Carl Cheng : Nature Never Loses

Au Musée Tinguely jusqu’au 10 mai 2026 
L’exposition est organisée par The Contemporary Austin en partenariat avec l’Institute of Contemporary Art, University of Pennsylvania, Philadelphie ; Bonnefanten, Maastricht ; le Musée Tinguely, Bâle et l’Institute of Contemporary Art, Los Angeles. 
Commissaires : Carl Cheng: Nature Never Loses est conçue par Alex Klein, curatrice en chef et directrice des affaires curatoriales, The Contemporary Austin, assistée de Rachel Eboh, curatrice auxiliaire, The Contemporary Austin, et Andres Pardey, vice-directeur et conservateur, Musée Tinguely.

L’exposition Nature Never Loses met en lumière six décennies de l’œuvre visionnaire et inclassable de Carl Cheng. Né à San Francisco en 1942, l’artiste vit et travaille à Santa Monica. Il a étudié les arts plastiques et le design industriel, puis commencé sa carrière artistique au cours des années 1960, sur fond de troubles politiques et de scène artistique interdisciplinaire, auxquels s’ajoutent alors le développement fulgurant de l’industrie aérospatiale amorcée après-guerre et un paysage en pleine mutation. Cette présentation offre la vision la plus complète à ce jour de l’œuvre intégrale de Cheng, dévoilée pour la première fois à Bâle après avoir été présentée aux États-Unis et aux PaysBas. Du 3 décembre 2025 au 10 mai 2026, le Musée Tinguely expose, outre ses premières sculptures photographiques, les Art Tools, qu’il a créés et avec lesquels il élabore des œuvres éphémères, et ses machines nature, qui anticipent un monde artificiel, façonné par l’humain.

Une documentation exhaustive est consacrée aux interventions spectaculaires dans l’espace public, telles que le Santa Monica Art Tool (1983-1988), à savoir un rouleau tiré sur le sable par un tracteur et créant l’empreinte tridimensionnelle d’une ville miniature, que Cheng a appelée Walk on LA.

John Doe Co

Entre 1966 et 1970, Cheng fonde son atelier sous le nom de John Doe Co. Cette démarche, initialement motivée par des raisons pratiques, entend railler la marchandisation de l’art et l’image de marque de l’artiste, tout en critiquant la culture d’entreprise et la discrimination dont il a été victime en tant qu’Américain d’origine asiatique pendant la guerre du Vietnam.
Fortement influencé par Marcel Duchamp et son alter ego Rrose Sélavy, Cheng est séduit par l’anonymat et le potentiel imaginatif que celui-ci permet, sous le nom de John Doe Co.,
Ainsi nommé John Doe Co., il crée des « produits » sculpturaux qui reflètent sa conception de la technologie comme outil artistique mais aussi son scepticisme face aux notions néolibérales de progrès qui ont façonné le marché de l’art et l’industrie technologique.


La générosité, l’irrévérence et les facéties qui imprègnent l’œuvre de Cheng vont de pair avec son attrait pour les procédés et matériaux organiques ainsi que son engagement à créer dans l’espace public. Cheng n’a cessé de sonder ce qui a trait à l’action naturelle et à l’impact de l’extraction par les humains sur l’environnement. Ses fréquentes déclarations, à la fois humoristiques, inquiétantes et pleines d’espoir, se résument ainsi :

« la nature ne  perd jamais », « la nature gagne toujours »,
« la nature est tout ». 

La photographie comme outil

Pour Carl Cheng, la photographie est à la fois un dispositif de cadrage et un outil artistique lui servant à extraire des images de leur contexte. Cette approche lui vient de ses études à la Folkwang Hochschule d’Essen, en Allemagne (1964-1965), et à l’UCLA (licence 1959-1963 et master 1965-1967), où il a suivi une formation interdisciplinaire, influencée par le Bauhaus et mêlant art et industrie. À l’UCLA, Cheng a étudié auprès de Robert Heinecken, fondateur
du programme de photographie dont l’approche était ouverte et expérimentale.

Ce mode de pensée, conjugué au savoir de Cheng en dessin industriel – il a aussi brièvement travaillé comme maquettiste dans le bureau des designers Charles et Ray Eames –, lui inspire alors ses premières séries, telles les photographies en plastique moulé, et continue d’alimenter son intérêt croissant pour les médias à base d’objectif.

« Mon travail prend en compte l’érosion, l’obsolescence, l’usure, la dégradation.
C’est une partie du processus global, rien n’est permanent… ».
Carl Cheng

Processus naturels et machines nature

Dans les années 1960, les préoccupations artistiques de Cheng semblent anticiper la prise de conscience croissante des questions environnementales et ce qui sera plus tard, dans les années 2000, la notion d’anthropocène (utilisée pour décrire l’ère géologique actuelle façonnée par l’activité humaine et son impact sur l’atmosphère et le paysage). Cheng a commencé très tôt à envisager les objets fabriqués par les humains et devenus inutiles (exemple, un grille-pain cassé) comme des « roches humaines », observant que, dans la mesure où ils sont composés de minéraux et de produits chimiques, ils font également partie de la nature.

Parallèlement à des expériences, qui exposent des
formes sculpturales produites en atelier à des conditions d’usure ou d’érosion, il a également créé des œuvres à partir de matériaux organiques – peaux de lézard ou cactus –, et a suivi parfois sur des dizaines d’années des processus de croissance et de décomposition comme autant de méthodologies artistiques. Cheng a poursuivi ces méthodes dans des sculptures qu’il a baptisées machines nature, à savoir de nouveaux produits qu’il a conçus pour reproduire des phénomènes naturels et renverser les notions communes de statut
d’auteur et de geste artistique.

Voyages et spécimens

Les voyages que Cheng entreprend au début des années 1970 avec sa compagne, la graphiste Felice Mataré, influencent profondément sa vision artistique. Vivre et voyager au Japon, en Indonésie, en Inde et autres pays asiatiques transforment son regard sur l’objet, sur les modes de création occidentaux, sur le statut d’auteur et le public. Engagé dans un processus de désapprentissage, Cheng commence alors à remettre en question les hiérarchies entre art, artisanat et commerce, de même que l’insularité des musées. Cette profonde remise en question finit par nourrir son intérêt pour l’art public. Son mode de vie itinérant l’amène également à produire des œuvres de plus petite taille qu’il peut rapporter à Los Angeles pour ensuite les intégrer dans des projets plus vastes. Parmi eux figurent des « spécimens » organiques présents dans
des œuvres comme Art Medicine Kit et des petites sculptures insaisissables, dites « outils émotionnels ».

« N’importe quoi peut être transformé en artefact, en relique. Il n’y a pas de gaspillage. Tout trouve sa place. »
Carl Cheng

Outils artistiques (Art Tools)

Les outils artistiques (Art Tools), instruments alternatifs
pour la création artistique, constituent l’une des principales gammes de produits de John Doe Co. Cheng utilise ces « outils », qui sont des dispositifs mécaniques durables, pour créer des compositions éphémères telles que des coulures de cire ou de peinture, ou des dessins au sable. L’invention de ces nouvelles méthodes de création s’est imposée en réponse à la préférence habituelle accordée aux outils comme les ciseaux ou le pinceau par rapport aux alternatives technologiques contemporaines.

Si les premiers outils de Cheng sont simples et de petite taille, ces prototypes rudimentaires deviennent finalement des appareils motorisés sophistiqués et de vastes installations
de la taille d’une salle.


Bien que Cheng ait intégré ensuite de nouvelles technologies à chaque modèle de ces produits, il préfère éviter les systèmes automatisés et informatisés qui pourraient compromettre sa capacité à utiliser et entretenir les machines lui-même. Ces outils artistiques témoignent ainsi de son approche de la technologie, à la fois comme un ensemble de restrictions et un espace de créativité, mais aussi de sa conviction selon laquelle nous devons développer de nouveaux outils et technologies formels pour des futurs encore inimaginables

Installations et projets artistiques publics

Après ses voyages en Asie dans les années 1970, Cheng renonce à exposer des objets isolés dans des galeries d’art habituelles, préférant créer des installations cinétiques à grande échelle et concourir pour des commandes d’art public dans le cadre du « 1 % artistique ».
Ces programmes, adoptés par de nombreuses villes américaines dans les années 1960, allouent à des projets artistiques publics 1 % du budget de chaque projet de développement.


De nouveaux besoins voient le jour qui confèrent aussi à l’art une signification nouvelle dans l’espace public à travers le pays. En 1979, peu après la création du Natural Museum of Modern Art qu’il a lui-même lancé, Cheng reçoit sa première commande officielle d’art public pour Seattle Underwater.
La formation de Cheng en design industriel lui permet alors d’acquérir les compétences nécessaires à l’élaboration de propositions convaincantes et concrètes, et son approche expérimentale de la création artistique renforce sa capacité à aborder toute une variété de matériaux et de facteurs environnementaux. Cheng considère ses projets artistiques publics comme l’opportunité de travailler à plus grande échelle et de toucher un public plus
large. Il les perçoit également comme une exploration approfondie de ce qu’il appelle l’« érosion humaine ».


Pour Cheng, la dégradation de plusieurs de ses projets publics, due
au vandalisme ou au manque d’entretien, ainsi que le caractère éphémère des œuvres réalisées à partir de matériaux organiques ou naturels, sont autant de métaphores de la précarité d’un climat et d’un paysage irrémédiablement modifiés par l’humain et ce qu’il a bâti.

Informations pratiques

Musée Tinguely
 Paul Sacher-Anlage 1 | 4002 Bâle
Heures d’ouverture :
mardi– dimanche 11h-18h, jeudi 11h-21h
Site Internet :
ww.tinguely.ch
Depuis la gare SBB
tram n°2 jusqu’à Wettsteinplatz, puis bus 31 ou 38 arrêt Musée Tinguely
Réseaux sociaux : @museumtinguely | #museumtinguely | #natureneverloses |
#carlcheng | @carlfchengjohndoecompany | www.johndoecompany.com

Sommaire du mois d’octobre 2025

29 octobre 2025 : RÉUNIS : SÉPARÉS Pierre Coulibeuf et Jérôme Game
27 octobre 2025 : Art Basel Paris  2025
25 octobre 2025 : Vassily Kandinsky, la musique des couleurs
19 octobre 2025 : Gerhard Richter à la Fondation Vuitton
18 octobre 2025  : Un dimanche sans fin-Maurizio Cattelan et la collection du Centre Pompidou
12 octobre 2025   : « Une petite histoire de l’art du point » Yayoi Kusama à la Fondation Beyeler
02 octobre 2025 : Marie Paule Bilger
02 octobre 2025 : Un livre d’artiste pour le bestiaire de Marie-Paule Bilger
01 octobre 2025 : DE REMBRANDT À VAN GOGH COLLECTION ARMAND HAMMER Hammer Museum, Los Angeles

« Une petite histoire de l’art du point » Yayoi Kusama à la Fondation Beyeler

Infinity Nets et Accumulation Sculptures, Narcissus Garden (1966/2025)

Yayoi Kusama
à la Fondation Beyeler jusqu'au 25 janvier 2026Une exposition de la Fondation Beyeler, Riehen/Bâle, du Museum Ludwig, Cologne et du Stedelijk Museum, Amsterdam
Commissariat : Mouna Mekouar, Curator at Large,
Gestion de projet : Charlotte Sarrazin, Associate Curator

Cet automne, la Fondation Beyeler présente pour la première fois en Suisse une exposition personnelle consacrée à Yayoi Kusama (*1929, vit et travaille à Tokyo), l’une des artistes les plus avant-gardistes des XXe et XXIe siècles. Conçue en étroite collaboration avec l’artiste et son studio, l’exposition réunit
plus de 300 œuvres venues du Japon, de Singapour, des Pays-Bas, d’Allemagne, d’Autriche, de Suède, de France et de Suisse, soulignant la portée et la résonance mondiale de son oeuvre.

L’exposition

Couvrant plus de sept décennies de carrière, l’exposition retrace l’extraordinaire parcours de Yayoi Kusama, depuis ses premières œuvres dans le Japon d’après-guerre jusqu’à la reconnaissance internationale dont elle jouit aujourd’hui.

Autoportrait 1972

L’exposition débute avec ses premières peintures et œuvres sur
papier des années 1950, réalisées dans sa ville natale de Matsumoto et rarement exposées jusqu’ici, avant de mettre en lumière son audacieux séjour à New York à la fin des années 1950, où elle occupe une place centrale dans les avant-gardes des années 1960. De retour au Japon au début des années 1970, Kusama
continue de réinventer son langage artistique, alliant une approche profondément intime à une portée politique saisissante. Aujourd’hui, elle demeure probablement l’artiste femme vivante la plus célèbre, conservant toute sa puissance créatrice et sa pertinence, et poursuivant son œuvre avec une intensité intacte.

Leftover Snow in the dream 1982

Tout au long de sa carrière exceptionnelle, qui s’étend sur plus de 70 ans, Kusama a toujours échappé à toute catégorisation. Son œuvre embrasse une remarquable diversité de médiums – peinture, dessin, sculpture, installation, performance, collage, mode,

littérature et cinéma – faisant d’elle l’une des artistes les plus polyvalentes et influentes de notre époque. L’exposition met en lumière les périodes clés d’invention radicale et trace le portrait d’une artiste en perpétuelle métamorphose (perpétuel mouvement), qui continue de transformer notre perception et compréhension de l’art.

La notion d’infini occupe une place centrale dans l’œuvre de Kusama – non seulement comme dispositif formel, mais surtout comme expérience vécue, spirituelle et psychologique. Les motifs caractéristiques de son œuvre – polka dots(pois), nets (trames), miroirs – dépassent la simple signature stylistique de l’artiste :

The Hope of the Polka Dots Buried in Infinity Will
Eternally Cover the Universe, 2019/2024
ils traduisent une méditation profonde sur les cycles de la vie et de la mort, la dissolution du soi et le désir de transcendance. De ses peintures hypnotiques, dites Infinity Nets, réalisées dans les années 1960, jusqu’à ses Infinity Mirror Rooms, produites spécialement pour cette exposition, Kusama conçoit des
univers qui invitent le public à vivre des expériences immersives. Ces environnements brouillent les frontières entre intérieur et extérieur, corps et espace, soi et cosmos, offrant un regard renouvelé sur l’existence.

Ses œuvres ne relèvent pas de la simple contemplation : elles invitent chacun à vivre pleinement une expérience sensible. Dans ses installations miroirs et ses vastes environnements immersifs, le spectateur est entraîné dans des états suspendus, à la croisée de la perception et de l’émotion. Kusama transforme
ainsi ses luttes intimes en expériences partagées, faisant de son art un espace de rencontre où la répétition résonne à la fois comme confrontation et réconfort, vulnérabilité et force, solitude et communion.

Cette exposition événement offre un panorama exceptionnel des œuvres iconiques de Yayoi Kusama, dont plus de 130 pièces jamais présentées en Europe, ainsi que des créations inédites conçues spécialement pour l’occasion. Parmi les temps forts figurent ses premières œuvres fascinantes, telles que les
célèbres Infinity Nets et Accumulation Sculptures, Narcissus Garden (1966/2025), ainsi que des installations plus récentes comme Infinity Mirrored Room – Illusion Inside the Heart (2025). L’exposition dévoile également une toute nouvelle Infinity Mirror Room, accompagnée d’un large environnement
immersif spécialement imaginé pour cette occasion.

Les visiteurs·ses ont l’opportunité de saisir l’étendue exceptionnelle de l’œuvre de Kusama, des dessins intimistes de ses débuts jusqu’aux environnements monumentaux, déployés à travers les salles de la Fondation Beyeler. Investissant dix galeries ainsi que le jardin, ses installations envoûtantes
métamorphosent la perception de l’architecture du musée et du parc qui l’entoure. L’exposition propose une expérience pleinement immersive: les emblématiques Infinity Mirror Rooms (vidéo)

IllusionHeart-2025 (vidéo)

et les sculptures de Kusama s’affranchissent des limites traditionnelles des cimaises, instaurant un continuum artistique où l’espace muséal et le paysage environnant entrent en résonance, dans une symphonie subtile et envoûtante de couleurs, de lumières et de formes.

L’exposition plonge le visiteur dans une expérience immersive, d’une richesse envoûtante, au contact d’une artiste dont le travail continue de défier nos perceptions, de stimuler notre réflexion et d’éveiller nos sens. Elle célèbre l’imagination foisonnante de Kusama et nous invite à explorer l’infini qui résonne en chacun de nous.

Un catalogue d’exposition richement illustré est publié aux éditions Hatje Cantz Verlag, Berlin. Sous la direction de Leontine Coelewij, Stephan Diederich et Mouna Mekouar, et avec une mise en page de Teo Schifferli, cette publication a été conçue en étroite collaboration avec l’artiste et son studio. Elle rassemble
des essais issus de disciplines variées, reflétant la richesse et la diversité thématique de l’œuvre de Kusama – astrophysique, biologie, mode, informatique et sociologie – rédigés par Emanuele Coccia, Katie
Mack, Stefano Mancuso, Ralph McCarthy, SooJin Lee, Agata Soccini et Helen Westgeest. Le catalogue présente également des documents d’archives et des écrits de Kusama, offrant une lecture approfondie et singulière du monde tel que l’artiste le perçoit.

Informations complémentaires

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler :
Lundi, mardi, jeudi, vendredi : 9h–18h
Mercredi : 9h–20h
Samedi et Dimanche : 10h–18h

Calendrier

Sommaire du mois de septembre 2025

30 septembre 2025 : Soulages, une autre lumière Peintures sur papier
28 septembre 2025 : GEORGES DE LA TOUR entre ombre et lumière
25 septembre 2025 : Oliver Ressler. Scenes from the Invention of Democracy
22 septembre 2025 : Fantômes – Sur les traces du surnaturel
18 septembre 2025 : Et la lumière fuse – Elisabeth Bourdon, artiste plasticienne
8  septembre 2025  : SCREAM MACHINES – le Train fantôme au musée Tinguely

Oliver Ressler. Scenes from the Invention of Democracy

We Are the Forest Enclosed by the Wall
Artist & involved persons: Oliver Ressler
Date of origin: 2025
Material / technique: 4K video
Copyright: © ProLitteris, Zurich
Creditline: Courtesy of the artist, àngels barcelona
Avec Scenes from the Invention of Democracy, le Musée Tinguely montre du 24 septembre 2025 au 1er mars 2026 la première exposition dans un musée suisse de l’artiste autrichien Oliver Ressler (né en 1970). 
Roland Wetzel, Direktor Museum Tinguely, Commissaire : Tabea Panizzi | Assistant : Nils Lang

Olivier Ressler évolue depuis de nombreuses années à la croisée de l’art et de l’activisme. Ses œuvres abordent les notions de démocratie, de travail, de
migration et d’écologie, autant de domaines étroitement liés et fortement impactés par les effets de la mondialisation et du capitalisme. Son regard critique porte sur les systèmes politiques, l’influence de l’économie et la manière dont nous traitons notre planète sur fond d’urgence climatique.
À Bâle sont présentés des travaux réalisés entre 2009 et 2025, comme What is Democracy? ou We Are the Forest Enclosed by the Wall.
Ils incitent à un examen critique des rapports de pouvoir existants, tout en mettant en lumière des actions possibles pour les transformer. Une programmation variée aborde les questions soulevées par son travail. Quelques protagonistes des œuvres vidéo seront invité.es au musée et replaceront ces sujets dans le contexte politique et social actuel.
Le Musée Tinguely offre à tous ses publics une plateforme de dialogue sur les défis urgents de notre époque.

Le travail

Le travail d’Oliver Ressler s’intéresse aux questions politiques, sociales et écologiques, il documente, en observateur solidaire, des actes de désobéissance civile et de protestation.
L’artiste est d’avis que nous ne sommes pas obligé.es d’accepter les injustices sociales, et qu’il existe au contraire des moyens de les combattre activement. Il invite à une réflexion sur les structures de pouvoir existantes et les possibilités de changement en politique et dans la société. L’exposition Scenes from the Invention of Democracy comprend quatre œuvres vidéo réalisées entre 2009 et 2025 qui présentent clairement la pratique artistique de Ressler. Face à la crise climatique et à la montée de l’autoritarisme dans le monde, ces œuvres, malgré la distance du temps, frappent toutes par leur gravité particulière et leur caractère hautement actuel.


L’installation vidéo huit canaux What is Democracy? (2009) s’appuie sur des entretiens avec des activistes et analystes politiques de 18 villes du monde entier. La question du titre révèle l’ambiguïté : les personnes interrogées questionnent d’une part la forme dominante de démocratie représentative parlementaire et d’autre part les possibilités de systèmes alternatifs plus démocratiques, de même que leurs structures organisationnelles. Les huit vidéos abordent de manière critique des aspects tels que la représentation, la
participation, les mécanismes d’exclusion, la transparence
et le secret. Même si, lors de la mise en place du projet, toutes les personnes interviewées vivaient dans des États considérés comme démocratiques
et partaient de la même question initiale, l’œuvre ouvre des perspectives diverses. Seize ans plus tard, le propos est plus pertinent que
jamais. À l’heure où l’on parle de plus en plus d’une « crise de la démocratie », l’installation de Ressler offre d’ailleurs une véritable matière à réflexion. 

Tant que tu ne représentes aucun danger,
tu es libre d’exprimer ton opinion.
Boris Kagarlitsky, moscou
(citation de What Is Democracy?, 2009)

Anubumin (2017), créé en collaboration avec l’artiste australienne Zanny Begg, est braqué sur la petite île de Nauru, dans le Pacifique.
Mêlant récit poétique et témoignages de lanceur.ses d’alerte, le film explore les failles dans le passé et l’avenir de Nauru. Dès 1906, le phosphate y a été extrait puis exporté en Australie comme engrais pour les colons, conduisant le pays à la débâcle et Nauru à devenir quasiment inhabitable dans les années 1980. Aujourd’hui encore, l’île abrite un camp de rétention australien offshore, critiqué depuis des années pour ses violations systématiques des droits
humains – ce que le gouvernement australien tente de dissimuler, malgré les révélations des médecins et des infirmières qui rendent compte de leur expérience dans la vidéo.

La vidéo Not Sinking, Swarming (2021) offre un aperçu rare de l’auto-organisation des groupements d’activistes pour le mouvement climatique. En octobre 2019, Ressler a accompagné une rencontre, notamment d’Extinction Rebellion et Fridays for Future, qui préparait une action de désobéissance civile à Madrid. La complexité de la démarche apparaît clairement : outre les discussions sur la communication, la formation, la restauration, la
logistique et la stratégie, des groupes de travail sont également constitués autour de l’assistance juridique, le dialogue avec la police, les revendications et les finances.

Afin d’éviter des poursuites pénales, les participant.es sont représenté.es par des silhouettes pixelisées. Par sa combinaison avec la superposition d’images vidéo de l’action en cours, où des centaines d’activistes bloquent un pont autoroutier à Madrid avec un bateau, l’œuvre prend une forme visuelle unique.

La nouvelle réalisation de Ressler, présentée pour la première fois, aborde elle aussi les manifestations. We Are the Forest Enclosed by the Wall (2025) prend pour point de départ le projet d’agrandissement du Centre technique de Nardò (NTC) par Porsche Engineering, une gigantesque piste d’essai à grande vitesse pour voitures de luxe, dans les Pouilles.

Ce projet menaçait une forêt centenaire située à l’intérieur du cercle, un écosystème d’une importance cruciale pour cette région italienne frappée par la sécheresse. Le film laisse s’exprimer les habitant.es et activités qui se sont regroupé·es sous l’appellation « Gardes du Bosco d’Arneo ». pour résister à l’expansion et à l’expropriation des terres destinées à la renaturation.
Porsche Engineering entendait compenser les conséquences du défrichement de 200 hectares de forêt. Or les perspectives de reforestation sont extrêmement ténues en raison de la salinisation des nappes phréatiques. Cette situation illustre comment des entreprises au fort pouvoir financier, et promettant la croissance économique, influencent les décisions politiques et acceptent en retour des dommages irréversibles pour l’environnement. Tout comme
dans Not Sinking, Swarming, Ressler travaille avec un langage visuel bien particulier : la superposition d’images vidéo de la forêt rend anonymes les personnes qui parlent, ce qui non seulement illustre les liens inextricables entre forêts et populations, mais montre aussi que les manifestant.es dans les systèmes démocratiques sont de plus en plus poursuivi.es en justice
pour leurs actions.

En Italie, les actes de désobéissance civile peuvent entraîner de lourdes peines de prison en raison de la « loi anti-Gandhi » sur la sécurité, entrée en vigueur en 2025.
Mais le film est aussi porteur d’espoir, car la résistance a abouti : le 27 mars 2025, Porsche a annoncé sa décision d’abandonner le projet.

Biographie

Oliver Ressler vit à Vienne et travaille sur des installations, des projets en extérieur et des films en lien avec l’économie, la démocratie, le changement climatique, les formes de désobéissance civile et les alternatives sociales. Ses 44 films ont été projetés lors de milliers d’événements organisés par des mouvements sociaux, des institutions artistiques et des festivals de cinéma. Ressler a exposé plusieurs fois au MNAC– National Museum of Contemporary
Art, Bucarest ; SALT Galata, Istanbul ; Centro Andaluz de Arte Contemporaneo, Séville ; Museo Espacio, Aguascalientes, Mexique et Belvedere 21, Vienne. Il a participé à plus de 480 expositions collectives, entre autres au Museo Reina Sofía, Madrid ; Centre Pompidou, Paris ; Yerba Buena Center for the Arts, San Francisco et à la Biennale de Prague, Séville, Moscou, Taipeh, Lyon, Gyumri, Venise, Athènes, Quebec, Helsinki, Jeju, Kiew, Göteborg, Istanbul, Stavanger et
à la Documenta 14, Kassel, 2017. De 2019 à 2023, Ressler a travaillé pour un projet de recherche sur les mouvements pour la justice climatique, Barricading the Ice Sheets, financé par le Fonds scientifique FWF et qui a donné lieu à six expositions individuelles : Camera Austria, Graz (2021); Museum of Contemporary Art, Zagreb (2021) ; Neuer Berliner Kunstverein (n.b.k.), Berlin (2022); Tallinn Art Hall, Tallinn (2022) ; LABoral Centro de Arte y Creación Industrial, Gijón (2023); The Showroom, Londres (2023)

Informations pratiques

Catalogue en ligne : pendant la durée de l’exposition, un catalogue en ligne sera publié avec des contributions d’Anthony Elms, Tabea Panizzi et Oliver Ressler.
Événements autour de l’exposition
Lecture Performance | What role can art play in political activism?
04.12.2025, 19h30
Alessandra Pomarico, curator and author, and Nikolai Oleynikov, artist, talk about artists’ engagement in the struggle against Porsche’s track expansion in Apulia. They will share insights from Free Home University, their artistic­pedagogical initiative in Salento.
Entrée gratuite, en anglais
Conférence | Démocratie et fascisme
09.12.2025, 10h15 à 12h
Musée Tinguely |
Paul Sacher-Anlage 1 |
4002 Bâle
Heures d’ouverture : mardi– dimanche 11h-18h, jeudi 11h-21h
Site Internet : www.tinguely.ch | www.ressler.at
Réseaux sociaux : @museumtinguely | #museumtinguely | @oliver.ressler | #whatisdemocracy

Accès
depuis la gare SBB tram n°2 jusqu’à Wettstein Platz
puis bus n° 38 et 31 jusqu’à l’arrêt musée Tinguely

 

Fantômes – Sur les traces du surnaturel

Jusqu'au 8 mars 2026, le Kunstmuseum Basel | Neubau, présente Ghosts
Curatrice : Eva Reifert directrice Elena Filipovic

« Les fantômes sont les miroirs de l’époque. Ils reflètent nos inquiétudes, évoluent avec le flot des tendances culturelles et se fondent dans l’ambiance de l’époque. »
Susan Owens

Thomas Schütte

Les fantômes sont omniprésents. Ils abondent dans la culture visuelle, des blockbusters hollywoodiens à l’instar de Ghostbusters (1984) au cinéma indépendant comme All of Us Strangers (2023). Ils hantent les écrans, les scènes de théâtre et les livres : la littérature, le folklore et les mythes sont habités par des esprits qui refusent de nous laisser en paix.
De tout temps, ils ont également hanté l’art. Êtres de l’entre-deux, les fantômes sont des intermédiaires entre les mondes, entre le haut et le bas, la vie et la mort, l’horreur et l’humour, le bien et le mal, le visible et l’invisible. Chaque tentative de les représenter, de les enregistrer ou de communiquer avec eux relève ainsi d’un défi cognitif et provoque des émotions fortes.
Cet automne et cet hiver, le Kunstmuseum Basel consacre une exposition temporaire d’envergure à ces êtres insondables. Avec plus de 160 œuvres et objets conçus ces 250 dernières années, Fantômes. Sur les traces du surnaturel explore la riche culture visuelle qui s’est développée autour des fantômes dans le monde occidental au 19e siècle.

Ryan Gander
– sous l’impulsion de la fusion de la science, du spiritualisme et des médias populaires, qui n’a cessé depuis d’inspirer les artistes.
Aujourd’hui, le 19e siècle est principalement perçu comme l’âge d’or de la rationalité, de la science et de la technologie, mais la croyance aux fantômes et aux apparitions y était également à son apogée. Dans la seconde moitié du siècle, les fantômes devinrent un moyen de se rapprocher de l’exploration de la psyché et d’ouvrir de nouveaux accès à la vie intérieure humaine. Le romantisme ayant éveillé le désir de spectacles et d’émerveillement, la croyance aux fantômes fut accompagnée d’innovations technologiques et de techniques d’illusion, à l’instar de la technique théâtrale du
Pepper’s Ghost.

Photo Paul Benney
L’invention de la photographie vers 1830 favorisa l’essor de la photographie de fantômes avec des représentants majeurs comme William H. Mumler aux États-Unis et plus tard William Hope en Angleterre. Leurs photographies, qui font réapparaître des personnes bien-aimées et qui semblent promettre une vie après la mort, influencent sensiblement la manière dont nous nous représentons les fantômes aujourd’hui encore.

Albert Freiherr von Schrenck-Notzing,

« baron des fantômes » munichois – et sans doute le parapsychologue le plus célèbre –, associa les nouvelles techniques photographiques à une approche quasi scientifique afin d’apporter des preuves des apparitions surnaturelles qui survenaient pendant ses séances de spiritisme (qu’un écrivain, et non des moindres, du nom de Thomas Mann a rapportées).

Par conséquent, la photographie de fantômes constitue un chapitre important de l’exposition. Les captations et les images créées par les médiums spirites pour saisir le  contact direct avec le monde des esprits proposent un autre accès. Compte tenu de la proximité entre fantômes et situation psychique exceptionnelle, l’exposition explore en outre le phénomène des apparitions – avec des fantômes dans ses salles. Elle suit les multiples traces visuelles et histoires d’épouvante dans la culture occidentale du 19e siècle, dont les artistes se sont emparés plus tard. Elle intègre avec curiosité des univers
visuels s’étendant au-delà des beaux-arts qui sont devenus des sources d’inspiration particulières pour l’art du 20e siècle.

L’exposition Fantômes. Sur les traces du surnaturel et la publication au look de
magazine qui l’accompagne ont été élaborées en étroite collaboration avec Andreas Fischer et Susan Owens. Fischer travaille à l’IGPP (Institut für Grenzgebiete der Psychologie und Psychohygiene) de Fribourg, en Allemagne. Il est considéré comme l’un des principaux experts dans le domaine de la photographie de fantômes et des phénomènes de matérialisation. En 2017, l’historienne de l’art britannique Susan Owens a écrit le livre The Ghost: A Cultural History dans lequel elle définit avec justesse les fantômes comme « des ombres de l’humanité ». Le projet expositionnel suit les traces de
cette composante humaine sans tenir compte des anges, des esprits de la nature, des démons, etc. À la place, il se concentre sur le potentiel poétique de ce thème, sa force d’inspiration et la fonction métaphorique des fantômes qui permettent de réagir avec critique face au monde contemporain et font surgir le refoulé.


Le fait que les apparitions dont il est question ici interagissent en permanence avec notre imaginaire collectif, voire avec notre inconscient culturel, fait des esprits et des fantômes des êtres d’une puissance immuable – et de l’exposition une expérience surprenante, stimulante et remarquable.
La scénographie a été conçue par Alicja Jelen et Clemens Müller de please don’t touch (Dortmund). Elle vise à ouvrir les sens à de subtiles transformations et à des expériences extrêmes.

Katharina Fritsch
Informations Pratiques

Kunstmuseum Basel
St. Alban-Graben 8
Case postale, CH-4010 Basel
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SCREAM MACHINES – le Train fantôme au musée Tinguely

Conçu par Rebecca Moss & Augustin Rebetez est prolongé en raison de son succès jusqu’au 21 septembre 2025. 

Plus de 30 000 personnes ont déjà visité le train fantôme artistique Scream Machines dans le parc devant le Musée Tinguely. Point fort des festivités du centenaire tinguely100, cette intervention artistique offre une expérience unique qui a ravi petits et grands passagers. En raison du grand succès rencontré auprès du public, le Musée Tinguely a décidé de prolonger de trois semaines, jusqu’au dimanche 21 septembre 2025, la durée de cette installation hors du commun conçue par Rebecca Moss et Augustin Rebetez. Le public y découvre un « charmant bestiaire » plein d’effets qui jouent sur la surprise surgissant de l’obscurité. Les deux artistes mettent l’accent sur
l’aspect ludique.
« Notre train fantôme doit avant tout divertir – un peu effrayant,
certes, mais toujours avec un grand sourire »,
explique Augustin Rebetez.

Après avoir visité la grande exposition au Grand Palais à Paris, : Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten, c’était comme une nécéssité de monter dans le crocrodome à Basel

Jean Tinguely

Le 22 mai 2025, l’artiste suisse Jean Tinguely (1925-1991) aurait eu cent ans. À cette occasion, le Musée Tinguely a invité l’artiste britannique Rebecca Moss et l’artiste suisse Augustin Rebetez à concevoir un projet artistique hors du commun. En hommage à Tinguely, ils ont créé ensemble le train fantôme Scream Machines. L’œuvre d’art totale est conçue sur la structure d’un train fantôme existant, le Wiener Prater Geisterbahn de 1935.
Le Musée Tinguely a loué cette attraction historique et l’a installée dans son parc sans l’intérieur d’origine. Les artistes ont ensuite commencé, avec l’aide d’une équipe de techniciens du musée, à transformer artistiquement ce train fantôme à deux étages.

Scream Machines.

Il en résulte un parcours immersif qui combine art et divertissement de manière unique — agrémenté de souvenirs nostalgiques des anciens trains fantômes.
Installé dans les petits wagons d’origine, le public est emporté dans un trajet cliquetant à travers un paysage artistique imaginatif, peuplé d’œuvres et de créatures surprenantes, pleines d’humour et de fantaisie.

« Le train fantôme dégage une énergie
enfantine et sauvage. On redevient soi-même un enfant. » Peter, 77 ans

« J’ai eu tellement peur quand les mains m’ont touchée ! C’est à la fois drôle et
effrayant, et la bouteille de ketchup est géniale ! » Emilia, 9 ans

Hommage à Jean Tinguely

Avec Scream Machines, le Musée Tinguely fait écho au Crocrodrome de Zig et Puce. Lors de l’ouverture du Centre Pompidou à Paris en 1977, Jean Tinguely réalisa cette œuvre pour le grand hall d’entrée du musée, en coopération avec Bernhard Luginbühl, Daniel Spoerri et Niki de Saint Phalle. Il s’agit d’une gigantesque sculpture accessible au public intégrant un train fantôme, des rouages, un circuit à billes, des inscriptions lumineuses, un « musée
sentimental », ainsi qu’une patte de crocodile entièrement enduite de chocolat.

Un lancement prestigieux

Le Musée Tinguely a inauguré le train fantôme artistique Scream Machines lors de la grande fête d’anniversaire le 22 mai 2025, en présence de plus de 1000 invité.es, dont le conseiller fédéral Beat Jans, le président du gouvernement de la ville de Bâle Conradin Cramer et le président du conseil d’administration de Roche, Severin Schwan. 
Le train fantôme artistique restera accessible jusqu’au 21 septembre 2025 pendant les heures d’ouverture du musée et peut être visité avec un jeton au prix de quatre francs.
Ensuite, l’association à but non lucratif «Rettung und Erhalt der Original Wiener Prater Geisterbahn Basel» (conservation et préservation du train fantôme original du Prater de Vienne à Bâle) reprendra le train fantôme. L’association a pour objectif de préserver l’attraction à long terme et prévoit de la remettre en service dans son état d’origine lors de
la Foire d’automne de Bâle 2025.

Rebecca Moss vit et travaille à Londres et dans l’Essex. Cette jeune artiste prometteuse crée avec humour et un penchant pour l’absurde des dispositifs installatifs avec lesquels elle se met de préférence elle-même dans des situations précaires. Pour ses gags et ses protocoles expérimentaux, elle se sert de matériaux et d’images du quotidien qu’elle actionne de manière inventive mais aussi souvent banale. Son penchant pour l’improvisation invite le hasard à collaborer. Nous observons avec délectation ces défaites ludiques et nous nous reconnaissons dans ces efforts quotidiens vains – efforts que nous rencontrons également dans les sculptures-machines de Tinguely produisant de la poésie inutile.

Augustin Rebetez vit et travaille à Mervelier. Il compte parmi les artistes suisses les plus importants et indépendants de sa génération. Depuis l’été 2024, il est possible de visiter sa Maison Totale à Bôle. Il s’agit d’une œuvre d’art totale où un parcours convie le public à se promener parmi ses univers visuels fantasmagoriques, créatures, totems, vidéos punk, musique, danse, théâtre et installations interactives. En 2016, il fut invité au Musée Tinguely dans l’exposition Prière de toucher avec une installation de grandes dimensions dans laquelle les visiteur.euses pouvaient entrer et participer.

Informations pratiques :

 Musée Tinguely |
Paul Sacher-Anlage 1 | 4002 Bâle
Durée : 22 mai – prolongation jusqu’au 21 septembre 2025
Heures d’ouverture : mardi– dimanche 11h-18h, jeudi 11h-21h
Site Internet : www.tinguely.ch | www.wiener-prater-geisterbahn.ch
Réseaux sociaux : @museumtinguely | #museumtinguely | #tinguely100 | #ghosttrain
#augustinrebetez | @_rebecca.moss | @augustin.rebetez

Photos elisabeth itti sauf la 5

Art Basel 2025 Galeries

« Pour une ville relativement petite, Bâle a un rayonnement international immense. Un rayonnement qu’elle doit notamment à ses musées et au salon Art Basel. »

Sam Keller · Directeur de la fondation Beyeler et ancien directeur d’Art Basel

Maike Cruse
photo Debora Mittelstaedt

Maike Cruse, directrice a déclaré :
« L’édition de cette année d’Art Basel a démontré la force, la résilience et la portée internationale du marché mondial de l’art. Nous avons été ravis d’accueillir des collectionneurs, des commissaires d’exposition et des amateurs d’art du monde entier, et de constater des présentations aussi convaincantes dans tous les secteurs de la foire. L’énergie qui régnait dans les halls et dans toute la ville a rappelé avec force le rôle de Bâle comme lieu de rencontre culturelle et catalyseur d’échanges artistiques. »

Art Basel est notre foire phare, celle où les galeries sortent le grand jeu. Parmi les œuvres remarquables exposées, citons une grande toile tardive de Pablo PicassoHomme à la pipe assis et amour (1969) chez Pace, qui présente également une peinture abstraite de 1969 de Joan MitchellSans titre – une artiste enfin reconnue comme la pionnière de l’expressionnisme abstrait qu’elle était. De même, la galerie Yares expose sa consœur Helen Frankenthaler avec Swan Lake 1 (1969). La galerie Di Donna présente Sueño de Sirenas (Rêve de sirène) (1963) de Leonora Carrington,

un surprenant triptyque enchâssé dans un cadre de bois sculpté. Enfin, Lehmann Maupin expose une œuvre rare d’Heidi Bucher : une empreinte latex fragile et monumentale d’une pièce. Ces œuvres ne sortent pratiquement jamais des musées. Bien sûr, ce n’est qu’un petit échantillon : j’ai été très impressionnée par les listes d’œuvres que les galeries partagent avec moi.

Nous cherchons toujours à renouveler la foire : 20 galeries nous rejoignent à Bâle pour la toute première fois. Parmi les plus jeunes, citons Emalin

 et Arcadia Missa,toutes deux londoniennes, François Ghebaly de Los Angeles et New York,

et Hunt Kastner de Prague. L’Asie sera également très présente : Beijing Commune expose des artistes chinois·es de quatre générations différentes, des pionnier·es Zhang Xiaogang et Wang Luyan aux figures contemporaines comme Ma Qiusha et Chang Yuchen, avec des œuvres qui explorent l’identité, la mémoire, la mondialisation et la matérialité. The Third Gallery Aya d’Osaka met en lumière trois femmes, pionnières de la photographie japonaise – Amazawa Eiko, Okanoue Toshiko et Ishiuchi Miyako – présentant des tirages vintages rares, des collages et des œuvres iconiques qui célèbrent leurs contributions révolutionnaires au médium.

La foire bâloise maintient son format, avec près de 300 galeries en provenance d’Europe, des États-Unis, d’Amérique latine et d’Asie, et ses spécificités, notamment son secteur « Unlimited » réservé aux pièces monumentales.

L’artiste allemande de renom Katharina Grosse, l’un des temps forts de la foire,
a peint l’architecture et les surfaces de la Messeplatz, la transformant en un environnement vibrant et immersif.  CHOIR (2025) est la plus grande œuvre de Katharina Grosse à ce jour dans un centre urbain, couvrant plus de 5 000 mètres carrés. Grosse utilise le magenta, couleur la plus visible à l’œil nu en extérieur. Organisée par Natalia Grabowska, cette saisissante peinture in situ redéfinit l’expérience de l’espace public par une expression chromatique audacieuse.

Comité de sélection

Les Comités de sélection d’Art Basel sont composés de galeristes éminent∙e∙s présent∙e∙s aux foires Art Basel depuis plusieurs années. Le Comité de sélection s’appuie sur des critères constants d’une année à l’autre lors de sa décision finale.

Bilan 2025

Pour célébrer ses 55 ans, Art Basel s’achève sur une note positive avec des ventes solides dans tous les segments, consolidant ainsi sa position d’événement phare du marché mondial de l’art. Très attendue, l’édition 2025 d’Art Basel a réuni 289 galeries internationales de premier plan, venues de 42 pays et territoires.
Art Basel a une fois de plus servi de plateforme de découverte et de connexion, et a joué un rôle moteur dans le monde de l’art international. La foire a attiré 88 000 visiteurs lors des journées d’avant-première et d’ouverture au public, qui se sont plongées dans le monde fascinant de l’art moderne et contemporain.

Mentions particulières

La Galerie Stampa de Basel, se consacre à l’art contemporain suisse et international. En plus des expositions, le programme de la galerie comporte des performances, des séminaires, des présentations de livres et donne des conseils sur de nombreuses collections d’art. En outre, une librairie d’art se trouve sous le même toit. En 2006, la galerie s’est vue décernée le prix culturel de la ville de Bâle. 
On peut y admirer l’oeuvre de l’artiste mulhousienne, par adoption (strasbourgeoise) Véronique Arnold, jeune femme, tout en douceur, tout en poésie, autodidacte, se défend de faire des arts plastiques, pour elle c’est de la littérature. 
Elle voisine avec une oeuvre de Marlène Dumas.

Pétales en offrande

Luc Maechel, auteur du blog : Racines Nomades, lui a consacré un entretien, relatif à la motivation et à la beauté de son travail artistique.
Voici le site de Véronique Arnold

Les exposants sont des galeries influentes et innovantes du monde entier.

Quelques sélections au hasard de ma déambulation. Art Basel est tout de même le plus grand musée d’art contemporain du monde, où toutes les langues du monde s’entendent comme on l’imaginerait dans la Tour de Babel.

Conclusion

Parcours des deux niveaux du secteur Galeries pour retrouver ses incontournables et fidèles représentants : Hauser et Wirth, Zwirner, Ropac, Gagosian, Perrotin, Carsten Greve, Goodman, Temple, Lelong, Mennour… au rez-de-chaussée ou de naviguer dans les allées de l’étage supérieure à la découverte des accrochages de Chantal Crousel, Eva Presenhuber, Continua, Nathalie Obadia ou l’une des représentantes historiques des début, sans oublier, citée plus haut,- la galerie bâloise Stampa toujours présente avec cette année encore des oeuvres de Marlène Dumas, Guido Nussbaum ou l’artiste mulhousienne Véronique Arnold. (voir plus haut)

Rendez-vous est donné pour Art Basel Paris, au Grand Palais, du 24 au 26 octobre 2025.

L'édition 2026 du salon se tiendra du 18 au 21 juin, avec des journées d'avant-première les 16 et 17 mars.

Comment qualifier Art Basel 2025 ?

photo Robert Cahen

Prologue

Nous sommes comme des enfants gâtés à chercher l’inédit, à guetter le buz,

Un excellent cru pour moi.

Pourquoi ?

Parce que l’ambiance internationale est tendue. J’ai le sentiment (NON) prémonitoire, que ce sera ma dernière participation. Une immense joie, une sensation de liberté, d’envie de plaisirs, d’union, de désirs nous saisissent, pourvu que cela persiste.

Les musées balois, mulhousiens, se sont mis au diapason de la fête et proposent tous un programme alléchant, durant toute cette période, voire au-delà.
Kunsthalle Mulhouse, Musée Tinguely, Kunstmuseum, Schaulager, Fondation Beyeler etc …

Art Basel c’est le météore tant attendu, qui passe tous les ans, invariablement à la même date, dans notre si belle région, triangle d’or de toutes les offres, touristiques, intellectuelles, que nous avons l’extrême chance d’avoir à notre porte, cela depuis des lustres.

Aussi, comme l’Année dernière j’ai fait l’impasse sur les invitations parisiennes, à mon très grand regret, dans cette période, où j’ai la chance d’être invitée grâce à mon modeste blog, (qui va fêter ses 20 ans l’année prochaine), au Grand Palais et ses multiples vernissages, conséquence de sa rénovation, mais aussi aux événements régionaux d’envergure internationale, La Hear, Motoco, BMP, Fondation Schneider, mais aussi la Few, Murbach, le Séchoir, MAC.
Visites que je remets à bientôt, sous réserve de mon état physique fluctuant. J’écoute, je prie, non pas Sainte Rita, pas encore, mais St Bienveillant .
Hélas, je suis tenue, de composer, d’arbitrer, avec mon genou, et mon sacré body, je vous épargne le reste, mon état fluctuant, quelle misère la vieillesse 😡

Non ce n’est pas un naufrage, mais une croisière fluctuante, soumise au hasard de la météo farceuse et non compatissante de nos organismes en décrépitude, malgré nos volontés d’être toujours au top !

 

Venons en au sujet

Unlimited

 Les peintures, sculptures, installations ou vidéos de très grand format sont déployées sur près de 16 000 m2. “Unlimited” est pensé comme une véritable exposition par un commissaire, le Suisse Giovanni Carmine. Unlimited est un bain de jouvence  dans la diversité des propositions incroyables. Des artistes parfois inconnus, mais une déambulation sans fin dans Art Unlimited.
Des surprises, alors que je vais tenter de structurer mon parcours.
Dès l’entrée Samsung nous met au diapason

De Robert Longo au film épileptique, au titre éloquent, We Are the Monsters, précédé par une estampe de  Dürer intitulée, l’Apocalypse les quatre anges vengeurs  (1496)

à l’installation kaléidoscopique du Libanais Walid Raad, réalisée à partir de vidéos de la destruction et reconstruction du centre-ville de Beyrouth après la guerre civile

Une mention particulière pour les broderies de Tiffany Chung, afin de tracer
l’altération du paysage, de la faune et de la flore provoquée par l’homme et la force motrice.


J’avoue, j’ai été bluffée par l’Atelier Van Lieshout de Rotterdam et son long cortège

À propos de l’artiste – Joep van Lieshout / Atelier Van Lieshout.
L’Atelier Van Lieshout est l’atelier fondé par le sculpteur et visionnaire Joep van Lieshout. Diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Rotterdam, Van Lieshout s’est rapidement fait connaître grâce à des projets oscillant entre le design épuré et le domaine non fonctionnel de l’art : sculptures et installations, bâtiments et mobilier, utopies et dystopies.

En 1995, Van Lieshout a fondé son atelier et travaille depuis exclusivement sous son nom. Ce nom d’atelier est présent dans la pratique de Van Lieshout comme une méthodologie visant à déconstruire le mythe du génie artistique. Au cours des trois dernières décennies, Van Lieshout a développé une pratique multidisciplinaire qui produit des œuvres à la frontière entre l’art, le design et l’architecture. En explorant la frontière ténue entre la production artistique et la production en série d’objets fonctionnels, il cherche à trouver les limites entre fantasme et fonction, entre fertilité et destruction.

Van Lieshout dissèque les systèmes, qu’il s’agisse de la société dans son ensemble ou du corps humain ; il expérimente, cherche des alternatives, considère les expositions comme des expériences de recyclage et a même proclamé un État indépendant dans le port de Rotterdam, AVL-Ville (2001) – un État libre dans le port de Rotterdam, avec un minimum de règles, un maximum de libertés et le plus haut degré d’autarcie. Toutes ces activités sont menées dans le style de provocation caractéristique de Van Lieshout, qu’il soit politique ou matériel.

Atelier Van Lieshout (vidéo)

 Lee Ufan toujours dans la sobriété, cet artiste sud coréen, nimbé de philosophie. Son travail consiste à mettre en relation différents matériaux, mais aussi ces matériaux et l’espace environnant. Il ne cherche pas à enlever ni à rajouter quelque chose à l’existant. Il se concentre particulièrement sur le point et la ligne, travail qu’il décrit dans de nombreux essais. Il accorde une importance particulière à la symbolique des matériaux.

ou un de ses suiveurs l’italien Arcangelo Sassolino

Ou encore le déclin moral des Etats-Unis qu’illustre une pièce récente de Danh Vo, In God We Trust, réinterprétant le drapeau américain avec un empilement disloqué de bûches et d’étoiles en acier.

C’est un alambic géant qui est proposé par Georges Philippe et Nathalie Valois
un gigantesque captain Nemo de l’artiste niçois Arman

Celui-ci voisine avec une installation de la suissesse Claudia Comte 
qui s’intéresse à l’histoire et à la mémoire des formes biomorphiques à travers des procédés manuels traditionnels et des technologies industrielles et mécaniques. S’appuyant sur les pouvoirs de communication, de connaissance et de symbiose entre la vie animale et végétale, les objets dynamiques et changeants de Comte témoignent de l’intelligence et des capacités de transformation du monde écologique.

Un cycle de 20 sculptures en tuf grandeur nature, créé en 2009 par l’artiste campanien, Mimmo Paladino,-  bien connu des strasbourgeois,fruit d’une longue recherche sur les formes et symboles archaïques, est le protagoniste de la section de la foire suisse consacrée aux projets monumentaux. Une installation originale est présentée, organisée par la galerie Cardi.

Art en mouvement
 L’incroyable diversité des œuvres exposées s’étend du classique à l’expérimental, en passant par la sculpture cinétique en mouvement (littéralement !).Ici  une des œuvres exposées à ArtBasel à Bâle jusqu’au 22 juin. Felix Gonzalez-Torres « Sans titre » (Plateforme de danse Go-Go), 1991 @hauserwirth
le voici, lorsqu’il se rendait à son travail, lorsque je l’ai croisé :

Sans parler des autres installations, quelquefois trop attendues, mais d’autres enthousiasmantes. 

Je vous donne RDV pour la suite sur les Galeries, consultez les vidéos et les photos des diverses installations, peintures et sculptures sur Viméo et sur mon mur Facebook

Toutes les autres photos sont de moi ainsi que les vidéos sauf celles indiquées

Un accrochage estival conséquent en marge de l’exposition

La nouvelle présentation de la collection qui accompagne l’exposition « Vija Celmins » à la Fondation Beyeler est entièrement consacrée à la peinture. Des salles dédiées à des artistes individuel·le·s présentent des oeuvres ayant marqué ce médium traditionnel de leur empreinte particulière et ouvert des perspectives nouvelles. L’exposition donne à voir des oeuvres de Jean-Michel Basquiat, Mark Bradford, Marlene Dumas, Wade Guyton, Pablo Picasso, Gerhard Richter, Mark Rothko, Wilhelm Sasnal, Wolfgang Tillmans et Andy Warhol. Cette nouvelle présentation réunit des oeuvres majeures de l’art moderne et contemporain en des mises en relation inédites et saisissantes. Parmi les temps forts de l’exposition figure la première présentation muséale de la projection numérique de Gerhard Richter Moving Picture (946-3), Kyoto Version, 2019–2024.
Cette année, la salle Daros de la Fondation Beyeler est consacrée à Mark Bradford.
L’accrochage inclut par ailleurs le tableau monumental d’Andy Warhol Sixty Last Suppers, 1986(vidéo), en provenance de la Nicola Erni Collection.

Enfin, l’accent est également mis sur Pablo Picasso avec une présentation de plus de 30 de ses tableaux et sculptures.

Pendant Art Basel 2025

Pendant Art Basel 2025, la Fondation Beyeler offre une rare occasion de découvrir le travail exceptionnel de l’artiste états-unienne Vija Celmins. En parallèle, le musée accueille la toute première présentation de Little Room, nouvelle installation de réalité virtuelle de l’artiste Jordan Wolfson, basé à
Los Angeles. Cette œuvre immersive convie les visiteurs·ses à pénétrer dans un environnement expérimental, au sein duquel leur revient un rôle central.
Jordan Wolfson : Little Room
1 juin – 3 août 2025

Une nouvelle présentation de la collection est entièrement consacrée à la peinture, avec entre autres des tableaux de grand format de l’artiste étatsunien Mark Bradford en provenance de la Daros Collection,

ainsi qu’une nouvelle projection numérique de Gerhard Richter.

Dans le cadre du « Globus Public Art Project », l’artiste suisse Urs Fischer, également installé à Los Angeles, investit différents sites autour du Marktplatz de Bâle.


Stand Art Basel
En guise d’avant-goût de la rétrospective Cézanne qui se tiendra en début d’année prochaine, une exposition monographique. Le stand Art Basel de la Fondation Beyeler est consacré au peintre français Paul Cézanne.
Comme peu d’autres artistes Cézanne a marqué l’art moderne et l’a révolutionné par sa nouvelle conception de l’image. Il a donné une signification nouvelle et propre au processus de création derrière le tableau, au-delà du motif, et a ainsi influencé de nombreuses générations d’artistes ultérieures. Pablo Picasso le qualifiait d’ailleurs comme « père de nous tous ».
Cezanne occupe une place particulière dans la Collection Beyeler, étant l’un des premiers artistes représentés et figurant en bonne place avec sept œuvres tardives majeures. Parmi celles-ci, plusieurs paysages illustrent clairement sa manière de peindre innovante.

Informations pratiques

Horaires d’ouverture de la Fondation Beyeler pendant la semaine d’Art Basel (15–22 juin) : tous les jours 9h–19h
Conversations
Artist Talk avec Jordan Wolfson
Mercredi 18 juin, 18h–19h, Fondation Beyeler, Riehen/Bâle
– Artist Talk avec Urs Fischer
Vendredi 20 juin, 18h–19h, Fondation Beyeler, Riehen/Bâle