Avant même de pénétrer dans la Bourse de Commerce, les visiteurs entrent en contact avec l’Arte Povera. Idee di pietra — 1532 kg di luce (en français, « Idées de pierre — 1532 kg de lumière ») (2010) de Giuseppe Penone, placé devant le bâtiment, affirme immédiatement l’un des axes majeurs de l’Arte Povera : la fusion entre nature et culture. Chez Penone, la ramification de l’arbre (vidéo) évoque les chemins de la pensée, et les pierres de rivières, fichées à plusieurs endroits, désignent les surgissements, les impasses, le poids des souvenirs : l’artiste assimile la pensée humaine à la croissance végétale et minérale.
Les débuts
Giuseppe Penone crée sa première oeuvre, « Alpi Marittime » (1968-1985), alors qu’il est encore étudiant. Ces six images de manipulation sur quelques arbres et un ruisseau de son bois familial contient la quasi-totalité de la pratique à venir de l’artiste : une attention portée aux processus de croissance et de fabrication du vivant, au sein desquels Penone va s’insérer, sans chercher pour autant à les dominer. Ses Alberi visent à réattribuer à des poutres la forme des arbres qu’elles furent en suivant les cernes du bois. Chez Penone, l’action artistique se situe au plus près du rythme du vivant.
Fils d’Albina Caterina Cerrina et de Pasquale Penone, qui cultivait les terres familiales et vendait des produits agricoles, Giuseppe Penone est né à Garessio dans la province de Cuneo en 1947. Dès le début de son parcours artistique, il s’intéresse au travail que cette région exige et à toute l’énergie investie dans leur culture au fil des décennies.
Il étudie à l’Accademia Albertina di Belle Arti à Turin et expose pour la première fois en 1968 au Deposito d’Arte Presente. Sa première exposition personnelle a lieu en décembre 1969 à la galerie Sperone à Turin, où il présente notamment
Albero di 4 metri (il suo essere nel dodicesimo anno d’età in un’ora fantastica).
Le cycle Alpi Marittime (1968) a été sa première oeuvre : il s’agit d’une série d’actions et d’interventions sur les arbres de la forêt et sur les ruisseaux proches de sa ville natale, rendues célèbres grâce aux photographies publiées dans le livre Arte povera de Germano Celant en 1969, et toujours appréciées comme des oeuvres photographiques et textuelles. En 1970, il a créé Rovesciare i propri occhi :en portant des lentilles de contact réfléchissantes, il restituait au spectateur le champ visuel qui aurait été celui de l’artiste s’il n’avait pas porté de telles lentilles. Cette même année, il participe aux expositions
« Conceptual Art Arte Povera Land Art » à la Galleria Civica d’Arte Moderna à Turin et « Information » au MoMA à New York. Dès lors, il sera inclus dans toutes les grandes expositions internationales consacrées à l’Arte Povera.
Son travail se distingue par le contact direct avec la nature, en particulier par des interventions sur les processus de croissance des arbres, mais aussi, à partir de 1969, avec les Alberi créés en sculptant des poutres et en suivant les cernes de croissance du bois pour ramener l’arbre à un âge antérieur. Souvent co-créatrice des oeuvres de Penone, la nature est envisagée comme une force expressive capable de redéfinir les langages artistiques.
Giuseppe Penone a créé une œuvre intitulée « Pommes de terre » en 1977, où il utilise des moules de son visage pour façonner des pommes de terre.
Ces pommes de terre anthropomorphes sont ensuite reproduites en bronze pour préserver l’œuvre, symbolisant une connexion entre l’artiste et la nature.
L’œuvre interroge le rôle du spectateur et invite à une contemplation active, tout en explorant le thème de la trace et de l’identité.
Le corps même de l’artiste, élément naturel à son tour, a commencé à faire partie de son processus créatif à partir de 1968 en tant qu’unité de mesure, frontière et enveloppe, ou producteur de signes et d’empreintes comme le montre Essere vento (To Be Wind) (2014), oeuvre majeure de la Collection Pinault.
Soffio
Giuseppe Penone participe à la documenta de Cassel en 1972, 1982, 1986 et 2012, à plusieurs éditions de la Biennale de Venise (1978, 1980, 1986, 1995 et 2007) et à la Biennale de Sydney en 2008. De nombreuses expositions lui ont été consacrées, notamment au Kunstmuseum à Lucerne (1977), au Stedelijk Museum à Amsterdam (1980), à l’ARC et au Musée Rodin à Paris (1984 et 1988), à Castello di Rivoli (1991), au Centre Pompidou (2004), à l’Académie de France à Rome (2008), à la Whitechapel Gallery à Londres (2012), au Château de Versailles (2013) et au Philadelphia Museum of Art (2022-2023). Penone a enseigné à l’école des Beaux-arts de Paris de 1997 à 2012.
En 2019, dans le cadre du parcours invité d’honneur de la FIAC 2019, le Palais d’Iéna – Conseil économique, social et environnemental (CESE) invite Giuseppe Penone au coeur de la vaste salle hypostyle et de ses majestueuses colonnades de plus de sept mètres de hauteur.
Ses oeuvres sont souvent conçues pour les espaces ouverts, à l’image de l’immense Idee di pietra – 1532 kg di luce (2010) sur le parvis de la Bourse de Commerce — Pinault Collection.
L’exposition à la Bourse de Commerce Pinault se termine le 20 janvier 2025
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