A La Fondation Beyeler du 16 février jusqu'au – 4 mai 2025 Commissariat de Raphaël Bouvier, Senior Curator de la Fondation Beyeler.
L'Ange du Foyer avec Raphaël Bouvier curator, Evangéline Hersaint photo Domminique Bannwarth
Après la labyrinthique exposition parisienne sur le surréalisme, la Fondation Beyeler fait découvrir en première mondiale, une sélection représentative de chefs d’oeuvre surréalistes de laCollection Hersaint. L’exposition présente une cinquantaine d’oeuvres clés d’artistes tels que Salvador Dalí, Max Ernst, René Magritte, Joan Miró, Pablo Picasso, Man Ray, Dorothea Tanning, Toyen, mais aussi Balthus, Jean Dubuffet, Wifredo Lam et bien d’autres.
Elle s’attache à divers thèmes majeurs du surréalisme comme la nuit, le rêve, l’inconscient, la métamorphose ou la forêt, en tant que lieu d’énigmes. Les peintures de la Collection Hersaint dialogueront avec certaines pièces maîtresses de la Fondation Beyeler.
La Collection Hersaint
« La Clef des songes » : ce titre d’une toile cardinale de René Magritteappartenant à la Collection Hersaint incarne l’orientation fondamentalement surréaliste et tresse les divers liens qu’elle noue avec l’univers mystérieux, à la fois familier et inquiétant, des (mauvais) rêves et de l’inconscient. La collection a été fondée par Claude Hersaint (1904, São Paulo – 1993, Crans-Montana), l’un des premiers et des plus importants collectionneurs du surréalisme. Après avoir grandi au Brésil, Claude Hersaint s’installe à Paris, où il acquiert à l’âge de dix-sept ans sa première oeuvre de Max Ernst. En naîtra une passion pour l’art qui l’animera toute sa vie et le conduira à réunir l’une des collections de peinture surréaliste les plus remarquables au monde. La Collection Hersaint rassemble aujourd’hui quelque 150 pièces, elle conserve notamment un ensemble d’oeuvres de Max Ernst parmi les plus considérables entre des mains privées. Claude Hersaint a entretenu pendant sa vie entière des liens d’amitié avec un grand nombre d’artistes. Son enthousiasme et son engagement en faveur de l’art ont été repris par son épouse Françoise Hersaint et leur fille Evangéline Hersaint.
Les chefs-d’oeuvre de la Collection
Parmi les nombreux chefs-d’oeuvre de la Collection, il faut mentionner L’Ange du foyer (Le Triomphe du surréalisme) que Max Ernst a peint en 1937 et qui est devenu l’icône par excellence du surréalisme.
L’énigmatique et insondable Le Jeu lugubre (1929) incarne la quintessence de l’art de Salvador Dalí, que hantent les tabous érotiques et psychologiques. Quant au Passage du Commerce-Saint-André (1952–1954), ce chef-d’oeuvre monumental de Balthusest en prêt à long terme à la Fondation Beyeler depuis plusieurs années. L’exposition fera voir en outre, de Dorothea Tanning et de Toyen – deux importantes artistes féminines du surréalisme –, un ensemble d’oeuvres caractéristiques qui n’ont pratiquement jamais été montrées jusqu’ici au public.
Une longue amitié a lié Claude, Françoise et Evangéline Hersaint aux époux Ernst et Hildy Beyeler. Affichant à la fois des similitudes et des différences, la Collection Beyeler et la Collection Hersaint se complètent idéalement. Ainsi le dialogue avec la Collection Hersaint met-il en évidence les rapports que la Collection Beyeler entretient avec l’art surréaliste, de même que les mille échos féconds que se renvoient les deux ensembles en révèlent les infinies potentialités. C’est dans cet esprit que la présente exposition fait donc entrer les chefs-d’oeuvre de la Collection Hersaint en conversation avec certains joyaux de notre musée, qu’ils soient signés Louise Bourgeois, Jean Dubuffet, Max Ernst, Alberto Giacometti, Joan Miró, Pablo Picasso ou Henri Rousseau.
Claude Hersaint
Claude Hersaint est né en 1904 à São Paulo, au Brésil, où sa famille originaire d’Alsace-Lorraine avait émigré au milieu du 19e siècle. Il grandit dans le milieu traditionnel de la haute bourgeoisie intellectuelle et s’installe dès son adolescence à Paris, où il suit les cours de « Sciences Po » et étudie le droit. Claude Hersaint fait ensuite profession de banquier, un métier qu’il exercera toute sa vie. À Paris, il noue des liens d’étroite amitié avec des artistes surréalistes comme Max Ernst, Victor Brauner, Óscar Domínguez, mais aussi Balthus et Jean Dubuffet. Il fréquente également des écrivains, des intellectuels et des collectionneurs de renom tels que Jacques Lacan, Georges Bataille, Jean Paulhan et Marie-Laure de Noailles. En 1938, il épouse sa première femme, Hélène Anavi, une fascinante personnalité mondaine de son temps. En raison de la Seconde Guerre mondiale et des persécutions nazies, Claude Hersaint et Hélène Anavi quittent précipitamment Paris au début de 1941, et se réfugient d’abord à Rio de Janeiro avant d’émigrer à New York, où ils se lient d’amitié avec Robert Oppenheimer, Claude Lévi-Strauss, Leo Castelli, Pierre Matisse, Man Ray, Dorothea Tanning et de nombreux autres artistes qui ont pris comme eux le chemin de l’exil.
Après la guerre, Claude Hersaint revient à Paris, où il fait la connaissance de sa seconde épouse, Françoise Moutier. À partir de 1948, Claude puis Françoise Hersaint vivent à Paris et Montreux, avant de s’installer définitivement à Crans-Montana, dans le Valais. Après la mort de son mari en 1993, Françoise s’est engagée avec détermination pour que la Collection Hersaint ne soit pas dispersée. C’est leur fille Evangéline Hersaint qui est aujourd’hui à sa tête et qui la rend pour la première fois accessible au grand public à travers la présente exposition.
Le catalogue
Édité par Raphaël Bouvier pour la Fondation Beyeler, un catalogue richement illustré de 152 pages paraît en allemand et en français aux Éditions Hatje Cantz à Berlin, dans une réalisation graphique d’Uwe Koch et Silke Fahnert. Il contient un texte d’introduction et un grand entretien avec Evangéline Hersaint.
L’exposition « La Clef des songes. Chefs-d’oeuvre surréalistes de la Collection Hersaint » a vu le jour grâce au généreux soutien d’Evangéline et Laetitia Hersaint-Lair.
Informations pratiques
Fondation Beyeler, Beyeler Museum AG, Baselstrasse 77, CH-4125 Riehen/Bâle, Suisse
Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler : tous les jours 10h00–18h00, le mercredi jusqu’à 20h00
Accès (conseillé) Depuis la gare SBB prendre le tram n° 2 jusqu’à Messeplatz puis le tram n° 6 arrêt Fondation Beyeler
L’histoire de la décoration de vitrines et celle de l’art visuel sont étroitement liées. Outre Jean Tinguely, de nombreux.ses artistes ont donné une impulsion à la conception de vitrines. Par ailleurs, la vitrine constitue un motif récurrent d’oeuvres d’art et sert de scène à des performances et des actions. De même, les changements politiques et sociaux se lisent dans les vitrines qui marquent l’image de la ville occidentale depuis la fin du 19e siècle et constituent un miroir de l’évolution des rapports sociaux et de l’utilisation fluctuante de l’espace public. Première exposition muséale consacrée aux croisements entre l’art et la conception de vitrines, Fresh Window. Art & vitrines s’étend de l’ascension du grand magasin au tournant du siècle jusqu’aux boutiques de luxe haut de gamme d’aujourd’hui. Du 4 décembre 2024 au 11 mai 2025, le Musée Tinguely présente le caractère pluridimensionnel de cette thématique à travers des contributions de quelque 40 artistes des 20 e et 21e siècles, et permet de découvrir des artistes tels que Jean Tinguely, Sari Dienes, Robert Rauschenberg, Jasper Johns ainsi qu’Andy Warhol sous un angle peu connu. Du 14 janvier au 2 mars 2025, des étudiant.es de l’Institut Kunst Gender Natur, Hochschule für Gestal-tung und Kunst Basel FHNW étendront le projet hors les murs du musée jusqu’à l’espace urbain avec des interventions artistiques dans des vitrines bâloises
La vitrine, lieu d’expérimentation artistique
La confrontation complexe et ludique avec ce thème s’exprime dès le titre Fresh Window qui renvoie au travail Fresh Widow (1920) de Marcel Duchamp. Cette oeuvre est représentative d’un chapitre important de l’exposition qui aborde la fonction de la vitrine comme une membrane qui relie, unit et sépare, qui attire ou rejette le voyeurisme et le désir s’y rattachant. Espace architectural fonctionnel, la vitrine crée également une passerelle avec les formes de présentation muséales – du cadre d’un tableau à la scène destinée aux performances et à l’art-action. Les artistes abordent également la vitrine comme un miroir social. Celle-ci permet de questionner les rapports sociaux et les relations de genre, la gentrification et la culture consumériste occidentale ainsi que la critique du capitalisme. Les artistes s’y intéressent également en tant que scène où se jouent des transformations politiques, sociales et urbaines. La vitrine est un lieu d’interaction, d’échanges et de rencontre. La conception de vitrines a non seulement permis à de nombreux.ses artistes de gagner leur vie, mais elle a aussi constitué un champ d’expérimentation pour inventer de nouveaux liens entre l’art et le public. Le thème de la vitrine revêt par ailleurs une importance particulière dans nos sociétés actuelles, les centres-villes étant de plus en plus confrontés à l’abandon de leurs commerces en raison de la numérisation croissante et de l’essor du commerce en ligne.
La vitrine : la rencontre de l’art et du commerce
Lorsqu’à la fin du 19e siècle la vitrine devient un élément central de la culture consumériste moderne, des artistes s’intéressent bientôt à ce nouveau phénomène. Après avoir réduit à l’absurde la fonction et la sémantique de la fenêtre avec son oeuvre Fresh Widow en 1920, Marcel Duchamp décore pour la première fois une vitrine à New York en 1945, à l’occasion de la publication d’un livre d’André Breton. À cette époque, Jean Tinguely termine son apprentissage à la la Kunstgewerbeschule et travaille déjà comme décorateur professionnel à Bâle. Sa signature artistique ultérieure transparaît déjà dans ses décorations souvent réalisées à l’aide de fil de fer.
Dans le New York des années 1950, Gene Moore, directeur artistique du grand magasin Bonwit Teller et de la bijouterie Tiffany & Co., joue un rôle important en apportant son soutien à de jeunes artistes talentueux encore inconnu.es. Il sélectionne par exemple des oeuvres de Sari Dienes ou Susan Weil pour ses vitrines et charge Robert Rauschenberg, Jasper Johns et Andy Warhol de créer des décorations recherchées avant qu’ils ne s’établissent dans le monde de l’art. Dans l’exposition, des photographies témoignent de certaines de ces vitrines qui, pour quelques-unes, sont reconstituées à l’identique et peuvent être redécouvertes pour la première fois depuis près de 70 ans.
À l’inverse, la vitrine est reprise comme motif par des artistes dans de nombreuses peintures, installations, sculptures, oeuvres vidéo et séries photographiques. Dans les années 1960 et 1970, Richard Estes, Peter Blake et Ion Grigorescu ont exploré le monde coloré et luxuriant du capitalisme. La fonction séduisante des vitrines apparaît clairement dans la performance Lèche Vitrines (2020) de Martina Morger qui propose une traduction littérale du terme français.
Avec les devantures couvertes de ses Store Fronts (1964-1968), Christo joue avec les aspects du voyeurisme et les propriétés sculpturales de la vitrine. La maîtrise scénographique de l’artisanat décoratif traditionnel est reprise dans les Street Vitrines (2020) de l’Atelier E.B alias Beca Lipscombe et Lucy McKenzie ou dans le travail vidéo Did you know you have a broken glass in the window? (2020) d’Anna Franceschini.
Installationsansicht: Installation shot by John Schiff. Title: Marcel Duchamp, Exhibition design for First Papers of Surrealism, 1942.
On y joue au Musée Tinguely jusqu'au 9 mars 2025 Commissariat d’exposition : Mario Schulze et Sarine Waltenspül, co-commissariat Andres Pardey
L’exposition, décrite comme une « Une exposition de recherche » entre ficelles ou cordes !
Tendues entre huit doigts et deux pouces, parfois entre les orteils et les dents, les ficelles dessinent des figures. Les jeux de ficelle sont capables de multiples choses : ils racontent des histoires, sont un passe-temps, rendent visible l’ineffable et relient les gens. Technique culturelle parmi les plus anciennes de l’humanité, ils ont inspiré artistes, performeur.euses, ethnologues et théoricien.ne.s. En tant que pratique esthétique, artefact muséal et concept non-occidental, les jeux de ficelle constituent un objet de réflexion pour la science et l’art.
Maureen Lander, String Games
Maya Deren, pionnière du cinéma expérimental, a ainsi filmé Marcel Duchamp, après son émigration aux États-Unis, en train d’exécuter un jeu de ficelle, juste après que celui-ci a épuisé des kilomètres de ficelle pour concevoir son exposition surréaliste. Pour sa part, Maureen Lander a décolonisé la Boîte-en-valise de Duchamp en remplissant son célèbre petit musée-valise de photographies de jeux de ficelle māori. Dans un de ses Screen Tests, Andy Warhol a filmé Harry Smith, à la frontière entre folklore et art, exécutant un jeu de ficelle. Enfin,David Ket’acik Nicolai, ingénieur originaire de l’Alaska, réalise des figures que lui a enseignées sa grand-mère sur TikTok, sous le nom de Yu’pik Dave.
ont été captivés par les jeux de fils au sens propre du terme. Dans les archives cinématographiques de Göttingen, ils ont découvert sept films consacrés à ces jeux. C’est le début d’un long voyage de recherche du duo, dont les résultats intermédiaires sont désormais présentés au Musée Tinguely en collaboration avec le directeur adjoint du musée,Andres Pardey.
En ethnologie, les figures de ficelle ont longtemps été considérées comme un jeu universel. Pratique corporelle qu’on rencontre à de nombreux endroits du monde, elle a nourri l’imaginaire épistémologique d’une comparaison culturelle qui devait permettre de renseigner sur des routes migratoires ou sur l’humanité universelle. Dès 1888, Franz Boas décrivit les figures de ficelle des Kwakiutl. Par la suite, des ethnologues (féminines souvent) européo-américain.e.s ‘collectèrent’ des figures de ficelle puis les montèrent sur des feuilles de carton, des dessins ou des photographies.
Cependant, de tels supports ne permettent pas de comprendre l’élaboration de ces figures, aussi on élabora des systèmes de notation complexes. Les ethnologues ont également réalisé des films de joueur.euse.s de ficelle afin de rendre justice au caractère processuel, performatif et matériel du jeu de ficelle. Certains de ces films se trouvent dans l’Encyclopaedia Cinematographica, dont l’objectif consistait à collecter le monde sur celluloïd et à le préserver au sens d’une ethnologie de sauvetage pour la postérité.
Siena Miḻkiḻa Stubbs, Miyapunu (turtle), 2019, soft ground etching. Courtesy of the Artist.
Ces dernières années, le jeu de ficelle a gagné en importance dans le domaine de la théorie de la culture. Donna Haraway met en avant ses string figures comme méthode pour une pensée et une collaboration interdisciplinaire et interespèces. Contrairement à la métaphore du réseau, les string figures d’Haraway proposent une façon ludique de penser, axée sur le processus, incarnée et tournée vers la responsabilité mutuelle.
Étude Stringer : Noeud Magique de la Tour Eiffel Teufelshoerner (2024)
Copie carbone au fusain sur lin, avec l’aimable autorisation de l’artiste et de Belmacz, application IA de Londres qui crée une sculpture numérique en fil en réponse à une déclaration orale.
« Stringer est une IA qui ne donne pas de réponses, mais qui vous tend la main et vous invite dans un autre endroit, un endroit que vous ne connaissez pas. Elle entre en dialogue avec vous et vous implique dans la construction du sens. Stringer est une IA qui engage le corps à travers une médiation prudente et lente et représente un antidote à de nombreuses théories actuelles de notre époque, caractérisées par un sentiment d’immédiateté et une peur générale de l’intelligence artificielle. Il ne s’agit pas d’un retour conservateur ou réactionnaire à l’intelligence artificielle. d’anciennes valeurs, mais comme une manière d’aborder différemment le présent. »
L’exposition réunit art, anthropologie et théorie. Elle rassemble des individus de différentes régions du monde et explore des façons de jouer ensemble sur les ruines de notre histoire.
Informations pratiques
Musée Tinguely Paul Sacher-Anlage 1 | Postfach | CH-4002 Basel | T. +41 61 681 93 20 ouvert du mardi au dimanche
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La petite souris qui murmure dans un coin du musée, c’est lui. La présence d’une souris dans une exposition, la tête passée dans un trou au bas d’un mur, surprend. Encore plus lorsqu’elle s’adresse à nous avec une voix enfantine, celle de la fille de l’artiste. Cette petite souris animatronique bégayante tente en vain de s’exprimer, dans un monologue plutôt confus, puis abandonne et avoue ne pas savoir quoi dire. Comme souvent dans l’œuvre de Ryan Gander, Ever After: A Trilogy (I… I… I…) se caractérise par la malice et la surprise, une œuvre dont la légèreté la rend si accessible. Equipée d’une batterie, prisonnière de sa boucle programmatique, cette souris arrête le visiteur dans son élan, le déroute et crée une illusion. Forcée d’enchaîner cycle sur cycle, jusqu’à l’épuisement, elle nous fait réfléchir et sourire sur notre condition.
« Si je savais ce que signifie cette souris, ce ne serait pas une très bonne œuvre d’art » Ryan Gander
Ses petits couinements expriment le besoin de laisser une trace de notre passage sur terre. Ils érigent un monument au langage, la seule chose qui distingue les êtres humains des animaux.
« Sa difficulté à s’exprimer illustre notre besoin de raconter des histoires et d’être entendus, même quand nous n’avons rien à dire, un besoin d’attention excessif dans un monde devenu vorace de contenus. » Ryan Gander
Un autoportrait dans une poubelle
J’ai manqué, ne pas l’apercevoir, ce serait dommage de rater le petit personnage, alter ego de l’artiste en bonnet rouge et marinière, allongée sur le sol, la tête sur une pauvre poubelle, de la Galerie Kamel Mennour
On peut encore se contempler dans le miroir ancien, dans la même galerie, Galerie Kamel Mennour, en marbre sculpté.
Biographie
Ryan GANDER — né en 1976 à Chester (Royaume-Uni). Vit et travaille à Londres (Royaume-Uni).
Ryan Gander est un artiste contemporain britannique. Artiste conceptuel, Ryan Gander cultive des pratiques très diversifiées : sculpture, installation, dispositif interactif, performance, vidéo, design, écriture… Maniant le trait d’esprit et l’humour (witty, pour le dire en anglais), son travail joue sur les détournements. Bauhaus Revisited (2003), par exemple, reprend le jeu d’échec conçu en 1924 par Josef Hartwig. De géométrie abstraite, les pièces de Josef Hartwig sont déjà difficiles à discerner les unes des autres. Compliquant la donne, Ryan Gander utilise une essence de bois strié (marron clair, marron foncé) pour réaliser toutes les pièces de son Bauhaus Revisited. Le bois de zebrano rend ainsi les camps opposés encore plus difficilement discernables, quoique chaque pièce soit unique. Actuellement, le travail de Ryan Gander est notamment représenté par laLisson Gallery (Londres, New York, Milan) et gb agency (Paris), notamment.
Ryan Gander a étudié les Arts Interactifs à la Manchester Metropolitan University (1996-1999). En 2000 il passe une année à la Jan van Eyck Academie de Maastricht, en tant que chercheur en art. Puis il effectue une résidence à l’Académie Royale des Beaux-Arts d’Amsterdam (2001-2002). En 2003, il reçoit le Prix de Rome de Sculpture. Conceptuel, le travail de Ryan Gander l’est en ce qu’il joue sur les narrations, à la manière d’un Marcel Duchamp. En 2009, son installation Matthew Young falls from the 1985 into a white room (Maybe this is that way it issupposed to happen), jongle ainsi avec les références. Elle s’appuie sur une nouvelle de J.G. Ballard, évoquant l’exposition « Sculpture de l’âge spatial », censée avoir eu lieu à la Serpentine Gallery de Londres. Quelques bris de verre (en sucre), quelques morceaux de bois rompu… Toute la saveur de l’œuvre réside dans les références imbriquées.
Installations, narrations, sculptures, dispositifs interactifs… Biennale de Venise et Documenta
En 2011, Ryan Gander participe à la Biennale de Venise et, en 2012, à la Documenta de Cassel. Pour cette dernière, il présente la pièce I Need Some Meaning I Can Memorise (The Invisible Pull). À savoir un léger courant d’air parcourant une grande pièce laissée vide. En 2013, le Frac Île-de-France (Le Plateau) présente « Make every show like it’s your last ». Soit la première exposition personnelle de Ryan Gander dans une institution parisienne. Avec la pièce Magnus Opus (2013), par exemple, consistant en une paire d’yeux, incrustée dans le mur et animée à l’aide de capteurs. Renversant ainsi les rôles spéculaires, entre les regardeurs et les regardés. Londres, Bâle, Paris, New York, Bologne, Amsterdam, Vienne, Zurich, Miami, Los Angeles, Tokyo, Varsovie, Mexico… Le travail de Ryan Gander fait l’objet d’expositions personnelles dans le monde entier.
Ryan Gander : artiste conceptuel, traits d’humour et références imbriquées
Art Basel
L’horloge
« Les horloges nous disent que notre obsession pour la mesure du temps est en contradiction avec la nature humaine. Je la trouve… assez malsaine.
Avant, les êtres humains vivaient dans un état de stase, pas de croissance. » L’accélération du capitalisme est inévitable et toujours plus difficile à discerner. Avant, nous n’avions pas vraiment besoin de mesurer le temps ou la richesse. Compter n’était pas si important… Les civilisations florissantes vivaient selon le temps, Kairos – une conception du temps basée sur « le bon moment ou l’occasion opportune », sur l’immédiateté – et pas selon le temps, Chronos, dicté par les horloges. Imaginez un monde où l’on mangerait quand on a faim, et non à l’heure des repas. «
Gander est un utilisateur de fauteuil roulant souffrant d’un handicap physique de longue durée, une grave maladie des os fragiles qui l’a hospitalisé pendant de longues périodes lorsqu’il était enfant. En 2006, son installation à l’ancienne bibliothèque de Whitechapel, Is this Guilt in you too?, où il a rempli l’espace d’obstacles, de détritus, d’impasses et d’illusions destinés à dérouter les visiteurs et à symboliser les difficultés inéquitables rencontrées par les personnes handicapées, faisait partie des expositions Adjustments du Arts Council England dont le but était « d’aborder la pensée transitionnelle sur le handicap, l’égalité et l’inclusion ». Son travail pour l’ exposition de la Biennale de Venise de 2011 comprenait une sculpture de la taille d’une figurine qui le représente alors qu’il tombe d’un fauteuil roulant.
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L’événement s'est tenu en français, avec traduction anglaise simultanée. Performance de l’artiste Michelangelo Pistoletto Discussion animée par Carolyn Christov-Bakargiev Direction artistique et curatoriale : Paul Olivennes Commissaire associée : Laura Salas Redondo
Présentée en collaboration avec : Magma Journal Éditorial : Paul Olivennes, Boris Bergmann Scénographie : Matière Noire Avec le soutien de Galleria Continua
Figure centrale de la création contemporaine depuis les années 1960 et de la naissance du mouvement « Arte Povera», Michelangelo Pistoletto est célèbre pour ses tableaux miroirs. Dans l’Auditorium de la Bourse de Commerce, l’artiste propose une performance inédite autour de l’œuvre Metrocubo d’infinito (Mètre cube d’infini), présentée dans l’exposition en Galerie 3 et qui appartient aux Oggetti in meno (Objets en moins), œuvres exposées dans son atelier entre décembre 1965 et janvier 1966.
Après l’exécution de la performance, Pistoletto salue le public, qui l’ovationne.
La performance est suivie d’un échange entre Michelangelo Pistoletto et Carolyn Christov-Bakargiev, commissaire de l’exposition.
Michelangelo Pistoletto (né en 1933 à Bielle) se fait remarquer dès le début des années 1960 par la série des Quadri specchianti (tableaux miroirs). En appliquant des images obtenues par report photographique sur des plaques d’acier inox polies, l’artiste inclut le spectateur et l’environnement dans l’œuvre d’art. À la fin de la décennie, les installations de Michelangelo Pistoletto en matériaux pauvres l’imposent comme une figure majeure de l’Arte Povera. Dans les années 1990, ses actions au sein du tissu urbain et social avec la Fondation Cittadellarte et l’université des Idées de Biella accentuent la dimension politique de son œuvre. En 2003, il reçoit le Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière à la Biennale de Venise.
Carolyn Christov-Bakargiev (née en 1957 aux Etats-Unis) est une historienne de l’art, commissaire d’exposition et directrice de musée. Spécialiste de l’Arte Povera, elle a publié une monographie de référence sur le courant (Londres, Phaidon Press, 1999) et des essais et études sur ses artistes. Carolyn Christov-Bakargiev a été commissaire pour la Capitale culturelle européenne d’Anvers (1993) et pour la Villa Médicis, Rome (1998-2000), conservatrice en chef au MoMA/P.S.1, New York (1999-2001), directrice artistique de la 13e édition de la dOCUMENTA à Kassel, directrice du Castello di Rivoli, Turin de 2016 à 2023. En 2019, elle a reçu le Prix Audrey Irmas pour l’excellence en conservation.
Magma est une plateforme artistique fondée par Paul Olivennes en 2022, réunissant chaque année dans une publication inédite des plasticiens, photographes, écrivains, réalisateurs, sculpteurs, architectes et designers du monde entier. Conçu comme un forum d’expression artistique destiné aux artistes, proposant des œuvres originales et des formats nouveaux chaque année, Magma intervient également auprès des institutions et des artistes dans la réalisation de collaborations, conférences, performances, expositions, et documentaires.
Biographie
Michelangelo Pistoletto (né en 1933 à Biella, au Piémont) est un artiste contemporain, peintre et sculpteur italien. Connu à partir des années 1960, il rejoint le mouvement Arte Povera (à partir de 1967). Michelangelo Pistoletto débute en 1947 en tant qu’apprenti dans l’atelier de son père, restaurateur de tableaux. Il collabore avec lui jusqu’en 1958 tout en fréquentant l’école de graphisme publicitaire dirigée par Armando Testa(it). À partir de ce moment-là naît son activité créative dans l’art de la peinture qui s’exprime aussi par les nombreux autoportraits sur des toiles préparées avec apprêt métallique et par la suite sur des surfaces en acier, lustré miroir.
En 1959 il participe à la Biennale di San Marino et l’année suivante il expose à la Galleria Galantayar de Turin.
Au début des années 1960, Pistoletto commence à réaliser des œuvres peintes figuratives et des autoportraits sur un fond monochrome métallique. Par la suite il combine peinture et photographie en utilisant des techniques de collage sur des arrière-plans réfléchissants. Finalement, il se convertit à l’impression photoréaliste de scènes sur des plaques d’acier polis pour rendre une haute finition en utilisant la sérigraphie, qui fond presque complètement l’observateur1.
La Galerie Ileana Sonnabend le met alors au contact du public international.
En 1965/1966, Pistoletto produit la série des œuvres Oggetti meno (« les objets en moins »), qui appartient à ses premières œuvres sculpturales.
En 1967, son travail remporte le premier prix de la Biennale de São Paulo et la même année il commence à mettre l’accent sur la performance, l’art vidéo, et le théâtre. Il fonde un groupe d’art action appelé « Groupe de Zoo » qui donne plusieurs spectacles entre 1968 et 1970 dans le studio, les bâtiments publics ou dans les rues de Turin ou d’autres grandes villes, l’objectif étant d’afficher l’unité de l’art et de la vie quotidienne2.
Il est exposé par la Simon Lee Gallery de Londres et le Luhring Augustine Gallery de New York. Il est également représenté par la Galerieofmarseille, Marseille, France. En 2005, il expose aux côtés d’Agnès Varda et d’Éric Sandillon.
En 2009, Salvatore Garau et Michelangelo Pistolettoont exposé ensemble à l’exposition Di tanto mare. Salvatore Garau – Michelangelo Pistoletto
Arte Povera
Michelangelo Pistoletto commence à peindre sur les miroirs en 1962, reliant la peinture avec les réalités sans cesse changeantes sources de son inspiration. À la fin des années 1960 il commence à réaliser des moulages à partir de chiffons en innovant dans l’« art statuaire classique » omniprésent en Italie. L’art d’utiliser les « matériaux pauvres » est l’un des aspects de la définition de l’Arte Povera (« Art pauvre »)…
En 1967 avec Muretto di stracci (« petit mur en chiffons »), Pistoletto réalise une tapisserie exotique, un opulent mélange de briques et de chutes de tissu. Pistoletto, qui a commencé sous l’influence américaine du « post-Pop art » et du photoréalisme est bientôt répertorié dans les catalogues par les galeristes et critiques comme un important représentant de la tendance nouvelle de l’Arte Povera italienne.
Sur toile de fond des émeutes estudiantines de 1968, Pistoletto retire sa participation à la Biennale de Venise. Dans les années suivantes, il compose avec les idées conceptuelles qu’il présente dans le livre L’uomo nero « L’homme noir » (1970).
En 1974, il se retire presque complètement de la scène artistique : il devient moniteur de ski et passe le plus clair de son temps dans les montagnes de San Sicario. (allusion lors de sa performance par
À la fin des années 1970, il produit des sculptures, têtes et torses à l’aide de polyuréthane et de marbre qui lui procurent des commandes d’artefacts antiques ; il projette aussi des objets pour les décors théâtraux aux États-Unis (Athens, Atlanta et San Francisco).
Au début des années 1980, il présente des œuvres de théâtre, comme Anno Uno (« An un ») (1981) au Teatro Quirino à Rome.
Depuis 1990, Pistoletto vit et travaille à Turin.
Cittadellarte – Fondazione Pistoletto
En 1994, Michelangelo Pistoletto a proclamé son programme Progetto Arte, dont l’objectif était l’unification économique créatrice et sociale de toutes les parties de l’existence humaine ; dans un sens plus précis, la combinaison systématique de toutes les réalisations et les connaissances de la civilisation des aspects de l’art (fashion, théâtre, design…).
En 1996, il fonde la ville d’art Cittadellarte – Fondazione Pistoletto dans une usine de textile désaffectée près de Biella, comme centre et « laboratoire » soutenant des recherches sur les ressources créatives et produisant des possibilités et des idées innovantes.
La Cittadellarte est divisée en différentes Uffici (bureaux) : travail, éducation, communication, art, nutrition, politique, spiritualité et économie. Bien qu’il soit conçu comme un système fermé, la transparence vers le monde extérieur est un aspect important de la Cittadellarte6.
Art Basel Paris 2024
Je le retrouve dans sa galerie face, dans et devant son miroir
A suivre
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Du 28.9.2024 – 2.2.2025, au Kunstmuseum Basel | Neubau
Commissaire : Eva Reifert
Jeux de pouvoir
L’artiste luso-britannique Paula Rego (1935–2022) compte parmi les peintres figuratives les plus importantes des dernières décennies. Militante, féministe et auteure de tableaux tour à tour exubérants et inquiétants, son influence se fait sentir dans le milieu artistique de son pays natal, le Portugal, et dans son pays d’adoption, la Grande-Bretagne. Lorsqu’elle décède en 2022, elle laisse derrière elle une oeuvre foisonnante qui témoigne de son intérêt pour l’étude des « jeux de pouvoir et hiérarchies » qu’elle a confié être son thème de prédilection.
Self Portrait in Red, vers 1966 Huile, crayon de couleur et papier sur toile, collage, 152 × 152 cm Museu Nacional de Arte Contemporânea, Lisbonne
Ce profond intérêt de l’artiste pour les dynamiques de pouvoir constitue le leitmotiv de l’exposition monographique d’envergure Paula Rego. Jeux de pouvoir au Kunstmuseum Basel. Il s’agit de la première présentation muséale de l’oeuvre de Rego dans l’espace germanophone et de la première grande exposition monographique depuis sa mort. S’appuyant sur quelque 120 peintures et pastels, ainsi que plusieurs poupées, carreaux et documents, cette exposition d’une grande puissance visuelle invite le public à découvrir l’univers inoubliable de Paula Rego et vise à approfondir la compréhension de cette artiste majeure.
Organisée de manière thématique, l’exposition rassemble des oeuvres emblématiques de plusieurs décennies, y compris des travaux de Rego traitant de la dictature de Salazar. D’autres motifs centraux de son oeuvre concernent son engagement contre les lois restreignant l’avortement dans son pays natal et contre la participation britannique à la guerre en Irak. Dans l’ensemble de son oeuvre, Rego remet en question les hiérarchies habituelles et montre des femmes endossant différents rôles. L’exposition présente ses spectaculaires pastels grand format inspirés à la fois de récits littéraires et de films Disney, ainsi que des exemples de ses travaux graphiques d’une brillante virtuosité technique.
Les thèmes essentiels
Autoportraits
Au cours de sa carrière, Paula Rego ne réalisa que quelques autoportraits. La plupart jouent sur la confusion : un portrait de rôle dans une posture résolument masculine, un reflet dans un miroir qui ne montre pas Rego mais son modèle, ou une figure aux yeux blessés dans un tourbillon de formes décomposées. Le fait que l’artiste se montre directement reste l’exception. Du point de vue stylistique, les autoportraits de Rego témoignent de la grande capacité de transformation avec laquelle elle donna toujours de nouvelles orientations à son art au fil du temps.
Constellation familiale
La famille – pour Paula Rego, cela renvoyait d’abord à la séparation de son père et de sa mère, qui vivaient temporairement au Royaume-Uni, tandis qu’elle restait chez ses grands-parents à Lisbonne. Plus tard, ses parents lui permirent d’étudier à Londres à la prestigieuse Slade School of Art. Rego sépara toujours sa création artistique de sa vie d’épouse et de mère de trois enfants. Néanmoins, les membres de sa famille apparaissent régulièrement comme modèles dans ses oeuvres. Dans The Family, Rego donna à la constellation de personnages une dimension psychologique inquiétante. Dans The Dance, en revanche, le changement des relations et de l ’ « être pour soi » se révèle comme un rythme de vie.
Pouvoir d’État
Les thèmes historiques de Paula Rego montrent à quel point l’histoire et la mentalité de son propre pays d’origine peuvent avoir un impact. Elle se pencha par exemple sur un régicide ou sur la dictature d’António de Oliveira Salazar, soutenue par l’Église et l’armée. Dans une immense tapisserie, des expériences traumatisantes passées et présentes du pays se superposent : alors que le Portugal était en guerre dans les années 1960 contre les mouvements d’indépendance de ses dernières colonies sur le continent africain, Rego rappela la défaite écrasante contre les troupes marocaines qui mit fin à l’expansionnisme portugais en 1578.
Le régicide
Lutte des sexes
La relation entre la femme et l’homme dans l’oeuvre de Paula Rego montre également que son univers artistique n’est pas un monde idéal. La dynamique entre les sexes, jusque dans l’érotisme, est marquée par le pouvoir et la violence. Les figures animales représentent des adversaires ou des forces pulsionnelles et des besoins physiques. En abordant le thème de l’infidélité ou des soins apportés à son mari malade, Rego reprit certes ses propres expériences. La recherche de la domination, la vulnérabilité et l’affirmation de soi apparaissent cependant dans son art comme le sort de la condition humaine.
Héroïnes
La confrontation de Paula Rego avec les contes de fées dans les années 1970 marqua un tournant dans son art. Des poupées en tissu comme celle de la Princesse au petit pois et les images du conte portugais de la discrète héroïne Brancaflor marquent le début de sa quête perpétuelle d’histoires captivantes. Rego était fascinée par la constatation du psychanalyste suisse Carl Gustav Jung selon laquelle les grands récits du monde entier concrétisent des modèles psychiques fondamentaux similaires sous la forme de héros, de magiciens ou de sages.
Jeux de rôle
Les histoires accrocheuses et imagées que nous rencontrons dans notre enfance créent et renforcent dans notre tête des représentations idéales et des stéréotypes de genre. C’est justement ce qui se présente de manière ludique, comme les contes de fées ou les films Disney, qui déploie une influence d’autant plus grande. Paula Rego démasque les clichés avec humour et ironie, mais sa profonde affection pour ces histoires reste perceptible. Elle montre une Blanche-Neige assise seule sur des peaux de bêtes au lieu de partir sur un cheval blanc avec le prince charmant ; sa Fée bleue ne gronde pas Pinocchio gentiment, mais s’approche de l’enfant de manière menaçante ; et les ballerines, parodiées par Disney en autruches ridicules, sont transformées par Rego en femmes pragmatiques d’âge moyen.
Blanche neige
Inconscient
Paula Rego explora largement sa propre vie intérieure dans le cadre d’une psychanalyse. Elle s’ouvrit à des domaines de l’irrationnel et du refoulé qui, pour beaucoup, ne sont accessibles que dans les rêves. Dans ses oeuvres, elle exprima les processus psychiques nébuleux qui déterminent des histoires comme Métamorphose de Franz Kafka ou Jane Eyre de Charlotte Brontë. Ce qui l’intéressait dans Peter Pan, c’est le refus de grandir, tandis que son triptyque The Pillowman traite les abîmes psychologiques et les excès d’une scène d’interrogatoire littéraire grotesque.
Ron Mueck, Pinocchio, 1996
Rébellion
À certains moments, Paula Rego utilisa son art comme un outil de résistance politique. Elle dénonça la pratique encore très répandue des mutilations génitales féminines et créa des séries de pastels et de gravures percutantes dans lesquelles elle mit en évidence les conséquences dangereuses des avortements illégaux pour les femmes. Ces oeuvres furent créées après le rejet par référendum d’un projet de loi plus libéral sur l’interruption volontaires de grossesse au Portugal à la fin des années 1990. Elles contribuèrent à changer l’opinion publique jusqu’au prochain référendum. Quand, en 2003, la participation britannique à la guerre en Irak donna lieu à Londres aux plus grandes manifestations anti-guerre depuis des décennies, Rego protesta aussi – avec une oeuvre d’une grande intensité activiste.
La fascination exercée par les oeuvres de Paula Rego résulte de sa puissance imaginative empreinte de noirceur et d’inquiétante étrangeté.
Informations pratiques
BÂTIMENT PRINCIPAL ET BÂTIMENT NOUVEAU
Fermé le lundi
Mar 10h00 – 18h00
Mercredi de 10h à 20h
Jeu-dim 10h-18h
Accès
Depuis la gare SBB tram n° 2 arrêt Kunstmuseum
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