Suzanne Lacy: By Your Own Hand

Performance, Plaza Belmonte bullring, Quito, Ecuador
Commissaire : Dr Sandra Beate Reimann
au Musée Tinguely jusqu'au - 7 septembre 2025

Du 9 avril au 7 septembre 2025, le Musée Tinguely de Bâle présente dans une exposition personnelle l’installation vidéo De tu pufio y letra (By Your Own Hand; 2014-2015/2019) de la célèbre artiste américaine Suzanne Lacy.
Il s’agit là de l’une de ses œuvres centrales abordant les violences liées au genre. Le travail de Lacy, pionnière dans l’art de la perfor­mance féministe et activiste depuis les années 1970, combine art et engagement social. Ses œuvres relèvent de la Social Practice, elles sont souvent réalisées en collaboration avec les communautés locales et portent sur les injustices sociales : violence domestique, discrimi­nation liée à l’âge et migration.

Avec l’exposition Suzanne
Lacy: By Your Own Hand, le Mu­sée Tinguely rend hommage à une œuvre hautement pertinente due à l’une des artistes féministes majeures de notre époque et instaure en même temps un espace de réflexion, de dialogue et de responsabilité sociale.

Une installation vidéo : une  confrontation qui bouscule

On voit dans l‘installation vidéo De tu puno y letra (By Your Own Hand; 2014-2015/2019) des personnes de genre masculin qui apparaissent les unes après les autres en lisant factuelle­ ment des extraits de lettres. Ces témoignages choquants de violences brutales, sexualisées et domestiques, qui vont de l’agression sexuelle au viol collectif et au féminicide, laissent un profond sentiment de malaise. Le film a été tourné dans les arènes de Quito, un espace con­noté masculin, marqué traditionnellement par la violence et la domination. L’agencement cir­culaire des projections place le public de l’exposition lui-même au centre de l’arène pour le confronter directement aux paroles et aux regards des acteurs. La représentation grandeur na­ture rend palpable le défi physique et émotionnel de l’intervention.

La décision délibérée de confier à des personnages de genre masculin la lecture de témoi­gnages de victimes de violences à caractère sexiste souligne le rôle du patriarcat comme fon­dement structurel de cette violence. Dans le même temps, le hiatus entre les voix masculines et les expériences féminines constitue un élément primordial qui stimule la pensée et permet une réflexion sur le genre, le pouvoir, la crédibilité. La projection se termine par un message essentiel qui rehausse la perspective du niveau individuel au niveau sociétal :

« It’s necessary not to be afraid, I told myself, necessary to write in order to heal, share the pain with others. »

L’art comme pratique sociale

L’installation vidéo reprend une performance participative et dialogique que l’artiste a réalisée en 2015. Lacy avait été invitée alors à concevoir une performance qui attirerait l’attention et la reconnaissance du public sur les lettres collectées dans le cadre de la campagne Cartas de Mu­jeres (2011-2012), projet lancé par la Ville de Quito, le Centro de Arte Contemporaneo de Quito, UN Women et l’organisme allemand Gesellschaft für internationale Zusammenarbeit (GIZ) en Équateur pour lutter contre les violences faites aux femmes. La performance s’est déroulée à Quito sous forme d’événement en cinq actes, avec la participation d’environ 600 personnes de genre masculin, le 25 novembre 2015, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Cette intervention avait été précédée d’ateliers avec des hommes de tout âge sur la violence liée au genre et la construction sociale de la masculinité.

Pionnière de l’art féministe

Les œuvres participatives de Suzanne Lacy montrent le pouvoir transformateur de l’art et son potentiel à susciter des débats de société. Comme l’une des principales voix du mouvement artistique féministe des années 1970, l’artiste a développé avec la Social Practice un nouveau modèle combinant art et action sociale. Très tôt déjà, dès le début des années 1970, le travail de Lacy a abordé le thème des violences sexualisées. En 1972, elle a monté la performance Ablu­tions (avec Judy Chicago, Sandra Orgelet Aviva Rahmani), l’une des premières œuvres d’art sur le thème du viol du point de vue des personnes de genre féminin.

À souligner aussi, Three Weeks in May de 1977, une performance de trois semaines centrée sur les viols à Los Angeles (avec Leslie Labowitz et Ariadne: A Social Art Network). Avec ces premières œuvres, Lacy et ses collègues étaient des pionnières non seulement artistiques mais aussi sociales, car elles abordaient publiquement les violences liées au genre dans une perspective résolument fémi­nine. Leurs travaux donnaient enfin voix aux femmes concernées et identifiaient les causes sociales et patriarcales de cette violence.

Le contexte de la présentation au Musée Tinguely

L’exposition au Musée Tinguely souligne toute l’actualité et la pertinence de ce sujet. La proxi­mité spatiale entre l’installation vidéo et l’œuvre Mengele-Totentanz (1986) de Jean Tinguely pose là un accent particulier. Avec cette construction cinétique et austère, faite d’éléments carbonisés et d’ossements d’animaux, Tinguely (1925-1991) aborde les notions de violence et de mort d’un point de vue historique et personnel. Alors que la tradition médiévale tardive
vé­hiculait la fugacité de toute vie humaine et l’égalité des individus dans la mort – du roi au mendiant-, il est clair aujourd’hui que les êtres humains sont très différemment concernés, en fonction de leur genre social, mais aussi de leurs ressources ou de leur appartenance eth­nique. Les violences domestiques et sexualisées sont quotidiennes et largement répandues.

Niki de Saint Phalle (1930-2002), seconde épouse de Tinguely et donatrice de la collection du Musée, a également été touchée. Dans son livre Mon secret (1994), elle fait état des agressions par son père dont elle-même a été victime à l’âge de 11 ans. Ses œuvres dénoncent les struc­tures patriarcales et donnent à voir le rôle de la violence et des abus de pouvoir.

Rendre visible un problème global – Programme d’accompagnement

Les féministes latino-américain-es restent pionnier-ères dans la lutte contre les violences liées au genre et les féminicides. En revanche, il a fallu attendre ces dernières années pour que la politique et la société, en Europe et en Suisse, se penchent davantage sur ce sujet. À travers des interventions, des tables rondes et un projet d’écriture participatif, le programme d’ac­compagnement s’intéresse à la situation locale et invite au dialogue.
Pour ce faire, le Musée Tinguely coopère entre autres avec la Opferhilfe beider Basel (Service d’aide aux victimes des deux Bâle), la Literaturhaus Basel et le collectif Q.U.I.C.H.E. Dans le cadre de l’exposition, le Musée Tinguely présente aussi la performance de Tyra Wigg, The hand, the rock, your shoul­ der, and my mouth (2022), au cœur de laquelle ressortent le toucher comme expression de violence et le toucher comme soin et pratique thérapeutique. Par le maniement d’une grosse pierre, par l’approche attentive et curative du corps et son trauma, c’est un véritable contre­ poids qui prend forme.

Biographie

Suzanne Lacy (née en 1945) est pionnière dans l’art de la performance féministe et activiste mais aussi du New Genre Public Art et de la Social Practice. Son travail porte entre autres sur les violences sexualisées, les discriminations liées à l’âge, la pauvreté, l’incarcération et l’immi­gration. Opérer un rapprochement entre les gens et créer en collaboration avec des groupes locaux sont constitutifs de son travail. Celui-ci englobe des performances chorégraphiées et dialogiques, des recherches sociologiques, la tenue d’ateliers, l’organisation communautaire, la cartographie et le mapping, la photographie, la production et l’installation vidéo ainsi que des interventions dans les médias.
L’art de Lacy s’enracine dans les premières performances californiennes d’Allan Kaprow et la pratique artistique féministe de Judy Chicago. De grandes rétrospectives de l’œuvre de Lacy se sont tenues au San Francisco Museum of Modern Art, au Yerba Buena Center for the Arts, San Francisco (Suzanne Lacy: We Are Here, 2019) et au Queens Museum (Suzanne Lacy: The Medium is Not the Only Message, 2022). L’artiste a réa­lisé de vastes interventions artistiques sociales et politiques à Londres, Brooklyn, Medellin, Los Angeles, Madrid et dernièrement à Manchester. En 2025, elle participera avec plusieurs œuvres à la Sharjah Biennial 16. Lacy est professeure à la Roski School of Art and Design de la University of Southern California et artiste en résidence au 18th Street Arts Center à Santa Mo­nica, Californie.

Informations pratiques

Musée Tinguely 
1 Paul Sacher-Anlage 1 l 4002 Bâle

Accès
Gare centrale de Bâle CFF / Gare SNCF :
tram no. 1 ou 2 jusqu‘au « Wettsteinplatz », puis bus no. 31 ou 38 jusqu’à
« Tinguely Museum ». 

Heures d’ouverture: mardi- dimanche 11h-18h, jeudi 11h-21h

Site Internet : www.tinguely.ch

Réseaux sociaux : @museumtinguely 1  #museumtinguely 1 
#byyourownhand @suzanne.lacy

Crédit photo: Suzanne Lacy, De tu puna y letra (By Your Own Hand) (2014-15/2019). Six-channel HD video installation, with sound, 30 min. Partial installation view at Queens Museum, New York. Courtesy the artist; photo: Hai Zhang, courtesy Queens Museum.

Sommaire du mois d’avril 2025

Les Deux Ombres,
Didier  Paquignon, Lisbonne 2024

25 avril 2025 : Ali Cherri « Corps et âmes »
23 avril 2025 : Georg Baselitz, «Corps et âmes»
18 avril 2025 : «CORPS ET ÂMES»
13 avril 2025 : David Hockney, 25
12 avril 2025 : Artemisia, Héroïne de l’art
9 avril  2025  : Paul Béranger au temple Saint-Étienne « Silence »
7 avril  2025 :  Manfred Willmann Beau monde, où es-tu ?
1  avril  2025 : Verso histoire d’envers

Verso histoire d’envers

HxB: 113.5 x 88 cm (Mitteltafel)
HxB: 112 x 40 cm (Flügel); Öl auf Holz; Inv. 1233

Au Kunstmuseum Basel | Neubau jusqu'au 4.1.2026
Commissaire : Bodo Brinkmann
Histoires de Backsides

Vous êtes-vous déjà demandé ce qui pouvait se cacher derrière un tableau ? L’exposition Verso présente les dos d’œuvres d’art du XIVe au XVIIIe siècle, dévoilant des vues cachées habituellement réservées aux seuls conservateurs et restaurateurs.

 

L’exposition met en lumière l’histoire des œuvres d’art avant qu’elles ne trouvent leur place au musée. Il révèle dans quels autres contextes et fonctions ils ont été utilisés. On peut y voir par exemple des autels ailés qui étaient ouverts et fermés selon le calendrier de l’église, des armoiries d’anciens propriétaires ou des supports de tableaux dont les dos ont été réutilisés. On y trouve également une enseigne publicitaire double face d’Ambrosius et de Hans Holbein le Jeune ainsi que des œuvres spécialement conçues pour être tournées et retournées. « Verso » offre de nouvelles perspectives sur des œuvres d’artistes célèbres tels que Hans Baldung dit Grien, Lucas Cranach et Konrad Witz ainsi que d’autres qui méritent un second regard.

Maître de Sierentz, Le Combat du Dragon de St. Georg (à l’intérieur) ;
La Déploration du Christ sous la Croix (extérieur), aile droite d’un retable, vers 1445-1450, Kunstmuseum Basel, acquis avec les fonds de la Fondation Felix Sarasin, photo : Martin P. Bühler

Prologue

L’exposition Verso au Kunstmuseum Basel rend visible ce que cache l’envers de tableaux exécutés entre le 14e et le 18e siècle. Des cadres conçus spécialement pour cette présentation permettent d’observer, de manière inédite, le recto et le verso de 36 œuvres d’art de la collection du musée. Verso dévoile au public ce qui est habituellement réservé au regard du personnel scientifique du musée révélant les contextes et les fonctions d’usage de ces peintures.

L’exposition permet ainsi d’aborder sous un angle nouveau des œuvres d’art bien connues.
Jalonné d’une multitude d’observations, le parcours se déploie en huit chapitres répartis dans les salles d’exposition du niveau inférieur du Kunstmuseum Basel | Neubau. La plupart des œuvres du musée peintes recto-verso étant à l’origine des volets de retables catholiques, deux exemples du 16e siècle intégralement conservés permettent d’abord d’expliquer la raison d’être de ce mobilier liturgique utilisé durant les offices religieux.

Autels et portraits

L’exposition se penche ensuite sur l’un des thèmes majeurs du tableau d’autel : les saints de l’Église catholique et les différentes manières de les représenter. Elle montre également certains artifices remarquables employés lors de la conception de volets d’autel. Ainsi, un volet émanant de l’atelier de l’artiste Konrad Witz présentant une caisse peinte sur sa face externe indique qu’une telle structure se trouvait de fait derrière le volet en position fermée.


Un volet d’autel destiné à accueillir des reliefs, aujourd’hui perdus, illustre le rapport entre peinture et sculpture au sein du retable. Par la suite, différents types de peinture décorative sont présentés allant d’un revers orné d’arabesques, en passant par d’autres créant l’illusion de plaques en pierre au moyen de marbrures, jusqu’à des revers décorés de motifs formés à partir de lettres.

Il était également fréquent de peindre les deux côtés d’un portrait. Dans ce cas, le verso se prêtait généralement à la pose d’armoiries qui permettaient d’identifier la personne représentée. Une autre section de l’exposition est ainsi consacrée à l’art héraldique (la science du blason) aujourd’hui délaissé.
Pour les exemples cités jusqu’ici, les peintures sur les faces avant et arrière des œuvres furent exécutées en même temps. Cependant, il n’est pas rare d’observer qu’un revers a été peint ultérieurement ou qu’une autre peinture s’est substituée à celle d’origine.

HxB: je 39.7 x 31.9 cm (rechte Tafel H 39.5 cm); Öl auf Lindenholz; Inv. 312

Parmi les quatre exemples provenant des fonds de la collection, le double portrait en deux parties du maire de Bâle, Jacob Meyer zum Hasen, et de son épouse constitue le cas le plus spectaculaire et instructif. Dans cette composition de Hans Holbein le Jeune qu’il a lui-même datée de 1516, la perspective du tableau n’est visible que si les deux panneaux sont disposés côte à côte – par exemple à l’intérieur d’un cadre unique et rigide doté d’une baguette centrale.

Quatre ans plus tard, Jacob Meyer a toutefois fait
poser ses armoiries sur l’envers du tableau par un autre peintre et les a même fait dater à part. À cette époque, les deux panneaux devaient être joints de manière articulée : en position repliée, la face présentant les armes aurait indiqué ce qui se cachait derrière, telle la couverture d’un livre munie d’un titre.

Inscriptions et cas inhabituels

Concevoir artistiquement le revers d’un tableau ne signifie pas nécessairement le peindre : une inscription peut également modifier la valeur d’une œuvre. Le portrait d’un maître hollandais inconnu dont l’envers présente une inscription ajoutée ultérieurement en constitue un exemple. Le sujet représenté,

HxB: 88.9 x 68.4 cm; Öl auf Eichenholz; Inv. 561

prétendument un noble dénommé Johann von Bruck, a fui les Pays-Bas et s’est installé à Bâle en 1544, en raison de persécutions liées à sa foi. Ce n’est que deux ans après sa mort, en 1556, qu’on découvrit sa véritable identité : il s’agissait de l’hérétique David Joris, anabaptiste et meneur de groupe, longtemps recherché dans le Saint-Empire romain germanique, en vain. Après les révélations posthumes sur la double vie de von Bruck/Joris, le Conseil de la Ville de Bâle fait confisquer son portrait en 1559 et le transforme en un mémorial au travers de l’inscription. Celle-ci contient même le rapport du procès posthume pour
hérésie au cours duquel le cadavre de Joris fut exhumé et jeté sur un bûcher.
L’exposition s’achève sur trois cas particuliers où les artistes explorent le rapport entre les faces avant et arrière d’une œuvre :

• Au début du 18e siècle, le peintre de nature morte Pieter Snyers se sert de la
matrice d’une gravure sur cuivre comme support. Âgée de cent ans, la plaque est abîmée, ainsi il n’est plus possible d’en tirer des impressions. Toutefois, la
surface lisse de son envers se prête merveilleusement à la délicate peinture de
Snyers.
• En 1516, les frères Ambrosius et Hans Holbein le Jeune réalisent une fausse
enseigne de boutique dont l’apparence suggère qu’elle devait être accrochée
devant la demeure d’un maître d’apprentissage. En réalité, il s’agit autant d’une farce bourgeoise intellectuelle que d’un cadeau d’adieu pour leur ami et
enseignant Oswald Geisshüsler, dit Myconius.

HxB: 55.3 x 65.5 cm; Mischtechnik auf Fichtenholz; Inv. 311
55.3 x 65.5 cm; Mischtechnik auf Fichtenholz; Inv. 310

• Enfin, en 1517, Niklaus Manuel Deutsch crée un trompe-l’œil : son fin tableau a l’apparence d’un dessin en clair-obscur sur papier coloré caractéristique de cette époque. À la manière d’un·e dessinateur·rice utilisant souvent les deux côtés de la feuille, le peintre a également muni la face arrière d’une représentation encore plus spectaculaire que celle de la face avant.

L’exposition Verso. Histoires d’envers réunit des œuvres de Hans Baldung dit Grien, Hans Block l’Ancien, Jacob Cornelisz. van Oostsanen, Lucas Cranach l’Ancien, Hans Fries, Hans Holbein le Jeune, Ambrosius Holbein, Wolfgang Katzheimer l’Ancien, Niklaus Manuel dit Deutsch, Hans Pleydenwurff, Jan Polack, Pieter Snyers, Tobias Stimmer, Konrad Witz et d’autres artistes de la collection du Kunstmuseum Basel.

Informations pratiques

HAUPTBAU & NEUBAU

Lu fermé
Ma 10h00–18h00
Me 10h00–20h00
Je–Di 10h00–18h00

Horaires d’ouverture particuliers

Accès
SBB gare
Tram n°2 en direction « Eglisee/Badischer Bahnhof » jusqu’à l’arrêt « Kunstmuseum »

Sommaire du mois de mars 2025

L’art est dans la rue

30 mars 2025 : Apocalypse
28 mars 2025 : Medardo Rosso
20 mars 2025 : Tous Léger !
9 mars 2025    : Arno Brignon Marine Lanier PLY
8 mars 2025    : Trente-et-une femmes
6 mars 2025    : Une histoire dessinée de la danse
1 mars 2025     : Soirée rencontre au cinéma Bel Air Robert Cahen & Jean Paul Fargier

Medardo Rosso

L’invention de la sculpture moderne

Au Kunstmuseum Basel | Neubau, jusqu'au 10.8.2025
Commissaires :
Heike Eipeldauer (mumok) et Elena Filipovic (Kunstmuseum Basel Scénographie : Meyer-Grohbruegge
 « Nous ne sommes rien d’autre que la conséquence
des choses qui nous entourent. »
— Medardo Rosso
Medardo Rosso, enfant juif2

Sculpteur, photographe et maître de la mise en scène, concurrent d’Auguste Rodin et modèle pour de nombreux·ses artistes, Medardo Rosso (1858 à Turin, Italie–1928 à Milan, Italie) a révolutionné la sculpture vers 1900. Malgré son influence considérable, l’artiste italo-français n’est guère connu aujourd’hui.

L’exposition Medardo Rosso.
L’invention de la sculpture moderne entend y remédier. Cette rétrospective d’envergure au Kunstmuseum Basel offre une rare occasion de découvrir la production de Rosso à travers quelque 50 œuvres plastiques et près de 250 photographies et dessins. Elle propose d’en apprendre davantage sur son œuvre pionnière qu’il réalisa à Milan et à Paris au tournant du siècle, mais aussi sur la portée contemporaine de son art, et offre en même temps la base pour redécouvrir l’histoire de la sculpture moderne.

Fruit d’une coopération avec le mumok (Museum moderner Kunst Stiftung Ludwig Wien), l’exposition, dont le commissariat est assuré conjointement par Heike Eipeldauer et Elena Filipovic, permet de comprendre les recherches radicales et transmédiales menées par Rosso sur la forme (ou l’absence de forme), la matière et la technique.
L’impact colossal de sa production artistique, toujours perceptible aujourd’hui, se manifeste dans le dialogue avec des œuvres d’art de plus de 60 artistes des cent dernières années, parmi lesquel·les Lynda Benglis, Constantin Brâncuși, Edgar Degas, David Hammons, Eva Hesse, Meret Oppenheim, Auguste Rodin et Alina Szapocznikow.

Medardo Rosso et son œuvre

En 1918, après avoir visité l’atelier de l’artiste, Guillaume Apollinaire écrit dans la revue parisienne L’Europe Nouvelle :
« Medardo Rosso est sans aucun doute le plus grand sculpteur vivant ».
À travers ces mots, l’influent critique d’art et poète rend un hommage
singulier à l’œuvre de Rosso. Né en 1858 à Turin, Medardo Rosso s’établit à Paris à partir de 1889. Il restera trente ans dans la métropole artistique française et ne retournera dans son pays natal, l’Italie, que les dernières années de sa vie. Hormis une année d’étude à l’Accademia di Brera (Académie des beaux-arts) à Milan où il s’inscrit à des cours de dessin à la Scuola di Anatomia (École d’anatomie), Rosso est un artiste autodidacte. Il est, en outre, l’auteur de nombreux écrits véhéments et au langage bien à lui dans le champ de la théorie de l’art.

À Paris, il tisse des liens avec les impressionnistes et fait également la connaissance d’Auguste Rodin (1840–1917), artiste déjà reconnu, avec lequel il travaille désormais à une redéfinition radicale du genre de la sculpture. Pour dépasser les conceptions traditionnelles de la représentation, la production et la perception, Rosso est convaincu de la nécessité de « redonner vie » en profondeur à la sculpture :
« Il n’y a ni peinture, ni sculpture, il n’y a qu’une chose qui vit. »

Les dimensions humaines de la sculpture de Rosso, la mise en scène fragmentée créant une intimité, ainsi que l’aspect imprécis de ses figures se heurtent aux exigences d’une sculpture monumentale héroïque pensée pour l’éternité telle qu’elle était courante autrefois, et, par conséquent, à des longues traditions sculpturales. Une préoccupation semblable obsède également Rosso sur le plan du motif et de la matière : il se consacre davantage aux gens du quotidien qu’aux glorieux récits épiques et crée des œuvres qui tentent de saisir l’essence éphémère d’un moment. 

Le processus créatif de Rosso

Outre le bronze, Rosso recourt pour ses figures à des matières plus modestes et
périssables comme la cire et le plâtre, jusqu’ici utilisées en sculpture pour des étapes préliminaires ou généralement comme outils. En raison de leur souplesse et de leur malléabilité, elles donnent une impression de fugacité – raison pour laquelle ses sculptures furent également célébrées comme une version sculpturale de l’impressionnisme. Il s’agit toutefois d’une appellation qui ne décrit qu’un aspect de l’œuvre pionnière de Rosso, difficile à catégoriser à bien des égards. Au fil du temps, l’artiste se concentre sur un répertoire restreint de motifs qu’il utilise de manière répétée avec différents supports et matières et qu’il décline en variations pour obtenir de multiples effets.

À partir de 1900, Rosso intègre systématiquement la photographie dans son processus créatif. Il photographie ses figures et expose ses prises de vue aux côtés de ses sculptures ainsi que de travaux de ses contemporain·es et de copies d’œuvres d’art d’autres époques sous forme d’ensembles. Par cette mise en scène, l’espace entourant les œuvres devient partie intégrante de l’effet sculptural global. Toutefois, les figures de Rosso ne sont pas uniquement destinées à des expositions, mais aussi – du fait de leurs dimensions intimes – à l’espace privé d’intérieurs bourgeois. Elles sont intrinsèquement
liées avec ceux qui les observent et avec « ce tapis, ce fauteuil » comme Rosso l’a lui-même décrit :

                                            Louise Bourgeois
« Nous ne sommes rien que les conséquences des choses qui nous entourent. Même lorsque nous nous déplaçons, nous sommes toujours liés à d’autres choses. »
Rosso accordait de l’importance à établir une relation, une « conversation » avec son environnement. Il le formula ainsi : saisir le moment particulier où le motif surgit et produit une émotion. À l’époque actuelle où le rapport entre l’individu et la société, entre l’humain et la technique est plus que jamais à l’ordre du jour, l’œuvre de Rosso apparaît comme « étonnamment vivante » selon les mots de l’artiste Phyllida Barlow (1944–2023), qui avouait sa fascination pour le sculpteur et son œuvre.

L’exposition à Bâle

Vingt ans après la première et dernière rétrospective en Suisse, la vaste exposition Medardo Rosso. L’invention de la sculpture moderne met en évidence l’approche expérimentale et trans-médiale de Medardo Rosso. Sa réalisation repose essentiellement sur les travaux de recherche et de préparation menés durant plusieurs années par Heike Eipeldauer (mumok), complétés par le concours d’Elena Filipovic à Bâle. L’exposition
réunit près de 50 sculptures en bronze, plâtre et cire de l’artiste, parmi lesquelles des pièces emblématiques, ainsi que des centaines de photographies et de dessins. Ces dernières décennies, nombre de ces œuvres n’étaient guère visibles hors d’Italie.

                Portrait d’Henri Rouart
(1890) est exposé ici aux côtés du Torse (1878–1879) d’Auguste Rodin et des Cinq
baigneuses (1885 ou 1887) de Paul Cezanne                           

Selon le principe de mise en regard, comme le pratiquait également Rosso, l’exposition présente son œuvre en « conversation » avec plus de 60 photographies, peintures, sculptures et vidéos anciennes et contemporaines. Il en résulte des dialogues transgénérationnels d’artistes de l’époque de Rosso jusqu’à aujourd’hui, parmi lesquel·les Francis Bacon, Phyllida Barlow, Louise Bourgeois, Isa Genzken, Alberto Giacometti, Robert Gober, David Hammons, Hans Josephsohn, Yayoi Kusama, Marisa Merz, Bruce Nauman, Senga Nengudi, Richard Serra, Georges Seurat, Paul Thek, Rosemarie Trockel, Hannah Villiger, Andy Warhol, Francesca Woodman et d’autres (voir liste ci-jointe).

Comparativement à l’exposition viennoise, l’édition bâloise présente, en
outre, des œuvres d’Umberto Boccioni, Miriam Cahn, Mary Cassatt, Marcel Duchamp, Peter Fischli / David Weiss, Felix Gonzalez-Torres, Sidsel Meineche Hansen, Henry Moore, Meret Oppenheim, Simone Fattal, Giuseppe Penone, Odilon Redon, Pamela Rosenkranz, Kaari Upson, Andra Ursuţa et Danh Vō.
L’exposition commence dès la cour intérieure du Hauptbau où Les Bourgeois de Calais de Rodin (1884–1889) est mis en regard avec un travail de Pamela Rosenkranz. Le parcours mène du Hauptbau au Neubau par la liaison souterraine où est installé un ample travail de Kaari Upson. C’est ici, au rez-de-chaussée, que commence l’exposition avec une présentation monographique d’œuvres de Rosso.

L’exposition se poursuit au deuxième étage à travers les mises en regard avec des œuvres d’autres artistes. Ces dialogues s’échelonnent le long d’axes thématiques à l’instar de « Répétition et variation », « Processus et performance », « Toucher, enlacer, modeler », « Mise en scène », « Informe », « Anti-monumentalité » et « Apparaître et disparaître ».


Les œuvres présentées proviennent des fonds des collections du Kunstmuseum Basel et du mumok de Vienne, ainsi que de collections internationales comme l’Albertina Museum, Vienne, la Galleria d’Arte Moderna di Milano, Milan, le Kröller-Müller Museum, Otterlo, le Kunst Museum Winterthur, le Kunsthaus Zürich, le S.M.A.K., Gand, le Städel Museum, Francfort-sur-le-Main, le Stedelijk Museum, Amsterdam, ou des artistes euxmêmes.
L’exposition a vu le jour en collaboration avec le Medardo Rosso Estate. La
scénographie est réalisée par Johanna Meyer-Grohbrügge et son équipe.

Catalogue

L’exposition s’accompagne de la parution d’une publication consacrée à Medardo Rosso, la plus complète à ce jour. Elle réunit des essais de Jo Applin, Heike Eipeldauer, Georges Didi-Huberman, Megan R. Luke, Nina Schallenberg, Francesco Stocchi et Matthew S. Witkovsky.
Ed. par Heike Eipeldauer aux éditions Buchhandlung Walther und Franz König, Cologne,
496 pages, 450 fig., ISBN 978-3-7533-0612-4
En allemand ou en anglais

Informations pratiques


Brochure
Kunstmuseum Basel

St. Alban-Graben 8
Case postale, CH-4010 Basel
T +41 61 206 62 62
kunstmuseumbasel.ch

Horaire d’ouverture
Lu fermé
Ma 10h00–18h00
Me 10h00–20h00
Je–Di 10h00–18h00

Accès
depuis la gare SBB tram n° 2 arrêt Kunstmseum

Sommaire du mois de février 2025

                                           Le collège des Bernardins

26 février 2025 : Se faire plaisir
21 février 2025  : art karlsruhe
18 février 2025  : SOIREE ROBERT CAHEN
16 février 2025  : La Clef des songes
11 février 2025   : Suzanne Valadon
9  février 2025   : Épiphanies par Augustin Frison-Roche
7  février 2025   : Le Boléro de Ravel
6 février  2025   : Revoir Cimabue
3 février  2025   : Marina Abramović en Suisse

La Clef des songes

Chefs-d’oeuvre surréalistes de la Collection Hersaint

Joan Miró
Femme, 1934
Pastel sur papier velours, 106,5 x 70,5 cm
Collection Hersaint
© 2025 Successió Miró / ProLitteris, Zurich
Photo: Peter Schälchli, Zurich
A La Fondation Beyeler  du  16 février jusqu'au – 4 mai 2025
Commissariat de
Raphaël Bouvier, Senior Curator de la Fondation Beyeler.

L'Ange du Foyer avec Raphaël Bouvier curator, Evangéline Hersaint photo Domminique Bannwarth

Après la labyrinthique exposition parisienne sur le surréalisme, la Fondation Beyeler fait découvrir en première mondiale, une sélection représentative de chefs d’oeuvre surréalistes de la Collection Hersaint. L’exposition présente une cinquantaine d’oeuvres clés d’artistes tels que Salvador Dalí, Max Ernst, René Magritte, Joan Miró, Pablo Picasso, Man Ray,
Dorothea Tanning, Toyen, mais aussi Balthus, Jean Dubuffet, Wifredo Lam et bien d’autres.

Dorothea Tanning
Valse bleue, 1954
Huile sur toile, 130 x 97 cm
Collection Hersaint
© 2025 ProLitteris, Zurich
Photo: Peter Schälchli, Zurich

Elle s’attache à divers thèmes majeurs du surréalisme comme la nuit, le rêve, l’inconscient, la métamorphose ou la forêt, en tant que lieu d’énigmes. Les peintures de la Collection Hersaint dialogueront avec certaines pièces maîtresses de la Fondation Beyeler.

La Collection Hersaint

« La Clef des songes » : ce titre d’une toile cardinale de René Magritte appartenant à la Collection Hersaint incarne l’orientation fondamentalement surréaliste et tresse les divers liens qu’elle noue avec l’univers mystérieux, à la fois familier et inquiétant, des (mauvais) rêves et de l’inconscient. La collection a été fondée par Claude Hersaint (1904, São Paulo – 1993, Crans-Montana), l’un des premiers et des plus importants collectionneurs du surréalisme. Après avoir grandi au Brésil, Claude Hersaint s’installe à Paris, où il acquiert à l’âge de dix-sept ans sa première oeuvre de Max Ernst. En naîtra une passion pour l’art qui l’animera toute sa vie et le conduira à réunir l’une des collections de peinture surréaliste les plus remarquables au monde. La Collection Hersaint rassemble aujourd’hui quelque 150 pièces, elle conserve notamment un ensemble d’oeuvres de Max Ernst parmi les plus considérables entre des mains privées.
Claude Hersaint a entretenu pendant sa vie entière des liens d’amitié avec un grand nombre d’artistes. Son enthousiasme et son engagement en faveur de l’art ont été repris par son épouse Françoise Hersaint et
leur fille Evangéline Hersaint.

Les chefs-d’oeuvre de la Collection

Parmi les nombreux chefs-d’oeuvre de la Collection, il faut mentionner L’Ange du foyer (Le Triomphe du surréalisme) que Max Ernst a peint en 1937 et qui est devenu l’icône par excellence du surréalisme.


L’énigmatique et insondable Le Jeu lugubre (1929) incarne la quintessence de l’art de Salvador Dalí, que hantent les tabous érotiques et psychologiques. Quant au Passage du Commerce-Saint-André (1952–1954), ce chef-d’oeuvre monumental de Balthus est en prêt à long terme à la Fondation Beyeler depuis
plusieurs années. L’exposition fera voir en outre, de Dorothea Tanning et de Toyen – deux importantes artistes féminines du surréalisme –, un ensemble d’oeuvres caractéristiques qui n’ont pratiquement jamais été montrées jusqu’ici au public.

Salvador Dalí, Le Jeu lugubre, 1929
Huile et collage sur carton, 44,4 x 30,3 cm
Collection Hersaint
© 2025 Fundació Gala-Salvador Dalí /
ProLitteris, Zurich
Photo: Peter Schälchli, Zurich

Une longue amitié

Une longue amitié a lié Claude, Françoise et Evangéline Hersaint aux époux Ernst et Hildy Beyeler.
Affichant à la fois des similitudes et des différences, la Collection Beyeler et la Collection Hersaint se complètent idéalement. Ainsi le dialogue avec la Collection Hersaint met-il en évidence les rapports que la Collection Beyeler entretient avec l’art surréaliste, de même que les mille échos féconds que se renvoient les deux ensembles en révèlent les infinies potentialités. C’est dans cet esprit que la présente exposition fait donc entrer les chefs-d’oeuvre de la Collection Hersaint en conversation avec certains joyaux de notre musée, qu’ils soient signés Louise Bourgeois, Jean Dubuffet, Max Ernst, Alberto Giacometti, Joan Miró, Pablo Picasso ou Henri Rousseau

                                              Max Ernst, Evangeline, 1941

Claude Hersaint

Claude Hersaint est né en 1904 à São Paulo, au Brésil, où sa famille originaire d’Alsace-Lorraine avait émigré au milieu du 19e siècle. Il grandit dans le milieu traditionnel de la haute bourgeoisie intellectuelle et s’installe dès son adolescence à Paris, où il suit les cours de « Sciences Po » et étudie le droit. Claude Hersaint fait ensuite profession de banquier, un métier qu’il exercera toute sa vie. À Paris, il noue des liens d’étroite amitié avec des artistes surréalistes comme Max Ernst, Victor Brauner, Óscar Domínguez, mais
aussi Balthus et Jean Dubuffet. Il fréquente également des écrivains, des intellectuels et des collectionneurs de renom tels que Jacques Lacan, Georges Bataille, Jean Paulhan et Marie-Laure de Noailles. En 1938, il épouse sa première femme, Hélène Anavi, une fascinante personnalité mondaine de
son temps. En raison de la Seconde Guerre mondiale et des persécutions nazies, Claude Hersaint et Hélène Anavi quittent précipitamment Paris au début de 1941, et se réfugient d’abord à Rio de Janeiro avant d’émigrer à New York, où ils se lient d’amitié avec Robert Oppenheimer, Claude Lévi-Strauss, Leo Castelli, Pierre Matisse, Man Ray, Dorothea Tanning et de nombreux autres artistes qui ont pris comme eux le chemin de l’exil.

Max Ernst
Oedipus Rex, 1922
Huile sur toile, 93 x 102 cm
Collection Hersaint
© 2025 ProLitteris, Zurich
Photo: Peter Schälchli, Zurich

Après la guerre, Claude Hersaint revient à Paris, où il fait la connaissance de sa seconde épouse, Françoise Moutier. À partir de 1948, Claude puis Françoise Hersaint vivent à Paris et Montreux, avant de s’installer définitivement à Crans-Montana, dans le Valais. Après la mort de son mari en 1993, Françoise
s’est engagée avec détermination pour que la Collection Hersaint ne soit pas dispersée. C’est leur fille Evangéline Hersaint qui est aujourd’hui à sa tête et qui la rend pour la première fois accessible au grand public à travers la présente exposition.

Le catalogue

Édité par Raphaël Bouvier pour la Fondation Beyeler, un catalogue richement illustré de 152 pages paraît en allemand et en français aux Éditions Hatje Cantz à Berlin, dans une réalisation graphique d’Uwe Koch et Silke Fahnert. Il contient un texte d’introduction et un grand entretien avec Evangéline Hersaint.

L’exposition « La Clef des songes. Chefs-d’oeuvre surréalistes de la Collection Hersaint » a vu le jour grâce au généreux soutien d’Evangéline et Laetitia Hersaint-Lair.

Informations pratiques

Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG,
Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen/Bâle, Suisse

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler :
tous les jours 10h00–18h00,
le mercredi jusqu’à 20h00

Accès (conseillé)
Depuis la gare SBB prendre le tram n° 2 jusqu’à Messeplatz
puis le tram n° 6 arrêt Fondation Beyeler

Marina Abramović en Suisse

Le Kunsthaus Zürich présente la première grande rétrospective de l’artiste Marina Abramović en Suisse, jusqu'  au 16 février 2025
L’exposition au Kunsthaus Zürich a été conçue en étroite collaboration avec
l’artiste. Mirjam Varadinis, curator-at-large du Kunsthaus Zürich, en a assuré le
commissariat. La rétrospective est réalisée en coopération avec la Royal Academy
of Arts, de Londres, le Stedelijk Museum d’Amsterdam et le Bank Austria
Kunstforum de Vienne.
 Mirjam Varadinis, la commissaire de l’exposition, “les réactions sont très variées”. 


Marina Abramović (*1946, Belgrade) est l’une des artistes contemporaines les
plus importantes. En plus de 55 ans de carrière, elle a réalisé des
performances légendaires qui sont entrées dans l’histoire (de l’art). 
Cette exposition comprend des oeuvres de toutes les périodes de la carrière de l’artiste et remet en scène live certaines performances historiques. Un nouveau travail est en outre créé spécialement pour le Kunsthaus, et implique directement le public.

Long durational performances

Marina Abramović a fait sa marque de fabrique de ses «long durational
performances»: des prestations inscrites dans la durée, exténuantes, dans
lesquelles l’artiste met à l’épreuve les limites du corps et de l’esprit et invite le
public à partager ces expériences avec elle.

Dans les oeuvres de ses débuts, elle
testait surtout les limites physiques. Dans ce domaine, on se souvient encore de
la série des «Rhythm Performances», dans lesquelles Marina Abramović exposait
son corps à des situations extrêmes, et expérimentait avec diverses formes de
perte de contrôle. Dans ses travaux plus récents, elle s’est plutôt intéressée à la
transformation mentale, au thème de la «guérison», et s’est attachée à proposer
une nouvelle expérience de soi aux visiteurs.

Avec ses «Transitory Objects»,
qu’elle réalise depuis le début des années 1990, Marina Abramović appelle le
public à interagir. Elle conçoit ces objets comme des outils permettant de mieux
se connaître soi-même. Pleine conscience, décélération, et partant, une autre
expérience du temps et de soi, ont toujours joué dans ces oeuvres un rôle central
– bien avant que ces thèmes ne soient en vogue dans la société. Par ailleurs,
l’artiste a développé la «méthode Abramović», un système destiné à approfondir
ces pistes avec le public, et à créer des possibilités pour vivre l’instant présent
plus consciemment et se connecter à ici et maintenant.

DES OEUVRES DE TOUTES LES PÉRIODES DE LA CARRIÈRE DE L’ARTISTE – UN
PUBLIC IMPLIQUÉ DANS LES PERFORMANCES

La vaste rétrospective organisée au Kunsthaus Zürich donne un aperçu du travail aux multiples facettes de cette artiste unique en son genre. On peut y voir des oeuvres de toutes les phases de sa carrière, relevant de différents genres: vidéo, photographie, sculpture et dessin.

Des performances iconiques sont également reproduites en live, comme «Imponderabilia» (1977) et «Luminosity» (1997).


Marina Abramović avait exécuté «Imponderabilia» pour la première fois à Bologne avec Ulay (1943–2020), son compagnon d’alors. Tous deux se tenaient nus à l’entrée du musée, face à face, et les visiteurs devaient se faufiler entre leurs corps. C’était une métaphore du fait que les artistes sont les piliers du musée, et que passer cette porte représente une expérience qui vous fait entrer dans un nouvel univers, celui de l’art. Cette expérience était et reste, à bien des égards, «impondérable», différente d’un individu à l’autre, mais dans tous les cas, elle constitue une rencontre puissante. À Zurich aussi, cette performance est présentée dès le début de l’exposition afin de conduire le public, physiquement et mentalement, dans un autre espace, voire de le mettre dans un autre état. En effet, la rétrospective organisée au Kunsthaus Zürich est bien plus qu’une exposition classique. C’est une expérience qui met en jeu les cinq sens, et invite le public à interagir et à participer directement. Cet accent mis sur les travaux participatifs fait de l’exposition une expérience unique et distingue la
rétrospective zurichoise des présentations qui l’ont précédée. Enfin, avec le

travail «Decompression Chamber», spécialement conçu pour le Kunsthaus
Zürich, Marina Abramović incite le public à faire halte un instant et à «décompresser», c’est-à-dire à se détendre et à adopter un autre état d’esprit, un autre état émotionnel, afin de se découvrir soi-même sous une forme nouvelle –mais aussi de percevoir autrement le monde.

RE-PERFORMANCES

Aujourd’hui, les re-performances ne sont plus réalisées par Marina Abramović
elle-même, mais par des performeurs et des performeuses locales. L’artiste
attache beaucoup d’importance à la transmission de son savoir à une nouvelle
génération. À cet effet, elle a créé le Marina Abramović Institute (MAI), qui
accompagne le processus de casting des performeurs et organise également des
événements avec de jeunes artistes de performance.

Vidéo

AUTOUR DE L’EXPOSITION: PROGRAMME / VISITES GUIDÉES

Les performances live de l’exposition, qui ont lieu tous les jours à intervalles
réguliers, s’accompagnent d’un programme de manifestations varié.
5 février: Marinas Choice: «The Space inbetween – Marina and Brasil»,
introduction de la commissaire Mirjam Varadinis.
Pour plus d’informations sur le programme, consulter
www.kunsthaus.ch/fr/besuch-planen/ausstellungen/marina-abramovic/ et
www.arthouse.ch.
Les visites guidées publiques en allemand ont lieu le dimanche à 11 h et le jeudi
à 18 h 30 (le jeudi 26 décembre: à 15 h).

Lumières du Nord

Edvard Munch, Train Smok 1900

Une exposition de groupe fascinante intitulée « Lumières du Nord » (26 janvier – 25 mai 2025) attend le public.
Commissaire : Ulf Kuster

La Fondation Beyeler présente l’exposition collective « Lumières du Nord ». L’exposition met l’accent sur un ensemble de près de 80 paysages peints entre 1880 et 1930 par des artistes originaires de Scandinavie et du Canada, dont des chefs-d’oeuvre de Hilma af Klint et Edvard Munch. Ces artistes partagent toutes et tous une même source d’inspiration : la forêt boréale. Une splendeur inouïe !

Les forêts s’étendant à perte de vue, la lumière rayonnante des jours d’été sans fin, les longues nuits d’hiver et les phénomènes naturels comme les aurores boréales ont donné naissance à une peinture moderne spécifiquement nordique qui exerce aujourd’hui encore une fascination et un attrait tout particuliers.
La forêt boréale, qui s’étend au sud et au nord du cercle polaire et compte parmi les plus grandes forêts primaires de la planète, est davantage dépeinte dans ces tableaux comme un paysage spirituel. Ce sera la première fois qu’un tel ensemble d’oeuvres est présenté en Europe.
L’exposition permet aux visiteuses et aux visiteurs de retracer le développement de la peinture de paysage nordique dans l’art moderne au fil d’oeuvres choisies de Helmi Biese, Anna Boberg, Emily Carr, Prince Eugen, Gustaf Fjæstad, Akseli Gallen-Kallela, Lawren Harris, Hilma af Klint, J.E.H. MacDonald, Edvard Munch, Ivan Chichkine, Harald Sohlberg et Tom Thomson, et d’ainsi découvrir des artistes qui leur sont probablement pour beaucoup encore inconnu·e·s.
L’exposition « Lumières du Nord » est réalisée par la Fondation Beyeler, Riehen/Bâle, et le Buffalo AKG Art Museum, Buffalo, New York.
Parallèlement à ces expositions temporaires, la Fondation Beyeler donnera à voir tout au long de l’année des oeuvres choisies de sa collection sous forme de présentations thématiques changeantes. La riche diversité de ces expositions pour l’année à venir promet de faire le bonheur des amateurs·rices d’art et des visiteurs·ses du monde entier.

Boreal Dreams

Sur commande de la Fondation Beyeler, l’artiste contemporain danois Jakob Kudsk Steensen (*1987) a créé une nouvelle installation numérique, qui est présentée pour la première fois dans le cadre de l’exposition
« Lumières du Nord ». Dans Boreal Dreams, l’artiste se penche sur les effets de la crise climatique sur l’écosystème de la zone boréale en concevant des mondes virtuels, fondés sur des données scientifiques issues de la recherche de terrain et sur la technologie des jeux vidéo.

Lien vers l’expérience we

Vidéo Fondation

Programmation associée « Lumières du Nord »

Événements
L’art au petit déjeuner – en allemand
L’art de la méditation
Artist Talk avec Jakob Kudsk Steensen – en anglais
Soirée cinéma avec Ingmar Bergman – en allemand
Café conversation « Puiser sa force dans la forêt » – en allemand
Visites accompagnées
Agendas à consulter ici

Informations pratiques

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler :
Tous les jours de 10 à 18 heures, le mercredi jusqu’à 20 heures

Depuis la gare SBB ou Db
Tram 2 arrêt Messeplatz puis tram 6 arrêt Fondation

Sommaire de décembre 2024

29 décembre 2024 : Giuseppe Penone – Arte Povera Bourse de commerce
24 décembre 2024 : Caillebotte Peindre les hommes
21 décembre 2024 : Geneviève Charras « Pan pan sur le tutu »
20 décembre 2024 : La mémoire des murs
17 décembre 2024 : FIGURES DU FOU DU MOYEN ÂGE AUX ROMANTIQUES
13 décembre 2024 : Nil Yalter
11 décembre 2024 : Chiharu Shiota « Les frémissements de l’âme »
8 décembre  2024 : Fresh Window Art & vitrines
3 décembre  2024 : ST-ART 2024