L'opéra au cinéma

 

Une nouveauté, nous est offerte depuis quelques mois par le groupe Kinépolis, la retransmission depuis le Metropolitain Opera de New York , par satellite et en direct, d’un opéra donné en matinée, qui avec le décalage horaire correspond pour nous avec bonheur, à la soirée du samedi.

 Le dernier opéra « Thaïs » de Jules Massenet nous était présentée, par Placido Domingo, grâce à cet ingénieux système, depuis le confortable fauteuil du Kinépolis, nous avons accès aux coulisses du Met, aux interviews des artistes, comme si nous étions des VIP, tout ceci, en mangeant selon les goûts : des bonbons, des chocolats glacés, du pop corn (beurk pour le bruit)

L’année dernière, c’est une opérette

« La fille du régiment » de Gaetano Donizetti, avec la pétillante et délicieuse Natalie Dessay qui a clôturé la saison.

Le premier opéra de cette saison, que j’ai vu, Salomé de Richard Strauss, avec Karita Mattila a fait  hurler les « mâles »

En effet le grand écran ne nous a rien épargné du jeu de la soprano. Du rôle de Salomé, elle a la voix merveilleuse, la souplesse, mais n’en a plus l’âge. Au lieu de la pucelle de 20 ans, on voit une dame mure, avec tous les ravages de la ménopause, traits relâchés, au visage terrible en gros plan, faisant un streep tease de cabaret, en guise de danse des sept voiles, Alors qu’en 2003 à Bastille, elle était merveilleuse dans ce rôle.

J’avoue que, pour le Docteur Atomic, j’ai fait l’impasse à cause de la longueur du spectacle.

La Damnation de Faust nous a révélé un Méphistophélès  fascinant en la basse John Relyea.

Que dire de Thaïs avec la resplendissante et splendide Renée Fleming ? Elle est parfaite, l’histoire connue et convenue, la méditation interprétée de main de maître par un violoniste dont j’ai oublié le nom. Le finale, la mort de Thaïs en extase, rappelle la scène dans la chapelleCornaro, à Santa Maria de la Vittoria à Rome, l’extase de Ste Thérèse, chef d’œuvre du Bernin.

Ce samedi, nou verrons le couple déjà mythique Angela Georghiu et Roberto Alagna, dans « La Rondine » de Giacomo Pucini. Une histoire d’amour sur fond d’empire, une courtisane et la suite incontournable, rappelant la Traviatta.la-rondine.1231342151.jpg

Un bonheur ne venant jamais seul, cet opéra sera également retransmis sur Arte à la même heure c’est à dire 19 h.

C’est une formule qui plait au grand public, les salles refusent du monde. Cela permet aussi d’attirer un nouveau public qui ne connait pas l’opéra, de s’en approcher et de s’y intéresser. Sa composition est d’âge assez élevé malgré tout, c’est fort dommage, car les images sont splendides, le son impécable. Il suffit juste d’éviter les pages publicitaires qui précèdent la projection, où le son est dévastateur, ou encore d’utiliser la méthode des bouchons d’oreilles qui a fait ses preuves.

La Harpe romantique

Par Hélène musicologue
 La harpe romantique
marielle-nodrmann.1227463008.jpgLe concert de ce week-end à la Filature de Mulhouse a permis d’entendre un concerto pour harpe, instrument qui a joué un rôle essentiel dans l’univers musical, mais aussi littéraire, mythologique et poétique et ce, depuis fort longtemps et dans les civilisations diverses (l’Egypte, Les pays bouddhistes et l’Europe).C’est vers 1800 que le célèbre facteur de pianos, Sébastien Érard, originaire de Strasbourg invente la harpe à pédales doubles et le fameux mouvement à fourchettes qui va permettre à la harpe diatonique, appelée aussi harpe de concert ou harpe d’orchestre, de rivaliser à nouveau avec les autres instruments chromatiques. Mais au 19è siècle, le style romantique requérant plus de ressources mélodiques et harmoniques le compositeur et facteur d’instruments Ignace Pleyel fonde en 1807 une entreprise de facture et son gendre Gustave Lyon en 1894 fit breveter une harpe chromatique sans pédales. Deux rangées de cordes correspondent aux touches blanches et noires du piano et se croisent au milieu. Cette harpe eut un certain succès en France et en Suisse et faillit supplanter la harpe à pédales. Des compositeurs comme Debussy commencèrent à écrire pour la harpe chromatique mais ce type de harpe ne se répandit pas. Elle disparut vers les années 30.
La harpe chromatique
Inventée en 1894 par Gustave Lyon, directeur de la firme Pleyel, pour concurrencer la harpe diatonique à pédales, elle permet l’exécution de tous les traits chromatiques avec une grande vitesse, mais contrairement à la harpe diatonique, elle ne permet pas les glissandi dans tous les modes et tonalités.Pour montrer les possibilités de l’instrument, la firme Pleyel commanda en 1904 une œuvre à Claude Debussy qui composa les Danses sacrée et profane pour harpe chromatique et orchestre à cordes. En riposte et afin de promouvoir les possibilités de la harpe diatonique, la firme Érard passa commande en 1905 d’une œuvre à Maurice Ravel qui composa l’Introduction et Allegro pour harpe avec accompagnement d’un quatuor à cordes, d’une flûte et d’une clarinette. Le compositeur Elias Parish-Alvars (1803-1848) est un célèbre harpiste et compositeur anglais. Son père, organiste lui apprit la musique puis, il apprit la harpe d’abord à Londres avec François Dizi et ensuite avec Nicholas Bochsa à Paris où une classe de harpe avait été crée au conservatoire en 1825. Il fut sans doute le plus grand virtuose de son temps et on le compara souvent à Paganini ou à Franz Liszt, à qui l’avait d’ailleurs comparé Hector Berlioz qui avait eu l’occasion de l’entendre à Vienne. Figure essentielle de l’histoire de la harpe, ses compositions sont ignorées aujourd’hui vraisemblablement en raison de leurs extrêmes difficultés techniques. En 1847, Parish Alvars est nommé Virtuose de la Chambre Impériale à Vienne, mais atteint de tuberculose, il devait y mourir deux ans plus tard. Son œuvre compte une centaine d’opus, dont: -quatre concertos pour harpe et orchestre, -un concerto pour deux harpes et orchestre -un recueil de pièces pour harpe seule intitulé « Voyage d’un artiste en Orient ». Ce recueil est basé à partir d’oeuvres populaires. Contemporain de l’essor de la harpe à double mouvement, il en révolutionna la technique en favorisant dans son jeu les sons étouffés, les gammes en tierce ou en sixte glissées, et les sons harmoniques. De ce fait, les parties solistes de ses œuvres produisent un effet extraordinaire sur le public, mais exigent d’être servies par un interprète de grande rigueur technique. D’autres compositeurs ont contribué à développer le répertoire pour harpe. Parmi eux, il y a Nicolas Bochsa né en France en 1789 et mort en Australie en 1856. Il a été un génie musical précoce devenu harpiste de premier plan, compositeur prolifique (pour la harpe, mais également de sept opéras-comiques). Réputé pour sa spécialité de la contrefaçon dans l’art, il exerçait aussi en tant que professeur, chef d’orchestre, éditeur, directeur de théâtre, imprésario, commercial, grand voyageur. Il passa presque toute sa vie hors de France, tant en Europe qu’en Amérique. Il fut très célèbre au XIXe siècle, à la fois parce que compositeur prolifique et harpiste de tout premier plan – il fut harpiste de Napoléon et de Louis XVIII –, mais aussi à cause de ses extravagances et de ses graves démêlés avec les justices française et anglaise, qui défrayèrent la chronique. Oublié injustement de l’Histoire – les dictionnaires musicaux l’omettent ou ne lui consacrent que quelques lignes — les harpistes le connaissent tous, au moins de nom, puisque ses œuvres sont encore jouées lors de concours de harpe et ses études pour harpe toujours interprétées. D’autres compositeurs à l’époque romantique contribuèrent au développement du répertoire pour harpe. Il y a le compositeur allemand Carl Reinecke, le violoniste, chef d’orchestre et compositeur Louis Spohr entre autres. La harpe connut ses lettres de noblesse avec le facteur Erard et elle devint l’instrument des amateurs dans les salons à Paris au 18 è siècle. La période romantique consacra l’instrument grâce à Parish-Alvars qui n’est pas beaucoup joué aujourd’hui en raison de la difficulté de ces oeuvres.
 C’est Marielle Nordmann, harpiste talentueuse la plus connue au monde, qui a interprété ce concerto en do mineur écrit en 1847. Cette œuvre remise à jour depuis peu est considérée comme une création européenne. Marielle Nordmann est originaire de Montpellier et a grandi dans une famille de musiciens puisqu’elle apprend la harpe avec sa grand-mère à l’âge de 6ans. Son parcours est jalonné de récompenses où après le conservatoire supérieur de Paris, elle devient l’élève d’une autre grande harpiste française d’origine russe : Lily Laskine (1893-1988).Lily Laskine entre à 16 ans à l’Opéra en tant qu’harpiste ; elle est alors la première femme admise dans l’orchestre. En 1934, elle devient harpiste soliste de l’Orchestre national de France à sa création. Sa carrière connaîtra un nouvel élan dans les années 1950. Ses disques feront le tour du monde et c’est en compagnie de son ami Jean-Pierre Rampal qu’elle enregistrera le fameux Concerto pour flûte et harpe de Mozart avec l’orchestre de Jean-François Paillard. Elle enregistre des musiques de films et des disques avec des chanteurs de variété comme Charles Aznavour et elle joue aussi pour la Comédie-Française pendant plus de 30 ans.Soliste, internationalement admirée, elle a joué avec les plus grands musiciens dans le répertoire de musique de chambre et les orchestres du monde entier sous la baguette de très grands chefs.Parallèlement à cette brillante carrière de soliste internationale, Marielle Nordmann crée depuis plusieurs années des spectacles musicaux où elle aime croiser les arts tels que le mime, la danse et la comédie. Elle y joue également le rôle de récitante : “La Musique et l’enfant”,La harpe vous connaissez ?”, “La Harpe Apprivoisée” conte musical avec masques et claquettes, “Tempéraments de feu” (2005). Son activité musicale couvre aussi bien les oeuvres originales que les transcriptions ainsi que les créations d’oeuvres contemporaines.La richesse de sa personnalité et sa générosité font d’elle une grande dame de son époque. Le concerto d’Elias Parih-Alvars a été interprété avec une exceptionnelle musicalité et une technique doublé d’une qualité de son purement incroyables. Son jeu magnifique à dévoilé une virtuosité hors norme dans le bis qui était une œuvre d’inspiration russe.