4 éléments de NILS-UDO, Fondation François Schneider,

« Je pars de la Nature, mais j’arrive à l’abstrait, à la composition qui ne reproduit pas, aux couleurs qui ne sont plus celles d’objets réels, qui sont des couleurs tout court »

Pionnier en Europe de l’Art dans la nature dès la fin des années 60, Nils-Udo fait appel à différentes techniques : la photographie, le dessin, la peinture, l’installation, la sculpture avec des éléments naturels.
C’est aux couleurs de la nature qu’il apparaît au vernissage de la Fondation François Schneider.

« Je fais partie de la Nature. Je m’y intègre et y agis comme tout autre élément naturel. Je fais partie de la Nature. Le destin de l’arbre est le nôtre. Sa vie et sa mort sont notre vie et notre mort.»

La Nature est au coeur de son art. A travers ses installations qui séduisent par leur simplicité, Nils-Udo la met en scène en collectant, façonnant, modelant ce qu’il trouve dans les paysages qu’il traverse. C’est ainsi que naissent des oeuvres sobres et féériques. Lorsqu’il réalise une installation, la Nature devient son atelier.
Une installation au Hirtzenstein : La Mousse
Pour cette exposition, Nils-Udo a réalisé une installation au Hirtzenstein, situé au dessus du village de Wattwiller. Cette forêt porte en elle les traces de la Première
Guerre Mondiale. Un chapelet de bunkers marque le terrain. Il est évident que le
regard de Nils-Udo ne pouvait se détourner de cette réalité.

Avant la réalisation de chaque oeuvre, Nils-Udo commence par observer la nature et s’imprègne du paysage, puis il associe les éléments qui l’entourent.
Il utilise tout ce qui est végétal ou minéral. Il travaille manuellement, composant des assemblages de formes, de couleurs, de matières révélant ainsi les qualités esthétiques de chaque élément.
la Mousse plan d’accès
Les photographies et les peintures.
L’art de Nils-Udo est éphémère, un coup de vent peut tout balayer et anéantir son travail. C’est pour cela qu’il ne se déplace jamais sans son appareil photo pour capturer ces instantanés d’une composition qui porte en elle sa fragilité. Ses photographies permettent d’immortaliser ses installations. Mais en aucun cas, Nils Udo cherche à réaliser une photo documentaire. Il s’agit vraiment d’une photo artistique qui implique une réflexion sur le choix des couleurs, le cadrage ou encore la lumière.


Nils-Udo a pratiqué la peinture depuis les années 60 avant d’entrer
« dans le motif » et y organiser son image. Depuis quelques années, il est revenu à ses premières sensations picturales. Lorsqu’il peint dans son atelier de Riedering, il peint plusieurs jours d’affilée, sans s’arrêter. Puis vient la représentation de la Nature sur la toile.
Nils-Udo pratique une peinture réaliste qui ne s’épuise pas dans une simple
figuration. Elle relève plutôt de la transposition d’une impression fugace.
les 4 éléments Nils-Udo nous livre ses oeuvres sur le thème des 4 éléments. Peintures, photographies et vidéos témoignent des nombreuses pérégrinations de cet infatigable voyageur à travers le monde.
En célébrant la Nature comme il le fait, Nils-Udo nous oblige non seulement à
redécouvrir ce que notre oeil et nos sens ne perçoivent plus, mais nous place face à nous-mêmes, nous rappelant sans cesse notre fragilité. Ses oeuvres connaissent aujourd’hui un vaste et légitime rayonnement international. Elles se sont construites au fil du temps, dans une quête patiente et par un travail tenace et des remises en cause. A travers ses installations, ses photographies et sa peinture, Nils-Udo est pleinement en accord avec l’eau, l’air, la terre et le feu.
Il est dans son élément : la Nature

NILS-UDO – Entretien avec Auguste Vonville
8 avril 2015 à Riedering
AV : Tel Jean-Jacques Rousseau, Nils-Udo, solitaire, part en promenade. Ses
déambulations lui permettent de se fondre dans la Nature. Un arrêt, un regard,
quelquefois une prise de vue. Puis vient le moment de la poésie, la réorganisation, l’arrangement d’un espace de Nature par le biais d’une installation souvent éphémère.
La photo est là pour l’immortaliser. Les oeuvres de Nils Udo sont nimbées de toute sa modestie et sa sensibilité. L’artiste révèle ainsi la beauté, les curiosités de la nature, et sa fragilité.
La Nature pour vous, c’est quoi ?


NU : La Nature, pour moi c’est le Tout. Ce n’est pas seulement ce que nous voyons, ce qui nous entoure. Pour moi, ça va jusqu’au soleil, la lune, jusqu’à l’Univers, jusqu’à la fin de toutes choses, ça m’entoure, ça m’englobe, j’en fais partie, je suis dedans, je me mêle dedans, je fais partie d’elle.
AV : Est-ce qu’il y a une réflexion sur le Divin dans cette approche ?
NU : C’est un aspect que j’essaie d’éviter, mais je pense que ça et là on peut voir dans mes réalisations ce thème inévitable, ce sont des choses qui s’installent malgré moi. On peut les découvrir dans le titre de certaines de mes oeuvres.
AV : Êtes-vous en situation de contemplation quand vous êtes dans la Nature ?
NU : Cela vient automatiquement, je suis ouvert à tout phénomène naturel qui m’entoure, et je réagis à ma manière sur ce qui me touche le plus. Cela peut être une couleur, une structure, une forme, un coup de vent, un matériau, une topographie particulière, l’eau, la boue, la pierre, la tourbe, et ainsi de suite.
J’ai travaillé la première fois avec la tourbe en Irlande, j’ai réalisé une série de pièces
pour le Galway Art Festival dans la région du Connemara. J’ai découvert la tourbe,
elle est très molle, on peut modeler beaucoup de choses avec cette tourbe-là, et j’étais
fasciné. Voilà la façon dont je réagis.
AV : Vous avez réalisé une oeuvre intitulée Fleur bleue en hommage à Novalis.
La Fleur bleue est devenue le symbole du Romantisme. Etes-vous en filiation avec les Romantiques allemands ?
NU : Oui bien sûr. Le Romantisme est très présent. On me dit souvent que je recherche la Beauté, mais ce n’est pas du tout mon sujet. Je ne suis pas quelqu’un qui recherche la Beauté, elle s’installe tout simplement.


Commissaire de l’exposition : Auguste Vonville, directeur artistique et culturel de la Fondation François Schneider
Un catalogue de l’exposition est en vente à l’accueil du musée.
Du 20 juin au 13 septembre
Centre d’Art Contemporain
Fondation François Schneider
27 rue de la Première Armée
68700 Wattwiller
Tel: + 33 (0)3 89.82.10.10
Fax : +33 (0)3 89.76.75.49
Visites guidées par Auguste Vonville
Nocturne les vendredis à 20h30

Vendredi 3 juillet, 7 août, 4 septembre
Dimanche après-midi à 14h30
Dimanche 2 août, 16 août, 30 août, 13 septembre
Possibilité de visites guidées pour des groupes
Tel : +33 (0)3 89 82 10 10
info@fondationfrancoisschneider.org
http://www.fondationfrancoisschneider.org
Ouverture
Du mercredi au dimanche de 10h à 18h

Daniel Buren, Comme un jeu d’enfant, travaux in situ

Le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg accueille pour six mois une exposition de l’artiste Daniel Buren.
jusqu’au 4 janvier 2015


LUMIERE « Comme souvent dans mes travaux, l’oeuvre dépend non seulement du lieu, mais aussi du climat, de la lumière, du soleil, des nuages, de la pluie, etc. C’est l’ensemble de ces manifestations atmosphériques qui marque l’oeuvre et c’est la comparaison des effets, les uns par rapport aux autres, qui, finalement, fait l’oeuvre ; même si chacun peut préférer un état à un autre. » Daniel Buren, in Monumenta 2012, Excentrique(s), Travail in situ, Grand Palais, CNAP-RMN, 2012, p18.


COULEUR « Pour moi, la couleur, c’est de la pensée pure, donc totalement indicible. Toute aussi abstraite qu’une formule mathématique ou un concept philosophique. Il y a peu d’autres choses totalement indicibles dans l’art, si ce n’est le résultat plastique de la combinaison des sensations, de la compréhension et du jeu avec l’espace. […] Dans le domaine de la couleur, objectivement, on peut constater que peu d’artistes arrivent vraiment à faire quelque chose. La couleur est un vaste problème, il me semble difficile de lui appliquer des règles. Y en a-t-il ? À chaque instant, la couleur doit s’inventer. Il n’existe pas de gardefous. » Entretien avec Jérôme Sans, in Au sujet de…, 1998, Flammarion, pp. 178-180
Considéré comme l’un des artistes les plus importants de la scène contemporaine,
Daniel Buren (né en 1938) est l’auteur d’une œuvre plastique et théorique considérable dont l’apport le plus emblématique pourrait, très sommairement, se résumer à sa compréhension et son usage de la notion d’in situ.
Après une rapide formation à l’Ecole des métiers d’art, Daniel Buren questionne, tôt dans les années 1960, les limites de la peinture. Usant d’une grammaire réduite à l’essentiel, basée, dès 1967, sur l’utilisation de bandes invariablement espacées de 8,7 cm qu’il définit comme son outil visuel, Buren développe, depuis lors, une œuvre d’une rigueur et d’une cohérence exceptionnelles, qui peut se lire comme une approche plurielle du contexte d’apparition des œuvres.


L’exposition « Comme un jeu d’enfant, travaux in situ », intervention dans un des bâtiments symboliques de la ville de Strasbourg, présente deux nouvelles œuvres conçues par Daniel Buren pour le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg (MAMCS). Celles-ci se déploient respectivement sur les 1500 m2 de la façade vitrée du MAMCS, transformant le musée en une sorte de cathédrale, aux vitraux multicolores, la verrière étant animée et rythmée par des carreaux de couleurs prédéfinies, (5 couleurs + les bandes rayées) comme un damier, qui jouent avec la luminosité et se déplacent au rythme de l’heure, jusqu’à envahir tout le sol, comme dans une nef. Les couleurs sont mises par ordre alphabétique du pays ou Daniel Buren intervient (bleu, jaune, rose, rouge, vert, rayures) en commençant par  le haut, en tournant autour et en recommençant.Daniel Buren parle lui-même de nef en évoquant l’architecture du MAMCS.


Les 600 m2 de la salle d’exposition temporaire quant à eux sont transformés en un village, en miroir, un côté d’un blanc immaculé, l’autre côté identique aux couleurs prédéfinies, , dans une ordre précis,  et aux dimensions exactement semblables, qui est le propre du travail de Buren.
Le projet est constitué en deux parties, très complémentaires l’une de l’autre, offrant dans les deux cas, la possibilité au visiteur de redécouvrir l’architecture et les espaces d’exposition temporaire du musée sous un nouveau jour.
Daniel Buren réalise, avec cette double exposition, un travail in situ qui allie compréhension de l’existant et affirmation d’une proposition sculpturale.
Ce faisant, il offre au MAMCS, après ses interventions récentes à Istres et Guadalajara, l’une des œuvres les plus ludiques de sa carrière.


L’exposition s’accompagne d’un catalogue qui présente une sélection d’oeuvres, de 1971 à nos jours, engagées dans un dialogue étroit avec l’architecture, incluant un texte de Marie-Ange Brayer ainsi qu’un entretien inédit de Daniel Buren avec Patrick Bouchain, Joëlle Pijaudier-Cabot et Estelle Pietrzyk.


« Comme un jeu d’enfant, travaux in situ » au MAMCS de Strasbourg est constitué de modules en bois aux formes géométriques élémentaires – cube, cylindre, cône – qui s’empilent pour donner lieu à des constructions architecturales, comme celles que l’on construit, enfant, avec des cubes en bois. Ces modules géométriques se donnent entre la modélisation de la maquette et l’échelle de l’architecture : trop grands pour être un jeu de construction et trop petits pour valoir comme architecture. Pourtant, anthropomorphiques, ils se donnent comme un espace habitable, invitant les visiteurs à les traverser. Leur répartition sur un damier se donne de manière chiasmatique : une moitié accueille les modules de couleur et l’autre, ceux en blanc. La grille élabore une topographie artificielle à la mobilité potentielle. Le principe du jeu induit aussi une instabilité formelle. C’est l’expérience de l’espace à travers la déambulation qui réunira les deux parties et activera l’ensemble du jeu de construction. Comme un jeu d’enfant nous renvoie au « kindergarten » de blocs de Froebel, jeu d’apprentissage de l’espace, associant architecture et créativité, qui prend son essor au milieu du XIXe siècle et marquera toute l’histoire de l’architecture moderne. A partir de ce principe de jeu agrandi à l’échelle humaine, Buren composa un espace isotrope qui acte la disparition d’échelle et la différenciation d’usage entre maquette, jeu, mobilier, architecture. Les blocs géométriques en bois modélisent un espace commun avec des rues, des arches, des places, des points de vue qui vectorialisent l’espace. Le jeu de construction est devenu un jeu de déconstruction de l’objet architectonique et de reconstruction d’un espace
« public »,
ouvert et recomposable à l’infini.
Comme un jeu d’enfant Entretien du 16 avril 2014 entre Daniel Buren, Patrick Bouchain, Joëlle Pijaudier-Cabot et Estelle Pietrzyk (extraits).

JPC : Pour en revenir à cette deuxième oeuvre qui occupe la salle d’exposition temporaire, peut-on, la considérer comme un travail situé, dans l’esprit et dans la continuité des cabanes ? Comme les cabanes, on pourrait en effet la transposer dans un autre espace d’exposition.
DB La plupart du temps, il est impossible, dans mes interventions, d’isoler un élément du reste du travail ni de le transférer dans un autre lieu. Ici, à la différence de la majorité des pièces que j’ai pu faire, on pourrait envisager que certaines portions de ces constructions enfantines, ellesmêmes faites à partir d’éléments autonomes – cubes, parallélépipèdes, cylindres, pyramides, arches,… – puissent exister de façon isolée. [Il montre un dessin] Mais si j’isole un élément, ça deviendrait un objet et seulement un objet pour lui-même, ce qui ne m’intéresse pas. De ces éléments, je fais une construction, au sens fondamental du terme latin constructio, qui veut dire assemblage, en jouant avez des dizaines et des dizaines de combinatoires possibles. Je ne pense pas qu’il faille présenter ce travail ainsi, je ne souhaite pas le disperser en petites entités. Cependant, je ne l’imagine pas non plus rester dans la forme figée que tous ces éléments auront ensemble à Strasbourg. […]
Commissariat : Joëlle Pijaudier-Cabot, directrice des Musées de Strasbourg et Estelle Pietrzyk, conservatrice du MAMCS

Photos de l’auteur courtoisie du MAMCS

Bill Viola sculpteur du temps

Bill Viola en février 2014, lorsque je me suis approchée du couple pour leur remettre un cadeau E.I.

La conférence de presse suivie par la visite de l’exposition

du  05 Mars 2014 au  21 Juillet 2014 au Grand Palais Paris
« Je suis né en même temps que la vidéo »,
dit souvent Bill Viola (site officiel), qui vit le jour en 1951.
Bill Viola est spiritualité, humanité, un artiste charismatique.
C’est à un voyage initiatique, une expérience sensorielle et intime que nous convie Bill Viola. (vidéo)

Biographie de Bill Viola
 lien

E12100 Video installation Martyrs (Earth, Air, Fire, Water) by American artist Bill Viola at St Paul’s Cathedral in London, UK

 

Vous pouvez visionner ci-dessous :
La vidéo de la conférence de presse
La vidéo du vernissage
Avec vingt œuvres magistrales, soit plus de trente écrans et des heures d’images, Bill Viola au Grand Palais constitue l’une des plus larges rétrospectives consacrées à l’artiste. Plongée dans l’obscurité presque totale, la scénographie y est millimétrée au service d’une puissance visuelle rarement atteinte.
Tout est parti de l’enfance pour Bill Viola. Un jour il est tombé dans un lac, à l’âge de 6 ans, il a coulé au fond. C’est son oncle, qui en plongeant, l’a sauvé en le ramenant à la surface. Bill le repoussait, sans se rendre compte. Il a vu le monde le plus beau, qu’il n’avait jamais pu contempler, avec des plantes qui ondulaient, une lumière bleue, la lumière sous-marine qui est absolument extraordinaire, lorsqu’on est sous l’eau il n’y a pas de gravité, on flotte, il aurait voulu rester dans cet élément, s’il n’avait pas été repêché. Il n’a pas eu vraiment peur, s’est senti très bien dans l’élément aquatique, à partir de ce moment il n’a plus jamais eu peur de la mort.
Une des premières œuvres qu’il a faite a été Reflecting Pool, le bassin miroir.
C’était l’expression d’une quasi noyade,

The Dreamers (2013), est la plus récente œuvre,
« je suis toujours en relation avec l’eau, avec les fluides, comme l’électricité,
une force active qui vibre en nous et qui vit et qui relie les gens, qui est essentiel »
Bill Viola
C’est une installation composée de sept grands écrans plasma, qui présentent dans une même salle, sept personnes immergées dans le fond d’un cours d’eau. Elles ont les yeux fermés et paraissent sereines. L’eau ondule sur leurs corps et anime subtilement leurs mouvements. Le son de l’eau qui coule envahit l’espace, tandis que la pièce se remplit progressivement de rêves.
The Dreamers

Les quatre décennies de l’œuvre de Viola sont représentées dans l’exposition du Grand Palais , de The Reflecting Pool(1977-79) à The Dreamers (2013): films vidéos (Chott El Djerid (A Portrait in Light and Heat), 1979), installations monumentales (The Sleep of Reason, 1988), portraits sur plasma (The Quintet of the Astonished, 2000),
pièces sonores ( Presence, 1995), sculptures vidéos (Heaven and Earth, 1992), œuvres intimistes (Nine Attempts to Achieve Immortality, 1996) ou superproductions (Going Forth By Day, 2002). Tous les genres de l’œuvre de Bill Viola sont là, et toutes ses grandes séries emblématiques, des Buried Secrets du pavillon américain de Venise en 1995 (The Veiling) aux Angels for the Millennium (Ascension, 2000), des Passions (Catherine’s Room, 2001) à The Tristan Project (Fire Woman et Tristan’s Ascension, 2005), des Transfigurations (Three Women, 2008) aux Mirages (The Encounter, 2012)
Le déluge
Walking the Edge (2012),
Pensée en dialogue avec l’artiste comme un voyage introspectif, cette exposition propose un itinéraire en trois temps, autour des questions métaphysiques majeures :
Qui suis-je ? Où suis-je ? Où vais-je?
Dans ses œuvres, Bill Viola interroge la vie, la mort, la transcendance, la renaissance, le temps et l’espace, utilisant souvent la métaphore d’un corps plongé dans l’eau pour représenter la fluidité de la vie. Ses images cherchent à fournir une autre perception de ces questions fondamentales qui caractérisent l’existence humaine. Une dimension qui confère à son travail une puissance d’universalité particulière, au-delà de tout courant ou de toute mode, et qui explique que cet œuvre vidéo fascine depuis quarante ans aux quatre coins du monde.

« La transformation est une chose importante, une force qui agit en permanence un processus lent, qui permet la construction d’un nouvel être humain, qui se produit au moyen de ce que nous voyons de ce que nous lisons, et apprend aussi des erreurs que nous commettons, une chose merveilleuse chez l’humain, est le changement et l’évolution, la liberté de changer d’avis est une des choses les plus importantes pour l’humain. » BV
Bill Viola a énormément voyagé durant sa carrière : au sein des Etats-Unis, Italie, Japon, France, Indonésie, Australie, Allemagne, Tunisie… Chaque destination étant une source d’innovation pour l’artiste. Dans son voyage à Java et à Bali notamment, où il a pu enregistrer de la musique traditionnelle et des spectacles. Au Canada, afin d’enregistrer des paysages de la Prairie en hiver, ou dans le désert du Sahara pour filmer des mirages, à l’aide de téléobjectifs adaptés à la vidéo. Son voyage spirituel en Inde, dans le Ladakh, fût aussi pour lui une occasion de filmer et d’observer l’art et les rituels religieux. Il a été l’élève puis l’assistant du pionnier de l’art vidéo, le sud coréen, Nam June Paik.

L’usage de la technologie vidéo par Bill Viola convoque un univers d’images digitales s’inscrivant dans l’histoire de l’art. On trouve dans l’exposition des références aux grands maîtres tels que Goya (The Sleep of Reason, 1988) et Jérôme Bosch (The Quintet of the Astonished, 2000). Le spectaculaire polyptyque Going Forth By Day (2002) forme un vaste ensemble mural de tableaux digitaux dans le même esprit que les fresques de Giotto dans la basilique Saint-François d’Assise – sommet inégalé de l’installation artistique selon Viola et référence ultime de l’artiste1932/2006)
Le public va prendre ce qu’il souhaite dans ses œuvres, il ne veut rien imposer, il fait partie de l’œuvre en y pénétrant, en la regardant, en s’y attardant, en y revenant. Trop d’informations de publicité est pollution. Il a aimé le calme et le silence comme dans son passé familial.

Peter Sellars et Bill Viola ont travaillé ensemble lors de la création du Tristan et Isolde de Wagner à l’Opéra Bastille en 2005, spectacle repris cette année dans le même lieu. L’artiste a conçu pour le célèbre metteur en scène américain un tableau vidéo projeté en toile de fond comme décor.  Peter Sellars parle de leur collaboration et du regard qu’il porte sur l’œuvre de Bill Viola.

Commissariat : Jérôme Neutres , conseiller du Président de la Réunion des musées nationaux–Grand Palais et Kira Perov, Executive Director du Studio Bill Viola scénographie : Bobby Jablonski, directrice technique du Studio Bill Viola et Gaëlle Seltzer, architecte à Paris.
catalogue de l’exposition, Studio Bill Viola
en français, 24,5 x 29 cm, 180
pages, 160 ill., relié, 35 €
augmenté par l’application Ipad Iphone etc …
Certaines photos proviennent du site du Grand Palais et d’Internet
autres photos de l’auteur

 

La confusion des sens à l'espace Vuitton

Indissociable du monde du voyage, la Maison Louis Vuitton à Paris
se plaît à traiter de cette thématique dans les expositions qu’elle organise, au sein de son espace culturel. Pour sa dixième exposition, elle en propose une nouvelle approche, qui change un peu la donne, puisqu’elle invite, cette fois-ci, son spectateur à un voyage intérieur.

Un parcours dans lequel ses sens se troublent, bouleversant ainsi son rapport à la réalité pour une remise en question absolue de son existence et du monde qui l’entoure. Un périple au coeur des méandres d’une intériorité déstabilisante, puisque sans repères. Une

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 » confusion des sens « ,

comme l’indique le nom de l’événement, provoquée par la mise en scène de huit oeuvres d’artistes contemporains, toutes surprenantes. La commissaire de l’exposition est Fabienne Fulcheri que vous pouvez trouver dans sa présentation sur le site de l’exposition.

C’est une invitation à plonger à l’intérieur de nous-même, à être à l’écoute de notre corps et de nos sens afin de mieux nous comprendre, mais peut-être aussi de mieux saisir la complexité du monde qui nous entoure. Elle constitue une expérience à vivre et à éprouver qui bouscule notre perception autant que nos certitudes.

Le point de départ de cette exposition sensorielle est l’œuvre de l’artiste Olafur Eliasson, créée à l’occasion de l’inauguration de l’Espace culturel Louis Vuitton dans l’ascenseur central. Intitulée «Votre Perte des Sens», Olafur Eliasson a voulu pousser son exploration de la perception individuelle et du sens de soi avec «une chambre d’entropie sensorielle». Cet ascenseur, qui enveloppe le visiteur d’une obscurité totale, prend pleinement son sens dans cette exposition et en constitue la porte d’entrée autant réelle que symbolique.traumatheque-berdaguer-et-pejus.1260466954.JPG

A travers les créations de huit artistes, «La Confusion des Sens» trace un parcours qui amène le spectateur à prendre conscience de son corps, de sa place dans l’espace mais aussi à développer ses propres images mentales. Accueilli dès la vitrine par une nouvelle œuvre de Didier Fiuza Faustino, le visiteur découvre en prologue un texte qui semble s’arracher du mur avec une force à la fois violente et contenue. Le parcours se poursuit dans le hall, l’ascenseur puis l’espace d’exposition avec un ensemble d’œuvres qui redessine la géographie des lieux dans des contrastes lumineux allant du noir profond au blanc le plus aveuglant. Conjuguant abstraction et approche sensible du réel, les installations de Renaud Auguste-Dormeuil, Céleste Boursier-Mougenot, celeste-boursier-mougenot-elisabeth-itti.1260467079.JPGVéronique Joumard et Laurent Saksik nous invitent à nous perdre pour mieux nous retrouver,  l’approche plastique créant la distorsion nécessaire pour révéler l’invisible, appréhender l’insaisissable. Plus directement lié au corps, à ses dysfonctionnements et à sa «mécanique»  interne, le travail de Berdaguer & Péjus nous propose d’expérimenter une nouvelle version de leur Traumathèque. Laurent Grasso, enfin, présente une série inédite de tableaux qui interroge notre rapport à l’espace et au temps mais constitue aussi une relecture de son propre travail.veronique-joumard.1260466792.JPG

De l’ascenseur obscure d’Olafier Eliasson, au texte frappant de Didier Fiuza Faustino, en passant par la Traumathèque de Berdaguer et Péjus, le tout orchestré par des contrastes lumineux, le spectateur se perd, inconditionnellement. Mais s’il se perd, c’est pour mieux se retrouver.

Un parcours initiatique, une véritable quête de soi, à expérimenter à l’espace culturel de la Maison, 101 avenue des Champs-Elysées, jusqu’au 10 janvier 2010. Le catalogue de l’exposition m’a été gracieusement offert.

Sens de la fête et du plaisir, une occasion de profiter de la vue sur les Champs Elysées pendant la période de l’Avent.

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Sur le site vous pouvez écouter les interviews des artistes, ainsi que la présentation par eux-mêmes de leurs oeuvres.

Un système de parcours par audio-guide par dédection dans l’espace permet un parcours facile, initiatique, déconcertant.

photos Elisabeth et JR Itti