MINISTÈRE DE L’IMPRESSION

Atelier sérigraphie et édition de la Haute école des arts du Rhin, Mulhouse
coproduction La Filature, Scène nationale de Mulhouse ; Haute école des arts du Rhin · dans le cadre des 30 ans de l’atelier sérigraphie et édition de la Haute 
école des arts du Rhin, Mulhouse · retrouvez cette exposition sur lafilature.org

Le Ministère de l’Impression, atelier de sérigraphie et d’édition du site d’arts plastiques de Mulhouse de la Haute école des  arts du Rhin, célèbre ses 30 ans et avec cette exposition une longue amitié avec La Filature.


L’atelier de sérigraphie de la HEAR-Mulhouse est un lieu unique de réflexion et de production qui a vocation à établir un courant continu et transversal entre les étudiant·es de toutes les années des options art, design et design textile proposées à l’école d’art. Il est une zone d’effervescence où les rencontres, les apprentissages et les expériences s’éprouvent au quotidien sous l’égide des artistes et praticien·nes Christian Savioz (successeur en tant que responsable de l’atelier à son fondateur Daniel Burgin) et Claire Morel à qui nous avons spontanément confié la conception de cette exposition.
La proposition qu’ils ont faite est d’une élégante générosité. Sa conception même, les étudiant·es et artistes qu’elle convie, les travaux qu’elle rassemble – choisis parmi ceux archivés depuis la création de l’école –, en font une exposition qui révèle avec éclat les enjeux de l’atelier.
Au Ministère de l’Impression, les études permettent l’approche d’une technique mécanique, c’est-à-dire exacte, de production d’objets conformes en termes de matières, de proportions, de couleurs ou encore de textures. La sérigraphie y est envisagée comme médium mais aussi comme pensée, champ de recherche et moyen d’expression. Impression de film pour typon, enduction, insolation, dégravage d’écran, sérigraphie, polymérisation ultraviolette… induisent un agencement de techniques et de gestes qui se succèdent, dont l’enchaînement dicte autant la cohérence pour l’objet manufacturé que la fluidité pour l’acte créateur. Au sein de l’atelier, la sérigraphie contribue à élargir la possibilité de diffuser des idées à travers l’image imprimée (souvent un multiple – idée sociale généreuse !). Et tout tend à s’imprimer au Ministère : posters, fanzines, livres, métrages textiles, jeans, culottes, casquettes, plaques de zinc, de cuivre, d’acier, d’aluminium, de plâtre, de béton, de bois, de plexiglass, linoléum, miroirs, bouteilles de bière, boîtes de conserve, pain d’épices, hosties, tablettes de chocolat, corps humain, peaux de bêtes…

Les infinies ressources dont l’atelier recèle sont révélées dans un journal de bord publié chaque année, où sont méticuleusement consignés les détails de son activité, avec les mêmes exigences journalières que celles du métier de sérigraphe.

Déployés dans l’exposition à La Filature, des exemplaires de ce journal intègrent un ensemble d’œuvres, non pas simplement transférées de l’atelier, mais issues des imaginaires individuels ou collectifs où elles  ont d’abord été élaborées. Émancipées des classifications conventionnelles, les images circulent d’un support à l’autre (affiche, papier peint, carrelage, t-shirt,
mémoire d’étudiant·e), d’un langage à l’autre (construit autour de lignes et de formes ou constitué d’un vocabulaire de motifs et de couleurs).

Posant des questions aussi bien esthétiques qu’éthiques, les œuvres, parfois
subversives, nous invitent à développer des dimensions cognitives particulières, à être spectateur·rice et sujet d’expérimentations tout autant graphiques et chromatiques que sociétales et politiques. Un objet en
témoigne en particulier : un prototype de canoë en bois et en carton, vestige d’un workshop au cours duquel les élèves étaient invité·es à courir une régate dans des embarcations de leur fabrication, est ici posé au sol, comme une incitation à nous rêver réhabitant·es de nos espaces de vies.
Emmanuelle Walter, responsable arts visuels à La Filature, Scène
nationale de Mulhouse

Photos Anne-Catherine Goetz

LES RENDEZ-VOUS

EXPOSITION du ma. 12 mars au sa. 18 mai 2024
du ma. au sa. de 13h à 18h + di. de 14h à 18h + soirs de spectacles
VERNISSAGE ma. 12 mars 19h
en présence des artistes · avec un DJ & VJ set par Fleur en strass, Aimée et 16@
CLUB SANDWICH je. 11 avril 12h30
visite guidée de l’expo + pique-nique tiré du sac + Food Truck sur le parvis de La Filature (gratuit sur inscription au 03 89 36 28 28)
VISITES GUIDÉES sur rendez-vous
edwige.springer@lafilature.org ou 03 89 36 28 34

Femmes de génie – les artistes et leur entourage

Elisabetta Sirani, la pénitente Marie Madeleine, 1663
Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie

Jusqu'au 30.6.2024, au Kunstmuseum Basel | Hauptbau
Commissaires : Bodo Brinkmann, Katrin Dyballa (Bucerius Kunst Forum), Ariane Mensger
Prologue

L’exposition Femmes de génie propose un nouvel éclairage sur l’histoire de l’art de l’Époque moderne en présentant une centaine d’oeuvres d’artistes femmes ayant rencontré du succès entre le XVIe et le XVIIIe siècle ainsi que de leurs proches masculins. Elle réunit des portraits, des peintures d’histoire, des natures mortes, des dessins et des oeuvres graphiques de la Renaissance, du baroque et du classicisme.
Entre 1500 et 1800, il y avait, au Nord comme au Sud de l’Europe, bien plus de femmes peintres, instructrices, éditrices et graveuses qu’on ne l’imaginerait. Certaines d’entre elles furent comblées de succès. Même s’il n’était pas impossible pour une femme de mener une carrière d’artiste, des conditions favorables devaient être réunies car cela allait à l’encontre du rôle de la femme dans la société.
L’exposition Femmes de génie retrace pour la première fois le parcours de plusieurs artistes femmes à travers de pertinentes mises en regard avec des oeuvres de leurs pères, frères, époux et rivaux et les intègrent dans le contexte des siècles prémodernes. Des rapprochements d’oeuvres concis révèlent de manière fascinante les correspondances et les divergences de contenu et de traitement. Le contexte social et familial est également mis en lumière. En outre, l’exposition offre l’occasion de découvrir, aux côtés d’oeuvres de peintres plus connues, celles d’artistes femmes tombées dans l’oubli, mais travaillant souvent à un haut niveau d’exigence.

Filles, épouses et peintres de cour

                                      Catharina van Hemessen (1528 – après 1565
Les corporations et les académies refusèrent longtemps l’accès aux femmes. Ainsi, les artistes étaient très souvent issues de familles d’artistes où elles étaient formées. Catharina van Hemessen (1528 – après 1565), qui réalisa à l’âge de 20 ans le premier autoportrait connu d’une artiste au travail figurant aujourd’hui au sein de la collection du Kunstmuseum Basel, apprit sans doute à peindre dans l’atelier de son père Jan Sanders van Hemessen (vers 1500 – vers 1556). Par ailleurs, nous savons que Marietta Robusti, dite la Tintoretta (vers 1554/55–1614), a, très jeune, assisté son père Jacopo Robusti, dit Tintoretto (1518/19–1594), dans la réalisation d’oeuvres de commande avant de devenir elle-même une peintre à succès.

                   Marietta Robusti, dite la Tintoretta (vers 1554/55–1614)
D’autres femmes eurent moins de chance et travaillèrent dans l’ombre des membres de leur famille. Leur style est souvent difficile à repérer, celui-ci se mêlant aux oeuvres de leurs maîtres selon les habitudes alors en vigueur dans les ateliers.
Michaelina Wautier (1604–1689) fut l’une d’entre elles. D’autres encore se marièrent avec un artiste. Rachel Ruysch (1664–1750) épousa le peintre Juriaen Pool (1666–1625) qui lui permit non seulement de peindre, mais on sait également que les natures mortes de Rachel se vendaient même mieux que les siennes et qu’il la soutenait véritablement dans son travail. Elle fut la première femme à être admise au sein de la guilde des peintres de La Haye

                                                           Rachel Ruysch (1664–1750)
En règle générale toutefois, le mariage entraînait l’abandon du métier exercé par la femme et la subordination à son époux, comme ce fut le cas pour Judith Leyster (1609–1660). Certes, la femme pouvait apporter en maints endroits son soutien à celui-ci dans son atelier, mais ses responsabilités familiales figuraient en réalité bien souvent au premier plan. Dès lors, des artistes comme Maria van Oosterwijk (1630–1693) choisirent de ne pas se marier.
Bien qu’il s’agisse de cas plus rares, il est intéressant de remarquer ces femmes artistes nées loin de la profession qui apprirent pourtant à peindre. Elles appartenaient à la noblesse, à la bourgeoisie comme au milieu de l’artisanat. Sofonisba Anguissola (1532–1625) fut l’une d’entre elles. Formée par le peintre Bernardino Campi (1522–1591), elle fut en engagée comme peintre à la cour d’Espagne grâce à son père qui fit sa promotion de manière ciblée. Leur lien avec la cour permettait aux femmes artistes de connaître la gloire et les honneurs en toute autonomie, plus tard cela leur facilitait l’accès à l’académie. Katharina Treu (1743–1811) fut ainsi la première femme disposant d’un titre de professeure au sein d’une académie allemande grâce au soutien du prince-électeur Charles-Théodore du Palatinat. L’enseignante la plus connue parmi ces artistes femmes est peut-être Angelika Kauffmann (1741–1807) qui fut, entre autres, membre de la Royal Academy de Londres. Toutefois, sans le soutien d’un entourage masculin, ces femmes n’auraient jamais connu le succès.

Au cours de ces siècles, les thèmes du portrait et de la nature morte florale prédominent chez les artistes femmes. Néanmoins, des exceptions pouvaient se produire : la peinture d’histoire, le plus noble des genres, constituait parfois le sujet du tableau. Il n’existe pas de thème « typiquement féminin », les motifs étant surtout l’expression du lieu de la pratique artistique et de l’époque où vivait chaque artiste. Le cercle des commanditaires déterminait également le sujet : tandis que la bourgeoisie s’affermit comme commanditaire aux Pays-Bas et en Allemagne, la noblesse conserva sa suprématie en Italie et en Espagne où s’ajoutaient des commandes ecclésiastiques encore plus importantes. Ces commandes déterminaient également les formats. Ainsi, le tableau de genre (d’un rang inférieur) s’imposa dans certaines régions du Nord à partir du XVIIe siècle face au tableau d’histoire qui perdura dans le Sud. Le portrait et la nature morte florale se retrouvent toutefois de la même façon chez les artistes du Nord comme du Sud.

De l’Italie à l’Allemagne

Les 19 artistes femmes sont regroupées selon leur origine géographique dans les cinq salles d’exposition au rez-de-chaussée du Kunstmuseum Basel | Hauptbau. Une première salle spacieuse est consacrée aux peintres italiennes Sofonisba Anguissola, Lavinia Fontana (1552–1614), Marietta Robusti, dite la Tintoretta, et Elisabetta Sirani (1638–1665).

Fedele Gallicia

Anne Vallayer-Coster

Une seconde salle, plus petite, expose des natures mortes romanes de Fede Galizia (vers 1574/78–1630), Louise Moillon (vers 1610–1696) et Anne Vallayer-Coster (1744–1818), avant une troisième qui présente les peintres flamandes Catharina van Hemessen, Michaelina Wautier et Judith Leyster. La quatrième salle se concentre sur les natures mortes du Nord avec Rachel Ruysch, Maria van Oosterwijk, Maria Sibylla Merian (1647–1717) et Alida Withoos (1662–1730), tandis que la cinquième salle se referme sur Katharina Treu et Dorothea Therbusch (1721–1782) originaires d’Allemagne, ainsi qu’Anna Waser (1678–1714), Anna Barbara Abesch (1706–1773) et Angelika Kauffmann natives de Suisse.
L’exposition réserve, en outre, une place aux femmes graveuses. Au sein des ateliers de gravure sur cuivre où se pratiquait aussi la gravure à l’eau-forte, les femmes travaillaient également dans le cercle familial avant tout. Comme il était habituel de munir les gravures d’informations détaillées sur le fabricant, le nom de ces femmes nous sont parvenus. Au sein des cabinets d’art graphique situés au premier étage du bâtiment principal du musée, des études de cas présentent trois des représentantes majeures de ce type d’art : Diana Mantovana (vers 1547–1612) issue de la famille éponyme de graveurs de Mantoue et de Rome, Magdalena de Passe (1600–1638) qui joua un rôle des plus actifs dans l’atelier de son père Crispijn de Passe à Cologne puis à Utrecht, ainsi que Maria Katharina Prestel (1747–1794) qui se maria avec son maître, Johann Gottlieb Prestel, avec lequel elle se lança, avec succès, dans le commerce alors florissant de la gravure de reproduction.

Des prêts internationaux

L’exposition est le fruit d’une coopération entre le Bucerius Kunst Forum d’Hambourg et le Kunstmuseum Basel, quoique l’étape bâloise plus circonscrite ne présente qu’une sélection des oeuvres exposées à Hambourg et publiées dans le catalogue accompagnant l’exposition. Elle rassemble des prêts d’oeuvres de collections publiques et privées internationales, dont la Galerie degli Uffizi à Florence, le Kunsthistorisches Museum à Vienne, le Rijksmuseum Amsterdam, les Staatliche Museen de Berlin, le Städel Museum de Francfort, la Staatsgalerie Stuttgart et la Gemäldegalerie Alte Meister à Dresde.
La publication richement illustrée contenant des contributions de Bodo Brinkmann, Katrin Dyballa, Sabine Engel, Ariane Mensger, Rahel Müller, Sandra Pisot, Sarah Salomon, Andreas Tacke, Iris Wenderholm et Seraina Werthemann a paru aux éditions Hirmer Verlag.

Informations pratiques

Kunsmuseum-neubau
St. Alban-Graben 8, Postfach
CH-4010 Basel
Tel. +41 61 206 62 80

Depuis la gare SBB tram n° 2 arrêt Kunstmuseum

Dan Flavin dédicaces en lumière

Jusqu'au 18.8.2024, au Kunstmuseum Basel | Neubau
Commissaires : Josef Helfenstein, Olga Osadtschy, Elena Degen
L’art minimal


La grande exposition temporaire Dan Flavin. Dédicaces en lumière auKunstmuseum Basel | Neubau présente unpionnier de l’art minimal :, artiste états-unien devenu célèbre au début des années 1960 pour son travail avec des tubes fluorescents fabriqués de manière industrielle. 58 de ses travaux, certains visibles pour la première fois en Suisse, mettent en lumière son oeuvre à nulle autre pareille à travers un parcours thématique et chronologique. L’exposition – la première d’envergure consacrée à Dan Flavin en Suisse depuis douze ans – met l’accent sur des oeuvres que l’artiste a dédiées à des personnes ou à des événements.

Images gazeuses

En élaborant une nouvelle forme d’art, Dan Flavin écrit un nouveau chapitre de l’histoire de l’art. Au moyen d’oeuvres conçues à partir de lumière, il libère la couleur du champ de la peinture et la transpose dans l’espace tridimensionnel. En utilisant des tubes lumineux du commerce, il s’oppose aux représentations habituelles du statut d’auteur.e et des processus de production dans l’art : sa décision de faire de l’art à partir d’un objet usuel du quotidien retint l’attention de ses contemporains et demeure, encore aujourd’hui, radicale. Après les premières expositions de ses oeuvres lumineuses à New York, Dan Flavin suscite l’enthousiasme des artistes et des critiques d’art pour son purisme,
ses « images gazeuses » (un terme que l’artiste se plaisait à utiliser) et l’immédiateté de leur brillance.

Les tubes fluorescents de Dan Flavin évoquent des usines, des établissements de restauration rapide ou encore des parkings. L’artiste utilise délibérément cet effet de même qu’une palette réduite imposée par le mode de fabrication des lampes fluorescentes : bleu, vert, rouge, rose, jaune, ultraviolet et quatre tons différents de blanc. Au cours de sa carrière, il transforme des lampes et de simples arrangements géométriques en de complexes travaux architectoniques et des séries élaborées composées de plusieurs parties. Flavin s’oppose vigoureusement au fait que ses oeuvres soient considérées comme des sculptures ou des peintures et les qualifie plutôt de « situations ». Dans ses écrits et autres déclarations, il souligne en outre l’objectivité de son oeuvre. Dans le catalogue consacré à l’exposition de l’un de ses premiers grands travaux institutionnel au Stedelijk Van Abbemuseum en 1966 il écrit :

« Electric light is just another instrument. I have no desire to contrive fantasies mediumistically or sociologically over it or beyond it. (…) I do whatever I can whenever I can with whatever I have wherever I am. »

L’oeuvre de Dan Flavin s’inscrit dans la catégorie de l’art minimal du fait de sa volonté de se limiter strictement au travail avec un objet de facture industrielle ainsi que de la sérialité de ses oeuvres. Carl André, Donald Judd, Sol LeWitt et Robert Morris sont considérés à ses côtés comme les principales figures de ce courant artistique – chacun d’entre eux réfutant toutefois plus ou moins clairement cette appartenance.

Les dédicaces
Dan Flavin préconise un art n’ayant pas de portée psychique et spirituelle profonde, mais qu’il s’agirait d’appréhender de manière spontanée. L’artiste lui-même nie toute teneur symbolique et fait fi de l’effet parfois subtil de son oeuvre. De nombreux critiques d’art ont tout de même attiré l’attention sur sa dimension christique et métaphysique, de même que sur une allusion à des espaces de recueillement et à des lumières votives. Ce à quoi l’artiste répond avec ironie :
« It is what it is and it ain’t nothin’ else».
Cependant, il ne fait aucun doute que Dan Flavin a pratiqué la dédicace tout au long de sa vie et qu’il a associé ses oeuvres à des personnes ou à des événements, souvent de manière sentimentale et emphatique. Les installations de lumière fluorescente réalisées à partir de 1963 sont fréquemment dédiées à des amis artistes tels que Jasper Johns, Sol LeWitt ou Donald Judd. Des artistes d’art moderne à l’instar d’Henri Matisse, Vladimir Tatlin et Otto Freundlich apparaissent également dans des titres d’oeuvres. Ces dédications contrebalancent l’anonymité du matériau. Au travers de ces titres augmentés, l’artiste ancre ces travaux non narratifs et impersonnels dans un contexte esthétique, politique et social.
Le rôle fondamental du titre se précise également lorsque Dan Flavin se réfère à des événements politiques. Ainsi, des travaux évoquant les atrocités de la guerre se lisent à la lumière de sa position contre la guerre au Vietnam, à l’instar de monument 4 for those who have been killed in ambush (to P.K. who reminded me about death) qu’il présente en 1966 dans l’exposition Primary Structures. Younger American and British Sculptors au Jewish Museum de New York, l’une des premières expositions institutionnelles consacrée à l’art minimal, courant artistique encore nouveau à l’époque.

Les oeuvres de Dan Flavin dédiées

Les oeuvres de Dan Flavin dédiées à des individus l’ayant accompagné dans son travail ne sont pas moins remarquables. L’exposition convoque par exemple untitled (to you, Heiner, with admiration and affection), oeuvre dédiée à Heiner Friedrich, légendaire marchand d’art allemand. Après avoir immigré aux États-Unis, Friedrich fonde en 1974 l’influente Dia Art Foundation qui s’engage pour que des oeuvres d’un groupe d’artistes des années 1960 et 1970 soient installées durablement et accessibles au public.

L’oeuvre de Flavin provenant de la Pinakothek der Moderne de Munich est de type « barrière », c’est-à-dire conçue pour limiter l’accès du public à une partie de la salle d’exposition.
Ces dédicaces polymorphes confèrent une dimension émotionnelle à l’oeuvre de Flavin et servent de cadre de référence artistique, littéraire et personnel. L’exposition au Kunstmuseum Basel s’attache en particulier à révéler cette dimension de son oeuvre.
En outre, des dessins de Dan Flavin sont présentés aux côtés d’installations, pour certaines de grandes dimensions. Ils contiennent des portraits encore peu connus, des représentations de la nature, ainsi que des croquis d’oeuvres et des diagrammes. Outil essentiel pour Flavin, ses petits carnets constituent une sorte d’archive de son oeuvre s’étendant sur plus de trente ans. L’exposition se penche également sur le contexte socio-historique qui vit éclore ses premiers travaux avec la lumière si déterminants pour la suite de sa carrière.

Une histoire bâloise

Grâce à l’engagement de Carlo Huber, directeur de la Kunsthalle Basel, et de Franz Meyer, directeur du Kunstmuseum Basel, une double exposition de l’artiste a été organisée au sein des deux institutions muséales en 1975. Enthousiasmé par l’ « essentialité » avec laquelle Dan Flavin manie la lumière, Carlo Huber présente Fünf Installationen in fluoreszierendem Licht et reconnaît qu’il s’agit d’
« une oeuvre très personnelle et d’une grande autorité ».

De son côté, Franz Meyer sélectionne environ 277 travaux sur papier avec Dan Flavin : dessins, eaux-fortes et plans techniques ainsi que plusieurs oeuvres d’Urs Graf, artiste suisse de la Renaissance, pour lequel Flavin se prend d’affection durant son séjour à Bâle.

Depuis 1975, la cour intérieure du Kunstmuseum Basel | Hauptbau abrite untitled (in memory of Urs Graf), une oeuvre que Dan Flavin a spécifiquement conçue pour ce lieu. Impossible de s’imaginer aujourd’hui la cour sans ce jeu de lumières rose, jaune, verte et bleue dégageant une atmosphère vibrante. Pourtant, jusqu’à la fin des années 1970, des dissensions subsistent au sein de la commission artistique du musée pour déterminer si l’oeuvre doit rester sur place. Il faudra attendre sa donation par la Dia Art Foundation pour confirmer son maintien. Toutefois, on se refusera pendant longtemps à l’allumer. Cette anecdote illustre que la survenue d’un changement radical des habitudes de perception et des opinions nécessite du temps. L’exposition organisée actuellement au Kunstmuseum Basel présente également des documents d’archive des musées mettant cela en évidence.

Informations Pratiques

Kunsmuseum-neubau
St. Alban-Graben 8, Postfach
CH-4010 Basel
Tel. +41 61 206 62 80

Depuis la gare SBB tram n° 2 arrêt Kunstmuseum

Holbein et la Renaissance au Nord

photo Pierre Henninger

 
Conservateur du Musée Städel : Prof. Dr. Jochen Sander (Musée Städel, directeur adjoint et chef de la collection de peintures hollandaises, flamandes et allemandes avant 1800)
Durée de l'exposition : du 2 novembre 2023 au 18 février 2024

Elle est considérée comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la Renaissance allemande : la Madone du maire Jacob Meyer zum Hasen (1526-1528) de Hans Holbein le Jeune.

Le célèbre tableau était présenté dans la grande exposition
« Holbein et la Renaissance au Nord » au Musée Städel. L’œuvre était à nouveau visible à Francfort après plus de 10 ans.
Le tableau était en possession des grands-ducs de Hesse et du Rhin depuis la première moitié du XIXe siècle et a été exposé au Schlossmuseum de Darmstadt jusqu’en 2003, avant d’être exposé au Städel Museum à partir de 2004. En 2009, les propriétaires décident de vendre le tableau. Malgré les efforts conjoints des propriétaires et du musée Städel, le musée Städel n’a pas pu acquérir la toile, ni la rendre accessible au public. Le tableau, qui figure sur la liste des biens culturels de valeur nationale et est donc protégé contre l’exportation.Il a ensuite été acquis par l’entrepreneur, collectionneur et mécène Reinhold Würth, qui le rend accessible au public dans la Johanniterkirche de Schwäbisch Hall depuis 2012. Prêt important de la collection Würth, la Madone de Holbein était présentée dans l’ exposition aux côtés d’environ 130 peintures, dessins et gravures exceptionnels d’autres artistes pionniers de la Renaissance provenant des plus importants musées d’Europe.

                                              Holbein le Jeune

Le directeur du Städel, Philipp Demandt, déclare :

« La Madone de Holbein est une œuvre clé de notre grande exposition de peinture de la Renaissance. En tant que directeur du Städel, je suis
très heureux de cet important prêt de la Collection Würth. C'est grâce à l'entrepreneur Hohenloh, collectionneur d'art et mécène, que ce chef-d'œuvre peut encore être vu - c'est lui seul qui a assumé l'obligation de sécuriser cette œuvre et de la conserver pour le public. Le Musée Städel, fondé il y a plus de 200 ans par des donateurs privés, considère également ce prêt généreux comme une reconnaissance de son travail. Car avec Reinhold Würth, qui met gratuitement à la disposition du public son importante collection d'art dans cinq musées et dix dépendances d'art, nous partageons l'intention de rendre l'art accessible aux gens et de le regarder encore et encore."  


une La Madone de Solothurne avec St Martin et St Ursus

Le collectionneur et entrepreneur Reinhold Würth à propos de son
engagement :
« L’art relie les gens et les incite à penser et à s’immerger dans d’autres mondes. Nos musées sont fondamentalement les lieux les plus démocratiques, où tout le monde est égal . Depuis 2012, la Madone de Hans Holbein le Jeune enchante les visiteurs d’ici et d’ailleurs au Schwäbisch Hall. C’est un grand plaisir pour moi que le tableau soit présenté cet automne à la grande exposition sur la peinture de la Renaissance du Nord à Francfort. Je suis sûr que le Städel Museum saura une fois de plus créer une exposition aussi innovante que belle. Un point culminant de l’exposition est la rencontre de la Madone de Holbein de la collection Würth avec la Madone de Soleure (1522, Musée d’art de Soleure), également peinte par Holbein le Jeune. L’exposition Städel « Holbein et la Renaissance dans le Nord » (2 novembre 2023 – 18 février 2024) donne un aperçu de l’évolution de l’art entre le gothique tardif et le début des temps modernes avec une vue sur l’importante ville impériale et métropole commerciale d’Augsbourg « .

Les pionniers

Ce sont surtout les peintres Hans Holbein l’Ancien et Hans Burgkmair l’Ancien qui ont testé de nouvelles possibilités picturales à Augsbourg. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont considérés, aux côtés d’Albrecht Dürer, comme les pionniers de la Renaissance allemande, que Holbein le Jeune a finalement fait connaître dans toute l’Europe.

                                             Albrecht Dürer
L’exposition – Holbein et la Renaissance au Nord– Le Musée Städel a présenté un aperçu complet, des débuts de la peinture de la Renaissance au nord des Alpes. L’accent est mis sur la métropole impériale et commerciale d’Augsbourg, qui a connu une prospérité culturelle et économique au début du XVIe siècle. Cela est dû à divers facteurs : le sens artistique de la scène internationale.

Les maisons de commerce comme le Fugger ou le Welser, les nombreux séjours de l’empereur Maximilien Ier et le Reichstag qui s’y réunissait souvent. Augsbourg se caractérise par un climat particulièrement ouvert d’esprit dans lequel les positions de l’art de la Renaissance influencées par la culture humaniste de l’Italie sont mises à l’épreuve. Outre Albrecht Dürer, les pionniers comprenaient également des collègues artistes et concurrents

Hans Holbein l’Ancien (environ 1460/70–1524)
et Hans Burgkmair l’Ancien (1473-1531).


Ils ont emprunté des voies nouvelles et très différentes dans leur art : alors que Holbein s’est d’abord intéressé aux innovations de la peinture hollandaise depuis Jan van Eyck,

                                                               Jan van Eyck,
Burgkmair s’est orienté vers l’art le plus récent en Italie. Les deux artistes représentent différentes possibilités stylistiques de la peinture de la Renaissance, qui a également inspiré d’autres artistes d’Augsbourg à des degrés divers à cette époque. L’influence de cet art sur la génération suivante d’artistes peut être vue dans les œuvres de Hans Holbein l’Ancien. J., qui développa les positions apparues à Augsbourg et diffusa son travail dans toute l’Europe.
Pour la première fois, un nombre important de peintures, dessins et gravures les plus importants de Holbein et Burgkmair sont rassemblés pour l’exposition, y compris le monumental «Autel dominicain» (1501) de Holbein de la collection du musée Städel, «Sainte Catherine» (environ 1509/10, Fondation Schloss), Friedenstein, Gotha) ou la « Madone sur l’Altan » (vers 1519/20, Gemäldegalerie, Berlin) ainsi que le « Christ sur le mont des Oliviers » de Burgkmair (1505, Hamburger                        Donatello
Kunsthalle), le «Mise au Tombeau» (vers 1520, Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid) ou les portraits du couple Schellenberger (1505/07, Musée Wallraf-Richartz & Fondation Corboud, Cologne). Ces œuvres sont complétées par des œuvres d’autres artistes d’Augsbourg datant d’environ 1480 à 1530 ainsi que par des œuvres sélectionnées d’artistes allemands, italiens et hollandais. Il y avait entre autres : également Albrecht Dürer, Donatello et Hugo van der Goes, qui ont influencé l’œuvre de Holbein l’Ancien, et Burgkmair a eu un impact durable.

Hugo van der Goes

Informations pratiques

staedelmuseum.de
Service aux visiteurs et visites guidées : +49(0)69-605098-200, info@staedelmuseum.de
Lieu : Musée Städel, Schaumainkai 63, 60596 Francfort-sur-le-Main

Sommaire du mois de février 2024

28 février 2024 : Guernica / Ukraine de Jean Pierre Raynaud  Slava Ukraini
24 février 2024 : Art Karlsruhe 2024
17 février 2024 :  Otto Piene Chemins vers le paradis
14 février 2024 :  Herbreteau Véronique, guide
11 février 2024  :  LACAN, L’EXPOSITION
3  février 2024  :  Strasbourg 1560-1600. Le renouveau des arts

Guernica / Ukraine de Jean Pierre Raynaud  Slava Ukraini

Sans titre – Ukraine dénonce par l’art les horreurs de la guerre

Lors de la Biennale de Venise en avril 2022, le Président ukrainien Volodymyr Zelensky, a exhorté les artistes du monde entier à  soutenir l’Ukraine. Les Éditions Jannink ont répondu à cet appel en demandant à l’artiste-plasticien, Jean Pierre Raynaud, de faire don à l’Ukraine d’une oeuvre inédite.
À l’instar de Guernica (1937) de Picasso, Jean Pierre Raynaud a repris les dimensions exactes (3,49 m x 7,76 m) de cette oeuvre emblématique. Comme la toile du peintre espagnol, les deux toiles monumentales étaient exposées à la foire d’art contemporain ST-ART à Strasbourg 2023, pour entamer une tournée d’exposition mondiale.

                      au micro Baudoin Jannink à droite Robert Becker

Après la Sorbonne à Paris, ST-ART à Strasbourg, la Ville de Schiltigheim, c’est le Conseil de l’Europe à Strasbourg  qui marque son soutien, à travers ce réseau international 1937 Guernica / Ukraine 2022 mis en place par Baudouin Jannink, initiateur de ce projet en collaboration avec  Robert Becker .

Le Conseil de l’Europe expose Guernica – Ukraine, l’oeuvre qui fait dialoguer le « Guernica » de Picasso et
le tableau de Jean-Pierre Raynaud  » Sans titre – Ukraine « .

L’inauguration a eu lieu le vendredi 23 février à 12h00 au Foyer du Comité des Ministres.

L’oeuvre de Jean Pierre Raynaud offerte à l’Ukraine le 24 février 2023 à la Sorbonne à Paris est présentée là, où le président Zelenski a demandé à l’Europe de soutenir son pays. Un livre d’art, Guernica / Ukraine (éd. Jannink), publié en édition limitée, explore l’histoire de ces deux projets artistiques, soulignant le lien entre le chef-d’œuvre de Picasso et l’œuvre conceptuelle de Jean Pierre Raynaud dont la radicalité tranche avec le tableau figuratif du maître espagnol.

Cette journée dédiée à l’Ukraine a commencé par une commémoration à 09h00 le matin sur le parvis du Conseil de l’Europe.

Tous les Représentants Permanents, l’Ambassadeur de l’Ukraine ainsi que M. l’Ambassadeur Pap NDIAYE pour la France, étaient conviés à cette journée spéciale Ukraine et au vernissage de « Guernica Ukraine » .

La Présidence du Liechtenstein a offert un vin d’honneur lors de ce vernissage à 12h00 au Foyer du Comité des Ministres où sont installées les œuvres.

L’évènement a donné lieu à l’édition d’un livre d’art, par les Editions Baudoin Jannink, en édition limitée. Livre dédié aux récits qui ont contribué à l’élaboration des 2 oeuvres. Oeuvre historique qui est tristement d’actualité.

éditions jannink

127, rue de la Glacière 75013 Paris

contact@editions-jannink.com

editions-jannink@noos.fr

01 45 89 14 02

29,5 x 29,5 cm (relié, couv. carton) ; 76 pages (ill.) ; 38 € TTC

Pour soutenir activement les Ukrainiens et ce projet, procurez-vous le livre Guernica / Ukraine. Les bénéfices des ventes leur seront reversés.

Guernica – Ukraine  sera visible au Conseil de l’Europe jusqu’au 22 mars 2024 avant d’autres étapes pour continuer à faire passer son message de Paix.

Otto Piene Chemins vers le paradis

 Au musée Tinguely de Bâle jusqu'au 12 mai 2024
Commissaires de l'exposition :
Dr. Sandra Beate Reimann et Dr. Lauren Elizabeth Hanson
Genres et époques

Otto Piene (1928-2014) visait avec son art des objectifs de grande envergure : non seulement il a littéralement étendu son champ artistique jusqu’au ciel en y faisant flotter son Sky Art et des projections médiatiques, mais ses œuvres se concevaient également comme des contributions à un monde plus harmonieux et durable. Dans sa structure thématique, l’exposition au Musée Tinguely Otto Piene. Chemins vers le paradis retrace les visions de l’artiste au fil des projets et cycles majeurs de son travail. Des réalisations de différents genres et époques dialoguent entre elles et notamment avec sa pratique constante du dessin. Hormis ses Rasterbilder, Rauchzeichnungen, Feuerbilder et ses sculptures lumineuses, l’exposition rassemble plus de 20 carnets de croquis de Piene qui permettent des lectures nouvelles et multiples de son art. Une attention particulière est portée à ses premières installations immersives, telles que

Lichtraum mit Monchengladbachwand (1963-2013) ou Anemones: An Air Aquarium (1976-2023), ainsi qu’à ses expériences innovantes avec la télévision et les intermédias (The Proliferation of the Sun, 1967; Black Gate Cologne, 1968, entre autres). Dix ans après la rétrospective inaugurée à Berlin en 2014 du vivant de l’artiste, cette grande exposition temporaire au Musée Tinguely remet pour la première fois son œuvre à l’honneur. L’exposition se tient à Bâle du 7 février au 12 mai 2024.

En 1961, Piene publie dans la revue ZERO 3 un article intitulé « Chemins vers le paradis » et qui commence par les mots suivants :

« Oui, je rêve d’un monde meilleur. Dois-je rêver d’un monde plus mauvais ? »

Cette contribution aux allures de manifeste signe l’approche constructive et résolument affirmative de Piene ainsi que sa foi sans limite dans le potentiel de l’art pour améliorer la société. L’exposition monographique du Musée Tinguely met l’accent sur le désir de Piene de créer un monde plus harmonieux, pacifique et durable.
S’alignant sur des motifs et des thèmes récurrents, l’exposition offre un nouveau regard sur l’art de Piene. La conception relie les deux périodes de son activité créatrice, qui ont souvent été considérées comme distinctes: d’abord, de 1957 à 1966, Zero à Dusseldorf, puis la phase de Piene au Center for Advanced Visual Studies (CAVS) du Massachusetts Institute of Technology (MIT), aux États- Unis. Ce faisant, il ressort clairement comment l’œuvre de Piene est passée – lors d’un nouveau départ après la Seconde Guerre mondiale – d’un art abstrait en quête de pureté à un art destiné à un large public et utilisant la technologie et les médias.

En plus des œuvres majeures et connues de Piene, Chemins vers le paradis en présente d’autres, rarement vues, et des documents inédits, devenant ainsi la première grande exposition dans un musée à considérer de plus près chez l’artiste la pratique constante du croquis et du dessin en lien avec la peinture, la sculpture, l’installation, la performance et les arts médiatiques. Les travaux et projets issus de ses séries et domaines les plus importants – Rasterbilder et Rauchzeichnungen, sculptures cinétiques, installations lumineuses, Sky Art, expérimentation avec la télévision et les intermédias, entre autres – communiquent ainsi entre eux et avec ses dessins.

Signification et conception

L’exposition montre la signification du dessin et de la conception, dans un sens à la fois étroit et plus large, au sein de l’œuvre de Piene, par-delà les frontières médiatiques – par exemple, lorsqu’il concevait des formes dans le ciel avec de la fumée et de la lumière ou même avec des sculptures gonflables. Piene dessinait avec les moyens traditionnellement destinés à cet usage


– comme ses carnets de croquis qu’il avait toujours à portée de main-, mais il a aussi expérimenté des technologies complètement nouvelles et innovantes à l’époque, comme les émissions de télévision, les projections de diapositives et même les lasers. La « conception» illustre également le potentiel que Piene attribuait à son art : contribuer au développement de la société, dépasser le clivage entre art et technologie, lutter contre les défaillances écologiques et, surtout, aider à un monde plus pacifique, uni à travers l’art. Avec son Sky Art, Piene a également conçu des projets politiques et symboliques concrets, comme le Olympischer Regenbogen (1972) ou la Black Stacks Helium Sculpture (1976), exemples d’art communautaire spécifiquement destiné à un public de masse et fermement contre l’exclusion élitiste du monde de l’art. L’exposition suit ainsi deux axes, celui des médias et celui du contenu, qui certes diffèrent mais sont en même temps étroitement liés l’un à l’autre.

Articulation

Par son articulation thématique, l’exposition nous guide à travers l’œuvre de Piene de la seconde moitié du xxe jusqu’au xxre siècle. Avec des présentations mêlant sculptures, peintures, dessins et documents d’archives (photographies et vidéos, documents), les grands domaines de l’artiste se révèlent au fil des différents médias et phases créatives. Reprenant l’intérêt prononcé de Piene pour la technologie et les nouveaux médias, l’exposition sera l’opportunité de découvrir les carnets de croquis au format numérique. Les techniques de présentation permettront d’illustrer la qualité cinétique et animée des carnets de l’artiste, qui apparaît au fur et à mesure de leur feuilletage, avec notamment ses expériences sur la répétition et l’infiltration de la couleur des feutres.

Chemins vers le paradis

Chemins vers le paradis déploie également dans plusieurs salles d’exposition des projections lumineuses ou des installations avec des structures gonflables, qui invitent le public à découvrir son art spatialement et physiquement. Les différents volets de l’exposition se déroulent dans une suite de onze salles dont la densité et l’atmosphère varient, allant de caissons plongés dans l’obscurité (Black Box) à des salles aérées et baignées de lumière. Les présentations dans les grandes salles blanches (White Cube) alternent avec des expériences immersives optiques, cinétiques et sculpturales, de type installation

 Fin des années 1960 et du début des années 1970

L’exposition porte tout particulièrement sur les œuvres de la fin des années 1960 et du début des années 1970, lorsque Piene passe de Zero au Sky Art et vit entre les États- Unis et l’Allemagne de l’Ouest. Citons ici surtout The Proliferation of the Sun (1967) et Fleurs du Mal (1969),

mais aussi son art médiatique avec Black Gate Cologne (1968), The Medium Is the Medium (1969) et Lichtspur im Haus der Sonne (1974). Des œuvres moins connues et des découvertes d’archives plus récentes seront également présentes. L’exposition donnera par ailleurs un souffle nouveau à plusieurs œuvres qui, depuis leur première présentation, n’ont pas été montrées pendant longtemps (par exemple Anemones: An Air Aquarium, Creative Time, New York, 1976-2023; Windsock Sculptures, MIT, 1969-1970). 

Cette exposition a été conçue de manière à souligner, en particulier de nos jours, toute la pertinence des stratégies pionnières de Piene qui cherchaient à combiner l’art avec la technologie et le potentiel public, social et environnemental de l’art. Chemins vers le paradis interroge sur ce que nous pouvons apprendre aujourd’hui de l’art visionnaire d‘Otto Piene. Au-delà de la critique à l’encontre d’un enthousiasme naïf pour la technologie ou d’un idéalisme romantique, l’exposition invite à redécouvrir son travail comme un outil qui élargirait notre imaginaire.

Informations pratiques

Musée Tinguely :
Adresse: Musée Tinguely I
Paul Sacher-Anlage 1  l 4002 Bâle

Heures d’ouverture :
mardi- dimanche 11h-18h, jeudi 11h-21h

Accès
Tram n° 2 jusqu’à WettsteinPlatz
puis bus 31 et38 arrêt musée Tinguely

Site Internet: www.tinguely.ch

Réseaux sociaux : @museumtinguely 1  #museumtinguely 1  #ottopiene

LACAN, L’EXPOSITION

Quand l’art rencontre la psychanalyse

Magritte

Au Centre Pompidou Metz jusqu'au 27 mai 2024
Galerie 2
Commissariat : Marie-Laure Bernadac et Bernard Marcadé, historiens
de l‘art, associés à Gérard Wajcman et Paz Corona, psychanalystes

LE PODCAST DU CENTRE POMPIDOU-METZ

Présentation

La pensée de Jacques Lacan est avec celles de Roland Barthes, Michel Foucault, Jacques Derrida et Gilles Deleuze, essentielle pour comprendre notre contemporanéité.
Or, si des hommages et des expositions ont déjà considéré la plupart de ces figures intellectuelles, la pensée de Lacan reste à ce jour, sur le plan muséal,
inexplorée, alors que ce dernier a entretenu une relation très forte avec les oeuvres d’art.
Lacan n’a-t-il pas déclaré dans un texte consacré à l’oeuvre de Marguerite Duras que « en sa matière, l’artiste toujours […]
précède [le psychanalyste] et qu’il n’a donc pas à faire le psychologue là où
l’artiste lui fraie la voie » (« Hommage fait à Marguerite Duras du Ravissement
de Lol V Stein » (1965), Autres écrits, Paris, Seuil, 2001).

Plus de 40 ans après la mort du psychanalyste, il apparaît en effet essentiel
d’envisager une exposition liée aux relations privilégiées de Lacan avec l’art, en mettant en résonance à la fois les oeuvres qu’il a lui-même indexées, les artistes qui lui ont rendu hommage, ainsi que les oeuvres modernes
et contemporaines qui peuvent faire écho aux grandes articulations conceptuelles de sa pensée.

Lacan ouvre un champ novateur qui s’inscrit au coeur de notre modernité et de notre actualité. On se débat aujourd’hui avec des problèmes de sexe, d’amour, d’identité, de genre, de pouvoir, de croyances ou d’incrédulité, autant de questions sur lesquelles le psychanalyste a apporté des repères précieux.

Le parcours est à voir et à expérimenter comme une traversée des notions spécifiquement lacaniennes.

Liste des artistes

Saâdane Afif, Jean-Michel Alberola, Francis Alÿs, Ghada Amer, Carl Andre, Art & Language, Hans Bellmer, Marianne Berenhaut, Julien Bismuth, Pierre Bismuth, Olivier Blanckart, Louise Bourgeois, Constantin Brancusi, Brassaï, Marcel Broodthaers, Claude Cahun, Sophie Calle, Mircea Cantor, Caravage, Jean-Baptiste Carhaix, Maurizio Cattelan, Jean-François Chabaud, Nina Childress, Gustave Courbet, Salvador Dalí, Gaëtan Gatian de Clérambault, Deborah De Robertis, Brice Dellsperger, Hélène Delprat, Wim Delvoye, Edi Dubien, Marcel Duchamp, Jean Dupuy, Éric Duyckaerts, Latifa Echakhch, Tracey Emin, Sammy Engramer, Leandro Erlich, Cerith Wyn Evans, Lucio Fontana, Dora García, Alberto Giacometti, Robert Gober, Pascal Goblot, Jean-
Luc Godard, Nan Goldin, Felix Gonzáles-Torres, Douglas Gordon, Raymond Hains, Camille Henrot, Gary Hill, Pierre Huyghe, Benoît Jacquot, Michel Journiac, Anish Kapoor, Mike Kelley, Anselm Kiefer, Sharon Kivland,
Joseph Kosuth, Arnaud Labelle-Rojoux, Suzanne Lafont, Suzy Lake, Laura Lamiel, Bertrand Lavier, Claude- Nicolas Ledoux, Jean-Jacques Lequeu, Olivier Leroi, Pascal Lièvre, Jacques Lizène, Lea Lublin, Ghérasim Luca,
Sarah Lucas, Urs Lüthi, René Magritte, Benoît Maire, Victor Man, Man Ray, Piero Manzoni, Maria Martins, André Masson, Nelly Maurel, Paul McCarthy, Clémentine Melois, Ana Mendieta, Mathieu Mercier, Annette
Messager, Miss.Tic, Pierre Molinier, François Morellet, Jean-Luc Moulène, Bruce Nauman, ORLAN, Jean- Michel Othoniel, Juan Perez Agirregoikoa, Francis Picabia, Pablo Picasso, Domenico Piola, Michelangelo
Pistoletto, Michel Powell, Jean-Charles de Quillacq, Carol Rama, Pablo Reinoso, Madeleine Roger-Lacan, François Rouan, Éléonore Saintaignan, Niki de Saint-Phalle, Carolee Schneemann, Martin Scorsese, Alain Séchas, Cindy Sherman, Mira Shor, Walter Swennen, Alina Szapocznikow, Agnès Thurnauer, Betty Tompkins, Rosemarie Trockel, Clovis Trouille, Tatiana Trouvé, Gavin Turk, Ida Tursic & Wilfried Mille, Valie Export, Diego Vélasquez, Jean-Luc Verna, Dominique-Vivant Denon, Andy Warhol, Martha Wilson, Peter Whitehead, Gil
Joseph Wolman, Wou-Ki Zao, Francisco de Zurbarán.

GRANDS AXES DE L’EXPOSITION

LE STADE DU MIROIR

Inaugurale et fondamentale, la théorie du stade du miroir, élaborée par Jacques Lacan en 1936, met au jour le rôle remarquable de l’image pour l’Homme et livre le secret de l’étrange amour qu’il voue à sa propre image. Cette expérience,
primordiale pour le développement psychique de l’enfant, engendre la prise de conscience de sa globalité, par son reflet.
Le stade du miroir révèle le drame intime que chacun doit traverser afin de s’identifier à lui-même, d’accéder à l’unité de son corps et de pouvoir dire
« Je ». Cette théorie est donc révélatrice de la question de l’identité, qui se constitue dans une aliénation, à l’image du Narcisse peint par Caravage
ou de la fameuse scène de Taxi Driver de Martin Scorsese.
Opaque ou effacé chez Marcel Broodthaers et chez Bertrand Lavier, scindé en deux chez Felix Gonzalez-Torres, métaphore du tableau chez Michelangelo Pistoletto, le miroir est au coeur de l’expérience analytique, comme l’incarne l’installation de Leandro Erlich.

LALANGUE

Jacques Lacan tient en 1955-1956 son séminaire intitulé Les Psychoses, au cours duquel il explique que « l’inconscient est structuré comme un langage », explication poursuivie lors de La Troisième. En 1971, il précise son point de vue en inventant le néologisme « lalangue », formulé à la faveur d’un lapsus, pour désigner une fonction du langage en prise avec ce qu’il qualifie de Réel. Autour d’une grande installation de Marcel Broodthaers reliant le « coup de dés » poétique de Stéphane Mallarmé à la pensée analytique de Lacan, les artistes fêtent les jeux de mots et d’esprit, déjà chers à Michel Leiris (François Morellet, Bruce Nauman, Jean Dupuy), la littéralité (René Magritte, Olivier Leroi), les lapsus, les jaculations sonores (Ghérasim Luca), le babil, voire la langue
des oiseaux avec la palissade de skis « rossignolesques » de Raymond Hains, artiste lacanien par excellence, comme en témoignent ses annotations des nombreux livres du psychanalyste.

LE NOM-DU-PÈRE

Cette notion est élaborée dans les années 1950 par Jacques Lacan comme signifiant de la fonction symbolique paternelle, pensée comme un semblant, une fiction. Le Nom-du-Père fait initialement référence à la tradition chrétienne, désignant un Père tout puissant, l’instance de la Loi et de l’interdit. Lacan va rompre avec cet ordre patriarcal, se faisant ainsi l’écho des
mutations sociales contemporaines, en différenciant le père réel et le père imaginaire. Ce terme peut aussi être compris comme le « Non du Père », père contre lequel se révolteront des artistes comme Louise Bourgeois, Niki de Saint Phalle, Camille Henrot, qui ont hérité du patronyme, et fonderont leur oeuvre
sur le meurtre ou sur la destruction du Père. Nina Childress, quant à elle, évoque la relation de la fille au Père, avec Film Freud. Avant elles, Hans Bellmer ou Claude Cahun avaient déjà mis à mal la figure paternelle. Enfin, Lacan opérera à la fin de sa vie un glissement sémantique du « Nom-du-Père » à la formule
« Les non-dupes errent », que reprend ironiquement Sophie Calle en voilant
« La mère veille ».

Maurizio Cattelan, Sans titre, 2007
Résine, vêtements, cheveux humains, tissu d’emballage,
bois, vis et ancre en bois, 235 × 137 × 47 cm
Milan, collection particulière
Courtesy de Maurizio Cattelan’s Archives

OBJET a

Invention cardinale de Jacques Lacan, l’objet a, qui dès la fin des années 1950 qualifie « l’objet cause du désir » en tant que manque, reste et chute, trouve de spectaculaires échos dans les arts moderne et contemporain. La liste que Marcel Duchamp dresse, en 1912, pour son « transformateur des petites énergies gaspillées » apparaît comme une préfiguration de cette notion.
Aux quatre objets emblématiques – le Sein, la Merde, la Voix et le Regard – s’ajoutent, par capillarité, la Chute, le Rien, le Corps morcelé, mais aussi le Phallus en tant qu’il est, pour Lacan, le signifiant du Manque. Dressés, anamorphosés, voilés et détumescents, les avatars phalliques de l’objet a sont légion dans les arts antique et renaissant (de la villa des Mystères aux
Ambassadeurs de Hans Holbein), mais aussi, singulièrement, dans l’art de notre temps. Au sein de cette galaxie, l’objet Regard occupe une place centrale, jusqu’à nous faire glisser vers le Trou, par lequel le regardeur peut scruter le corps de la femme dÉtant donnés, l’oeuvre ultime de Marcel Duchamp revisitée par Mathieu Mercier.

REGARD

Depuis l’Antiquité, la science et la philosophie n’ont cessé de
se poser la question : qu’est-ce que voir ? Lacan a parcouru
toutes les théories de la vision, des conditions de la vision
posées par Aristote aux théories ondulatoires et corpusculaires
de la lumière du XXe siècle, en passant par la perspective
géométrale de la Renaissance, l’optique de Johannes Kepler
et d’Isaac Newton ou La Dioptrique de René Descartes. C’est
finalement une parole du Christ dans l’Évangile de Matthieu
qui mène à tout éclairer : « Ils ont des yeux pour ne pas
voir. » Lacan s’interroge alors : « pour ne pas voir quoi ? »
si justement les choses les regardent. Renversement radical
et décisif, ce qui détermine foncièrement les sujets voyants
dans le visible, dit Lacan, c’est le regard, qui est au-dehors.
De Marcel Duchamp et René Magritte à Anish Kapoor,
d’Alberto Giacometti, Hans Bellmer à Lea Lublin et Mathieu
Mercier, les peintres, dessinateurs et sculpteurs brandissent
le regard comme objet non pas seulement dans l’art, mais
de l’art lui-même. Nous voyons les oeuvres, mais nous aussi
sommes regardés par les oeuvres.

Michael Powel 1960 Peeping Tom

L’ORIGINE DU MONDE

L’Origine du monde de Gustave Courbet a été acquise par Jacques Lacan et sa femme Sylvia en 1955. La même année, le psychanalyste commande à André Masson, beau-frère de Sylvia, ami du couple et de Georges Bataille, un cache sous la forme d’un mince panneau de bois peint coulissant, qui vient masquer ou qui révèle l’oeuvre de Courbet.

Devenue mythique, L’Origine du monde a fait l’objet de nombreuses interprétations de la part d’artistes femmes, qui ont soit pris le parti d’afficher plus ouvertement le sexe féminin, soit d’y ajouter, dans une démarche plus conceptuelle, des patronymes célèbres féminisés ou bien un visage.

LES MÉNINES

Au mois de mai 1966, lors de son séminaire XIII, consacré
à L’Objet de la psychanalyse, Jacques Lacan s’est employé
méticuleusement à analyser l’allégorie cardinale de la peinture
que constituent Les Ménines de Diego Vélasquez. Ce tableau
déjoue tous les codes de la perspective, mais, en tant que mise
en abîme du processus de la représentation, il se présente aussi
comme un écran qui cache autant qu’il donne à voir. Lacan
perçoit un « objet secret », dans la « brillante vêture » de l’infante doña Margarita Teresa, « personnage central, modèle préféré de Vélasquez, qui l’a peinte sept ou huit fois ». Sertie dans la robe de l’Infante, la fente est à la fois évidente et cachée, visible et invisible. Il n’est pas meilleure définition de l’objet a, l’oeuvre Les Ménines faisant appel aux registres du fantasme et de la pulsion scopique freudienne. La fente, cet « objet central », se référant à la théorie freudienne de la division du sujet (Spaltung), trouve,
selon Lacan, un écho visuel dans les lacérations des « Concetti spaziali » de Lucio Fontana.

LA FEMME

La formule lacanienne « La femme n’ex-siste pas » signifie qu’aucune définition universelle de la femme n’est possible.
Les femmes existent, incontestablement, mais sans qu’aucune catégorie ou article défini puisse les qualifier. Selon Lacan, elles sont plurielles, par essence, et leur existence ne peut être liée à aucun signifiant : « on la dit-femme, on la diffame » (Encore, Le Séminaire, Livre XX). Avec ce postulat, Lacan propose de déconstruire, par le langage, la vision normative qui prend racine dans
les structures patriarcales, en y opposant la multiplicité de la construction du féminin. Dans Ma collection de proverbes (1974) oeuvre contemporaine du séminaire Encore, que Lacan dédie à la jouissance féminine, Annette Messager se fait couturière en écrivant point par point les préjugés à l’encontre des femmes. Les corps féminins que Tracey Emin dessine et peint inlassablement
ne sont jamais fixés, pour leur part, dans une forme, du fait que « pas-tout » le féminin ne peut se dire, se montrer ou se peindre.

Jouissances

Pour Jacques Lacan, dire tout de la jouissance est impossible,
car elle est d’un autre ordre que le signifiant ; la parole
ne suffit pas à exprimer ce qui affecte le corps, elle rate
toujours son objet et, donc, elle se répète. La psychanalyse
lacanienne définit la jouissance comme étant au-delà du
plaisir et du désir. Selon Lacan, il existerait en effet deux types
de jouissance : l’une, phallique (attachée à l’acte sexuel, à
l’interdit, oedipienne) ; l’autre féminine (au-delà du phallus,
éprouvée dans le corps, dans le réel et dans l’imaginaire).
Les deux sexes y ont accès. Blow Job d’Andy Warhol tout
comme Arched Figure de Louise Bourgeois mettent ainsi en
évidence le fait que chez l’homme la jouissance peut très bien
se passer de la parole et que jouissance et amour ne sont
pas nécessairement liés. Dans son séminaire Encore, Lacan
commente la Transverbération de sainte Thérèse de Bernin, et
s’intéresse aux extases mystiques qui fascinent et parcourent
aussi la scène artistique contemporaine

Informations Pratiques

LE CENTRE POMPIDOU-METZ
1, parvis des Droits-de-l’Homme – 57000 Metz
+33 (0)3 87 15 39 39
contact@centrepompidou-metz.fr
centrepompidou-metz.fr
Centre Pompidou-Metz
@PompidouMetz
Pompidoumetz


HORAIRES D’OUVERTURE
Tous les jours, sauf le mardi et le 1er mai
01.11 > 31.03
LUN. | MER. |JEU. | VEN. | SAM. | DIM. : 10:00 – 18:00
01.04 > 31.10
LUN. | MER. |JEU. : 10:00 – 18:00
VEN. | SAM. | DIM. : 10:00 – 19:00

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Strasbourg 1560-1600. Le renouveau des arts

Les Chars des sept jours : détail

Musée de l’OEuvre Notre-Dame/ Arts du Moyen Âge
Du 2 février 2024 au 19 mai 2024
Commissariat : Cécile Dupeux, conservatrice en chef du Musée de l’OEuvre Notre-Dame
Présentation

À la fin du XVIe siècle, Strasbourg est un foyer artistique éminent, dont l’activité doit beaucoup à sa position géographique privilégiée au coeur de l’Europe. Cette période de réveil des arts après la baisse d’activité qui fait suite à la Réforme est mal connue, car une grande partie de la production a disparu ou s’est trouvée dispersée. L’exposition explore cette ultime saison de la Renaissance, marquée par la diffusion à travers tous les arts de la nouvelle grammaire ornementale inspirée des canons antiques et son adoption par les artistes de toutes spécialités.Il s’agit aussi d’une remise en contexte plus générale, qui permet d’évoquer aussi bien la production littéraire que le dynamisme du domaine éducatif et scientifique ou la production éditoriale.
L’apport le plus marquant est celui de deux personnalités artistiques de premier plan, à la fois dessinateurs, graveurs et peintres de décors muraux, qui introduisent à Strasbourg les jeux ornementaux du maniérisme :

– Tobias Stimmer (1539-1584), graveur prolifique venu de Schaffhouse, est aussi l’auteur des décors de la célèbre horloge astronomique monumentale de la cathédrale. Ses projets en grisaille sur toile pour les sculptures de l’horloge (vers 1571), récemment restaurés, sont présentés pour la première fois au public.
– Dans une veine plus fantastique, les planches des trois volumes de l’Architectura de Wendel Dietterlin (1551-1599), également connu pour la production de nombreuses peintures murales, étonnent par leur verve exubérante et leur surcharge décorative et garderont de l’influence jusqu’à l’époque baroque.

Tobias Stimmer, Les Chars des sept jours : détail avec Jupiter (jeudi),
projet pour les sculptures de l’horloge, détrempe sur toile, vers 1571.
Musées de la Ville de Strasbourg. Photo : M. Bertola / Musées de la Ville de Strasbourg

Cette exposition est accueillie au sein même du musée, dont une partie des bâtiments date de la même époque. Elle permet également de mettre en valeur de nombreux éléments sculptés et architecturaux intégrés au parcours permanent, selon un dialogue imaginé déjà par le créateur du musée Hans Haug.
L’exposition met en lumière les exceptionnelles toiles peintes en grisaille par Tobias Stimmer, projets pour les sculptures de l’horloge astronomique, restaurées grâce au mécénat du Fonds de dotation du Docteur et de Madame Léon Crivain, ainsi que la salle des administrateurs de l’OEuvre Notre-Dame, dont les magnifiques boiseries viennent d’être restaurées grâce au mécénat de la Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg (SAAMS) et du Crédit Mutuel.

Points forts de l’exposition

Un foyer de rayonnement intellectuel et culturel

À la fin du XVIe siècle, Strasbourg continue à s’affirmer comme l’un des grands centres européens de l’imprimerie et à jouer un rôle important dans la diffusion des idées. La maison d’édition de Bernard Jobin et celle de la famille Rihel publient chacune près de trois cent titres. Leur collaboration avec Tobias Stimmer produit des chefs-d’oeuvre.

                                            Grisaille

L’illustration des livres imprimés renoue également avec la vitalité qui fit la gloire de Strasbourg à la fin du Moyen Age.
L’exposition évoque l’importance du livre à Strasbourg à la fin du XVIe siècle à travers une trentaine d’ouvrages parmi les plus importants produits de la période. Sont présentés en particulier plusieurs ouvrages et pamphlets de Fischart, auteur en 1575 de l’adaptation allemande de Rabelais qu’il égale en verve et en anticléricalisme, l’Architectura de Wendel Dietterlin, l’Architectura de Specklin, le Volumen primum mathematicum de Dasypodius, l’Histoire du règne de Charles Quint de Sleidan …

             Salle d’interprétation des dessins d’architecture de la cathédrale
             Crédit photo : Musées de la Ville de Strasbourg / M. Bertola

Réputées pour leur modération, les autorités protestantes poursuivent leur tradition d’accueil des immigrés et dissidents des guerres de religion. Ce mouvement s’intensifie dans la seconde moitié du siècle, en particulier après les massacres de la Saint-Barthélemy le 24 août 1572, où de nombreux protestants français et flamands viennent se réfugier à Strasbourg. L’ornemaniste et graveur réformé français Étienne Delaune réalisa ainsi quatre séjours à Strasbourg entre 1573 et 1580. Le graveur Theodor de Bry (Dietrich Breÿ), de Liège, et ses deux fils trouvèrent refuge à Strasbourg pour les mêmes raisons confessionnelles. Les réalisations de ces artistes de passage, dont l’exposition donne un aperçu, permirent une régénération du milieu artistique.

Tobias Stimmer et Wendel Dietterlin

Les deux artistes les plus importants exerçant à Strasbourg à partir de 1570, Tobias Stimmer (Schaffhouse 1539 – Strasbourg 1584) et Wendel Dietterlin (Pfullendorf 1551 – Strasbourg 1599), ne sont pas originaires de la ville et sont nourris d’influences très diverses provenant d’Italie, de l’École de Fontainebleau ou des Pays-Bas. Tous deux sont peintres aussi bien que dessinateurs et produisent des modèles pour des graveurs. Ils ont été à l’origine d’un renouvellement des pratiques artistiques dans la ville.
Le peintre suisse Tobias Stimmer est appelé à Strasbourg pour réaliser le décor du buffet de l’horloge astronomique de la cathédrale. Il est alors un artiste réputé, en particulier pour les spectaculaires décors de façade réalisés à Schaffhouse et à Bâle ainsi que pour ses gravures. Formé en Suisse et marqué par l’art italien, ce célèbre peintre, dessinateur et graveur est également connu comme décorateur et dessinateur de vitraux. Il s’agit de l’un des principaux représentants du maniérisme ornemental dans les pays germaniques.
La commande qui lui est passée pour l’horloge astronomique concerne la direction artistique de l’ensemble, c’est-à-dire le décor peint de l’imposant buffet et de certains indicateurs astronomiques (globe, cadrans…), mais aussi la production de projets peints pour la réalisation des sculptures. L’exposition est l’occasion de redécouvrir après restauration les dix spectaculaires projets peints en grisaille sur toile pour ces sculptures. De nombreuses gravures et dessins de sa main sont également rassemblés afin de proposer un panorama de la production de l’artiste à Strasbourg.
Wendel Dietterlin est surtout connu à son époque pour la production de peintures murales et de panneaux (il se désigne lui-même comme « Maler von Strassburg »). Mais la postérité a essentiellement retenu de lui les nombreuses gravures (209 planches) et les variations fantastiques de son traité d’architecture Architectura, publié à Stuttgart et Strasbourg en 1593-94, qui sera réédité à de nombreuses reprises jusqu’au XIXe siècle. Ce traité apporte une contribution 

                   Tobias Stimmer, Les quatre Âges de la vie : l’Enfance, projet pour les            sculptures de l’horloge, détrempe sur toile, vers 1571, 72 x 42 cm.
Musées de la Ville de Strasbourg. Photo : M. Bertola

significative à l’ornementation maniériste. Il trouvera un écho dans le domaine des arts décoratifs, en particulier dans l’ébénisterie ou la menuiserie

                                                              Architectura

Restauration de la salle des administrateurs et des grisailles de Stimmer

La salle des Administrateurs, au 1er étage de l’aile Renaissance, est l’une des deux salles historiques conservées de la maison de l’OEuvre Notre-Dame. Ses boiseries marquetées, attribuées à Veit Eck, vers 1582, uniques en Alsace et remarquables par leur style Renaissance très pur et leur qualité d’exécution, ont enfin retrouvé leur lisibilité.
Couvrant l’ensemble des murs et du plafond, elles se distinguent par l’emploi savant de différentes essences de bois, jusqu’ici occultées par un fort encrassement. La restauration menée par Antoine Stroesser, restaurateur de mobilier, assisté de Thomas Flicker, d’avril à juillet 2023, a permis de redécouvrir toutes les nuances des quelques 11 essences identifiées. Le nettoyage s’est voulu respectueux des traces d’outils et des vestiges de vernis du 16e siècle.
Les nombreux soulèvements et fentes du placage ont été recollés, et quelques éléments décoratifs, perdus, restitués à l’identique. Enfin, une réintégration des parties restaurées et une mise en cire ont permis d’harmoniser l’ensemble. L’intervention a également permis de réévaluer l’authenticité de la salle.
La restauration des boiseries de la salle des administrateurs a été rendue possible grâce au mécénat de la Société des Amis des Arts et des Musées de Strasbourg (SAAMS) et du Crédit Mutuel.

La restauration des exceptionnelles grisailles de Tobias Stimmer

L’ensemble de dix esquisses sur toile commandé à Tobias Stimmer pour les sculptures de l’horloge astronomique de la cathédrale revêt une importance particulière en raison de la rareté de ce type de projets, généralement non conservés, et de la disparition d’une grande partie de la production peinte de l’artiste.
Cet ensemble conservé jusqu’alors dans les réserves des musées de Strasbourg vient d’être restauré et se trouve rassemblé dans l’exposition. Il s’agit des projets pour une partie des figurines automates de l’horloge sur le thème des Planètes et des Âges de la vie. À l’étage supérieur de l’horloge, les Âges de la vie défilent devant la Mort en sonnant les quarts-d ‘heure, et le Christ sonne les heures au registre supérieur; à l’étage inférieur les chars des sept dieux des planètes correspondant aux jours de la semaine se succèdent. Les esquisses concernent également quelques figures indépendantes : deux angelots et deux amours placés de part et d’autre du cadran des minutes, et Apollon et Diane à gauche et à droite du cadran du calendrier civil.
Les dix peintures de tailles variables sont réalisées selon la technique de la grisaille, en camaïeu utilisant plusieurs niveaux de gris, depuis le blanc jusqu’au noir. La technique est celle de la détrempe à la colle sur toile. Le geste de l’artiste est rapide mais très précis, afin de guider au mieux le sculpteur. Plusieurs des figures sculptées exécutées d’après ces projets ont également été restaurées et sont présentées dans l’exposition.
La campagne de restauration a été réalisée par le groupement Art Partenaire, sous la direction de Janin Bechstedt, avec Dorine Dié, Eve Froidevaux et Amalia Ramanankirahina.
La restauration de l’ensemble des Chars des planètes a été rendue possible grâce au Fonds de dotation du Docteur et de Madame Léon Crivain.

            Salle de la loge

Informations pratiques

Musée de l’OEuvre Notre-Dame
3, place du Château, Strasbourg
Tél. : +33 (0)3 68 98 50 00
Horaires : en semaine – sauf le mardi – de 10h à 13h et de 14h à 18h, les samedis et dimanches de 10h à 18h
Tél. : +33 (0)3 68 98 50 00

Accès et services

  • Bus 14 et 24 – arrêt Ancienne Douane
  • Tram A ou D – arrêt Langstross – Grand’Rue

Retrouvez la Programmation culturelle et éducative ici

Sommaire du mois de janvier 2024

Centre Pompidou Metz

29 janvier 2024 : Jeff Wall
28 janvier 2024 : La Quinzaine de la Danse
17 janvier 2024 :  Guernica / Ukraine de Jean Pierre Raynaud à Schiltigheim
15 janvier 2024 :  VAN GOGH à Auvers-sur-Oise
7  janvier 2024   : Picasso. Dessiner à l’infini
5  janvier 2024  :  Les trois Rois Mages