Le 1er février, le comité de collectionneurs de l’ADIAF
a dévoilé les noms de quatre artistes nommés
au Prix Marcel Duchamp 2018 : Mohamed Bourouissa, Clément Cogitore, Marie Voignier et Thu Van Tran.
Ils exposeront au Centre Pompidou à partir du 10 octobre.
Jusqu’au 22 avril 2018
Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris
consacre la première exposition institutionnelle en France
à Mohamed Bourouissa. Remarqué dans les expositions
prospectives Younger than Jesus au New Museum à
New York (2009) et Dynasty au Palais de Tokyo et au
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris (2010),
le plasticien franco-algérien, né à Blida en 1978, est
aujourd’hui l’un des artistes majeurs de sa génération.
Dès les premières séries photographiques
Périphérique (2005-2008) et Temps mort (2008) se
dégagent les principes de son travail : l’observation de la
société par ses marges et les pratiques collectives où la
dimension humaine occupe une place centrale.
L’exposition Urban Riders, s’articule autour du film Horse Day réalisé à Philadelphie, dans le quartier défavorisé
de Strawberry Mansion, au Nord de la ville et dont la
réalisation a marqué une étape décisive dans son évolution.
Durant huit mois, le temps d’une résidence, il s’est intéressé
aux écuries associatives de « Fletcher Street » qu’il a
découvertes grâce aux images de Martha Camarillo,
une photographe américaine.
Territoire de réparation et de cristallisation des imaginaires,
fondé par des cavaliers afro-américains, les écuries de
« Fletcher Street » accueillent
les jeunes adultes du quartier et offrent un refuge aux chevaux
abandonnés. Sans pour autant documenter une réalité,
l’artiste s’est emparé de l’histoire du lieu, de l’imagerie
du cowboy et de la conquête des espaces.
Au fil des mois, Mohamed Bourouissa s’est attaché à créer
des conditions d’échange et de partage avec la communauté
locale. Le film, de facture cinématographique, retrace ce projet.
Il rend compte avec force d’une utopie urbaine.
Fasciné par l’histoire de la représentation des cowboys noirs,
il synthétise des questionnements récurrents :
l’appropriation des territoires, le pouvoir, la transgression. Horse Day s’accompagne d’un corpus d’environ
quatre-vingt pièces. Un ensemble d’oeuvres graphiques
traduit la liberté et la richesse du langage plastique de l’artiste.
Croquis sur le vif, dessins préparatoires, story-board du film,
collages, encres, aquarelles relatent l’origine du projet et
son élaboration. En regard de cet ensemble, sont présentés
des portraits de cavaliers et les costumes des chevaux.
Prolongeant la métaphore du « tuning » des éléments de
carrosseries sont agencés et deviennent le support des images
du film.Montré sous différentes versions notamment au
Stedelijk Museum (Amsterdam) et à la Fondation Barnes
(Philadelphie), l’exposition se réinvente au
Musée d’Art moderne sous une forme amplifiée.
À travers un programme de workshops invitant des artistes, Mohamed Bourouissa prolonge une réflexion sur l’histoire
collective et la représentation des identités.
Avec ce projet, le musée renouvelle son soutien à l’artiste
dont la série photographique Temps mort et le film Legend figurent dans les collections permanentes
Commissaires Odile Burluraux Jessica Castex
Un livre d’artiste rassemblant l’ensemble de ses oeuvres
sur papier est publié par Paris Musées à l’occasion de l’exposition. France culture La Dispute d’Arnaud Laporte le podcast
les divers avis sur l’exposition Musée d’Art moderne de la Ville de Paris
11 Avenue du Président Wilson 75116 Paris
Tel. 01 53 67 40 00
www.mam.paris.fr
Ouvert du mardi au dimanche De 10h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 22h
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Texte d‘Emmanuel Honegger vice président SAAMS société des amis des arts et des musées de Strasbourg Voici la réponse d’Emmanuel Honneger, auquel j’avais
fait part de mon ennui, lors de la visite de l’exposition
des 82 portraits de David Hockney, au Ca Pesaro à Venise.
Tout y est tellement prévisible, préformaté, fait pour plaire. Le film sur David Hockney fut un moment de magie.
Nous l’avons vu peindre en « plein air » avec un assemblage de
6 toiles sur plusieurs chevalets à la fois, nous avons croisé son
regard bienveillant, écouté sa voix chaleureuse. David Hockney est un peintre, dessinateur, graveur, photographe,
anglais, né en 1937. Il a aujourd’hui 80 ans. Les historiens d’art
le considèrent comme pop’artiste dans la mouvance de l’hyper-réalisme.
Lui ne s’en soucie guère.
Je dirai pour ma part qu’il produit des images respirant la joie
de vivre : piscines représentant le rêve américain dans sa série California dreaming, portraits de famille et d’amis, autoportraits,
paysages du Yorkshire sa province natale. Il utilise à merveille la
boite à outils constituée, au cours des siècles, autant par la peinture
et les techniques de ses prédécesseurs qu’aujourd’hui par
l’informatique de pointe.
A 60 ans, il a posé temporairement ses pinceaux et s’est lancé
pendant deux ans dans une étude approfondie de la peinture
à partir du XVe siècle. Il s’agissait, pour lui, de démontrer
que plusieurs artistes occidentaux avaient utilisé des instruments
d’optique. On a hurlé au crime de lèse-majesté comme si
l’outil était plus important que l’artiste
.Mais il ne suffit pas d’utiliser une camera obscura pour peindre
comme Leonard de Vinci, cela se saurait.
Je vous épargnerai sa démonstration, elle est étayée sur 326
pages d’un livre publié au Seuil :
« Savoirs secrets, les techniques perdues des maîtres
anciens ».
Pour venir à bout de ce travail, il a épinglé au mur de son atelier
près de 800 photocopies couleur de tableaux couvrant
500 ans d’art occidental sur un panneau de 7 mètres de long.
Il y a observé les incohérences de perspective, les motifs brodés
sur les robes soudain reproduits avec une minutie si
extraordinairement précise qu’elle nécessitait la projection
d’une image ou tout au moins l’assistance d’appareils optiques.
Je ne vous parle pas de cela pour en refaire la démonstration,
ce n’est pas l’objet du film que nous allons voir, mais pour vous
dire combien David Hockney connait les peintres, connait
la peinture, combien il s’y est intéressé et combien son art
en est imprégné. Remarquable dessinateur, il a enseigné le dessin
à l’université de l’Iowa, du Colorado et de Californie .
Il n’est donc pas exagéré de dire qu’il a la compétence et
les moyens pour utiliser ce que j’appelle la boite à outils de ses
prédécesseurs, leur savoir faire. Il n’est pas exagéré non plus de
faire des rapprochements entre sa peinture et celle aujourd’hui
reconnue par l’histoire de l’art.
Les façades structurées en lignes se croisant à angle droit
dans ses tableaux de villas californiennes, évoquent l’abstraction
géométrique de Mondrian.
La couleur qu’il applique au rouleau sur laquelle il trace
des signes pour simuler les mouvements de l’eau ou les reflets
des vitres, ou des motifs floraux sur un fauteuil ou un transat,
nous rappellent les décors de Matisse.
Les oppositions de couleurs complémentaires bleu et orange,
violet et jaune, dans ses paysages, sont l’expression d’une
palette fauve qui dialogue avec Maurice Vlaminck ou André Derain. « Je ne sais pas comment je vois les couleurs,
mais je les vois et je les aime. Je suppose que je les
exagère un peu. » dit-il de lui-même .
On veut bien le croire.
En 2015 la fondation Van Gogh en Arles lui consacrait une
exposition, reconnaissant de fait son admiration pour ce peintre
inclassable à l’écriture si audacieuse. Un artiste, Van Gogh,
qui se souciait peu des codes de la perspective et des ombres.
Pour David Hockney
« La perspective est une invention européenne.
Dans les arts chinois et japonais, il n’y en a pas. On entre
immédiatement dans le paysage. Il n’y a pas non plus de
reflets dans l’eau ni d’ombre. Les reflets, les ombres, seul l’art
européen les utilise. »
En cela Hockney est « pop’art »
Mais est-il réductible au pop-art comme on a souvent tendance
à le présenter? Je ne le crois pas.
Alors que la figure la plus emblématique du Pop’art, Andy Warhol,
représente la banalité des boites de soupe Cambell’s
ou des boites de savon Brillo ; alors que Warhol détourne
le procédé d’impression sérigraphique pour mécaniser et
dépersonnaliser l’art, en faire un objet de consommation de
masse et qu’il va jusqu’à stéréotyper l’image de Marilyn ; David Hockney, lui, s’attache à l’opposé, à la représentation
de la grande bourgeoisie, de son mode de vie, de ses piscines
bleu azur. Il décrit un american way of life idéalisé.
Alors que Roy Lichtenstein, autre figure emblématique du
pop’art, reproduit des fragments de bandes dessinées
agrandis 100 fois, qu’il nous en montre les points de trame
comme si nous les observions à la loupe, qu’il représente la
vie fantasmée des héros de BD aimant, pleurant ou se battant
les armes à la main ; David Hockney, en peintre contemplatif pop, met en scène
les riches demeures californiennes et regarde leurs hôtes vivre,
plonger, prendre leur douche en toute oisiveté.
Son art est narratif, il raconte des histoires et quand l’homme
n’y figure pas ou n’y figure plus, sa présence reste suggérée en
creux par l’éclaboussure d’un plongeon, l’ordonnancement rigoureux
d’une futaie, le lacet d’une route qui traverse la campagne
depuis le premier plan jusqu’à l’horizon.
Il travaille en à-plat avec des couleurs pures, à la manière
de décors de théâtre, comme s’il contemplait la vie en tant que
représentation.
Vous ne serez donc pas étonné d’apprendre que David Hockney a créé de nombreux décors de théâtre ou d’opéra :
La Carrière d’un libertin, Le Sacre du printemps, Le Rossignol et
Oedipus Rex, tous les quatre de Stravinsky,
La Flûte enchantée de Mozart,
Parade de Satie,
Les Mamelles de Tirésias de Poulenc,
L’Enfant et les sortilèges de Ravel,
Tristan et Iseult de Wagner,
Turandot de Puccini,
La Femme sans ombre de Strauss . Hockney y a mis son génie au service des couleurs et de
l’éclairage, créant un parallèle entre les décors et le
paysage sonore de la musique telle qu’il la voyait et la ressentait.
Dans sa vie d’artiste, David Hockney a exploré de nombreuses
techniques. Il les a longuement travaillées jusqu’à en exprimer
pleinement les avantages et les particularités.
Après avoir travaillé à l’huile, il s’est intéressé à la peinture
acrylique soluble à l’eau. Il y voyait le médium le plus à même
de capter la lumière, son éclat et sa transparence.
Puis il s’est tourné vers l’aquarelle également soluble
à l’eau mais dont la technique ne tolère aucun repentir et requiert
une grande sureté et rapidité d’exécution. Ce fut pour lui un
« retour à la simplicité », une palette limitée à quelques couleurs,
parfois quatre seulement. Il a beaucoup travaillé pour maîtriser
cet art de l’esquisse, de la spontanéité, de la légèreté.
Le dessin, dans cette technique, est appliqué directement
au pinceau sans tracé préalable au crayon.
Dans sa période d’analyse des peintures de maîtres dont
je vous ai parlé tout à l’heure, à travers le prisme d’instruments
optiques, il s’est astreint, pour réaliser des portraits, à l’usage
d’une chambre claire, une sorte de projecteur utilisable
en plein jour.
Je vous cite un extrait du début de son livre : d’abord j’ai trouvé la chambre claire extrêmement
difficile à utiliser. Elle ne projette pas une image réelle
du sujet, mais une illusion de ce sujet dans l’œil de l’artiste.
Si vous bougez la tête, tout bouge avec elle, et l’artiste doit
savoir prendre des notes, très rapidement, et fixer la position
des yeux, du nez et de la bouche, pour saisir une « ressemblance ». Il faut être très concentré. J’ai persévéré et continué à utiliser
la méthode pendant le reste de l’année, sans cesser d’apprendre.
J’ai commencé à m’intéresser davantage à l’éclairage
du sujet, à remarquer à quel point celui-ci est important
quand on utilise un instrument d’optique, comme pour
la photographie. […] Tout cela m’a intrigué et j’ai commencé
à scruter les peintures avec beaucoup d’attention.
Sur six pages de son livre, Hockney a choisi de nous livrer
dix-huit dessins réalisés entre mars et décembre illustrant
l’évolution de la qualité de son trait. Cela montre la rigueur à
laquelle David Hockney s’astreignait pour progresser dans
la recherche et la maîtrise de nouvelles techniques.
Je vous ai dit au début qu’Hockney est un photographe ;
il a réalisé près de 30 000 clichés et les utilise comme
éléments de collage dans des œuvres qu’il nomme
« drawings with a camera» « dessins avec un appareil photo ».
Il s’agit pour lui de se rapprocher des choses avec un
regard ouvert, de fixer un moment fugitif pour le réemployer
dans une de ses compositions. Il frôle, dans cette période,
les problématiques du cubisme qu’il considérait comme destruction
d’une perspective jugée enfermante. Hockney parle volontiers de perspective inversée,
une notion inventée au début du XXème siècle par Pavel Florenski,
un pope orthodoxe, mathématicien, russe. Il y voit l’occasion
d’élargir son champ suivant des lignes fuyant vers la gauche
et la droite, au lieu de converger vers un axe ou un
point central selon les règles définies à la Renaissance .
Maintenant que les tablettes IPad le permettent, David Hockney,
jamais en retard d’une nouvelle technique, a apprivoisé
ce nouveau médium et développé une nouvelle virtuosité.
Après avoir exploité le Polaroïd et la photocopieuse, il s’est laissé
séduire par la rapidité de l’image d’ordinateur.
Cet infatigable chercheur illustre parfaitement ce que
représente le progrès technique pour un artiste : c’est un outil,
il s’en explique ainsi :
« La vitesse et les couleurs aujourd’hui disponibles constituent une nouveauté ; travailler à l’huile ou à l’aquarelle,
cela prend du temps ».
Je vous le disais tout à l’heure, ce n’est pas l’outil qui fait l
’œuvre mais bien l’artiste qui choisit son outil.
Nous allons le voir dans un instant, David Hockney joue du pinceau, du fusain ou de l’Ipad avec le même bonheur.
A 80 ans, il enrichit encore son vocabulaire graphique
d’une liberté et d’une puissance coloristique plus pop
que jamais.
Maintenant, nous allons éteindre la lumière, redevenir des enfants
et découvrir les histoires de ce merveilleux conteur.
5 novembre 2017 Emmanuel Honneger
un partenariat SAAAMS/odyssée Un livre de Catherine Cusset sur David Hockney le podcast sur France Culture
C’est à la Filature de Mulhouse et vous n’aurez
que l’embarras du choix. A vos agendas 17 jours intenses du 10 au 27 janvier 2018
Au programme de cette 6e édition de ce festival
dédié aux Cultures du Sud :
À La Filature, chaque début d’année est inauguré
par des productions artistiques qui ont pour toile
de fond le bassin méditerranéen avec le Festival les Vagamondes.
Des spectacles + des expositions avec
des artistes venus d’Italie, Liban, Iran, Algérie,
Tunisie, Grèce, Égypte, Burkina Faso, Côte d’Ivoire,
Madagascar, France…
+ des rencontres, conférences, projections avec
des géographes, historiens, écrivains, journalistes…
pour aborder les cultures du Sud par la géographie,
l’histoire, la géopolitique, l’économie,
la gastronomie.
Un programme riche avec de nombreux partenaires. Renaud Serrz interviewé par Szenik sur FaceBook
Théâtre Premières Mondiales 2 spectacles créés à La Filature à l’issue
de résidences X-Adra de Ramzi Choukair
+ It’s a good day to die de Kamal Hashemi
+ 1 commande la création symphonique de Bruno Girard
Ramzi Choukair
Une création pour l’inauguration du festival les Vagamondes10 janvvier 2018
Ces militantes de l’opposition syrienne sous
le régime de Bachar El Assad père dans les années 1980,
incarcérées voire torturées dans leur pays qu’elles ont
dû quitter, témoignent, raconter leurs histoires mais
aussi celles des sept mille autres prisonnières du régime
à travers un spectacle dramatique mais combien réaliste
intitulé « X-Adra », théâtre dont elles sont les actrices.
Réunies par le metteur en scène Ramzi Choukair. Photos Une exposition de photos 19h le 10 janvierle vernissage dans la Galerie de Muchismo, l’exposition de Cristina de Middel (Alicante, 1975), l’une des photographes
les plus singulières et les plus prolifiques au monde,
poursuit avec frénésie de nombreux projets depuis
l’immense succès de sa série Les Afronautes en 2012.
Ancienne photojournaliste, elle développe depuis plusieurs
années une recherche personnelle, dans une approche
plus conceptuelle, abandonnant peu à peu la presse
pour le monde de l’art.
En 2017, elle est nominée par l’agence Magnum Photos et reçoit le Prix national de la photographie du ministère de la Culture espagnol. Pour son projet Muchismo, créé à Madrid en juin 2017, Cristina de Middel choisit de revisiter l’intégralité
de son œuvre et de l’accrocher comme elle la stocke
dans son atelier, c’est-à-dire sans ordre apparent
et dans une accumulation colossale. Concert
Un concert concert symphonique
ven. 19 janv. 2018 20h00
sam. 20 janv. 2018 20h00
le Concerto d’Aranjuez pour guitare
de Joaquin Rodrigo
(interprété par la guitariste soliste
sino-américaine virtuose Meng Su) nous fera
pénétrer dans les jardins du palais royal d’Aranjuez,
avant de terminer ce programme intitulé Le vent se lève par la majestueuse orchestration
que Ravel a fait des Tableaux d’une exposition de Modest Moussorgski Chant La chanteuse d’origine iranienne Azam Ali jeudi 18 janv. 2018 20h30 une musique d’inspiration traditionnelle
moyen-orientale avec de l’électro-acoustique ;
une danseuse derviche avec des technologies
interactives qui animent une scénographie numérique ;
le tout traversé par la voix suave et chaleureuse de la
chanteuse d’origine iranienne Azam Ali bar oriental dès 19h30 aux Dominicains de Haute-Alsace
+ aller-retour en bus départ de La Filature à 19h
(supplément 5€). Réservation obligatoire auprès
de la billetterie de La Filature : 03 89 36 28 28 Clôture en apothéose avec Emel Mathlouthi samedi le 27 janv. 2018 à 21h00 au Noumatrouff
C’est en pleine Révolution de Jasmin, lors d’une
manifestation en 2011, que cette jeune tunisienne
entonne Kelmti Horra (Ma parole est libre).
Une vidéo de cette chanson, immédiatement relayée
par les réseaux sociaux, en fera alors l’hymne du Printemps arabe. Après un premier album,
elle participe aux côtés d’Élise Caron et Jeanne Cherhal
à un concert de chant de femmes à Téhéran qui fera
l’objet du film d’Ayat Najafi No Land’s song (sam. 27 janv. 18h à La Filature).
Invitée à interpréter son hymne lors de la cérémonie de remise du prix Nobel de la paix en 2015,
Emel Mathlouthi est dès lors adoubée par la
presse internationale. Son nouvel album Ensen (Humain),
enregistré en 2017 en partie par le producteur
de Björk et Sigur Rós, mixe sonorités électroniques
et instruments traditionnels, tout en échappant
au cliché du mélange des genres. Dans un monde écrasé
par l’anglicisme, chanter en arabe est pour elle
une revendication en soi, qui impose cette libertaire
et féministe comme une des figures de
l’avant-garde de la musique arabe.
Ces créations diverses susciteront comme chaque
fois de nombreux et riches questionnements.
Cette région, véritable carrefour des civilisations,
est un univers complexe aux contours flottants,
à la fois héritière de traditions qui remontent
à la nuit des temps, berceau des trois religions
monothéistes, et pleinement aux prises avec
les mutations contemporaines. Découvrez le programme complet en cliquant ici Dès 3 places on peut profiter d’un Pass Billeterie
du mardi au samedi de 13h30 à 18h30 :
T +33 (0)3 89 36 28 28 et billetterie@lafilature.org
fermeture de fin d’année 2017
La Filature sera fermée au public du dimanche 24 décembre 2017 au lundi 1er janv. 2018 inclus (excepté pour le Concert du Nouvel An
de l’Orchestre symphonique de Mulhouse) attention : la billetterie fermera exceptionnellement à 16h30
le samedi 23 décembre
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La Fondation François Schneiderprésente plusieurs
artistes jusqu’au 17 décembre 2017
L’exposition Kunstart présente les oeuvres des huit artistes lauréats du concours Kunstart.
Tous sont étudiants ou diplômés d’écoles d’art de la région
tri-nationale et incarnent la vitalité de la création sur
le territoire rhénan. Jules Andrieu, Alice Blot, Iris Brodbeck, Manuel Diemer, Othmar Farré, Jordan Madlon, Marion Schutz et Flora Sopa témoignent de la diversité des pratiques
et mediums avec une variété d’oeuvres autour du thème de l’eau. Installation de sel, ville engloutie, cabine d’eau,
petites îles de verre ou poisson volant sont au rendez-vous.
Une déambulation dans la grande halle du Centre d’Art permet
de découvrir des pièces uniques.
Avec ses concrétions, et la rencontre entre l’eau et la pierre, Jules Andrieu dissèque la matière. Alice Blot recouvre le sol de nappe de sel pour Ondée
et créé une subtile danse de gouttes. Iris Brodbeck dénonce la situation des réfugiés avec 1,563m3,
un aquarium-cabine métaphore du pouvoir et de la mer.
Les 12 pièces de verre formant l’installation Isula de Manuel Diemer
renvoie à une double interprétation, la naissance ou la
disparition d’une île.
Avec sa photographie de l’Homme Pinceau, Der Sprung, Othmar Farré présente Brushman le personnage principal
de son film burlesque parcourant villes et montagnes à la
recherche d’un poisson.
Le travail conceptuel de Jordan Madlon interroge la forme. Flora Sopa le rejoint dans ses peintures abstraites,
jouant avec le principe de synesthésie, combinant pigment,
eau et fréquence sonore. Marion Schutz quant à elle présente avec Azul Noce
un paysage rêvé mais aussi monde englouti, une ville de
granit, infinie, immergée dans l’eau. Chacun de ces jeunes artistes a une expression déjà bien
affirmée, mais peut-être se rejoignent-ils sur une approche
mélancolique de leur environnement. Des rapports de force
et des mises en tension semblent être au coeur de leur
préoccupation, serait-ce le reflet d’une époque ?
Dans le cadre des ateliers dégustation du Bistr’eau.
Visite guidée tout public | Dimanche 12 novembre 15h Accessible pour l’achat d’un billet d’entrée (3 à 5 €).
Fondation François Schneider 27 rue de la Première Armée 68700 Wattwiller – France Le Bistr’eau
+33 (0)3.89.82.10.10
Jusqu’au 17 décembre 2017 La Fondation François Schneider présente plusieurs
artistes, dont Anna Katharina Scheidegger, dont vous
avez pu admirer les photos dans l’exposition Cold Wave, dans la Galerie de la Filature de Mulhouse.
C’est une proposition d’Emmanuelle Walter, La Filature, scène nationale, Mulhouse
et sous le commissariat de Sagaprojects. Fonte est une exposition consacrée à la question
de la fonte des glaces et des changements
climatiques. Anna Katharina Scheidegger nous livre
sa vision d’un monde fragile et d’une nature endolorie
à travers des séries de photographies, films, installation
et une performance sur la glace. L’artiste rassemble
ici différents chapitres de ses recherches et créations,
mêlant à la fois une approche ethnologique, environnementale
mais aussi psychanalytique.
Intriguée et inspirée par les mythologies du canton
du Valais (Suisse), racontant l’histoire des pauvres âmes
(Arme Seelen), attrapées et enfermées dans la glace au
moment de leur mort, Anna Katharina Scheidegger
propose une relecture de ces rites et traditions.
Pour la série head of roses, elle coule son propre visage
en glace dans des moules en silicone et en créé des images
à la fois effrayantes et poétiques. Sa découverte en 2011
de la technique d’emballage des glaciers suisses avec
des bâches, afin de stopper les rayons UV réduisant la
fonte des glaciers, a donné lieu à un étonnant travail
à la chambre. Sur ses tirages argentiques se dégagent
des paysages de neige et de rocaille, emballés et pansés
de tissus blanc. On n’est plus ici dans du land art mais
dans des interventions environnementales.
L’artiste poursuit sa recherche en tentant de repeindre
les montagnes en blanc (Film, White Out), acte engagé
mais aussi absurde qu’infini. Ailleurs, les petites âmes
avalées par les glaciers se retrouvent flottantes,
coulantes et dansant dans l’espace. Elles nous
interrogent sur nos croyances et le cycle de la nature.
Tour à tour scientifique, lyrique, expressionniste,
minimaliste, l’oeuvre d’Anna Katharina Scheidegger
est empreinte d’un esthétisme détaché des conventions,
flirtant parfois avec les limites de la séduction mais
marquée d’une vraie gravité. L’artiste nous fait à la
fois prendre conscience de notre environnement
et de notre identité. Dans le cadre des ateliers dégustation du Bistr’eau.
Visite guidée tout public | Dimanche 12 novembre 15h
Accessible pour l’achat d’un billet d’entrée (3 à 5 €). Les images flottantes, La Filature Nomade | Mercredi 15 novembre 16h
Tarif de 3 € en plus du billet d’entrée |
Réservation obligatoire (place limitée).
Dans ce récit, Patrick Corillon propose une heure
de voyage dans le monde des images sans jamais
nous en montrer une.
À l’aide d’un dispositif scénographique minimal, Patrick Corillon prend le spectateur par la main et
par le coeur, pour le sortir du monde des images
imposées et lui donner tout pouvoir d’inventer
lui-même de nouvelles histoires. Conversation entre Emmanuelle Walter (Conseillère artistique arts visuels pour La Filature) et Anna Katharina Scheidegger | Samedi 18 novembre à 14h30
Accessible pour l’achat d’un billet d’entrée (3 à 5 €)
| Réservation obligatoire (place limitée). Stop Motion, atelier enfants animé par Anna Katharina Scheidegger | Dimanche 19 Novembre de 14h30 à 18h.
Tarif de 3 € en plus du billet d’entrée
(3€ et gratuite pour les -12ans) | Réservation obligatoire (place limitée).
Le « stop motion » ou image par image, est une technique
de film d’animation. Les enfants avec l’artiste
découvrent l’exposition et l’univers de l’artiste, pendant
qu’un groupe réfléchit à une histoire, des décors,
des personnages, un second part à la conquête du son !
L’artiste effectuera le montage final.
Les questions environnementales et notamment la
protection de la planète et de l’eau seront les sujets choisis. Mois du film documentaire | Jeudi 23 novembre 19h30
Tarif unique de 3€ | Réservation obligatoire (place limitée).
Une sélection de courts et longs métrages sur
la question de l’eau.
Programmation par Catherine Mueller. Glaciers – Entre mythe et réalité | Samedi 2 décembre à 14h30
Tarif de 3 € en plus du billet d’entrée | Réservation obligatoire en précisant l’horaire (place limitée).
14h30 – 16h : Conférence de Geoffrey Klein, spécialiste
climat, en présence de l’artiste, causes, conséquences
et prévention.
16h30 – 17h30 : Lecture de textes choisis autour des mythes
valaisans par Auguste Vonville. Un vin ou chocolat chaud offert pour l’achat du billet d’entrée.
Le Bistr’eau proposera des spécialités valaisannes.
+33 (0)3.89.82.10.10 Fondation François Schneider 27 rue de la Première Armée
68700 Wattwiller – France
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Le festival les Vagamondes a démarré avec le vernissage de l’exposition « Dérive » de Yusuf Sevinçli, dans la galerie. Feuilletez ici le programme du Festival les Vagamondes du 13 janvier au 23 janvier 2016 Sans titre, série POST II (015), 2013
Le noir et blanc contrasté du jeune photographe turc Yusuf Sevinçli
oscille entre geste artistique et approche documentaire. Gert Petrus Fieret et Miroslac Tichy, sont des références pour lui parmi « Ils sont trop nombreux, tout au long de l’histoire de la photographie, pour les énumérer tous. August Sander, pour l’approche particulière de ses sujets, Eugène Atget pour son incroyable atmosphère. Robert Frank est très important pour moi, et continue de m’inspirer. Il y a aussi nombre de photographes japonais des années 70, comme Moriyama et Kitajima. William Klein et Nan Goldin figurent parmi mes photographes favoris, et Anders Petersen aussi, qui a une grande influence sur mes
débuts. D’un point de vue plus contemporain, je trouve les travaux de Rinko Kawauchi et Antoine D’Agata extrêmement intéressants. Yusuf Sevinçli Né en 1980 à Zonguldak en Turquie, Yusuf Sevinçli vit et travaille à Istanbul. Il est représenté par la Galerie Les filles du calvaire à Paris et Elipsis Gallery à Istanbul. Diplômé de la section Communication de l’Université Marmara d’Istanbul en 2003, Yusuf Sevinçli intègre l’année suivante une Masterclass consacrée à la photographie documentaire en Suède, avant de suivre la Reflexions Masterclass de Venise. Il construit alors son travail personnel à travers plusieurs séries, dont Good Dog, qui ont fait l’objet de nombreuses expositions individuelles et collectives en Turquie et à travers le monde (Mois de la Photo de Moscou, PhotoBiennale de Thessalonique, Festival de photographie Fotografia Europa Reggio Emilia en Italie, Fotografie Noorderlicht aux Pays-Bas, FotoFreo en Australie…). Yusuf Sevinçli présente également ses oeuvres en France, notamment au festival Circulation(s) à Paris en 2012, au Festival Voies Off à Arles en 2013 et au festival Portrait(s) de Vichy en 2015.
Yusuf Sevincli, selfportrait
Depuis 2008, son travail fait souvent l’objet de publications dans des ouvrages collectifs consacrés à la photographie (Image Makers, Image Takers: The Essential Guide to Photography chez Thames&Hudson) ainsi que dans différents magazines internationaux. « J’ai démarré vers l’âge de 20 ans, pendant mes années universitaires. J’étais étudiant en journalisme et mon premier contact avec la photographie s’est fait lors des cours d’histoire du photojournalisme. Plus que par sa pratique, j’ai donc tout d’abord été attiré par l’histoire de la photographie et par ses figures iconiques, par le sens de ses messages et par l’effort de compréhension de la puissance de l’image. Je reste aujourd’hui persuadé qu’au-delà du style de chacun, un photographe ou un artiste usant de la photographie se doit de connaître l’histoire de cette dernière, afin de pouvoir appréhender à leur juste valeur les capacités du médium. »
Yusuf Sevinçli Ilnous livre les vestiges d’une culture encore vivace dans un pays en pleine mutation, comme par exemple l’image d’une des dernières maisons stambouliotes, bâtie en bois, livrée au feu, ou celle d’oiseaux s’envolant du fond d’une ruelle pentue et ruisselante. Ou bien encore, il capte cette vision hallucinatoire d’un réparateur qui ne descendra probablement plus de son lampadaire tant il semble y être accroché pour toujours. La nostalgie est au coin de l’énième impasse du quartier Beyoglù où Sevinçli se promène à longueur de jour et de nuit, mais la vivacité photographique de ses captations rappelle leur contemporanéité.
À l’occasion, il nous parle d’amour, s’arrête sur le charme d’un corps en livrant au regard un morceau de peau d’où affleure une sensuelle fragrance. Quelques visages enfantins frappent par leur innocence illuminée, rappelant l’imagerie des frères Lumière ou de Chaplin. Des bambins masqués jouent dans les ruelles et les terrains vagues, tandis que des petites filles surgissent dans des images, telles des merveilles, anges éternels, emblèmes du désir d’enfance. Leurs minois, au regard malin, fixent avec candeur le spectateur, comme ceux de ces jeunes filles que l’on dirait siamoises tant leurs frimousses se serrent l’une contre l’autre. Yusuf Sevinçli sait aussi saisir les errants et autres noctambules qui colorent Istanbul demixité et de fantaisie, à la croisée des cultures. Il tire de leurs corps des volumes et des aplats contrastés, tel ce dos d’homme où s’étale un liquide blanchâtre qui rappelle un « dripping » abstrait. Il capte souvent un détail, un fragment, comme les jolies jambes au collant percé d’une punkette, des chardons plantés dans un vase, l’ampoule pendant d’un plafond écaillé (…) pour lui accorder un autre destin visuel. Les formes surgissent de l’ombre, traversant des rais de lumière et les rayures subies par le négatif, pour créer des prismes et des illuminations. Les images sont généralement structurées par l’éclairage mais peuvent contenir une géométrie de par leur sujet : pans d’immeubles abstraits, ossature de barnum laissé à l’abandon sur une plage lunaire, architectures au futurisme vieillot issues des vestiges d’un palais de la découverte décati. Il n’y a pas nécessairement de message dans l’oeuvre de Yusuf Sevinçli, ou alors, il est allusif, comme s’il désirait s’abstraire des remous politiques, pour se soucier de ce qu’il reste de l’humanité, à la manière d’un Sergio Larrain dont les images éclairent le futur douloureux du Chili de leur pureté éblouissante4. Ce photographe est en effet un fabricant de rêves en image. Dans les derniers travaux, son errance visuelle s’est élargie à l’Europe où il voyage. De Naples à Paris en passant par Marseille5, il poursuit sa quête d’un monde silencieux où seul le bruissement fugace de la vie le maintient en éveil.
SÉRIES EXPOSÉES À LA FILATURE « MARSEILLE » : 15 tirages en noir et blanc et en argentique
aux formats 50 x 75 cm et 30 x 45 cm
Suite à une résidence en 2013 au Percolateur, plateforme pour la création photographique en Méditerranée, Yusuf Sevinçli a livré sa vision de Marseille dessinant le portrait d’une ville multiculturelle.
Les photos réalisées ont été publiées sous forme de livre en 2014 aux Éditions Le Bec en L’Air. « GOOD DOG » : 17 tirages en noir et blanc et en argentique aux formats 80 x 120 cm, 50 x 75 cm et 30 x 45 cm Yusuf Sevinçlidéveloppe un concept picaresque, une approche photographique faite d’instabilité et d’errance. Il se contente de photographier son environnement, ses angoisses et ses questionnements au quotidien, et voit en la photographie le moyen de rester connecté aux choses et aux êtres, une réponse – sa réponse – à l’environnement qui l’entoure et aux mouvements qui l’habitent, une réflexion à la fois profonde et naïve. Sa série Good Dog a donné lieu à un ouvrage publié en 2012 aux Éditions Filigranes. « L’aspect émotionnel des photographies de Good Dog est physiquement instable. Yusuf Sevinçli ne s’attarde pas. Il marche, il explore, il observe et il repart. Il prélève presque compulsivement des morceaux de réalité qui sont toujours différents, mais qui peuvent finalement trouver des similitudes et devenir une série d’images. C’est un concept picaresque de la photographie, presque sans-abri, errant, qui rejette la stabilité et la sérénité d’un foyer, même visuel, et qui rendent vivant. Les sujets deviennent des pièces qui s’assemblent et révèlent la matière qu’est la représentation de la réalité à travers l’oeil de l’artiste. L’émotion s’éloigne des sentiers battus et réinvestit la rue, nous montrant sa vraie nature. » Christine Ollier, 2012 « VICHY, 2015 » : 11 tirages en noir et blanc et en argentique aux formats 80 x 120 cm, 50 x 75 cm et 30 x 45 cm En résidence à Vichy pendant un mois, Yusuf Sevinçli a arpenté la ville et posé un regard plein d’humanité sur ses habitants, leur rapport à la ville, à l’autre, au monde. Son travail a fait l’objet d’un focus lors du festival Portrait(s) 2015, ainsi que de la publication de Walking aux Éditions Filigranes. « À quoi tient l’âme d’une ville ? À la rectitude des trottoirs étroits, lissés par le temps ? Aux taches de rousseur d’enfants saisis par les frimas ? Aux noctambules qui errent sous la fusion des lampadaires ? Une ville livre ses secrets à ceux qui l’arpentent sans fin, poussent la porte des bars, déjeunent sur le coin d’un comptoir et dînent au coin d’un autre, croisent les gavroches le matin sur le chemin de l’école et les retraités l’après-midi, qui siestent sur les bancs. En acceptant de conduire au printemps dernier une résidence à Vichy, Yusuf Sevinçli a endossé la figure du photographe marcheur, du flâneur indocile qui guette les offrandes du jour et les blêmissements du couchant : ici un croupier à la pâleur lunaire, là un chien mouillé convoquant les derniers fantômes de la nuit. Bien malin qui serait capable de reconnaître dans les images funambulesques de ce jeune photographe turc les coquetteries de Vichy la française, Vichy la bourgeoise, arc-boutée sur ses façades art nouveau, ses villas néoclassiques et les splendeurs de l’Allier. La ville thermale, qui vit naître l’écrivain voyageur Albert Londres, devient une terre de rencontres et d’aventures, une projection mentale, un poème visuel né des chimères d’un artiste stambouliote qui pratique les déplacements dans tous les sens du terme, physiques et psychiques. Vichy, grâce à lui, s’éveille d’un drôle de rêve où passent des guirlandes de lumières et des gamins aux poings serrés. […]Sous la griffe du regard nomade de Yusuf Sevinçli, Vichy est dessaisie de son histoire et de sa géographie, elle flotte dans un espace-temps qui est celui du rêve éveillé, elle chaloupe et chavire, traversée de fulgurances, filochée de brouillard, sertie de noirs charbon et de blancs incandescents qui la rendent à la fois plus ardente, plus nerveuse et plus insaisissable. » Natacha Wolinski, Walking, Éditions Filigranes / festival Portrait(s) 2015 « POST I » : 17 tirages en noir et blanc et en argentique aux formats 80 x 120 cm, 50 x 75 cm et 30 x 45 cm « POST II » : 8 tirages en noir et blanc et en argentique aux formats 80 x 120 cm, 50 x 75 cm et 30 x 45 cm « PARIS » : 4 tirages en noir et blanc et en argentique
2 Michel Poivert, La Photographie contemporaine, Paris, Flammarion, 2002.
3 Christian Caujolle accorda une place importante à leurs images dans les colonnes de Libération dont il fut le directeur photo pendant des années, il collabora par la suite avec nombre d’entre eux dans la cadre de l’agence et de la galerie VU’.
4 Cf. expositions Sergio Larrain, commissariat Agnès Sire, église Sainte-Anne, RIP d’Arles et Fondation Henri Cartier-Bresson Paris, 2013.
5 Yusuf Sevinçli a été invité en résidence par l’association Le percolateur, exposition à l’Atelier de Visu, Marseille, octobre 2013.
Un nouveau venu dans la blogosphère, mais qui n’est pas un inconnu pour la plupart d’entre nous. Pierre Louis Cereja continue de nous tenir en haleine, sur son blog nouveau-né : Extérieur jour – Le blog de Pierre-Louis Cereja , comme il le faisait dans les pages du quotidien régional l’Alsace, du meilleur, comme du pire, du festival de Cannes d’abord, période oblige, puis de toute l’actualité cinématographique des salles obscures, au fil des jours.
Retenez bien ce nom, ce titre et son blog :http://plcereja.blog.lemonde.fr
bon vent au nouveau blogueur 😎 que vous pouvez retrouver
en lien sur mon blog ————————————–>
Symphonie (In)ouïe est un concert rêvé qui coud, en sons et en images, les fragments d’un discours musical et filmique dont les composants visuels sont entrelacés avec le fil sonore que suit l’ouïe. Dans un unique espace de transition permanente, celui d’un entrepôt où le son et ses vecteurs restent en suspens malgré des ébauches de communication, s’esquisse un parcours de souvenirs truffé d’incohérences. La dissociation entre l’image et le son projette le mouvement dans l’espace, et celui-ci se fait temps musical, comme si la vacuité des lieux redisait les balbutiements du discours et la difficulté d’abolir les distances. Mais la vie s’insinue, par bribes burlesques : la pluie force le souffle du tubiste, le froid contraint à réchauffer la flûte, le trajet boiteux d’un homme soutire des souffles à un accordéon. Et une voix distante, par un haut-parleur, renoue avec une continuité mélodique qui fait deviner, dans les marges, la symphonie latente.
Le dernier court métrage, Symphonie Inouïe, réalisé au Fresnoy, par Zahra Poonawala (dont le crieur public a été montré au CEAAC de Strasbourg et au forum de St Louis) est visible dans un festival en ligne , le Streaming Festival, jusqu’à la fin du weekend. Voici le lien vers le site pour écouter la symphonie Ainsi qu’un article sur le film et le festival
Premiere le 8/06/2011 au Fresnoy, Tourcoing
Exposé au CEAAC, Strasbourg 15/09/2011-16/10/2011
Visible en ligne au Streaming Festival , La Hague, 1-18/12/2011
Patrick Bailly Maître Grand – LesTrophées-Tatoos (2011)
L’art une drogue légale, s’interroge Fabrice Bousteau (BA magazine) ? L’art rend-il heureux ? (Anne Cantin – Arts magazine) La réponse paraît évidente. Les artistes non reconnus, les marchands d’art ruinés, les collectionneurs obsédés, les musées déserts, vus des coulisses ne semblent pas refléter cette béatitude. Côté public, l’engouement constaté pour les expositions dans ces 20 et 21 e siècles semble une évidence. Est-ce un effet de mode où une prise de conscience, qu’il faut s’immerger dans l’art, le partager, le mettre aux programmes scolaires, afin d’aboutir à une vision humaniste de la culture. Les émotions qu’il procure, le sens qu’il peut donner à une vie, sont autant de vertus stimulantes qui devraient être inscrites dans les droits de l’homme ou du moins prescrites par la faculté (de médecine…) afin de mieux préserver nos facultés (mentales).
J’en avais rêvé,la Filature l’a réalisée : l’exposition de deux pointures de l’histoire de l’art dans les domaine précis de l’art vidéo et de la photographie, qui de surcroît habitent notre belle région : l’Alsace. Nous allons de surprise en contentement, car Patrick Bailly Maître Grand – PBMG, expose conjointement avec sa moitié, Laurence Demaison. Le couple est uni autant par l’argentique que par les liens du mariage. Quant au travail de cette moitié, il justifierait un « entier » par sa recherche, son ingéniosité, sa virtuosité. Patrick Bailly Maître Grand Robert Cahen Laurence Demaison
Nos trois « stars » dont les liens évidents sont la poésie, l’invisible, la métaphore du temps, mais aussi l’étrangeté sont commentées elles aussi par des pointures : pour Laurence Demaison et PBMG, Muriel Berthou-Crestey, dont les titres de docteur en esthétique, critique d’art et chercheuse, indiquent immédiatement la haute tenue de la conférence d’avant le vernissage du 2 novembre 2011. Extrait du Carnet à Facette : à lire icititre dublog de Muriel Berthou-Crestey Robert Cahen, présenté, pas son ami écrivain, Stephan Audeguy , auteur de nombreux ouvrages dont la « Théorie des nuages » et le dernier sorti : Rom@, comme proustien et baudelairien, dans sa recherche du temps qu’il ne perd pas en tentant de l’arrêter, présenté dans les nombreuses conférences, données à l’occasion de la rétrospective de ses films et vidéos en 2010 au Jeu de Paume à Paris, puis à Strasbourg, lors de la sortie du coffret par Ecart Production en 2010 qui donne une vision de sa production de
films et vidéos entre 1973 et 2007, de son court métrage sur Pierre Boulez« les Maîtres du Temps » , au Fresnoy. Stephan Audeguy a eu le privilège d’être pensionnaire (intra muros) de la Villa Médicis à Rome, comme RKN (hors les murs),
Un autre texte écrit parHou Hanru, critique d’art, actuel commissaire de la biennale de Lyon, commissaire d’exposition né en Chine, de nationalité française, Chevalier des Arts et des Lettres, dont le mot d’ordre est : multiculturalisme, mondialisation et pluridisciplinarité de la scène artistique, dans le livret qui accompagne le coffret du DVD et CD.
Toutes ces festivités étant chapeautées par Anne Immelé photographe, docteur en Art, professeur à l’Ecole du Quai, École supérieure d’art de Mulhouse et à l’Université Marc Bloch de Strasbourg.
Que dire après que toutes ces sommités se soient exprimées, que la presse se soit fait largement écho de l’événement ?
Ma rencontre avec Patrick Bailly Maître Grand, que je me permets d’appeler familièrement PBMG : PGMG LA FACE et LE PROFIL (2006-2007).
Patrick Bailly-Maître-Grand , nous a accueillis dans son atelier de Strasbourg, un samedi de mars 2007. Ce fut un après midi de grâce. Il nous permit de suivre quelques-unes des innombrables pistes qu’il emprunte et explore depuis plusieurs années, avec une égale passion et une curiosité sans failles. D’emblée nous sommes fascinés par ses petites vanités, ses natures mortes. Il explore les procédés anciens et fait fi de l’aventure du numérique, qu’il trouve sans véritable imagination, ne permettant pas une réelle aventure et un enrichissement intellectuel.
Chaque matin dit-il avec malice, il a la chance de se réveiller avec une idée de sujet, qu’il s’ingénie à mener à son terme, en y consacrant toute son énergie, son temps, sa « débrouillardise » On a l’impression que son imagination est sans limites, à l’instar de ses grandes photos « les fourmis ».
Il nous raconte les réalisations de quelques unes de ses œuvres sans jamais dévoiler le « secret ». Son œuvre est multiple, astucieuse, ironique. On est presque saisi de vertige devant tant d’inventivité et de beauté pure. Inlassablement il nous montre les nippones d’eau, les digiphales, le virage, le rayogramme ou photogramme, les anneaux d’eau, les poussières d’eau, les verres d’eau, le vase, l’éclipse de 99 dans une tasse de café, Patrick Bailly Maître Grand – Les Vanités
les Véroniques, les Maximilennes, Sirius, le hasard et la nécessité, le pâté d’alouettes, les gemelles, les comas, la mélancolie, son autoportrait en vampire. Sur son site en lien sur mon blog, vous pouvez retrouver toutes les photos,
Nous tombons tous en amour devant Endroit en verre, j’en oublie beaucoup. Il nous fait une démonstration rapide de la caméra oscura. Je commence à gamberger devant les herbes….
Pendant des mois, les herbes de PBMG ont hanté mon imagination, je les voyais chez moi, sur mon mur blanc, zen, propices à la réflexion calme. Mais il me fallait créer un cadre digne de les acquérir. Un beau jour c’est arrivé, j’ai réussi à convaincre ma moitié d’aller à la rencontre de PBMG, d’acquérir enfin les Herbes convoitées.
Depuis je les salue au quotidien, je recherche les détails, les petites bestioles prises dans le faisceau du rayogramme. Quand mon moral est en baisse, il me suffit de les regarder pour que le calme et la sérénité m’inondent. Son oeuvre s’est continuée toujours aussi inventive et mystérieuse, montrant une intelligence du regard.
Magicien de la photographie, Patrick Bailly est un Grand Maître. Jamais patronyme n’a été si bien porté.
PBMG de souligner la phrase de Walter Benjamin et son analyse de l’image photographique et de souscrire à la phrase d’un photographe américain, Harry Callahan : « je photographie les choses pour voir à quoi elles ressemblent une fois que je les ai photgraphiées » raisonnement qu’il considère unique de ce qu’est une photographie, un éclairage du regard.
La conférencière a cité Janus avec à propos, je lui préfère l’orchidée de PBMG (photo ) de vœux de bonne année, sa signification fortement érotique, sa grande richesse d’expression, sa merveilleuse fantaisie qui la caractérise est le symbole du désir d’amour et de plaisir. Sa zygomorphie m’offre une opportunité que je saisis avec plaisir pour vous parler de Laurence Demaison.
D’après ses photographies et son catalogue, je la voyais très grande et blonde, mais à ma grande surprise elle est plutôt grande certes mais brune. Telle l’omniprésente Cindy Sherman, elle se transforme, se travestit, avec des perruques, des vêtements, des masques, le visage et le corps ensanglantés, quelques fois gore, le rêve de presque toutes les femmes, d’être toutes les femmes, chaque fois une autre, tout en étant la même. Le travail photographique de Laurence Demaison est exclusivement constitué d’autoportraits (sauf les séries « Radiopthérapie » et « Si j’avais su »). Laurence Demaison
Les techniques utilisées – prise de vue, développement, tirage – sont argentiques et réalisées par l’auteur. Aucune manipulation particulière n’intervient au-delà de la prise de vue (sauf inversion chimique des films pour certaines séries)
Son travail orienté sur son corps, sur sa nudité où se mêlent érotisme, mystère, féminité, désir de choquer, réminiscences d’enfance, autobiographie ? C’est à elle de répondre, invisible, tout en étant visible et lisible ? Ne dit-on pas que chaque artiste dans son œuvre fait son autoportrait, alors Laurence Demaison qui êtes-vous réellement ?
Photographies, dessins et peintures, tantôt superposés, tous les possibles lui appartiennent. Robert Cahen Robert Cahen – L’eau qui tombe « C’est en regardant longtemps de l’eau tomber, et en écoutant le bruit de sa chute, que le temps semble s’arrêter ».
Robert Cahen
La vidéo est dans une certaine mesure comparable à une lanterne magique, objet proustien grâce auquel l’enfant qui est en l’homme peut projeter des images sur les murs de sa chambre, se raconter des histoires pour échapper au temps ; mais l’artiste, lui, connaît le secret du monde, et les vidéos de Robert Cahen le révèlent comme les derniers mots de : À la recherche du temps perdu Stephan Audeguy
Robert Cahen, rebaptisé sans son autorisation RKN, le monde entier connaît sa haute silhouette vêtue de noir, boucles devenues blanches, yeux bleus au regard soutenu, à la démarche virevoltante, voire flottante. RKN à l’image de certains oiseaux migrateurs qui voguent d’un continent, l’autre, à la rencontre de la beauté et de la poésie du monde, qui sont au cœur du travail de RKN. Mais qu’est-ce qui fait courir RKN ?
Il n’est jamais à court d’idées, un projet à Macao juxtapose un autre en Colombie. Robert Cahen Artiste vidéo
Du pôle nord, à l’équateur, en passant par l’Asie, les Etats Unis, l’Europe, l’Alsace, aux antipodes du monde, tout l’intéresse. Les traces de ses envolées sont visibles. Son œuvre vidéo est là pour nous montrer ses voyages et la réalité qu’il en extrait. Dans ses nombreux voyages, il regarde défiler, le paysage, les gens. C’est ainsi que l’on croit percevoir, des souvenirs d’enfance, de vie d’adultes de tous âges, de toutes nationalités, avec une préférence pour l’Asie, des références cinématographiques à Hitchcock teintées d’érotisme, de fétichisme. Ce sont des rencontres, des apparitions, des disparitions, qui évoquent le passage éphémère des choses et du temps. Ce temps suspendu, étiré, proustien dixit Stephan Audeguy, saturnien, onirique, où les personnages effectuent des passages, pour devenir flou avant de disparaître.
Les images sont musicales, les sons qui les accompagnent sont une évidence, le compositeur de musique concrète a rejoint l’œil du cinéaste, non pas comme dans un documentaire, mais dans un conte de souvenirs, une invitation à voir et regarder les choses, la beauté du monde, par le prisme du poète.
Dans un temps ralenti, arrêté, pour mieux voir et en même temps nous faire toucher du regard, sinon de la conscience de l’éphémère de la vie. De l’eau qui coule, des corps qui flottent, comme le temps, la vie qui s’écoulent de façon immuable. Par cela même c’est une évocation constante de la mort, voire d’êtres chers disparus.
Contempler, pour en extraire les grâces, il a inventé un rapport à la beauté du monde. Affinité touchante avec les estampes, un désir de rendre au monde sa réalité, un rapport au temps et à l’éternité, tout en nous emmenant dans son voyage dans l’imaginaire.
C’est un personnage touchant, aux rêves communicatifs, ses amis du monde entier peuvent témoigner de sa curiosité, de sa cordialité, de son amabilité, et de son ouverture au monde, dans la conception de Hou Hanru, du multiculturalisme, de la mondialisation passive et de sa théorie : « La force des artistes réside avant tout dans leur capacité à bousculer les concepts de frontières, de fermeture », « L’art est, par définition, synonyme d’ouverture et de main tendue », si simples et si terribles : tout est dans le temps. » Hou Hanru. Photos 1 et 2 Site de PBMG autres photos et vidéos de l’auteur clic sur les photos pour les agrandir
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