposition au Musée Tinguely souligne toute l’actualité et la pertinence de ce sujet. La proxi­mité spatiale entre l’installation vidéo et l’œuvre Mengele-Totentanz (1986) de Jean Tinguely pose là un accent particulier. Avec cette construction cinétique et austère, faite d’éléments carbonisés et d’ossements d’animaux, Tinguely (1925-1991) aborde les notions de violence et de mort d’un point de vue historique et personnel. Alors que la tradition médiévale tardive
vé­hiculait la fugacité de toute vie humaine et l’égalité des individus dans la mort – du roi au mendiant-, il est clair aujourd’hui que les êtres humains sont très différemment concernés, en fonction de leur genre social, mais aussi de leurs ressources ou de leur appartenance eth­nique. Les violences domestiques et sexualisées sont quotidiennes et largement répandues.

Niki de Saint Phalle (1930-2002), seconde épouse de Tinguely et donatrice de la collection du Musée, a également été touchée. Dans son livre Mon secret (1994), elle fait état des agressions par son père dont elle-même a été victime à l’âge de 11 ans. Ses œuvres dénoncent les struc­tures patriarcales et donnent à voir le rôle de la violence et des abus de pouvoir.

Rendre visible un problème global – Programme d’accompagnement

Les féministes latino-américain-es restent pionnier-ères dans la lutte contre les violences liées au genre et les féminicides. En revanche, il a fallu attendre ces dernières années pour que la politique et la société, en Europe et en Suisse, se penchent davantage sur ce sujet. À travers des interventions, des tables rondes et un projet d’écriture participatif, le programme d’ac­compagnement s’intéresse à la situation locale et invite au dialogue.
Pour ce faire, le Musée Tinguely coopère entre autres avec la Opferhilfe beider Basel (Service d’aide aux victimes des deux Bâle), la Literaturhaus Basel et le collectif Q.U.I.C.H.E. Dans le cadre de l’exposition, le Musée Tinguely présente aussi la performance de Tyra Wigg, The hand, the rock, your shoul­ der, and my mouth (2022), au cœur de laquelle ressortent le toucher comme expression de violence et le toucher comme soin et pratique thérapeutique. Par le maniement d’une grosse pierre, par l’approche attentive et curative du corps et son trauma, c’est un véritable contre­ poids qui prend forme.

Biographie

Suzanne Lacy (née en 1945) est pionnière dans l’art de la performance féministe et activiste mais aussi du New Genre Public Art et de la Social Practice. Son travail porte entre autres sur les violences sexualisées, les discriminations liées à l’âge, la pauvreté, l’incarcération et l’immi­gration. Opérer un rapprochement entre les gens et créer en collaboration avec des groupes locaux sont constitutifs de son travail. Celui-ci englobe des performances chorégraphiées et dialogiques, des recherches sociologiques, la tenue d’ateliers, l’organisation communautaire, la cartographie et le mapping, la photographie, la production et l’installation vidéo ainsi que des interventions dans les médias.
L’art de Lacy s’enracine dans les premières performances californiennes d’Allan Kaprow et la pratique artistique féministe de Judy Chicago. De grandes rétrospectives de l’œuvre de Lacy se sont tenues au San Francisco Museum of Modern Art, au Yerba Buena Center for the Arts, San Francisco (Suzanne Lacy: We Are Here, 2019) et au Queens Museum (Suzanne Lacy: The Medium is Not the Only Message, 2022). L’artiste a réa­lisé de vastes interventions artistiques sociales et politiques à Londres, Brooklyn, Medellin, Los Angeles, Madrid et dernièrement à Manchester. En 2025, elle participera avec plusieurs œuvres à la Sharjah Biennial 16. Lacy est professeure à la Roski School of Art and Design de la University of Southern California et artiste en résidence au 18th Street Arts Center à Santa Mo­nica, Californie.

Informations pratiques

Musée Tinguely 
1 Paul Sacher-Anlage 1 l 4002 Bâle

Accès
Gare centrale de Bâle CFF / Gare SNCF :
tram no. 1 ou 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz », puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à
« Tinguely Museum ». 

Heures d’ouverture: mardi- dimanche 11h-18h, jeudi 11h-21h

Site Internet : www.tinguely.ch

Réseaux sociaux : @museumtinguely 1  #museumtinguely 1 
#byyourownhand @suzanne.lacy

Crédit photo: Suzanne Lacy, De tu puna y letra (By Your Own Hand) (2014-15/2019). Six-channel HD video installation, with sound, 30 min. Partial installation view at Queens Museum, New York. Courtesy the artist; photo: Hai Zhang, courtesy Queens Museum.

Sommaire du mois d’avril 2025

Les Deux Ombres,
Didier  Paquignon, Lisbonne 2024

25 avril 2025 : Ali Cherri « Corps et âmes »
23 avril 2025 : Georg Baselitz, «Corps et âmes»
18 avril 2025 : «CORPS ET ÂMES»
13 avril 2025 : David Hockney, 25
12 avril 2025 : Artemisia, Héroïne de l’art
9 avril  2025  : Paul Béranger au temple Saint-Étienne « Silence »
7 avril  2025 :  Manfred Willmann Beau monde, où es-tu ?
1  avril  2025 : Verso histoire d’envers