Nom : Waydelich Prénom : Raymond âge : 85 ans naissance : Strasbourg résident : Hindisheim profession : Sculpteur, peintre, photographe signe particulier : représente la France à la Biennale de Venise en 1978 multi-primé multi-médaillé, blagueur
Décès
Vendredi 9 août en fin de journée à l’âge de 85 ans, à l’hôpital, à Strasbourg. C’était le dernier artiste alsacien à avoir représenté la France à la Biennale de Venise, en 1978. Depuis, Raymond-Emile Waydelich avait poursuivi un travail multiforme qu’habitaient ses mythologies et fictions.
Quelques extraits
Je rappelle ici mon billet lors de la remise de médailles à Mulhouse par l’Académie Rhénane du prix Europe 2022 par son président, Jean-Luc Seegmuller, et son vice-président Emmanuel Honegger officiaient ce jour-là au musée des Beaux Arts de Mulhouse. Le couronnement d’une carrière éclectique reliant le passé, le présent et le futur. Sculpteur, peintre, photographe, commandeur des arts et des lettres, l’artiste alsacien représenta la France à la Biennale de Venise en 1978. Après avoir exploré la mémoire du passé avec son travail sur la vie rêvée de Lydia Jacob, puis avoir en 1995 imaginé la mémoire future à travers sa grande exposition Mutaronegra, il donne aujourd’hui, en le sculptant, une vie nouvelle à son bestiaire merveilleux. (hommage vu à ST’ART 2021). Lesboites reliquaires de Lydia Jacob au musée Unterlinden
Partager la publication "Disparition de Raymond Waydelich"
Le 14 juillet 1880, inauguration du monument à la République Alfred-Philippe Roll Paris, 1846 – Paris, 1919 Date : Esquisse pour un tableau commémoratif, 1881 Matériaux et techniques : Huile sur toile Dimensions : H. 175 x l. 269 cm Numéro d’inventaire : PPP829 Mode d’acquisition : Achat, 1928 Salle : Rez-de-chaussée, salle 36
En 1880, l’Etat commande au peintre Alfred-Philippe Roll un tableau destiné à fixer le souvenir de la première célébration officielle de la fête nationale.
Le gouvernement venait d’adopter le jour anniversaire de la prise de la Bastille (14 juillet 1789) et celui de la fête de la Fédération (14 juillet 1790). A cette occasion, on avait érigé place de la République, une maquette en plâtre de la statue des frères Morice alors en cours de réalisation.
Roll réalise une immense toile de 63 m2 qui, achevée pour le Salon de 1882, est offerte à la Ville de Paris dès 1884 (aujourd’hui l’œuvre est conservée au Petit Palais). Cette peinture monumentale a fait l’objet de nombreuses études préparatoires, dont cette grande esquisse, aux larges touches colorées, qui met en évidence le goût de l’artiste pour la lumière et le mouvement.
Panorama de la liesse populaire, cette oeuvre de commande s’inscrit dans la suite des grandes compositions naturalistes de Roll : La Grève des mineurs, en 1880 (musée de Valenciennes), Le Travail, en 1885 (musée de Cognac). Ce peintre de la vie moderne a le sens de la foule. Il considère qu’un bon portrait est une figure bien vivante placée dans son milieu social. Le 14 juillet, avec son orchestre, ses danseurs, ses camelots, ses passants acclamant le défilé des troupes, lui permet d’en faire une spectaculaire démonstration.
Le Kunstmuseum Basela une nouvelle directrice: Elena Filipovic a pris ses fonctions en avril 2024. Elle succède à Josef Helfenstein, qui a pris sa retraite fin 2023. À propos de son nouveau mandat, Elena Filipovic déclare :
« C’est un honneur d’assumer cette impressionnante responsabilité. Je suis profondément engagée à protéger et à élargir davantage l’héritage de l’un des musées d’art les plus importants au monde. La Collection d’art publique de Bâle qui constitue le noyau historique du Kunstmuseum ; sa création remonte à 1661 dans le but de préserver les œuvres d’art, ainsi que la créativité et les idées des artistes, pour les générations futures et de les partager avec des publics proches et lointains. C’est la tradition d’un musée véritablement public, dans lequel la rencontre avec l’art a servi de source d’inspiration vitale et de défi aux perceptions communes du monde, chose sur lesquelles Filipovic souhaite s’appuyer. À cette fin, elle vise à élargir le public en renforçant le Kunstmuseum Basel pour qu’il devienne un lieu encore plus accessible, inclusif et accueillant.
Le Kunstmuseum Basel est déjà exceptionnel, mais je pense qu’il a aussi le potentiel de le devenir encore plus grâce à un engagement accru à se voir dans le présent : un musée dans lequel nous comprenons que nous avons des centaines d’années d’art qui peuvent entrer en résonance et nous dire quelque chose d’important sur notre vie actuelle. Un musée dans lequel nous pouvons regarder par exemple le Christ mort au tombeau de Holbeinet en venir à comprendre comment nous, en tant que société, avons toujours été aux prises avec la mortalité, la perte et la foi, un tel tableau vieux de plus de 500 ans peut encore nous parler aujourd’hui ».
C’est comme ça que E. Filipovic esquisse son approche : le musée avec ses trésors d’art s’étendant sur sept siècles, doit développer de nouveaux modes de pensée et d’action dans sa programmation et sa recherche pour nous aider à faire face aux complexités d’aujourd’hui.
L’un des axes de son travail sera donc la collection. Filipovic ne veut pas seulement ajouter progressivement de nouveaux accents dans la présentation des œuvres d’art de la collection dans les trois les lieux du musée. Elle espère également élargir la collection d’art public de Bâle avec des acquisitions et des cadeaux soigneusement réfléchis, par exemple des œuvres de créateurs sous-représentés, artistes d’horizons divers. Elle estime en outre que les questions centrales dans la société contemporaine, comme la durabilité et la diversité, sont des défis clés. Le Kunstmuseum Basel doit s’attaquer à ce problème.
Les visiteurs peuvent déjà voir le premier des changements progressifs initiés par Filipovic, dans la présentation des collections. Elle sera également co-commissaire d’une exposition rétrospective, au printemps/été 2025, qui portera un nouveau regard sur le travail de l’artiste franco-italien sculpteur et photographe Medardo Rosso (1858-1928), en perspective d’une époque contemporaine. La présentation de cette œuvre qui a contribué à ouvrir la voie au modernisme, est réalisé en coopération avec le Musée d’Art Moderne Stiftung Ludwig / mumok, Vienne et sera complétée par des œuvres d’autres artistes.
Détails biographiques
Elena Filipovic (née en 1972) rejoint le Kunstmuseum après plus de neuf ans en tant que directrice et commissaire de la Kunsthalle Basel, où elle a organisé plus de soixante-dix expositions, et suite à son mandat de commissaire principale du WIELS, Bruxelles de 2008 à 2014. Elle a été commissaire du Pavillon croate de la Biennale d’art de Venise en 2022 et a été co-commissaire, avec Adam Szymczyk, de When Things Cast No Shadow, le 5e Berlin Biennale d’art contemporain en 2008. Elle est titulaire d’un doctorat en histoire de l’art de Princeton. Université et a placé l’écriture et la recherche au centre de son approche de l’art. Ses écrits ont parus dans de nombreux catalogues et revues d’artistes et elle a édité plusieurs recueils, dont The Artist as Curator: An Anthology (Mousse Publications, 2017) et The Biennial Reader : Anthologie sur les plantes vivaces à grande échelle. Expositions d’art contemporain, avec Marieke van Hal et Solveig Øvstebø (Hatje Cantz Editeur, 2010). Elle est l’auteur de David Hammons, Bliz-aard Ball Sale (Afterall Books, 2017), pour lequel elle a été récompensée par la Fondation Andy Warhol/Creative Capital Arts Bourse aux écrivains et Les activités apparemment marginales de Marcel Duchamp (MIT Press, 2016), lauréat de la mention honorable, Prix PROSE 2017 en histoire et critique de l’art.
Informations pratiques
HAUPTBAU & NEUBAU Lu fermé Ma 10h00–18h00 Me 10h00–20h00 Je–Di 10h00–18h00 Horaires d’ouverture particuliers Veuillez noter que le Kunstmuseum Basel | Gegenwart sera fermé du 8.4. au 23.5.2024 pour cause de montage de l’exposition.
GEGENWART Lu fermé Ma–Di 11h00–18h00
Partager la publication "Changement de direction au Kunstmuseum Basel"
Catalogue officiel de l’exposition « L’Olympisme. Une invention moderne, un héritage antique» du 24 avril au 16 septembre 2024 au Musée du Louvre.
Grâce à la découverte d’archives inédites – issues du fonds de l’artiste Émile Gilliéron – et au réexamen d’oeuvres emblématiques, cet ouvrage revient sur le contexte politique et sur les enjeux de la création de l’olympisme moderne. Il permet ainsi d’analyser la fabrique de la première iconographie olympique. Le lecteur comprendra alors comment cette réinvention repose sur une combinaison orientée des sources antiques (textes, images et vestiges), faisant de l’olympisme moderne une illusion collective mais efficace. L’ouvrage rappelle également que Paris, trois fois capitale olympique (1900, 1924, 2024), a été le berceau où est née en 1894 l’idée de l’olympisme moderne. Cette réinvention, qui s’appuie elle aussi sur une manipulation des sources, a entraîné des dérives nationales ou internationales, des exclusions ou des stéréotypes dont les études classiques ont été d’une certaine manière les victimes. L’ensemble des textes qui composent ce volume fournissent ainsi les clés pour comprendre l’histoire méconnue de l’olympisme moderne. Par sa matière inédite et son angle d’approche original, ce catalogue s’adresse à tous et permet d’explorer les jeux Olympiques modernes, leur genèse et leur signification. Cet ouvrage est une coédition Musée du Louvre/Éditions Hazan
INFOS CLÉS
Volume : relié Format : 23 x 28 cm ISBN : 9782754113830 336 pages illustrées Prix : 45€ TTC Mise en vente : 24 avril 2024
• Catalogue officiel de l’exposition « L’Olympisme. Une invention moderne, un héritage antique » du 24 avril au 16 septembre 2024 au Musée du Louvre. • Cet ouvrage revient sur le contexte politique et sur les enjeux de la création de l’olympisme moderne. • Ce catalogue s’adresse à tous et permet d’explorer les jeux Olympiques modernes, leur genèse et leur signification.
Partager la publication "L’Olympisme, une invention moderne, un héritage antique"
Nom : Herbreteau , Prénom : Véronique Profession : guide Spécialité : Première guide médaillée du tourisme en Alsace 2019 Signe particulier : professionnelle et Conférencière des Villes et Pays d’Art et d’Histoire et du Parlement Européen Signe particulier 2 : auteur
Née à Strasbourg et y résidant, je suis une vraie locale avec une histoire et des coutumes familiales alsaciennes à partager.
En charge de nombreuses années de la gestion des guides en Alsace pour le croisiériste haut de gamme Uniworld, je suis la guide de référence de nombreux hôtels ***** en Alsace.
Je suis guide professionnelle et Conférencière des Villes et Pays d’Art et d’Histoire en Alsace depuis plus de vingt ans.
Titulaire d’une Maîtrise en Histoire de l’Art et en Muséologie, je connais très bien ma région.
J’ai vécu et enseigné le français aux États-Unis dans une université américaine Hood Collège, Frédérick, Maryland.
Concernant Strasbourg, je vous propose des circuits privés et sur mesure classiques ou insolites : Cathédrale, vieille ville ; tous les musées : Alsacien, Historique, Oeuvre Notre-Dame… ; mais également des circuits secrets et insolites (plusieurs circuits possibles), le patrimoine religieux (avec visite de la Cathédrale, des Temples ou du mikvé), la Neustadt, de même que des thématiques plus spécifiques comme le Strasbourg maçonnique, le Strasbourg médiéval, Renaissance, moderne ou contemporain ; des dégustations de produits locaux artisanaux : vins, foie gras, spécialités locales,… Strasbourg et la bière : divers circuits brassicoles, Strasbourg et les traditions de Noël…
J’ai l’agrément pour faire visiter le Parlement Européen.
Je guide sur toute l’Alsace, à Colmar, au musée Unterlinden et au musée Bartholdi, sur la route des vins avec arrêt dans des caves et chez des viticulteurs sélectionnés, Riquewihr, le camp du Struthof, le château du Haut-Koenigsbourg, la ligne Maginot, les contes légendes et traditions, …
Visites classiques ou insolites, thématiques, à la carte ou sur mesure.
Sans titre – Ukraine dénonce par l’art les horreurs de la guerre
Lors de la Biennale de Venise en avril 2022, le Président ukrainien Volodymyr Zelensky, a exhorté les artistes du monde entier à soutenir l’Ukraine. LesÉditions Jannink ont répondu à cet appel en demandant à l’artiste-plasticien Jean Pierre Raynaud de faire don à l’Ukraine d’une oeuvre inédite. À l’instar de Guernica (1937) de Picasso, Raynaud a repris les dimensions exactes (3,49 m x 7,76 m) de cette oeuvre emblématique. Comme la toile du peintre espagnol, les deux toiles monumentales étaient exposées à la foire d’art contemporain ST-ART à Strasbourg 2023, pour entamer une tournée d’expositions mondiale.
Après la Sorbonne à Paris et ST-ART à Strasbourg, je suis très heureux que la Ville de Schiltigheim, avec sa Maire Danielle Dambachet son adjointe à la Culture, aux Participations Citoyennes et à la Politique de la Ville, Nathalie Jampoc-Bertrand, marquent leur soutien dans ce réseau international 1937 Guernica / Ukraine 2022 que nous mettons en place avec Baudouin Jannink, initiateur de ce projet. Robert Becker
Nathalie Jampoc-Bertrand nous dit :
« Parce qu’il n’est jamais vain de s’engager contre la violence, pour la paix et qu’il est essentiel de rappeler que l’art est un révélateur de l’Histoire, la Ville de Schiltigheim renouvelle ainsi son soutien à l’Ukraine et son engagement aux côtés des victimes de la guerre.«
Cette œuvre monumentale réalisée par l’artiste Jean Pierre Raynaud en réponse à l’appel du Président Zelensky pour soutenir son pays suite à l’invasion de son pays, en écho au Guernicade Picasso, symbole pour la paix, sera exposée avec la reproduction en taille réelle de Guernica dans la salle de l’Aquarium de la Mairie de Schiltigheim.
Information importante
Mardi 23 janvier 2024 à 18h30: Inauguration officielle avec Danielle Dambach, Nathalie Jampoc-Bertrand, Adjointe et Baudouin Jannink, éditeur d’art qui a proposé à Jean Pierre Raynaud de relever ce défi.
Suivi d’une Performance de Geneviève Charras avec Baudouin Jannink Aphorismes dansés #2 face aux œuvres dans l’Aquarium.
Et d’un récital piano-voix de Hanna Koval et Olga Fekete
Entrée libre sur invitation.
Si vous souhaitez une invitation* pour le vernissage, merci de le demander par mail. à Robert Becker
Lorenzo Lotto (1480-1556), L’adoration des bergers (1534, huile sur toile, 147 x 166 cm), Pinacoteca Tosio Martinengo, Brescia (Italie). Domaine public.
Le récit de la naissance de Jésus dans l’évangile de Luc. Collège des Bernardins origine
Le texte biblique
Il advint aussi, en ces jours-là, que sortit un édit de César Auguste ordonnant de recenser tout le monde habité. Ce fut le premier recensement, Quirinius étant gouverneur de Syrie.
Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville. Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth vers la Judée, vers la ville de David qui s’appelle Bethléem, parce qu’il était de la maison et de la lignée de David, pour se faire recenser avec Marie promise pour être sa femme, laquelle était enceinte.
Or il advint, comme ils étaient là, que furent accomplis les jours où elle devait enfanter. Et elle mit au monde son fils, celui qui fut son premier-né, et elle l’emmaillota et le coucha dans la mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle.
Il y avait dans la région même des bergers qui vivaient aux champs et qui passaient les veilles de la nuit à veiller leur troupeau. Et voici, l’ange du Seigneur se tint près d’eux et la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux et ils furent saisis d’une grande crainte.
Mais l’ange leur dit : — Soyez sans crainte car voici, je vous annonce la bonne nouvelle d’une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : Aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la cité de David. Et voici pour vous le signe : vous trouverez un nouveau-né emmailloté placé dans une mangeoire.
Et soudain il y eut avec l’ange une multitude de l’armée céleste louant Dieu et disant : — Gloire à Dieu dans les hauteurs et sur la terre paix aux hommes, volonté bonne.
Et il advint, quand les anges les eurent quittés pour le ciel que les hommes, les bergers se disaient entre eux : — Passons donc jusqu’à Bethléem et voyons cette parole qui est arrivée que le Seigneur nous a fait connaître.
Et ils vinrent en hâte et ils trouvèrent Marie et Joseph et le nouveau-né placé dans la mangeoire.
Après avoir vu, ils firent connaître la parole qui leur avait été dite au sujet de cet enfant. Et tous ceux qui les entendirent s’étonnèrent de ce que leur disaient les bergers. Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces paroles, conférant en son cœur. Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu comme il leur avait été annoncé.
Évangile selon saint Luc, chapitre 2, versets 1 à 20. Traduit du grec de la tradition byzantine par les équipes du programme de recherche La Bible en ses Traditions.
La Fuite en Egypte Caravage
L’éclairage
La Nativité : naissance d’un tout petit enfant nommé Jésus
À la veille de Noël, ce passage de l’évangile de Luc tombe à pic : il met en lumière la succession des scènes qui rythment l’événement de la Nativité.
À vrai dire, on assiste même à tout un défilé de personnages et d’allers-retours.
Premier élément qui caractérise cette naissance : il n’y a pas de place pour Joseph et Marie dans la salle commune, et Jésus nouveau-né est d’emblée placé dans une mangeoire.
Les premiers témoins de cette naissance sont les bergers des environs. Un ange leur annonce la bonne nouvelle.
L’ange messager de bonne nouvelle est ensuite rejoint par un cortège d’anges qui forme une immense chorale chantant la louange de Dieu.
Les bergers se rendent à Bethléem en hâte pour constater de leurs propres yeux cette naissance.
Tandis que Marie garde ses événements et les médite, les bergers font connaître cette bonne nouvelle et chantent la louange de Dieu.
Fra Angelico Florence
« Entre le bœuf et l’âne gris », vraiment ?
La tradition chrétienne a largement popularisé de nombreux chants de Noël, parmi lesquels le célèbre « Entre le bœuf et l’âne gris » . Mais d’où viennent ce bœuf et cet âne ? Avez-vous relevé la mention de ces deux animaux dans le texte de l’évangile ?
Certes, la mention de la « mangeoire » dans laquelle Jésus est déposé situe la scène dans un décor où le bœuf et l’âne auraient toute leur place (puisqu’une mangeoire est par définition un grand récipient où est déposée la nourriture destinée aux animaux).
Mais autant le dire d’emblée : vous ne trouverez pas la moindre trace du bœuf et de l’âne dans les évangiles. Il s’agit purement et simplement d’une tradition, qui ne s’explique pas directement par le texte de l’évangile.
Mais pourquoi le bœuf et l’âne sont-ils parmi les personnages principaux des crèches de Noël ? La tradition populaire dit que l’haleine du bœuf et de l’âne servent à réchauffer le petit Jésus. C’est une belle invention qui découle en fait d’une exégèse antique. Car la référence au bœuf et à l’âne provient… du Livre d’Isaïe, dans l’Ancien Testament !
« Le bœuf connaît son possesseur ; et l’âne, la crèche de son maître : Israël ne connaît pas, mon peuple ne réfléchit pas. » (Is 1,3)
Le prophète Isaïe reproche au peuple d’Israël de ne pas connaître ou reconnaître son Dieu — au contraire du bœuf et de l’âne qui, eux, connaissent leur maître.
Pour les Pères de l’Église, le bœuf et l’âne représentent symboliquement le peuple humble qui reconnaît son sauveur et son Dieu dans ce petit enfant posé dans une mangeoire.
Petit détour par le Livre du prophète Habacuc
Mais on peut aussi avancer une seconde explication. Dans la traduction grecque de la Bible (la Septante), un court verset du prophète Habacuc dit* :
« Tu te manifesteras au milieu de deux animaux » (Ha 3,2 LXX)
Dès les premiers siècles de notre ère, les chrétiens ont donc interprété cette prophétie comme l’annonce de la naissance de Jésus.
Finalement, c’est à partir de références issues d’Isaïe ou d’Habacuc que la tradition chrétienne a symboliquement associé le bœuf et l’âne au récit de la naissance de Jésus, même si les évangiles n’en disent rien.
*Vous ne trouverez pas cette phrase telle quelle dans les traductions de l’hébreu, car ce verset dans la version hébraïque dit : « Au milieu des années, fais-la connaître » (Ha 3,2)
Un voyage à dos d’âne ?
Le duo de l’âne et du bœuf n’est donc pas mentionné dans le texte des évangiles. Mais l’âne seul tient, lui, une place toute particulière dans les représentations des deux récits autour de Noël où on retrouve la Sainte Famille… et un âne :
Marie et Joseph viennent à Bethléem pour se faire recenser(Lc 2, 1-7). Or, ils viennent de loin (de Nazareth, 150 km plus au nord). Les peintres et les artistes ont souvent représenté ce voyage avec Marie à dos d’âne — même si rien ne le dit explicitement dans le texte.
Dans l’évangile de Matthieu, le récit de la fuite en Égypte(Mt 2, 13-23) est souvent représenté comme un voyage à dos d’âne — même si, une fois de plus, le texte de l’évangile n’en dit rien !
En fait, dans l’Ancien Testament l’âne est l’animal royal par excellence. Ainsi, lors de son entrée à Jérusalem (fêtée par les Chrétiens lors du « dimanche des Rameaux »), Jésus arrive à dos d’âne, et ce détail fait écho à un passage prophétique du Livre de Zacharie qui annonce la venue du Messie sur une monture royale, alias à dos d’âne.
Bref, on se plaît chaque semaine à décrypter les habiles indices glissés dans les tableaux des peintres inspirés par les Écritures. Il faut savoir lire les images qui peuplent nos imaginaires non pas pour les « débunker », mais pour savoir d’où viennent certaines traditions et comment elles pointent vers une vérité plus profonde ! Ainsi, on pourra mieux apprécier les chefs-d’oeuvre, à l’image de ce tableau d’Aleksender Lauréus qui fait discrètement figurer trois personnages au second plan au fond à droit. L’âne au premier plan pointe vers le voyage qui commence ici mais qui mènera Jésus jusqu’à sa passion.
Aleksander Lauréus (1783-1823), Âne sellé (1820, huile sur toile, 25 x 33 cm), Pori Art Museum (Finlande). Domaine public.
Les moutons de la crèche
Pour finir ce numéro sur la présence des animaux autour de cet enfant qui naît à Bethléem, comment ne pas mentionner les moutons ou brebis ? Pour le coup, l’évangile de Luc parle des bergers qui viennent reconnaître et saluer cet enfant. On sait que les bergers surveillent leurs troupeaux (Lc 2,8), il y avait donc des brebis.
Encore une fois, il s’agit d’un détail symbolique. Dans le Proche-Orient ancien et l’Ancien Testament, le métier de berger a une connotation royale. L’un des textes les plus célèbres à cet égard est sans doute le psaume 23. Il s’agit d’un poème qui présente Dieu sous la figure d’un berger :
« Le Seigneur me fait paître, je ne manquerai de rien. Il me fait reposer dans de verts pâturages. Il me mène près des eaux rafraîchissantes, il restaure mon âme. » (Ps 23, 1-3)
La tradition des « moutons de la crèche » trouve d’ailleurs une magnifique interprétation :
À la suite de leurs maîtres les bergers de Bethléem, les brebis et moutons viennent rendre visite à ce nouveau-né.
Ainsi, les brebis (comme le bœuf et l’âne dans le Livre d’Isaïe) peuvent symboliser l’ensemble de la création qui vient reconnaître cet enfant comme son sauveur.
Finalement, ce ne sont pas seulement Marie, Joseph et les bergers qui entourent l’enfant dans la mangeoire de Bethléem, mais aussi les anges et les animaux. Autrement dit, toute la création se trouve réunie à la crèche pour célébrer la naissance du Christ !
Juan Bautista Maíno (1581-1649), L’adoration des bergers (vers 1614, huile sur toile, 314 cm x 174 cm), Musée du Prado, Madrid (Espagne). Domaine public.
Le mot de la fin
L’image du bœuf et de l’âne prenant place avec Marie et Joseph autour du « petit Jésus » est devenue une tradition. Et le poète Jules Supervielle (1884-1960) fait partie de ceux qui ont donné à cette tradition toute sa puissance poétique.
« Sur la route de Bethléem, l’âne conduit par Joseph portait la Vierge : elle pesait peu, n’étant occupée que de l’avenir en elle. Le bœuf suivait, tout seul. Arrivés en ville, les voyageurs pénétrèrent dans une étable abandonnée et Joseph se mit aussitôt au travail.
“Ces hommes, songeait le bœuf, sont tout de même étonnants. Voyez ce qu’ils parviennent à faire de leurs mains et de leurs bras. Cela vaut certes mieux que nos sabots et nos paturons. Et notre maître n’a pas son pareil pour arranger les choses, redresser le tordu et tordre le droit, faire ce qu’il faut sans regret ni mélancolie.”
Joseph sort et ne tarde pas à revenir, portant sur le dos de la paille, mais quelle paille, si vivace et ensoleillée qu’elle est un commencement de miracle.
“Que prépare-t-on là ? se dit l’âne. On dirait qu’ils font un petit lit d’enfant«
“On aura peut-être besoin de vous cette nuit”, dit la Vierge au bœuf et à l’âne. […]
Une voix légère mais qui vient de traverser tout le ciel les réveille bientôt. Le bœuf se lève, constate qu’il y a dans la crèche un enfant nu qui dort et, de son souffle, le réchauffe avec méthode, sans rien oublier. D’un souriant regard, la Vierge le remercie. Des êtres ailés entrent et sortent feignant de ne pas voir les murs qu’ils traversent avec tant d’aisance. »
Jules Supervielle (1884-1960), Le bœuf et l’âne de la crèche, nouvelle parue dans le recueil de contes L’enfant de la haute mer, Paris, Gallimard, 1931