Hommage à l’artiste Rebecca Horn

Héritière du surréalisme, célébrée depuis plus de quarante pour ces performances et ses sculptures corporelles, l’artiste allemande Rebecca Horn est décédé à l’âge de 80 ans. En 2019, une double exposition au Centre Pompidou-Metz et au musée Tinguely de Bâle rendait hommage à son œuvre protéiforme, à la fois violente et poétique. J’avais eu la chance de voir les 2 expositions, dont vous pouvez retrouver un résumé sur mon blog.

« Mes performances ont commencé par des sculptures corporelles. Tous les mouvements de départ étaient les mouvements de mon corps et de ses extensions. »
Rebecca Horn

Elle avait fait du corps la matière première de son art. L’artiste allemande, performeuse et plasticienne Rebecca Horn, née en 1944, est décédée le 6 septembre à l’âge de 80 ans dans sa résidence de Bad König, en Allemagne, où elle avait installé sa fondation. Profondément influencée par le dadaïsme et le surréalisme, l’univers du cinéma et des automates, elle était célébrée internationalement depuis plus de quarante ans pour ses performances et ses sculptures hybrides où le vivant et l’inerte, le corps et la machine, se mêlent en de singulières métamorphoses.

Les artistes lauréats du « Nobel des arts » 2024

Mardi 10 septembre, les lauréats de la 35e édition du Praemium Imperiale ont été révélés. Sophie Calle, Doris Salcedo et Shigeru Ban ont été récompensés par le prestigieux prix.
C’est au Musée national Picasso-Paris (IIIe arrondissement),  que s’est déroulée la cérémonie d’annonce des lauréats de la 35e édition du Praemium Imperiale, considéré comme le prix Nobel des arts.

Les récipiendaires

Sophie Calle (France) a été choisie pour la catégorie Peinture.
Doris Salcedo (Colombie) s’illustre dans la catégorie Sculpture.
Shigeru Ban (Japon),
Maria João Pires (Portugal/Suisse) et Ang Lee (Taïwan) ont respectivement remporté les catégories Architecture, Musique et Théâtre-Cinéma.
Enfin, le Prix d’encouragement pour les jeunes artistes a été remis au Komunitas Salihara Arts Center (Indonésie).

Le prix

Chaque lauréat reçoit la somme de 15 millions de yens (soit environ 88 000 euros), un diplôme et une médaille remis à Tokyo le 19 novembre 2024 par son Altesse Impériale le prince Hitachi, oncle de l’empereur Naruhito du Japon et parrain d’honneur de la Japan Art Association, la plus ancienne fondation culturelle du Japon. La liste des artistes en lice est élaborée par six comités internationaux. Puis, un jury japonais procède à la sélection finale.
À ce jour, 175 artistes (dont 24 Français) ont été distingués. Parmi les précédents lauréats, on retrouve notamment Niki de Saint Phalle, Norman Foster, Frank Ghery, Pierre Soulages, David Hockney ou encore Olafur Eliasson et Robert Wilson.


Sophie Calle

                                                Portrait © Yves Géant

Sophie Calle a remporté la catégorie Peinture. Artiste conceptuelle, photographe et vidéaste, elle associe le texte à la photographie dans ses œuvres.
« Elle brouille dans ses rituels les frontières entre l’intime et le public, la réalité et la fiction, l’art et la vie, tout en laissant la place au hasard »
explique le Praemium Imperiale.
Montrée dans de nombreuses expositions à travers le monde, Sophie Calle a dernièrement présenté « Les fantômes d’Orsay » au musée d’Orsay en 2022,
« À toi de faire ma Mignonne » au Musée Picasso-Paris en 2023 ou encore
« Finir en beauté » aux Rencontres de la photographie d’Arles cet été.

Shigeru Ban 

Lauréat de la catégorie Architecture, Shigeru Ban est quant à lui connu pour son utilisation de matériaux nouveaux et conceptions originales. En France, il est notamment à l’origine duCentre Pompidou-Metz (2010),  édifice emblématique de la capitale mosellane et de La Seine Musicale(2017) à Boulogne-Billancourt, à l‘acoustique qualifiée de remarquable, qui peut accueillir 1.150 personnes.

Doris Salcedo 

 Doris Salcedo est la première Colombienne à recevoir le Praemium Imperiale. L’artiste multimédia réalise des installations et interventions in situ qui explorent les thèmes de la violence, de la perte, de la mémoire et de la douleur en utilisant des matériaux familiers du quotidien comme des meubles en bois, vêtements ou pétales de fleurs qu’elle transforme.
« Proche de la sensibilité de Joseph Beuys, son art cherche à agir sur la société », ( Liliana Padilla) , dans le Dictionnaire universel des créatrices. En 2023, les fidèles de la Fondation Beyeler ont pu voir  sa première grande exposition personnelle dans un musée en Suisse, que la fondation lui avait consacrée.

Sources : différents magazines d’art et culture, infos, actualité, internet

Le monde de l’art au Japon

Je laisse la parole à Frédéric Weigel:

Frédéric rencontré il y a quelques 15 ans à la FEW, fête de l’eau à Wattwiller

Je vis au Japon depuis une quinzaine d’années. J’y ai construit un petit centre d’art indépendant du nom de « Palais des paris » dans une ville en périphérie de Tokyo. Je me suis rendu compte qu’il était difficile de transmettre les particularités de certains phénomènes sociaux, que ce soit depuis l’Europe vers le Japon ou inversement, sans transformer grandement leurs significations. Représenter la réalité dans une culture éloignée n’est pas chose aisée. Et quand il s’agit de parler de phénomènes appartenant à un monde très opaque, comme celui de l’art contemporain, c’est encore plus difficile de communiquer une analyse qui soit vraisemblable. Quand on aborde les questions de l’art, un abîme d’interrogations s’ouvre entre ce qui serait équivalent et ce qui serait différent.

La vidéo

J’ai produit cette vidéo pour tenter de transmettre ce qui me semble être représentatif de la réalité du monde de l’art contemporain japonais que je fréquente, cela sous le biais de son existence dans l’espace public. Cette vidéo débute par ces mots :

« Quand je raconte à quoi ressemble le monde de l’art japonais auprès d’interlocuteurs européens, ils ne me croient qu’à moitié. Souvent, l’on pense que j’exagère ou que mon témoignage est trop restreint ».

Après un avant-propos mettant en exergue quelques préalables portant sur les possibilités du jugement d’un événement d’art au Japon ou à l’international, je présente 3 contextes.

Ces trois exemples se situent dans des villes de la région de Gunma dans laquelle je vis : Takasaki, Maebashi, Nakanojo. Ces différentes municipalités forment une zone urbaine d’environ un million d’habitants. Plus précisément, ces contextes qui ont été filmés en 2023 sont :
Art Projet Takasaki (APT), musée Arts Maebashi, Hotel Shiroya, Maebashi Galleria, biennale de Nakanokjo.
Les images du début et de la fin proviennent du phare de Kadowaki et de la côte Jogasaki dans la région d’Izu.

Informations pratiques

Frédéric Weigel
« Palais des paris »
Independent Art Center in Japan, Takasaki.
Résidence d’artiste.
パレ・デ・パリ – アーティスト・イン・レジデンス – 高崎 – 北高崎

Liens
pour le palais des paris :
http://palaisdesparis.org/

instagram :
https://www.instagram.com/palaisdesparis/

Chaîne Youtube :
https://www.youtube.com/@japon-critique

Anri Sala – Au milieu des maîtres anciens

DERNIERS JOURS !
Jusqu'au 15.9.2024, Kunstmuseum Basel | Bâtiment principal
Commissaire de l'exposition : Dr Bodo Brinkmann

La Fondation Emanuel Hoffmann a le plaisir d’annoncer que les fresques de l’artiste Anri Sala (*1974, Tirana, Albanie), récemment acquises pour la collection, sont présentées au département des maîtres anciens du Kunstmuseum de Bâle du 30 avril au 15 septembre 2024.

Sont exposées six fresques réalisées en 2023. Sala y fait revivre l’art historique de la peinture en plein air, en relation avec des réflexions sur la temporalité et la narration, thèmes essentiels de son œuvre.
La technique de la fresque a été perfectionnée par les maîtres italiens de la Renaissance, notamment Ghirlandaio, Raphaël et Michel-Ange. Anri Sala s’est intéressé à la peinture à fresque alors qu’il était encore étudiant à Tirana, sa ville natale. Il a toujours été fasciné par le temps limité de cette technique, en particulier en ce qui concerne son travail sur des supports temporels. Une fresque est réalisée en sections appelées « giornata », car chaque section doit être réalisée en une seule journée, ce qui nécessite une planification extrêmement minutieuse. Le travail se compose de deux étapes principales : d’abord, l’œuvre est dessinée en contours sur une couche de plâtre humide appelée « arriccio », puis une autre fine couche de plâtre, l’« intonaco », est appliquée pour la peinture elle-même. Les pigments ne peuvent être appliqués que tant que le plâtre est encore humide, ce qui permet aux pigments et au plâtre de se lier pendant le processus de séchage. Il n’est plus possible de modifier la surface une fois qu’elle est sèche.

Deux des six fresques exposées au Kunstmuseum appartiennent à la série Legenda Aurea Inversa . Le titre de Sala fait référence à une œuvre aux proportions gigantesques : La Légende de la Vraie Croix, un cycle du milieu du XVe siècle peint par Piero della Francesca dans la basilique San Francesco d’Arezzo. Cette importante fresque lui sert de point de départ : il sélectionne des sections, les fixe comme avec le viseur d’un appareil photo, puis les modifie considérablement. Dans les deux tableaux, il inverse les couleurs comme un négatif photographique. « Je prépare à l’avance ce qu’aurait été le négatif de l’image si la fresque de Piero della Francesca avait été une photographie en couleur. »

Les quatre fresques restantes sont issues de la série Surface to Air . La superposition typique de la peinture à fresque y est particulièrement visible. Les œuvres sont basées sur des photographies de nuages que Sala a prises depuis un avion. Il précise l’ambiance lumineuse en indiquant l’heure de la journée dans des sous-titres tels que Matin ou Après-midi .

Sala a intégré dans les deux séries des éléments en marbre, qui dépassent du plan pictural ou s’y intègrent parfaitement. Leur fonction est double : d’une part, ils prolongent le tableau et, d’autre part, ils constituent une charnière entre différentes époques dans la mesure où ils complètent des parties manquantes, comme celles que l’on trouve dans les peintures murales historiques. « Soudain, il y a cette dimension du temps qui m’intéresse beaucoup, lorsque les fragments de marbre insérés représentent ce qui aurait pu être les parties manquantes d’une ancienne fresque. »

Les fresques pourraient être interprétées comme un prolongement des réflexions d’Anri Sala sur la temporalité et la narration. Ces deux thèmes sont au cœur de ces nouvelles œuvres ainsi que de ses installations vidéo et sonores à grande échelle.

La Fondation Emanuel Hoffmann s’intéresse à l’art d’Anri Sala depuis sa première acquisition en 2004. Les fresques des séries Legenda Aurea Inversa et Surface to Air ont été acquises en 2023. Outre les six fresques, la Fondation conserve quatre dessins et trois grandes installations vidéo et sonores.

Biographie

Anri Sala (né en 1974, Tirana, Albanie) s’est jusqu’à présent surtout distingué
dans les domaines de la vidéo, de la photographie et de l’installation. Dans
nombre de ses oeuvres, les perturbations et les ruptures dans le langage,
le temps et la musique sont des moyens d’interroger les histoires et les
compositions. Basés sur le temps, ses récits se développent à partir d’un
réseau dense de relations entre l’image, l’espace et le son.
Après des études à l’Académie nationale des arts de Tirana, Sala a étudié
l’art vidéo à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris de
1996 à 1998 et la réalisation de films au Fresnoy – Studio national des arts
contemporains à Tourcoing, dans le nord de la France, de 1998 à 2000.
Sala fait partie de la génération d’artistes qui ont vécu l’effondrement du
communisme et qui thématisent leur expérience de ce changement politique
et culturel dans leurs travaux. Avec son travail vidéo « Intervista » (1998)
dans le cadre de l’exposition « Voilà, le monde dans la tête » au Musée d’Art
Moderne de la Ville de Paris, l’artiste a attiré l’attention du monde entier.
En 2004, les Deichtorhallen Hamburg et le MAMVP lui ont consacré
l’exposition monographique « Entre chien et loup ». Depuis, son travail a été
présenté dans des expositions solo à la Serpentine Gallery, Londres (2011) ;
Centre Pompidou, Paris (2012) ; Haus der Kunst, Munich (2014) ;
New Museum, New York (2016) ; Museo Tamayo, Mexico City (2017) ; Castello di
Rivoli Museo d’Arte Contemporanea, Turin (2019) ; Mudam, Luxembourg (2019) ;
Centro Botìn, Santander (2019) ; Buffalo Bayou Park Cistern, Houston (2021) ;
Kunsthaus Bregenz (2021) ou Bourse de Commerce, Paris (2023). En 2001,
Sala a reçu le Young Artist Prize de la Biennale de Venise, où il a représenté
la France en 2013. En 2014, il a reçu le Vincent van Gogh Biennial Award
for Contemporary Art in Europe.
En 2023, les six fresques exposées ici sont entrées dans la collection de la
Fondation Emanuel Hoffmann de Bâle. Depuis 2004, celle-ci s’intéresse au
travail d’Anri Sala et procède à des achats. En plus des fresques, elle possède
quatre dessins et trois installations vidéo et sonores qui occupent toute
une pièce.
Sala vit et travaille à Berlin.

Informations pratiques
Lu fermé
Ma 10h00–18h00
Me 10h00–20h00
Je–Di 10h00–18h00
 
Depuis la gare SBB tram n° 2, arrêt Kuntzmuseum

Vuitton La Collection RDV avec le Sport

Installation mit Kajaks » de Roman Signer

Un choix d’oeuvres de la collection est exposé à l’occasion du passage de la flamme olympique à la Fondation Vuitton.
Sont ainsi réunis de la galerie 9 à la galerie 11 les travaux de 6 artistes internationaux.
Dans leur polyphonie, ils proposent un regard poétique et décalé autour de la thématique du sport.

Des kayaks à la Fondation ?

Roman Signer s’approprie des objets du quotidien en les mettant en scène dans des installations ou des performances.
« Installation mit Kajaks » met en valeur le kayak.

Habituellement synonyme de mouvement et de vitesse, l’embarcation suspendue au plafond est ici privée de toute utilité, mais acquiert alors un statut de sculpture qui la magnifie.

 Blandine Pont, judokate classée 5e aux Championnats du Monde de Judo 2023 et vice-championne d’Europe lors des Championnats d’Europe de Judo 2024, partage avec nous son coup de cœur de l’exposition « La Collection, Rendez-vous avec le sport« , « Installation mit Kajaks » de Roman Signer.

Une nature grandiose

Dans « Engadin« , Andreas Gursky photographie les montagnes suisses sous un ciel bleu intense. Une fine ligne de skieurs représente la présence humaine, qui paraît insignifiante face à la puissance de la nature, n’existant que par sa détermination à la défier.

Marcher sur les nuages avec Abraham Poincheval

Marie Patouillet, médaillé d’or olympique aux JOP Paris 2024, cycliste médaillée paralympique à Tokyo en 2021 et détentrice de médailles d’or et d’argent aux derniers Championnats du Monde, partage avec nous son coup de cœur de l’exposition « Walk on Clouds » (2019) de Abraham Poincheval.

L’artiste  Abraham A.Poincheval, exposé à la Fondation dans le cadre de l’exposition « La Collection, Rendez-vous avec le sport« , présente son film « Walk on Clouds« , dévoile ses sources d’inspiration et explique ses méthodes de travail. La spectaculaire installation Walk on Clouds, 2019 [Marche sur les nuages, 2019], d’Abraham Poincheval montre, en Galerie 9, l’artiste arpentant la canopée des nuages. Suspendu dans le vide, il apparaît soutenu par une montgolfière munie de drones permettant de le filmer. Le film projeté résulte de cette performance. Celle-ci a exigé de l’artiste un engagement total de l’esprit et du corps, et une prise de risque telle que cette déambulation semble relever autant d’un rêve que d’un exploit sportif.

Olympic Rings

Le prêt de « Olympic Rings« , œuvre marquante de l’exposition « Basquiat x Warhol, à quatre mains », montrée en 2023 à la Fondation, a été exceptionnellement prolongé pour l’exposition.
En 1985, Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol détournent l’emblème officiel des Jeux dans la toile « Olympic Rings« . Warhol les utilise comme motif en ne respectant jamais l’ordre des couleurs d’origine et Basquiat impose un visage noir au centre de la composition.

Dans cette toile de 1983, Basquiat représente un combat de boxe marquant du XXe siècle : la défaite du boxeur afro-américain Joe Louis face à Max Schmeling, représentant de l’Allemagne nazie. Les combattants apparaissent dans la partie supérieure du tableau.

Dans le tiers inférieur, leurs noms répétés entourent un crâne qui se trouve au dessus du mot « crown », couronne d’une victoire politiquement sinistre.

Photographie de sport ou photographie d’histoire ?

La série de photographies “Diaspora” de Omar Victor Diop se déploie comme une galerie de portraits de figures africaines historiques que viennent détourner des accessoires de sports inattendus.

L’apparence codifiée de ces personnages historiques est alors perturbée par un ballon, un gant de football ou bien un carton rouge.

Informations pratiques

Fondation Louis Vuitton 
8, Avenue du Mahatma Gandhi Bois de Boulogne, 75116 Paris

dimanche
10h – 20h
Derniers accès 30 minutes avant la fermeture.

Lundi
11h – 20h
Mardi
Fermé

Accès
Métro
Ligne 1 Station Les sablons (950m)

Navette
Toutes les 20 minutes environ durant les horaires d’ouverture de la Fondation
Sortie n°2 de la station Charles de Gaulle Étoile
– 44 avenue de Friedland 75008 Paris





Sommaire du mois d’août 2024

25 août 2024 : Oro Verde
19 août 2024 : Hommage à Raymond Waydelich
15 août 2024 : Le 15 août : de l’Assomption de la Vierge à Napoléon
10 août 2024 : Disparition de Raymond Waydelich
07 août 2024 : Chefs d’oeuvre de la collection Torlonia
05 août 2024 : SECONDARY Matthew Barney

Oro Verde

Ritual Inhabitual (Florencia Grisanti et Tito Gonzalez García)
commissariat Sergio Valenzuela Escobedo
coproduction La Filature, Scène nationale de Mulhouse ; Photoforum Pasquart ; Biennale de la Photographie de Mulhouse · avec le soutien du Centre national
des arts plastiques (CNAP) ; du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) ; de l’Institut Français de l’Amérique Latine ; du Musée de l’Homme ; du Centro de estudios mexicanos y centroamericanos, Mexique (CEMCA) ; du musée du Quai Branly – Jacques Chirac ; de la Société des Amis du Musée de l’Homme, Paris (SAMNH) ; de la Société des amis du Muséum national d’Histoire naturelle et du Jardin des Plantes ; de Tamara Films.
retrouvez cette exposition sur lafilature.org

Oro Verde est un mytho-documentaire qui retrace l’histoire de la révolution du peuple Purhépecha dans la région centrale de l’État du Michoacán au Mexique. Basé sur la revendication d’autodétermination des peuples indigènes qui placent la protection de l’environnement au centre de leur organisation politique, Ritual Inhabitual a élaboré un récit de la révolte en se concentrant sur un rituel que les Purhépecha entretiennent avec les abeilles sauvages des forêts qu’ils·elles protègent.

L’origine

Oro Verde est le nom donné par les Mexicain·es au marché de l’avocat qui est en partie aux mains d’organisations criminelles dans l’État de Michoacán, et dont la production intensive a causé d’importants dommages environnementaux dans cet État. En 2011, une révolte sociale initiée par les femmes de la communauté Puréhpechas dans le village de Cherán, réussit à expulser les narcotrafiquant·es, les partis politiques et les forces de l’ordre
municipale. Depuis, les villageois·es ont fondé une communauté autonome qui place la protection de l’environnement au centre
de leur organisation politique.

Le projet Oro Verde veut restituer à la révolution des Puréhpechas de Cherán un élément de l’imaginaire à travers une enquête photographique alliant documentaire et fiction. Mêlant à leur propre interprétation artistique, esthétique documentaire, mythologie locale, les artistes créent trois personnages fictifs en collaboration avec des sculpteur·rices locaux·ales,
qui deviennent les sujets de scènes symbolisant des événements passés de Cherán. Depuis 2020, ils·elles ont réalisé trois voyages de plusieurs mois dans le village de Cherán pour mener
leurs recherches, rassembler la documentation et commencer le travail avec les membres de la communauté. Le Prix pour la Photographie 2022 leur permettra de poursuivre ce travail à Cherán, et de réfléchir plus particulièrement sur la représentation photographique du rituel.

Ritual Inhabitual

Basé·es à Paris et d’origine chilienne, Florencia Grisanti et Tito Gonzalez García fondent le Collectif Ritual Inhabitual en 2013. En recourant à différents
formats et dispositifs, leurs projets proposent une réflexion sur la place du rituel dans le monde contemporain.
Ils·elles font émerger dans leurs récits des formes de représentation de la nature, qui deviennent langage et territoire pour différentes communautés humaines au centre de conflits environnementaux.

Leurs oeuvres ont été acquises par le Fonds d’art contemporain de Seine-Saint-Denis en France, la Fondation Rothschild en Suisse et des collections privées
en Amérique du Sud. En 2021, le projet Oro Verde a été lauréat du fonds de soutien à la photographie documentaire du Centre national des Arts Plastiques
(CNAP). Ils·elles sont finalistes du LUMA Rencontres Dummy Book Award. Leur précédent travail Forêts Géométriques, luttes en territoire Mapuche a été présenté aux Rencontres d’Arles en 2022 et a fait l’objet d’une publication aux éditions Actes Sud.
www.ritualinhabitual.com

Sergio Valenzuela Escobedo

Né en 1983 à Santiago, vit et travaille entre Arles et Londres. Il est artiste chercheur et éditeur, mais aussi docteur en photographie de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles.
Après un an à l’École nationale d’art de Johannesburg (NSA), il obtient son diplôme en photographie au Chili et termine son master en beaux-arts à la Villa Arson à Nice. Il est le commissaire des expositions Mapuche
au Musée de l’Homme à Paris et Monsanto: A photographic investigation aux Rencontres d’Arles. Tuteur invité dans différentes écoles et institutions (Parsons Paris, l’ISSP et Atelier Noua), il est aussi collaborateur de

« 1000words » et cofondateur de « doubledummy »,
plateforme de réflexion critique autour de la photographie documentaire.

Biennale BPM

Biennale de la Photographie de Mulhouse 2024
MONDES IMPOSSIBLES
13 expositions à Mulhouse, Thann, Hombourg et Fribourg · en entrée libre du 13 sept. au 13 oct. 2024

La Galerie de la Filature du mardi au samedi
galerie d’exposition
13h-18h + di. 14h-18h

+ soirs de spectacles

Hommage à Raymond Waydelich

Très bel hommage à Raymond Waydelich lors de ses obsèques ce jour en la Cathédrale de Strasbourg par Frédérique Goerig-Hergott, ancienne conservatrice au musée Unterlinden et actuelle directrice des musées de la ville de Dijon.

Avec son autorisation :

Ma première rencontre avec Raymond a eu lieu dans son atelier en 2009, il y a 15 ans, donc assez récemment en regard de son âge et de sa carrière. Il avait 71 ans, soit l’âge de mon père. En tant que conservatrice, j’étais intéressée par son parcours, curieuse de l’entendre me parler de son engagement et de son travail de mémoire. Il était très touché par le fait qu’une conservatrice s’intéresse à lui, m’avouant qu’excepté Roland Recht, j’étais la première professionnelle des musées à venir le voir.

Je voulais découvrir les premières œuvres de 1973 de REW consacrées à Lydia Jacob, une jeune apprentie couturière née en 1876 : Raymond avait trouvé son manuscrit au marché aux puces à Strasbourg et avait fait d’elle l’héroïne de ses œuvres dans son célèbre cycle Lydia Jacob Story.

Nous étions tous les deux à fouiller l’atelier, exhumant des pages du manuscrit de Lydia Jacob que REW avait retravaillées, ainsi que les premières boîtes-reliquaires que je cherchais. J’ai exposé dès 2010 et fait entrer une sélection de cet ensemble dans les collections du musée Unterlinden à Colmar pour garder la trace de celui que je considérais comme l’un des plus importants artistes alsaciens vivants.

Ce qui m’intéressait chez lui ? Le sujet de l’archéologie du futur, l’exploration de la disparition de civilisations imaginaires et aussi ses préoccupations écologiques et existentielles exprimées dès 1971 dans une exposition à l’Ancienne Douane à Strasbourg :

– que laissons-nous à nos enfants,

– quel regard porteront-ils sur nous à travers les vestiges de notre histoire ?

– quelle est la part d’interprétation des archéologues de notre civilisation disparue ?

A Paris, son travail ne passait pas inaperçu.

En 1976, Suzanne Pagé présente plusieurs œuvres de REW dans l’importante exposition « Boîtes » au musée d’art moderne de la Ville de Paris aux côtés de Kurt Schwitters, Marcel Duchamp, Max Ernst, Christian Boltanski et bien d’autres. Curieusement, cet épisode de sa carrière n’apparait pas dans les ouvrages qui sont consacrés à REW et pourtant cette exposition était un événement majeur.

En 1978, Jean-Jacques Lévêque choisit Waydelich pour représenter la France à la Biennale de Venise (20 ans après un autre alsacien : Hans Arp). REW y présente L’Homme de Frédehof, 2820 après J.-C. : immense environnement à sa mesure, une archéologie du futur qui renvoyait les visiteurs à leurs responsabilités face à l’avenir de notre planète.

C’était il y a 46 ans, 8 ans avant Tchernobyl. La galerie des Offices de Florence acquiert pour ses collections le personnage central de son installation : « Autoportrait contemporain ».

Cette œuvre sera le premier jalon marquant d’un vaste travail de mémoire où se mêlent présent et avenir, à travers le regard porté par l’artiste sur les traces de notre civilisation.

Depuis, REW n’a cessé de multiplier les brouillages archéologiques, les fossilisations du temps dans des entreprises parfois hors normes, mobilisant l’enthousiasme et l’intervention de ses contemporains, la population, l’administration et les entreprises.

En 1995, son site de Mutarotnegra, 3790 après J.-C. installé place du Château à Strasbourg offre le plus remarquable témoignage culturel de l’Alsace des années 1990. 320 m3 de terre ont été évacués pour installer 14 fûts étanches remplis d’objets dans un caveau de béton destiné à être ouvert le 23 septembre 3790. A l’intérieur des fûts, un cadeau fabuleux d’une parcelle de la mémoire de l’Alsace fait aux archéologues du futur : la collecte d’une impressionnante série d’objets issus de la vie quotidienne et des messages destinés aux lointains descendants. Le 23 septembre 1995 à 17h, le « Caveau du futur » fut scellé par une plaque de commémoration en fonte.

La créativité de REW était débordante, l’artiste était chercheur, inventeur, explorateur, collectionneur, partageur. Son œuvre est foisonnante, protéiforme. Il a participé à plus d’une centaine d’expositions en France et à l’étranger, entrainant avec lui d’autres artistes. Il n’a cessé de mettre sa créativité au service de la mémoire de son temps, de la culture, de la transmission, soutenant des associations caritatives et humanitaires.

REW aimait l’humour et la dérision, ne se prenait pas au sérieux. Il avait la gouaille d’un être aussi fulgurant que délicat, aussi bruyant que discret, aussi généreux qu’effacé.

Je crois qu’il souffrait du syndrome de l’imposteur : gêné parfois par son succès, il répétait qu’il était autodidacte et ne savait pas dessiner. Je lui répondais de ne pas s’en inquiéter : Picasso peignait à 15 ans comme Raphaël et avait cherché toute sa vie à se débarrasser de ses acquis pour parvenir à peindre avec la spontanéité d’un enfant. De ce fait, Raymond avait une chance et une liberté inouïes et une sacrée longueur d’avance.

REW n’a jamais trahi ses origines, ses rêves d’enfant bercés entre les aventures de Tarzan, de Zorro, de James Bond, les Westerns et ses lectures du journal Spirou. Les découvertes d’Heinrich Schliemann, pionnier de l’archéologie grecque, ont marqué toute sa vie et son œuvre. Parmi les artistes contemporains, il admirait Marx Ernst et vénérait Marcel Duchamp, qu’il qualifiait de génie universel.

REW était tout ce que j’aime chez un artiste : le talent spontané, l’inventivité débordante, l’intelligence créative et la générosité qui caractérise les génies.

Lorsqu’il a été élu Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres, il a œuvré pour que Rémy Bucciali et moi-même recevions nos médailles d’Officier et de Chevalier en même temps que lui par Catherine Trautmann à l’Hôtel de Ville de Strasbourg.

En octobre prochain, il devait recevoir le Bretzel d’Or et nous devions nous retrouver.

J’ai aimé l’artiste, j’ai aimé l’homme. Il était un père, un frère, un ami. Il me manque, il nous manque, il manque à l’Alsace et à la Culture.

Je l’ai toujours défendu et je continuerai de le faire. J’espère que l’Alsace se mobilisera pour lui consacrer un musée et si je peux l’y aider, je le ferai.

Raymond, I love you. Help ! »

Le 15 août : de l’Assomption de la Vierge à Napoléon

               L’Assomption de la Vierge, Charles Le Brun, XVIIe siècle

Comme chaque année, le 15 août, jour férié partagé par tous les Français, sonne le cœur de l’été. Pour célébrer ce jour de fête, certaines communes organisent souvent à cette date des festivités populaires : bals ou feux d’artifice.

Mais, savez-vous quel événement particulier est commémoré le 15 août et pourquoi cette date est particulièrement célébrée en France ?

Le 15 août est avant tout une fête chrétienne (sauf chez les protestants) qui célèbre l’Assomption de la Vierge Marie, corps et âme, vers le paradis.

Cette fête ne doit pas être confondue avec l’Ascension qui rappelle la montée au ciel de Jésus-Christ, célébrée 40 jours après Pâques.

La différence sémantique s’explique par la racine latine de ces deux termes : ascension vient du verbe ascendere (monter, s’élever) qui indique donc une action volontaire, tandis que le mot assomption vient du verbe assumere (assumer, enlever), qui indique que cette élévation vers le ciel est une volonté divine.

L’Église et la fête de l’Assomption

Tympan de la Dormition de la Vierge, portail sud de la Cathédrale de Strasbourg – vers 1200

Cette Assomption n’est pas mentionnée dans les textes des premiers temps de l’Église. Cependant, cette fête mariale trouve son origine dès les premiers siècles, dans les Églises orientales, où elle porte le nom de Dormition de la Vierge. Les orthodoxes croient ainsi que Marie s’est comme « endormie », sans aucune peur, dans la mort.

D’abord célébrée mi-janvier, la montée au ciel de Marie est finalement commémorée le 15 août, selon le souhait de l’empereur romain d’Orient, Maurice (582-602).

C’est le pape Théodore (642-649), originaire de Constantinople, qui importe, en Occident, cette fête en l’honneur de la mère du Christ. Elle est finalement imposée à tous les chrétiens par le concile de Mayence en 813.

Il faut cependant attendre 1950 pour que le pape Pie XII proclame le dogme de l’Assomption de la Vierge Marie. Il réaffirme ainsi que « Marie, l’Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste ».

Fêter l’Assomption durant le règne de
Louis XIII

L’Assomption de la Vierge par Nicolas Poussin, 1649-1650, conservée au musée du Louvre

Si pendant tout le Moyen Âge, l’Assomption est vue comme une fête religieuse banale parmi les nombreuses qui rythment le calendrier annuel du royaume, cela change sous le règne de Louis XIII.

En 1637, plus de vingt ans après son mariage avec Anne d’Autriche, le roi n’a toujours pas d’héritier. Il fait alors le vœu auprès de la Sainte Vierge de lui consacrer son royaume s’il obtient enfin un fils. La reine donne naissance à Louis-Dieudonné, futur Louis XIV, le 5 septembre 1638.

Pour remercier la Mère de Dieu de l’avoir exaucé, Louis XIII demande à tous ses sujets d’organiser, tous les 15 août, des processions en l’honneur de la Vierge. Le jour devient chômé pour faciliter l’organisation de ces célébrations. L’Assomption entre alors pleinement dans l’histoire de France.

Une fête nationale sous les Empires

Portrait de Napoléon Ier, Empereur, par François Gérard, conservé à Fontainebleau

Le calendrier républicain, instauré pendant la Révolution française, supprime de nombreuses fêtes catholiques comme l’Assomption.

Cela change avec Napoléon Bonaparte, Premier Consul, qui signe un concordat avec le pape en 1801. Cet accord autorise, notamment, le retour des grandes célébrations catholiques.

En 1806, Napoléon Ier, devenu empereur, réinstaure en France le calendrier grégorien. À cette occasion, il exhume un saint ayant vécu au IVe siècle, dont le nom Neapolis, serait l’antique forme de Napoléon.

Normalement fêté le 2 mai, l’empereur ordonne de le faire célébrer le 15 août, qui est également le jour de son anniversaire.

Cette date est ainsi érigée en fête religieuse, fête nationale et fête impériale.

Abandonnée pendant la Restauration et la Monarchie de Juillet, cette fête impériale redevient uniquement l’Assomption. Le 15 août est à nouveau adopté comme fête nationale par Napoléon III et célébrée durant tout le Second Empire.

Gravure figurant la fête du 15 août 1867 sur le Trocadéro

Pourquoi le 15 août est-il un jour férié ?

Avec l’avènement de la République, qui reconnaît toujours la Vierge Marie comme sainte patronne principale de la France, le 15 août retrouve sa vocation uniquement religieuse. Il reste férié pour permettre aux catholiques de célébrer cette fête majeure.

Aujourd’hui, cette fête donne toujours lieu à de grands rassemblements pour les croyants de l’église catholique. C’est le cas notamment à Lourdesoù le pèlerinage national français rassemble chaque année près de 10 000 pèlerins.

Pour les Français n’appartenant pas au culte catholique, ce jour férié est l’occasion de prendre un peu de repos, de prolonger les vacances d’une journée ou de participer à l’une des nombreuses fêtes organisées partout dans le pays.

Lire et voir ici une autre façon de voir l’Assomption

Disparition de Raymond Waydelich

Nom : Waydelich
Prénom : Raymond
âge : 85 ans
naissance : Strasbourg
résident : Hindisheim
profession : Sculpteur, peintre, photographe
signe particulier : représente la France à la Biennale de Venise en 1978
multi-primé multi-médaillé, blagueur

Décès

Vendredi 9 août en fin de journée à l’âge de 85 ans, à l’hôpital, à Strasbourg.
C’était le dernier artiste alsacien à avoir représenté la France à la Biennale de Venise, en 1978. Depuis, Raymond-Emile Waydelich avait poursuivi un travail multiforme qu’habitaient ses mythologies et fictions.

Quelques extraits

Je rappelle ici mon billet lors de la remise de médailles à Mulhouse par l’Académie Rhénane du prix Europe 2022 par son président, Jean-Luc Seegmuller, et son vice-président Emmanuel Honegger officiaient ce jour-là au musée des Beaux Arts de Mulhouse.
Le couronnement d’une carrière éclectique reliant le passé, le présent et le futur. Sculpteur, peintre, photographe, commandeur des arts et des lettres, l’artiste alsacien représenta la France à la Biennale de Venise en 1978.
Après avoir exploré la mémoire du passé avec son travail sur la vie rêvée de Lydia Jacob, puis avoir en 1995 imaginé la mémoire future à travers sa grande exposition Mutaronegra, il donne aujourd’hui, en le sculptant, une vie nouvelle à son bestiaire merveilleux. (hommage vu à ST’ART 2021).
Les boites reliquaires de Lydia Jacob au musée Unterlinden